Varvana | once upon a november (fini)

couleur des yeux — bleus ; couleur des cheveux — roux ; taille — 1m51 ; poids — 42 kilogrammes ; tatouages ou piercings — non ; cicatrices — une cicatrice tortueuse sur l'épaule, le genre qui complexe ; style vestimentaire — Peu de teintes vives, vêtements qui mettent sa silhouette en valeur.

On pourrait dire que Varvana a deux facettes. Totalement différentes, mais pas opposées, pas vraiment, pas totalement.

Tout d'abord, il y a la personne de la scène. Lumineuse, dynamique, émouvante. Elle a cette puissance magnétique qui conquiert les âmes et séduit les coeurs. Elle répand tout autour d'elle douceur et apaisement. Et quand elle chante, le temps se fige. Même le silence l'écoute. Il y a quelque chose de poétique dans la façon dont sa voix se déploie et se joue des logiques mélodiques. Elle sublime l'art et tire des larmes avec une aisance telle que ça semble être dans sa nature.

Et puis il y a l'autre. Celle de la vie courante. Terne mais douce. Toujours triste. Tellement triste. Il y a une mélancolie sourde dans son regard, dans ses gestes, et peut-être transparaît dans sa musique. Elle est timide, discrète, sourit peu, mais son sourire est vrai. Franche à en oublier toute notion de la diplomatie. Là aussi, il y a quelque chose chez elle qui est intemporel. Peut-être son accent irlandais. Peut-être son visage de princesse comme on les imagine. Peut-être aussi sa gestuelle aérienne.

Bien qu'enfermée dans sa mélancolie, Varvana est une personne à laquelle on s'attache. Une personne qu'on fait voeu de protéger. Il y a quelque chose en elle qui est profondément touchant et... Apaisant. Elle sait écouter, mais elle a la parole rare. Avisée, ajustée comme une flèche, mais rare. Elle n'aime pas parler. Oh, elle aime chanter, mais parler... Parler est important.

Dans ses relations, Varvana veille toujours à bien traiter l'autre personne mais il s'agit de sexe, pas d'amour. Elle fuit l'amour, l'attachement, comme la peste. Elle ne veut pas souffrir et encore moins faire souffrir. Il y a de l'égoïsme dans la façon dont elle se contente toujours de sexe. Une nuit. Quelques-unes. Quelques semaines, tout au plus. Quand elle sent que la personne risque de s'attacher, elle se sépare d'elle.

Elle se sent seule. Profondément solitaire. Elle regarde son entourage s'aimer, se marier, et elle reste seule parce qu'elle est terrifiée à l'idée de faire du mal à quelqu'un. Elle reste seule, plongée dans le silence, parce qu'elle n'a pas la force de venir se chercher elle-même. Il faut que quelqu'un vienne. Que quelqu'un la tire de là.

Varvana est neuroatypique. Plus précisément, elle est cataloguée comme HPI (haut potentiel intellectuel), HPE (haut potentiel émotionnel), dépressive et sujette à des angoisses chroniques et sociales - comme si son syndrome de choc post-traumatique ne suffisait pas. Elle est suivie par des psys depuis son enfance, et elle en a trouvé un qui lui va bien.

Elle a du mal à ne pas se disperser. Son esprit au si haut potentiel a un mal fou à se concentrer sur une seule tâche, une seule passion. L'unique constante, c'est la musique. C'est le fil conducteur de sa vie, des feux de camps avec sa famille quand elle était enfant et qu'elle apprenait les merveilles de la culture irlandaise jusqu'aux scènes qui rythment sa vie désormais.

Elle est aussi curieuse, inconstante, impudique, difficile à gérer. Mais elle est gentille, surtout. Profondément gentille et altruiste. Prête et capable de s'effacer totalement pour le bien d'autrui. Vulnérable.

Je voudrais une étoile.
C'est ce que se dit V. aujourd'hui, quand la dépression gagne du terrain. Quelqu'un pour la protéger, des autres et d'elle-même. Parfois, elle a des pensées dangereuses. Nocives. Et elle se souvient, alors, d'un moment où la dépression n'avait pas encore eu de prises sur elle.

Elle est née dans une famille irlando-écossaise établie au Japon, elle a donc la nationalité japonaise. Sa famille est comme un clan dans lequel la tradition irlandaise et écossaise est très forte et ancienne. Dans cette famille, tous les ans au solstice d'été est organisé un grand feu de camp autour duquel on mange de la bonne nourriture en chantant des chansons d'Irlande et en se racontant des légendes d'Écosse. C'est charmant, pittoresque, un bonheur innocent. Enfin, innocent... Pas toujours. Cette ambiance à la fois hors du temps et électrique réveille les passions ; il est courant qu'un couple offre son amour physique à la lune et aux étoiles, sans que cela gêne les autres. Pourquoi auraient-il été gênés ? La pudeur nippone est inexistante chez eux.

Varvana a grandi dans une famille heureuse. Une famille qui a pris soin d'elle. Quand elle a été, à cinq ans à peine, diagnostiquée HPI et HPE par le pédopsychiatre de sa famille, celle-ci a pris soin d'elle. Activités extra-scolaires, écoles aux programmes plus avancés... Tout ce qui pouvait l'aider apparaissait avec facilité dans son existence. Sa famille était immensément riche. Son père travaillait comme avocat fiscaliste et sa mère comme neurochirurgienne dans un hôpital universitaire. Elle avait une main à cent millions de yens par an, elle était terriblement douée. Et son mari n'était pas en reste. S'ils n'étaient pas souvent présent à cause du travail, le reste de la famille s'occupait d'elle et de son frère aîné.

À l'école, elle se donnait à fond. Il lui fallait les meilleures notes, non par compétition mais pour se prouver qu'elle était capable du meilleur. Elle avait ce besoin constant de s'émuler, de se pousser en avant, toujours plus fort, toujours plus loin. Dans ses passe-temps, c'était la même chose. Elle voulait sublimer son art, devenir meilleure. Pas la meilleure, juste meilleure. En tout.

La musique est arrivée dans sa vie très tôt. Plus tôt que toute autre chose. La culture irlandaise et écossaise est très musicale. Dans sa famille, tout le monde chantait. Des chansons de bonheur, de boisson, de nourriture, de magie, de rêve, de sommeil. Des chansons pour la tristesse aussi, la perte de l'amour, les choses qui commencent et celles qui se finissent. Des chansons pour chaque chose du monde.

Varvana chantait pour sa famille, au début. Elle les charmait avec son accent irlandais si prononcé qui rappelait le vieux pays. Elle se sentait aimée, elle faisait partie d'un tout. Elle a fait sa première scène à douze ans. Le succès est arrivé à quinze, quand elle a commencé à composer de bons morceaux avec sa harpe. Elle avait surnommé la harpe Uaithne, harmonie, en hommage au Dieu Druide de la mythologie celte. Elle lui portait bonheur.

Le succès vint. Il fut doux, au début. Quelques disques vendus par-ci, par-là. Quelques scènes. Toujours le bonheur intense d'être auprès de sa famille. Elle connut quelques amours, mais surtout des peines de coeur, et décida de ne plus s'accrocher. Elle avait avec son frère et ses parents la relation que tout le monde rêverait d'avoir. Ses notes aussi étaient idéales. Elle s'entendait à merveille avec ses camarades de classe, neuroatypiques comme elle, souvent au moins HPI.

Elle avait dix-neuf ans quand elle tomba enceinte. Elle prenait la pilule, utilisait des préservatifs, mais les contraceptifs ne sont jamais efficaces à cent pourcents. Il était trop tard pour l'avortement médicamenteux quand elle a vu que ses règles avaient un vrai retard - il arrivait que, malgré la pilule, elle ne les ait pas entre deux plaquettes. Grâce aux relations de ses parents, trouver une clinique où elle pouvait avorter fut facile - le privilège de la richesse.

Lorsque ce fut fait, elle alla dans un bar pour boire. Se détendre. Oublier. Elle avait encore mal - l'avortement n'avait vraiment rien d'une promenade de santé agréable - mais elle avait besoin de ça. Cette soirée à boire un verre de whisky irlandais... Seule. Elle n'avait pas prévu l'homme. Il était saoul. Il la voulait. Elle non. Dans un accès de rage, il lui éclata une bouteille sur l'épaule. Il avait visé le visage, mais elle avait réussi à esquiver, en partie. La douleur explosa et la brûla aussi sûrement que du feu.

Quelque chose s'était détruit en elle ce soir-là. Pendant la convalescence, elle a sombré dans une dépression, le genre étouffant. Elle avait du mal à faire des choses aussi simples que de s'alimenter. Sa famille avait beau être proche, aimante, elle ne comprenait pas. Ses angoisses, son sentiment d'insécurité, les douleurs fantômes. Comment auraient-ils pu comprendre ? Ils étaient en sécurité. L'homme ne revenait pas les voir dans leurs cauchemars. Ils étaient en sécurité.

Elle finit par aller mieux. Petit à petit. La musique l'aidait beaucoup. C'était la seule chose qu'elle savait encore faire avec facilité. Elle apprit à cuisiner et y retrouva de la dextérité avec son bras blessé. La kinésithérapie était rude, même à domicile, mais son médecin était d'accord pour dire qu'avec la cuisine, elle retrouverait plus vite la pleine possession de ses moyens. C'était une activité manuelle grâce à laquelle elle retrouvait petit à petit force et dextérité.

Elle avait vingt et un ans quand sa vie a reçu un coup de fouet. La célébrité. Elle devenait célèbre pour sa musique, pour la magie qui s'opérait sur scène quand elle chantait. La seule chose qui l'a empêchée de devenir célèbres à l'internationale, ce fut un choix. Elle refuse de quitter le Japon, et plus précisément l'île d'Hoshikami.

La raison ? Les étoiles. Elle sait. Depuis que son frère a été trouvé par la sienne, elle connaît la nature de ce lien et les rumeurs sont à ses yeux devenues réalité. Elle refuse de quitter l'île parce qu'elle a besoin d'une chose pareille. Parce qu'elle a besoin qu'on la protège. Elle le sait. Elle est trop faible pour le faire seule.