Le matin… Le soleil venait de se lever. Calmement j’émerge de mon sommeil lourd, venant m’étirer doucement avant de sauter sur mes deux jambes. Quelle belle journée. Tu sais Grand-Mère, je me suis encore couchée tard hier. Shana, à encore passé la nuit à me raconter son histoire. Sa vie était tellement passionnante dans la période d’Edo. Mais tellement triste aussi, je ne sais pas combien de fois elle a pleuré. Comment devrais-je réagir ? Comment dire à un mort, qu’il ne pourra changer son passé, parce que justement … il est mort. Hm, enfin ! Il n’est pas vraiment l’heure de se morfondre sur tout cela, ce soir je ferais de mon mieux pour lui décocher un sourire. Pour l’heure, je dois sortir de ce trou noir, et faire une petite sortie. Après tout comme tu le sais, très bien Grand-Mère je ne peux m’empêcher de courir partout, comme avant. Je n’ai plus qu’à passer un jogging et me voilà qui part déjà sur les routes de la ville. Enjambée par enjambée. Je suis toujours aussi sportive, je t’assure.
L’air est doux. Il passe doucement dans mes longs cheveux bruns, que je ne cesse toujours de fixer avec une queue de cheval. Je trouve vraiment le froid qui vient fouetter mes joues agréable. Un petit moment de tranquillité, avant de travailler. Je n’ai pas cours aujourd’hui, mais c’est dans ce genre de cas que mon travail veut que je pose pour de nouvelles revues. Je me demande bien ce que cela pourra être cette fois. Hm. Tiens. Quelqu’un me regarde, il m’aurait reconnu ? Ce n’est pourtant pas évident avec le jogging et sans maquillage. Grand-mère, être mannequin c’est se sentir observé tout le temps, même dans les moments les plus gênants. Je me souviens encore de la journée d’hier, je me baladais tranquillement, on me fixait et bam. Bien entendu, tu me connais je me suis complètement cassée la gueule sur le trottoir. Mais c’est la faute de James, il se trimballe dans mes pattes tout le temps. J’ai songé à pousser un commentaire, mais je pense que les gens n’ont pas compris. Etrange. Si seulement ils pouvaient voir. Je suis sûr qu’il comprendrait. Oui, clairement.
Bon tant pis. Tant que je vois James et les autres, je me sens bien. Ils ont de la conversation, ils parlent de la vie d’avant, de leurs aventures. C’est tellement palpitant. J’en apprends tous les jours. Ils me paraissent tellement plus sympathiques que ceux qui vivent sur ce monde. Il faut que je cesse un peu ces bêtises, sinon je risque de me prendre un fantôme dans les pattes, regardes donc la route Menma. Voilà, comme ça. Oh. Grand-Mère, tu sais il y a vraiment quelque chose que j’aime dans cette ville, c’est surprenant n’est-ce pas ? Il n’y avait pas la mer dans notre campagne, je suis bien contente d’avoir découvert cet endroit. Courir sur cette plage est vraiment agréable. Cela me permet de me muscler un peu plus, et de sentir l’odeur du sel monter dans mes narines. J’aurai aimé que tu voies ça, comme je le vois actuellement, courir sur le sol, les vagues venant frapper le rivage dans un son apaisant. Un calme plat, très peu de personne, c’est un petit paradis, qui me rappelle notre campagne. Cela fait un moment que je cours en longeant la plage, je me demande bien l’heure qu’il peut bien être. Je n’emmène jamais mon téléphone avec moi pour courir, cela ne me sert pas. Il faudrait peut-être que je pense à faire demi-tour. Mais tu vois grand-mère, quand je me décide enfin, il se passe toujours quelque chose. Oui, comme maintenant.
J’aurai pu rentrer calmement, mais même si je le sais pertinemment. Ce petit être m’appelle, là-bas dans les vagues, cette personne en train de se noyer. Personne sur cette plage ne réagit, je me doute bien que je suis la seule, à pouvoir voir cela. Puis bon un fantôme ne peut pas mourir une seconde fois, mais bon voilà. Tu vois Grand-Mère je suis déjà en train de me diriger vers l’eau sans me poser une seule question. J’ai envie d’aller à sa rencontre. Tout simplement. L’eau se rapproche et l’odeur du sel par la même occasion. Et Plaf ! Une femme à la mer. Mais je suis une bonne nageuse, il fait froid ! Tellement froid ! Mais ce petit garçon en face de moi m’attend. Deux brasses, et me voilà à sa hauteur. Me regardant avec de grands yeux. Grand-Mère, j’aime les fantômes, parce qu’ils ont besoin de moi. Comme ce petit garçon qui m’a souri.
« Merci. »
Il m’a remercié avant de disparaitre de nouveau, je suis sûrement folle mais je suis heureuse. Tout cela n’est pas inutile. J’ai fait ma bonne action de ma journée alors que je rejoins le rivage, trempée.