Je suis innocente, votre honneur ! | PV Genki.

Il n'avait pas le temps. Il n'avait juste pas le temps!
La vie de commandant est chargée; Déjà qu'il devait s'allier avec la division d'anti-crépusculaire étant donné qu'ils manquaient d'effectifs, si en plus, ils l'appelaient à chaque affaire! Ce qui était malheureusement le cas. Sans trop avoir eu le temps de s'attarder sur les détails, ni d'avoir lu le dossier, en réalité, il s'était déjà trouvé devant la "suspecte" qui était -ma foi, fort étrange.

Mais il n'avait pas le temps. Ni celui de s'attarder sur ses belles courbes (inexistantes) ou sa chevelure sortie d'un animé quelconque. Il voulait juste vite en finir.
« Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce qui sera dit pourra être retenu contre vous. »
Il marqua un silence avant d’ajouter. « Mais ça sera une perte de temps comme pour vous et pour moi. Finissons-en. Vous l’avez juste tué. » Et comme une parfaite série policière, il tourna la lumière de la lampe vers elle. Genkishi faisait peur tout de même. Un peu. Assez.

... Une idiote? Genkishi n'est pas allé chercher bien loin dans ses réflexions et la surprise ne le laissa pas trop s'incruster dans le délire à première vue. Soit, elle était muette, soit elle avait pris son 'Vous pouvez garder le silence' trop au sérieux. Il y avait aussi l'option de, Mme avait vraiment un problème dans sa tête mais il préféra éloigner cette possibilité.

« Qu’est-ce que ... ? » Quand il reprit ses esprits de Je-suis-pas-ce-que-tu-fais-là, il se concentra un peu plus sur ce qu’elle faisait justement. Des dessins ? Des bonhommes ? La scène du crime ? Le sérieux qu’avait le commandant à ce moment était presque comique. Comme quoi, le délire en question l’intriguait assez. « Ouais mais au juste . » Il prit un gant, puis le deuxième, les fixa un long moment avant de les reposer d’un coup sec sur la table. « Je comprends pas. »

Son regard se posa sur la demoiselle et il ne pouvait s’empêcher de grimacer. « ... Pas parce que vous avez le droit de garder le silence que vous êtes obligée de le faire. » Il roula des yeux, désespéré et essaya de réfléchir un instant. Il y avait deux bonhommes. Mais pourquoi ‘deux’. « Il y avait quelqu’un d’autre sur la scène ? Autre que vous et la victime. » Bon, au moins, ils avançaient un peu.

Sceptique? C'était proche mais en même-temps très loin de la réalité. Assez paradoxal en fait! ... Un peu comme cette situation, en somme. C'était à la fois fatiguant et amusant, comme communiquer avec un chat. Sauf que là, Genkishi avait moins de chance de finir griffé et le chat en question avait plus l'allure d'un sphinx sans poils qu'autre chose. La ressemblance était là en somme. Sans s'attarder plus sur ses réflexions qui se multipliaient à force, il reporta son regard sur la demoiselle en observant avec un intérêt mal dissimulé la suite de l'histoire. Dire qu'il serait plus facile si elle se mettait juste à parler.

Voilà qu'elle lui indiquait ses cheveux. Des cheveux ... ? La longueur? Genkishi fronça les sourcils et sortit un carnet sur lequel il commença à gribouiller. Cheveux courts. Très bien, très bien. Notons. Maintenant, elle le pointait lui? Lui? Genre un beau gosse? Non ça n'a pas de sens. Quoique. C'était peut-être la couleur? Non, ça serait trop simple. « Il était aussi beau que ma personne ? » C'était franchement une blague mais vu l'air sérieux à laquelle il la prononçait, on pouvait facilement en douter. De toute façon, les indices suivirent et là ... Là, c'était un peu le trou noir. Il grimace sur le coup. Attends. C'était bien. Je. Oui. Non. En vrai, ils ne trouvaient pas de mots. « Je dois comprendre quoi au juste ? » Il la fixe de travers avant de se remuer les neurones.

Le commandant décide alors de continuer son gribouillage, ce qui prend à peu près une dizaine de minute. C'est presque fier qu'il lui passe son >oeuvre< qui ressemblait plus à un dessin de maternelle qu'autre chose. Il se met alors à expliquer son art incompris. « Okay. Donc un homme, à poil, au sexe long, cheveux courts qui était avec vous sur la scène du crime. » ... Il marqua un silence. Un long silence. Un affreux silence. « ÇA N’A PAS DE SENS, BON SANG. » Il avait frappé un peu trop fort de son poing sur la table avant de se redresser sur le coup. Il soupira roulant des yeux. On dirait que sa patience était épuisée. C'est surtout ça quand il n'arrivait pas à résoudre un puzzle. Tête brûlée qu'il est. Il pouvait juste lui passer le bloc-note. Oui si seulement ... Oh.

« Tiens. » Le problème étant que si, elle, dessinait pire que lui, ils en ont été encore loin. D'ailleurs? Pourquoi il la croyait? Genre ça aurait juste pu être un mensonge. Il s'y attardera ultérieurement. Le mystère de l'homme nu était encore à résoudre.

Genkishi la regarde faire. Longtemps. Un peu. Beaucoup. C’était une concentration aussi absurde que son sérieux sur le coup ; et les quelques policiers derrière la vitre devaient bien se marrer, si ce n’est créer à l’exorciste. Finalement, alors que la demoiselle commençait à écrire et que Gen reconnaissait lentement les lignes, il se crispa. Pourquoi en anglais ? Elle ne parlait pas parce qu’elle était anglaise ? Il grimaça. Il savait parler cette belle langue de Shakespeare, ceci n’étant pas le problème. Disons qu’il avait plus du mal à lire les traits, qu’à les comprendre, justement. Quoique, tout était un peu lié. Il ne pouvait pas lire, il ne pouvait pas comprendre. Alors qu’elle lui passait le papier et qu’elle le gratifait de ce magnifique sourire sur lequel, il ne pouvait s’attarder, il tourna la feuille un peu de partout. A l’envers, à la diagonale. Absolument tout. Ce n’est qu’après quelques minutes qu’il put enfin définir des semblants de mots et se faire une idée en tête.

Disons que le dessin était si parfaitement réaliste qu’il avait tant besoin de lire pour saisir. Finalement, il se redresse, contourne le bureau pour se diriger vers la seule porte de la pièce. Il s’éclipse quelques minutes, avant de rire avec un autre papier entre les mains. Il se rassoit dans un silence religieux et inspire. « Il ressemble à ça ? » Sa voix brisa ce même silence alors qu’il posa le nouveau dessin sur la table. Son regard avait cette petite lueur comme quand on se rapprochait de la vérité. Ou du moins presque. Il remerciait intérieurement le dessinateur qu’ils avaient. Ouais. Celui-ci avait sûrement un meilleur talent que lui et la suspecte réunie. Oh tiens. Elle restait aussi une suspecte pas vrai.