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 « Les yeux perdus dans l'vide. » ft. Dougal Wennolds.

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Cael Vulcain
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MessageSujet: « Les yeux perdus dans l'vide. » ft. Dougal Wennolds.   « Les yeux perdus dans l'vide. » ft. Dougal Wennolds. EmptyMer 2 Mar - 21:13



« REMAINS »


Ce que tu fais là ? Tu ne le sais pas. Tu es juste en train de marcher, sans réel but, sans destination précise. Tu erres, au milieu des éléments, au bord de l'eau. Tu ne veux pas savoir où tu vas, et tu ne te souviens pas d'où tu viens.
Et, chacun de tes pas s'enfonce dans le sable humide, laissant de multitude de traces derrière toi. Tu entends le doux son des vagues qui viennent s'échouer contre le sable fin. L'écume se pose un instant sur la terre ferme, puis repart, emportée par la mer. Toi, tu regardes ce spectacle. Tu regardes la réalité, telle qu'elle est. Et tu te questionnes, tu te demandes pourquoi tout est ainsi. Tu ne connais rien de ce monde en réalité. Tu n'es que de passage, ici, et tu en as parfaitement conscience. Tu aimerais seulement avoir l'éternité devant toi, l'éternité pour pouvoir observer toutes ces choses, toutes ces merveilles qui peuplent le monde.

Tu aimerais avoir l'éternité pour comprendre qui tu es, pourquoi tu es ainsi. Tu souhaiterais en apprendre plus sur les gens, sans pour autant en être affecté. Ils te font peur, tu ne leur fais pas confiance, tout simplement. Certains te demanderont pourquoi. Et, tu sais, Cael, tout n'est pas aussi simple que dans ton esprit, eux ne comprendront pas pourquoi tu ne fais pas confiance aux gens. Eux ne comprendront pas pourquoi tu préfères rester dans ton coin, dans ta solitude. Certains préfèreront vivre avec les autres, même s'ils doivent souffrir de leur attitude. Toi, tu ne veux pas.

Tu choisis la simplicité, quelque part, mais est-ce réellement ton choix ? Est-ce que tu as, toi-même, décidé de ne pas aimer autrui, parce que ton coeur ne supporterait pas la cruauté, et d'autres encore ? Est-ce que tu as choisi d'être la personne que tu es à présent ? Tu aimerais avoir une réponse à toutes ces questions, mais tu es juste bloqué, là, sur cette terre, coincé, en lié à une personne que tu ne connais même pas, que tu n'as encore jamais vue. Tu ne sais pas qui il peut bien être, et tu attends juste le moment où le Destin vous mettra en face, l'un de l'autre.

Tu t'arrêtes, et tu t'assois, là, au milieu de cette plage, à la vue de tous et de personne : souvent, on ne voit pas les choses lorsqu'elles sont sous notre nez. Tu poses d'abord tes mains sur le sol, le sable venant s'accrocher à tes doigts, puis ensuite à tes vêtements. Tu as, aujourd'hui, décidé de t'habiller plus chaudement et tu ressembles déjà plus à quelqu'un de cette époque. Tu vois le vent souffler, entraînant tes cheveux dans une danse folle, que tu n'arrives pas à maîtriser. Ce vent libre, qui vient souffler devant nos yeux, autour de nous, celui-là même qui nous siffle aux oreilles, apaisant certains, rendant d'autres fous.

Devant toi s'étend l'immensité, la mer, l'horizon et, peut-être même, l'avenir. Mais tu ne le vois pas, tu ne vois pas l'avenir qui se trace devant toi. Peut-être que tu peux l'imaginer, mais ce n'est jamais qu'une simple idée, car tu ne maîtrises rien du temps. Qui peut réellement se vanter de le maîtriser, à part le Temps lui-même ?

Cael, tes pensées dérivent. Elles volent, s'éloignent, partent dans des sujets que tu ne peux pas contrôler, des sujets hors de ta portée, que tu n'as peut-être jamais abordés, parce que tu en avais peur, ou parce que tu savais que tu ne peux pas trouver une réponse, comme ça.

Mais tu es seul, seul face à une vaste plaine d'herbe bleue. Tu es seul, au milieu des vagues, du sable et du vent. Tu es seul, dans la bulle que tu t'es formée autour de toi, de ton esprit. Tu as la sensation que tu peux te laisser aller, là, juste un instant, à tes émotions. Tu penses que tu peux laisser ton corps se décontracter et ton visage s'ouvrir, pour laisser place au dégoût de ce mal qui peuple le monde. Tu peux laisser la tristesse, la colère et toutes les autres émotions que tu ressens déferler, laisser leur marque sur ton visage, même un court instant. Car personne ne te voit.

Car tu penses que personne ne te voit, là, seul, au milieu de tes émotions.


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MessageSujet: Re: « Les yeux perdus dans l'vide. » ft. Dougal Wennolds.   « Les yeux perdus dans l'vide. » ft. Dougal Wennolds. EmptyDim 6 Mar - 1:29



Le vent est fort, froid, violent alors que l’odeur de la mer lui parvient, rafraichissante, remontant souvenirs et nostalgie. Sentiments et émotions traversant un instant le regard rougeâtre qui détaille l’horizon océanique sans vraiment le voir. Le souffle de l’air fouette son visage, la capuche sur sa tête ‘envolant ans cesse si bien qu’il abandonne au bout d’un moment de la remettre sur son crâne, laissant apparaitre son physique atypique et effrayant. Le rouge de ses yeux disparait un instant derrière ses paupières, relâchant quelque peu sa garde, son attention, se laissant quelques instants submergés par la paix que lui inspire le lieu. Chose devenu trop rare ces dernières années. Ces années passées à fuir et à craindre à chaque instant de payer pour une erreur certes monstrueuse mais involontaire.

Son corps frémit, sa longue cape fluide servant à cacher le reste de son corps s’envole sans cesse dans son dos. Il bloque tant bien que mal cette agression d’angoisse et de tristesse venant du plus profond de lui. Quatre ans et rien ne semblait avoir changé, quatre ans que l’âme véritable de Dougal pleurait et souhaitait se punir, quatre ans que son instinct faisait tout pour le faire revivre. Peut-être n’était-ce pas une très bonne idée d’être venu ici. Trop de calme, trop d’apaisement, trop de liberté.

Par ce temps sombre, l’hiver voguant toujours sur leur pays, il n’y avait personne. Pas une âme qui vive sur cette plage, dans cette eau renfermant mystère et dangerosité. Un peu comme lui à présent. Sauf qu’il n’avait pas ces vertus apaisantes, il n’avait pas cette beauté poétique, il n’est qu’une bête imprévisible. Levant les yeux vers le ciel grisâtre et maussade où l’on peut à peine voire le bleu qui l’habille si bien lors des beaux jours, l se dit qu’il a connu de meilleures journées mais aussi des bien pires. Comme ce jour-là, ce fameux jour. Il faisait pourtant si beau, trop beau pour un début d’automne et pourtant ce fut celui de sa déchéance. Pourtant, la bête elle, n’avait que faire du temps, ne s’inquiétant que des tempêtes, se foutant de la pluie et du soleil, tant qu’elle pouvait avancer, cela lui convenait.

Ramenant son regard sur la terre ferme, n’ayant cessé de progresser sur le sable humidifié par la marée descendante, il tombe sur une silhouette face à la mer, comme perdu devant cet horizon sans fin, promesses de tant de choses, promesses de rêves, de morts, d’incertitude et d’aventures. Un homme, jeune, perdu peut être en lui-même, perdu dans ce qu’il semble ressentir, son visage laissant voir au monde entier les émotions qui déferlent en lui.  Comment un quelqu’un d’aussi jeune pouvait ressentir autant de colère, de dégout et de tristesse ? Du moins, de ce qu’il pouvait remarquer à quelques mètres de là. Il paraissait paradoxalement bien vide, comme fatigué de la vie alors qu’il avait encore tant de choses à découvrir et à vivre. La bête ne se sentait pas désolé pour lui, il ne le pouvait pas. Il ressentait légèrement la tristesse de son esprit faire écho à la celle de cet inconnu mais elle n’était pas douloureuse en cet instant. Tout cela parce que son pouvoir était là pour l’arrêter, cet instinct était là pour l’empêcher de sombrer, qui le maintenait à flot, un malheur ironique, une vie qui se moquait finalement de lui avec une joie évidente.

Un grondement lui échappe, profond, grave mais devenant bien vite silencieux, le son coléreux se faisant emporté par le vent vers la ville derrière eux. Il ne devrait pas trop trainer, ainsi à découvert de tous alors qu’il était publiquement recherché. Quand bien même il savait la sécurité de la plage bien faible en cette période de l’année, voire quasi inexistante, il ne tenait pas à tenter le diable, persuadé que la prison ne lui conviendrait pas. Un gronda une nouvelle fois alors qu’il se rapproche du jeune homme, énervé tout à coup par le vent faisant voler et s’emmêler sa fourrure, l’air emplit de sel et d’humidité n’aidant pas.

- Bordel ! Souffle plus fort encore pour voir si j’m’envole, vent d’merde !

Lâche-t-il finalement à l’encontre du vent, fusillant du regard l’horizon, sa voix trop grave pour être totalement humaine servant des insultes dans le vide. L’inconnu perdu revint alors dans son champ de vision, et ses sourcils froncés, tout crocs dehors qu’il lui adresse la parole.

- Hé, toi là ! Tu d’vrais rentrer chez toi au lieu d’rêver comme un con alors qu’le vent s’lève. Foutu comme t’es tu serais capable de d’décoller du sol.

Tout en douceur et délicatesse, pour l’amabilité on repassera, bien que Dougal semble être une cause perdue en ce qui concerne la politesse, la bienséance et le langage non familier.
Et comme pour se moquer de lui, la petite tempête se calme, cessant de balloter son corps et ses vêtements, le laissant ainsi, débraillé et décoiffé, tant et si bien qu’une bête puisse s’être coiffer, la fourrure emmêlée et fraiche. Un son dédaigneux s’échappe de sa gueule et d’un coup sec, il remet sa capuche, se rendant bien vite compte que parler ainsi, à découvert, à un mec qui pourrait l’avoir vu aux infos n’était pas la meilleure des idées.

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Cael Vulcain
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MessageSujet: Re: « Les yeux perdus dans l'vide. » ft. Dougal Wennolds.   « Les yeux perdus dans l'vide. » ft. Dougal Wennolds. EmptyMer 16 Mar - 16:14



« INSIDE »


Un murmure. Un murmure, peut-être. des simples mots qui s'envolent au vent. Des mots que tu n'arrives pas à discerner. Un homme, une bête, tu ne sais pas trop, tu ne sais plus trop. Tu es planté au sol, le corps légèrement tremblant. Cela fait un moment que le froid s'est insinué dans ta chaire, et te mord. D'abord avec douceur, puis, avec plus de force, encore et encore. Jusqu'à ce que ton corps entier tremble de froid.
Mais tu restes là, Cael. Le regard perdu dans le vide, le regard perdu dans le vague. Ton coeur est vide, vidé, juste à ce moment. Tu ne ressens plus rien, tu ne penses plus à rien. Aucune pensée ne t'atteint, même pas le souvenir d'avoir vu cette silhouette au loin. Cette silhouette qui s'approchait, et qui doit être à présent non loin de toi.

Tu ne fais plus attention à ton univers, tu es perdu au fond de toi-même, perdu au fond de ton âme. Mais ton état actuel est fragile. C'est un équilibre qui ne peut exister que dans le brouhaha de la nature, et dans le silence humain. Mais il se brise. Il se brise par les cris agacés perdus dans le vent. Des paroles que tu ne discernes pas. Ou peut-être ne les discernes-tu pas, car tu n'y as pas prêté attention.

Alors, tu détournes le visage, tu t'arraches à la contemplation de ce monde qui s'étend devant toi, pour poser ton regard marquant l'indifférence, sur cette silhouette. Tu ne sais pas si c'est un homme, ou une bête. Tu te dis pendant un instant que c'est un mélange des deux, à cause de la science. Mais finalement, tu te dis qu'il y a bien plus de chance qu'il soit une étoile, comme toi. Quelqu'un qui utilise son don. Mais, dans ce cas, pourquoi être ainsi, là, sans aucune raison ?

Il a l'air bien plus complexe qu'il ne laisse paraître. Son corps massif semble être planté dans le sol, et il tente de cacher son visage, tant bien que mal, malgré le vent qui emporte sa capuche et qui fait voler la cape dans tous les sens. Tu te demandes bien qui il peut être. Ce visage oscillant entre l'animal et l'être humain te rappelle quelque chose, mais tu ne sais plus. Tu ne sais plus où tu as pu le voir. A vrai dire, ce n'est pas grave, ça te reviendra sans doute plus tard.

Tu clignes une fois des yeux, puis une deuxième, sans rien dire. Tu le fixes juste, tes cheveux qui virevoltent, encore et encore, sans jamais s'arrêter. Tu n'oses pas briser le silence qui s'est installé, et tu as presque envie de rire, en le voyant se débattre avec sa cape noire.

Et, finalement, c'est lui qui brise ce silence entre vous deux. C'est lui qui te dit que tu vas t'envoler, car tu es sans doute trop fragile à ses yeux. Mais non. Tu es assez solide, comme personne, physiquement parlant. Tu n'as pas le corps comme un fil de fer, tu ne t'en sors pas trop mal. Tu plantes ton regard dans le sien, et tu ne le quittes plus des yeux. Tu te poses une question, toute simple : pourquoi est-il là ?

Le vent se calme, et sa cape se stabilise, et ne bouge plus qu'aux mouvements de la bête devant toi.

Dans un mouvement agile, tu te relèves pour te mettre face à lui. Il est tout de même plus grand que toi, mais tu réduis l'écart de taille qu'il y avait entre vous deux. Tu lèves un peu la tête, d'abord dans rien dire. Tu l'observes, ne répondant pour le moment pas à ce qu'il t'a dit. Tu le détailles, tu plonges ton regard au fond de lui. Tu essayes de lire, à travers ses yeux. Tu regardes sa façon de tenir, et, pendant un instant, tu as une sensation de ressemblance, chose qui disparaît très vite.

« J'étais bien, à rêver comme un petit con, tu dis. »

Ta voix est simple, sans aucune once d'insolence, tu énonces juste un fait. Certains voudraient te poser des problèmes, parce que tu as seulement dit cela. Tu espères, tu pries silencieusement qu'il ne t'ennuie pas. Tu étais bien.



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MessageSujet: Re: « Les yeux perdus dans l'vide. » ft. Dougal Wennolds.   « Les yeux perdus dans l'vide. » ft. Dougal Wennolds. EmptyJeu 14 Avr - 22:28



Un petit con. Voilà à qui il avait à faire. Un véritable petit emmerdeur, un impertinent, un merdeux, qui n’avait rien trouvé de mieux que de le renvoyer chier alors qu’il ne faisait que le conseiller. Ça lui apprendra à e montrer aimable. Déjà que ça ne lui arrivait pas souvent. Il hésitait entre repartir et ne pas chercher plus loin ou lui remettre les idées en places d’un coup de patte bien placé dans la gueule, promettant d’abimer sa face de minet, de blondinet insupportable. Et dire qu’il avait eu presque pitié de lui en l’approchant quelques secondes plus tôt. Quand bien même il paraissait vde et éteint, ce n’était pas l’envie qui lui manquait de lui apprendre certaines choses de la vie.

C’était ce que l’on peut appeler l’impulsivité. Lui qui était si calme en se baladant sur cette plage, déserte et venteuse. Lui qui avait abordé quelqu’un dans le but de bien faire, le voilà qu’il s’énerve pour peu, tout cela pour un désaccord sans réelle importance. À croire que la bête n’aimait tout simplement pas qu’on le renvoi de cette manière. Il préférait lorsque tout se passait comme il le désirait, il préfère qu’on écoute ses conseils qui se révélait être plus des ordres que des propositions. Il adorait sentir qu’il avait de l’ascendant sur l’autre, sentir qu’il pouvait faire et faire ce que bon lui semble même avec ceux qu’il côtoie. Chose rare.

Ses crocs se dévoilent alors, résultant de son énervement naissant, saillants et épais, des crocs qui peuvent s’il le souhaite, tout arracher et détruire. Babines retroussé, sourcils froncés, sa voix rauque s’éleva dans le silence tendu présent depuis qu’ils se font faces.

- Tu d’vrais pas prendre plaisir à énerver l’grand méchant loup gamin. Et qu’est c’que t’fou ici d’abord ? T’as pas cours ou une connerie du genre ?

Vint alors en lui une profonde envie de faire chier son monde. D’emmerder ce jeune, de se divertir en se foutant de le faire à ses dépens. Son état d’apaisement définitivement envolé, la colère oubliée, celle-ci s’étant évanouie aussi vite qu’elle était survenue, il n’a plus qu’une envie forte de s’amuser sans même penser un seul instant que le jeune homme pourrait retourner le jeu contre la bête.


Il reprend sa marche, s’approchant de l’homme de manière perturbante, un air inquiétant sur le visage alors que ses pattes griffues foulent le sable, fourrure qui se recouvre de ces cailloux minuscules érodés par la mer, y laissant des traces qui disparaitront bien vite à la première vague venue. Avec lenteur, la bête lui tourne autour, jaugeant du regard l’adversaire du soir pour ainsi voir à quel point il pourra lui divertir. Il se fait plus prédateur, plus joueur et dangereux, les mots devront être peser et minutieux pour ne pas donner un peu plus à l’ours l’envie de faire ses crocs sur l’os humain de son choix.

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MessageSujet: Re: « Les yeux perdus dans l'vide. » ft. Dougal Wennolds.   « Les yeux perdus dans l'vide. » ft. Dougal Wennolds. EmptyVen 22 Avr - 23:50

Dougal & Cael
Quel est cette lumière, au fond de ces yeux ? Cet éclat ? La rage. La rage, ou bien peut-être est-ce la colère, tu ne sais pas, tu ne sais plus. Ces deux émotions ne sont-elles pas les mêmes ? Elles se chevauchent, se ressemblent, s'assemblent et ne font plus qu'une.
Tu plonges ton regard dans le sien, tu le scrutes, tu observes son visage, ses gestes. Tu essayes de le comprendre, de voir à travers lui. Tu essayes de savoir qui il est, savoir pourquoi il agit ainsi. Tu commences à saisir, oui. Tu commences à saisir le pourquoi de cet éclat dans ses yeux. Tu comprends ce qui le dérange, ce qui l'énerve. C'est toi. Tout simplement toi, car tu n'as pas peur de lui, tu n'as pas peur qu'il te fasse du mal, car tu sais que tu le stopperas avant. Il pourrait se jeter sur toi, que ta main serait déjà glissée dans sa fourrure et lui insufflerait un calme intense, un calme contre lequel il ne pourrait pas résister.

Ses crocs se dévoilent, se présentent à toi, menaçants. Et pourtant, tu restes dans la même position, le laissant te fixer comme s'il allait te réduire en lambeaux dans l'instant qui suit. Tu ne doutes pas. Tu ne doutes pas qu'il en est capable et tu le prends en compte. Et, quand bien même il chercherait à te tuer, tu ne sais pas si tu réagirais, si tu te défendrais. Tu ne cherches pas à mourir, mais tu ne cherches pas non plus à vivre. Tu te fiches de la vie comme de la mort. Tout cela t'importe peu. Ce ne sont que des étapes dans une existence et tu sais que tout le monde finit par s'endormir, un jour ou l'autre, quand bien même on lutte.

Sa voix s'élève alors, te tirant de tes pensées, encore une fois. A vrai dire, tu te perds tellement souvent dans ton esprit qu'il n'est pas bien compliqué de t'en sortir. Tu te concentres alors sur sa voix et un sourire arrive à fendre ton visage d'habitude de marbre. Le grand méchant loup. Ce que tu fous ici. Qu'est-ce que cela peut bien lui faire, à vrai dire ? Tu es là où tu veux, quand tu veux. Tu es libre, libre mentalement et physiquement. Rien ni personne ne peut t'empêcher de faire ce que tu veux. Tu n'aimes pas les limites, mais ça, on le sait déjà, Cael.

« Tu n'es pas un loup, tu dis. »

Tu n'ajoutes d'abord rien, laissant planer un certain silence entre vous. Silence brisé par le vent qui se lève de nouveau. Le ciel se couvre et s'assombrit depuis un moment déjà. Ca ne t'étonnerait pas qu'une tempête arrive bientôt et ravage la mer derrière d'immenses vagues qui viendront se fracasser contre les digues.

« J'en ai envie. Et toi ? »

Oui, tu en as envie. Tu as envie d'être ici, tout simplement. Tu as envie de rester au bord de l'eau, dans le sable humide. Tu as envie de voir le ciel s'assombrir et le ciel abattre ses larmes sur toi. Tu en as envie.
Et alors que tu reportes ton attention sur lui, tu découvres qu'il a changé d'attitude. La rage et la colère ont disparu, comme si elles n'avaient jamais été là, comme si elles n'existaient plus. Elles ont été remplacées par autre chose. De l'amusement, un désir de jouer. Lentement, il commence à marcher autour de toi, à te scruter, comme si tu étais un jouet avec lequel il se divertirait.
Tu sens le poids de son regard peser sur toi, sur tes épaules. Tu sens son regard de prédateur qui te scrute, et tu t'en amuses presque.

« Suis-je un jouet à tes yeux ? »

Tu sais que la réponse est oui, ou du moins, s'y apparente. Mais tu sais aussi que ce qui semble être n'est pas toujours.
 
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