Que s'éternisent les rêves, dans ma réalité. | Noa

Noa mesure un mètre soixante-sept, ce qui la place dans la moyenne japonaise, et sa silhouette en sablier accuse quelques kilos supplémentaires dont elle s’accommode sans problème, au vu de ses formes et son appétit tonitruant. La française se détache surtout de la masse par son teint hâlé que le mauvais temps semble incapable de ternir. Sa peau dorée est arborée avec beaucoup de fierté et qu’importe si elle ne correspond pas au canon de beauté local, tant qu’elle demeure empreinte de cette morsure ensoleillée.

La jeune femme possède en outre une chevelure très épaisse d’un noir profond, dont les pointes peinent à atteindre le bas de ses omoplates. Noa se contente généralement d’un brossage soigneux et réserve les coiffures plus élaborées aux occasions spéciales. Une frange éparse épouse son front et relève l’ovale de son visage, éclairé par deux immenses puits azurs. Ses yeux sont véritablement le reflet de son âme ; ils trahissent chacune de ses pensées, ses joies, ses peines, comme si son pouvoir ne la rendait pas suffisamment vulnérable sur ce plan-là. Lorsqu’elle prend la peine de les cerner de khôl, son regard se transforme et passe de brise rafraîchissante à brasier incandescent.

Ses lèvres sont pleines, avides, et elle est bien avisée de ne pas les colorer sans quoi elles deviendraient indécentes. Noa est finalement assez sobre et elle se maquille peu, ce qui lui va comme un gant. Elle apprécie les bijoux, aussi discrets soient-ils, qui boostent sa confiance en elle. La belle ne porte aucun tatouage ou piercing singulier mais compte en revanche quelques grains de beauté judicieusement disséminés çà et là : sur sa clavicule, son avant-bras, sa nuque, mais également ses hanches ou l’intérieur de sa cuisse droite…

Son style vestimentaire a beaucoup évolué au fil des années et il s’est désormais arrêté sur des pièces près du corps, confortables et couvrantes. Noa affectionne particulièrement le noir, comme en atteste sa garde-robe, ainsi que les talons qui tendent à l’élancer et lui offrent une démarche plus féline.

Nom du pouvoir — Sentiments
Description du pouvoir — Comme l'évoque son nom, ce pouvoir est en rapport avec les émotions de Noa. En effet, son corps s'adapte à ce qu'elle ressent et avec un peu de pratique, elle a pu déterminer les points suivants :

• La colère la rend brûlante, à tel point qu'il devient impossible de la toucher sans être blessé.
  
• La tristesse la rend très molle, un peu élastique, la texture se rapprochant du caoutchouc. Celui-ci s'avère être particulièrement handicapant car elle perd tout contrôle et ne peut effectuer aucune action ; un simple pas est déjà trop difficile.
  
• La peur fait chuter sa température corporelle, comme si son sang se glaçait. Comme la colère, il devient difficile d'établir un contact physique prolongé.
  
• La joie, à l'inverse du reste, est particulièrement agréable ! Son corps devient léger, si léger qu'elle se déplace avec une facilité accrue. Son préféré, sans aucun doute.
  
• L'amour la rend aveugle ; elle ignore tout de celui-ci et doit encore le découvrir.
  

Noa est douce, presque cotonneuse ; faite de chair et d’émotions, elle brille aussi tendrement que l’aube. Comme elle, elle rêve de voir apparaître un jour nouveau et l’attend impatiemment. La jeune femme n’est pas simplement curieuse ; elle a faim de ce qu’elle ne connaît pas, elle veut dévorer tout ce savoir qui ne lui appartient pas encore, le croquer à pleines dents, s’imprégner des rencontres venues et à venir. Elle croit en l’être humain et en sa diversité, pas seulement en tant qu’étoile mais en tant qu’être vivant.

La brunette tend cependant à se réfugier derrière une timidité en béton armé et cela n’arrange pas ses affaires. Constamment tiraillée entre sa zone de confort et son appétit pour tout ce qui l’entoure, il lui arrive d’envoyer des signaux contradictoires à ses interlocuteurs. Ces confusions marquent généralement le début de la fin ; le pouvoir de Noa a la fâcheuse manie de se déclencher aux moments les moins opportuns et à la placer dans des situations grotesques dont elle se tire à grand peine. Elle en rit beaucoup par la suite car la jeune femme refuse de se prendre trop au sérieux ; elle est d’ailleurs très bon public et rira volontiers de tout et de rien, à commencer par elle-même.

Dotée d’une âme artistique et d’un don pour le moins… douteux, la française aime se perdre à contempler les œuvres d’autrui, mais l’idiot qui a cru bon de lui caler un crayon entre les doigts a commis une terrible erreur. Bien qu’on n’ose pas le lui avouer, elle dessine affreusement mal et des années de pratique n’y ont rien changé. Qu’importe les méthodes ou le matériel, elle est mauvaise. Pourtant, elle continue car elle trouve dans ces lignes irrégulières un réconfort presque irrationnel, comme si elle était la seule à comprendre ce que lui chuchotait le graphite de sa mine. Elle ne compte plus les cahiers de croquis qui s’entassent dans ses placards et se balade généralement avec sa nouvelle victime, déjà plus ou moins gribouillée, et un crayon qui lui servira à commettre ses prochaines atrocités sur un coin de table ou devant un beau paysage.

Noa semble parfaitement épanouie mais elle accuse un tempérament anxieux qui l’empêche parfois d’oser accomplir des choses dont elle est pourtant capable, comme des liens invisibles et insidieux. Elle espère trouver au plus vite l’humain auquel le destin l’a liée tout comme elle redoute l’instant où cela arrivera, comme on craint le pire pour se préparer au moment fatidique. Elle demeure complexe, assez secrète et fuit généralement la superficialité comme le diable. La jeune femme apprécie en outre le calme, qui lui permet de mieux maîtriser ses émotions. Elle ne se démarque pas par son sang-froid, loin de là ; elle demeure adulescente et cède plus souvent qu’elle ne le voudrait aux sirènes de ses sentiments.

Beaucoup de personnes considèrent que Noa s’attache trop vite ou fait preuve d’une trop grande naïveté (il est vrai qu’elle peut rapidement se montrer… collante) et si sa confiance peut paraître facile à obtenir une première fois, elle est en revanche beaucoup plus difficile à convaincre quand elle se sent trahie. Ne se fiant qu’à son sixième sens, la jeune femme est complexe, instinctive, presque animale.

Installée depuis peu de temps, elle ne connaît pas encore les anti étoiles. Mais elle est en revanche convaincue d’être tombée du ciel, d’être une étoile, prête à guider un humain, elle en est intimement persuadée et ne démord pas de cette idée.

Noa est tombée de son voile de velours noir et a atterri en France sous la forme d’une enfant de sept ans. Elle ne conserve aucun souvenir de ce qu’était sa vie avant la Terre ; pourtant, la famille qui l’a recueillie savait bien qu’il s’agissait là d’une étoile.

C’était une famille aimante et attentionnée ; ses parents et sa sœur l’avaient acceptée avec une facilité presque déconcertante. Plusieurs années furent nécessaires pour que Noa réalise enfin la chance qu’elle avait. Sa sœur, tout particulièrement, semblait s’être investie d’une mission de la plus haute importance : la protéger coûte que coûte. Mais Noa n’y voyait aucun inconvénient : elle aimait ces personnes. Certes, ils n’étaient pas liés par le sang et ils étaient fondamentalement différents – oui, on se sent différent quand on apprend qu’on a flotté dans l’espace pendant une durée indéterminée. Mais elle aussi faisait partie de cette famille et elle vécut une enfance et un début d’adolescence relativement banaux.

Les choses commencèrent à se compliquer quand son pouvoir entreprit de se manifester. C’était très singulier : Noa arrêtait tout ce qu’elle était en train de faire et attendait simplement que ça passe, sans se douter de l’origine du problème. Il fallut plusieurs mois pour mesurer l’ampleur de son don, ou plutôt, ce qu’elle considérait être une malédiction. Comme les humains, elle accusait de profonds changements aussi bien physiques que psychologiques, elle mûrissait. Mais son pouvoir la laissait nue, et elle se sentait condamnée à laisser les autres savoir ce qu’elle ressentait, sans jamais pouvoir s’en cacher ou être en mesure de mentir. Malgré toute la bonne volonté de son aînée, Noa se referma progressivement sur elle-même.

Elle se trouva une passion un peu étrange pour le dessin et la culture japonaise. Ainsi, elle entama des études afin d’en apprendre la langue. En élargissant son horizon et en rencontrant d’autres étoiles, elle en apprit davantage sur leur statut et les choses s’améliorèrent considérablement. Mais elle n’avait toujours pas rencontré son humain et elle devenait de plus en plus curieuse, pressée. Afin de forcer le destin, elle annonça à sa famille qu’elle partait s’installer au Japon pour se renseigner sur les étoiles, et parfaire son apprentissage..