{INVOCATION} l'été de tous les vices [pv... Truc ! ]

Iason & Invocation

Il fait chaud. Beaucoup trop chaud pour Iason qui crame au soleil, à l'arrêt de bus. Mais ce n'est pas le pire. Le pire ? Il a dû courir pendant deux minutes pour tenter d'attraper le bus, mais il lui est passé sous le nez. Le chauffeur n'a même pas accepté le laisser monter malgré qu'il est appuyé comme un dingue sur le bouton. Vie de chien. Il a cru faire un arrêt cardiaque en plus, n'étant pas des plus endurant. Il maudit cette journée qui a si mal commencé. Déjà parce qu'il est arrivé en retard à son boulot, son réveille n'étant pas fichu de le réveiller à la bonne heure, les piles étant mortes. Il devra justement aller en acheter, après. Ensuite, une petite vieille n'a pas cessé de lui courir après pour réparer des trucs qui n'avaient pas besoin de l'être, n'étant pas fichu de savoir qu'il faut mettre une prise pour allumer les appareils électriques. Il a dû faire deux heures de plus de l'horaire habituel, des mômes s'étant amusés à casser une vitre. Pour rigoler. Et il a dû ramasser TOUS les morceaux à la main, sa brosse-ramassoire ayant rendu l'âme la veille.

Il soupire longuement avant de mettre sa capuche sur sa tête. Il est en train de fondre ! Il aurait bien besoin de boire, mais il n'a rien sur lui et pas l'envie d'aller jusqu'au magasin en acheter. Il va devoir attendre d'arriver chez lui où il fermera tous les stores pour se cacher dans l'ombre et la fraîcheur de son petit chez lui. Mais pour ça, il doit attendre vingt minutes. Vingt minutes à mourir dans cet enfer qu'est l'été, saison qui brûle tout sur son passage et où il vaut mieux rester chez soi si on a une peau qui crame plutôt que bronzer comme la sienne. Il devrait mettre de la crème solaire, mais il n'a ni la motivation ni d'argents à gaspiller pour ces trucs débiles...

- Pff, je vais finir par me transformer en toast.

(c) sweet.lips

Parce qu'il fait chaud en plein été. Il fait chaud mais aussi très lourd et je n'aime pas sentir ce poids sur mes épaules, poids de cette atmosphère pesante et douloureuse pour mon petit cœur en soif de fraîcheur. Je couine dans la rue, mes pieds brûlant dans leurs chaussures, je n'ai pas l'habitude de l'été terrien, ni de son air étouffant, ni de son soleil tapageur, ennemi des étoiles s'il en est. Ma peau bronze pour s'en protéger et repousser ses rayons et j'essaie de rester à l'ombre car je n'aime pas sentir la lumière trouer mes yeux.
Et sur la route, y a des petites constructions étranges. On peut suivre un chemin et toujours en retrouver au bord de la chaussée, ces petites aubettes se retrouvent régulièrement sur mon chemin et je peux m'abriter et regarder les gens qui ne me voient pas. C'est amusant, je suis le seul à les dévisager comme ça ; personne n'aime croiser les prunelles d'un autre, alors ils s'évitent des yeux et s'ignorent. Pendant tout l'été, j'ai observé la populace sous les abris mais aussi dans les centres commerciaux, dans la gare, dans les marchés, dans les parcs… À moins d'être isolé et silencieux, personne regarde les autres.

Je n'ai pas d'argent alors la nourriture je m'en procure un peu n'importe comment… J'ai trouvé une gentille dame artisane qui le soir accepte de me donner les invendus de ses pâtisseries. Je les mange très vite pour ne pas me les faire voler par les autres qui n'ont comme moi d'autre toit que les ponts et les aubettes.
Cette fois, j'ai préféré discrètement dérober le sandwich entamé qui venait d'être posé et je suis parti en courant sans être poursuivi. Je ne sais pas trop comment ça marche, mais les gens ne me remarquent pas si je ne fais pas trop de bruit. C'est étrange. J'ai même volé un collier dans une petite boutique de bijoux pas chers dans une rue commerçante, personne ne s'est mis sur mon chemin. J'ai même pris une bouteille d'eau toute propre dans un super-marché pour essayer. Pareil pour le parapluie. Par contre, le sac à dos a fait de grands BIP BIP quand j'ai voulu passer entre les bornes en plastique par lesquelles j'étais entré, et les gens m'ont remarqué. De peur, j'ai lâché le sac et j'ai fui.

Ne me faites pas mal s'il vous plaît.

Aujourd'hui, j'ai envie de monter dans un bus. Mais pas un bus avec beaucoup de monde car ça me fait peur. Je choisis un abribus presque désert, il n'y a que deux gens. Et je les regarde très fixement du haut de mon petit mètre quarante. La dame a une petite ride fine sur le front et les yeux plissés rivés sur son écran de téléphone – je ne sais pas ce qu'il a de si intéressant. Le monsieur a à peu près le même âge je crois, peut-être un tout petit peu plus jeune ? Et des cheveux verts. Très très verts. Presque aussi clairs que sa peau pâle que le soleil crève de brûler vive. Et ça, c'est trop cool. Mais lui a l'air très ennuyé par la chaleur et l'attente, et c'est vrai que le bus commence à tarder. Et je commence à avoir soif aussi. Mais j'ai pas de bouteille d'eau sur moi, je l'ai perdue je ne sais plus comment.

Alors je me demande. Après tous les trucs bizarres que j'ai fait depuis que j'existe, pourrais-je produire de l'eau au creux de mes mains ? Je les ouvre vers le haut et je les approche en pliant mes doigts serrés jusqu'à ce qu'elles entrent en contact. Je veux de l'eau. J'ai soif. J'ai très soif. Je veux de l'eau très fort. Je veux de l'eau très très fort. Je veux de-

SPLASH.

Sans crier gare, l'équivalent d'un seau d'eau vient gicler sur tout l'abribus, mouillant tout le monde ici présent, même le téléphone que la femme fixait obsessivement en le caressant bizarrement avec ses doigts. De surprise, je pousse un cri aigu (comme celui de enfants que t'as envie d'égorger), attirant inévitablement l'attention des deux autres victimes de ma mésaventure. La dame me voit à peine, plus préoccupée par la santé de son gadget non-résistant à l'eau.
Le monsieur en revanche...

Iason & Invocation

Il est plus ou moins seul. Il n'y a qu'une petite dame à côté, plongée sur son écran, hypnotisée comme si seule son portable pouvait la maintenir en vie ou lui apporter ce que celle-ci ne lui offre pas. Une bien maigre illusion que ne comprend pas très bien Iason qui préfère s'enfermer dans sa petite bulle de solitude plutôt que de tenter de raisonner cette folle de sortir le nez de son écran. Elle joue probablement à une application en attendant le bus, sûrement celle qui consiste à attraper certaines bestioles en marchant... Ou à casser des bonbons, au choix. Pour lui, tous ses jeux sur natels ne lui inspirent qu'irritation et agacement, se posant parfois, mais rarement, la question de savoir en quoi on peut trouver amusant de rester des heures là-dessus. Lui ne s'en sert que pour téléphoner, de temps en temps pour envoyer des messages même s'il n'a pas énormément de contacts, et c'est tout.

Il lâche un nouveau soupir avant de relever le museau, observant le ciel bleu en se demandant quand la température va bien pouvoir se rafraîchir, appréciant peu la chaleur oppressante et aimerait qu'il pleuve un peu. Sauf qu'il n'aurait jamais penser que son désire serait exaucé ni qu'il se permettrait de se matérialiser comme il le fait... Un sceau d'eau semble l'agresser en pleine tronche, le trempant complètement, mais il est heureusement pas la seule cible de cette farce immonde car tout l'arrêt de bus est trempée. Pareil pour l'autre idiote accro à son téléphone, ressemblant à un corbeau dans du mazout, les bras collés à son buste, les yeux écarquillés et le corps tremblant.

Un cri d'une jeune demoiselle le pousse à grimacer, à hésiter de se boucher les oreilles tellement le volume lui paraît fort, mais il se retient, préférant tourner lentement la tête vers la personne débile qui s'égosille comme un porc qu'on tue. Iason fronce les sourcils, observant la brunette fautive de ce brouhaha d'un oeil noir. Il montre son mécontentement et se lève du banc où il est assit. Il est trempe, évidemment, mais rien ne risque de l'arrêter face à cette petite qui a osé le mouiller. Bon, il ne sait comment elle s'y est prise, ni avec quoi, ne remarquant que son visage coupable. Et tant pis si ce n'est pas elle.

Il retire son gilet à capuche jaune, restant en chemise blanche un peu humide. Il sent le tissu un peu collant, sait qu'il doit être légèrement transparent par l'humidité, mais il n'en a cure. Il jette son vêtement sur le banc, d'un geste sec, laissant un bruit détrempé se faire entendre alors qu'il ne détourne pas un instant son regard de la jeune. Quel âge a-t-elle ? Probablement pas plus que 15 ans, mais il n'a jamais été doué en estimation.

- Alors gamine, on veut jouer avec le feu ? Ou plutôt... Avec l'eau ? Je peux savoir ce qui t'as pris ?

Il l'a toise du haut de son mètre septante, croisant lentement les bras sur son torse, cherchant à se faire menaçant. Chercher à effrayer une gamine n'est pas très glorieux, mais il s'en fout. Pas la demoiselle au portable, qui s'arrache à la contemplation de l'engin et hésite à porter secoure à l'enfant. Parce qu'il lui porte de l'attention, elle finit par lui en donner également. Il entend déjà, d'avance, les avis qu'elle risque d'utiliser. "Ce n'est qu'une môme, laisse la tranquille" ou " Elle ne faisait que jouer, personne n'en est mort." De quoi lui donner envie de vomir.

(c) sweet.lips

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