|  Sujet: Battre de l'aile °°° Pv Lloyd A. W-Beckett Sam 20 Fév - 22:19 | |
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Battre de l'aile... Lloyd & Toyâ
" Papaaaaa.. Nan mais j'sui plus un bébé !
- Oui chérie.. Je t'aime "
Le père accusa un long soupir mais se sentit victorieux lorsque la petite bouche de sa fille déposa un rapide baiser sur sa joue. Elle poussa un autre petit soupir à la rugosité de ce contact mais se détourna bien vite pour retourner à sa préoccupation première : changer la couche de son poupon qui savait faire pipi tout seul. Invention de génie approuvée par bon nombre d'enfant. L'homme se frotta la barbe avec amusement, quoique légèrement inquiet de devoir laisser sa progéniture dans les bras de la nourrice. Il connaissait la nounou depuis plusieurs mois mais cela n'empêchait pas sa fibre paternelle de se faire un sang d'encre. Un vrai père poule. Cette après-midi son emploi du temps ne lui permettait pas de la garder auprès de lui et durant un moment il avait su mettre sa méfiance de côté pour faire garder sa petiote par une baby sitteuse sympathique.
" Allez m'sieur Yukio, à ce soir ! Vous inquiétez pas,
j'ai vot'e numéro en cas de besoin mais tout va bien s'passer.
Voyez comme elle est d'ja partit jouer !
- Oui sans doute.. Je reviendrai à dix-neuf heures précises. Au revoir.. "
La porte se ferma sur son visage fermé; c'est la mort dans l'âme que Toyâ fit un demi-tour sur place pour retrouver sa voiture garée un peu plus loin. La rue était plutôt animée, on était ce moment juste après le repas du midi où les activités reprenaient doucement mais sûrement. Habillé tout de noir, on ne lui jeta aucun regard d'intérêt. Parfaitement parfait. Il préférait rester dans l'ombre, ne pas éveiller les soupçons, bref se faire oublier du moindre curieux inquisiteur qui pourrait se poser des questions à son sujet lui qui est si solitaire, si discret bref si mystérieux. Cela faisait deux ans qu'il était dans le coin et fort heureusement dans ce quartier on se contre-fichait royalement des uns ou des autres. Un bien pour rester enfoui dans les oubliettes, un mal en cas de nécessité du style agression ou vol à l'arraché. Chaque personne détournait le regard, s’attelant à observer davantage leur journal ou au pire le bitume en marchant. Pas un ne relevait la tête, ne prenait le temps de prendre conscience des êtres en mouvements pouvant graviter dans le même cadre spatio-temporel. C'était du chacun pour sa pomme, tant pis pour les autres. Une espèce de mini-jungle dans la société en somme. Ainsi Toyâ pu rejoindre son véhicule sans aucun problème ni aucune mauvaise rencontre, s'installa au volant et démarra le moteur d'un mouvement de clef dans l'orifice prévue à cet effet. La bête de fer et de métal réagit au quart de tour, prête à l'emmener par monts et merveilles. S'il pouvait rejoindre une île paradisiaque où toutes formes de civilisations existantes seraient absentes, il le ferait. Mais en fin de compte ce petit coin d'Hoshikami ne lui déplaisait pas trop mal, ça faisait l'affaire depuis l'incident. Et puis, hormis ce soir terrible où le gorille lui était tombé dessus, on n'était plus venu lui chercher des noises. Une tranquillité qu'il savourait, une sérénité ponctuée par des entrevues avec son fidèle ami Lloyd et la nounou. Une vie où le fleuve est calme, un ruisseau où coule le train-train quotidien sans grandes perturbations. Ce qui lui va fort bien.
" Mais bouge toi.. J'ai pas que ça à faire... "
Ses mains abîmées tapotaient sur le simili-cuir d'impatience, son regard verdoyant allait de la bagnole d'en face à son rétroviseur. Réflexe instinctif, réflexe de survie, réflexe acquis depuis de longues longues années : toujours couvrir ses arrières. C'était en étant autant sur le qui-vive que plusieurs des acolytes de son ex-patron n'avaient pas pu lui mettre la main dessus facilement. Leur complexifier la tâche était amusant, distrayant mais aussi utile. Des vieux mégots traînaient sur le siège passager. Oh ça, il avait essayé d'arrêter. Surtout pour sa p'tite. Mais pour sa nervosité, une clope au bec c'était exquis. Et ça lui rappelait sa femme en un sens : elle qui a brûlée, lui qui fume à son tour. C'était peut être tordu : travailler dans le monde de la drogue ne laissait pas indemne.
Son programme du jour consistait à aller remplir le labo'.. Mission d'apparence banale mais qu'il préférait effectuer seul, et pour cause : Toyâ prenait la direction de son fournisseur d'outillages en tout genre. Même s'il n'y avait pas de danger particulier, le père plaçait sa fillette chez la nounou pour ne pas être vu comme le client le-père-et-sa-fille mais plutôt comme un client-solitaire-seul-sans-enfant... Etant donné qu'ON - son ex patron - pouvait encore le recherche, mieux valait-il être prudent. Après plusieurs heures à tourner plusieurs fois dans plusieurs rues afin de semer des poursuivants imaginaires - une méfiance excessive d'un point de vue extérieur - il arriva au magasin en question. Une sale devanture, rien de bien engageant, de quoi faire flipper n'importe quel être sensé. Mais venir aussi loin, dans un endroit aussi malfamé lui permettait d'avoir des bons prix. Et ça les gars, quand on est un inventeur compulsif complètement accro au bidouillage c'est le pied. Une fois dans les rayons, il s'y perds. En plongeant dans des étalages de vis, tournevis, ressorts, pince coupante et autres joyeusetés du bricolage... Le temps passa à une vitesse folle.
" Oh purée de merde fais chier ! "
C'était en ayant entendu la voix du gérant lui rappelant l'heure de fermeture que Toyâ se rendit compte du temps passé ici. Qu'est-ce que ça pouvait être chronophage ! En ruminant dans sa barbe tout en rangeant ses achats, il sortit avec ses quatre sac de papier plein à ras-le-bord pour rejoindre sa voiture. Le soleil commençait à décliner, prêt à embrasser l'horizon de ses rayons d'agrumes. La légère brise présente depuis le début de la journée s'était transformée en une bourrasque cinglante. Son chapeau faillit s'envoler, il le rattrapa in extremis au moment d'entrer dans sa voiture. C'est moteur rugissant que l'inventeur partit, avant d'être subitement en choc quelques ruelles plus loin.
" Et merde ! "
Toyâ fulmina, insulta, injuria tous les saints possible et inimaginable avant de réussir à se calmer. Son véhicule venait de percuter violemment une chose - un gros truc - informe qui était passée au milieu de la route comme une balle tirée d'un revolver 9mm. Fort heureusement son cerveau pouvait aisément rester maître face à ce genre de problème. Ce n'était pas un simple embarras organique qui allait l'empêcher d'avancer, oh ça non. Avant de vouloir sortir il en grilla une. Nervosité bonjour, préservation du coeur au revoir. L'homme chercha du regard à travers le par-brise ce qui avait pu être projeté, mais la pluie était devenue averse presque apocalyptique. Il se trouvait proche d'une ruelle particulièrement sombre, où le lampadaire le plus proche grésillait comme dans un film d'horreur stéréotypé. En plus de l'orage, impossible de voir quoique ce soit. Pluie, vent, lampadaire.. Ne pas flipper.
" Hé oh ? "
Toyâ sortit juste la tête de sa vitre baissée, pas envie de se mouiller si ce n'était qu'une bestiole. D'ailleurs ça ne pouvait être que ça... Peut être qu'un chat en fin de compte. Un félin errant en quête de bouffe par ce début de soirée. Ouais sûrement ça. Le père pensa momentanément à sa fille, se disant qu'il ne valait mieux pas traîner car elle devait l'attendre. Il fut sur le point de remettre le moteur en route - sa voiture ayant calée sur le coup - , ne prenant guère la peine de s'inquiéter davantage de la nature de la victime.
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