HUG ME - Minuit

couleur des yeux — GRIS ; couleur des cheveux — BLOND AUX RACINES BRUNES ; taille — 1 M 80; poids — 83 KG ; style vestimentaire — COSTARDS AUX DRÔLES DE COULEURS

Nom du pouvoir — L'AGNEAU
Description du pouvoir — Minuit peut se transformer en agneau. C'est aussi simple que ça. Mais il ne le fait jamais, sauf quand il n'en peut plus.
Autant dire tout de suite qu'il hait cordialement son pouvoir. Il est d'une inutilité affligeante et n'a strictement aucun intérêt. Encore maintenant, il se prend à penser qu'il vendrait "père et mère" pour pouvoir changer de pouvoir. Il aurait aimé un truc classe, comme avoir un scanner dans les yeux ou pouvoir disséquer sur pensée. Mais non. Quand Minuit est trop fatigué ou qu'une émotion trop forte le prend, POUF, le voilà métamorphosé en une minuscule et pathétique créature qui bêle et gambade sur ses jambes frêles. Il avait espéré qu'avec l'âge, cette minuscule créature se change en bélier fier et belliqueux, mais non. Ce n'est qu'une boule duveteuse et blanche, qui se jette dans les jambes des gens pour avoir des câlins.
Triste à mourir.

Minuit.
C'est un nom un peu étrange, pour une personne qui l'est tout autant.
Minuit est atypique, à bien des abords. Avec ses cheveux blonds peroxydés, ses presque deux mètres, son poids plume et ses yeux gris, déjà, on sent que le loustic est particulier. Ce se corse quand il ouvre la bouche. Minuit à une voix qui ne correspond pas. On s'attend à quelque chose de nasillard, aigu, style " je-sais-tout", pour aller de paire avec ses lunettes en écaille. Mais non. Minuit à une voix suave et douce, un peu rauque, qui râpe sur le fond de la gorge, qui a plein d'accrocs. De celles qu'on aimerait à entendre nous lire des histoires la nuit, pour s'endormir au coin d'un feu. Passé cette surprise, ce sont les mots qui sortent de cette bouche qui surprennent encore. Exit le superflu, Minuit va droit au but, pas de chichis, pas de fioritures. Si vous vous vexez, c'est votre problème, pas le sien. Il n'est pas là pour vous faire des ronds de jambe ou enrober la pilule. Il dit ce qu'il a dire, picotti, picotta, trois petits tours et puis s'en va. Mais c'est ce qu'on apprécie chez lui. Cette dureté, ce franc-parler. C'est ce qui lui a fait gravir les échelons et accéder au rang d'Aurore. Ça et sa remarquable intelligence. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Minuit n'a jamais forcé. Ses études de médecine se sont déroulées sans encombre. Il alterné entre major de promo et a du scalpel. Pas un défi in-surmontée, pas une interrogation qui n'avait pas fini par trouver de réponse.


Et puis, finalement, tout son talent a été récompensé. Il été admis dans le cercle très prestigieux des Aurores, malgré es origines modestes. Ça, ça l'a fait jubiler. Mais il a fini par tomber de haut. Parce que sur la question présente du lien Humain-Étoile, il n'a pas encore trouvé ce qu'il cherchait.
Alors qu'il est lui même une étoile, il ignore tout de son origine. De ce lien qui est censé l'unir à un humain, qui est encore inconnu au bataillon, de sa création.
Il est tombé et puis c'est tout.
Mais il y a tellement de questions derrière cette simple phrase.
Comment et pourquoi? Qui l'a mis là? Quel est son but? Qui est-il?
Y'a t-il un Dieu?

Oh! Ça chauffe là-haut. Il est tard et Minuit a déjà saccagé son bureau. Il y a des feuilles de papier qui tapissent la moquette bleue du département de recherche et le ficus a rendu l'âme en vomissant son terreau. Il y a des stylos par terre, éclaté en petits bouts de plastiques colorés et un bureau qui n'est plus ni à sa place ni dans le bon sens. Il y a une vitre qui s'est brisée, éclaté par le passage inhabituel d'une imprimante et l'ordinateur grésille dans une lueur de fin de vie.
Et au milieu de tout ça, il y a une minuscule boule blanche, recroquevillée sur elle-même, qui bêle doucement, avec un arrière ton de sanglot, en essayant de se cacher, de s'abriter derrière les liasses de feuilles et les dossiers renversés.
Les colères de Minuit sont brèves, mais au moins aussi intenses que ses chagrins. Parce que dans le fond, derrière ses airs froids, méprisants et snob, Minuit est triste. Seul et triste de ne pas encore avoir trouvé son humain. Affligé de sa propre solitude, prisonnier de sa tour d'ivoire, qu'il a pourtant convoité toute sa vie.
Minuit veut juste qu'on le serre fort et qu'on lui dise que tout va bien. Qu'il n'y a pas de raison particulière à sa présence ici bas. Qu'il doit juste vivre pour lui. Ou pour quelqu'un d'unique. Juste une fois, il aimerait que ce poids étrange parte de ses épaules. Qu'on cesse de lui demander ce qu'il en est de ses résultats et de ses expériences. Qu'on arrête de lui demander des réponses qu'il n'a pas. Qu'on stoppe de le mettre en face de son seul échec.
Et pour le moment, le seul qui le sauve de ça, c'est un agneau ridiculement petit et adorable, qui fait irruption dans son bureau au moins une fois par mois, le temps d'une nuit, pour le laisser souffler et dormir d'un sommeil sans rêves.

Lorsque Minuit est tombé, c'était dans une petite province d'Italie, au pied du Vésuve. Il a atterri chez une petite famille de récoltant de vin, anglais d'origine . Chez les Dix, on est pas très original. Il était Minuit quand on a compris qu'il y avait quelque chose d'étrange dehors. C'était un enfant tombé du Ciel. C'était Minuit. Aussi simple que bonjour.
Minuit a donc vécu en Italie les 25 premières années de sa vie. Aidant sa famille adoptive à récolter le fameux vin que produisaient les plaines aux abords du volcan, dévorant tous les livres qu'il pouvaient trouver. Il est devenu un brillant médecin à Naples jusqu'à ce qu'il y a quatre ans, ses parents adoptifs meurent, pris dans un incendie criminel, visant à dévaloriser leur parcelle de terre. Après deux années à se noyer dans le travail, aux cours desquels il a ouvert sa clinique privée et accumulée des sommes folles d'argent, il fut appelé par les Aurores à rejoindre leurs rangs, à HoshiKami, afin de mener une enquête sur le lien qui unit son espèce avec celle des humains, et aussi de cracher un peu de sous de temps en temps. Minuit se contrefout de ses comptes, du moment, qu'il peut s'acheter des vêtements aux couleurs étranges et des hamburgers dans des restaurants à l'hygiène douteuse. N'ayant plus rien le retenant en Italie, il prit le peu d'affaires qu'il avait sur place et se rendit dans l'épicentre du phénomène. Maintenant, il fait des recherches, de nourrit de plat japonais livré et gagne toujours des sommes folles. On pourrait dire la belle vie, mais... Bêêêêê...