here shall john always stumble ; here shall jane's heart always break
staska
gregorkiewicz
23a
♀
humaine
pansexuelle
polonaise
apprentie en laboratoire
crépuscule ✶
sa mine slave est ingénue, une fraîcheur de cils innocents. immédiatement, elle appelle l'attendrissement, incarne l'énervement peu crédible, devient le coeur d'une plaisanterie bon enfant.
son architecture semble s'élaborer sans effort ; tout est une arrière-pensée. un assemblage oubliable laisse une impression globale de simplicité géniale. on oublie ce qu'elle a porté ; mais on sait, après coup, que c'était beau. une attention détaillée difficile à percevoir tant chacun est obnubilé par soi-même. cependant, chaque pan de sa mise est une décision réfléchie. une sélection selon ce qu'elle souhaite par-dessus tout projeter. l'icône simple et l'image nonchalante, l'allure inimitable et outrecuidante de rigueur. staska insiste à dissimuler toute trâce de diligence et cultive doucement une aura d'indolence. une grâce polonaise rougoureusement étrangère, différenciée de la couleur locale, presque abjecte d'arrogance patricienne. et cette prétention à la beauté facile, infinitésimale à l'oeil humain, reste comme un arrière-goût incompréhensible dans votre conscience.
la pommette charmante et une démarche effrontée. une certaine contrariété permanente qui infuse tous ses gestes et ses masques faciaux. une prestance de garçonne aux manches relevées, aux sourcils froncés à outrance. la quintessence d'une révolutionnaire fraîche d'indignement. mais sa loyauté excessive à l'agressivité passive ne gâte rien. cette vigueur épaisse est allégée par une figure pâle et trop frêlen un timbre trop soyeux. sa dégaine est irrémédiablement enfantine. dans les premières rencontres, chacune de ses levées sombres et tumultueuses est ignorée comme un vulgaire caprice.
mais quelque chose change dans une perspective individuelle. sous un regard unique, elle a un monde précieux au creux du sourire. lorsque son oeil azur est amusé, c'est toujours avec un malice curieux. l'attrait d'une diablesse qui prend goût à un jeu malévolent. et on se dit que on aura tout notre temps pour nous en vouloir
plus tard de toutes ces péripéties un peu trop sombres. parce que son être est si rarement agité en public que son enthousiasme infecte rageusement, perméabilise l'humeur et s'empare discrètement de votre estime. c'est purement physique, elle a un élan crochu qui entraîne.
à ses caractéristiques spécifiques s'ajoutent celles propres à son âge. quelques éléments d'un uniforme mondial de scientifique en formation. sac à dos de cuir rempli de brochures, de magazines un peu superficiels, de livres aux mots intelligents. des derbies vernies, un manteau long et ample. des cernes et une somnolence divertissante.
elle est un prince farouche au rire terrible, un chaton candide à la réplique acerbe, un air narquois inoffensif.
une blonde que tu croises vaguement en soirée.
✶
elle s'enflamme de tout. en réalité, elle s'est épris du sentiment d'injustice qu'elle sent dès qu'elle hausse la voix. il est évident qu'il ne faudrait pas, qu'une telle fougue n'est pas nécessaire. mais elle le
veut, et la violence et la force et l'exhaustion.
elle a compris très jeune les enjeux de sa vie. elle devait immédiatement trouver ceux qui la comprendraient. la solitude et l'unicité de pensée l'asphyxiaient. il fallait, à tout prix, se dédier à bon escient. trouver, coûte que coûte, ce et ceux qui la faisaient vibrer. ce qui lui apportait, selon elle, une teinte de victoire. trouver les personnes qui la poussaient vers l'avant, trouver la cause qui agitait son esprit et son imagination. mais son optique n'était pas seulement égoïste. en vraie idéaliste, elle tend à concrétiser une certaine vision du monde. ou peut-être qu'elle le veut seulement en adéquation avec son être. que le rythme du quotidien pulse en phase avec celui de son coeur.
staska ne peut supporter d'être seule. c'est comme si elle était alimentée seulement par une attention continue, une présence rassurante et permanente. elle laisse une chance à chacun d'être dans son cercle, mais élimine bien vite la médiocrité. elle s'en voudra mais ne pourra s'en empêcher - c'est épidermique. l'énergie des autres l'influence, et elle ne peut se faire moyenne. alors se voir attribuer une entité, une substance qui se doit de la protéger, c'est la pire des insultes. une condescendance insupportable qui aliène sa volonté. qui ose s'en prendre à son indépendance? à son libre-arbitre concernant ses fréquentations? plus encore, comment peut-on assumer qu'elle ne puisse se protéger par elle-même?
paradoxalement, elle s'inquiète avec une permanente peur d'être abandonnée par ceux qu'elle admire. alors elle s'accroche. les larmes refoulées, elle se blâme pour chacune de vos mines déconfites. se rend responsable de toutes vos mauvaises humeurs. elle s'en veut de ses humeurs excessives, de son comportement inadéquat. au final, sa façade d'innocente arrogance est une indifférence feinte. elle souhaite, elle veut, elle convoite votre amour indivisé. elle se limite tellement que son coeur déborde. c'est pour ça, sûrement, qu'elle a rejoint les crépuscules. le rejet d'une protection imposée et le voeu d'appartenir à un ensemble. se battre pour une cause avec un sacrifice épique de sa propre sécurité. cet engagement, c'est une rébellion contradictoire contre tout ce qui l'asservit.
alors forcément, c'est un cercle vicieux. la tempête puis le calme. puis elle tente de s'assommer, de s'anesthésier, de s'empêcher d'exploser à nouveau. puis la tension se construit, prend contrôle, la conquiert. et elle est à nouveau flamme.
✶
what you fear, you become
une petite blonde à l'expression étrange et aux pupilles énormes. de petite taille pour sa dizaine d'années, elle se fraie pourtant un chemin parmi des lycéens étonnés. des
przepraszam, przepraszam murmurés à répétition dès qu'elle rentre un peu trop en collision avec quelqu'un. frénétiquement, elle fouille les visages pour enfin trouver celui qu'elle cherche. dans son esprit encore un peu immature, tout se mélange. les couleurs et les bruits et les rires et les interjections interloquées. tout devient un amas de sons indiscernables, une bouillie visuelle menaçante. presque les larmes aux yeux, elle s'apprête à pleurer quand elle
le voit.
— WASIL je t'ai trouvé tu es là t-
— staska ?? mais...
avant qu'il ne puisse continuer, elle se jette dans ses bras et l'encercle. enfouit son petit visage dans un câlin d'enfant. le grand garçon blond ne sait plus trop que faire, les mots restent bloqués devant son gosier. souvent, les actions de la petite staska mettaient sa famille dans la confusion. là, elle se met à être secouée de sanglots violents, volumineux. tout son petit être est soulevé de gros hoquets et de soupirs douloureux. wasil s'accroupit et enlace sa petite soeur.
*
une cuisine chaude et un petit sentiment de délinquance. staska est assise devant un thé au lait déjà tiède et son frère la regarde silencieusement. elle a interrompu son quotidien avec une césure si soudaine, qu'elle lui semble irréelle. stas trop douée pour l'imprévisible.
— stas... tu ne peux pas continuer à faire ça
il rompt ce calme avec la prestance et l'autorité qu'elle lui a toujours admirés. pour autant, elle ne relève pas son visage et empoigne plutôt le mug à deux mains. boire comme diversion pour éviter à avoir à se justifier.
ils avaient eu entre eux ce monde inaccessible pour tout autre. un univers transcendant, créé d'un commun accord. un language secret sans syllabes, avec une compréhension admise et constante. et staska souhaitait, par-dessus tout, revenir en arrière. que son frère lise de nouveau ses pensées. elle qui est bien trop fière pour prendre la parole. à dix ans déjà, son image compte trop.
— je peux pas toujours sécher pour prendre soin de toi
wasil s'imaginait cette petite forme trouver le chemin de son lycée, demander des directions à des inconnus, traverser des routes sans aide. c'était une image terrifiante et curieuse à la fois. à dix ans, staska avait déjà des yeux d'adulte.
elle n'avait pas pipé mot depuis qu'elle l'avait aperçu pour la première fois. il n'osait plus braver l'embarras d'être celui qui s'exprime le plus, alors il se tut également. et pesait sur cette petite cuisine une tension folle. wasil avait évacué la babysitter inutile. elle était confuse, bien évidemment. comment une petite fille peut-elle réussir à s'échapper d'une maison avec tant d'aisance? les enfants gregorkiewicz ont toujours eu le goût de la transgression. avec des parents comme les leurs, c'est compréhensible. c'était un cri à l'aide, un discret appel à l'attention.
ils parlèrent en même temps.
— je veux rester avec toi pour toujours
— je déménage en angleterre
*
c'était un traumatisme feutré, fondement du large hématome à venir. une suscitation douce de la haine. ça laisse poindre un léger doute sur toute décision. l'envie d'indépendance adolescente et de présence fraternelle forme un alliage destructeur. elle ne s'en rend pas compte.
ainsi, elle combine faiblesse et force de caractère - furieuse et influençable à la fois. tellement engagée qu'elle se fait dénoncer. petite staska, terroriste. ennemie de la nation en blouse immaculée. quelle bonne blague, il aurait dit.
c'était wasil, sa réelle bonne étoile.
sans lui, elle se désintègre.
tous vos protecteurs ne valent pas ses bras.
✶
aph — belarus
salut c'est
mashka je cherchais un forum encore en vie en surfant de partenaire en partenaire et je vous ai trouvé
ou sinon on peut dire que j'ai suivi ma bonne étoile mais ce serait un peu trop lourd comme jeu de mot n'est-il pas