❝Midnight chase❞ — Jarod & Andromede

BEWARE WONDER ARTEMIS IS HERE

Silence silence silence. Nuit totale, lune partielle. Ville plongée dans la pénombre, éclairée ici et là par des lumières hasardeuses. Les magasins étaient fermés, les maisons, closes. Seulement par ici et par là, l'on pouvait déceler une quelconque vie, des voisins fêtards des familles couche tard et des boîtes de nuit en effervescence.

Silence brisé, ruelle sombre. Les lampadaires fonctionnent, ne fonctionnent plus, fonctionnent de nouveau puis rendent leur dernier souffle. Lune, lune, seule la lune procure maintenant de la lumière, projette un éclaircissement au détour d'un croisement, où trois jeunes femmes se pressaient, tremblotantes, à un mur. Comme si elles voulaient ne faire qu'un avec la construction en béton qui grattait inconfortablement contre leur peau. C'était froid, glacé même, désagréable à souhait mais pourtant, leur faible et insignifiante ligne de secours. Elles ne pouvaient pas aller plus loin. Crier ? Impossible, paralysée par la peur qu'elles étaient. Les hommes qui s'approchaient, mines sombres sourires lubriques et armes à la main semblaient tout droit sortir d'un mauvais film policier. Ceux où la blonde manquait toujours de se faire tuer mais finissait par se faire sauver par le héro in extremis.

Sauf que ce n'était pas un mauvais film policier. Et il n'y avait définitivement plus aucun héros.

—  Hey, vous ! Au nom de la justice et de l'ordre, je vous ordonne de vous arrêter tout de suite !

De nouveau. Le silence.

C'était une voix...fluette ?

Bras croisés sur une poitrine généreuse, furieux air de mécontentement brillant sur un visage pâle, deux orbes écarlates clairement visibles sous un masque non sans ressemblance à ceux des héros que l'on voyait dans les comics.

Et, hum, carrure fort peu impressionnante.

Les hommes éclatèrent de rire. Tu les ignoras avec superbe, faisant un vague signe de la main aux jeune femmes stupéfaites pour qu'elles s'en aillent. Tu d'y t'y reprendre deux fois, avant qu'elles ne finissent par détaler, toujours sous les rires moqueurs des hommes.

— Okay. Je vous aurai prévenu. Vague haussement d'épaules, fines lèvres roses étirées en un rictus sadique. Ils se regardèrent. ARTEMIS TORNADO !

C'était fini aussi vite que ça avait commencé. Petit éclair blanc, chevelure blanche seul signe de tes mouvements, tu t'étais élancée aussi vite ton cri d'attaque prononcé et ça avait été un coup net et précis sur une nuque, une autre main qui entraîne un visage pour un rendez vous avec le sol, et des jambes volantes prenant d'assaut le troisième.

Tes bottes blanches laissaient de sales traces sur les visage de tes victimes.

Poing levé vers le ciel. Oreillette éteinte. Job terminé.

— Pour la justice, et l'ordre. ♥

Artemis, Artemis, regarde un peu derrière toi veux tu ?

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W A T C H I  N G

De nouveau, tu n'es plus seule. Regard fixé devant toi, immobile inébranlable, pieds fixés au sol avec la tenue de l'être qui ne flanchera pas et une assurance bien trop naturelle. Ce sont des pas qui se rapprochent, presqu'inaudibles, engouffrés par le manteau qu'avait revêtu la nuit, épaisse et trop sombre, un peu trop noire pour qu'on y voie clair, assez pour que tu puisses voir à qui tu en avais à faire. Et tu vois, tu vois, tu vois et tu observes, tu comprends et tu t'éclaires. Tes yeux en rencontrent d'autres, c'est froid, c'est glacial même, l'espace d'un instant tu te crois revenue au Canada, quand pour la première fois tu rencontrais l'hiver et te retrouvais glacée jusqu'au os.

Quand il approche tu ne bouges pas, pieds toujours fermement encrés sur le sol et expression fermée. Il y a quelque chose en lui de différent, tu t'aventures à penser, dans la manière qu'il a de marcher de te regarder et même de porter cette main à son cou. Tu n'es pas une psychologue et ne le seras sûrement jamais, t'es bien trop tordue en réalité Andromede, pour essayer de comprendre l'esprit d'un autre. Mais. Mais, il ne faut pas l'être, pour deviner que ce comportement était inhabituel, dans le silence de cette ruelle, seule ces pas pouvaient être entendues.

Pas une seule seconde il n'avait été surpris.

Dans une sombre expression de dédain, mépris au bout des lèvres et encré sur son visage, déchets qu'auraient put être les personnes à ses pieds, il ne leur aurait pas accordé un traitement plus condescendant. Tout en prolétaire et modeste état, un seul regard dans la rue tu ne lui aurais pas accordé, mais voilà que ton attention toute sur lui est fixée, et comme hypnotisée tu ne peux que l'observer.  

Pars, pars, te cries quelque chose en toi, ton instinct peut-être ? Ton bon sens, également ? Il avait tout de l'homme extravaguant, celui qui possédait quelque chose de louche dans chaque inhalation et exaltation, qui semblait comme perdu dans sa peau et prêt à faire la tienne pour s'en venger. Tu te rappelles, vaguement, qu'on t'avait pressée à ne pas rester trop longtemps en présence de ces personnes là mais—

Tu t'en fiches pas mal Andromede, la nuit tombée, tu te fiches de pas mal de choses. Il semble imposant, rictus lugubrement dessiné sur sa peau mate, ombre grandissant grandissant, pour bientôt te dominer et t'engouffrer. Tu devrais t'en aller, partir loin de là, effacer cette rencontre de ta mémoire ou la ranger dans une sombre boite d'illusions. Ta mission est terminée, ton devoir achevée, il y a un peu plus de justice dans ce monde.  

Yeux légèrement plissés, tu ne peux t'empêcher de penser qu'il y en aurait plus si tu lui réglais son compte, à celui là.

Ton intuition se réveille, un clignement d'yeux et voilà il n'est plus le même.

C'est un changement fulgurant ahurissant, tu n'y vois rien et tu vois tout, il est lui sans être lui, ton esprit fonctionne à vive allure mais tu n'arrives pas à suivre. Confusion curiosité, voilà ce qu'il t'inspire quand ces mots ils prononcent, et c'est un léger spasme qui fait bouger ta pâle main, comme une réponse synchronisée au couteau qui apparaît dans sa main.

Enchantée, tu l'es, la lame semble délicieusement tranchante. Un peu d'imagination et tu peux voir, le sang que cette lame pourrait couper et à quelle point elle chanterait.
Tu n'es pas Andromede, ce soir, comme chaque soir. C'est un fin sourire inquiétant qui étire tes lèvres, vient décorer ton visage si pareil à un enfant d'un inexplicable voile d'amusement.  

— Pourquoi réponds tu à ta propre question ? Si c'est un effet dramatique que tu cherches, c'est raté.  

Sucrée. Où cette voix est-elle passée ? Bien trop basse bien trop rauque, on ne sait pas si elle t'appartient, mélange d'une affable bienveillance à un plaisir déplacé, aucune trace de moqueries— juste un peu de sarcasme et d'insolence.  

Des mots bien anodins, quand dans un langoureux mouvement ton bras s'étend à ta droite, habituel allure devenue mécanique, contrastant avec la passion qui illumine ton regard et le désir qu'exprime ton âme. C'est le vent qui se lève et s'endort aussitôt, brève visite nuptiale qui fait apparaître deux dagues bien aimées.

— Que veux tu ?

Courtoisie, simple politesse, t'as toujours été une fille à ton papa Artemis, que dirait-il là maintenant, quand tu t'apprêtes à te lancer dans une danse qui finira en sang ? Des corps seront meurtries et des os seront cassés, et ça n'élève en toi qu'un peu plus de désir, une douce addiction aux lames qui se rencontrent et finissent sur une autre peau, entaillant blessant, laissant tendrement des marques d'une rencontre violente. Mais ce n'est pas grave on oublie vite, au profit de la résonance de cette voix pas tout à fait désagréable.

Des dagues tournent tournent, des lames brillent et brillent encore, et toi tu attends sagement, prête à bondir et yeux peut-être trop vivants.

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S T A R T I N G

— C'est-ce que je dis, dramatique. Weirdo.

Souffle inaudible au vent, presque par pur réflexe, parce que tu ne peux t'empêcher de répliquer à chaque fois que tu entends quoi que ce soit, Andromede. Même quand la situation ne le permet pas, et c'est le cas, à cet instant.  Il y a quelque chose de bizarre dans l'air, bizarre ? Non, pas vraiment. C'est une atmosphère chaude et froide, un mélange de danger et d'excitation, une anticipation palpable dans l'air non sans ressemblances à ces prémices familières quand un affrontement va éclater, quand le sang va couler, quand des étincelles macabres vont illuminer le sombre manteau de la nuit.

Il y a un changement fulgurant en lui, invisiblement, visiblement, manifestation apparente à la surface laissant présager un événement bien plus important dans l'indiscernable. Inquiétant, très certainement, ça n'a rien d'humain mais ce n'est pas inhumain non plus, c'est bestial et inexorable, présage d'un avenir proche terrible pour lequel tu n'es peut-être pas bien préparé. Tu ne sais pas à qui tu as affaire, n'est pas ? Tu comprends petit à petit, pas assez vite pas assez clairement, des clés de compréhension dans son aura funeste et l'air des ruelles devenu glacial, finalement, il se tient devant toi, un adversaire d'ailleurs, ni de la terre ni du ciel. Silencieuse, toujours, tu sais que tu ne devrais pas rester ainsi, bras ballants mains fermement accrochés à tes dagues, tu ne t'ais pas assez préparée tu n'es pas assez sur tes gardes, tu le sais tu le sens, c'est dans l'air et dans ses yeux. Il va tomber sans que tu ne t'en rendes compte, pourtant tes pieds sont toujours dans le sol encrés et tes propres orbes fascinées.

Il exige, murmure dérisoirement une voix dans ta tête, t'as envie de refuser histoire de, mais t'es trop excitée et tu sais que vous ne pouvez plus vous arrêter. Regards croisés lames en harmonies ayant brillé, plus aucun points de retour il est prêt, mais toi pas tellement. Tu ne reculeras pas, ça c'est certain, mais alors que les premiers pas de votre dance n'ont même pas été exécutés, tu sais que tu as déjà commis une erreur. Celle d'être inactive évidemment, on n'attend pas dans ces moment là, c'est un avantage que tu viens de lui donner, dont t'en es certaine, il ne se gênera pas pour en profiter.

Peut-être que ce n'est pas une erreur, tu penses vaguement, car te jeter corps et âme dans cette valse dont ton partenaire de danse change, grandit inexorablement en un être inconnu, ce n'est peut-être pas une si bonne idée. Et encore, et toujours, il ne cesse de changer, et cette fois drastiquement. Confuse, encore plus, le chant aliéné de son corps a disparu tu ne sais où. Tu ne saurais comprendre ni expliquer l'ampleur du phénomène que tu observes, que tu n'observes plus, car il a rapidement disparu, mais qui ? Qui, finalement ? Tu ne sais pas, tu ne l'as jamais su, mais plus la peine de tergiverser, il faut se préparer. Pas assez vite, pas assez rapide, à peine avait-il adopté une posture d'attaque qu'il était en mouvement, un élan calculé qui ne le rend que plus fatale. Il est là bas et il est devant toi, juste une trace argentée et un couteau, un son un bruit distinctif, c'est une lame qui ne tranche pas l'air mais plutôt de la chair, pas assez pour que ce ne soit grave mais bien suffisant pour la réveiller. Andromede Andromede, ne te laisse pas bercer dans une bulle de confort, il avance il approche, et toi tu, toi tu—

Toi tu saignes, toi tu l'observes reculer tout aussi agilement et tout aussi rapidement qu'il était apparu, félin soldat, d'acier et d'efficacité.  

Tout tes muscles sont tendus, tes yeux écarquillés dans une expression de glace, orbes pourpres inextirpables de ton adversaire tandis que (plic plic) des goûtes carminées coulent coulent coulent sur une peau de neige et...

Tu souris, radieuse, ce n'est pas très angélique mais plutôt machiavélique, ce sang qui coule (plic plic) bouillonne dans tes veines te réveille et t'exalte, cette blessure est comme une décharge électrique qui te rappelle que cette danse n'est pas anodine, et que cet homme (qui n'est pas homme qui n'est pas homme) te brisera les os à la manière qu'un enfant qui s'amuse avec des brindilles, et ça devrait t'effrayer mais ça ne fait qu'insuffler en toi une touche d'envie.

— Waow. Tu murmures, tu brilles, t'es émerveillée. — Dansons, alors !  

Et tu te redresses, tout tout tout ton corps vers le haut, tête relevée et yeux fixés devant toi, tu souffles, t'inspires, vague odeur cuivrée enivrant tes sens, doigts relâchés l'espace d'une seconde pour mieux se resserrer, fins et délicats, assez inutiles quand il s'agit de force brute. Tout comme le reste de ton corps à vrai dire, qu'importe les heures d'entraînements ou les poids soulevés, il y a des choses que tu ne pourras jamais faire, des cibles, même en les frappant de toute tes forces, que tu ne pourras jamais gravement cribler. Mais ce n'est pas grave, t'as appris, il faut savoir faire avec le peu qu'on a. Tu fais un pas en avant, lentement, calme avant la tempête, tout en toi vibre et voilà, c'est reparti.

T'es plus là déjà, petite chose dansant dans le vent, c'est un rideau argenté qui vole, qui reste derrière quand tout ton corps s'élance en avant, tu y mets tout ton poids tu y mets toute ta volonté, tu ne resteras pas immobile une deuxième fois. Pas quand  plus rapidement que tu ne le réalises tu es devant lui, aussi vite tes jambes soudainement fléchissent, et à ses pieds tu te retrouves. Une dague dans le sol érigée puis une deuxième, métal qui se plante violemment au bord de la casse, pauvres sacrifices tu penses dérisoirement, ils ne te servent que de tremplins quand toute cette énergie potentielle est rejetée. Rejetée vers l'avant, rejetée vers un ventre, rejetée par une jambe d'une botte particulière, pas anodine avouons le.  

T'es pas forte mais c'pas grave, contre lui il faudra plus que ça, des pas de danse plus harmonieux probablement, des os cassés aussi, et un petit bain de sang également.

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P U N C H

Souffle coupé appuis perdus, c'est la perte d'armes familières qui percute dans un premier temps, panique irrationnelle et sensation de vide, tes mains brassent du vide et ton esprit, aussi. Dans un premier temps il y a les armes, bien avant Andromede elles sont là, elles l'ont construite et forgée aussi inhabituel que cela soit. Et c'est une croyance et c'est peut-être plus que ça, mais avec elles toute rationalité t'échappe, le bon sens si non utile au combat n'existe plus, un coup fatal importe peu, elles sont là donc tu es capable de tout. On ne le devine pas, on pense juste à un délire momentané, mais c'est flagrant c'est irréversible, t'es trop fragile quand elles sont plus là. Alors vient la douleur, vive et éclatante, serpent affligeant et désagréable, t'as pas le temps de matérialiser quoi que ce soit alors il enfonce ses crocs un peu plus profondément. Le sang te monte à la tête et vient titiller tes papilles, pénible mais pas désagréable, il ravive d'enthousiasme le monstre assoiffé de violence en toi.

Deuxième vague (pas assez rapide réveille toi pas assez rapide), fâcheuse douleur quand des doigts comme un vice autour de ton cou se referme c'est bref et presque risible, parce que ça fait mal mais c'est bon. Un cri risque de s'échapper mais tu te mords la lèvre au sang, et tu embrasses et tu accueilles, cette lame dans ta chair ne retrouve-t-elle pas sa place ? Mobilité réduite à bout de souffle tu le dévisages, yeux brûlants d'une rage agréable ton visage se morphe, c'pas une petite fille c'pas une femme non plus, c'est un truc un peu plus sauvage qui te murmure fonce.

Alors tu fonces et ton autre bras fonce avec, c'est un coup de poing rageur parce que t'aimes pas trop être piégée, et tu penses à l'œil dans un vague moment de lucidité, et tes jambes dans la panique (air air air) frappent et refrappent ce même point cible précédent.

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B U R N

Brûlante, la lame si profondément plongée dans ta chair, ardente affliction qui ne cesse jamais, qui grandit qui se déploie, quand l'homme (pas homme nononon) qui d'os et de chair et d'acier et de fer éclate en action et aussi vite libérée, aussi vite de nouveau piégée. T'as souris vaguement, fines lèvres s'étirant en un rictus sadique, clauses clauses, et de rouge elles étaient peintes. Et t'as fermé les yeux quand avec le sol ton corps à fait rencontre (la lame est là elle est familière elle est à la maison bientôt bientôt elle sera mienne). C'est un bref choc qui te sonne qui te déboussole, ton dos crie et ta tête, aussi, tu saignes peut-être mais rien à faire, y'a une présence plus large plus étouffante au dessus, qui t'écrase et te brise et t'as envie de hurler car liberté détruite.

Position de faiblesse tu te rends vite compte, en l'air tu pouvais faire quelque chose, enchaînée au sol par un poids d'acier ? Non. Réflexion rapide, désorganisée non lucide, tu bouges violemment mais pas de résultats non jamais de résultats. A la place nouvelle vague de douleur, au visage cette fois ci et t'es peut-être un peu trop narcissique car c'est ça qui provoque le déclic, un déclic au sourire sauvage et au corps excité, c'est avec peine que tu retiens un rire quand la lame dans ta main brûle (encore un peu encore un peu elle sera bientôt mienne), matérialisation dématérialisation, dague plantée qui revient, et déchaînée et exaltée tu plantes ce même point poussée par l'adrénaline.

Inspiration expiration, un bleu bien trop large déjà se forme, clashant violemment avec le blanc blanc blanc de ton visage, mais c'pas grave tu peux laisser ça de côté, tu ressentiras les effets plus tard certainement, mais voilà que ta drogue est revenue, dans ta main une arme, dans ton esprit une potion.  

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E  N D I N G

Instant sans oxygène, impossible de respirer, peine violemment insufflée tu étouffes. Assourdie mais pas défaite, pas dominée jamais dominée, les coups pleuvent mais tu souris, tu revis dans ces moments là quand la douleur est mélangée à l'assurance de la lame entre tes mains, de l'acier littéralement dans une de tes mains. Violents brusques et coléreux, ses gestes, rapides certainement, torrentiels évidemment. Et un peu plus à chaque fois, le sang le sang le sang, dans ta bouche dans ta gorge sur tes lèvres et ton visage, et dans tes yeux aussi, qui brillent de fascination, de quelque chose d'un autre monde quand ils sont bercés au rythmes intense de leur danse et par les rayons lunaires.

Drogue retirée, dague disparue ?

Faible, t'es faible, toute tes forces te quittent, cette lame t'est trop facilement arrachée, et elle retombe, pétale blanc de délicatesse peinte de rouge et de bleu, et tu observes avec horreur le mouvement hasardeux de ton partenaire, ombre imposante toute en puissance, finalement à bout, et il te laisse un cadeau (enfoiré), un cadeau éternel ? Tu ne sais pas tu ne réalises rien tu ressens juste. De la douleur une profonde douleur, plus terrible que les autres elle t'atteint directement à l'os.

Ta blanche chemise n'est plus si blanche, défaite et teintée, tout comme le reste de ton corps. Des gouttes écarlates viennent te caresser, et fière, tu l'es, quand il s'écroule sur son côté.

Enfin non pas vraiment, t'aurais bien voulu qu'il ne finisse pas sur toi.

Tu sens ta conscience s'échapper, la douleur devenir insupportable et tes dernières forces s'évaporer, alors fébrilement t'essayes de le repousser (C'marche pas damnit all), il est trop lourd. Ou peut-être que tu es trop faible, heh, Andromede ? Mais t'insistes un peu quand même, il se vide de son sang et si tu ne fais rien, il est très probable que tu rejoignes l'inconscience.

Danser ça épuise.

Comme engourdie, tes doigts se referment sur la lame plantée dans ta main, et tu serres serres serres et ça te tient éveillée, tu grimaces, t'es carrément ensanglantée et l'autre il saigne sur toi. Inspiration, expiration. La lame est dans ta chair, le pouvoir est en toi. Avec toute la délicatesse de ta fragilité, tu passes un bras autour de son cou, et lentement, à défaut de pouvoir aller plus vite, tu te relèves, et lui aussi.

Assise, enfin. ton bras tremble pour le poids à supporter mais rien à foutre. Faut rester consciente, et lui, aussi.

— faudrait. Appeler l’hôpital ? Tu souffles, incapable de parler plus fort. Déjà tu te sens partir, mais tu serres les dents, encore un peu.

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SCREW THAT

Tiraillée entre le planter, et, le planter. C'est à peine si cette nouvelle couche de douleur contre ton dos résonne en toi, engourdie et prête de l’inconscience, il n'y a qu'une satisfaction malsaine de le voir se vider de son sang, et celle un peu plus plaisante de la lame dans ta chair. T'inspires et t'expires, rituel pour ne pas sombrer et un dernier pas de danse déclencher, cette position est si inconfortable— tu manques d'exploser contre ta propre naïveté qui t'a replacée en position de faiblesse. Tu grimaces, épuisée, pense à faire appel à la souplesse de ton corps et te replier et avec tes jambes l'envoyer valser, quelle ironie, pense une part hystérique de ton esprit, n'était-ce pas la requête que ton ô doux partenaire avait soumise ?

En vérité, tes jambes n'ont plus de force, et tu ne peux qu'écouter, refusant de te résigner, l'harmonie avec laquelle le sang circulait en vous. Ravie, tu l'es, c'est un délice de violence qui t'as épanouie et le fait encore, tu aurais dû rester sur tes gardes naïve Andromede, mais t'oublies ça vite, tu penses à la lame encore en toi, satisfaite, tu jubiles, la lune pourra être seule témoin de cette macabre fin.

Mais alors que tu t'y es préparée, que tes doigts se sont resserrés autour de cette dague d'où le sang coulait encore, respiration erratique dont tu te doutais l'homme de sang et d'acier pouvait tout entendre, c'est un murmure anti climatique qui te fait cligner lentement des yeux.

Ah oui. Ah bah oui. Vas-y, assume pas ! Un vague sentiment d'avoir été arnaquée vint t'entourer, et tu pensas vaguement à le planter encore et encore, histoire de te venger. Mais il risquerait de mourir, et ce serait grave embêtant quand l'ambulance arriverait. T'oublies pas, en attendant, t'auras ta revanche, tu lui rendras ce dernier mouvement au centuple.

Manœuvre manœuvre, tu sens son souffle chaud sur ta nuque, du coup tu lui redresses la tête délicatement.

Pour lui donner un coup de boule violent.

Ta main libre tâtonne jusqu'à trouver le téléphone.

C'fait mal, t'as plus les idées en place, mais t'es satisfaite, en composant le numéro d'urgence.

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