(Terminé) Est-ce que tout cela est bien réel ? || pv Daisuke

Cette fois, pas de carnet, pas de crayon à papier ni de mine graphite. Kumiko se sent comme nue à sortir sans son matériel de dessin dans son sac bandoulière. Elle songe à rentrer chez elle pour les récupérer mais elle ne le fait pas. La japonaise va là où ses jambes la mènent et non là où sa tête veut la mener. Elle ère, redécouvrant certains endroits d’un regard nouveau, un peu comme un enfant qui découvre la beauté des choses. Les rayons du soleil filtrent entre les branches d’arbres dénudées, chatouillant la rétine de la brune. Elle cligne des yeux plusieurs fois de suite le temps que sa pupille s’adapte à la luminosité ambiante. Son regard furète un peu partout, comme si elle cherchait quelqu’un ou quelque chose. Mais non. Une drôle de sensation parcourt son corps, elle n’avait pas envie de dessiner pour une fois, juste observer.

Piquée de curiosité, elle se faufile dans certains recoins qu’elle n’a jamais vus. Les arbres fleurissent à vue d’œil à cause du temps qui se réchauffe un peu trop vite. Ses pas la forcent à aller plus loin. De ses yeux émerveillés, elle découvre les lieux. Une silhouette au loin happe son attention. Une silhouette aux vêtements pour le moins traditionnels cachée sous une ombrelle. L’étudiante se rapproche doucement de cette personne qui semble si près et si loin à la fois. Ce qui surprend la demoiselle, c’est la longue chevelure blonde platine, presque blanche. Ce n’était pas un rêve, pourtant cette personne qui avait attiré son attention quelques secondes plus tôt ne semblait pas réelle, un peu comme les personnages qu’elle invente de toute pièce quand elle dessine. L’ambiance du parc et la lumière du soleil donnaient un côté surréel à ce qui se passait sous les yeux de la jeune femme. La japonaise reste sur place à observer de loin l’inconnu ou l’inconnue, qui sait ? Elle n’ouvrait pas la bouche, que pourrait-elle dire de toute manière ? Elle restait juste bien ancrée sur place, ni trop près ni trop loin. La silhouette en question l’intriguait. Et si elle rêvait ? Et si elle se surprenait à imaginer ses créations se mouvoir comme des personnes normales ? Kumiko entrouvre les lèvres pour tenter d’appeler cette personne par le nom qu’elle a donné à sa création mais rien ne sort, elle reste muette. Comme si la surprise lui avait retiré toute parole.

HRP:

L'inconnu se retourne légèrement vers la brunette, faisant claquer ses guetas sur les pavés du parc. Même les talons de l’étudiante n’étaient pas aussi bruyants. Cette scène était presque irréelle. La façon dont était vêtue la personne face à elle lui fit penser à ses livres d'histoires. Un kimono semblant dater, le tissus délicat a des couleurs toujours éclatantes, les motifs sont passés de mode pourtant ils restent beaux. La silhouette se retourne de façon à être face à Kumiko. Subjuguée par la délicatesse, la finesse des traits de l’homme se tenant en face d’elle. Ce qui lui parait le plus fou sur l’individu reste ses oreilles. Deux petites extrémités velues faisant la continuité de sa chevelure couleur neige. Des oreilles canines qui à première vue, ont l’air d’une extrême douceur. Difficile de ne pas être interloqué face à tant de mystère que suscite cet étranger. La japonaise reste presque bouche bée devant son interlocuteur. Aucun son ne sort d’entre ses lèvres pour le moment, elle reste interdite quelques secondes, le temps de réaliser que cet homme n’était pas un fétichiste ou un cosplayeur.

- Bon… Jour. Euh, à vrai dire… Je me suis laissée airer pour prendre l’air et me changer un peu les idées et je suis arrivée ici. J’avais la tête un peu ailleurs, je ne sais pas si j’arriverais à retourner sur mes pas. Pour le moment je profite surtout de la beauté des lieux.

La brune marque une courte pause pour tâter son sac comme pour vérifier si elle avait bien pris son carnet à croquis, malheureusement non. Elle regrette de ne pas l’avoir emporté avec elle avant de sortir, l’envie de reproduire le visage de cet homme, de redessiner la délicatesse et la finesse de ses traits.

- Je suis juste un peu déçue de ne pas avoir mon carnet à croquis et mon aquarelle, j’aurais tellement voulu reproduire le parc. Il est magnifique. Je ne le connaissais pas avant d’arriver ici il y a quelques minutes.

Son regard bleuté se pose sur les oreilles de l’inconnu. Obnubilée par la présence de ces oreilles animales. Que pouvaient-elles bien faire ici ? Pourquoi donc avait-il des oreilles canines sur le crâne ? Les grandes questions qui trottent dans la tête de Kumiko. Comme l’envie d’y toucher, elles ont l’air tellement douce, pense la demoiselle – pire qu’une grande enfant, il faut toucher tout ce qui a l’air doux. Son regard un peu trop insistant sur les oreilles de l’homme peut s’en doute le mettre mal à l’aise, elle détourne le regard. Peut-être ne valait-il mieux pas demander tout de suite ce qui en était de ses oreilles, pourtant cette question lui brûle les lèvres. L’envie est forte mais elle se retient pour au final ouvrir sa bouche pour poser une autre question.

- Je trouve que votre kimono est superbe. De quand date-t-il ? Il a l’air assez ancien si je ne me trompe pas.

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Un petit sourire se dessine à la commissure de ses lèvres, comme pour acquiescer à la réflexion de l’homme. Il n’y a pas un chat dans le parc, seulement deux âmes qui se sont rencontrés par hasard. Le hasard fait parfois bien les choses se dit la brune. Ce n’est pas désagréable de voir une personne qui sort de l’ordinaire. L’inconnu lu soumet l’idée de la raccompagner si jamais elle n’arrive pas à retourner sur ses pas. Une proposition bien aimable de la part du blandinet.

- Merci, c’est aimable de votre part.

Alors que ce dernier s’incline légèrement, Kumiko lui fait signe que ce n’était pas nécessaire de s’incliner face à elle. Ce n’est pas la personne la plus méritante, elle en est consciente. Peut-être n’a-t-il pas vu son geste lorsqu’il a détourné le regard. Le regard de l’étudiante détaille l’homme quelques instants avant qu’il ne repose son regard sur Kumiko, semblant intéressé par le côté artistique de la demoiselle. Tout de suite, il débite sur le sujet. La jeune femme écarquille les yeux, impressionnée de voir qu’une personne joue du shamisen, elle qui pensait que c’était un instrument qui se perdait.

- Je n’ai jamais appris à faire de la calligraphie, pourtant c’est un art comme un autre qui demande énormément d’entraînement et de patience. Par contre le shamisen, je suis étonnée. C’est un instrument que je pensais presque mort, rares sont les personnes qui en jouent encore, je pense que vous pouvez être fier d’en jouer.

L’inconnu remue ses orillons de renard, tout en faisant risette à la jeune femme. Il avait l’air heureux de trouver une personne partageant l’art comme centre d’intérêt. Ses réactions arrachent un petit rire à la japonaise. Ça le rend presque adorable pense l’étudiante. Presque aussitôt, il reprend son sérieux. Le rire de l’homme chatouille l’oreille de Kumiko, comme un son mélodieux. Certes, le parc n’aura pas d’ailes qui pousseront du jour au lendemain et qui lui feront prendre son envol tel les oiseaux au début de l’automne. Les dents blanches de la petite Saitô apparaissent derrière son grand sourire.

- Oui, je pourrais toujours revenir sous peu. Peut-être aurais-je l’honneur de vous revoir si je reviens.

L’idée de recroiser cet individu ne déplait pas à Kumiko, elle aurait envie de lui montrer l’aquarelle, ce qu’elle dessine. Dont ses personnages qui sortent tout droit du fin fond de son imagination. Ces personnes qu’elle croque à la volée, ces personnes pressées qui ne prennent pas le temps de profiter de ce qui se passe autour d’eux, qui ont leurs regards rivés sur leurs montres ou leurs dossiers. Optimiste à l’idée de partager des choses en commun avec quelqu’un, de peut-être pouvoir lui apprendre des choses ou qu’il lui en apprenne la rend tout sourire. Avide de savoir, sa nature curieuse et touche à tout faisait surface lorsqu’on parlait d’art dont elle n’avait jamais touché.

Un léger voile de tristesse passe sur le visage du blandinet, dessinant un léger sourire triste sur son visage. L’incompréhension saisit la japonaise à un moment. Que voulait-il dire par «  un peu comme moi à bien y penser » ? La jeune femme hausse un sourcil pour montrer son incompréhension. Cependant il revient rapidement au sujet en estimant un âge au kimono. L’intérêt de la demoiselle était toujours piqué par sa phrase qui laissait planer tant de mystère. Elle a beau le regarder, Kumiko n’a pas l’impression de se retrouver face à un homme bien plus âgé qu’elle. La question restera en suspens dans sa tête, elle préfère reprendre le fil de la conversation pour ne pas déranger l’inconnu avec des choses qui ne la regarde pas.

- Ça ne s’achète plus autant qu’avant malheureusement, l'occident l'a emporté sur nos traditions. Je ne connais pas d’endroit où vous pourriez en chiner un. Celui que j’utilise pour les festivités vient de ma grand-mère. Il a beaucoup de valeur sentimentale à mes yeux et pour rien au monde je ne le troquerais contre un kimono flambant neuf.

Ce kimono, elle y tient comme à la prunelle de ses yeux. Pour la valeur sentimentale de l’habit comme pour la beauté des motifs et tissus. C’était un genre de kimono que l’on ne retrouvait pas vraiment lors des festivités, le genre un peu « vintage », un peu imposant par sa beauté. Un bijou extrêmement bien conservé qui n’a pas subi les outrages du temps si ce n’est que le motif soit presque introuvable désormais. D’une main experte, la japonaise touche l’une des manches du kimono de l’inconnu.

- Il est superbe, pourquoi en changer ?

Ses traits se tirent pour former un arc de cercle sur ses lèvres. Un sourire franc, sincère.

- J’ai une pensée qui me trotte en tête depuis tout à l’heure mais il faut que je mette ça au clair. Désolée si ça peut paraître indiscret mais… Vos oreilles canines, sont-elles vraies ? Je veux dire elles semblent tellement réelles mais irréelles à la fois. En fait… J’ai l’impression qu’un des personnages que j’ai pour habitude de dessiner est sorti du papier et a pris vie pour finalement se retrouver face à moi. C’est un peu étrange comme façon de penser, je sais.


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Manifestement, l’idée de le revoir ne lui déplait pas. Un sourire se dessine à la commissure de ses lèvres. Peut-être que l’idée de partager de arts inconnus lui plait, peut-être est-il content de voir de nouvelles têtes.

- Il en a sûrement quelque part dans les vieux quartiers, je ne m’y suis jamais aventurée. Peut-être que vous trouverez votre bonheur, un kimono bien plus beau que celui-ci. Qui sait ? Si vous voulez je pourrais chercher avec vous.

Ses lèvres forment un arc de cercle à la fin de sa phrase. L’inconnu ne devait pas baisser les bras pour chercher un kimono qui remplacerait celui qu’il porte en ce moment même. Un kimono datant du début du siècle dernier, ça doit peut-être encore se trouver. Selon la japonaise, les plus beaux vêtements traditionnels restent ceux qui datent, qui ont une histoire derrière eux, qui ne sortent pas tout juste d’un atelier depuis quelques jours. Kumiko a une fascination presque morbide – selon ses ainés - pour tout ce qui date du siècle dernier.

L’expression de son interlocuteur change une fois qu’elle avait posé sa question. Un sourire presque malicieux se fiche sur son visage. Gracieusement, il replie son ombrelle et s’approche doucement de l’étudiante, faisant claquer ses guetas. Ce dernier se baisse légèrement de façon d’être à la même taille que la brunette. Le regard bleuté de la jeune femme se plante dans les yeux couleur rubis de l’homme. Elle ne détourne pas le regard, ne cligne pas des yeux. Retenant presque son souffle, l’espace d’un instant, Kumiko avait l’impression que le temps s’était arrêté autour d’eux, comme si les lieux étaient empreints de magie. La japonaise écoute attentivement les paroles de l’inconnu, suspendue à ses lèvres, elle ne perd pas une miette de ce qu’il dit, buvant ses paroles. Ses paupières se ferment sur un court laps de temps, imaginant toutes les façons dont il aurait pu être surnommé. Elle rouvre les yeux, un léger sourire se formant sur ses lèvres, son regard restait profondément ancré dans celui de l’ex Kami.

- Kami… Je trouve que ça vous vas très bien. Cela me rappelle les renards qui prennent n’importe quelle forme à leur guise.

La mélancolie saisit l’homme, la demoiselle le voyait sur son visage qui changeait légèrement d’émotion. Un peu triste pour lui, elle allait lui mettre une main sur l’épaule en guise de compassion – ignorant trop de chose, elle ne peut utiliser les mots – mais le Kami lui attrape délicatement la main pour la porter à ses orillons canins. La sensation d’arrêt dans le temps reprend, Kumiko a la sensation que plus rien existe autour, que même les oiseaux s’étaient arrêtés de chanter pour retenir leur souffle en attendant une action de sa part. Un étrange sentiment l’envahit, mélangé à de l’excitation et de la curiosité. Son regard bleuté se repose sur le visage de la dite étoile.

- Je suis enchantée de vous avoir rencontré Daisuke.

Un court instant, aucun son ne sorti de ses lèvres, comme si elle cherchait ses mots. Que pouvait-elle dire de mieux pour se présenter ?

- Je suis Kumiko, une humaine lambda qui se fond dans la masse.

Un sourire franc se fiche sur son visage. La main toujours en suspens près de l’oreille de l’étoile, la japonaise la toucha timidement. Son expression change, elle avait l’expression d’un enfant découvrant quelque chose d’exceptionnel. Un petit rire sorti de sa bouche.

- Wow, c’est aussi doux que ça en a l’air !



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