爆発 - Drake Industry || RP Solo

Les nouvelles ne sont pas très bonnes.

Les journaux le rapportent partout : Lucian Drake a été enlevé par le Crépuscule.

Et j’en entends parler partout autour de moi. « Quelle tragédie ». « Quel drame ! ». « Il faut faire quelque chose ! ». Mon cul que vous en avez sérieusement quoi que ce soit à foutre de lui. La preuve, son entreprise continue de tourner, même sans lui. Les employés entrent et sortent sans souci, ils achèvent leurs besognent avant de rentrer chez eux, sans trop en avoir grand-chose à faire de celui qui est censé gérer le tout. Il doit avoir des assistants pour ça. Et en plus d’assistants, de bons comptables et une bonne DRH. Comment j’le sais ? C’plutôt simple. Ils arrêtent pas de commander des pizzas. Bon, ok, j’avoue, mon patron m’a envoyé distribuer des tracts et le plus simple pour quelqu’un qui se fait rapidement chier comme moi, c’était de me poster là où j’étais sûr qu’il y aurait du passage. Avant l’enlèvement. Du coup, on a souvent livré là-bas. Et même après cet incident, les commandes ne baissent pas. Ça fait une semaine que j’arrête pas d’y aller le midi et le soir, pour livrer leur pitance aux trainards. Faut croire qu’elles sont bonnes nos pizzas. Et faut croire qu’on m’aime bien vue les pourboires qu’on me lâche. Du coup, j’avoue, je me précipite un peu et me propose toujours volontaires pour faire les livraisons chez eux. Mon patron apprécie beaucoup. Mon collègue, beaucoup moins. Mais lui, je m’en fous. Moi avant tout. Et mon confort pécuniaire aussi.

Bref. J’ai encore une livraison aujourd’hui. Et pas que de pizzas. Des ramens aussi. Le patron s’y est mis spécialement pour plaire à la clientèle de travailleurs au balais profondément ancré dans le… et faut dire qu’il est doué. Cela dit, il a quand même du engager deux autres cuisto pour pouvoir pourvoir à toutes ces commandes. Ne serait-ce que pour aujourd’hui, trois ramens, six pizzas, neuf bières. Ouais, je suis chargé comme un mulet. Et c’est pas sans soulagement que j’arrive sans encombre devant le building de la Drake Industry. Les vigiles à l’entrée commencent à me connaître.  Ils me saluent avant de m’ouvrir la porte pour me laisser passer, avec mes caissons chargés.

TIC. TAC.

L’horloge tourne. Je dois faire vite. Le temps, c’est de l’argent. Ou peut-être est-ce plus précieux encore ?

Mes caissons hermétiques à bout de bras, je me dirige vers les ascenseurs. Une femme que à qui j’ai déjà livré quelque chose me sourit et me dit bonjour. Je lui réponds d’un hochement de tête avant de m’engouffrer dans l’ascenseur. Direction le onzième étage. La commande est pour les collègues d’un même bureau. Et quand enfin retentit le « ding » final de l’appareil, me signifiant que je suis arrivé, j’ai à peine le temps de faire un pas en dehors que l’un des employés me saute dessus et se répand en salutations et ronds de jambes et politesse. Comme si j’étais son ami. Alors que je ne suis que le livreur. Je sors de l’engin, franchis la porte, le poussant légèrement, un sourire polit et désolé sur les lèvres.

« J’aimerais juste pouvoir vous déposer votre livraison, récupérer mon dû et partir, si cela ne vous dérange pas. Le temps m’est précieux. »

« Oh oui oui bien sûr, vous avez raison. Où ai-je donc la tête… suivez-moi ! »

Et je m’exécute. Le même accueil m’est réservé une fois dans leur bureau. Je pose alors mes caissons sur un bureau avant d’en sortir le contenu, compartiment par compartiment. Seul un compartiment sur chaque caisson n’est pas utilisé. Question d’équilibrage. Je donne donc leurs ramens, pizzas et bières aux coincés qui bossent d’arrachepied, avant que l’on ne me tende de quoi payer la commande et un joli pourboire, de nouveau. Et puis…

« Excusez-moi messieurs, mais j’ai soif. J’pourrais vous emprunter un verre et de l’eau ? »

« Ouais ouais pas de souci ! Je vous montre le chemin de la cuisine. Vous n’aurez qu’à repartir après ! »

J’acquiesce. Parfait. L’homme me guide donc jusqu’à leur dite cuisine. Ils ont quelque chose de bien installé, dernier cri et pourtant, ils ne préparent pas leurs repas seuls pour autant. À croire que s’ils n’ont pas une bonne femme pour le faire à leur place, ils préféreront se nourrir de pizzas et de ramens. Bande de feignasse. Je pose mes caissons dans un coin, alors que l’homme me tend un verre avant de me faire une courbette et disparaître aller dévorer son festin, me laissant seul. Alors je remplis mon verre d’emprunt, avant d’aller observer la ville par la fenêtre. Quelle belle vue… Et puis… oui. Je sens une étrange odeur. Du gaz. Mon regard se porte vers la gazinière. Elle semble en marche, pour rien. Alors je tourne un bouton.

TIC. TAC.

Je dois partir. J’engloutis mon verre d’eau, le pose dans l’évier avant d’emprunter le chemin du retour. Je préfère descendre par les escaliers. Ça m’f’ra faire du sport. Et puis, une fois arrivé en bas, les mains dans les poches, je salue les vigiles, qui me lance, un sourire aux lèvres un « à la prochaine ! ». Et je leur souris, avant de retourner à mon scooter. Je visse mon casque sur ma tête, avant de me rappeler que j’ai un coup de fil à passer. Alors je saisis mon téléphone, compose le numéro 2664 et appelle. La tonalité se fait entendre. Ca sonne dans le vide. Une fois. Deux fois.

BOOM.

Le souffle de l’explosion est effroyable. J’ai à peine le temps de lever les yeux pour voir que c’est aux onzième où la détonation a eu lieu. Le gaz. Trop tard.

… Mes caissons … je les ai laissés là-bas. Sûrement calcinés dans l’explosion.

Mon patron va me tuer.