Bite Marks of Yesterday ft. Daisuke [terminé]

C’était un beau début d’après-midi, encore un peu frais mais avec un beau soleil qui transperçait les bancs de nuages grisâtres qui continuaient leur migration dans les cieux. Je venais de terminer mon service - les rares jours où je ne faisais qu’une demi-journée - et j’étais passer chercher un bento tout fait dans un supermarché et j’étais venu le déguster sur un banc, dans le parc. Je sais, ça fait cliché, ça fait vieux papy nostalgique, pédophile ou encore un peu autiste. Mais les collègues avec qui j’avais l’habitude de partager ma pause n’étaient pas en service aujourd’hui. Et j’avais besoin d’un peu de silence, de quiétude, loin du brouhaha du commissariat. L’air frais et la nature...cela avait quelque chose d’apaisant. Dépourvu d’artifices, authentiques.

Comme il faisait beau, le parc était assez fréquenté. Un couple de collégien qui devaient faire l’école buissonnière pour aller se bécoter derrière un arbre, un groupe de jeunes adultes qui discutaient en marchant, quelques personnes faisaient leur jogging ou promenaient leur chien. Malheureusement pas de beaux gros chien, juste des petits chihuahua ou teckels, bref des petits chiens moches, des petits chiens qui ressemblaient à des saucisses qui couraient sur leurs petites pattes.

Je venais de terminer mon bento, et je songeais vaguement à ce que j’allais faire, peut-être aller me faire un cinéma ou faire un tour dans une librairie. Mais alors, descendant les marches qui menaient au temple, j’aperçu une silhouette familière.

De longue mèches ivoire qui dansaient dans le vent, tout comme les pans de son kimono et les plis élégants de son hakama. Il descendait les marches avec une grâce, pas la grâce artificielle des femmes ou des danseurs, une grâce naturelle et authentique, celle des feuilles qui dansent avec le vent dans le soleil. Je connaissais cet homme, une brève étreinte nous avais unis et je savais ce qui se cachait sous ce mystérieux hakama. Et il était… vraiment différent de ce que j’avais pu connaître avant. Il était dans son monde - spécial et mystérieux. Il était parti sans une note, sans un numéro - juste un nom -  et voilà que je le recroisais. Je ne pouvais pas l’ignorer.
Je me suis levé, me sentant soudainement ordinaire dans mon costume gris foncé, chemise blanche et pull vert sapin. Mais mon charme avait déjà réussi à fonctionner une fois.

Hey, Daisuke c’est ça ? Tu te souviens de moi ?

Question rhétorique, évidemment qu’il se souvenait de moi, j’étais inoubliable ~ Et puis les cheveux verts, ça aide.

Moi, je me souviens de toi. J’ai dû porter une écharpe pendant une semaine pour masquer les morsures…

Mes lèvres esquissèrent un sourire coquin. Il savait très bien de quoi je voulais parler. Il pouvait être drôlement passionné le bougre.

Comment vas- tu ? Tu reviens du temple ? Waw, t’as du courage. Je suis sûr que si je mettais les pieds dedans je serai foudroyé sur place.

J’éclatais d’un léger rire. Disons simplement que les gens comme moi sont rarement bienvenus dans les temples. Pas par les divinités, mais plutôt par les humains qui les entretiennent. Ca me surprenait donc de voir Daisuke en sortir.

Cela devait faire deux jours tout au plus que Daisuke avait quitté le temple afin de venir vivre avec Kiku. Le brun dès leur première rencontre, le lui avait proposé et ce après qu'il est eut vent de sa situation concernant l'impossibilité de demeurer au temple auprès des derniers moines. L'étoile avait été d'abord surpris, mais son choix se fit bien vite, il le rejoignit sans chercher plus loin. Pourtant, à bien y réfléchir à présent, l'ex kami en venait à se demander si celui-ci ne l'avais pas invité par pitié...

Un soupire lui échappe alors qu'il descendait d'un pas calme les marches en pierres, ses guetas résonnant en douceur contre celle-ci. Il ne demeurait peut être plus en ses lieux, mais s'y rendait tout de même régulièrement, c'était en quelque sorte sont point d'accroche avec le passé. Prit quelque peut dans ses pensées, il ne vit nullement la silhouette s'approcher de lui, ne réagissant alors qu'au dernier instant, à sa voix. Ses yeux rubis finirent par se poser sur son visage, alors qu'un sourire vient à se glisser sur ses lèvres.


Il fût quelque peut amusé, le regardant en souriant alors qu'il joignait ses mains devant lui. Quel étrange coïncidence que de le croiser ici, lui, l'homme avec qui il avait partagé la couche d'un soir. Penchant légèrement la tête, son sourire se mue en rire suite à ses mots ; cela dura peu de temps, le renard arborant un sourire taquin en coin de lèvre.


Son sourire s'agrandit, dévoilant légèrement la naissance de ses canines. L'étoile pouvait être passionnée mais peut être un peu trop brusque également, il faut dire que rester enfermer pendant des siècles, creusait l'appétit et ce à tout les niveaux – Retrouvant un tantinet de sérieux, ses oreilles de canidé se redressèrent sur son crâne, écoutant les questions d'usages.


Il sourit un bref instant, l'un de ses sourcils se soulevant ensuite ; la phrase de son interlocuteur n'ayant pas été comprise apparemment.


Daisuke semblait ne pas comprendre mais passa, reprenant tranquillement sur un autre sujet.

Comme je le disais : je suis inoubliable. Et puis Daisuke ne m’avait pas frappé comme quelqu’un de déraisonnable dans ses excès. J’avais l’impression qu’il prenait volontiers ce qui se présentait devant lui, sans en désirer davantage. J’imaginais donc qu’il ne sortait pas tous les soirs à la recherche de nouvelles conquêtes - plutôt un séducteur occasionnel. Il me parlait avec la même voix posée et douce que cette nuit là, le même sourire à la fois calme et malicieux. Ce que je cherchais à faire passer, lui, il y parvenait sans le moindre effort semblait-il. La confiance en soi, la légèreté, le calme avec une pointe de malice. J’en serais jaloux, si je n’étais pas trop occupé à l’apprécier à sa juste valeur.

Je n’en attendais pas moins de toi.

Son sourire s’élargit alors que je mentionnais les morsures. Pas de rancoeur, juste de l’amusement, des bons souvenirs. Ses lèvres se retroussèrent et dévoilèrent ces petites canines qui avaient marqué ma peau, mon cou, mes cuisses. Mais bref, mon but n’était pas forcément de le traîner jusque chez moi - même si à vrai dire, je ne refuserais probablement pas s’il me le proposait. Mais nous étions dans le parc par un bel après-midi et non pas dans un bar au beau milieu de la nuit. Le contexte était différent.

Apparemment, même s’il ne vivait plus au temple, il continuait à s’y rendre. C’était tout à son honneur et en effet, malgré ses libertinages, on aurait pu dire que Daisuke Hishitora avait sa place dans un temple, dans un lieu sacré et spirituel qui ne semblait pas affecté par le temps qui s’écoulait. Comme Daisuke. Il avait l’air emprisonné dans un temps passé. Et pourtant que je lui parlais d’être foudroyé sur place, il ne semblait pas comprendre, il parlait comme s’il connaissait les esprits. C’était mignon. Peut-être fallait-il être aussi un peu fou pour posséder une telle grâce et une telle élégance.

Voyons...tu me connais. Je suis davantage un pécheur qu’un saint. Et si les esprits n’ont que faire d’avec qui je partage mon lit, je doute que ce soit le cas des gens qui s’occupent du temple. Ce sont eux qui me foudroieraient...avec leur regards.

En effet, si les esprits et dieux shintoïstes étaient cléments envers les gens comme moi, ce n’était pas le cas des prêtres. Auparavant, les japonais étaient encore tolérants. On pouvait encore coucher avec quelqu’un de son sexe tant que c’était occasionnel, et qu’on accomplissait son devoir de japonais : avoir une famille, produire des enfants, honorer sa femme et sa famille. Mais les occidentaux étaient arrivés et tout avait changé, c’était mal, c’était quelque chose d’honteux dont on ne pouvait pas parler. Je n’ai peut-être pas perdu le peu de foi que j’avais, mais ma confiance dans les prêtres et autres responsables religieux… c’était autre chose. Je pourrais mentir, mais je n’en avais pas la moindre envie.

Je ne me laissais pas démonter par ces pensées amères et c’est un sourire radieux que j’adressais à mon interlocuteur en lui répondant :

Oh je vais bien, merci. J’ai fini ma journée et j’ai décidé de profiter du beau temps pour déjeuner dans le parc.

Je me retournais un instant pour profiter du paysage avant de me retourner vers Daisuke.

Et puis je t’ai vu descendre les escaliers avec to élégance naturelle et je n’ai pu résister à l’envie de venir te parler. Mais…nous ne sommes pas obligés de rester planter là. Marchons un peu !

Et comme je le suggérais avec enthousiasme, j’emboîtais calmement le pas, les mains dans les poches.

... Alors...est-ce que tu as trouvé quelque chose à faire de ton temps libre ? A part t’occuper du temple.

Les explications de Tadashi avaient suffit à faire sourire le kitsune qui avait enfin compris la référence des foudroiements. Le sens de l'humour de son interlocuteur était particulier en soit, un peu différent de ce qu'il avait connu par le passé, mais cela était loin d'être désagréable. Un simple hochement de tête se fit avant qu'il ne reporte son attention sur le paysage qui les entourait. L'ambiance y était si douce, calme. Apaisante serai le mot juste. La voix de son interlocuteur le ramena à lui et il pencha vaguement la tête sur le côté, esquissant par la suite un sourire en guise de réponse. La suite de mot le fit sourire d'avantage et même rire légèrement. Daisuke avait remarqué que celui-ci était un charmeur et beau parleur, ce qui l'avait amusé dès leurs première rencontre et qui l'amusait encore maintenant, une bonne chose en soit puisqu'il lui portait de l'intérêt.

Calmement l'ex kami lui emboîta le pas, le calme vaguement rompu par le son de ses guetas contre le sol et les mots qu'ils continuèrent de s'échanger tout en marchant.


L'étoile semblait en effet contrarié à cette idée. Rester à l'appartement d'accord, aller au temple afin d'aider en guise de remerciement pour les prêtres d'accord, et ensuite ? Rien, l'étoile n'avait pas de travail et vivait quelque peut aux crochets de Kiku. Certes, il lui arrivait de cuisiner ou d'aller faire les courses, le ménage, mais une fois de plus aux frais de l'infirmier.. Ce flot de pensées eut pour effet d’effacer son sourire au profit d'un minois neutre quoique contrarié, ses appendices canins restant plaqués sur son crâne.


Marquant un bref temps d'arrêt, le kistune se força à sourire et se après avoir chasser les pensées néfastes d'un revers de main. Il eut un petit rire gêné vers son interlocuteur, retrouvant son naturel tout comme un sourire plus posé.


Il reprit la marche, les mains jointes sur son kimono alors que le tissu flottait doucement au fil de ses pas ; l'ex kami reprit tranquillement la conversation.

Ma plaisanterie lui arracha un sourire, sans plus. Pas de commentaire, ni de réflexion. Son regard se déplaça de moi vers le semblant  de nature qui nous entourait. Un regarde calme, presque rêveur. Il était discret et poli comme ça. Je le soupçonnais presque de sourire pour me faire plaisir. Il accepta ma proposition de marcher un peu en silence, me suivant avec ces guetas. Chapeau, moi je n’ai jamais pu les supporter. Et alors que nous marchions simplement sur le chemin artificiel fait pour nous, il me partagea certains de ses sentiments. Notamment celui de se sentir inutile et désoeuvré. Mais la fin de sa phrase me fit presque sourire, je l’interrompais immédiatement :

Cette époque ?

De quoi parlait-il ?Je savais qu’il avait l’air de sortir tout droit du japon médiéval, mais il ne croyait tout de même pas qu’ils en venait ? Il ne manquerait plus que ça, qu’il soit un peu fou. Ou bien un peu instable mentalement. Remarque, ça pourrait expliquer pourquoi je le trouvais à mon goût. Toujours avec cette politesse, il s’excusa de s’être plaint. Tellement japonais, tellement traditionnel. Mon père l’adorerait si seulement il n’était pas un homme. Je le rassurais rapidement

Mais non, je pourrais t’écouter te plaindre toute la journée avec ta jolie voix ~ .

Flatteur, n’est-ce pas ? Je sais. Je suis bon. Même si Daisuke ne me paraît pas être quelqu’un de très sensible à la flatterie. Il s’intéressa alors à moi. Je feignais l’innocence :

Oh, je ne te l’ai pas dit lors de notre première rencontre ? Je suis détective pour la police.

Lors de mon temps libre, j’avoue que j’évitais de fournir cette information. En général, il y avait deux réactions à cette nouvelle, soit la personne se raidissait automatiquement, mal à l’aise, soit ma profession suscitait une sorte d’intérêt ou de fascination. Une arme à double tranchant dans le domaine de la séduction. Mais assez de moi, je cherchais à remonter le moral de mon interlocuteur :

Essaie de penser à ça d’une autre façon. Qu’est-ce que tu peux faire ? Quels sont tes atouts ? Si je devais t’attribuer un métier là comme ça… je te verrais bien travailler dans un musée, ou même comme guide touristique. Dans le pire des cas, tu peux toujours essayer de travailler dans un bar...

Oui, je le voyais bien mener les touristes dans son kimono, tellement typique, tellement exotique pour eux, et raconter des anecdotes. Ca lui irait comme un gant.

Marchant d'un pas calme, le kitsune n'avait point ignoré la question de son vis à vis, bien au contraire. Tout en avançant et après avoir pris soin d'écouter le restant de ses paroles, le kitsune vient à joindre ses mains sur son kimono. Peut être allait il passer pour un fou, peut être que son interlocuteur n'allait pas le croire, mais il n'avait rien à caché, ou du moins cela n'avait plus vraiment d'importance. Le faciès neutre quoique peut être sérieux pour le coup, un vague regard se fait sur les alentours avant qu'il ne daigne prendre la parole, afin de répondre à la question qui était restée en suspend.


L'étoile se tût, tournant vaguement la tête vers son interlocuteur afin de lui adresser un sourire, amusé suite à ce qu'il avait dit plus tôt. Malgré cette note de légèreté, Daisuke n'en avait aucunement perdu son sérieux ; sa vague explication ayant été tout aussi sérieuse aussi bien dans sa manière de parlé que le ton employé. Néanmoins, il ne reprend pas de suite sur se sujet, laissant à Tadashi le temps d'assimiler l’information, de le croire ou non. Le kitsune rebondit alors sur ce qu'il avait entendu un peu plus tôt, concernant l’emploie de son vis à vis et ce bien qu'il ignorait de quoi il pouvait s'agir en réalité.


Il sourit à nouveau et ce avant de finalement croiser les bras, portant une main à son menton d'un air pensif ; les mots de Tadashi lui revenant à l'esprit quand à des propositions d'emplois.


Il se racla la gorge, cessant enfin de marcher pour venir prendre place sur un banc de pierre, faisant place à son interlocuteur ; alors qu'il l'attendait dans un sourire, amusé et taquin. Ses oreilles de canidés dressés sur son crâne tandis qu'il croisait en douceur les jambes.

C’était vrai que Daisuke semblait sortir tout droit d’une autre époque. Cela ne se limitait pas à son apparence, mais également à certains aspects de sa façon d’être de son langage, en bref,quelque chose ne collait pas. Alors quand il prétendait sortir d’une autre époque je n’avais pas envie de rire. Oui peut-être qu’il s’était cogné la tête quand il était petit et qu’il était devenu, c’était une des possibilités. Mais l’autre option émergea bien vite dans mon esprit :  peut-être que Daisuke était une étoile, peut-être qu’il était immortel ou bien qu’il avait le pouvoir de voyager dans le temps et qu’il était coincé ici.C’était un peu bizarre mais bien de repoussant. Que mon partenaire ait été une étoile, ait eu son 200 ème anniversaire ou wait une queue  ou encore des écailles, cela m’était égal. Mais cela ne voulait pas dire que cela ne me rendait pas curieux.

Quoiiiiii ? Mais…comment..., comment tu as atterri ici ?

Alors il rebondit sur mon emploi. On pouvait dire que Daisuke savait comment tenir une conversation car je doutais sincèrement qu’il se pose vraiment des questions sur mon emploi. Peut-être qu’il réciproquait simplement par politesse, quoi qu’il en soit je répondais à sa question  :

Pas vraiment dans le sens “traquer”. J’enquête. Sur des crimes, des cambriolages, tout ce qui laisse des traces et j’essaie de les résoudre, de retrouver les coupables. Après c’est le travail des policiers et des inspecteurs, d’arrêter les criminels.

Par contre, il me semblait que mes élucubrations aléatoires suscitaient sa réflexion. Sa place dans un musée. Peut-être, mais sa façon de le dire, c’était un ticket direct pour depression-land, et ce n’était pas ce que je souhaitais provoquer. Lui donner l’impression s’être une statue, ou un de ces trucs empaillés que l’on voit au musée - non ce n’était pas mon objectif. Il finit par s’asseoir un banc, je lui suivais, m’asseyant juste à côté de lui. Les jambes croisées et un bras posé le long du dossier du banc. J’étais détendu et j’observais d’un oeil attentif ce qui se passait dans le parc. Alors il me posa une question et je me tournais momentanément vers lui avant de reporter mon attention sur les arbres et les gens.

C’est mon travail. Observer, analyser, gérer, interpréter des informations

Je prenais une inspiration profonde, les sourcils froncés soudainement en profonde réflexion. Je me redresse un peu, décroise les jambes et enlève ce bras du dossier du banc. Mais c’est un sourire confiant que j’adresse à Daisuke, en le cherchant du regard :

Okay. Alors j’imagine que ce n’est pas mes affaires, mais...voici un conseil : tu viens du passé, d’accord ? C’est une grande partie de toi, je comprends. Mais..c’est le passé. Lâche prise. Vis dans le présent. Adapte-toi. Je sais que ça doit être...épuisant et difficile à comprendre. Mais une chose à la fois.

Je tentais un geste réconfortant, une main sur l’épaule qui descend un peu sur le haut de son dos et s’attarde avant de venir joindre l’autre derrière ma tête dans une position détendue.

Tu as ta place ici. Tout peut avoir l’air différent;.. mais c’est toujours ta maison. Ton expérience n’est pas sans valeur. Je ne sais pas…. Deviens prof d’histoire ? Je ne sais pas...mais tu trouveras.

Son petit manège avait quelque peut fonctionné et cela le fit sourire. Semer le trouble, remplir de questions l'esprit de ses interlocuteurs était une chose qui au file du temps avait finit par l'amuser. Pourtant, malgré l'amusement du moment, le kistune avait écouter les moindres paroles de Tadashi et ce avec attention. Hochant par moment la tête ou lui adressant des sourires en guise de réponse, il mettait les informations clés dans un coin de son esprit et ce afin de revenir dessus par la suite.

Il attendit avec politesse que les mots de réconforts passe tout comme l'accolade. L'ex kami, dont l'attention était à présent porté sur son vis à vis, prit la parole. Le ton toujours aussi calme et doux.

- Pour répondre à t'as question, j'ai toujours été ici à vrai dire... Mon pouvoir m'a plongé dans un sommeil profond, qui j'ai bien cru serai éternel. Je suis passé inaperçus durant toutes ses années de pars mon apparence, celle d'un katana. J'ai finis par me réveiller pour voir que les choses ont énormément changés alors que je suis resté le même, je doute être un jour pleinement intégré à cette nouvelle vie, mais je vais faire des efforts.

L'étoile se tut un instant comme pour laisser son interlocuteur comprendre, interpréter et analyser ce qu'il venait de dire. Tout deux ce connaissaient peu, c'était un fait et pourtant, même s'il aurai s'agit là d'un crépusculaire, qu'aurait il pu y faire ? Il risquait gros à se dévoiler ainsi, mais ne devait il pas justement s'ouvrir aux autres et nouer de nouveau liens ? Les mots de Tadashi lui reviennent à l'esprit alors que son faciès reflétait sa réflexion en cet instant. Le passé est immuable, l'avenir est incertain. C'était ainsi et cela ne changerai point.

Sortant de sa torpeur, Daisuke vient à lui adresser un sourire, son attention se portant par la suite sur le parc qui se dressait devant eux et autour d'eux.

- J'y ai ma place, oui. Et auquel cas, je me la ferai...

Un petit rire lui échappe et il semble recouvrer une certaine joie pour le coup. Parler de la sorte lui avait fait un bien fou, ce n'était pas spécialement son genre que de ce plaindre de sa situation ou ne serai ce s’apitoyer sur son sort, mais il en avait eut besoin cette fois-ci. C'est un regard reconnaissant qu'il posait à présent sur son interlocuteur, plus aucune contrariétés ne se reflétaient sur son visage.

- Merci d'avoir prit le temps de m'écouter Tadashi, je n'avais pas discuter de la sorte depuis des lustres. Quand à ce que je sais faire.. Peut-être que mes connaissances en art pourraient me permettre de rejoindre un théâtre.

Cela n'était pas une mauvaise idée en soit. Ayant grandit auprès d'un empereur, il connaissait l'art de la danse, du shamisen, de la discussion...S'il avait été une femme, on aurait très bien pu le comparer à une Geisha. L'ex kami garda cette idée dans un coin de son esprit, il y avait de quoi faire dessus. Les oreilles de canidés dressés sur son crâne, il finit par se lever en douceur, chassant du plat de la main les plis qui parcouraient par endroit son kimono et ce avant de réajuster sa longue chevelure immaculée.

- Ne va pas te mettre en retard Tadashi.

Il lui adressa un sourire à mi chemin entre de la taquinerie et de l'amusement. Le kitsune avait toute la journée devant lui, mais en était il de même pour son compagnon qui travaillait ?

Les informations commençaient à couler, lentement hors de lui. Qui il était, comment il en était arrivé là. J’imagine que ça doit être un peu ma faute, il est vrai que j’aurai dû comment dire… me montrer un peu plus curieux avec mes conquêtes avant de les inviter sous mes draps mais soit. Pas que je regrette, ou que je ne l’aurais pas fait en connaissance de cause mais…Je ne sais pas. Quelque part, j’aurai bien aimé le savoir. En tout cas, tout avait bien plus de sens maintenant. Je pouvais donc écarter l’hypothèse de la folie. Daisuke était ce qu’on appelle une étoile, une personne venue du ciel et donc dotée de pouvoirs surnaturels. J’étais un peu surpris mais bon, je peux rester ouvert d’esprit. Mais ce qu’il avouait me donner des frissons. Daisuke ? Une arme ? Lui ? Si doux, si passionné, si calme ? C’était difficile à croire et pourtant…il ne mentait pas. Ou du moins il ne semblait pas mentir… Je baissais les yeux un instant et j’exprimais mes inquiétudes :

Une arme, donc ? Tu as du voir des choses horribles...

Immobile, un outil dans la main d’un autre, soumis à ses actions. Cela me semblait être le plus horrible des destins. Transpercer, couper les chairs, le sang, innocents ou coupable sans le moindre libre-arbitre.Je  pouvais juste espérer qu’il n’était conscient lors de ces massacres. Au mieux il aurait pu être simplement exposé quelque part.

Mais au moins mes paroles semblaient l’avoir apaisé . Il n’était pas nécessaire d’errer comme un fantôme lorsqu’on était encore vivant. Ce monde devait lui sembler étranger, mais il ne demandait qu’à être conquis, compris, embrassé. Le passé devait rester derrière et nous devions profiter du présent.  Je lui adressais un large sourire :

Pas de souci. Tu vois ? Tu commences déjà à voir les choses sous un autre jour. C’est bien.

Mon interlocuteur se leva gracieusement, chassant les plis de son kimono avec une coquetterie naturelle. J’appréciais le voir faire ces petits gestes, discrets et coquets, toujours plein de grâce. Daisuke était le genre de personne qu’on aimait regarder, donc une carrière dans les arts du spectacle vivant, pourquoi pas ? Mais ses paroles me pincèrent un peu le coeur. “Ne va pas te mettre en retard”. J’avais le temps. Mais ce que Daisuke disait réellement c’est qu’il souhaitait que cette conversation se termine. Il aurait pu dire “j’espère que je ne te mets pas en retard”, ou encore me demander si j’avais encore du temps. Mais non, c’était une petite injonction, un peu taquine, une façon de me demander gentiment de lui laisser de la place. Evidemment, il fallait parler japonais pour le comprendre, mais pas uniquement la langue, comprendre les sous-entendus indirects.

Je poussais un léger soupir en me relevant.

J’imagine que tu as beaucoup de choses à digérer et beaucoup de réflexion à faire aussi. Je vais me mettre en route.

Je lui adressais un faible sourire :

A la prochaine alors !