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 Emprunt Prolongé [ft. Yoko Kizu]

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MessageSujet: Emprunt Prolongé [ft. Yoko Kizu]   Emprunt Prolongé [ft. Yoko Kizu] EmptyLun 7 Mar - 0:11

ft. Inshi Sôseki

ft. Yoko Kizu

Emprunt prolongé
Je me réveille tard dans l'après midi. Un mal de tête terrible. Dehors des enfants crient. Insupportable. Je ferme la fenêtre. Je m'allume une cigarette en même temps que je démarre le pc.

Devant l'écran sur lequel s'affiche des informations de démarrage je phase. Je suis complètement ailleurs. Tout est lent et étrange, j'ai des sortes de flash psychédéliques inexpliqués. je vois un nuage qui se scinde en deux puis qui se rescindent de nouveau en se dupliquant toujours plus, puis une chouette géante apparaît, elle attrape une libellule en plein vol et la dévore goulument. La vision d'asperges marchant comme les marteaux dans le clip des Pink Floyd de Break Down the Wall me plonge dans une catalepsie encore plus profonde. Maintenant un policier Australien est entrain d'arrêter le soleil, il lui met des menottes en se brûlant mais n'a pas l'air d'y prêter attention, le soleil reste indifférent.

Ma cigarette choit de ma bouche et tombe sur mes cuisses nues. Je pousse un hurlement de douleur si puissant que les enfants de dehors doivent sûrement l'avoir attendu : le murmure lointain de leurs jeux s'est arrêté. La brûlure a au moins le mérite de m'avoir fait sortir de ce trip onirique déconcertant.
Je reprends mes esprits. Je suis seul dans mon appartement excentré, assis devant mon ordinateur qui affiche la page d'accueil. Le fond d'écran présente une loli dans une posture mignonne. Je ne suis pas lolicon, mais je trouve que ça fait joli. Je me dis que cette loli n'a rien à faire là quand même. Je change de fond d'écran pour y mettre un cactus à la place.

Je me tiens au courant des nouveaux cours de ma fac de littérature de Tôkyô dont je suis étudiant à distance. Un cours sur les tanka* avec une compilation de waka** dressée sous l'époque Heian*** m'est arrivé. Je le lis en vitesse sans trop me concentrer dessus. J'ai déjà lu les ouvrages dont ils font mention. J'ai notamment un vieil exemplaire du Kokinshû**** à la maison et qui appartenait à grand mère...
En ouvrant ma boîte mail je m'aperçois qu'un vieux mail datant de la semaine dernière n'avait pas été consulté. C'est un mail de la faculté. Je lis à haute voix et avec attention en plissant les yeux tel un myope : « Devoir à rendre pour la semaine prochaine... aidez vous du livre... aucun retard admis... ».
Je me répète mentalement la phrase « devoir à rendre pour la semaine prochaine » puis je regarde la date du mail puis je me répète la phrase puis de nouveau je regarde la date puis de nouveau je me répète la phrase... de nouveau la date... la phrase... la date...
Je regarde la date d'aujourd'hui.
Moment de silence durant lequel je m'aperçois que le murmure lointain des enfants qui jouent a repris.
Puis je réalise.

Je me lève avec précipitation de ma chaise et cherche avec frénésie l'ouvrage indiqué dans le mail pour le devoir que je dois avoir fait pour... dans deux jours ! Bouddha j'implore ton aide ah !!!
Le livre est introuvable, je ne l'ai pas, je vais devoir sortir, je n'ai pas suffisamment de temps pour le commander. A cette seule pensée je tressaille. Je vais devoir sortir... non... non... non...
Du calme Inshi tu es capable de sortir tu es grand, tu es beau, tu es fort, personne ne te veut du mal, la vie est belle, l'air est respirable. Le vent souffle, mais ne veut pas te briser. Les enfants hurlent mais ne veulent pas exploser tes tympans. Les gens parlent mais ne t'adressent pas des insultes haineuses. La foule marche mais ne cherche pas à t'atteindre pour t'assassiner. Tout va bien se passer allez tu l'as déjà fait. De toute manière tu n'as pas le choix !
Du courage du courage.
Je m'allume une autre cigarette.

Je prends mon casque que je branche à mon mp3, grâce à lui je serai isolé du monde. Je me vêts d'un épais manteau pour avoir une barrière physique avec l'environnement extérieur. Je mets des lunettes de soleil et une casquette pour être invisible et me sentir protégé. Je prends des sous, ma carte d'identité, ma carte d'assurance santé, mon portable, un couteau-suisse, 3 paquets de cigarette, 2 briquets, une besace dans laquelle je mettrai le livre, un plan de la ville (je compte marcher hors de question de prendre les transports en commun), 3 exemplaires de la même clé, puis une petite statuette en bois représentant un loup. J'aime beaucoup les loups et il me procure la sensation d'être en sécurité quand je le regarde ou le touche. Je mets tout ça dans les nombreuses poches de ma parqua, puis après avoir dit au revoir à mon cactus et adressé une courte prière à l'autel de grand mère je sors de l'appartement en refermant à triple tour. Oh putain je suis dehors.

Bon tout s'est bien passé. J'ai tracé très vite en mettant du black métal à fond dans les oreilles histoire de me sentir puissant et invulnérable. Personne n'a essayé de m'approcher à part un chat qui m'a fait sursauter, j'ai alors poussé un cri de fillette. Mais ça va.
J'arrive devant la première librairie que le plan de la ville indique et qui était la plus proche. J'entre sans regarder personne et sans dire un mot. Je me contente de chercher le livre en faisant profil bas, mais je sens néanmoins la pression de la présence des autres autour de moi. Je suffoque. Tout va bien. Je sers les poings et commence à haleter. Le livre n'est pas trouvable. Je respire de plus en plus fort. Mon cœur s'emballe, j'ai l'impression que quelqu'un s'approche de moi. Je ne cherche pas plus, incapable de tenir je m'enfuis en courant hors de la librairie, une fois dehors je continue à courir un peu. Je reprends mon souffle dans une ruelle un peu éloignée où il n'y a aucune trace d'activités et de tumultes.
Quelle oppression d'être ici. Je sais pas si vais être capable de tenir la journée. Je m'allume une cigarette en tenant fort le petit loup en bois dans la main gauche.
Je regarde mon plan. L'autre librairie n'est pas très loin. Si le livre que je recherche n'y est pas je n'aurais plus ensuite qu'à me rendre à la bibliothèque où je pourrais toujours emprunter un livre, mais je préfèrerais avoir le mien.

Je marche précipitamment en rasant les murs. Mon casque auditif balance un morceau de jazz magnifique mais je ne parviens pas à me focaliser dessus. Renforce ta bulle Inshi ne laisse pas ton être se faire envahir par l'extérieur. Je me concentre sur le saxophoniste qui attaque un solo. J'analyse chaque note, chaque son, tout en suivant le chemin du plan.
J'arrive à la deuxième librairie.
Préparation mental à mon entrée.
Quelqu'un arrive par derrière et me dit : « excusez moi. » Maladroitement et nerveusement j'ouvre la porte pour pénétrer dans le petit commerce et fuir cette personne.

Echec, le livre que je cherche n'est toujours pas là. Je commence à suer comme un phoque sous cette parqua. La musique dans le casque est beaucoup trop forte. Mon ventre me sert et mon mal de crâne persiste.
Une vendeuse s'approche de moi avec un air maléfique : « puis je vous aider monsieur ?»
Sur ces mots qui m'apparaissent d'un mépris hypocrite et d'une méchanceté profonde je m'enfuis en courant à vive allure hors de la librairie. Direction la bibliothèque.
Sur tout le trajet ma course ne faiblit pas et j'ai le temps de fumer encore 2 cigarettes.

La bibliothèque. Je suis essoufflé. Je rentre. On m'interpelle pour que j'ôte mon casque. Je panique j'ai peur. Je me cache dans un rayon vide. J'essaye de me concentrer pour reprendre contenance et retrouver le calme. Je sers très fort le petit loup. Je me masse le ventre et les tempes.
Après un moment passé en position fœtal dans un coin, j'arrive à amener les battements de mon cœur à une fréquence normal et mes douleurs deviennent un peu plus supportables. Je peux me mettre à chercher le livre à peu près paisiblement d'autant plus que le silence règne dans l'édifice et il n'y a pas grand monde alors ça peut aller.

Le livre n'est pas trouvable. Je reste pantois devant l'emplacement auquel il devrait normalement se trouver mais il est vide. Un peu de ce vide se transmet à moi et je me sens vide. Un vide immense en moi.

Je dois à tout prix rendre ce devoir dans deux jours et j'ai besoin de ce livre. La prochaine librairie est beaucoup trop loin et je sais que je n'aurais pas la force d'y aller et puis l'ouvrage en question ne s'y trouvera sûrement pas, c'est quelque chose d'assez précis qui ne se vend pas vraiment.  Il m'incombe d'aller demander au bibliothécaire si ils n'ont pas d'autres exemplaires en réserve...
Je prends mon courage à deux mains allez.
Tu peux le faire. Respire doucement. Racle toi la gorge.
J'arrive devant le bureau du bibliothécaire, mes jambes tremblent, mais je parviens à garder un ton de voix assuré pour lui demander le livre. Il me dit qu'ils ne l'ont pas en réserve et que quelqu'un l'a emprunté. Je reste pantois et m'écroule à genoux devant le bureau en parlant tout seul, expliquant à moi même qu'il me faut à tout prix ce livre sinon je risque d'avoir des problèmes avec ma faculté, qu'il est introuvable, qu'il est maudit...
Je crois que le bibliothécaire me prend en pitié. Il me communique l'adresse de la personne qui a emprunté le livre en me conseillant d'aller lui demander gentiment de partager un peu son emprunt. Il m'a souris, d'un sourire qui semblait dire maintenant dégage t'es gênant.

Il va falloir que j'aille voir la personne qui a emprunté le dit livre... Je n'ai pas d'autres choix... Inshi écoute moi tu vas aller voir cette personne d'accord et ça va bien se passer. Il n'y a aucune raison que ça se passe mal n'est ce pas ? Non aucune. Aucune. Aucune... Plus je me répète ces mots moins j'y crois ça a l'effet inverse... alors arrêtons d'y penser ! Rah !
Bon je n'aurais qu'à lui dire : Hey salut ! Excusez moi de vous déranger mais j'ai vraiment besoin de ce livre si vous pouviez me le prêter seulement pour un jour...
Je rigole intérieurement.
Mais non t'en es capable allez !
En plus c'est pas très loin.

Je m'y rends en respirant de plus en plus fort de plus en plus vite avec une boule énorme au ventre. J'ai l'impression que chaque pas représente un effort surhumain de ma part. Mais une musique de films de samouraïs me tient compagnie et me donne du zèle. Allez Inshi tu peux le faire tout va bien se passer ! Oh mais tais toi t'y crois même pas !

En un rien de temps je me retrouve devant l'immeuble où se situe l'appartement. Quelqu'un a laissé ouvert la porte, c'est une famille qui déménage, je saisis l'occasion pour rentrer furtivement sans avoir à sonner et retardant ainsi le contact avec la personne du livre. Je cherche dans le hall d'entrée son nom sur une des boîtes au lettre, puis je finis par trouver : inscrit en lettres d'or Yoko Kizu.
Les déménageurs s'approchent un peu trop dangereusement de moi en portant des objets lourds dans les bras, je prends peur et je monte tel un ahuris les escaliers pour me rendre à l'étage où elle se trouve.

Je suis devant sa porte. Je lis attentivement plusieurs fois de suite le nom Yoko Kizu. Yoko Kizu. Yoko Kizu. Aucune marge d'erreur Inshi c'est bien chez Yoko Kizu la fille du livre. Yoko Kizu...
Il y a une sonnette. Il suffit d'appuyer sur la sonnette. Il suffit de dire : Bonjour, je peux lire le livre que vous avez emprunté s'il vous plaît ?
Il suffit de garder son calme.
Je ne suis absolument pas calme.
En bas un bruit sourd. Je sursaute puis appuie sans réfléchir sur la sonnette. Je prends tellement peur que je ah

Il s'est évanouis en cognant lourdement sa tête contre la porte.

---

*tanka : forme de poème japonais qui se caractérise par un rythme fixe composé de 31 syllabes découpées en formules alternant 5/7/5 et 7/7 syllabes.

**waka : poèmes japonais.

***époque Heian : 794 – 1185.

****Kokinshû : abréviation pour l'ouvrage Kokin Wakashû qui signifie « Recueil de poèmes Japonais anciens et modernes ». Réalisé sous l'impulsion de l'empereur Uda et de son successeur Daigo. Terminé aux alentours de 920. 4 grands poètes : Ki no Tsurayuki, Ki no Tomonori, Ôshikôchi Mitsune et Mibu no Tadamine. Définie les canons de la poésie japonaise jusqu'au XIXème siècle.
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MessageSujet: Re: Emprunt Prolongé [ft. Yoko Kizu]   Emprunt Prolongé [ft. Yoko Kizu] EmptySam 12 Mar - 17:23



Emprunt Prolongé

Kizu Yoko, Sôseki Inshi



Ahw... Alors que je venais de rentrer de la bibliothèque exténuée et encore tremblante à cause de la foule dehors, j'entendis pour ma plus grande surprise et pour la première fois de ma vie la sonnette de mon appartement fonctionner. Rien qu'a l'idée d'avoir quelqu'un qui m'attend derrière ma porte me met mal à l'aise et j'en deviens encore plus tremblante. J'hésita une seconde et entendis un bruit sourd qui venait du couloir de l'immeuble. Intriguée j'ouvris la porte pour voir quelqu'un... Qui été tombée dans les pommes.

"Qu'est ce que.."

Je murmura et ne pus empêcher tout mon corps de trembler face à cet être humain bien qu'il soit inconscient. J'aurais voulu claquer ma porte ou bien le jeter par la fenêter si cela pouvait faire oublier ma peur des gens, cette peur que je ne peux empêcher. Après une minute à le fixer cachée derrière ma porte je me décida de le trainer avec toute ma force dans mon appartement, mon corps ne fit que trembler encore plus fort face à cette décision mais il fallait bien l'aider. Je fini au bout du compte à le trainer sur mon lit non sans mal en pensant que le sol ne devait pas être si confortable que ça. Cet homme était grand, mais à peine plus vieux que moi. Je ne le connaissais pas, ne l'avais jamais vu de ma vie. Ni au lycée, ni nulle part d'autre.

Je soupira et tenta de garder mon calme, pour finir par courrir hors de ma chambre. Je claqua la porte contre mon gré et entendis aucun bruit venant de ma chambre. Je respira aussi mal que je pus. Il y a quelqu'un chez moi. Il y a quelqu'un chez moi. Il y a quelqu'un chez moi. IL Y A QUELQU'UN CHEZ MOI. Je faisais les 100 pas dans mon salon pour trouver une solution et mis une musique calme pour aider. Après réflexion je me décida de lire mon livre mais je ne pus me concentrer. Je regarda l'heure : [19h30]. Cela faisait une heure que cet homme était chez moi. Je décida d'aller voir dans ma chambre comment il allait.

Je soupira avant d'oser toucher la poignée de porte. J'attendis encore quelques secondes pour l'ouvrir. Je ne l'ouvra que de quelques centimètres pour pouvoir y passer mon oeil. Il ne bougea pas et j'entra complètement dans ma chambre. Je m'accroupis devant mon lit pour le regarder.

"Tout va bien, il ne bouge pas et n'est pas conscient. Il ne te veut aucun mal, il était juste mal en point."

Mon esprit, en quête de paix tenta de me rassurer que il pouvait, mais je restais stressée malgré tout. On ne pouvait rien y faire. Je le regarda quelques instants au point de me concentrer sur ses yeux fermer pour en arriver à un constat aberrant. Il dormait. Je me demanda si il ne vaudrait pas mieux de retirer son manteaux, mais essayer était trop dûr pour moi. Il bougea son bras et je courra dans mon salon pour me réfugier loin de cet être humain. Tandis que je me dirigeais dans la cuisine je décida de ne rien me préparer pour ce soir. Le stresse m'avait coupé l'appétit et je me dirigea vers la grande fenêtre de mon salon, pour contempler le paysage paisiblement et fini par m'endormir sur le canapé, recroquevillée sur moi-même.



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MessageSujet: Re: Emprunt Prolongé [ft. Yoko Kizu]   Emprunt Prolongé [ft. Yoko Kizu] EmptyDim 27 Mar - 3:46

ft. Inshi Sôseki

ft. Yoko Kizu

Emprunt prolongé
Dans mes rêves je suis au milieu d'un lac encerclé de montagnes aux cimes enneigées. Je me trouve dans une barque sans rames avec un canard au plumage noir constellé de points roses. Le canard me fixe. Il a l'air particulièrement dubitatif. Ce serait comme si lui même avait rêvé de se trouver sur une barque au milieu des flots d'un lac de montagne et qu'un être humain étrange aux cheveux noir et au teint pâle le fixait d'un air dubitatif. Est ce à dire que c'est moi qui me trouve dans le rêve d'un canard ou l'inverse ? Suis je un homme ? Suis je un canard avec des points roses ? Suis je une barque ou une goutte d'eau ? Est ce le canard qui rêve de moi ou moi qui rêve du canard ou partageons nous le même rêve ? Ou bien est ce que cette barque est une métaphore d'un désir refoulé sur des flots limpides symbole de mon innocence ?
Finalement, rien ne se produit et mon rêve s’essouffle de lui même. A force d'attendre que quelque chose se passe il ne se passe rien et je m'ennuie. Alors je ne rêve plus et je me réveille sans avoir de réponses à mes questions. Probablement que le canard noir aux points roses doit également s'être réveillé. Il doit être déçu lui aussi.

Mais où je suis ? Manifestement dans un lit, cependant pas le même que d'habitude. Et puis d'abord ici ce n'est pas ma chambre. Ce n'est même pas mon appartement... Hm...
Moment de réflexion.
Je me souviens, je cherchais un livre pour le devoir... LE DEVOIR !!! A rendre pour aujourd'hui dernier délai 18 heures !
Je me précipite avant de paniquer complètement : il serait bon de savoir où je suis avant de faire quoi que ce soit pour le devoir... oh diantre ! C'est vrai j'étais venu chercher le livre chez quelqu'un que je ne connais même pas et là ce doit être son habitat...
Réalisant que je suis en territoire inconnu et donc foncièrement hostile je me crispe et regarde anxieusement tout autour de moi. Dans la chambre il n'y a qu'un fin filet de lumière filtrant au travers de rideaux tendus qui parvient à éclaircir un peu la pénombre ambiante. C'est très bien rangé, pas un brin de poussières, mais peu d'objets, rien à voir avec mon capharnaüm. Aucun repère, aucune prise, rien auquel se raccrocher pour me rassurer. Non je suis seul, définitivement seul dans un appartement modèle et austère qui m'effraie. Je suis convaincu que si je me mettais à hurler, nul ne m'entendrait. Personne ne vous entend crier dans ce genre d'endroit où le temps lui même semble s'être enfuis.

Je me retrouve tout engourdis à force de rester inerte à ne pas savoir comment agir. En face de moi se trouve une porte. Une porte muette qui m'oppresse. Elle paraît décisive, mais je ne sais pas encore en quoi. Elle semble vouloir me parler pour me dire : si tu oses m'ouvrir tu atteindras un monde si effroyable, si terriblement horrible, si cauchemardesque, si affreusement glaçant de terreur monstrueuse que tu ne peux même pas concevoir et ce monde t'engloutira à jamais, tu te feras dévorer et aspirer et régurgiter puis avaler et déféquer et assaisonner puis enfin on t'arrachera une à une les vertèbres et on t'étalera au quatre coin du monde, tu serviras pour les cours d'anatomie en Australie, au Danemark, au Chili et en Corée du Nord. Puis je pense à la présence lourde derrière moi de cette chambre que je ne connais pas, cependant elle est toujours plus rassurante que ce qui se cache derrière cette porte.
Finalement, alors que le suspens est à son comble et que des gouttes zigzaguent sur mon front, un réveil hurle dans mon dos et me fait sursauter au point que je pousse un cri muet de suffocation. Je me cogne à tout ce à quoi il est possible de se cogner puis excédé par ce réveil tonitruant que je ne parviens pas à atteindre j'ouvre la porte sans réfléchir et déboule dans un salon où je trébuche en me prenant les pieds dans un tapis et j’atterris en plein dans un canapé qui on dirait, se tenait exactement là où il faut pour prévenir ce genre de chute. Mais la texture du canapé n'est pas habituelle, de plus il a poussé un petit cri et je peux voir des yeux, une bouche, un nez et même des cheveux. Je n'ai pas seulement atterris sur un canapé, j'ai atterris sur quelqu'un.

Je crois que j'ai vraiment du mal à assimiler l'information et je reste un bon moment à essayer de comprendre qu'est ce que je regarde exactement et sur quoi je suis. Une chevelure éclatante de blancheur, des yeux dorés comme deux soleils pris dans un filet à papillon, une fine cicatrice zébrant un œil (celui de droite) comme la trace d'une griffe de hiboux, un collier qui étincelle sur un cou de nacre. Oui pas de doute, je suis tombé sur une humaine. Je m'éloigne doucement d'elle sans mouvement brusques et avec un visage parfaitement neutre. J'ai une impression bizarre, comme si je me trouvais encore face au canard noir aux points roses, mais là le canard est encore plus déstabilisant. L'aspect onirique et irréelle de la situation me décontenance totalement et je babille quelques mots sans aucun sens que moi même je ne comprends pas. Je me gratte la tête en la regardant. Je m'excuse en faisant une courbette, puis retourne m'enfermer dans la chambre où le réveil sonne toujours. Je l'éteins, je réfléchis. Je retourne dans le salon.
Normalement il faudrait dire quelque chose je suppose, ou bien je peux partir, ou bien je ne fais rien. Il faut que je lui demande le livre aussi. Mais il me faut des explications sur le pourquoi du comment du fait que j'ai dormi ici. Tout ça s'embrouille dans un gloubiboulga incompréhensible et la seule chose qui sort de mes lèvres sur un ton monocorde à la limite d'une voix robotique est :

« Vous avez l'air un peu perdu »

Peut-être n'était ce pas ce qu'il y avait de plus judicieux à dire, mais en attendant c'est tout ce que j'ai pu lancer comme bribes de civilités.
Je me gratte la tête et mets les mains dans les poches de mon manteau pour vérifier que chaque objet est à sa place. Tout est en ordre. J'ai mon couteau suisse sous la main et je le sers très fort dans ma poigne. La fille ne semble pas agressive mais sait on jamais...
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MessageSujet: Re: Emprunt Prolongé [ft. Yoko Kizu]   Emprunt Prolongé [ft. Yoko Kizu] EmptyVen 8 Avr - 19:00



Emprunt Prolongé

Kizu Yoko, Sôseki Inshi


Aaah. Aaah. Aaah. Son réveil est brutal, à celui la. Je le savais, je n'aurais jamais du le ramasser devant ma porte. Et mon corps savait très bien me faire punir cet acte. Je tremblais plus que jamais, chaque parti de mon corps me faisait horriblement mal. La torture psychologique était la aussi, un marteau-piqueur dans la tête, un cœur déchiré dans la poitrine. Mon ego aimait bien me titiller à son tour, me hurlant intérieurement de ne plus jamais ouvrir à quelqu'un et qu'a la limite, je ferai mieux de sauter d'un toit, me défiant de toucher une étoile avant de tomber sous le coup de la gravité. Je mis rapidement mes pensées sous silence. Il est totalement hors de question de craquer sous un inconnu. Seul mon lit a recueillit mes pleures jusqu’à aujourd'hui. D'ailleurs, il s'y trouve en ce moment même. Après être littéralement tombé sur moi au passage. Remarque, je suis tellement douée que tout se passerait exactement pareil si les rôles étaient inversés.

Je soufflais un bon coup pour me rassurer, bon cet homme n'est pas très doué, mais tu ne l'es pas non plus pas vrai ? Il s'est juste réveillé de manière un peu brusque et en ouvrant la porte a trébuché. Il n'y a rien de mal, rien du tout... Rien du tout... Le bruit du réveil s'arrêtait, tandis qu'il ressorti encore une fois de ma chambre, de manière plus douce cette fois. Je sentais son regard sur moi, je voyais qu'il était désolé, c'est bien la première fois qu'un humain me regarde aussi gentiment. Mais cela ne change rien au fait que c'est un homme qui après être tombé dans les pommes devant ma porte a dormit dans mon lit et s'est étalé sur moi au réveil. Il me sorti avec un ton un peu spécial que j'avais l'air un peu perdu, j'avais envie de lui hurler dessus que c'était normal, mais je ne suis pas capable de le faire et puis ce serait méchant.

"-Je... Je ne vous ai jamais vu, vous étiez juste devant ma porte... Évanoui... Alors.. Je..euh.."

Je me taisais le plus rapidement possible, c'est déja assez l'enfer et le bazar dans ma tête comme ça. Je ferme les yeux et baisse la tête pour finalement finir affalée sur mon canapé comme si ma conscience tenait sur un fil d'1mm. C'était faux, le fil était en réalité encore plus fin. J'entendis l'homme bouger mais je ne le voyais pas, mon visage enfoncé dans le canapé, je sentais que mes bras et mes jambes allaient la ou ils avaient de la place, je n'avais même plus la force de me recroqueviller. Ahah, le pauvre, face à moi je me demande quelle expression il pourrait faire. Je l'imagine très bien me regarder avec un air surpris, ce disant intérieurement que je suis faible, bizarre, et avec des cheveux blancs. Malgré le fait que je ne voyais rien je fermais les yeux. C'était toujours plus facile pour imaginer. Je nous voyais, moi et lui, face à face. Le monde autour de nous était plat et noir, mais je distinguais quand même mon ombre. Je voyais au niveau de ma tête un visage, avec un sourire sadique, je savais très bien qui c'était. Mon égo. Je rouvris les yeux, dans ma détresse un cris étouffé sortait de ma bouche. Je relevais brusquement ma tête, mon corps suivait le mouvement. Je le vis toujours face à moi.

"-Ah... Je m'appelle Yo..
-On s'en fiche de qui tu es."


Encore une fois, je me fais couper par mon propre égo. Je l'entendais bien rire à l'intérieur de ma tête, sadique comme il est. Reprends toi Yoko ! T'as un mec devant toi qui ne comprend rien à ta situation, c'est pas le moment de rester affalée sur le canapé ! Je me levais rapidement et me dirigeais vers la cuisine, le regard de ce monsieur me suivait, et je cachais toute ma douleur derrière un sourire. Je leva une poelle qui me paraissait étrangement lourde, haha, pitoyable. Je cachais comme je le pouvais mon stresse et ma peur, arborant un sourire timide.

"-Vous.. Voulez quelque chose à manger ?"



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MessageSujet: Re: Emprunt Prolongé [ft. Yoko Kizu]   Emprunt Prolongé [ft. Yoko Kizu] EmptyDim 10 Avr - 3:51

ft. Inshi Sôseki

ft. Yoko Kizu

Emprunt prolongé
Qu'est ce que je fous ici, qu'est ce que je fous ici ? C'est une question récurrente qui chevauche mon esprit à toute vitesse pour aller s'écraser contre la falaise de mon incompréhension. J'essaye de rester calme et prends une apparence stoïque. La mâchoire serrée et le poing durement refermé sur mon couteau suisse, je l'écoute attentivement en la regardant fixement dans une expression d'incrédulité totale.
Je me serais donc évanouis devant sa porte... Cette explication hasardeuse semble résoudre une part des mystères qui égrainent mes nerfs à vif. Sa petite voix est douce et tremblotante, elle a l'air tout aussi apeuré que moi. Sans m'en rendre tout de suite compte, je me mets à éprouver un mélange de compassion et de sympathie à son égard. Peut-être nous ressemblons nous ?

Elle s'affale sur le canapé tout en fermant les yeux. Son petit corps s'étend et se contracte comme les pétales d'une fleur prises dans le gel. Elle ferme les yeux. Les miens la scrutent. Rien ne se passe. Un silence se déploie dans la pièce et je suis bien incapable de le rompre autrement que par les battements de mon cœur qui retentissent autant qu'une fanfare dans un ascenseur. J'aurais bien envie de faire quelque chose, mais je ne fais qu'assister impuissant au spectacle de sa pétrification et de la mienne. Ma langue râpeuse dans ma bouche sèche voudrait bien se délier pour répandre un flot continue de mots en tout genre qui pourraient exprimer la confusion qui me prend et les demandes que j'aurais à lui faire tel que : où se trouve ce god damn livre ?
Bref, mon esprit n'avance pas et je me répète. La situation est bloquée.

Puis, une infime vibration sonore provenant des cordes vocales de mon hôte se dilue dans le salon. Elle s'appelle Yo ? Yo quoi ? Pourquoi elle ne dit pas son nom en entier ? J'espérais de sa part une quelconque parole libératrice, quelque chose qui place les bases d'une mutuelle confiance et compréhension mais elle ne fait qu'enfoncer le clou dans les tourments de ma perception. De plus, elle a l'air d'avoir souffert le martyr rien que pour ce maigre résultat. J'en suis presque déçu. Je m'attendais à plus trépidant, mais en même temps si elle avait dit d'avantage je me serais probablement effondré.
Actuellement, j'ai plus l'impression d'être une menace pour elle plus qu'elle ne l'est pour moi... Je suis comme un intrus chez elle ! L'évidence vient cogner contre mes tympans. C'est normal qu'elle soit un peu effrayée... mince... je fais vraiment n'importe quoi. Devrais-je donc la rassurer ? Et moi alors ? Qui va me rassurer ?
Avant que je ne puisse dire ou faire quoi que ce soit, elle se lève précipitamment sans me regarder pour se diriger vers la cuisine.

Depuis ce que je considère comme un château fort entre elle et moi, mais qui est en réalité une simple cuisine, elle me demande si je veux manger quelque chose. Question incongrue, dans une situation incongrue, entre deux personnes complètement incongrues l'un pour l'autre. Ça en devient presque cruel de sa part.
Elle camoufle son malaise aussi efficacement que moi. Elle est là, la poêle à la main, comme si il n'y avait rien d'autres à faire que de se griller des œufs au plat en attendant qu'un souffleur caché quelque part dans la scène vienne nous dicter les indications de jeu et le dialogue qu'on aurait à se dire. J'ai beau tendre l'oreille dans l'expactative d'un conseil bien venu, mais rien ne se passe. Rien ne se produit. Rien ne vient soulager mes méninges et mon esprit se perd dans la contemplation des doigts fin de Yo qui tient maladroitement la poêle.

Une mouche se pose sur mon nez. Je louche quelques instants puis je secoue la tête. De là où se tient Yo elle n'a pas du voir l'insecte et doit se demander ce qui m'arrive. Qu'importe. Ce mouvement brusque a le même effet qu'un détonateur et je reprends un peu le contrôle.
Tout en restant à ma place, je lui adresse un large sourire gêné les yeux plissés et je me gratte le ventre.

« Oui c'est vrai que j'ai faim ! »

Puis je m'arrête net comme si la terre tout d'un coup s'était figé dans sa rotation. Une grande peur me submerge et je reste sur place telle une statue souriante.
Finalement, à la manière d'une vidéo qui aurait un peu de mal à se lancer et qui nous délivre son message par petites notes successives, je lui dis :

« Mais ne t'embête donc pas ! »

Je m'arrête net à nouveau, cette fois-ci à peine moins longtemps.

« Je ne voudrais surtout pas déranger ! »

Arrêt sur image. Expression de gêne absolue et balbutiement sans autres sens que celui d'exprimer ma mal aisance.

« Euh... »

C'est là tout ce que j'ai pu produire de concret. Je m'arrête de sourire et me courbe devant elle, non pas par marque de respect, même si ça risque d'être interprété ainsi, mais pour dissimuler ma tête déconfite.

Après avoir pris une grande inspiration pour obtenir la paix dans mon esprit, je me relève et lance d'un ton conciliant et sans ponctuations :

« Je m'appelle Inshi Sôseki j'ai 19 ans je suis étudiant j'aime les cactus et les livres et vous vous vous appelez comment et puis je suis pas un danger pour vous et puis d'ailleurs j'ai un peu peur aussi mais non c'est pas vrai j'ai pas peur mais enfin faut pas avoir peur enfin voilà pardon d'avoir parlé je voilà »

La tirade la plus ridicule de mon entière existence. Je courbe de nouveau la tête. Je suis rouge de honte et de malaise.
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