Un coup d’œil au réveil, il est déjà 3h30 du matin, une nuit bien remplie dormant plus qu'à l'accoutumé. Je me redresse dans mon lit afin de m'étirer le dos alors qu'un grognement s'échappe de mes lèvres. Aujourd'hui les rendez-vous ne commencent qu'à 9 heures, ce qui me laisse le temps de bien occuper ma mâtinée. Je baille doucement tout en repoussant les draps pour sortir du lit. Traînant des pieds et manquant de tomber à cause d'une petite pile de t-shirts posés à terre, je m'avance jusqu'à la cuisine. Pas inspiré pour deux sous je regarde la contenu de mon frigo. On ne peut pas dire que ça donne faim. Un vieux bout de fromage à côté d'un reste de pâte de la veille. Il en fallait plus pour m'ouvrir l’appétit malheureusement. Grommelant, je repars dans le salon en allumant la lumière cette fois-ci. Tout en me déshabillant, je balaye la pièce du regard, essayant de retrouver mon t-shirt ainsi que mon short. Je finis par en voir un derrière un oreiller du canapé, alors que l'autre était sous le lit. Comment diable avait-il glissé jusque là ?
Une fois ma tenue de sport enfilée, mon cache œil, mon brassard pour tenir mon téléphone et mes écouteurs dans les oreilles, je quitte l'appartement. Un bon petit footing s'imposait pour éviter que je ne sois trop vite en forme. J'avais toujours été trop actif, et depuis maintenant quelques années, je commençais chaque matinée en courant jusqu'à n'en plus pouvoir. Débutant avec une petite foulée, la playlist se lance, les première notes de la musique des
Steel Panther se firent entendre. Un rythme parfait pour bien démarrer son footing. A cette heure-ci les rues étaient évidemment peu remplies, mais je prends tout de même la direction d'un endroit plus calme en allant traîner vers la forêt. Y allant chaque matin, mais aussi les jours où je me transforme en loup, c'est un terrain assez connu pour moi.
Après trois bonnes heures de footing, je me décide à rentrer chez moi. Le soleil a fini par se lever alors que la vie reprend dans la ville. En me dirigeant vers mon appartement j'en profite pour m'arrêter à la boulangerie et m'acheter un petit déjeuner copieux. Une fois chez moi, je pose mon sac plastique pleins de viennoiseries et je file rapidement sous la douche. Ressortant après quelques minutes, un nuage de fumée me suivant de près, je noue une serviette à ma taille et retourne à la cuisine prendre ce qu'il me faut. Avec mon sac, et une tasse de thé, je m'installe sur le canapé posant le tout sur la table basse un peu encombrée. Tout en checkant mes rendez-vous du jour, griffonnant des petits dessins sur un cahier, je prends mon copieux petit déjeuner.
Depuis un an, le salon tournait à plein régime. L'agenda était souvent bouclé pour les 3 mois à venir, mais il arrivait aussi que certains se désistent. Avec tout ce monde, j'avais même du recruter un autre tatoueur pour que je puisse suivre la cadence. Mais bon, je ne vais pas non plus me plaindre d'avoir du travail. J'engloutis rapidement le dernier bout de brioche, je termine mon thé puis je file dans la chambre tout en perdant la serviette derrière moi. Nu comme un ver, j'attrape un boxer propre, un jean noir légèrement troué et un t-shirt blanc.
Toujours pleins d’énergie, et sûrement pas aidé par le thé, je sors de chez moi pour me rendre à pied au salon. Un sac bandoulière contre moi, celui-ci remplit de crayons divers et variés ainsi que d'un carnet de croquis A4, je marche tranquillement dans la rue. J'enfile mes écouteurs histoire de rythmer ma marche. Accélérant de manière significative, je remarque que des gens me regardent légèrement de travers. Je continue, choisissant de les ignorer. J'avais plutôt l'habitude, le cache œil avait toujours ce petit effet, et puis un bras entièrement tatoué ça ne passait pas non plus inaperçu.
Après une vingtaine de minutes, j'arrive enfin au salon. Comme il est encore tôt, j'ai du temps devant moi. La devanture étant remplie de fenêtre, je choisis de laisser les rideaux fermés pour plus de tranquillité et file m’asseoir sur ma table à dessin qui sert aussi de comptoir d'accueil à l'occasion... Ou alors c'est l'inverse, le comptoir d'accueil qui me sert de table à dessin ? Je ne sais plus. Concentré dans les motifs à préparer, je ne vois plus le temps qui passe. C'est lorsque mon collègue arrive que je me rends compte qu'il est enfin temps d'ouvrir. Je le laisse s'occuper d'ouvrir la devanture alors que je salue le premier client qui arrive.