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| Vestiges du passé [PV : Noroi] | |
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| Sujet: Vestiges du passé [PV : Noroi] Mer 13 Jan - 19:27 | |
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L'écho des pierres froides menant au temple résonne sous mes pieds. Un écho seul, isolé, et rare, qui ne connaît que le froissement des feuilles d'érable, et le pépiement lointain de quelques oiseaux. Un écho qui ne connaît pas les cris de vie et de joie qui résonnent dans le parc plein d'enfants. Un écho auquel personne ne fait vraiment attention, né de pierres pourtant là depuis de longues années. Un écho oublié, et qui pourtant retentit à mes oreilles comme apaisant. J'aime venir ici.
Le vent souffle dans mon dos, comme pour me pousser vers le temple d'Hoshikami. Un lieu en hauteur, dont je connais par coeur le chemin pour régulièrement le gravir. Je suis seul. Je sais qu'ici je serai seul. Ma canne d'aveugle que j'utilise peu souvent frappe les pierres sur le chemin devant moi. Créant cet écho que j'aime tant. J'avance. Pas à pas, mon gilet de laine sur mes épaules me protégeant de la brise fraîche qui fait frémir les arbres. Je respire fort, appréciant le parfum rassurant des lieux anciens et vides. J'aime ce temple. C'est ici que je viens lorsque me concentrer sur le travail ne suffit plus à calmer mes émotions. Lorsque mes souvenirs débordent sans que j'arrive à les arrêter. Lorsque je ne me sens pas bien. Plusieurs fois j'ai contourné le bâtiment traditionnel, appréciant la texture des pierres sous mes doigts, le chuchotement de la source et du ruisseau qui en sort. Peut-être n'a-t-on pas une très belle vue sur Hoshikami, ce qui expliquerait pourquoi si peu de gens viennent ici. Je m'en fiche. L'ambiance si particulière et apaisante de cet endroit me suffit
Délicatement, je pars à la recherche d'un banc pour m'asseoir, face au temple. Que diraient mes employés et mes partenaires s'ils me voyaient ainsi ? Un aveugle et sa canne, isolé, ayant chassé le sourire éternel et amusé qui flotte sur ses lèvres. Aujourd'hui je n'ai pas envie d'être "monsieur parfait". Je ne peux pas l'être. Et silencieusement, avec mes yeux impassibles, je crie au monde toute lassitude et ma faiblesse. Ce moment est de ceux où je me demande pourquoi ne pas disparaître. Et mon ventre se bloque en ne trouvant aucune réponse.
Face à ce temple perdu et oublié, je me remémore sa disparition à elle. Ma petite soeur. Je me rappelle combien ma joie de vivre a disparue à cet instant. Aujourd'hui, je n'ai même pas la force d'être en colère contre ce qui c'est passé, cette force qui m'anime chaque jour pour me pousser à vivre. Aujourd'hui fait partie de ces jours où la tristesse et le désespoir prennent le dessus sur la raison. Aujourd'hui, maintenant, je sais que si je disparaissais de la même façon, personne ne s'en soucierai vraiment.
Mes doigts se glissent dans mon sac pour en sortir un thermos de thé vert, et une petite tasse. La vapeur qui s'échappe de la boisson encore brûlante remonte contre mon visage, et me brûle légèrement les joues. Je rempli la tasse, referme le thermos, et le range. Le thé est acre, non sucré, et sa chaleur crée de petites gouttes sur mes cils. Je me sens comme le temple. Respecté et fort, mais délaissé. Je me sens comme le thé. Aimé par peu de gens, amer, repoussant lui-même le peu de compagnie qu'il pourrait avoir. Et je laisse le vent et les bruissement des feuilles faire leur oeuvre, espérant qu'ils pourront emporter un peu de la peine qui m'habite.
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| | | | Sujet: Re: Vestiges du passé [PV : Noroi] Lun 18 Jan - 1:50 | |
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Jamais il n'aurait cru trouver un endroit tel que celui-ci dans cette ville grouillante de monde, de bruit et de technologie qui le dépasse. Jamais il n'aurait pensé pouvoir atteindre un lieu aussi calme, paisible, où seul le son du vent et de la nature se fait entendre. Jamais il n'aurait cru voir au jour d'aujourd'hui un temple datant d'une époque lointaine, plus proche de la sienne que du présent. Et pourtant, ce temple, cette verdure, ce petit coin de paix devint le théâtre de son repos et des moments où il laisse libre court à ses émotions. Ici, il n'a pas besoin de se cacher, de se camoufler des autres, de mettre hors de vue son apparence, son véritable lui. Ici, il peut pleurer, il peut crier, il peut rire, d'un souvenir, d'une anecdote trop lointaine pour que quiconque comprenne. En ces lieux, trouvaille inespérée, il peut être lui-même, évitant de se perdre de vue. C'était un luxe qu'il pensait ne plus pouvoir s'offrir, s'étant destiner à la sortie de l'hôpital à ne devenir qu'un fou attendant une mort prochaine qu'il se serait donné lui même. Et quand bien même l'idée lui reste ne tête, ne quittant pas son esprit, le fait de pouvoir respirer la brise fraîche et sereine lui permet de survivre un peu plus longtemps, repoussant la folie, la colère, son sentiment d'injustice et son mal être.
Fendant l'air d'un coup sec et maîtrisé, sa respiration se coupe un moment avant qu'une expiration se fasse entendre, franche, chaude, apparaissant comme un petit nuage blanc sortant d'entre ses lèvres face au froid mordant qui l'entoure. Son torse trahit un souffle désordonné, haché, alors que l'effort est constant et demandeur d'énergie. Pourtant, il n'abandonne pas, reprenant ses exercices, reprenant ses mouvements avec forces mais manquant néanmoins d'une fluidité qu'il possédait il fut un temps. Il en avait besoin, pour se dépenser, pour penser à autre chose, pour libérer sa tête et fatiguer son corps, un corps abîmé qu'il ne parvint pas à endormir suffisamment, l'insomnie ne cessant jamais de le guetter. À l'arrière de ce temple respirant tranquillité et sagesse, Noroi expulsait colère et tristesse. N'importe qui l'observant en cet instant n'oserait pas le déranger tant il semble concentré, sérieux et profondément concerné par son manque de puissance et de force d'esprit. En ce moment même, il se livre un combat contre lui même. Et durant des heures, il ne cessera pas cet exercice, souffrant et pourtant se libérant peu à peu d'un poids trop lourds pour ses épaules.
L'instant d'après, tout s'arrête, le temps semble en suspension l'espace d'une seconde avant que son corps ne se laisse tomber sur l'herbe gelée et humide. Les bras étendues de chaque coté de lui, ses doigts bandés touche l'herbe avec inattention, son regard rougeâtre et mi-clos levé vers le ciel voilé de nuage clair. Sa respiration se calme pour se faire plus silencieuse et modéré, l'air froid ayant refroidit ses poumons de manière agressive mais au combien plaisante, pour ce ronin voulant tout oublier. Le contact de l'humidité fraîche contre son dos recouvert de bandage lui fait beaucoup de bien, son corps ayant surchauffé face à cet exercice imposé. Il n'allait pas devoir trop tardé. Il allait devoir rentrer dans cette demeure qui n'est pas la sienne, près de son seul ami qui n'en est peut être pas vraiment un pour reprendre un semblant de routine qu'il s'efforce d'avoir, pour établir un équilibre, pour aller mieux, ou du moins, croire que c'est possible.
Se relever lui demande plus d'efforts qu'il n'aurait cru, ses membres endoloris et tremblotant sous la demande, tendu et contracté, comme sur le point de lâcher. Noroi ne se souvient que trop bien la dernière fois qu'il a ressentit cela. Durant les guerres, alors qu'il luttait pour sa vie et celles de ses compagnons, poussant son corps en dehors de ses limites, toujours plus fort, toujours plus loin. Étrangement, il appréciait retrouver cette sensation, se disant qu'au moins cette partie de lui faisant de sa personne un être humain, à l'apparence de monstre, certes, mais humain quand même. Époussetant son pantalon souple et noir de toute brindille d'herbe ou trace de boue, il enfile de nouveau son sweet épais et confortable, seul vêtement que sa peau recouvert de bandage supporte.
L'ancien guerrier observe ses mains aux bandages passablement défaits et mouillé, la peau brunie par les cicatrices font remonter en lui un élan de dégoût. Serrant les poings, il tente de contrôler les tremblements de son corps, légers mais bien présent, incontrôlable et nerveux. D'un pas enragé, il contourne le temple qu'il ne veut pas souiller un peu plus de sa colère naissance, lui qui n'arrive plus à contrôler ses émotions trop vivaces, impulsives et dévastatrices. Pourquoi, pourquoi est ce qu'à chaque fois qu'il se regarde, à chaque fois qu'il voit un bout ne serais ce qu'infime de sa personne, il ne peut s'empêcher de repenser à ses erreurs ? Le destin semblait vouloir lui faire payer ses crimes et son manque d'intelligence passé, son manque de jugeote, son manque de courage. Serrant les dents, dans le maigre espoir de pouvoir se calmer avant d'être rentré, il contourne la bâtisse noble et âgée, l'odeur de bois usée et de mousse humide ne suffisant plus à l'apaiser.
Un arrêt, une surprise, le souffle qui se coupe, des yeux qui s'ouvre un peu plus grand, de surprise, d'autre chose, puis la vie reprend son court, le piaillement des oiseaux lui revient, celui des arbres fouettés par le vent aussi. Tout s'évapore, tout se vide alors qu'une vision le perturbe. Une vision qu'il n'aurait pas pensée avoir, une personne, une scène à laquelle il n'aurait pas cru assisté. Rien d'extraordinaire de prime abords, un homme, profitant des lieux, un homme, seul et semblant serein, un homme avec ce qui semble être une boisson chaud en main, un homme au regard perdu dans le vide. Il ne pensait pas croiser quelqu'un ici, n'ayant jamais vu âme qui vive aux alentours. Et pourtant … ce tableau, à quelques mètres de lui, alors que le bruit de l'eau lui parvient, alors que l'air fait virevolter quelques mèches de leurs cheveux, il lui paraît bien pus apaisant que tout ce qu'il s'impose depuis tout ce temps.
L'homme fait un pas, puis un deuxième, se rapprochant avec douceur et sans grand bruit de l'inconnu sans oser se faire remarquer malgré me frottement de ses bandages et le bruissement de ses pas sur la pelouse sauvage. L'a t-il vu ? Entendu ? Il n'en savait rien. En diminuant la distance, il s'aperçut de sa tristesse, de sa mélancolie, de sa beauté gracieuse, de ses gestes précis et de se regard pâle, si pâle. C'était à la fois séduisant et perturbant. Il ne fallait pas mélanger son attirance avec quelques choses de véritablement physique, non, c'était autre chose, une attirance spirituel, comme si … comme s'il pouvait à lui seul rendre son âme un peu moins douloureuse. Peut être est-ce la fatigue aussi bien physique qu'émotionnelle qui lui joue des tours. Mais il n'y pouvait rien, c'était plus fort que lui. Que pouvait il bien faire face à quelqu'un qui semblait si différent de lui et à la fois si ressemblant, comme si leur tristesse résonnait de la même manière. Ils semblaient tout deux être ici pour les mêmes raisons, mais n'agissant pas de la même façon.
Planté là, ne pensant même pas à cacher la monstruosité de son apparence, il hésite entre rester ici et partir. À quoi cela lui servira t-il de tenir compagnie à un parfait inconnu ? Sûrement à rien … Mais que perdait il à essayer d'établir un contact ? Rien non plus. Peut être l'autre aurait il peur de lui, comme beaucoup, ou peut être qu'il aura la même réaction que Genkishi, son ami, ou encore Ai, cette petite humain, surprise puis … dépassement de tout pour partir sur un dialogue. Noroi ne pouvait empêcher son cœur de se gonfler d'espoir, tout comme il ne pouvait s'empêcher d'étouffer aussitôt cet espoir avant même qu'il ne naisse. Alors enfin, il git, ne se voyant pas attendre plus longtemps, plus inquiet qu'il ne veut bien le croire pour autrui, son humanité ne s'étant finalement pas évaporer dans les limbes de ses souvenirs. Ouvrant ses lèvres, c'est sa voix rauque et éraillée, toute aussi abîmée que le reste de sa personne qui brise le silence, des mots glissant avec douceur jusqu'aux oreilles de l'autre visiteur alors qu'une douce odeur de thé chaud flottait dans l'air.
- La tranquillité de ce lieu est irréel n'est ce pas ?
Tout comme leur présence, tout comme ce calme, tout comme sa propre histoire. Qu'en était il de cette personne aussi perturbée que lui ? Qu'en était il ? Que pensait il ? Et à lui, Noroi, qu'est ce que ça pouvait bien lui faire de savoir tout ça ? Qu'était il donc entrain de faire ...
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| | | | Sujet: Re: Vestiges du passé [PV : Noroi] Jeu 21 Jan - 19:39 | |
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La vie ici s’apaise, retrouve un rythme doux et tendre qui n’est pas dicté par les agglomérations humaines. Je n’arrive à savoir si ce lieu est en totale contradiction avec la ville d’Hoshikami qui l’entoure et qui risque de le dévorer au détour du temps, ou s’il fait complètement partie de la cité, en apaisant les flux les plus violents et lui permettant de subsister. Qui encore vient ici ? Quelques visiteurs curieux, et des animaux en manque d'une nature qui se rarifie. Le vent aussi caresse cet endroit avec douceur, comme pour lui signifier qu'il n'est pas oublié. La vapeur qui s’élève de ma tasse de thé s’élève vers le ciel, dans un parfum amer et subtil, rejoignant les courants d’air qui font vibrer les arbres. Délicatement, je porte mes lèvres à la boisson qui réchauffe mes mains. Le froid déjà glace l’atmosphère, vivifiant l’air qui m’entoure, emplissant mes poumons avec pureté. Et je laisse mes songes et mes pensées défiler dans ma tête, comme de mauvais souvenirs auxquels il faut dire au revoir pour s’en débarrasser. La peine de l’avoir perdue. Le stress du travail. Les responsabilités qui pèsent sur mes épaules. Ces histoires d’étoiles et de crépusculaires qui chaque jour m’inquiètent. Et ce sentiment de solitude si présent aujourd’hui. Ce sentiment que cet endroit doit ressentir chaque jour en se sachant si déserté.
Te sens tu seul, temple ? Toi dont les pas des passants désertent toujours un peu plus le chemin ? Toi qui veille en haut de cette colline sur une ville qui t'ignore ? Ressens-tu quotidiennement la peur d'être oublié, d'être remplacé par d'autres lieux plus modernes et brillants ? Je sens ton souffle dans mes cheveux, ta respiration qui ploie sous mes pieds, et tes veines ruisselant avec tranquillité à mes côtés. As-tu peur, petit temple, d'être dépassé par le temps qui passe ? Te sens-tu perdu dans un monde nouveau dont tu ignores les rouages et les usages de ceux qui l’habitent…?
Mes doigts caressent le banc de pierre, tendrement, comme pour rassurer le lieu qui m’abrite et me réconforte si souvent. Elle est lisse, dure et douce sous mes doigts. Les angles arrondis qui le confectionnent rendent ce siège encore plus accueillant. Et en s’aventurant de façon plus lointaine vers le bord du banc dont j’essaie d’estimer la taille, je me rappelle qu’il n’est pas fait pour une seule personne, me revoyant brutalement à la solitude qui m’a menée ici. Emi aurait rêvé s’installer ici avec moi, et me décrire tout ce qu’elle voyait. Mes doigts serrent légèrement la tasse qu’ils tiennent. J’aurai du prendre du sucre pour le thé si elle avait été là. Et j’aurai passé du temps à vérifier que son manteau l’aurait bien protégée du froid ou d’un rhume. Un sourire. J’aime penser à elle, tout autant que cela me fait mal. Un brillant souvenir, encerclé d’ombres amères qui m’assassinent et me font vivre chaque jour. Et mon cœur qui se déchire un peu plus au milieu de l’air pur de cette colline sacrée. « Tuée par une étoile ». La formule serait presque poétique, si elle n’était si enracinée dans la réalité. Toi aussi, mon beau temple, as-tu souffert de l’arrivée des étoiles ? Celles qui doublent la population, et pour lesquelles il faut raser de plus en plus de bâtiments pour pouvoir les loger ? Pour pouvoir les nourrir ? Si tu es encore là, quand ton air pur sera-t-il souillé par la fabrication de nouvelles usines qui seront nécessaires à pourvoir à la vie de tout ce monde ? Ce n’est pas la faute des étoiles bien sur. Elles n’ont rien demandé, et c’est terriblement violent de la part du crépuscule de les attaquer. Mais celle de cette fillette dans le ciel qui s’amuse avec le destin des hommes. Pour qui est-ce qu’elle se prends ? Une nouvelle gorgée, très amère à cette pensée, imaginant le visage de celle qui s’amuse à détruire tant de vies. De celle qui a commandité les meurtres, les chantages, les pressions liées à ce lien maudit. De celle qui, confortablement assise dans ses nuages, a tué ma petite sœur. Avec des colloques, avec des interventions, en rassemblant le plus de gens possible pour protester contre ce lien, pourrions-nous attirer l’attention de l’étoile divine ? Sans violence ? Mon cœur se serre en se rendant compte d’à quel point ce but est loin de moi.
Je me reprends, ma gorge héberge une nouvelle gorgée du breuvage chaud et délicat, laissant dériver mes mauvaises pensées vers le ciel, enlacées de vapeur. Je respire, fort, comme si l’air cristallin de ce temple pouvait à lui seul guérir mon esprit de ses peurs et ses angoisses, de ses souvenirs qui me rendent dingue. Et, comme en transe, j’entends le son des oiseaux et du ruisseau se mêler avec harmonie au cœur de ma tête. Je sens le monde immobile autour de moi, animé par quelques mouvements subtils d’une nature accueillante et raffinée. Et peu à peu, c’est comme si mon cœur s’apaisait. Mon corps se relâche, plus détendu, à la mélodie des brins d’herbes qui valsent au rythme de l’air. Et je… - La tranquillité de ce lieu est irréelle n'est ce pas ? …sursaute, légèrement, tournant vers l’inconnu mon visage rosi par le froid et la vapeur du thé vert. Sa voix est froide, rauque, comme celle d’un homme mûr qui ne se serait pas exprimé pendant longtemps. Il m’a surpris. Comment s’est-il approché si discrètement dans ce temple où tout n’est que silence et délicatesse ? Etait-ce moi, bien trop perdu dans mes pensées pour être attentif ? Était-ce lui, particulièrement agile et léger à la manière des ronins qui foulaient ce sol des années auparavant ? - On dit qu’avant il était vénéré pour sa capacité à calmer les cœurs. Même le torrent si tumultueux en amont semble s’apaiser à son passage ici. Son japonais semble légèrement ancien, soutenu. Les tournures de phrases sont celles utilisées en littérature ancienne, que j’ai tant étudiée avec mes professeurs. Alors j’ai répondu sur le même ton. Après tout, dans ce lieu ancien, ce niveau de langage sonne comme une mélodie qui se mêle avec naturel à la subtilité de notre environnement. Et un léger sourire habille mes yeux pâles. - Asseyez-vous, je vous en prie. Souhaitez-vous du thé ? Je n’ai pas besoin de lui demander son nom. Ni qui il est. Cet immense banc vide va enfin accueillir plus de personnes qu’il n’y en a eu depuis de longues années. Et sans que je puisse l’expliquer, ça me réchauffe le cœur de nous sentir tous les deux respectueux de ce lieu, tous les deux partageants un même sentiment, une même émotion sans même nous connaître. De sentir que ce temple ne sera plus seul et oublié.
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| | | | Sujet: Re: Vestiges du passé [PV : Noroi] Lun 22 Fév - 21:23 | |
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Une invitation simple et légère. Un soulagement palpable flottant dans l’air frais, les entourant. Il le ressent, ne le rêve pas, l’inconnu semble l’accepter, quand bien même ils ne se connaissent pas, quand bien même il pourrait lui-même être dangereux. Cette pensée ne traverse apparemment pas l’esprit de l’homme, seul, sur son banc, accueillant sa présence comme un bien fait qu’il n’attendait même plus. Son visage rosit par le froid est comme un vent de fraîcheur, plus doux que celui qui les entoure, plus cotonneux, plus accessible, plus adorable et apaisant. Alors il s’approche, avec toujours cette même discrétion et une certaine lenteur, étudiant celui qu’il est venu dérangé, étudiant son offre, cherchant la petite bête là où il n’y en a pas, sans en trouver bien évidemment. Le monde a changé, il serait temps qu’il s’en rende compte et l’accepte, car là où il voit complots et défis, il n’y a plus que vie et calme. L’ancien ronin finit par s’asseoir avec douceur sur le banc froid et inconfortable, mais il n’a cure de ses détails, étendant ses jambes, talons contre l’herbe, de manière décontractée, ni trop loin ni trop proche de son interlocuteur, assez pour qu’il puisse sentir sa présence et trop peu pour sentir sa chaleur. Ses deux mains se posent derrière lui, au bord du banc et son regard se lève vers le ciel, clair et à peine parsemé de nuage blanc, tel du coton voguant dans l’air. Tout était si calme ici. La nature, les cieux, la terre, l’homme.
- C’est gentil à vous de me le proposer, cependant je me permets de refuser.
Dit-il avec légèreté, un refus plus doux que sec, un sourire perceptible dans la voix, dans ce ton et ces paroles. Son souffle crée un petit nuage blanc juste devant ses lèvres, le contact du chaud avec le froid ayant décidément d’étrange effet. Il réfléchit alors à ce qu’il a bien pu lui dire quelques instants avants, entendant ledit torrent, son tumulte et son apaisement. Comprenant que ce temple avait eu son moment de gloire, aujourd’hui terminé, comprenant finalement la tristesse du lieu désolé et oublié. Un peu comme lui, un peu comme eux, à en croire l’expression qu’il avait vu sur le visage du brunet avant de l’interrompre dans son moment de réflexion. Il fut un temps où Noroi aurait pu dire, de but en blanc « Laisse-moi apaiser cette peine qui règne dans ton cœur » comme il avait pu maintes fois le dire à Shana … Mais aujourd’hui, il ne se sentait plus vraiment capable d’aider qui que ce soit et il trouvait ça à la fois dommage et désespérant. Sauver la veuve et l’orphelin, rendre les gens heureux, c’était son but autrefois, créer un monde meilleur. Et aujourd’hui encore, alors qu’il observe l’homme à ses côtés, il se dit qu’il aimerait pouvoir alléger le poids qui peut peser sur les épaules de beaucoup d’homme et de femme. Mais la réalité était toute autre, loin des souhaits et des rêves, s’occupant plus de les briser que de les réaliser.
- Vous a-t-on déjà décrit l’apparence de ces lieux ? Pour ma part, je dirais que c’est un mélange entre désolation et beauté. Un abandon qui permet à la nature de reprendre ces droits. Comme si la solitude n’avait servi qu’à l’embellir. Ce qui peut se trouver ironique lorsque l’on pense que tout ceci n’est que création de notre espèce.
« Comme si le fait de déserter cet endroit ne lui avait fait que trop de bien. » voulut il rajouter sans l’oser. Il ne voulait pas le mettre mal à l’aise avec ses mauvaises pensées. Déjà qu’il avait évoqué la cécité de son ami du jour sans même le prévenir. Rien ne pouvait vraiment lui échapper. Ce manque de lueur dans son regard, ces yeux qui observe un point sans vraiment le voir, un regard qui ne se pose jamais vraiment sur sois comme s’il ne savait pas où observer. Pourtant, il ne l’accule pas, bien au contraire, tout est normal pour lui, rien n’est ennuyant, il parle des choses comme elles viennent, il dit les choses sans faire de détour, et sans pour autant être inconvenant. L’habitude de la parole face aux seigneurs peut être ? Qui sait. Et il devait bien se l’avouer … Alors qu’il se rendait compte de cet handicap, un élan de soulagement l’avait envahi, bien plus fort que celui qu’il avait ressenti tout deux à l’écho de ce sentiment de solitude qu’il partage.
- Venez-vous souvent ici ? Je ne vous ai jamais vu … Pourtant je viens plusieurs fois dans la semaine, lorsque, comme aujourd’hui, le tumulte qui m’agite se fait trop fort.
Un simple soupire termine cette phrase, dite avec mélancolie et calme, trop calme. Il ferme les yeux, profitant de l’odeur que dégage cet endroit, un mélange de mousse, d’herbe fraîche et d’humidité, sans compter la fraîcheur de l’hiver qui vient délicieusement glacer le tout. C'est avec un certain bonheur qu'il accueille cette brise glaciale sur son corps encore bouillonnant de l'exercice effectué, le vent faisant doucement ondulé les bandages défait, venant presque caresser du bout de quelques filaments blancs l'homme à ses cotés.
- H.S.:
Je te présente à nouveau mes excuses pour cette absence et ce long temps de réponse. J'espère que ce post te plaira malgré qu'il soit un peu court. Je signe ainsi mon retour, heureux de revenir parmi vous et impatient de voir la suite de notre rp et de nos échanges !
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| | | | Sujet: Re: Vestiges du passé [PV : Noroi] Dim 27 Mar - 18:23 | |
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Les rares roseaux autour de nous sifflent délicatement, en s'inclinant sous la brise du soir, vent léger aux notes végétales, bruissant dans tous les arbres alentours. Le ruisseau accompagne avec tranquillité notre rencontre, chemin serpentant aux roches centenaires accueillant avec honneur l'eau de la source en amont. J'entend la chanson des herbes qui bougent au rythme de la vie, et son pas qui s'approche avec lenteur, avec méfiance, comme celui d'un animal pendant longtemps ignoré des hommes. Mais il n'y a ni sauvagerie, ni agressivité qui émane de son être, seulement une prudence instinctive, que je m'efforce d'essayer d'apaiser avec un sourire. Et il s'assieds à mes côtés. J'entend son corps pesant, son coeur pesant, se poser contre la pierre, sa respiration discrète et le bruissement de ses habits. Sans m'appesantir sur son refus, je range avec délicatesse le thermos de thé, et sirote tranquillement ma tasse qui donne à l'air ce parfum délicatement vert et pur.
- Vous a-t-on déjà décrit l’apparence de ces lieux ? Pour ma part, je dirais que c’est un mélange entre désolation et beauté. Un abandon qui permet à la nature de reprendre ces droits. Comme si la solitude n’avait servi qu’à l’embellir. Ce qui peut se trouver ironique lorsque l’on pense que tout ceci n’est que création de notre espèce.
Un rayonnement de surprise accroche mes lèvres en un sourire, ravi de cette description où la vue n'a pas lieu d'être. Et je me surprend à imaginer ce temple dans mon esprit, à le parcourir en rêve, rajoutant quelques plantes sauvages qui ont poussé contre la pierre dure et fraiche. Certains murs s'écroulent-ils déjà, faisant de ce lieu de prière une ruine victime de l'érosion de la roche ? Et je sens que lui, comme ce temple, s'est trouvé dévoré par l'érosion. Sa voix seule me rappelle le maladroit gémissement d'un chaut qui aurait oublié comment miauler à cause du temps. Il parle encore, et je ferme quelques instants les yeux pour me concentrer sur ses paroles et son timbre apaisant. Sans savoir vraiment pourquoi, je ne peux qu'exprimer de la confiance à son encontre, et ressentir à sa présence l'apaisant chant du temple oublié. Moi aussi cela m'étonne de ne jamais l'avoir encore rencontré.
- S'il vous plaît, laissez ce thé apaiser ce tumulte qui règne dans votre coeur. Il est fait de plantes qui calment l'esprit et le corps.
Délicatement, mes doigts tendent la tasse en sa direction, avec attention pour ne pas la renverser sur lui. C'est Kiku qui m'a conseillé l'utilisation de ces plantes, suite à sa dernière visite médicale. Surmenage. À défaut de pouvoir m'empêcher de travailler, il a eu le bon goût de me proposer un breuvage agréable pour me reposer.
- Je viens en effet ici assez régulièrement. Cela m'étonne et me déçoit de ne vous avoir connu plus tôt, car il est rare de croiser des personnes maîtrisant le japonais ancien avec autant de talent, et décrivant un lieu à un aveugle, autrement qu'avec des couleurs et des mots que je ne puis comprendre.
Et au rythme des mots qui passent et de l'air qui se rafraichit, je sens le soleil commencer à décliner. Les lumières de la ville, alimentées par la Drake Industry ne tarderont pas à devenir des ampoules chaudes et crépitantes. Entouré par la présence apaisante de cet homme, je ne peux que profiter de ce moment, où la nature se prépare à vivre pendant le sommeil des humains.
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| | | | Sujet: Re: Vestiges du passé [PV : Noroi] Mer 25 Mai - 13:41 | |
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La brise fraîche et légère vient doucement le rappeler à l’ordre, chassant de son esprit souvenirs difficiles et cruels, chassant les ténèbres habitant son esprit et tentant de balayer le torrent de mal être qui parcourt sans cesse son corps. Son attention détournée, de nouveau dans la réalité, son regard rougeâtre ne peut qu’observer l’homme bienveillant qui se trouve à ses côtés. Il ne peut qu’observer ce sourire qu’il ne pensait pas voir sur son visage délicat. Un sourire qu’il a lui-même provoqué sans savoir comment ni pourquoi, un sourire qui bizarrement le perturbe car il apaise peut être un peu la douleur survenue en lui. Ce petit vent, incontrôlable, libre et impétueux s’immisce entre eux, jouant avec eux, avec leur corps et ce qu’il touche. Les cheveux de l’inconnu se soulève légèrement en une danse douce et intrigante, caressant le visage pâle de celui-ci. Le vent s’amuse, le rafraîchis et fait frémit l’être du passé, l’homme qui semble ne pouvoir décrocher son regard un seul instant de son interlocuteur, comme si cette brise s’était évertuée à le séduire et à lui montrer la voix, comme si ce souffle de vent matérialisait un souffle de vie, guidé par cet aveugle bienveillant.
Il lui tend une tasse fumante, comme pour signer un acte de paix, comme pour signer une promesse, une bonne entente, comme s’il le guidait vers la voix d’une réconciliation qu’il avait lui-même perdue. Pouvait-il lui dire que rien ni personne n’arriverait à calmer le mal qui le ronge ? Pouvait-il lui avouer qu’il avait tout essayé mais que rien n’avait pu être efficace ? Non. Parce que finalement, il n’avait pas envie de rabrouer une seconde fois celui qui faisait preuve d’une gentillesse sans commune mesure. Il accepta alors la tasse sans rien dire d’autre que des remerciements simples, d’une voix qui semble sûre mais toujours autant écorchée. D’un geste lent, le bout de ses doigts attrape le récipient effleurant d’un même mouvement de ses bandes les doigts nus de l’inconnu. Noroi se retient, du mieux qu’il peut, pour ne pas sursauter, pour ne pas effectuer un mouvement de recul, pour ne pas tout renverser, pour ne pas paraitre suspect et curieux. Les contacts humains ne sont plus son fort, il les évite au risque de se créer une situation d’inconfort aussi bien pour lui que pour l’autre. Trop sensible de son coté, et répugnant pour l’autre. Il ne préfère pas s’attarder et porte le thé à ses lèvres, soufflant doucement sur le liquide qui réchauffe ses mains avant d’en prendre une gorgée qui lui fait beaucoup de bien malgré ce qu’il pouvait penser.
Les paroles du généreux attirent alors son attention et il étire un mince sourire, lâchant même un très léger rire rauque à ses dires. Quelle ironie. On ne lui avait encore jamais dis que l’on trouvait dommage de ne pas l’avoir croisé plus tôt depuis qu’il était dans le futur, surement parce que l’homme avait la chance de ne pas le voir. Puis … Cette remarque sur sa manière de parler, était-ci si spéciale et remarquable que ça ? Il ne faisait pas attention, il parlait comme il en avait toujours eu l’habitude, ne se souciant pas de savoir si cela était étrange ou non. Il comprend alors pourquoi il avait souri un peu plus tôt. Ses mots et sa description lui avait plu alors qu’il n’avait même pas eu conscience de décrire les lieux comme il le fallait auprès de quelqu’un étant atteint de cécité. Encore une fois, il avait agi comme il avait toujours agi, parler comme auparavant. Sûrement avait-il une sensibilité que d’autre avait perdu avec le temps, peut-être avait-il ce respect que les personnes de ce temps n’avaient plus. Il n’en savait rien et se fichait un peu de savoir si c’était le cas ou non.
- Heureux de savoir que cela vous a plu. J’ai parlé, pour être honnête, sans vraiment réfléchir, comme si c’était évident. J’ai remarqué que beaucoup de personnes de cette époque ne savent pas voire autrement que de manière superficielle.
Il hausse alors simplement les épaules, prenant une autre gorgée de thé et poussant alors un petit soupir de satisfaction tandis que la boisson parfumée parcourt sa langue et sa gorge, réchauffant son corps de l’intérieur. L’aveugle n’avait pas eu tort, cette boisson lui fait le plus grand bien.
« Il y a quelque chose que j’adore chez toi. Cette capacité que tu as de profiter de chaque instant, du moment présent quand bien même il soit simple et minime. Cette capacité d’aimer simplement prendre une tasse de thé seul ou en compagnie de gens que tu aimes, profiter de la chaleur que la boisson dégage ainsi que son odeur, la légèreté et l’ambiance chaque fois différente en fonction de la personne qui t’accompagne. J’aime vraiment cette partie de toi, si simple et réconfortante. Tu es définitivement la bouffée d’air frais qui me fallait. »
Ce n’était pas totalement vrai. Les mots de Shana résonnent souvent en lui quand des souvenirs refont surface. Elle faisait partie des personnes qui ne voit que le bien que renferme les gens en eux. Le jour où elle lui avait dit cela, il n’avait rien rétorqué d’autre qu’un baiser chaud. Et pourtant, il aurait aimé lui dire combien elle se trompait. S’en était-elle rendu compte un jour ? A cause de cette promesse qui lui avait faite peut-être. Elle qui déclarait qu’il était un homme simple s’était retrouvée embarquer dans le rêve fou de cet homme rêveur. En y repensant, Noroi ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle n’avait finalement pas si tort que cela. Il était surement les deux à la fois, capable d’apprécier la simplicité mais capable de complexité. Mais …. Comment quelqu’un pouvait il tant changé en si peu de temps ? Sa vie lui avait forgé un caractère et une personnalité qu’il avait à présent perdue. Il s’était égaré entre sa colère et sa tristesse, tant concentré sur son malheur qu’il n’était plus capable de voir ce qui s’offrait à lui. Il avait été si profondément marqué qu’il en avait oublié tout le reste. Et pourtant, en cet instant, il profitait juste d’un moment de calme, d’un moment de paix. D’une paix qui lui est encore inconnue, ayant toujours été plongé dans la tragédie de la guerre et dans la bataille que son cœur subit chaque instant depuis son grand réveil. Cette constatation ramena un sourire sur son visage, un peu plus large cette fois-ci, un sourire qui s’entend légèrement dans sa voix.
- Peut-être aurons-nous l’occasion de se revoir bientôt, qui sait.
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