❝ C'est le lendemain d'une nuit entre une étoile et un humain. ⚔ Kane.

Il avait été incapable de se calmer ; et les souvenirs de la veille lui revenaient en séquences entrecoupées. Kane ne saurait dire si c’était d’un malin plaisir ou une douce torture qu’il se rappelait de chaque petit détail mais la chose qu’il pouvait néanmoins affirmer, c’est qu’il était encore incapable de se calmer. Le calme semble avoir disparu de son apprentissage, ne laissant comme trace qu’un regret qui le rongeait. Alors les questions qu’il avait fait en sorte d’oublier, avaient trouvé le meilleur moment pour lui revenir. Le blond ne se souvient pas s’être endormi. Ou du moins, son corps ne se souvient pas d’avoir fait le choix de rejoindre les bras de Morphée. Sûrement qu’un effort conséquent et une chaleur bien trop pressante l’avait fait disparaître du monde des conscients. Pas qu’il s’en était plaint le soir même mais maintenant qu’il se retrouvait dans un lit, dans une chambre, dans un appartement où le parfum de celui qui occupait ses pensées ne lui laissait aucun répit ; même les yeux fermés. Alors ouverts ? C’était encore pire. A son réveil, le visage d’un brun endormi lui servit d’un « bonjour » assez ‘spécial’ qui le fit se tendre malgré lui. Sûrement le fait de se retrouver avec un charmant prince, collé à son torse, les bras autour de sa taille qui avait eu le mérite de le faire perdre tous ses moyens, sur le coup. Mais en avait-il encore ? Des moyens.

Sa première question. Rapidement suivie par la suivante. Pourquoi l’enlaçait-il lui qui détestait autant le contact ? Pourquoi son corps refusait de bouger alors qu’il devrait sûrement partir après un ‘coup d’un soir’ comme ils l’auraient défini ? Parce que c’est mon humain. Voilà une excuse que Kane commençait à prendre trop souvent ; pour se mentir à lui-même, pour ... rendre les choses plus simples. Il voulut assouvir ces questionnements mais il lui semblait qu’à une interrogation, deux autres naissaient et ses pensées ne faisaient que se multiplier, alors qu’avouons-le, son esprit encore à moitié endormi et troublé par l’alcool de la veille, ne lui permettait pas de s’auto-supporter. Il abandonna une deuxième fois ses questions. Et cette fois-ci, il n’avait ni la fatigue, ni le désir, ni l’éthanol dans le sang pour se justifier. Il se décevait. Mais il se trouva encore une excuse. ‘Plus tard’. Et son plus tard commençait de plus à plus à tarder.

Un mouvement. Le corps du blond se paralysa davantage qu’il ne l’était déjà et il ferma les yeux par réflexe. Le mouvement se faisait de plus en plus distinct et après quelques secondes, il lui semblait entendre des bruits de pas. Proches. Puis loin. Et il soupira de soulagement malgré lui. Il ne l’avait pas remarqué ? Le Nishina réussit à se calmer sur le coup et à surtout éviter que ses battements de cœur ne se fassent entendre même à l’autre bout de la pièce. Ses traits se détendirent. Mais un semblant de regard dans son dos, le fit frissonner. Il enfonça un peu plus sa tête dans son oreiller et se tourna légèrement sur le côté.
Il avait bien fait.

» Tu peux venir avec moi si t'es réveillé ou si tu veux !
Que ? Quoi ? Son visage disparut dans la blancheur du tissu et son regard quoique curieux se posa discrètement sur le côté, en déduisant que c’était sûrement la porte qui donnait vers la salle de bain. Mais venait-il vraiment de lui demander ça ? Kane attendit de voir la silhouette disparaître pour se rouler sur le lit comme le ferait une collégienne qui se retenait de ne pas craquer. Dire que c’était ce même idiot qui puait la classe une fois sur scène dans un underground, un peu différent des paillettes et rose des shoujos quand même. Le blond s’était vite retrouvé à la place de Ban. Le parfum était de plus en plus enivrant et il se voyait fermer les yeux, inconsciemment. Il enlaçait le coussin du brun, rougissant malgré lui à ses propres actes. Il fronça les sourcils en réalisant ce qu’il faisait et desserra un peu sa prise sans réussir pour autant à s’en séparer.

L’air semblait peser et tout son corps était animé par l’envie de se lever, ouvrir cette porte et répondre à la proposition quoique tentante du plus âgé. Mais il en serait incapable n’est-ce pas ? Oui. Il en était incapable. Il essaya d’oublier l’idée et préféra plutôt se concentrer sur ce qui serait plus important. Oui. Partir. Mais son corps lui désobéissait encore. Plus il voulait se lever, plus son poids lui semblait lourd ; prêt à s’accrocher au lit de son amant d’un soir. « Fait chier... » Sa voix mourut contre le matelas et il donna un coup de poing qui rebondit sous la frustration. Rapidement, il se voyait dans la même position que plus tôt ; faisant semblant de dormir alors que Ban revenait dans la chambre.

» Tu dors toujours alors... Dommage, on aurait pu manger ensemble...
Ne réponds pas, ne réponds pas. Kane essayait de s’auto-convaincre mais son regard roulait de partout derrière ses paupières et il se serait tué pour le poser une seconde sur la silhouette du brun. Il l’attirait de trop. C’était malsain. Ne réponds pas. Mais encore ? Ban le traînait jusqu’au bout. Et il avait suffit que le brun s’assoie à ses côtés pour qu’il ouvre finalement les yeux. Réponds.
» J’aime pas le café noir.
C’était intriguant comme réponse mais pour le blond ; ça lui semblait presque évident. Ses pupilles se posèrent sur le corps de son aîné et il l’inspecta rapidement avant de détourner le regard. Bon timing, chaton. Chaton ? Kane se redressa sur le coup, ne faisant pas tant attention au courant d’air qui glissaient le long de ses hanches, vers ses cuisses. Non. C’était. Un chaton.
» Il s’appelle comment ?

Sa voix s’était faite un peu plus aigüe mais il ne se reprit même pas pour se corriger. Sa main osa lentement caresser la boule de poils tout ce qu’il y avait de plus mignon pour l’adolescent. Il avait sérieusement une obsession avec les animaux mais plus particulièrement les chats. Alors que ses doigts se posaient sur la petite chose, Kane ne put s’empêcher de changer d’expression, ayant l’air plus grave d’un coup. Il retrousse les lèvres et enlève aussitôt les mains en rapprochant son nez de celui du museau du chat. « Tu l’aimes autant ? » Il semblait avoir une discussion tout ce qu’il y a de plus construite avec l’animal de compagnie, assez pour ne pas remarquer que le courant d’air, justement, se faisait de plus en plus violent ; sûrement le fait que la couverture avait glissé, le dévoilant sous son plus bel attrait.

» Hum ?
Ne s’en préoccupant pas davantage, il sympathisait rapidement avec le chaton, étrangement, il le comprenait trop bien. Non. En fait. C’était plutôt normal ; pour le blond du moins. Quelque chose l’avait intriguait dès le départ. La jalousie qu’éprouvait le chat ? Ah. Triste que le maître ne pouvait pas le comprendre. Portant un regard plein de reproches vers le brun, Kane choisit finalement de se lever. Un pied sur le sol. Le deuxième le suivit rapidement. Puis debout. Et.

Par terre.
Se retrouvant à quatre pattes, exposé malgré lui, c’était ... la parfaite position pour se rendre compte qu’il ne portait rien et qu’il avait un peu sous-estimé son mal à la hanche. Paniqué, il se redressa maladroitement, tournant sur lui-même, faisant un deuxième pas de travers et retombant sur le brun. Il l’avait instinctivement enlacé pour amortir sa chute mais rapidement ; il s’était plutôt retrouvé à s’accrocher à lui comme un vulgaire koala le ferait à son bambou.
» AH. JE.
Se tordant, ses reins criaient une dernière fois.
» Tu. No. Pxtain. T’es sérieux ? Idiot. FOIREUX. mxrde.
Les gros mots se succédaient sans ordre précis et surtout ... sans raisons. Kane ne savait juste plus comment réagir.  

Une situation aussi embarrassante qu’injuste ; s’il était parti plus tôt, il ne se serait pas retrouvé le derrière à l’air libre et encore moins sur le brun à l’enlacer comme si sa vie en dépendait. Bien que sa prise se desserra au fur et à mesure, le corps de Kane semblait peu disposé à se libérer, agissant comme une entité dirigé par un subconscient dont le blond niait l’existence et les désirs.  Désirait-il rester dans les bras de Ban, partager sa chaleur et un contact intime ? Non. Bien sûr que non. Voulait-il partir ? Évidement, pourquoi resterait-il. Kane Nishina n’était pas un adepte de l’honnêteté et son corps semblait s’en venger ... aussi bien que l’épisode d’hier soir.

Ses souvenirs ne pouvaient pas le tromper et même s’il souhaitait les oublier, c’était à ce moment, qu’ils l’obsédaient le plus. Oui. Il avait mal aux hanches. Oui. Il ne pouvait pas marcher correctement à cause d’un certain gens. L’étoile adressa au plus âgé tout un plein de reproches. « T’aurais pu te faire la réflexion plus tôt. Mes hanches te maudissent. » Se mordant la lèvre, il ne pouvait pas avouer que lui-même en avait peut-être trop fait hier soir. C’était dire qu’il ne s’en plaignait pas trop au final. Il avait une part de faute. Il n’osait juste pas lui dire qu’il se sentait bien, même maintenant, alors qu’ils sont collés l’un à l’autre, même maintenant, alors que les émotions de Ban s’empreignaient en lui, même maintenant, alors que ces derniers le faisaient se détendre et rendait son corps encore plus à son aise qu’il ne l’était déjà.

Inconsciemment, il se pencha, collant leurs nez en caressant le sien, comme il l’aurait fait avec le chaton plus tôt. La proximité troublante le faisait s’humecter les lèvres, en attendant un baiser dont le brun ressentirait le même besoin de son côté. Il détestait les gestes d’affection. Alors pourquoi semblait-il crier au plus âgé de les lui accorder ? Il fallut uniquement la remarque du brun pour briser les émotions qui l’avaient submergé. Il était comme ça à cause du contact ? Alors ... Ban ressentait la même chose ? Ce même sentiment de confort ? La réflexion aurait eu le mérite de le faire sourire si les questions qu’elle lui fit se poser ne le troublaient pas plus. « Je peux le faire moi-même. » Il plissa le regard. Kane ne comprenait vraiment pas ce que le plus âgé trouvait d’adorable chez lui. Il était même incapable d’être plus sincère avec ce qu’il pouvait ressentir.

Le blond se releva finalement. Un peu maladroitement, il réussit à trouver l’appui nécessaire pour ne pas se retrouver dans la même situation de plus tôt. « Hein... Tu crois qu'il est jaloux ? » Son regard bleuté se posa sur la boule de poils blanche. Il n’avait pas besoin de le toucher pour le savoir. « Tu n’as vraiment aucune idée de ce que les autres peuvent ressentir.» Sur le coup, lui-même ne savait plus de qui il parlait. Du chat ? De lui-même ? Il ne voulait pas s’y attarder. Il prit l’animal de compagnie dans ses bras en le caressant. Kane sourit malgré lui. « C’est normal de se sentir jaloux dans cette situation. Il n’aime pas forcément qu’un inconnu entre dans son ‘territoire’ ou touche ce qu’il considère comme sa ‘propriété’. » Il fixe Ban, lui indiquant qu’il parlait bien de lui en affirmant qu’il était la propriété de son chat.  
» Tu ne lui as même pas accordé de nom. A sa place, j’aurais fugué avec un cœur brisé.

Le plus jeune se rassit à côté de son humain. « Nuage ? ça sonne bien, non ? » Toutefois, il n’eut pas besoin de la réaction du brun pour savoir que ça ne plairait pas à la petite bête qui lui mordillait déjà l’index. Il sourit en l’agitant, amusé. « Je crois qu’il préfère que ça soit toi qui choisisse. On dirait vraiment qu’il s’est attaché à toi. » Il se tourna vers Ban, heureux de pouvoir lui communiquer tout ce que cette boule de poils pouvait ressentir. Même si finalement, il n’aurait su l’expliquer si le brun venait à lui demander. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il ne pouvait que rencontrer son regard, troublé, avec la pensée persistante que Ban Wolfgang avait le pouvoir d’attirer les autres vers lui.

» Je ne crois pas qu’il soit le seul.

Marmonné. Avalé. Oublié. Il s’était relevé pour finalement s’enfermer dans la salle de bain en reprenant ses vêtements de la veille dans ses bras. Son cœur allait vraiment exploser. Ce n’était en rien une confession mais une parole qu’il regretta bien vite, autant qu’il voulait disparaître. Il aimait cette situation autant qu’il la détestait.

Une situation bien trop embarrassante et bien trop injuste qu’il vivait.