Quand on passe dire bonjour et pouf, une étoile ! | Archi ♥

Quand on passe dire bonjour et pouf, une étoile !

« Ce sont les étoiles, les étoiles tout là-haut qui gouvernent notre existence. »
Archibald & Sunny
Le plus intéressant, à l'école, c'est les profs. Du moins, c'est ce que Sunny pense. Ben ouais, les cours, c'est intéressant aussi, mais ce n'est pas ça le plus important. Parce que quand un prof t'aime bien, tu peux être sûr qu'il pense à toi pour des recommandations dans des entreprises qui ont des partenariats avec l'école et qui recherchent des gens sortant fraîchement du milieu scolaire. Surtout quand on est un des meilleurs élèves en langue dans la classe et qu'on a obtenu son diplôme haut la main. Et ça fait jamais de mal de prendre des nouvelles de ses profs favoris en allant directement à l'académie. Après tout, quand on a du temps à perdre, autant le rentabiliser. Surtout que c'est plutôt rare, du temps libre, pour Sunny, mais genre, vraiment, rien à faire en rentrant, pas de traduction de documents, pas de proposition de travail reçue pour faire interprète de guide touristique (ses favorites, elle adore se balader dans les rues alors qu'il caille à mort, lel. Au moins on lui demande pas pourquoi elle porte un bonnet avec des oreilles de lapin, vu qu'il fait froid.) PARCE QUE OUI, LES BONNETS A OREILLES DE LAPIN CEY LA VIE.

Bref. En gros, c'était le moment idéal pour faire une visite surprise dans la salle des professeurs. Bon, après, il faudrait qu'elle tombe sur la pause déjeuner, ou carrément à la fin des cours, histoire de voir les profs, car bien sur, ils travaillent tous entre-temps. Alala, la dure de vie de professeur. Heureusement qu'elle ne faisait que des remplacements dans quelques rares occasions, quand un prof de langue est malade et qu'il ne faut pas prendre du retard sur le programme de l'année et que les élèves continuent leur apprentissage en continu. Le système d’étude japonais n'arrêtera jamais de la décontenancer. Ça lui avait fait drôle de passer des cours cool en Allemagne où on peut sortir sa nourriture en plein cours, ça passe crème, alors qu'au Japon... Même pas le droit à un goûter le matin. Elle trouvait toujours ça aussi nul. Puis aussi peu de temps pour manger le midi, c'est inhumain. Heureusement que cette académie avait des horaires flexibles, vu le nombre important d'élèves étrangers. Son estomac n'aurait pas supporté un tel traitement. Et puis la bouffe, c'est sacré, OK ? On la déguste, uesh.

Elle passa donc une partie de la journée à jouer à la console sur un jeu sorti depuis un moment, mais toujours énorme niveau gameplay. Puis elle passa un appel skype à son frère pour discuter avec lui sur ses études et comment il s'en sortait. En vrai, avec le décalage horaire, c'était loin d'être pratique de s'appeler de cette façon. C'était plus rapide de s'envoyer des SMS, mais c'était un coup à payer tellement cher son forfait que voilà. Skype c'est le bien. Entre-temps, elle donna à manger à Moustache, le chat au gros bid, roux et blanc, qui joue au chien de garde avec ses figurines. Bon, en vrai, il ne joue pas, il garde vraiment les figurines. D'ailleurs, celle qu'elle avait achetée lors de la convention du week-end d'avant trônait fièrement sur son étagère. Un beau Deadpool. Puis elle regarda l'heure.

— (DE) HOLY FUCK, SI J'PARTS PAS MAINTENANT JE VAIS TOUS LES LOUPER ! ARGH !

Ben oui, forcément, à glandouiller comme ça, on finit par ne plus voir le temps passer. Elle passa son manteau au-dessus de son sweat à capuche (toujours avec des oreilles de lapin. TOUJOURS.) est sorti en courant de son appartement, risquant de piétiner son pauvre chat au passage. En même temps, il n'avait qu'à pas rester dans ses pattes. Tant pis pour lui. Elle se dépêcha d'aller à l'arrêt de bus le plus proche pour aller à l'académie le plus rapidement possible. Bon, ça allait, elle était finalement à l'heure. Fiou, c'était moins une. Elle continua donc son chemin en marchant, mais pas trop doucement, et passa par le secrétariat, où elle déclina son identité, car on sait jamais, puis se dirigea vers la salle des profs. Elle y allait rarement quand elle remplaçait quelqu'un ici, mais elle venait toujours au moins dire bonjours à ceux qui y étaient présents. Elle ne frappa pas à la porte, car oui, elle était presque une prof à part entière, et tous les profs qu'elle avait eu la connaissaient. Après, restait à savoir si certain d'autres filières la connaissaient, ça ce n'était pas sur. Mais sait-on jamais.

— (JP) Hellow everybody ! Alors, comment vont mes profs favoris ? J'espère vous avoir manqué depuis la dernière fois !

Oui, c'était comme ça qu'elle disait bonjour aux profs qu'elle connaissait. Ils avaient l'habitude, maintenant, donc ils ne relevaient plus le manque de professionnalisme. Et puis faut dire qu'un peu de bonne humeur, ça ne leur fera pas de mal en fin de cours. Elle salua d'une poignée de main ceux qu'elle connaissait et faisait des signes de la main pour ceux qu'elle ne connaissait pas vraiment. Puis elle discuta avec ses anciens profs de tout et de rien. Pas mal d'elle, vu qu'elle était un cas intéressant, avec ses différents boulots en tous genres, mais sinon, elle leur demandait comment se portent les élèves de certaines classes avec qui elle avait eu l'occasion de faire cours en remplaçant des collègues. Elle avait des préférés dans certaines classes, car ils ne ressemblaient pas mal à son petit frère ou à des amis de l'étranger avec qui elle gardait contact.

Le temps passait assez rapidement, et il devait ne rester que le prof de langue et elle dans la salle des profs. Il annonça qu'il devait partir et qu'il était déjà en retard pour prendre son bus. C'est vrai qu'il donnait des cours particuliers à la fin des cours, pour des élèves ayant des difficultés. Elle le regarda partir. Seule dans la salle. Hum, du moins, elle croyait. Elle en profita donc pour aller au casier qui lui était attribué quand elle remplaçait un prof et regarda s'il y avait quelque chose dedans en chantonnant un air joyeux. Non. Bon, tant mieux. Certains profs avaient tendance à mettre des papiers inutiles dans son casier quand elle n'était pas là. Ce n'est pourtant pas compliqué de mettre ça à la poubelle, naméo.

Ça lui rappelait une histoire intéressante au sujet d'un prof. Elle ne se souvenait plus exactement de son nom, mais il paraissait qu'il recevait souvent des lettres d'amour anonymes de la part des lycéennes. Comment c'était déjà ? M... Fa... Falwes... M. Fawkes ! Voilà, M. Fawkes, un prof de sciences. Elle fit le tour des casiers et repéra celui de ce professeur. Elle se demandait comment elles faisaient pour s'y prendre, sachant qu'une enveloppe, ça soulève quand même pas mal de question. À moins que ce soit courant, en science, de rendre ses devoirs dans une enveloppe. D'ailleurs, maintenant qu'elle y pensait... Elle n'avait jamais eu l'occasion de le voir, ce prof. À quoi pouvait-il bien ressembler, pour être convoité par des lycéennes d'au moins 20 ans plus jeunes que lui. On lui avait raconté qu'il était anglais, mais après... Entre ce qui est dit et la vérité, il n'y a qu'un pas. D'ailleurs, ça serait tellement comique qu'en ce moment même, il y ai une enveloppe pour lui dans son casier. Mais jamais elle se risquerait à le vérifier. La curiosité est un très vilain défaut, lui disait son père, alors qu'il faisait exactement le contraire de ce qu'il était en train de lui dire, à l'époque. Puis de toute manière, ce n'était pas ses affaires...

CODE LANGAGE SUNNY:

CODAGE PAR MADOUCE SUR EPICODE

Les notes Uptown funk s'échappaient du poste de radio, et une voix non numérique se plaça au dessus du chanteur original. Archibald, encore en t-shirt caleçon, son pyjama préféré, répétait sa chorégraphie improvisé tout en mangeant des tartines de nutella. Faisant un moonwalk parfaitement en rythme, il balança le couteau recouvert de pâte dans l'évier ou trônait déjà fièrement sa vaisselle depuis le début de la semaine. La musique s'éteignit finalement, mais une autre, inconnu aux oreilles du professeur, vint prendre sa place.

Dansant toujours, il entreprit de prendre sa douche –non sans en foutre partout-, puis s'occupa de se sécher, de s'admirer dans le miroir en exagérant volontairement ses poses, de se coiffer, puis enfin de s'habiller. Son costume brun à fine rayure beige lui allait à merveille, et un long manteau beige accompagné d'une paire de converse assortit vint rajouter son côté excentrique. Un coup d'œil rapide à sa montre – à gousset- lui rappela qu'il devait se dépêcher.

Et ce fut, sautillant toujours de joie et chantonnant qu'il arriva à l'école, prêt à faire cours.

Première heure. Les élèves étaient habitués à l'extravagance de Fawkes, si bien que quand ce dernier grimpa sur son bureau pour illustrer ses propos, personne ne fut réellement étonné. Mais ça continuait d'amuser tout le monde. Surtout que Archie restait un excellent prof, doué pour expliquer et donner des moyens mnémotechniques plus absurdes les uns que les autres, comme Me Voici, Tonton Marcel, Je Suis Un Nageur Professionnel rien que pour se souvenir de l'ordre des planètes.

La journée s'achevait peu à peu, et les élèves désertèrent les cours de Fawkes. Avant de rentrer chez lui, il fit néanmoins un détour par la salle des professeurs. Après tout, il n'était jamais à l'abri d'une lettre importante de la direction, ou un papier à remplir.

Ouvrant la porte dans un grand fracas, il sautillait comme un gosse sous cocaïne. Il pensait être seul, mais le visage d'une jeune blonde. De taille moyenne, elle semblait avoir la vingtaine. Ses oreilles de lapin arrachèrent un sourire au professeur qui la prit tout de suite en sympathie. Selon ses souvenirs, il devait s'agir d'une remplaçante, car il n'a jamais dû la voir auparavant. D'un geste de la main, il la salua et lui lança:

-Bonjour mademoiselle! Si vous êtes ici, c'est que vous devez être professeur. Mais ne vous ayant jamais vu dans le coin, j'en déduis –dieu que je suis intelligent- que vous êtes remplaçante, je me trompe?

Il lui tendit la main et lui fit un salut militaire.

-Archibald Fawkes, professeur de science! Passez-moi les politesses habituelles et appelé moi Archie, ce sera bien mieux ainsi.

De deux pas, il se rendit à son casier et en sortit une lettre… Rose. Il l'ouvrit, et la lu. Rien que pour lui. Une étudiante de dernière année avait couché sur papier qu'elle le trouvait attirant. Rien de sérieux évidemment, mais Archie savait qu'il était beau, et cela l'amusait de plaire à des filles de 20 ans plus jeune que lui. Murmurant à lui-même dans un rire exagéré, il lança.

-Héhé… Toutes folles de moi!

Une pirouette le replaça devant la jeune blonde.

-Faites attention, ce sera peut-être… Que dis-je! Sûrement votre cas!

Et comme à son habitude, il ria d'une voix claire et enfantine, voire insouciante. Rire qui s'éteignit peu à peu quand le professeur ressentit quelque chose de bien étrange au fond de lui. Il posa son regard foncé sur la jeune fille, troublé. Elle lui plaisait. Pas dans le sens qu'il la désirait non-catholiquement parlant. Mais… Qu'il avait envie de rester avec elle. Sans savoir pourquoi.