Non merci.
Les poètes et les romantiques pouvaient aller se faire voir, je n’avais pas besoin de la saint-valentin pour satisfaire mes besoin quand j’en avais envie. Soyons réalistes, je suis canon, je suis charmant et je vous emmerde. Donc je suis parti à la recherche de calme et de détente dans les onsens, les bain publics d’eau chaude. En effet, qui irait se rendre ici en cette occasion spéciale à part d’autres célibataires endurcis, d’autres anti-conformistes ?
L’endroit semblait désert - d’ailleurs c’était un miracle que ce soit ouvert. Bizarre. D’habitude, quand j’y allais il y avait toujours bien ces deux vieux (perverts ?) qui restaient dans l’eau avec leur peau plissée et leur regard dans le vide. Parfois j’imaginais qu’il s’agissait d’un couple, mais en vérité, il s’agissait probablement de deux vieux amis. Et je ne préférais pas imaginer ce qui pouvait se passer sous la surface de l’eau entre ces deux là. Mais même les habitués étaient absents. Je plongeais mon corps dans l’eau chaude, sans la moindre gêne ou pudeur. Je poussais un soupir en sentant le liquide ardent battre contre ma peau, je relâchais les épaules et passais une main dans mes cheveux dans une tentative vaine de les retenir en arrière. Ma mèche retombait toujours devant une partie de mon visage.
A travers la vapeur et dans l’obscurité de la soirée, j’apercevais un autre individu dans un coin. Il tortillait ses cheveux verts et semblait mal à l’aise. Je pouvais difficilement distinguer les détails de son visage, à part qu’il n’était probablement pas japonais. Je croisais les jambes, étendait mes bras le long du bord. J’esquissais un sourire malicieux et afin de faire un peu la conversation, je lançais :
Sympa la couleur de cheveux. Vous avez du style.
Un petit compliment. Je marquais une pause suivie d’un :
C’est la première fois que vous venez, ici ?
Il avait l’air jeune et étranger. Peut-être n’était-il pas habitué à se retrouver nu dans le même bain qu’un tas d’inconnus ?
Et soudainement, venu du ciel comme un missile, un projectile karmique de l’embarrassement cosmique maximal, l’apogée de la loi de murphy : une fiente de pigeon ou d’un autre volatile désormais maudit jusqu’à sa 16ème génération atterrit droit sur mon bras gauche. Répugnant, cinq jurons et trois exclamations de dégoût plus tard, j’attrapais la serviette que j’avais laissé sur le bord pour me frotter jusqu’à ce que la peau devienne rouge. Ca aurait pu être pire, au moins j’étais entouré d’eau. Propre ? Pas certain.