It could have gone better — Aguri & Andromede

Ça aurait pu être une soirée tranquille. Une bonne soirée, avec une paye pas trop mal, un boulot facile en somme.
Ça aurait pu.
C'était une femme d'une vingtaine d'années qui lui avait filé ce job. Elle s'inquiétait pour son copain qui apparemment c'était attiré pas mal d'ennuies, et elle lui avait demandé de le suivre pour une soirée. Tout c'était déroulé à merveilleux : pendant deux heures, il s'était juste baladé, rentrant dans un magasin pour ressortir avec un sachet de courses, ou encore dans un autre au logo accrocheur, représentait une clé souriante, tendant le pouce vers le haut. "Chez le clé-ptomane".
Ridicule, n'est-il point ?
Mais rapidement, le bordel finit toujours pas arriver.
Aguri commençait à en avoir marre de suivre le jeune homme, et heureusement pour lui, il semblait prendre le chemin du retour.
Malheureusement, rien ne se passe jamais comme prévu. N'ai-je pas raison ?
Après une centaine de mètres, il s'était fait accosté pas un groupe de trois jeunes, aux intentions visiblement agressives. Aguri c'était rapidement arrêté proche d'un kiosque, gardant un oeil méfiant sur le groupe. Après quelques minutes, le ton avait commencé à monter, et un des trois avait agrippé son contrat pour l'entrainer plus loin.

Fait chi...

Aguri reposa rapidement le journal avant de se mettre à courir dans la direction dans laquelle ils avaient disparu... Avant de découvrir le groupe en train de tabasser le petit copain. Un d'entre eux releva la tête en lui lançant un regard agressif, auquel Aguri répliqua par un bon vieux crochet du droit. Les deux autres eurent à peine le temps de réagir et de placer un ou deux coups. Le combat au corps-à-corps s'était enclenché, Aguri se retrouvant tout seul face à trois jeunes abrutis, visiblement incapables de frapper correctement. Après une bonne minute, et plusieurs hématomes sur sa peau, ainsi que sur sa mâchoire, du coté droit, Aguri finit par dégainer son fidèle couteau et le placer sous la gorge d'un des agresseur. Agresseur, qui par ailleurs, lâcha un couinement de surprise digne d'une fillette de neuf ans.


D'un geste violent, il balança sa proie en avant, et cette dernière percuta la sol avec violence. Les deux autres déguerpirent sans demander leur reste, rapidement suivis par le dernier qui piqua un sprint digne d'un concours national.
Aguri baissa les yeux vers son protégé, qui semblait en assez mauvais état, et qui laissait échapper différent petit râles de douleur. Il le toucha doucement et ce dernier sursauta dans un mouvement de protection.


Le chasseur tenta d'aider le garçon à se relever, mais ce dernier laissa échapper un couinement de protestation. Une jambe cassée.
Parfait.
Une merveilleuse soirée.
Après s'être arrangé pour immobiliser la jambe avec ce qu'il put trouver, il le soutint doucement pour qu'il se lève. L'hôpital était par chance juste à coté, pas besoin d'appeler d'ambulance.
D'un pas le plus rapide possible, le soutenant par l'épaule, ils se mirent en marche vers l'établissement, suivis du regard de passants curieux et impolis.
Une fois aux portes, Aguri les ouvrit d'une main, et une infirmière vint les accueillir d'un pas rapide et inquiet. Après avoir échangé quelques mots, le japonais lui expliquant qu'il l'avait sorti d'une bagarre sans donner plus de détails, une civière finit par arriver et emporter le jeune homme.
Après quelques secondes de discussion, et une forte insistance de l'infirmière, il finit par accepter de se laisser soigner.
Il détestait cela. Que quelqu'un s'inquiète pour lui pour des petits bobos comme ça. Enfin, ce qu'il trouvait "petit" en tout cas.
La suivant dans les dédales de couloirs, elle finit par l'emmener dans une petite salle où était entreposés divers flacons et ustensiles. Aguri les observa avec intérêt tandis que la jeune femme, qu'il avait identifié comme étant une étoile, finissait de préparer une petite compresse imbibée d'alcool, qu'elle appliqua sur ses diverses coupures et bleus. Tournant la tête, Aguri serra légèrement les dents et se regarda dans la miroir. Il avait un sale bleu au niveau de la mâchoire, sur le coté droit. Il mettrait surement un peu de temps à disparaitre.
Putain de boulot.
Le reste de son corps était couvert de quelques bleus, et des petites entailles s'étaient formées au niveau de ses phalanges et du dos de ses mains. D'un petit geste du bras, il camoufla un peu mieux le couteau caché dans sa veste quand l'étoile s'en approchait un peu trop sans le savoir.
Finalement, il balbutia quelques remerciements, avant de partir sans se retourner. Il se mit à marcher d'un pas vif.
Il n'aimait pas les hôpitaux. Il s'y sentait comme dans une ambiance de mort, une attente perpétuelle entre la fin des souffrances par la médecine, ou par la mort.
C'était sa plus grande peur. Mourrir dans un hôpital.
Bifurquant à un angle, il ralentit soudain le pas jusqu'à s'immobiliser en voyant une masse s'écrouler sur le sol. Pas très grande, avec de longs cheveux blancs. Il fronça les sourcils et s'élança en avant pour porter secours à la personne.
Une fois à sa hauteur, il plaça une main sur son épaule, et l'autre sur son bras pour l'inciter à se relever doucement, sans tout de fois insister en cas de refus.


Il attendait une réponse, lançant quelques regards par dessus la forme pour vérifier si un membre du personnel n'allait pas bientôt débarquer pour l'assister.

Soudain, une petite main frêle vint entourer la grosse paluche d'Aguri, qui baissa de nouveau les yeux vers la jeune femme. Cette dernière prit une grande respiration avant de parler :


L'ancien militaire fronça un peu les sourcils. Non, elle ne représentait pas du tout la définition du terme "bien".
Enfin si, dans un sens.
Mais c'était pas le moment de se concentrer sur ça.
L'étrangère releva alors la tête et se furent deux yeux d'un rouge inhabituel qui rencontrèrent son regard. Il resta impassible face à cette particularité anatomique. Après tout, ce n'était pas la chose la plus étrange qu'il avait pu voir de la part d'une étoile jusqu'à maintenant. Cette couleur était même presque envoûtante, à la manière d'une flamme ou d'un serpent.
En espérant qu'elle n'était pas tout aussi dangereuse que ces derniers.


Il esquissa un léger sourire, comme pour la rassurer. Sa voix était douce et agréable, ce qui collait parfaitement avec le reste de son être, à première vue.
Soudainement, elle tenta de se relever doucement. Aguri lui offrit son appuie, mais celui ci ne suffit pas, et elle glissa pour tomber droit dans les bras du chasseur. Ce dernier écarquilla un peu les yeux et la serra contre lui pour éviter qu'elle ne glisse sur le sol. Il n'était pas habitué à un contact aussi proche avec les gens, mais il ne fit aucune remarque cette fois ci. La petite créature soupira, et au moment où elle fut stabilisée dans ses bras, il lança :


Il regarda tour à tour chaque porte du couloir. La plus proche était grande ouverte, et vide. Elle venait sûrement de la. La soulevant tout en douceur dans ses bras, un bras au niveau des jambes et l'autre au niveau des omoplates, il fit quelque pas en direction de la chambre, la gardant contre lui pour ne pas qu'elle tombe.


Il lui fit un petit sourire pour la rassurer en s'approchant un peu plus de la porte, s'apprêtant à passer le seuil pour ensuite la déposer sur son lit d'hôpital.

Doucement, un petit bras frêle vint se poser sur le torse d'Aguri au moment même où il allait passer la porte de la chambre. Il baissa les yeux et son regard heurta celui de la convalescente, un regard légèrement vitreux et tremblant, mais où se lisait une détermination à toute épreuve. Et cela, le jeune chasseur adorait le voir dans le regard des autres.


Il fronça un peu les sourcils. Elle s'acharnait à mentir sur son état. Pourquoi ? Il était sur le point de lui demander, mais celle ci le devança avant même qu'il ne puisse dire un mot.


L'ancien militaire cligna des yeux plusieurs fois, comme si la phrase cinglait à ses oreilles. Il détestait l'hôpital. C'était un lieu de mort et de souffrance. Sa pire peur était de mourrir dans un endroit comme cela.
Il n'aurait pas dû s'en mêler. Chacun chez soi, et pas de problème.
Mais c'était trop tard pour lui.
Il prit une grande respiration. Il allait sûrement faire une connerie, mais tant pis.


Il la reposa doucement sur le sol, la soutenant cependant pour ne pas qu'elle tombe. Il la laissa s'appuyer sur le mur, puis il leva un doigt accusateur devant ses yeux.


Il la regarda droit dans les yeux, sans détourner le regard. Il avait voulu avoir l'air un peu sévère, mais ce regard de biche  aux couleurs pourtant effrayantes l'empêchait de le rester.
Faut dire qu'elle était sacrément belle, la biche en question. Il resserra légèrement la mâchoire. Fallait éviter d'y penser.

Soudain, son visage sembla comme s'éclairer aux paroles d'Aguri. D'un geste vif, elle fit descendre le doigt menaçant qu'il lui tendait.


Sa voix était également un peu plus vive, comme si elle avait retrouvé toute son énergie d'un seul coup. Aguri croisa les bras et la toisa de haut en bas, pendant qu'elle se mît à débiter un flot de paroles presque ininterrompue, surexcitée :


Elle s'était arrêtée quelques secondes, les yeux soudain anxieux. Aguri haussa un sourcil, mais après tout, c'était pas tellement ces affaires.


Finalement elle s'arrête. C'était allé assez vite, et elle était clairement surexcitée. Aguri se frotta les yeux quelques secondes, avant de la regarder. Dans quelle galère était il sur le point de se fourrer encore ? Elle se mordillait la lèvre et avait détourné les yeux, gênée.


Le chasseur de prime finit par décroiser les bras, les posant sur ses hanches, la regardant droit dans les yeux. Elle avait parlé vite, et avait sûrement dit beaucoup plus que ce qu'elle aurait voulu dire. Il tenta de se rappeler à peu près les détails de ce qu'il venait d'entendre.


Il soupire doucement. C'était une gamine, elle n'avait rien à faire des les bagarres. Du moins, c'est ce dont il avait l'impression. Il finit par faire quelques pas dans le couloir, regardant autour de lui au passage pour voir si quelqu'un d'autre comptait arriver. Personne. Il se tourna de nouveau vers la jeune femme avant de lancer :


Il s'approche de nouveau d'elle, se mettant à côté d'elle pour lui offrir un soutien.


Il retira son manteau et le passa sur les épaules frêles de la blessée, rabattant la capuche sur son crâne. Il observa le résultat quelques secondes.
Mouais.
Il allait pas trop falloir traîner si ils voulaient pas se faire chopper.