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| — Blanche neige, rouge sang ; avec Jarod S. Campbell | |
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Messages : 47 Date d'inscription : 12/05/2016 Age : 28 Avatar : Integra Hellsing - Hellsing Disponibilité : Indisponible [3/2, tout va bien] Post-it :
Carte d'identitéOccupation: Porte-parole d'Aurore et essayisteNationalité: Russo-japonaiseLié à: Enryo Sakuran
| Sujet: — Blanche neige, rouge sang ; avec Jarod S. Campbell Lun 6 Juin - 0:26 | |
| « Avant toute chose, je tenais à tous vous remercier d’être venus, afin de parler de l’avenir radieux qui nous attend ! »
Dans l’ancien gymnase, il y avait presque trop de monde. Oksana ne s’attendait pas à recevoir autant de personnes : elle sentait les dizaines d’yeux, militants ou simples curieux, rivés sur sa personne. Cela la confortait d’autant plus dans son choix. Elle n’aurait guère supporté un manque de succès.
Juchée sur une estrade, appuyée sur un simple pupitre transparent, la politicienne observait les moindres recoins. De faibles lumières auréolaient les longues cascades dorées qui tombaient sur ses épaules ; outre cela, des ténèbres éparses s’allongeaient en filaments dans la foule. En haut des murs, quelques fenêtres avaient été laissées ouvertes à sa demande. Les interstices laissaient passer la douce fraîcheur de ce soir hivernal. Oksana ne supportait pas les espaces clos. Plus jamais elle ne pourrait s’enfermer, ou se laisser enfermer. Rien que l’idée lui tiraillait le ventre. Pourtant, elle ne jugeait pas utile d’aller voir un psychologue. Tout ce qui touchait de près ou de loin aux blouses blanches la rendait nerveuse. Accumulée à son arrogance, cela donnait un drôle de cocktail. Elle reprit sa respiration. Ce soir, l’inquiétude lui était interdite. Quelque part, un fantôme veillait sur elle.
Lorsque les applaudissements se tarirent, l’étoile s’éclaircit la voix avant de débuter son discours. Si elle prônait la non-violence, elle aiguisait ses paroles comme des couteaux. Ses mots tranchaient le parti en place, alpaguait ses défauts ; ils bâillonnaient sans vergogne les opposants absents. Si l’un d’eux débattait avec elle, peut-être aurait-il fini en pièces. Écartelé par l’éloquence. Détruit par la verve impétueuse. Mais le soleil ne naissait-il pas dans le sang chaque matin ? Souvent, de petits gestes nerveux ponctuaient le monologue ; plusieurs fois, Oksana remit en place ses lunettes sur son nez. Elle percevait des mouvements dans la foule : d’aucuns se faufilaient pour mieux la voir ; d’autres tentaient de conserver leur place, pathétique territoire. Pourtant, personne ou presque ne parlait. Chacun écoutait dans un silence religieux cette femme élégante à la silhouette élancée.
Soudain, les fenêtres se refermèrent dans un claquement brutal. Les néons grésillèrent à tour de rôle, avant de s’éteindre les uns après les autres. Seule la lumière blafarde de la lune éclairait encore la salle. Des murmures éclatèrent dans la masse grouillante de gens, se changeant peu à peu en brouhaha sourd. Frissonnant, Oksana s’empara du micro :
« Ne paniquez pas… »
Elle se rendit compte qu’il ne fonctionnait plus. Les inquiétudes du gymnase écrasaient sa voix, qui portait si bien quelques secondes auparavant. Ses pas la portèrent en arrière. D’un geste brutal, elle récupéra son manteau posé sur une chaise, faisant tomber cette dernière. Quelque chose n’allait pas. Pas du tout. Son ventre se serra. Des frissons de plus en plus crus s’emparèrent de son échine. Elle eut l’impression que le plafond s’affaissait sur elle, que les murs se rapprochaient. L’étoile porta une main à son front.
« Oh non, pas maintenant… », murmura-t-elle.
Ça arrivait toujours trop vite. L’angoisse s’insinuait en elle comme un serpent vicieux, avant de cracher le fiel de l’horreur dans tout son être. Son visage humide de sueur se tordit pour refléter son profond mal-être. Elle eut l’impression de flancher, quand on l’attrapa par le bras.
« Non ! » s’étrangla-t-elle, avant de se dégager d’un coup sec et de se jeter dans la foule.
Mauvaise idée. Les bousculades ravivèrent sa peur. Elle voulut se transformer, mais à quoi bon ? Il n’y avait pas de porte de sortie. La claustrophobie lui brûlait les entrailles. Chaud. Froid. Ses prunelles s’embuèrent. Respirer. Respirer. Allait-elle s’évanouir d’un instant à l’autre ? Ce sentiment s’amplifiait. La foule l’emmenait, elle ne savait où.
Oksana entendit tout à coup des cris déchirer l’atmosphère. Comme quelqu’un qu’on blessait. Quelqu’un qu’on… Elle ne voulut pas finir cette pensée. Elle ne s’était pas rendue compte que ses ongles s’étaient enfoncés dans ses paumes, presque jusqu’au sang.
Alors, elle le vit. Dans un faisceau de lumière nocturne, se tenait un masque blanc.
Oksana puisa dans ses forces pour lui adresser un ordre, les yeux exorbités de panique :
« Trouvez-le… Faites-moi sortir, et trouvez-le ! »
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| | | | Sujet: Re: — Blanche neige, rouge sang ; avec Jarod S. Campbell Lun 6 Juin - 1:36 | |
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Messages : 47 Date d'inscription : 12/05/2016 Age : 28 Avatar : Integra Hellsing - Hellsing Disponibilité : Indisponible [3/2, tout va bien] Post-it :
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| Sujet: Re: — Blanche neige, rouge sang ; avec Jarod S. Campbell Lun 6 Juin - 15:13 | |
| Légère. Elle se sentait légère, recroquevillée contre le torse de celui qui la transportait à l’extérieur. Elle suffoquait. De l’air, vite, de l’air. Les yeux fermés, elle se laissait porter. Sous sa chemise blanche, sa poitrine luttait. Elle se noyait. Chaque inspiration n’était que torture. Mal. Si mal. Trop mal. En même temps, elle se détestait. Elle haïssait la vision d’elle-même, vulnérable, faible. Elle abhorrait l’auteur du méfait, cause de son état. Oh qu’elle l’exécrait.
Enfin, le dehors. Oksana rouvrit les yeux, prit une grande inspiration. Le ciel noir cisaillé de fils électriques surplombait les ruelles d’Uwabami. Lorsqu’elle sentit ses pieds toucher terre, l’étoile s’appuya contre un mur. Elle regarda son subalterne faire volte-face. Elle se retrouva seule sur le bitume, tremblant comme un vieillard. La fraîcheur entrait dans ses manches pour pénétrer sa peau. Elle bascula la tête en arrière. Cela lui faisait un bien fou. Peu à peu, elle reprenait le contrôle de son corps. Son esprit placide et délicat reprenait le dessus sur sa honteuse faiblesse. Oksana Andreïev revenait.
De sa poche intérieure, elle sortit un cigarillo et son briquet. Des étincelles en naquirent à plusieurs reprises, avant qu’une flamme tremblante ne survînt. Le tabac coula dans sa gorge en cascades aériennes. D’une main fébrile, elle l’ôta de sa bouche pour rejeter la fumée et observer les volutes se mêler à la buée. Maintenant que la porte était ouverte, Oksana se voyait presque tentée de retourner à l’intérieur. Voir si tout le monde allait bien. Si personne, dans la foulée, n’avait été laissé derrière, en train d’agoniser. L’Aurore ne pouvait le permettre. Pas elle. Jamais.
Quelques bouffées potentiellement mortelles introduisirent les pas de son garde du corps. Il était là, grand, imposant, marchant comme une bête. Il portait un corps, qu’il jeta sans ménagement aux pieds de la femme. La chose vêtue de noir gémissait, tenant ce qui lui restait de son bras. Un moignon, bandé tout récemment. Son cœur se serra et ses yeux s’écarquillèrent. Elle se redressa, soutenant le regard glacé du fauve. Ses prunelles à elle reflétaient la même couleur ; pourtant, leurs expressions différaient. Il était… impassible. Glaçant. Celui d’Oksana semblait lui aussi trancher les âmes, mais jamais elle n’avait rencontré de concurrent. C’était chose faite.
« Était-ce bien nécessaire ? » lui demanda-t-elle avec flegme.
Ils faisaient la même taille ; leurs regards se croisaient sans que l’un ne fût inférieur à l’autre. Pourtant, Oksana se sentait bien frêle face à ce tas de muscles. Mais elle trouvait sa force ailleurs. En face de sa verve, serait-il aussi impitoyable ? Sa propre fierté l’en faisait douter. Pourtant, l’attitude de cet homme l’intriguait tant qu’elle ne devait pas être au bout de ses surprises. Que cachait-il derrière ce masque lunaire ? Quelles atrocités se dissimulaient derrière ses voiles bleus ? Elle aurait voulu le lui arracher. Mettre à nu le visage du Spectre, pour enfin le cerner.
Oksana s’agenouilla auprès de son bourreau devenu victime. Elle glissa une main gantée sous la joue froide de la jeune femme. Cette dernière lui lança une œillade haineuse, qui n’eut pour réponse qu’un regard imperturbable.
« Qui est ton employeur ? »
Nulle réponse. Prévisible. L’Aurore tira une bouffée, s’assurant que la fumée n’atteignît pas son interlocutrice. L’étoile ôta sa main du visage féminin tordu de douleur. Inutile de s’énerver. Elle ajouta :
« Si tu ne réponds pas, tu risques d’avoir de gros problèmes. Idem si tu révèles ce qui t’est arrivé. Et ton bras perdu ne sera qu’une formalité. Mais c’est ton choix. À toi de voir si tu veux être traitée comme un outil, ou comme un être humain. L’argent n’est pas un problème, par ailleurs. »
Elle se releva, laissant la mercenaire à ses sourdes plaintes. Empoignant son portable, elle glissa un message aux urgences. Cela fait, elle leva les yeux vers son garde du corps.
« Nous devrions partir. Vous avez vraiment l’air suspect. »
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| | | | Sujet: Re: — Blanche neige, rouge sang ; avec Jarod S. Campbell Jeu 9 Juin - 7:43 | |
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| Sujet: Re: — Blanche neige, rouge sang ; avec Jarod S. Campbell Sam 11 Juin - 15:02 | |
| Ca allait trop vite. Elle eut à peine le temps de finir sa phrase que la chasseuse de primes hurlait déjà de douleur. Le bras brisé. Oksana resta bouche bée. Elle ne voulait pas en arriver là. C’était contre ses principes, contre tout son être. Pourtant, jamais elle n’embrassait la naïveté. Elle savait qu’à un moment ou à un autre, elle devrait se défendre. Mais pouvait-on encore appeler cela de la légitime défense ? Un bras tranché, l’autre cassé ? Non. C’était trop. Beaucoup trop. Elle ne voulait pas en arriver là. Et elle fixait celle qui voulait prendre sa vie, sans exprimer rien d’autre que de silencieux regrets.
Ses orbes polaires se levèrent de nouveau sur le jeune homme. Il enlevait son masque. Oksana s’attendait à pire. À un visage marqué par la vie, vieilli trop vite par les blessures données et encaissées. Mais non. Aucune marque, aucune émotion ne maculait le faciès du spectre. Cela lui donnait un aspect si peu humain. Pourtant, Oksana savait qu’elle était la plus animale des deux, en plus de ne pas être humaine du tout. Seulement, elle le dissimulait. Peu de gens savaient que sous sa peau nacrée, se cachait un plumage immaculé. On la prenait pour un groupement d’oiseaux comme un autre. Plus discrète que sa forme humaine, cette grande femme blonde aux airs intransigeants.
Sans mot dire, elle s’approcha du couteau. D’une main gantée, elle l’empoigna et le rangea dans son manteau. Son pas léger l’amena auprès de son garde du corps, pour le suivre dans les ruelles mal famées d’Uwabami. L’Aurore jetait de temps à autre un œil alerte aux alentours ; mais dans ce quartier, tout geste était indiscernable. L’obscurité dévorait tout, malgré la piteuse résistance des lampadaires pâlots. Bientôt, ils arrivèrent dans un bar. L’homme semblait être un habitué, au vu de ses gestes échangés avec le gérant. Les rares marauds encore attablés observaient Oksana comme l’on toisait un oiseau rare. Elle se dit qu’ils n’avaient sans doute pas tort. Mais les regards curieux demeurèrent sans réponse.
Elle s’assit en face du Britannique, bien droite sur sa chaise, les mains croisées sur la table. Lorsque le serveur apporta un verre de cognac à l’homme, elle lui commanda un shot de vodka. C’était sans doute cliché, mais quelque chose de fort lui faisait envie. Elle arrangea ses cheveux pour qu’ils tombent comme une cape dorée dans son dos. Redressant ses lunettes sur son nez, la Russe se figea lorsqu’il ouvrit la bouche. La première fois depuis qu’elle lui avait donné son ordre. Sa dextre vint se poser avec douceur sur sa jumelle. Quelque chose la dérangeait. Il voyait juste. Un air contrarié vint gangrener son visage.
« Il me semblait vous avoir dit de la trouver. Pas de détruire sa vie. »
Elle se tut lorsque le serveur revint déposer son minuscule verre sur la table. Elle ne voulait pas que leur conversation fût entendue. Vu la place que Spectre leur avait choisie, elle en concluait qu’il partageait cet avis. Oksana le porta à ses lèvres, le but cul sec, avant de le reposer fermement sur la table. Le nectar lui brûla la gorge : ça faisait du bien. Elle était irritée. Fatiguée. Elle se disait bien que quelqu’un voulait attenter à sa vie, maintenant que les élections approchaient ; pour une fois, elle aurait voulu avoir tort.
« Alors, je repose ma question. Était-ce bien nécessaire ? Que s’est-il passé à l’intérieur pour que vous mettiez quelqu’un dans un état pareil ? »
Son index pianotait sur la table, signe de son agacement. Ses yeux étaient rivés sur le regard froid et masculin. Un duel silencieux et impitoyable. Plus que sa force, sa placidité apparente face à l’horreur la dérangeait. L’impressionnait, peut-être.
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| | | | Sujet: Re: — Blanche neige, rouge sang ; avec Jarod S. Campbell Jeu 23 Juin - 16:28 | |
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| | | | Sujet: Re: — Blanche neige, rouge sang ; avec Jarod S. Campbell | |
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