Caractéristiques de l’appareil : Marque : Dell Latitude D800. Système d’exploitation : Windows XP. Poids : 3,2 kg. Age : 10 ans révolus. Batterie et alimentation : plus aucune autonomie, à remplacer. Particularités diverses : pas de carte réseau sans fils intégrée, recours nécessaire à une clé USB Wi-Fi. Nature du problème : Démarrage anormalement lent, suivi d'un son strident et continu. Lorsque l’écran s’allume enfin, il est démultiplié en quatre, les deux carreaux de droite sont dénués de couleur. Immobilité du curseur, aucune réactivité face aux commandes clavier.
Précis tout en étant concis –bref, pertinent.
Peut-être son père lui-même aurait-il consenti à un bref hochement de tête pour valider ce rapport.
Cassiodore s’efforce de ne pas y penser.
De toute façon, un tel résumé de la situation s’avère dénué du moindre intérêt pratique ; si West Point a laissé à ses appréciations mentales une connotation très militaire, il ne lui a donné aucune des connaissances informatiques suffisantes pour régler le problème de lui-même.
Après une semaine d’essais infructueux, les voisins se sont avérés excédés par les hurlements de son ordinosaure à en venir taper aux cloisons ; avec un discernement incroyable, il a interprété ça comme un signe qu’il était temps de renoncer à son rêve de toute-puissance pour partir chercher de l’aide. Pas auprès de son Etoile, parce qu’il est persuadé que ce gosse n’a pas la carrure pour le tirer d’un mauvais pas, même aussi minime ; il est parti dans la boutique de réparation la plus proche de chez lui, plus simplement.
▬ Hm, hello ?
Le dos légèrement tordu sous le poids que supporte la sacoche de son ordinateur et la démarche hésitante, Cassiodore s’avance un peu ; la pièce est vide –ça doit être un genre d’antichambre.
Un petit tintement marque la fermeture de la porte derrière lui, et il ne sait pas si c’est sa voix ou le carillon mais quelqu’un arrive.
La première chose qu’il remarque, c’est un regard vert et distant, un peu triste peut-être ; quelqu’un de mort récemment ?
Non, probablement pas. C’est toujours la première chose à laquelle on pense, c’est l’explication de la facilité. Il doit être fatigué, pour se laisser attraper par une supposition aussi grossière, songe Cassiodore avec un certain mépris envers lui-même.
Un bref mouvement de tête (il n’est pas là pour ça) et il approche l’homme avec son petit pas sautillant.
▬ Bonjouuuur, je viens vous voir à propos de mon PC.
Sérieusement, on ne s’en serait pas douté.
Il pose l’engin sur le comptoir, avec un bruit sourd proportionnel à son poids conséquent.
▬ J’ai quelques problèmes au démarrage.
Question : où est-il passé, ton magnifique rapport ? Réponse : il a fait place à ton joli sourire.
Invité
Sujet: Re: BLUE SCREEN • Aidan Ven 13 Mai - 20:52
PACE Cassidore
BLUE SCREEN
Le dos vouté face à son ordinateur, les yeux perdus dans le vide, perdus face à la page blanche, face à son propre problème. Syndrome banal, syndrome agaçant. 4:00 a.m sur l’horloge digitale qui trônait sur son bureau. Les sourcils froncés devant l’écran de son ordinateur, une ridule apparaissait entre ses deux arcades, la ridule qui apparaît souvent quand on est en colère ou vexé, ou sans doute l’âge qui commence à pointer le bout de son nez. Aussitôt quelques lettres tapées, elles étaient de suite supprimées. Rien ne lui venait en tête, rien de satisfaisant, Wilson soupirait en se massant les tempes. La fatigue se faisait sentir. Morphée enlaçait doucement le blond qui finissait par se laisser aller à son étreinte, fermant les yeux et laissant son travail peu productif de côté. La tête posée sur ses bras, non loin de son clavier. Il avait cédé. Il dormait à poings fermés, l’air paisible.
Le tintement de la clochette lors de l’ouverture ne le réveillait pas, la voix d’un client le tirait hors de son sommeil. Aidan jetait un rapide coup d’œil à son horloge, il n’avait pas énormément dormi. Bâillement suivit de quelques étirements. Les mains de l’homme se posaient sur son visage, il se sentait engourdi par le manque de sommeil. Il se levait lentement de son siège pour se diriger de l’autre côté pour accueillir son client. Quelques sautillements après un hochement de la part de ce dernier, un bonjour plutôt enjoué. L’informaticien trouvait cela pour le moins rafraîchissant, ça lui changeait des éternels cadres de bureaux aux airs livides, comme si on leur avait retiré toute vie de leur enveloppe corporelle. Un petit sourire maladroit se dessinait sur les lippes du canadien.
- Bonjour.
Il ne rajoutait aucune remarque par rapport à ce qu’avait dit le jeune homme, il ne jugeait pas nécessaire de renchérir. Pendant qu’il sortait son pc, Aidan l’observait silencieusement, un silence presque pesant, toujours son petit sourire maladroit aux lèvres. Le visage de Wilson se décomposait en voyant la machine de guerre se poser sur son bureau dans un bruit sourd qui résonnait dans toute la pièce. Sans voix face au monstre qu’il avait face à lui, il levait les yeux vers le rose d’un air interrogateur, l’air qui voulait dire "C’est un troll, non ?". Non, c’était pourtant bien la réalité, cette vieille carcasse avait visiblement quelques problèmes au lancement. Le canadien s’éclairait la voix avant de prendre la parole.
- Vous pourriez me montrez que je juge ce qu’il serait bon de faire ? Il n’a plus l’air tout jeune.
Autrement dit : Tu l'as depuis combien de temps ton antiquité ? Dirigeant sa main vers sa tempe, il se préparait mentalement à voir comment fonctionnait la bête.
La façon dont se décompose le visage du blond qui lui fait face arrache un petit rire à Cassiodore.
Il toussote un peu lorsqu’il se rend compte que ce n’est probablement pas la meilleure réaction à adopter face à quelqu’un qui a déjà l’impression qu’on se moque de lui.
▬ Ouais, il est moche, hein…
Il ajouterait bien « il ne faut pas juger sur les apparences, il en a sous le capot » mais ce serait mentir. Après tout, il est venu ici parce que cette chose n’arrive même plus à redémarrer correctement, alors il y aurait plus crédible, comme supercherie.
▬ Je crois que je l’ai depuis… hm, une petite dizaine d’année ?
Pas besoin d’ordinateur à l’académie, disait papa Lysander, qu’il se contente de celui dont il bénéficiait au lycée. Ensuite, circonstances exceptionnelles obligent, il a manqué d’argent pour investir dans un nouveau modèle ; il est donc resté coincé avec celui-ci.
Jusqu’ici, il n’en était pas gêné, mais maintenant qu’il se rend compte que le chargeur qu’il a en main est presque aussi gros qu’une radio actuelle, Cassiodore songe qu’il aurait peut-être du.
Il se fige un instant, explore brièvement les lieux du regard avant de revenir sur le blond avec le sourire navré de quelqu’un qui sait qu’il va ajouter quelque chose de déplaisant.
▬ Euh, est-ce qu’il y a une prise quelque part ? L’alimentation est morte, il ne s’allume pas s’il n’est pas branché.
Au fur et à mesure qu’il énumère les caractéristiques de son antiquité, il se demande s’il n’aurait pas été plus judicieux d’acheter carrément une nouvelle machine plutôt que chercher à sauver ce qu’il reste de celle-ci.
Le regard dépité du technicien lui hurle que c’est définitivement le choix qu’il devrait faire. Et c’est pas fini, tu sais.
Cassiodore ne peut même pas se justifier d’une valeur sentimentale, il s’en excuserait presque.
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