l u c k || with Lucian Drake [terminé]

La vie avait fait que la jolie petite étoile rencontra l'homme en qui elle devait toute sa vie, de manière très professionnelle et imprévue. En effet, il y a déjà une semaine, Charlie fut contacté par une importante entreprise pour dessiner le logo de ce dernier. Sachant que la personne qui l'avait contacté, avait une voix extrêmement sérieuse, elle fut énormément stresser quand elle apprit que c'était pour la Drake Industry qu'elle allait travailler.

Arrivée devant l'industrie, Charly fut impressionné par l'imposante structure du bâtiment. Celui-ci était très esthétique et faisait penser à un building de New-York  ou bien Tokyo, elle ne savait plus. Bref, de ce qu'avait pu voir Charlie sur google image. Une grande porte faisait face à l'étoile et mit au moins cinq bonne minute avant d'entrer. Dès qu'elle posa son pied à Drake Industry, le stress était revenu. D'habitude, quand on parle de travail avec Charlie, elle se la joue un peu cool/zen. Cependant, une si grande entreprise, cela lui fout la chair de poule. Si elle ratait, sa réputation dans son milieu changerait en mal. Horreur. Son petit cœur battait à toute allure, mais, étrangement, dans sa poitrine, une sensation agréable était là. Etait-il ici ? Charlie regarda de droite à gauche. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup trop. Il sera dur pour elle de le trouver. L'étoile se dirigea donc, vers le guichet pour demander où était le PDG de la boîte. Bien sûr, elle précisa le pourquoi de sa présence et de sa demande. « Monsieur Drake, oui, un instant je vous prie. » Charlie n'attendu pas très longtemps. Effectivement, à peine que la femme du guichet prit le téléphone pour appeler le secrétaire de Monsieur Drake, elle le reposa. L'échange ne dura que trente secondes. La femme indiqua à Charly où fallait aller, en lui faisant un petit schéma de l'entreprise et lui donne par la suite, au cas où qu'il y ait un petit oubli.

Charlie partit donc à la recherche du bureau du PDG. Certains salariés -très bien habillés avec leur costume, regardèrent la jeune fille avec amusement. Sûrement pour son accoutrement. En effet, cette dernière était habillée telle une street art. Les cheveux en pagaille, attachés avec plusieurs crayons, jean déchiré et couvert de tâches de peinture. Il est vrai que sa tenue ne s'accordait pas avec l’ampleur de là où elle était. Néanmoins, Charlie se fichait complètement de ces regards, elle est comme ça, point à la ligne.
Charlie se perdit, on ne sait combien de fois. Cela ne se comptait plus. Mais une fois arrivée devant une porte où il était noté "Drake Lucian", cette dernière hurla : « VICTOIRE. » Mais se rendant vite compte de sa bêtise, elle se mit mes mains sur sa bouche et lâcha un juron. Un tout petit.

Enfin décider de toquer, elle le fit. Cependant, elle n'attendit pas qu'on lui permette d'entrée pour le faire. A la place, elle déboula en s'inclinant pour s'excuser en anglais. Double boulette. Bien comme impression pour une première entrevue. Bizarrement, son stress s'était dissipé. Sa poitrine lui faisait affreusement du bien. Elle venait de le remarquer dès qu'elle avait vu le visage de son client. Il devait juste avoir quelques années de plus qu'elle. Charlie hésita à savoir si c'était bien Lucian Drake ou juste son secrétaire. Mais elle était sur d'une chose, l'humain pour qui elle vivait, c'était lui.  

Il y a ces journées où, au réveil, on sent que tout ira bien. Que le monde vous sourira avec chaleur, et vous épargnera ses multiples farces. Ces journées où au lever, sans avoir à vous embarrasser de comptes de pas ou de tâtonnement dans l'armoire, vous arrivez directement à trouver votre costume sans soucis. Où votre taxi est à l'heure, et a même eu le temps de vous ramener des croissants et un café. Non pas que le destin a décidé de vous faire une fleur. Cependant, votre humeur à elle suffit à gommer tout le négatif.
Pour moi, toujours harassé par le stress de l'entreprise, ces journées sont rares. Mais pas inexistantes.
Les rendez-vous de la matinée se sont bien passés, sans exception. Associés, partenaires, employés, tous ont été efficaces. Et si je n'étais pas si modeste, je me féliciterai grandement d'avoir sur si bien choisir les personnes avec lesquelles je travaille. Oh, c'est vrai. Je ne suis pas modeste.

Désormais, il ne me reste plus qu'un rendez-vous avant de retourner sur des dossiers plus classiques. Ma montre vient de retentir, programmée pour biper discrètement toutes les cinq minutes. Lorsque vous ne pouvez pas jeter un oeil à votre outil de contrôle du temps, c'est nécessaire. Dix heures cinquante-cinq.
Ce rendez-vous sera probablement plus détendu que les autres. Elle s'appelle Charlie Aristarkh, et est visiblement américaine. Malgré son excentricité, on me l'a chaudement conseillé comme une bonne dessinatrice. Nous verrons ça. Aujourd'hui, j'ai besoin de quelqu'un de créatif pour repenser le logo d'une branche de l'entreprise. C'est un travail qu'en tant que PDG je me dois de superviser. Ironique pour un aveugle, vous ne trouvez pas ?

« VICTOIRE. »

Oh. Et la charmante voix qui a crié ça dans les couloirs vient de débouler dans mon bureau, au sens propre, sans attendre qu'on l'y invite, s'excusant en anglais. Je ne m'attendais pas vraiment à ça lorsqu'on m'avait averti de son excentricité. Elle doit certainement détailler mes yeux pâles et mon jeune âge. C'est ce sur quoi les gens tiquent en premier lorsqu'ils me rencontrent.

- Asseyez vous mademoiselle, je vous en prie. Je suis Lucian Drake. Dans quelle langue souhaitez-vous que nous faisions cet entretient ?

Elle semble bilingue après tout. Moi aussi je viens d'Amérique, alors pourquoi ne pas en profiter ? Sa voix est jeune, gaie, un brin rieuse et chantante. Je suis certain que c'est le genre de fille à porter des tonnes et des tonnes de couleurs, malgré l'ambiance de la Drake Industry.
Aaah, ce n'est pas vraiment ce que j'espérais. Elle doit être un peu plus jeune que moi, et cette entrée me fait franchement douter de ses compétences.

- Comme prévu, nous devons aujourd'hui parler du logo de cette nouvelle branche de l'entreprise. Nous allons définir ensemble ce que ce logo doit représenter, les valeurs et les idées qu'il doit transmettre. Puis vous ferez des essais, et les enverrez à mes collaborateurs. Vous en sentez-vous capable ?

Cette question en fin de phrase a toujours le don de mettre mes interlocuteurs en difficulté. C'est une sorte de tri. S'ils n'arrivent pas à y répondre et perdent vraiment leurs moyens, alors ils n'étaient pas à leur place. S'ils y arrivent, je sais qu'ils se surpasseront pour ne pas démentir cette promesse d'efficacité.
Manipulateur ? Non, chef d'entreprise. Et puis, je n'ai pas aimé la façon d'arriver dans mon bureau de cette fille...

... Alors pourquoi je ne peux pas m'empêcher d'essayer de deviner tout ce que je peux sur elle ? Pourquoi la couleur de ses habits, la tonalité de sa voix, son parfum, ses origines m'intéressent-ils ?
Je ne le comprends même pas. Alors qu'en toute raison, ce rendez-vous part mal, la boule de bonne humeur au creux de mon torse semble à son paroxysme.

Il n'avait rien dit. Rien à propos de la fabuleuse entrée de Charlie. Désastreuse oui. Déjà qu'elle empilait les boulettes du premier entretient, elle détaillait les yeux de son client. Ils étaient pâles. Aveugle ? Oui, assurément. Cette dernière se sentit mal alaise à ce propos mais ce dit, que s'il est chef d'entreprise, c'est qu'il a réussit. Sous l'ordre de monsieur Drake, Charlie partit s'asseoir pour se mettre face à lieu. La sensation de bonheur était toujours présente dans sa poitrine. Elle voulait lui dire. Lui dire que lui et elle étaient en réalité liés. Mais, pour un premier entretient, n'est-ce pas étrange ? Arriver et dire "Coucou, je suis ton étoile", c'est bizarre. Très bizarre. Elle était tellement occupée à savoir comment lui annoncer cette merveilleuse nouvelle, car oui, c'en est une pour Charlie, qu'elle n'écouta même pas la phrase du PDG. « Pardon ? Que me dites-vous ? La langue ... Je ne suis pas encore très douée en japonais, enfin ... Je sais le parler ... L'anglais c'est bien  ? Oh pardon je m'embrouille. Excusez-moi. » C'était quoi ça ? Elle le dit tellement vite qu'il en était presque impossible de comprendre. Pourquoi Charlie, se comporte t-elle comme cela. Pourtant, le stress ne l'envahie plus, elle est des plus relaxée qui soit.

Le logo ? Oui bien sûr ! Charlie concentre-toi bon sang ! Accompagnée de son célèbre calepin, la dessinatrice notait tout ce que monsieur Drake lui disait. A vrai dire, Charlie avait déjà des idées qu'elle dessina pendant que son supérieur lui parlait. Même si cela est très impoli de sa part.
Ses collaborateurs ? Charlie détestait ça. Un seul suffisait non ? Avoir l'avis de tout le monde c'est assez ... Frustrant. D'autant plus qu'ils ont tous, généralement, des idées toutes aussi différents et à la fin, cela donne du grand n'importe quoi. « Monsieur, si je peux me permettre, il ne serait pas préférable que j'envoie les prototypes à une seule personne. Une de confiance. Pour ensuite demander son avis. On a tous des idées très différentes, même si cela partira de vos ordres. Cependant, ils voudront absolument tous rajouter leurs idées personnelles. » Charlie avait d'ailleurs déjà vécu ça. Envoyer aux collaborateurs et ensuite recevoir un nombre incalculable de lettres. C'est juste, énervant.
Bien sur qu'elle en était capable, on parle quand même de Charlie. Et pour finir, elle lui répondit d'un grand et haut oui.

Après cela, elle ne savait plus quoi dire. Elle en avait marre de parler travail. Si ce n'était pas son humain, elle ne serait pas aussi dissipée que cela. Mais elle éclata. Charlie se leva et se rapprocha de l'aveugle. Elle se fichait que si, à cause de son attitude, elle allait se faire virer. Elle mit sa main sur l'une des joues de Drake et lui fit une sorte de caresse. Pourquoi ? Elle même ne savait plus vraiment ce qu'elle faisait. « Je ... Je. » La dessinatrice ne savait pas comment le dire. C'est trop compliqué. Raah, si seulement. Généralement, la jeune fille est d'habitude très franche et n'hésite pas à dire ce qu'elle pense. « Ma poitrine me fait du bien. Oui, c'est très étrange, mais c'est la première fois que je ressens ça. Lilie m'avait décrite sa rencontre, la sensation avec la personne à qui elle était liée. Sa description est très similaire à ce qu'il se passe en ce moment même » C'était fait. Charlie retira sa main aussitôt. Elle s'excusa, encore une fois. Qu'elle honte, mais qu'elle honte ! Voilà qu'elle joue la fille crédule de tout les shojos sur le marché.

- Monsieur, si je peux me permettre, il ne serait pas préférable que j'envoie les prototypes  à une seule personne ? Une de confiance. Pour ensuite demander son avis. On a tous des idées très...

Sa voix s'éloigne lentement de moi, comme un écho qui se perd et s'étouffe sur le chemin. Je n'écoute plus, j'entend seulement mon coeur qui tambourine à cette sensation étrange et mes souvenirs qui m'étreignent. Qui m'enserrent le coeur comme une pince cruelle, que je rechigne à regarder. Elle parle du logo, je dois me concentrer là-dessus bordel. Je dois me concentrer sur le travail pour oublier ce que mon esprit tente de me dire. Pour oublier sa petite main qui serre la mienne. La douceur de ses cheveux. Et la chaleur de son petit corps qui se blottit contre celui de son grand frère.

"Quand z'ai rencontré mon étoile, z'ai senti un grand sentiment de bonheur ! Et beaucoup de chaleur dans ma poitrine ! Et puis il zentait ça aussi ! Ze trouve pas comment dire, mais z'était sûre que z'était lui. Z'espère qu'on z'entendra lui et moi. Et que tu l'aimera, grand frère !

Mes souvenirs ressurgissent, plus fort que jamais, et dévorent la fragile concentration que j'entretenais pour le travail. Emi. Emi, ma petite soeur chérie dévorée par l'au delà. On en parlait souvent, de son lien. Avant qu'il ne la détruise.

Des mots qui me ramènent à cette propre sensation de feu qui dévore ma poitrine.

Je détestais ce type

Des pas se rapprochent lentement de moi, discrets et légers sur le carrelage

Les étoiles apportent la mort

Des fourmillements de bonheur et d'impatience grouillent dans mon ventre

Je déteste les étoiles

Une main se pose sur ma joue.

Et le monde reprends son cours, tandis que la voix de Charlie emplit la pièce d'un silence religieux. Sa main est douce, parfumée de choses sucrées et tendres, et d'une odeur plus amère de carbone ou de fusain. Elle est mon étoile. Elle est en train de me dire qu'elle est mon étoile. Elle le sent elle aussi. Ce lien si important qui nous unis, qui nous relie, nous le sentons tous les deux qui nous dévoile l'autre. C'est mon étoile. Et comme un pauvre abruti, je ne trouve rien d'autre à faire que de rester immobile, choqué, surpris, mes yeux aveugles écarquillés, la respiration presque stoppée. Le choc, la surprise, le dégoût de ce lien font place à la peur. Nos vies seront liées à tout jamais. Nos vies sont déjà liées.

- Es-tu... En sécurité ? Les crépusculaires se cachent à Hoshikami, ils pourraient te faire du mal à tout moment...!

Lentement, mes neurones se remettent en route. Qui est-elle ? Où habitent-elle ? Qu'a-t-elle vécu, comment est-elle tombée du ciel, connaît-elle l'étoile divine, quel est son pouvoir, comment, pourquoi, quand ? Des questions qui débordent trop vite de mon esprit pour que je puisse les lui poser, et qui doivent-elle aussi la remuer. Est-elle humaine, au final ? Ressent-elle les choses comme moi ou ses sensations et ses émotions sont-elles différentes ?
Lentement, je me relève et glisse à mon tour mes doigts sur son visage.

- Ne t'inquiète pas, je souhaite juste... Connaître ton visage.

J'ai passé mon temps dans cette ville à attendre ce moment, à attendre de pouvoir rencontrer mon étoile pour la protéger. Charlie. Je te protégerai.

Il la croyait. Il ressentait lui aussi quelque chose ? Une sorte de fil invisible qui les lie ? Étrange. Charlie pensait que ce n'était que les étoiles qui pouvaient éprouver ce genre de sensation. Peu importe, le but c'est qu'il la croie et qu'ils sont enfin uni. L'étoile avait enfin trouver l'être à qui elle doit tout. Qu'elle doit absolument protéger pour sa sécurité.
Les crépusculaires ? Est-ce les personnages que tout le monde craint, car ils sont soi-disant des "hors-la-lois", terroristes ? Ce sont les personnes n'approuvant pas la venue des étoiles ? Est-ce bien cela ? Si oui, la jeune femme en a strictement rien a fiche d'eux. Pour elle, ce ne sont que des jaloux car ils sont inférieurs aux êtres venant du ciel. Bah oui, ils n'ont aucun pouvoir et ne peuvent compter que sur leur intelligence et force. De plus, la dessinatrice n'en a jamais rencontré. Peut-être qu'il y en a dans son entourage, c'est ce qu'elle n'espère pas. Car elle l'adore les personnes avec qui elle traîne. Certes, on peut souvent la voir avec un alcoolo, un chat ou encore un ex-prisonnier, et alors ? Malgré leurs défauts, Charlie les aime, et l'amour, c'est beau. « Je n'ai pas peur de ces mongoliens. Ils doivent sortir leur brevet de méchanceté dans une pochette-surprise. »

Lucian posa ses doigts sur le visage de Charlie pour essayer de deviner ses traits. Il est donc un réel aveugle. Il est vrai que l'étoile ne devrait pas se méfier de ça. Il n'est pas le grand monsieur Drake pour rien aussi. Pourtant, cela l'avait touché. Elle voulait en prendre soin, comme un enfant avec son jouet préféré. Non, non, l'humain n'est pas un jouet. Cependant, un enfant qui adore un jouet en prend extrêmement soin et fait comme s'il avait une âme. L'ignorance peut faire quelqu'un de très sensible. Puis, elle dit avec une pointe d'ironie « N'en profite pas pour me peloter héhé. » Elle n'arrivait pas à se taire. Elle était obligée de lui dire ça. Se rendant compte de sa bêtise, elle arrêta de rire et courra sa bouche de sa main droite. Charlie ne le connaissait pas, peut-être qu'il n'a pas le sens de l'humour ? Idiote.

Charlie était droite. Elle ne bougeait plus. Mais, n'est-elle pas là pour le 'boulot' ? Il faudrait peut-être qu'ils se remettent dans le travail. Cependant, c'est incroyable ce qu'il se passe. De toute façon, il y en aura d'autres des rendez-vous, non ? Est-il pressé, car la jeune femme ne l'est pas. Cette dernière veut lui poser un milliard de questions. Ce qu'il aime, ce qu'il n'aime pas, son enfance, sa situation maintenant (quoi que, elle la connaît un peu). Elle tourna son regard vers son carnet. Il y avait des notes et un début de croquis du logo. Elle a beaucoup d'imagination, et a déjà une idée de ce qu'elle pouvait faire pour l'entreprise. De plus, elle espère que cela va lui plaire. Elle se soucie énormément des critiques sur ses créations. Charlie trouve que cela l'aidera à s'améliorer même si elle est déjà très bonne dans le domaine. Le pire, c'est qu'elle a raison.  

S'inquiétait-il pour elle ? Voyons, il ne faut pas. Qu'est-ce que Charlie à de si intéressant comme étoile ? Elle n'a pas un pouvoir bien fort. Certes, il est pratique. C'est intéressant d'avoir une petite guérisseuse, mais avec le caractère de cochon qu'à Charlie, ils leur seront difficiles de pouvoir la convaincre.
Ah, c'est donc cela. La Drake Industrie est l'une des cibles privilégiées de ce parti terroristes. Une raison de plus pour ne pas les aimer. Donc, si on comprend bien la situation, Lucian est en danger. Et comme la jeune femme à la chevelure bonbon est son étoile, elle l'est aussi. Et pourquoi ne pas garder cela secret. C'est plutôt égoïste de sa part de penser ça, mais, si ils gardent cette relation humain/étoile secrète, personne ne pourra le savoir, pas même les crépusculaires. Cependant, cette idée semble impossible, Charlie à beau se désintéresser à ce groupe, mais entant que grande fan de films d'action, il doit bien avoir de sorte d'espion ? Comme la Drake Industry est une cible, il est sûr que le chef de l'entreprise doit être suivi. Cette idée est donc bien impossible, puis l'étoile n'arrivera pas à garder le secret bien longtemps. « Avoir peur d'eux serait une faiblesse, je ne veux pas être faible. Surtout si mon humain chéri est en danger. » Il faut croire qu'elle l'a déjà adopté.

Comme demandé, Charlie alla s'asseoir à sa place. Lucian aussi, il était d'accord, qu'il y a plus d’inestimable que ce logo ? Dire que ce matin, Charlie était dans son minuscule appartement, râlant presque pour aller bosser. Surtout qu'elle était un peu stressée, car bossé pour cette importante entreprise, ce n'est pas de la tarte. Dire qu'elle n'avait pas du tout imaginé qu'elle allait rencontrer son humain, l'être qu'elle doit à tout prix protéger, ici. Surtout que ce n'est pas n'importe qui. On parle tout de même du grand Lucian Drake ! Elle était toute excitée, comme un enfant le soir de Noël. Charlie est toujours un petit petiot dans sa tête.

Parler d'elle ? C'est bien la première fois que l'on lui demande ça. Généralement, on lui prie de la fermer, car elle parle trop. Beaucoup trop. « Par où commencer ? Euh, euh ... » Heureuse, elle ne savait pas où commencer. Elle allait carrément s’emmêler les pinceaux. Elle respira lentement, pour se calmer. « Je me nomme Charlie Aristarkh, je viens du Canada. J'ai été élevé par une très belle femme, Lilie. Elle aussi était une étoile et elle m'a raconté énormément d'histoires sur les astres. J'ai appris, lors d'une situation plutôt banale, que je pouvais guérir les gens. Par contre, je ne pense pas te donner la vue, j'en suis désolée. Je suis ici, à Hoshikami depuis un petit bout de temps. J'ai tout de suite été très appréciée en tant qu'artiste et en tant que personne. Enfin, je crois. J'ai une vie plutôt banale, vivant dans la saleté, faute de flemmardise à faire le ménage. J'ai longtemps cherché la personne à qui je devais la vie ici, et il fait croire que je l'ai définitivement trouvé. Que je suis heureuse ! » Charlie parle vraiment trop. Elle vient tout juste de faire un résumé de sa vie, en un instant. Il faut croire que c'est son deuxième don, de parler. « Et toi ? Qui es-tu ? A part le grand et puissant Lucian Drake. »

Alors ils venaient tous les deux des USA. Un point commun qui, imperceptiblement, me fait sourire. A-t-elle déjà réussi à percer mes barrières pour éloigner ainsi de quelques mots toute la froideur de chef d'entreprise dont je me protège ? Est-ce parce qu'elle est mon étoile, et que malgré toutes les horreurs qu'impliquent notre lien, je ne peux m'empêcher de me sentir proche d'elle ? Je continue à l'écouter avec attention, retenant, fixant, rangeant chacun de ses mots dans les tiroirs de ma mémoire pour ne pas en perdre ou en oublier une partie, comme des méandres sinueux dans mon cerveau parsemés de centaines de portes pour chaque sujet, et dont une nouvelle vient de faire irruption avec le mot "étoile" marqué dessus. Charlie, je veux tout savoir et tout retenir de toi. Et je sais que tu penses la même chose.

"Tu peux guérir les gens ? Je n'ai encore jamais vu une étoile utiliser son pouvoir ! Quand à mes yeux... Tu ne peux pas les guérir, car ils n'ont jamais été la cible d'aucune maladie. Je suis né comme ça."

Je sais qu'elles en ont bien sur, et je me surprend à imaginer comment fonctionne le don de la jeune fille. Ça me plaît, je crois. Un pouvoir défensif, guérisseur, qui me rassure et m'incite à croire qu'au fond elle n'est pas méchante. Mes mains s'avancent délicatement sur le bureau pour prendre les siennes, dans un geste sans ambiguité mais tendre, propre au lien qui nous reliera désormais pour toujours et nous a toujours relié, sans qu'on le sache.

Sa voix continue à se mêler à mes pensées, et j'apprend avec surprise sa vie, probablement dans un petit appartement, dont elle ne s'occupe pas. Et cette fois c'est mon coeur qui bat, dans un terrible combat avec ma raison. L'aile vide de ma maison que j'ai toujours réservée à mon étoile... Dois-je lui en parler ? Au fond, nous venons de nous rencontrer et je ne connais ni sa vraie personne ni ses intentions, mais je sais qu'elle ne peut pas me faire de mal. Le seul danger pourrait être qu'elle veuille profiter de mon argent, mais après tout plus tôt nous serons réunis et plus je pourrai être certain de sa sécurité...? Pris dans un tourbillon de pensées je ne sais comment réagir, et j'imagine qu'elle doit se poser des questions à me voir ainsi pensif.
Ce n'est que lorsqu'elle parle du "grand et puissant Lucian Drake" que je redresse le visage, amusé. Alors c'est ainsi qu'elle me voit ?

"Je viens d'Amérique moi aussi. Je suis le fils aîné de la famille Drake, et j'ai très vite compris que ma cécité faisait obstacle au bonheur et à l'intention de mes parents de me léguer l'entreprise. C'est pourquoi j'ai toujours travaillé comme un dingue. Jusqu'à mes six ans, nous sommes partis vivre au Japon où se trouvait le plus grand éducateur pour les personnes aveugles. J'ai beaucoup appris auprès de lui pour savoir me débrouiller seul, puis je suis retourné dans mon pays. J'ai... Je n'ai pas grand chose d'intéressant à dire, ma vie est pratiquement remplie par le travail. J'ai fini par revenir ici vers mes vingt ans, pour donner toute sa splendeur à la filiale Drake d'Hoshikami, la maison mère de l'entreprise désormais. Pardon, je ne parle que de travail, n'est-ce pas ? Dans la vraie vie, je suis quelqu'un de plutôt très indépendant et méticuleux. J'aime l'odeur de la menthe, et les plats traditionnels japonais. J'adore aussi la cuisine chinoise, et mon péché mignon est d'écouter les sons de mon jardin lorsque le soleil se couche."

J'hésite un instant, en me rendant compte que j'ignore complètement de quoi parler à mon sujet, à part de la Drake Industry. Suis-je à ce point un junckie du travail ? Et finalement, avant que je puisse réfléchir, les mots franchissent mes lèvres.

"Charlie... J'ai une immense villa, dont j'ai toujours réservée une aile pour mon étoile lorsque je la rencontrerai. J'ai aussi une femme de ménage, si cet argument peut t'intéresser. Est-ce que... Tu voudrais visiter ?"

"J'ai trouvé mon étoile". Au fond, je n'arrive pas à m'enlever ces cinq mots de mon esprit.

Il n'avait jamais pu voir une étoile en action. Dans un premier sens, cela parait plutôt logique comme c'est un non voyant. Mais d'un autre côté, cela veut dire qu'il n'a jamais eu recours à la magie ?
Lucian posa ses mains sur le bureau et sembla chercher celle de Charlie. Quand il les trouva, il les prit. C'est comme si, il le joignait pour avoir une "connexion' entre les deux. Ce geste est plutôt délicat et Charlie prit soin de serrer, sans trop faire mal, pour bien dire : qu'elle est maintenant là.

Pendant qu'il c'était lancé dans sa longue tirade pour résumer sa vie, l'étoile à la chevelure bonbon ne le quitta pas des yeux et ne le coupa pas. Comme passionnée parce que son humain lui racontait. Elle voulait tout savoir de lui, et si possible, rattraper le temps perdu, car, cela fait longtemps qu'ils se cherchaient. Il venait aussi d'Amérique, quelle surprise ! C'est pour cela qu'il parle aussi bien l'anglais. Mais, ce n'est pas très joyeux, son enfance. Enfin, de ce que Charlie avait pu entendre. Naître sans pouvoir voir le monde qui nous entoure, ce n'est pas très facile, mais de bosser pour prouver qu'on est capable de faire des grandes choses, cela l'est encore moins.  Charlie eut un petit rien quand le jeune homme avait dit tous ses petits pêchés mignons. Cependant, Lucian parlait principalement de travail. Il n'y avait que ça dans sa vie ?  « Cela n'a pas dû être aussi simple, en tout cas, pas comme moi. Mais mis à par le boulot, il n'y a pas autre chose ? Une petite anecdote de ton enfance.  Moi, par exemple, je me rappelle avoir dessiné le ciel sur mon mur. Lilie avait trouvé ça tellement beau qu'elle ne m'avait même pas grondé. »

Une immense villa dont il a réservé une partie pour son étoile, donc pour Charlie ? Que, quoi, que ? Charlie pencha la tête sur le côté et réfléchit. C'est étrange et un peu précipité. Mais, cela reste, un tout petit peu normal car ils savant tous les deux que s'il l'un meurt, l'autre sera dans le même cas. Fait-il ça pour être sur qu'il pourra bien sauver sa peau. De toute façon, Charlie n'est pas du genre à se mettre en danger et n'a pas vraiment peur non plus, de la mort.
Tout se mélangeait dans sa tête, elle ne sait pas comment le prendre. Pour elle, ou pour lui ? Pourtant, le PDG semblait s'inquiéter pour elle, de base, puis, la jeune femme le trouve si adorable. Il ne pense pas qu'à lui, elle en est certaine. La dessinatrice haussa les épaules et dit : « Je ne vois pas pourquoi je refuserai, t'es un chouette gars. Tu veux que l'on fasse ça quand ? » Charlie à tout son temps, surtout, pour son humain.

« Cela n'a pas dû être aussi simple, en tout cas, pas comme moi. Mais mis à par le boulot, il n'y a pas autre chose ? Une petite anecdote de ton enfance.  Moi, par exemple, je me rappelle avoir dessiné le ciel sur mon mur. Lilie avait trouvé ça tellement beau qu'elle ne m'avait même pas grondé. »

Elle m'arrache un sourire, touchante. Sa voix, son expression heureuse, ses doigts qui se sont serrés aux miens pour nous lier par quelque chose de plus physique que cette mystérieuse relation qu'on nous impose, tout en elle me fait frémir. J'essaie de m'imaginer ses mains qui dessinent de longs gestes et de longs traits sur les murs d'une maison, la texture et l'odeur de la peinture fraiche.

" Tu avais décidément le dessin dans le sang"

J'essaie de me souvenir, repoussant avec assiduités tous ces moments passés avec ma petite soeur, rayons de soleils parmi ma mémoire, qui m'attirent insidieusement. J'ai envie de parler d'elle, j'entendrai presque sa voix à mes oreilles si je ne me forçais pas si fort à faire le vide et à penser à autre chose. Comme si sa présence avait intégralement couvert d'une couche de nostalgie l'intégralité de mes souvenirs.

" J'ai grandi au Japon, et... J'ai le souvenir que la gouvernante me faisait cuisiner avec elle. De la confiture à la cerise. J'adorais sentir les fruits sous mes doigts, la chaleur de la casserole qui montait jusqu'à mon visage, et l'odeur du sucre liquide. C'était... Vraiment agréable. "

Mes joues chauffent à l'évocation de ces sensations intimes et profondes, souvenirs simples mais jamais encore partagés avec quelqu'un.
Charlie. Charlie. Charlie.
Son nom résonne en moi profondément, tandis que je souris, hésitant. Acceptera-telle cette proposition si rapide pour me rejoindre dans ma villa ? Et pourquoi n'ai-je pu m'empêcher de lui en parler maintenant ? J'ai peur de l'effrayer. D'aller trop vite. Mais en cet instant, c'est comme si le temps lui-même en sa compagnie se déformait, m'obsédant de trouver un moyen de la revoir.

« Je ne vois pas pourquoi je refuserai, t'es un chouette gars. Tu veux que l'on fasse ça quand ? »

" Et si nous y allions maintenant ? "

Je garde ses doigts dans les miens et me lève, décidé à l'emmener avec moi dans ma demeure pour qu'elle fasse enfin partie de ma vie, celle que j'ai si longtemps attendu et redoutée.
Charlie.

~ Rp Clos ~