La vie fais que nous nous croisons. Pv Keaghan R. Reid

La vie n'est qu'un chemin où l'ont tombe souvent et ce afin de se relever pour continuer d’avancer. Pourtant malgré les chutes, il est difficile de tirer leçon de ses erreurs, n'est ce pas Keaghan ? Les voix, le bruits, le noir...

Le réveil se fait brutal, sa respiration haché et courte. Il fallut quelques minutes à cette ombre pour recouvrer ses esprits et calmer ses sens, lui permettant ainsi de quitter la chaleur des draps après une soirée arrosée de sexe et d'alcool. Un geste imperceptible se fait et dans un claquement sec la lumière vient à pénétrer la pièce. L'étoile passe une main sur son visage, ses cauchemars ne le laisserons donc jamais en paix ? Une voix provenant du lit l'appel, mais celui-ci l'ignore, il lui glisse néanmoins quelques mots pour finalement tourner les talons et ainsi rejoindre la salle de bain. Dormir, se reposer, ce n'était point de refus après une nuit pareille ; mais entre dormir et gagner sa vie, il n'y avait guère de choix possible. Une douche, un adieu et le voilà qui quittait l'appartement où il avait passé la nuit.

Aujourd'hui, encore une journée ennuyeuse ou les stagiaires demanderont moult fois l'emplacement des tissus et autres matériaux, ou les mannequins perdront du temps en racontars et rumeurs, ou sa soeur jouera les curieuses quand à sa conquête d'hier soir, une journée typique, une journée de merde. Il n'y avait rien de plus épuisant pour le brun que de travailler à l'atelier, lui qui préférait le calme de sa demeure à tout ce remue ménage. Pourtant l'étoile n'avait guère le choix, une nouvelle ligne de vêtement devait voir le jour et le temps lui filait entre les doigts ; ce cauchemars durait à présent depuis deux jours et Keaghan n'avait nullement l'impression d'avancer. Néanmoins, l'atelier avait aussi ses bons côtés. Lors de la pause déjeuner, le jeune homme aimait à se rendre dans la salle d'exposition, redécouvrant ainsi comme à chaque fois ses premières créations. Profitant de cet instant non pour se nourrir, mais pour penser à diverses manière d'améliorer telle ou telle tenue, utiliser quel tissu et comment.

Étant à la tête de l'atelier et de la maison de couture, le styliste pouvait se permettre de quitter celui-ci quand bon lui semblait, du moins en règle générale, il fit tout de même une exception pour aujourd'hui, son travail se prolongeant ainsi jusqu'en début de soirée.

Étirant sa nuque dans un craquement osseux suivit de prêt par un soupire de lassitude, Keaghan quitta son bureau. Saluant d'un simple signe de tête les dernières personnes encore présentes, le pas sur et rapide, il s'éloigna sans plus de cérémonie ; quelques minutes plus tard le brun retrouva ainsi son véhicule au bas de l'immeuble. Nulle besoin de conduire, son chauffeur faisait parfaitement son travail bien que pars moment, les trajets s'avéraient longs et ennuyeux. Toujours est il que trente minutes plus tard, les mains dans les poches, c'est d'un pas calme que le brun retrouva le confort de sa demeure, en ordre comme il l'avait laissé la veille.

Jetant sa veste de cuir sombre sur son canapé, l'homme vient à se rendre en cuisine par la suite et ce afin d'y prendre une petite collation. Rester enfermer à nouveau entre quatre murs, hors de question. Il lui fallait sortir, prendre l'air ne serai ce que pour se détendre, se changer les idées. Pour ce faire, quoi de mieux que le bar où il avait l'habitude d'aller après le travail. Se changeant rapidement, Keaghan récupéra sa veste, enfila celle-ci et repartit ; il fit un détour par son garage histoire d'y récupérer son véhicule, sa voiture. Le bar n'était pas spécialement à côté mais c'était celui qu'il préférait le plus fréquenter, coïncidence ? Aucunement, c'est simplement dans ce même bar qu'il aimait à « chasser » ou du moins se faire de nouvelle connaissance. Repoussant le fil de ses pensées, il se glissa derrière le volant et se mit en route. Une heure de route contre trois heures à pieds, pas mal non ? Mettant son engin à la place qui lui était accordé, il en sortit calmement, vérifiant que rien ne manquait sur lui. Pivotant d'un quart pour rejoindre la porte du bar ensuite, il franchit celle-ci, le faciès neutre tandis que ses yeux effectuaient un tour de salle. « Sa place » de libre au comptoir, c'est tout aussi calmement qu'il s'y dirigea, posant son fessier sur le tabouret. Retirant sa veste d'un geste souple, il la déposa à ses côtés puis fit signe au serveur afin de passer commande. Sa bière en face de lui, l'étoile vient s'en saisir, portant le goulot à ses lèvres afin de boire quelques gorgées.

La soirée promettait d'être longue.  

Les regards sont portés sur lui et pourtant cela ne l'affecte que de peut. Depuis quand se souciait il de cela ? Il n'était que Keaghan se soir, le nom Reid étant resté dans l'immense bâtisse qui voyait chaque jour ses créations, sa lassitude, ses crises de nerfs.

Sa boisson descend tranquillement ou tout du moins au fil de ses pensées. L'esprit qui se voulait libéré du travail continu à apercevoir les silhouettes de ses croquis, les pans de tissus se mouvant au fil des pas de ses mannequins. L'étoile n'y est plus pourtant, elle se trouve à présent dans un univers de décadence et d'amusement, pourquoi continu t-elle de penser ainsi ? Cette sortie qui se voulait détente ne l'aide guère à vrai dire, les murmures de sa sœur lui chatouille les tympans et ne font que l’agacer un peu plus. Une nouvelle gorgée se fait, puis une autre. La bouteille de verre retrouve le comptoir dans un geste sec, nerveux. Le tintement du verre perce au travers des bavardages, discret aux oreilles des autres mais suffisamment fort pour lui parvenir et l'en faire hausser un sourcil. Colérique, impulsif. Lorsque le travail passait sur ses nerfs cela se répercutait sur son attitude.

Une main passe dans sa chevelure, un soupire se fait entendre.

« Détend toi Keaghan, écoute donc ta sœur. La nouvelle collection sera terminée à temps. »

Des paroles bien rassurante qui contrastaient parfaitement avec les piques quotidiennes que pouvait lui lancer sa jumelle. Rylian n'était pas dupe, si son aîné prenait un coup au moral cela déteindrait sur elle, d'où sa gentillesse envers son frère.

Les traits du brun finissent par se détendre, arborant ce faciès lasse qu'il pouvait avoir au quotidien bien que trop souvent caché derrière un masque de sourire. Levant la main pour interpeller le barman, l'étoile se fige, les mots de son voisin l'ayant intrigué. Rien d'extraordinaire en soit, simplement l'offre d'une boisson à ses frais, mais cela faisait toujours son petit effet. Le couturier demanda une nouvelle bière, tenant à rester soft. Le trop plein d'alcool lui ayant laissé un mauvais souvenir dans sa jeunesse, Keaghan ne tenait nullement à remettre ça. Sa sœur désapprouverai, et puis elle avait du travaille le lendemain qui plus est.

La boisson fraîchement acquise, ses mains viennent à glisser sur celle-ci, s'en saisissant afin de la conserver ainsi. Ses iris noisettes fixent un point inexistant tandis qu'un nouveau souffle franchit ses lèvres. L'étoile finit par sourire et pourtant sans adresser une once de regard à son voisin, lui adresse la parole.

- Merci, c'est sympa...

Une gorgée, un frisson sous la fraîcheur du liquide qui glisse le long de sa gorge et il se décide à laisser couler un regard en biais sur son interlocuteur. Une vague analyse sur son physique et sont faciès, juger lui ? Non, ce n'est là qu'observation. Il n'était guère en position de critiquer, surtout au vu de sa propre apparence. Il nota tout de même la lassitude qui parcourait le visage de son interlocuteur, ajoutant avec une pointe d'humour.

- Je vois que nous sommes deux à avoir l'esprit préoccupé. Cela me rassure, moi qui pensait être le seul à ne pas profiter de la soirée..

Une nouvelle gorgée, la soirée pouvait débuter.  

La musique qui emplit la salle, l'ambiance qui se dégage dans celle-ci, l'odeur d'alcool et de tabac. Rien, non rien n'arrivait à lui changer les idées en cet instant. Pourtant l'étoile semble loin, très loin, son corps demeure mais son esprit semble ailleurs. C'est dans un geste presque mécanique qu'il vient à soulever la bouteille afin de porter le goulot à ses lèvres, buvant quelques gorgées avant de ne la reposer à sa position initiale. Un soupire, le sien ou bien celui de sa sœur qui désespère de le voir ainsi penser au travail. Mais il n'y a pas que ça, elle le sait, elle le sent et comprend. Le brun pense également à leur humain, se questionnant sur le fait de savoir si celui-ci allait bien ou non, s'il viendrait à se rencontrer un jour et dans quel circonstance...

Ce sont au final les paroles de son voisin de comptoir qui le tire de ses pensés en plus de lui faire hausser un sourcil. Il fallait avouer qu'il n'était plus habitué à cette manière d'expression et cela lui arracha un mince sourire. L'étoile soupire devant les plaintes de son interlocuteur, lui même ayant ses problèmes, il ne tenait pas à accumuler ceux d'un autre, pas se soir en tout cas. Le couturier répondit tout de même, le ton neutre voir peut être lasse. Car oui il était lasse, cela pouvait arriver.

- Essai d'en changer dans ce cas. La vie n'est qu'un tableau qui se dessine selon nos choix et nos actions... Continue donc à te lamenter, ou remue toi pour faire bouger les choses.. Devient en l'auteur, non le spectateur.

Cette brève explication terminée et qu'importe s'il avait bien interprété ses mots ou non, l'étoile termina sa bière puis se leva. Il interpella le barman, lui glissant le fait que si cet homme désirait boire autre chose, il pourrai mettre la prochaine consommation sur sa note. Une boisson pour une boisson, ou une manière de s'excuser quand au fait de devoir partir. Keaghan avait quand à lui du travail qui l'attendait et son esprit c'était un peu échauffé, ce qui faisait que dans ce genre de situation, il n'était pas de très bonne compagnie. Sa sœur soupire mais n'ajoute rien, cela n'était pas la peine. Récupérant sont manteau de cuir, il jette un dernier regard vers l'autre, observant par la même occasion le nombre de verre qui s'étaient accumulés devant celui-ci.

Encore un soupire et il s'éloigne, sortant du bâtiment pour se diriger d'un pas calme mais soutenu vers son véhicule qui l'attendait. Ouvert, il se glisse derrière le volant de celui-ci, attendant un instant pour finalement partir.

Son esprit était loin, très loin.