17# Benjamin Sirius — Starless {charme rompu

Rencontre hasardeuse ou sursaut du destin ? C’était tout ce dont il s’agissait, Benjamin en était convaincu. Dès que ses yeux s’étaient posés sur l’être masqué, le rythme de son cœur s’était accéléré, le rouge lui montait aux joues, il était nerveux. Ca ne lui ressemblait pas de s’emballer comme ça, lui qui d’habitude restait un minimum stoïque. Peu familier de la sensation, Benjamin fronça les sourcils, tandis que Starless –c’était ainsi qu’il s’était présenté- se détachait de lui.
Non. Reste.
Benjamin ne pouvait pas dire ça, et pourtant il en mourrait d’envie. Tout pour plaire ? Mais tout ce qu’il aurait souhaité en cet instant, c’était plaire à Starless. Quant à cette aura de feu, pour le moment, seules ses joues étaient en feu. Il reprit tant bien que mal son habituel air ennuyé, avant de se décider à répondre.

« Je suis pas seul. T’es là maintenant. »
Sa voix dérailla sur la dernière syllabe, et il grimaça. Ce qui lui arrivait ne lui plaisait pas ; mais il accepterait sans hésiter d’être ridicule, si ça lui permettait de rester en compagnie de Starless.
C’est n’importe quoi, Benjamin. T’aimes même pas les gens, t’aimes personne, pourtant.
T’accepterais n’importe quoi venant de lui. Apprendre à draguer ? Comme si ça t’intéressait.

Affichant un sourire tordu, Benjamin attrapa la main de Starless tandis que celle-ci se baladait le long de sa taille, il glissa ses doigts entre les siens, puis lâcha vivement prise. Il haussa les épaules.

« Comme tu veux. »

Benjamin se montre rarement entreprenant. Et Starless ? Tactile. Pour une raison X ou Y, celui-ci trébucha, se rattrapa à Benjamin, qui par réflexe ouvrit les bras. Tactile. Benjamin en profite, honteusement, mais ne peut regarder Starless en face. Une vraie jeune fille en fleur, inhabituellement timide, le cœur battant la chamade pour un oui ou pour un non ; et Benjamin maudissait presque son enveloppe corporelle pour ce changement d’attitude brusque et inattendu. Même pas capable de faire la conversation et de soutenir le regard d’un masque.

HRP:

Il secoua la tête. Il ne savait pas. Sa seule expérience qui se rapprochait le plus de ce domaine, c’était lorsqu’il portait Glunkus et effleurait sa truffe du bout du nez. C’est alors que sans prévenir, Starless l’embrassa. Benjamin aurait voulu détester ça ; il détestait ne pas contrôler son corps, ne pas contrôler ses émotions, il détestait perdre pied, et pourtant il n’arrivait pas à détester cet instant avec Starless. Les yeux fermés, joues rouges et cœur affolé, il se laissa embrasser, pour finalement s’impliquer plus que prévu dans ce baiser.

Lorsque leurs lèvres se quittèrent, ils avaient le souffle court. Mais quand Benjamin rouvrit les yeux, c’était comme s’il avait choisi de les garder fermés. Bien évidemment, il cligna des paupières plusieurs fois, sans grand effet. Il ne voyait que le vide, il ne voyait que le rien. Le néant s’ouvrait à lui.
Soudain paniqué, il étouffa un glapissement d’horreur, s’accrocha au bras de Starless, au tissu de son haut, il agrippa ce que ses mains voulurent bien attraper. Sa chance de survie. Si la vue lui faisait défaut, il ne lui restait plus en ce monde que cet être encore tangible sous ses doigts, ce parfum qu’il respirait quand il posait sa tête contre l’épaule de l’homme masqué, le bruit de leurs souffles qui s’entremêlaient, le goût du baiser sur sa langue.

« J’savais pas que l’amour rendait vraiment aveugle, putain… »

Le menton levé, Benjamin cherchait désespérément une lumière, un mouvement, ce que ses yeux voudraient bien voir. Il chercha le contact, la chaleur sous ses doigts, le plus possible. La situation prenait un tournant inattendu, de moins en moins au goût du jeune homme, mais la présence de son partenaire le rassurait.

Il suffisait de se laisser guider ; Benjamin n’était pas bon dans le rôle du leader, de toute façon. Alors il s’accrochait à son partenaire tant qu’il le pouvait, il le suivait sans savoir où il posait les pieds, en toute confiance. Comment aurait-il pu faire autrement ? La voix rassurante de Starless le détendait, et l’étoile aurait pu tout accepter venant de lui.

Mais quelque chose sonnait faux, quelque chose se brisait. Benjamin se détachait de Starless, peu à peu, sans pour autant rompre le contact ; il y avait quelque chose de réconfortant chez cet homme masqué que lui-même ne comprenait pas, et il aurait aimé en profiter encore quelques instants. Seulement voilà, une fois de plus, la situation lui échappait. Il recouvrit la vue aussi rapidement que sa soudaine cécité était apparue, et après avoir cligné des yeux plusieurs fois, il posa son regard sur ce masque qui faisait office de visage pour Starless.

Et il ressentait de l’affection, oui. Une grande affection, un peu étrange, un peu inhabituelle, incompréhensible ; mais ça n’était plus le même trouble que quelques instants plus tôt. Ca n’était plus une soif de contacts, ni un besoin de s’abandonner dans les bras de l’homme masqué ; c’était juste de l’apaisement, et la perplexité que l’on ressent quand on se rend compte qu’on apprécie quelqu’un. Benjamin n’y était pas familier. Il tendit la main vers les cheveux de son partenaire, mais la retira immédiatement ; décidément, l’ambiance électrique de cette soirée semblait s’être dissipée.

« … Merci pour ce soir. » prononça-t-il soudain d'un ton neutre, sur le point de tourner les talons. Non, vraiment, il ne savait pas comment se comporter correctement avec les gens. Il pressa presque tendrement une dernière fois la main de Starless dans la sienne avant de lâchement tourner le dos pour s’enfuir.

Une fois qu’il se considèrerait en sécurité, nul doute que le brun passerait une main lasse sur son visage, que la colère ne manquerait pas d’habiter. La colère, et peut-être également une once de regret. Une première expérience surprenante, dont il se souviendrait. D’autant plus que son cœur, bien que calmé, ne soit toujours pas revenu à un rythme des plus tranquilles.