Shine, shine for me ~ ft. Lev Kovloski

Shine, shine for me ~

Tu avais eu une journée épuisante, Yue. Coincé dans ces cours que tu comprenais malgré toi parfaitement, l’ennui s’était transformé en fatigue. Il n’existais qu’une seule matière dans laquelle tu n’étais pas vraiment à l’aise. Oh non, tu n’étais pas un espèce de génie, mais il fallait avouer que ta compréhension des choses était assez étendu. Tu avais passé la plus grande partie de ta vie d’enfant à lire des centaines d’ouvrages. Peut-être était-ce la contrepartie, pour un gamin qui n’avait pas d’amis. Tu avais toujours été seul, petite étoile, alors tu t’étais enfermé dans un monde imaginaire, fait de personnages étalés sur le papier et d’encre dansante devant tes yeux. C’était un monde qui ne te décevais jamais, et tu n’avais pas peur de découvrir une nouvelle couverture par semaine. Au contraire, c’était là quelque chose qui te mettait du baume au coeur, te donnant envie d’avancer toujours plus loin dans l’histoire. A contrario, ta vie sur Terre n’avait pas toujours été rose, et ta solitude devenait parfois pesante. Lorsque tu n’avais personne à qui adresser la parole, il arrivait alors que tu prennes un de ses vieux carnets que tu amenais partout avec toi -principalement pour écrire les paroles de chansons qui te venait en tête pour de futures compositions-, et tu déposais ton coeur sur le papier. Simple, mais terriblement efficace. Tu avais encore du mal, à vrai dire, à gérer tous ses sentiments.

C’était humain, après tout. Mais toi, Yue, tu n’étais pas humain. Souvent, il t’arrivais de lever les yeux au ciel, allongeant ton bras et tes doigts vers les nuages, dans l’espoir de les rejoindre. Ce petit monde là te manquait, parfois. Mais pas souvent. Seulement quand tu te sentais trop seul. Tu devais cependant être honnête, et avouer que depuis que tu t’étais retrouvé dans cette ville, ce besoin étrange ne s’était plus manifesté. Non, toutes tes soirées étaient bien remplies, et tes journées te permettaient de t’épanouir. Les cours, quelques amis, tous ces gens qui ignoraient totalement ton identité, et qui te fréquentaient, l’air de rien. Ca te plaisait énormément. Le sourire aux lèvres, tu l’avais tout le temps. Ta famille l’avait remarqué, et ce que tu ne savais pas, c’est qu’ils se congratulaient d’avoir eu la bonne idée de suivre ton instinct. Tu étais heureux depuis que tu étais là. Sauf aujourd’hui. La journée avait été étrange, après tout. Un petit-déjeuner prit sur le tas, quelques ratures sur un exercice à rendre dans l’après-midi, et voilà que tu avais enfilé ton blazer, comme si de rien était. Pourtant, quelque part, une petite voix te disait que quelque chose serait différent aujourd’hui. Tu n’aurais su l’expliquer, c’était une sensation étrange qui faisait battre ton coeur toujours un peu plus vite au fur et à mesure que la journée avançait. Et tu t’étais donc retrouvé fatigué, ennuyé, et anxieux à l’idée de rentrer dans cette chambre que tu partageais avec Lev.

Un garçon charmant, de ton point de vue. Vous étiez arrivé à peu près en même temps dans ce lycée, et cette dernière année ne s’annonçait pas facile. Le Japonais restait une matière qui te posait énormément problème, principalement parce que tu n’étais pas originaire de ce pays. Toi, ta prédisposition, c’était l'anglais. Ton colocataire, lui, était Russe. C’était même inscrit sur les traits de son visage, mais tu n’étais jamais allé bien loin, petite étoile. Tu n’étais donc pas capable d’identifier les traits spécifiques de quelqu’un d’externe à ton pays d'arrivée sur Terre. Ta bonne vieille Angleterre qui te rendait parfois nostalgique de sa grande roue, de sa fumée et de sa pluie. Ici, il faisait souvent chaud, et c’était quelque chose à laquelle tu avais du mal à te faire. Toujours est-il que ce fut le coeur tremblant et le sang battant à tout allure dans tes oreilles que tu étais presque rentré dans ta chambre. Tu attendais Lev, pour les cours particuliers que vous vous délivriez de temps en temps. Lui te permettait d’étendre ton champ de connaissance en t’en apprenant plus sur la Russie, et toi, tu l’aidais comme tu pouvais pour les cours de langue. Rien de bien extraordinaire. Néanmoins, il devenait de plus en plus difficile de lui cacher qui étais réellement. Tu ne comptais plus le nombre de fois où le fait simple qu’il toque à la porte t’avais déclenché une peur bleue, et immédiatement tu t’étais mis à rayonner de mille feux. C’était parfois passé à très peu de choses, mais pour le moment, tu conservais les apparences, agissant comme un humain normal alors que tu n’étais rien de tout cela. En rentrant donc, tu avais déposé tes affaires sur ton lit, t’étirant avant de te saisir de ta guitare, attendant le retour de ton ami.

Il ne devrait plus tarder maintenant.