Sujet: ❝ Disenchanted. — W I L L O Sam 7 Mai - 15:27
Entre quatre yeux, clairement. #Willo #EikoT'en vois des gens. A tous les coins de rues, à chaque intersection, partout. Immuable dans une ville qui ne regroupe pas cinquante habitants. Ça grouille tout autour, le bruit ne cesse jamais réellement, le silence ne tombe que lorsque l'inconscient prend le dessus. Encore que ce n'est pas toujours le Saint Graal quand tes voisins décident de se fritter à quatre heures du matin. Alors ouais, t'en vois du monde, t'en entends des choses. Tous les jours, toutes les heures, toutes les secondes. Au McDo, chez toi, chez ton pote, chez ton voisin, dehors. Tu pourrais bien essayer de t'isoler dans un coin reculé, c'est même pas encore certains que tu puisses avoir la paix. C'est la loi de la ville, la loi de la jungle arpentée par les humains.
T'en vois des vertes et des pas mûres. Parce que tu bosses bien à l'endroit où on voit de tout. Des habitués aussi relou qu'agréables, de ceux qui te regardent en coin, de ceux qui te plaignent en songeant que tu feras que ça de ta vie, de ceux qui se croiraient presque dans deux étoiles, de ceux qui ne savent pas trop ce qu'ils foutent là. T'en vois, tous les jours, tout le temps et certains s’imprègnent plus aisément dans ta mémoire que d'autres. Au final, pourquoi ce visage plus qu'un autre ? C'est à se demander parfois.
Alors tu sors aujourd'hui et tu sais déjà que tu croiseras probablement au moins une tête qui te dit vaguement quelque chose. C'est si important que ça ? Tu hausseras juste les épaules en te disant que ça n'a rien d'exceptionnel et ton chemin continuera. C'est comme ça. Aussi simple.
Tes pieds se traînent, les écouteurs visés dans les oreilles, se fermant ainsi du monde, pourtant tes yeux balayent encore les alentours, se balançant d'un visage à un autre alors que tu marches lentement. Les gens semblent pressés de nos jours, se sentant obligés de courir pour rattraper une seconde éphémère. Et finalement, bien que tu songes fortement que c'est stupide, ça te donne envie de courir aussi. Plus tard, quand l'orbe solaire déclinerait à l'horizon, t'iras courir. Courir et courir encore. Comme tu sais le faire. Parce que toi aussi, Eiko, tu cours après le temps.
Et s'imposant dans les méandres de ton esprit embrouillé, ce soir-là tu ressors après ta journée à glander pour changer. Chaussures de sport aux pieds, short noir, débardeur blanc, écouteurs toujours visés dans les oreilles et rien d'autre qui pourraient s'avérer futile, tu t'en vas. Peut-être en quête de liberté. Peut-être en quête de sensation. Peut-être en quête de fatigue. T'sais pas, t'as juste envie de courir. Alors tu y vas, décidant cependant de t'éloigner de la ville autant que possible.
Tu sais que cet arrête de bus existe parce que tu le prends chaque jour. Tous les jours pour retourner à ce boulot autant inintéressant que chiant. T'as pas l'ambition d'évoluer dans ce mouvement, t'resteras juste caissier toute ta vie. Tant pis. Tes pieds connaissent clairement le chemin par cœur, t'y guidant sans que tu sois obligé de te concentrer. Ton esprit en profite pour divaguer un instant. Très long instant au point que t'en arrive déjà à destination.
La réalité. Ton regard glisse sur la silhouette qui se dessine par-ici. Arquant un bref sourcil l'espace d'un instant. Tu connais ce visage. Les traits de celui-ci, la couleur de ses cheveux, son allure. Ouais, tu le connais que trop bien à forcer de l'avoir observé. Ce type qui t'inspire que l'exaspération à ton boulot. Mais le boulot c'est fini.
« T'as décidé de prendre la tête des mecs qui viennent par ici ? »
Parce que c'est bien ce qu'il sait faire de mieux. Ce client du McDo. Ce type qui t’agresse limite pour un rien. T'as bien envie d'avoir une petite discussion avec lui. Parce qu'ici, a cet arrêt de bus presque désert, y'a pas de patron à contenter, pas vrai ? Désabusé, peut-être déjà un poil saoulé, tes bras se croisent sur tes entrailles, dégageant un écouteur.
« J'vais pas y aller par quatre ch'mins. T'as visiblement un problème avec moi, maintenant j't'écoute ! »
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Carte d'identité Occupation: étudiant en lettres modernes, quand il y va Nationalité: tchèque, mais a grandi à Singapour Lié à: Cassiodore Pace
Sujet: Re: ❝ Disenchanted. — W I L L O Mar 10 Mai - 2:00
désenchanté w/
eiko & willo
définitivement dans le mal
Mer anarchique des immeubles, vagues de passants. Le cœur de la ville qui bat, système nerveux des artères clignotantes, pulsant inlassablement un flux étincelant. Le bruit agaçant de l’extérieur. Mais si, tu sais, dehors. Tout ce qui se trouve derrière la limite de ta zone de confort, ce qui vit sans t’attendre. La terre continue de tourner, et lui, il a toujours du mal à suivre le rythme dès qu’il pose un pied sur celle-ci. Déséquilibré par la rotation terrestre, comme bousculé par la dynamique qui règne hors de sa chambre. Il est à peine sorti qui a déjà envie de rentrer. Ça l’amuse pas de déambuler dans le centre. Ça joue des coudes, avance, marche ou crève. Pas envie de suivre le tempo.
Stop.
À l’arrêt. Sortir de la danse entêtante des badauds pour bifurquer, s’abriter. À l’arrêt de bus. La mine froissée, sourcils légèrement froncés, sourire inversé. Le type est debout, et pourtant, il semble recroquevillé sur lui même. Mains dans les poches, les épaules rien qu’un peu haussées, headphones sur les oreilles, la capuche de son sweat noir bien trop grand pour lui cachant ses cheveux en bataille. En colère.
Mais qu’est-ce que t’as, Willo’, à la fin ? C’est quoi ton problème ? Toujours ce mauvais pressentiment. Peut-être que c’est lui, peut-être que c’est de sa faute, peut-être que ça se passe dans sa tête, et puis c’est tout. Mais il a l’impression que quelque chose cloche. Que ça va pas. Qu’on le dévisage, qu’on le toise. Tu psychotes mon pauvre vieux. Mais pourtant. Le regard insistant des autres, les risettes. Il prend tout pour lui, suranalyse ce qui l’entoure, perçoit négativement la moindre attention qu’on lui porte. Tu m’étonnes que ça le fatigue vite d’être dehors, dans cet état là. Y a des jours où ça va, pourtant. Des jours où il se voit dans le miroir et où il ne se pose pas quinze milles questions, où il sort le cœur léger, l’esprit tranquille, avec pleins d’idées en tête. Intouchable, il a l’impression de voir son chemin tout tracé dans le bordel environnant. Aucune pression, tout va bien se passer. Qu’il aime ces jours là. Il voudrait que cet état d’esprit s’imprime quelque part dans sa cervelle, au lieu d’être aussi volage à chaque fois. Au lieu de le laisser en plan comme aujourd’hui.
Soupir de deux kilomètres, alors que son attention quitte le sol qu’il scrutait pour se reporter sur les alentours. Il ose enfin sortir de sa bulle, rien qu’un peu. Faudrait qu’il apprenne à garder la tête droite en toute circonstance, mais c’est pas gagné. Enfin quoique. Peut-être que là tout de suite, t’aurais mieux fait de continuer à courber l’échine, Willo’.
Et y a son air renfrogné qui laisse place à une mine déconcertée l’espace d’une seconde. Obligé de lever les yeux, pour croiser un regard face au sien, il passe une main sur son casque, histoire de le faire tomber autour de son cou et entendre ce qu’il se passe. Retourner sur terre. Les probabilités de croiser cette personne ici et maintenant ? Infimes, on est d’accord.
- T'as décidé de prendre la tête des mecs qui viennent par ici ?
Il le savait. Il le sentait putain, il en était sûr. "J'vous l’avais dis". L’instinct féminin. Wait.
- J'vais pas y aller par quatre ch'mins. T'as visiblement un problème avec moi, maintenant j't'écoute !
C’est ce pressentiment que t’as au réveil, t’ouvres à peine les yeux, tu sens que c’est pas ton jour. Quelque part dans tes entrailles ça tente de te faire passer le message. Sors pas. Nan vraiment bouge pas de chez toi, inutile d’aller à la fac ou j’sais pas où, reste à la maison vieux, crois moi, c’est la meilleure chose à faire. Trop tard.
La honte qui brûle son visage, l’embarras, comme des flammes qui effleurent ses joues tout à coup. Awkward. Nan puis surtout que tu vas te faire éventuellement exploser la tronche. Pas que tu le mérites pas, Willo’, mais c’est une possibilité. Alors direct, ça enclenche des mécanismes d’auto-défense. Il garde son calme, déjà, gomme vite la surprise qui avait troublé un court instant l’onde de son visage, pour arborer une expression déjà plus désabusée, alors qu’il dévisage le jeune homme.
- Désolé, ta tête me dit rien.
Ça dure quoi, trois bonnes secondes ? Nan, décidément, il est incapable de soutenir le regard de quelqu’un, alors il détourne le sien, fait passer ça pour un désintéressement flagrant. Et il enclenche le mouvement pour remettre son casque, dans le plus grand des calmes.
- Tu confonds sûrement avec quelqu'un d'autre. C'est super gênant.
S’isoler, vite. Comme quand t’étais gamin dans la cour de récrée. Tu plaques tes mains sur tes oreilles et tu chantonnes. Bla bla bla, j’t’entends pas. Et ça psychote encore, ça se fait des films. C’est pas lui, c’est les autres. C’est pas lui, c’est la faute au type derrière le comptoir chez Mcdo, trop grand, intimidant, qui a des éclairs dans les yeux et qui a quelque chose contre lui, c’est sûr. Et aujourd’hui tout se confirme. Willo’ et ses effets nocebo.
Invité
Sujet: Re: ❝ Disenchanted. — W I L L O Lun 16 Mai - 17:02
Entre quatre yeux, clairement. #Willo #EikoT'en vois de toutes les couleurs. Des vertes et des pas mûres. Mais celui-là c'est bien le pire.
On te le dit souvent, tout du moins on te le laisse sous-entendre que t'es flippant, que t'es un délinquant. T'en a la tronche, t'en a la dégaine probablement et c'est comme ça que les gens te rangent dans une boîte sans y penser. Quoi ? T'as pas le droit d'avoir une coiffure dans le genre, tranquillement ? Tu peux pas te zapper tout en noir si ça te convient ? Faudrait que tu portes des cravates et des chemises toute la journée pour avoir l'air d'un type bien ? Ça te fatigue. Ouais, t'es encore plus blasé que tu peux déjà l'être en temps normal. Toi, t'y peux quoi si t'as les yeux aussi bridés qui te donnent cet aspect énervé en toute circonstances, cette sensation de colère intense ? Ouais franchement, t'y es pour quoi ? Pxtain, les gens sont bien des tarés quand on y pense. Alors ouais Eiko, t'es un délinquant, t'es flippant, t'es un bon à rien qui doit probablement fumer des pétards toute la sainte journée. T'aurais pu être différent, mais finalement à force de te l'entendre dire toute ta vie, tu t'es laissé un peu tenter. Tenté d'être un gros con indifférent, tenté d'être effectivement le genre à fumer n'importe quand, tenté de te faire passer pour un méchant. Finalement, c'est probablement tes faiblesses et l'acharnement des autres qui ont fait de toi ce que t'es aujourd'hui.
C'est triste, mais t'en as plus rien à foutre.
Alors tu fais flipper ton monde, ceux qui sont trop faibles pour l'endurer en étant un poil trop direct parfois. Vaut mieux rentrer dans le tas que tourner autour du pot, non ? T'es un mec pressé de toute façon. Alors t'as pas hésité en remarquant cette tronche que tu côtoies parfois au McDo, cette allure de renfermé et cette sensation d'isolement. C'est forcément ce type-là, obligé. Et comme tu t'en doutais un peu, il essaye vainement de s'échapper. Pathétique. Tu soupirs bruyamment et t'attrape la branche de son casque pour l'empêcher de fuir totalement. Faut pas abuser non plus.
« Ma tête te dis rien ? La bonne blague. T'as peut-être l'espoir que j'oublie la gueule des clients à force d'en voir quinze milles par jours, mais j'te rassure, la tienne j'risque pas de la zapper ! »
Les orbes froides se posent sur lui, analysant son comportement comme souvent pour essayer de comprendre. Ouais, pourquoi il a autant une dent contre toi ? T'sais pas trop. D'ordinaire les gens te jugent ouvertement en se cachant un poil derrière les autres ou bien ils t'ignorent royalement parce que t'es pas fréquentable. Alors pourquoi lui, il t’agresse sans raison ? Ça arrive rarement que les gens viennent te prendre la tête comme ça. Ils sont plus du genre à faire les choses bien pour trouver la merde, la baston, mais lui même pas. Il t'agresse tout en espérant que tu vas probablement pas lui faire manger la table. Alors ouais, tu piges pas et ça t'énerve.
« Je vais pas te rafraîchir la mémoire, j'sais déjà que tu sais. J'ai l'habitude qu'on me prenne la tête, qu'on vienne me faire chxer, mais j'avais encore jamais vu un type agressif qui veut pas qu'on se défoule ensuite ! J'sais pas pourquoi, t'as l'air de me détester, mais j'vais finir par t'en mettre une, alors explique ! »