T'ES PAS CHEZ TA MERE ft. Elena

T'ES PAS CHEZ TA MERE ft. Elena

Vivre chez ses parents a 1) un avantage et 2) un inconvénient. L'avantage, c'est que tu es nourris et logé, mais l'inconvénient c'est que tu dois te les coltiner chaque jour. Tu dois supporter leur engueulade, supporter leur critique, supporter ta mère qui te prend pour un gamin de quinze ans et ton père qui t'harcèle pour que tu trouves un autre travail. Je passe sans doute plus de temps dehors que dedans, vous vous doutez bien. Enfin, sauf quand je dois garder quatre chiens. Là, je n'ai pas trop le choix - et vous imaginez bien la gueule de maman et papa - mais comme là ce n'est pas le cas, je suis tranquille. Comme je suis tranquille, j'ai donc du temps pour moi. Comme j'ai du temps pour moi je- Ah, ouais ok. Et maintenant, je fais quoi ? Je me frotte la nuque en soupirant. Allongé comme une loque sur le canapé, j'observe le plafond. Je pourrais me rendre utile, faire une bonne action genre aider ma mère à faire le ménage... ouais mais nan.

Je me sens sacrément flasque. Nonchalant. Ça faisait un moment que mon corps n'avait pas subi d'activité physique. Si ce n'est que courir derrière les chiens, mais ça c'est une autre affaire... Non franchement regarde-toi mec, si tu continues comme ça tu vas finir comme ton père, de la graisse à la place du bon muscle. C'est ça que tu veux ?? Déjà que tu fais franchement pas rêver avec ton petit taf et le fait que tu vives encore chez moman et popa, si en plus tu te lâchais trop, c'en est fini de toi. Nouveau soupir. Ouais sauf que ce n'est pas UNE fois par mois que ça va changer grand chose. Faudrait que quelqu'un m'y encourage. Seul, faut le mental. Et bah...
Je l'ai trop pas quoi.

Aller mo-ti-va-tion. Au moins pour aujourd'hui. D'un bond, je dégage du canapé et pars enfiler des sûr-vêtements, des chaussures. Sans oublier les écouteurs pour que ce soit plus encourageant avec la musique - bien qu'en réalité, j'en ai marre au bout d'une minute et finis toujours par les ranger au fond de ma poche - mais bon, comme tout est souvent dénué de sens chez moi, je les prends quand même. Hop, maintenant dehors.

Dix-sept heures. Le parc. Le soleil commençait à se coucher. Le ciel était orangé et magnifique. Bon ça, c'est juste pour vous foutre dans l'ambiance, mais c'est quand même assez agréable à voir. J'inspire un bon coup, l'air était frais. Bien qu'en réalité j'étais sans doute en train de respirer celle que nous polluons et qui me pourrissait par la même occasion la santé sans que je ne m'en rende compte. Bof, on récolte ce que l'on sème après tout. Je démarre la musique, j'éviterais de préciser laquelle au risque de me faire traité de fragile. Je m'échauffe rapidement et commence à emprunter un chemin en enchaînant plus rapidement les pas.

Au bout de quelques bonnes minutes, je commence déjà à me sentir essoufflé. Ah ouais, ça fait bien bizarre de se remettre à courir d'un coup. J'ai même l'impression que la musique m'épuise, et me provoque un sifflement désagréable ainsi qu'un petit maux de tête. Je décide - comme je l'avais bien anticipé - de les ranger vulgairement. Il faut que je m'arrête un petit instant. Et franchement quel CON, j'ai oublié de prendre une bouteille d'eau. Il y en a à l'autre bout...  Tant pis. Tiens, je rêve où juste à ma droite il y a une fille qui est en train de retirer son haut ?? Elle est malade ??!! Ok, c'est gênant. Nous sommes en hiver et même, depuis quand on se balade en soutien-gorge ? Regardez moi ces hommes... c'est presque si un filet de bave coulerait sur le coin de leur bouche. Je m'empresse alors de l'approcher, un peu hésitant malgré tout. Je me sentais obligé de réagir. Je me racle la gorge.

- Hm... Sans succès. HEM-HEM-HEM ! Je ne veux pas me montrer désagréable ou quoique ce soit, mais franchement cousine, il ne te manquerait pas une case ? T'es complètement FOLLE. Si t'étais ma soeur, j'te foutrais bien deux claques tiens. Regarde le temps, je veux bien comprendre que la transpiration te pousse à te déshabiller mais quand même tu... 'fin.

Tankao. Tu vas l'effrayer. Pourquoi bordel de merde tu es si agressif envers cette pauvre petite fille ? MAIS T'ES PAS SON PERE. CROTTE. Calme, gentil, tout doux Tankao. Toi être rassurant pas l'inverse toi pas faire peur toi. Euh. Ouais bon ferme la.

- Enfin, est-ce que déjà... ça va ? C'est triste mais t'es dans un monde pas très rose. Tu ne devrais pas rester comme ça, le parc se vide et le soleil se couche. finis-je en saisissant son t-shirt, pour le lui tendre. Je tourne légèrement la tête, gêné. Je serais malsain et pas crédible si mon regard me trahissait, hein.