Un nouveau monde [PV Isaac Ishikawa] [Terminé]

Nous venons de très loin …

Nous sommes des exilés, des apatrides, des réfugiés, des clandestins.
Nous n’avons pas de terres, de pays, de foyer, de chez nous.
Nous n’avons connus que la guerre, la misère, la faim, la soif, la maladie, la folie.
Nous sommes des vagabonds, des voyageurs, des nomades.
Nous venons de très loin.
Nous n’avons qu’une image enjolivée de ces paradis qu’on nous décrit.
Nous voulons y vivre là-bas.
Nous voulons franchir ces barrières.
Nous souhaitons connaître le monde.
Nous voulons apprendre.
Nous voulons vivre !
Nous ! Les « sans-terres » !

Japon ! Pays du soleil levant ! Nous, voilà !

Ce fut les premiers que j’avais utilisé lorsque j’avais vu les côtes Nippon.
Nous, voilà ! Au pays du soleil levant.
Pays d’Asie pour ses plages, son soleil, ses verte prairies, ses forêts, sa richesse culturelle, ses avancés technologiques, ses mangas, ses sushis, son Shintoïsme et bien plus encore.
C’est tout ce qu’on avait de l’image du Japon, un paradis que nous allons bientôt rencontrer mes frères et moi.
Un paradis loin des massacres, des guerres, des persécutions, de la misère, de la faim …

À bord d’un immense cargo, nous arrivâmes près des côtes Nippon dans un immense port. Cela fait des semaines que les marins ne nous avaient pas remarqués. Il fallait rester discret, silencieux, calme. Alors que le cargo venait décharger ses boites en métal qu’on appelle conteneur, nous en profitâmes pour quitter le port. Il était minuit, il faisait nuit. Les étoiles et la lune nous accompagnaient.

Qui nous ?
Moi et mes compagnons.
Joseph, le Tutsi.
Ismaël, le Syrien chrétien.
Mahmoud, le Yéménite chiite.
Samir, l’Erythréen.
Moi, Issam Abd el Azim, le Somalien.

Nous avons tous fuis la guerre, la misère, la faim, les persécutions et pire encore.

Alors que nous quittâmes le port discrètement pour éviter que les marins nous repèrent. Nous arrivâmes au milieu d’une forêt. Des arbres ! Des arbres ! Il y avait pleins d’arbres ! Pour vous lecteurs, c’est normal. Mais, pour moi, ce fut un choc. Je n’avais jamais vu autant d’arbre au cours de ma vie. Je suis né dans un pays fait de sables d’or et de sécheresse. Des arbres, j’en ai vu seulement des petits. Mais, là ! C’était toute une famille ! Un groupe ! Une région ! J’étais impressionné.

Alors qu’on était au milieu de ces arbres, Joseph déclara :

« On a eu de la chance que les marins ne nous ont pas repérés ! »

Joseph était le plus grand et le plus âgé du groupe.
Il était fort et musclé.
Il avait les cheveux longs et la barbe courte.
Il avait 19 ans, mais il ressemblait beaucoup à un père.
Il avait de nombreuses cicatrices sur le corps et le visage.
C’était un peu le chef de la bande.
Il était comme un grand frère pour nous.

Alors que Joseph terminait, Ismaël répondit :

« Il faut nous rendre près d’un village ou d’une ville. Nous pourrions trouver de la nourriture. »

Ismaël était plus petit que Joseph, mais c’était le plus intelligent.
Il avait les cheveux courts, les yeux marron, le corps fins.
Il mesurait dans les 1 mètres 75.
Il avait 17 ans.

Celui-ci demanda au groupe :

« Est-ce qu'il y a quelqu’un qui sait parler le japonais ? »

Personne dans le groupe ne savait parler le japonais. On connaissait seulement l’arabe et quelques notions en anglais.

Puis, c’est alors que Mahmoud prit la parole à son tour :

« Parler ou pas le japonais ne change rien. On est des étrangers ici. On a la peau noire et mâte. Les japonais sont jaunes et clairs. Cela ne sera pas facile de passer inaperçu dans la foule. »

Mahmoud était très grand.
Bien qu’il ne dépasse pas en taille Joseph, il avait un corps athlétique.
Comme tout le monde, il avait de nombreuses cicatrices sur le corps.
Il était âgé de 16 ans.
Il avait le crâne rasé, un petit bouc et des yeux marron.
Toutefois, contrairement à Joseph, c’était plus un type qui était apte pour la course qu’au combat.

Soudain ! Samir déclara :

« Il y a de la lumière à droite. »

Samir est celui qu’on pourrait qualifier de « normal ».
Il n’était pas spécialement grand ou petit.
Même, s’il était légèrement mince.
Il avait un corps, une taille et un poids à peu près « normal ».
Il avait 15 ans.

Tant qu’à moi !
J’étais le plus jeune et le plus petit de la bande.
Celui qui était le plus agile et le plus rapide.
Celui qui était le plus curieux.
Celui qui se posait beaucoup de questions.

Lorsque Samir avait mentionné les lumières, il parlait des phares et des lampadaires. Je n’avais jamais vu ce genre de choses par le passé. Lorsque mon regard se tourna vers ces lumières, je les avais pris pour des étoiles. J’avais les yeux ébahis et obnubilés par ces derniers.

Très rapidement, Ismaël reprit :

« Il faut aller là-bas, c’est sans aucun doute une ville. »

Sur ces mots, nous recommençâmes à nous remettre en marche. Il faisait toujours nuit, les étoiles et la lune nous accompagnait. Alors qu’on se rapprochait des lumières, nous arrivâmes dans cette étrange ville nommé Hoshikami. Les lumières que j’avais pris pour des étoiles étaient en réalité de gigantesques barres en fer où une lumière artificielle éclairait la zone. J’étais déçu.

Toutefois, quelque chose d’autre me surprit, il y avait pleins de maisons. Des maisons grandes, hautes, gigantesques que je n’avais jamais vues auparavant. C’était certes de simples immeubles. Mais, pour moi ! J’avais l’impression que c’était des « montagnes de briques ». Il n’y avait personne, c’était la nuit, les gens étaient sans doute entrain de dormir. Alors qu’on se promenait dans les larges rues de la ville, nous vîmes des dizaines de voitures. Des voitures propres de toutes les couleurs. C’était … bizarre.

Alors qu’on continuait notre promenade, Ismaël déclara :

« Il faut trouver un abri ou quelque chose dans ce genre pour dormir. »

Finalement, les regards se portaient vers une vieille cabane située au milieu d’un petit espace vert que vous appelez un parc. Alors que tout le monde se rendait vers la cabane, Joseph fouillait ces boites en métal remplis de nourritures et de trucs puants que vous nommez poubelles. Celui-ci ramena un sac noir, un sac rempli de nourriture et de déchets. C’était certes de la nourriture gâché, mais on était content. On allait enfin pouvoir manger !

Alors qu’on se réfugiait à l’intérieur de cette cabane en bois en mangeant la nourriture trouvé à l’intérieur des poubelles. Nos bruits et nos agissements avaient attirés des yeux curieux …

ft. Isaac Ishikawa & ISSAM ABD EL AZIM

Un nouveau monde

Isaac était allongé sur son canapé tout défoncé. Le rembourrage sortait à certain endroit et il n'était plus si confortable que ça.
Il se promis d'en racheter un nouveau dès que possible et de ne plus jamais accepter de "cadeaux" de ses voisins.

La nuit était déjà bien entamée et impossible pour le jeune homme de trouver le sommeil. Il ne portait qu'un simple pantalon de jogging mais il avait l'impression d'étouffer.
Il se leva, attrapa son pantalon et sa chemise, qu'il enfila rapidement. Il coiffa sa mèche de trois barrettes rouges et laça ses chaussures avant de sortir.

La nuit était fraîche et le vent fit un bien fou à Isaac.

Il avait envie de s'allonger, là, au milieu de la rue et attendre. Attendre quoi ? Il ne savait pas vraiment, une meilleure vie peut-être. Pourtant, il continuait sa marche nocturne.

Il arriva rapidement au niveau du petit parc qui bordait son quartier. On disait que la nuit, il était le repère des dealers mais, Isaac s'enfichait. Il n'avait pas peur. Enfin, son autre lui n'avait pas peur.

Il pénétra dans le petit jardin. Il marchait, suivant l'allée de gravillons, errant sans but particulier.
Il devait ressembler à un fantôme de loin, avec ses cheveux blancs et ses vêtements un peu trop grand pour lui.

Alors qu'il s'apprêtait à s'asseoir sur un banc et sûrement finir sa nuit allongé dessus, il entendit d'étrange bruit au niveau d'une petite cabane.
Il avança prudemment et découvrit à l'arrière de la maisonnette un groupe de jeunes garçons.

Ils étaient quatre. Quatre garçons fouillant dans les poubelles à la recherche de quoi manger. Ils semblaient affamés et épuisés.
Il y avait beau avoir la lumière des lampadaires, Isaac ne pouvait les distinguer correctement mais ils semblaient tous avoir à peu près son âge.

Il aurait dû partir et les laisser se débrouiller. Pourtant, il était toujours là, les fixant de ses grands yeux noirs et il leur demanda simplement :

- Qu'est-ce que vous faites là ?

- Qu'est-ce que vous faites là ?

Personne n'avait compris la phrase de ce jeune homme. Il avait la peau pâle, les yeux noirs et les cheveux blancs. Il ne voyait pas nos visages à cause de l'obscurité de la nuit. Celui-ci ne m'avait apparemment pas remarqué au premier à bord. En même temps, j'étais celui qui était le plus petit et le plus jeune. Alors que les autres étaient vers la fin de l'adolescence, j'étais âgé à peine de treize ans.

Mais, alors qu'on venait d'établir « le premier contact » avec un Japonais. Ismaël décida de sortir à l'intérieur de la cabane. Il montra son teint mâte, ses yeux noirs, son corps mince et sa courte chevelure. Celui-ci déclara calmement en anglais :

« Bonjour ! Est-ce que vous me comprenez ? »

Puis, il marqua une pause pour reprendre son oxygène avant de continuer toujours du même ton :

« Nous sommes des … étranges, nous venons de très loin. Nous venons d'arriver au Japon … depuis … trois heures. »

Finalement, il décida de terminer par un bref :

« Nous venons en paix, nous ne sommes pas des envahisseurs. »

Le jeune homme ne semblait pas être dangereux. C'est alors que tout le monde décida de sortir de la cabane. Le Japonais vit quatre autres personnes sortir. Le premier à sortir fut Joseph, le Tutsi, celui qui était le plus grand et le plus costaud de la bande. Le deuxième fut Mahmoud, le Yéménite, le plus athlétique du groupe. Le troisième fut Samir, l'Erythréen. Pour terminer, il y avait moi, le plus petit (du haut de mes 1 mètre 60) et le plus jeune de la compagnie.

On était tous sortis tel un défilé et on se tenait devant le jeune Japonais le regard suspicieux, émerveillé, inquiet et curieux. Tous les cinq, on attendait la réponse de ce dernier …

ft. Isaac Ishikawa & ISSAM ABD EL AZIM

Un nouveau monde

Ils ne semblaient pas l'avoir compris. Ils le regardaient tous, l'incompréhension se lisait clairement sur leurs visages.
Le plus grand du groupe se leva. Il dépassait Isaac d'au moins deux têtes et il était vraiment musclé. Étrangement l'étoile ne fut pas vraiment impressionné, il lui inspirait même de la sympathie.
Sa peau mate intrigua le jeune homme, il faut dire que ce n'est pas courant au Japon. Il se demandait d'où venaient ces garçons.

Le plus vieux se mit à parler en un anglais approximatif, mais Isaac le comprit.

Mon père a au moins servi à quelque chose. Se dit-il.

C'est la dernière phrase qui fit rire Isaac. Il savait que c'était mal poli, et que les garçons ne devaient pas vraiment savoir pourquoi il riait mais il ne pouvait s'en empêcher.
Bien sûr qu'ils n'étaient pas des envahisseurs, ils ne semblaient pas très dangereux.

Finalement, tous sortis de la cabane. Ils étaient tous assez grands et musclés, sauf le dernier qu'Isaac venait de remarquer. Contrairement aux autres, il était petit et jeune. Et son corps, était celui d'un enfant, ses muscles n'étaient donc pas développés contrairement à ses camarades et il semblait vraiment fragile.
Alors que les garçons se mettaient face à lui, le jeune homme remarqua les nombreuses cicatrices qui ornaient le plus vieux. Isaac comprit que l'endroit d'où ils venaient ne devait pas être très joyeux. Il sentit une vague de colère arriver et il dû se concentrer pour ne pas laisser son autre lui prendre le dessus. Il ne devait pas les effrayer.

Il devait les aider.

- Je m'appelle Isaac.

Il avait prit soin de bien articuler pour que les garçons comprennent.

- Comment êtes-vous arrivé ici ?

- Je m'appelle Isaac.

Celui-ci marqua une pause avant de reprendre :

- Comment êtes-vous arrivé ici ?

Mes camarades avaient compris les paroles du japonais dénommé Isaac. Sauf moi, car à cette époque, je ne comprenais pas un traître mot en anglais. Toutefois, ces derniers ont pu me faire la traduction en arabe pour me faciliter la tâche.

Cependant, la question que posait Isaac semblait nous gêner. La plupart d'entre nous était timide, voir méfiant, car cela faisait à peine trois heures que nous avions débarqués au Japon. Après un moment d'hésitation, ce fut moi qui décidai d'avancer vers le japonais. D'un ton sérieux et timide, je déclarais :

« Nous venons d'arriver à bord d'un … bateau, cela fait seulement … un petit moment qu'on est ici et … on est perdu. Nous avons échappé à la misère, la guerre, la famine, les persécutions et pire encore dans nos pays … natales. »

Mais, alors que je marquais une pause pour reprendre de l'air. Mes compagnons avaient pu faire la traduction en anglais à Isaac. Une fois calme, je repris toujours du même ton :

« Nous sommes désolés d'être un peu … « perdu ». Mais, aucun d'entre nous n'a voyagé à l'étranger. Nous ne connaissons rien du Japon, de l'Occident et des autres pays riches. Si ce n'est … une image équivalente du ... "paradis". La plupart d'entre nous ne connaissent pas la … "civilisation". »

Puis, c'est alors que je décidais de pointer du doigt un lampadaire au hasard pour prendre exemple :

« Ces trucs … je les ai pris pour des étoiles … Pour vous, c'est normal. Mais, pour moi … ces choses sont … bizarres. Seuls deux d'entre nous connaissent un peu la … "technologie et la civilisation". Ce sont Ismaël et Mahmoud, les deux arabes du groupe. »

Alors que je scrutais les horizons pendant un court instant, je dis, mais d'un ton plus calme :

« Nous souhaitons juste un peu … d'aide, si cela ne vous dérange pas ? Vous avez … je ne sais pas … un guide ou de la nourriture ? L'argent et vos grandes maisons en pierres ne nous intéressent pas. Cette cabane peut nous suffire … et après … on essayera d'apprendre le japonais pour trouver ensuite du … travail. »

ft. Isaac Ishikawa & ISSAM ABD EL AZIM

Un nouveau monde

Les garçons ne semblaient pas savoir quoi répondre. Un silence gênant s'installa dans le groupe.
Alors qu'Isaac allait changer de sujet le plus petit du groupe prit la parole. Il lui parlait en une langue qui lui était totalement inconnue mais il aimait l'entendre. Ce fut les plus vieux du groupe qui lui traduisirent les paroles du garçon.
En entendant qu'ils pensaient que de simples lampadaires étaient des étoiles, il eut envie de leur montrer sa vraie nature, de leur montrer son pouvoir. Mais il se retint, ce n'était pas le bon moment.

Quand le jeune garçon eut terminé, Isaac se mit à réfléchir. Il remonta les manches de sa chemise, le voilà qu'il étouffait à nouveau. Il croisa ses bras sur sa poitrine, exposant les nombreux fils cousus sur sa peau. Il en avait également sur la gorge, le torse et le visage mais à cause de la pénombre, les garçons ne devaient pas l'avoir remarqué.
Il se mit à réfléchir au meilleur moyen de les aider. Il pouvait les accueillir chez lui, mais alors pour une courte période, la place et l'argent finirait par manquer. Déjà, qu'il avait du mal à s'occuper de lui correctement. Mais il pouvait déjà leur faire prendre une douche, les nourrir et leur expliquer la vie à Hoshikami.

- Ecoutez, je n'ai pas pour habitude d'accueillir des gens chez moi. Mais, je ne peux juste pas vous laisser comme ça, c'est contre mes principes. Par contre vous ne pourrez pas rester dans mon studio très longtemps. Il est assez petit et puis je suis plus ou moins en manque d'argent en ce moment donc ça risque d'être assez compliqué. Mais je veux bien vous aidez à vous intégrez.

Il ne leur laissa pas vraiment le temps de répondre ou de protester qu'il commença à repartir. Il fit signe aux garçons de le suivre.

- Ecoutez, je n'ai pas pour habitude d'accueillir des gens chez moi. Mais, je ne peux juste pas vous laisser comme ça, c'est contre mes principes. Par contre vous ne pourrez pas rester dans mon studio très longtemps. Il est assez petit et puis je suis plus ou moins en manque d'argent en ce moment donc ça risque d'être assez compliqué. Mais je veux bien vous aidez à vous intégrez.

Il y a eu un moment d'hésitation dans le groupe. Samir se méfiait de ce Japonais. Toutefois, ce dernier décida de quitter les lieux en nous faisant signe de le suivre. Après quelques instants d'hésitations, nous décidâmes de le rejoindre.

Mais, alors qu'on marchait dans les rues vides d'Hoshikami, Samir déclara en arabe d'un ton discret :

« Il est bizarre ce type, vous avez remarqué quelques choses ? »

« Non, pourquoi ? Demanda Ismaël. »

« Il y a des fils cousus sur … sa peau. Il a également les cheveux blanc et les yeux rouge. Tu ne trouves pas ça bizarre ? »

« Des fils ? Qu'est-ce que tu racontes ? »

« Je les ai vus lorsqu'il a croisé les bras. »

« Oh ! Arrête ta paranoïa ! On a tous des cicatrices sur le corps, tu crois que c'est normal au Japon ? Termina Ismaël en arabe. »

Le groupe parla à propos d'Isaac. Ismaël, Joseph et Mahmoud le faisaient confiance. Seul Samir avait une méfiance à l'égard de ce jeune homme albinos qu'il trouvait "étrange". Tant qu'à moi, je suivais les autres qui plaçaient leur confiance sur ce dernier.

Après quelques minutes de marches, nous arrivâmes aux portes d'un immeuble, je fus impressionné par la hauteur du bâtiment et par son architecture. Après avoir monté les escaliers. D'ailleurs, pendant qu'on montait les marches, Mahmoud semblait avoir de la difficulté en essayant de les monter. Fort heureusement, on avait pu réussir à l'aider. Ce dernier cria en arabe :

« Je hais les escaliers ! Je les déteste ! »

Personne ne sait précisément pourquoi il avait une sorte de phobie à l’égard de ces derniers. Ismaël tenta de rassurer le Japonais en déclarant :

« Il a juste un peu peur, il n’a pas l’habitude de marcher dans des immeubles hauts. Mais, ne vous inquiétez-vous, il va arrêter ces chamailleries dès qu'on arrivera à destination. »

Quelques instants après, nous arrivâmes enfin à destination, nous vîmes une porte avec un numéro marqué sur celui-ci. Mahmoud arrêta immédiatement ses chamailleries et redevint un peu plus calme. On attendait plus qu’Isaac ouvre la porte de ce studio …

HRP : Pour les yeux rouges, c'est uniquement quand son "autre lui" fait surface, sinon ils sont noirs :) (c'est peut-être mal expliqué dans ma fiche :s)

ft. Isaac Ishikawa & ISSAM ABD EL AZIM

Un nouveau monde

Isaac sentait le groupe assez méfiant, après tout ils avaient de quoi l'être. Ils étaient dans un nouveau pays dont ils ne connaissaient ni la langue, ni la culture.

Alors qu'il marchait dans la ruelle qui les ramenait vers son immeuble, il entendit les garçons chuchoter entre eux. Il ne fit aucune remarque, ne voulant pas créer de tensions. Il espérait juste qu'ils ne parlaient pas de lui en mal, après tout il voulait les aider.

Finalement, l'immeuble dans lequel se trouvait son studio apparu. Isaac tapa le code d'entrée et ouvrit la porte. Ils entrèrent chacun leur tour.
Les garçons semblaient émerveillés par l'endroit, pourtant c'était l'immeuble le plus petit et le moins cher de la ville.
Le couloir était sombre et seul le bruit des pas se faisait entendre. Alors qu'il s'apprêtait à monter l'escalier un des garçons cria quelque chose toujours en cette langue qui lui était totalement inconnue.
Isaac sursauta et pensa qu'il s'était gravement blessé. Il se retourna vivement, prêt à lui venir en aide quand un de ses ami lui dit qu'il avait simplement peur.
Isaac sourit légèrement et hocha la tête.
Le silence était maître. Personne ne semblait vouloir parler. Isaac pensa que c'était mieux ainsi, ils auraient le temps de parler une fois arrivé.

Enfin ils arrivèrent devant la porte de son studio. Le numéro 14 était inscrit en peinture jaune. Le 4 commençait à disparaître et Isaac se dit qu'il allait devoir régler ce problème. Mais pour l'instant, il devait trouver ses clefs.
Il espérait ne pas les avoir oublié à l'intérieur, sinon ils seraient bon pour passer la nuit dans le couloir. Finalement il les trouva dans la poche de son pantalon.
Il ouvrit la porte et laissa les garçons entrer en premier avant de la refermer.
Une fois tous à l'intérieur, il alluma toutes les lumières et pointa du doigt le canapé.

- Attendez deux minutes. Je vais me changer, j'ai l'impression d'étouffer dans ces vêtements.

Il partit dans sa chambre et enfila rapidement un bermuda en tissu gris et un T-shirt blanc assez large. Il enleva ses barrettes et attacha ses cheveux en une petite queue de cheval.
Les fils sur sa peau étaient clairement visible et il hésita un instant avant de sortir. Il ne voulait pas les effrayer.
Finalement, il décida qu'il leur expliquerai tout si il les voyait prendre peur.

Il sortit de la pièce avant de se diriger vers le salon.

- Attendez deux minutes. Je vais me changer, j'ai l'impression d'étouffer dans ces vêtements.

Isaac ouvrit la porte de son appartement, j'étais impressionné par l'habitation, c'était certes petit, mais il y avait tout ce qu'il fallait. Un toit et de la nourriture. N'est-ce pas suffisant ? Il y avait divers appareils étranges comme cette boite à écran, un autre plus fin, mais avec des boutons à côtés, il y avait également cette grande boite blanche, ce truc bizarre qui brille et bien plus encore.

Le jeune japonais nous fit signe de nous asseoir sur le canapé, j'en avais déjà vu par le passé, mais il n'était pas aussi bien « conservé ». Tout le groupe décida de s'asseoir en attendant patiemment Isaac.

Celui-ci revint avec un tee-shirt blanc et un bermuda gris. C'est alors que tout le monde vit les fils rouges. Samir avait raison, ce dernier avait toujours une méfiance sur ce jeune homme. Toutefois, mise à part Samir, l'ensemble du groupe ne semblait pas gêner par ces fils rouges. D'ailleurs, Joseph déclara d'un ton calme :

« Vous avez aussi des cicatrices, comment les avez-vous eus ? »

Puis, il marqua une brève pause avant de reprendre toujours du même ton :

« Nous avons tous des cicatrices dans le groupe, c'est généralement des souvenirs de guerre. »

Joseph décida d'enlever les manches de ses bras pour les montrer. Tout le groupe a eu le réflexe de le faire aussi. Nous étions tous marqués par des cicatrices et des blessures du passé.

Tandis que tout le groupe montrait ses cicatrices sur son bras, Joseph continua d'enchaîner toujours avec la même intonation de voix :

« Je me prénomme Joseph, je suis né au Burundi, je suis un Tutsi. Le plus jeune de la bande c'est Issam Abd el Azim, il est originaire de Somalie. Celui qui a fréquemment le plus parlé avec vous, c'est Ismaël, il originaire de Syrie. Le deuxième plus jeune, c'est Samir, un Erythréen. Enfin, l'autre, celui qui a peur des escaliers, c'est Mahmoud, un Yéménite. Nous avons quitté nos pays pour … survivre. On voulait un nouvel avenir, loin des massacres et des guerres. Nous sommes maintenant au Japon et on souhaite commencer une nouvelle vie. »

Alors qu'il marquait une brève pause pour demander :

« Nous souhaiterons avoir des informations sur cette ville et le reste du Japon, si cela ne vous dérange pas ? »

ft. Isaac Ishikawa & ISSAM ABD EL AZIM

Un nouveau monde

Isaac ne savait pas vraiment par où commencer. Il n'y avait pas énormément de choses à expliquer mais c'était sûrement des choses difficiles à croire. Surtout pour des personnes qui venaient d'arriver.

- Ces fils ne sont pas la conséquence de blessures. Je n'ai aucune cicatrices. Mais chaque chose en son temps.

Il s'installa face aux garçons et se racla la gorge.

- Tout d'abord, je vais un peu vous parler du Japon. Donc c'est un pays insulaire, c'est-à-dire composé de plusieurs îles. Il se situe sur le continent asiatique, plus précisément à l'Est du continent. Sa capitale est Tokyo mais bon ce n'est pas le plus important, laissez moi vous parler de Hoshikami.

Isaac passa une main sur sa nuque. Il ne savait pas vraiment comment raconter cette histoire, ni si les garçons allaient le croire ou non.
Finalement il inspira un bon coup et se lança.

- Il y a une histoire derrière Hoshikami. Une légende raconte qu'un jour une reine, celle qui vous aurait créé vous humains, en aurait eu assez de toutes ces guerres et cette pollution. Elle qui vivait parmi les étoiles, qui d'ailleurs n'étaient même plus visibles, aurait décidé de leur donner vie. Et ces étoiles seraient descendues sur Terre, à Hoshikami. Chaque étoile est liée à un humain, si l'un meurt, l'autre également. Le rôle de l'étoile et de protéger son humain et elle a un pouvoir qui lui permet d'y arriver. Enfin, cela dépend des étoiles évidemment.

Isaac fit une pause. Il guettait une quelconque réaction chez ses invités.

- Je suis une étoile.

Il l'avait dit.
Il n'avait pas honte de sa condition d'étoile, mais il ne savait jamais comment les gens allaient réagir face à cette annonce. Il savait qu'il existait un groupe "d'anti-étoile" et il avait toujours cette peur de tomber sur l'un d'entre eux.

- Laissez moi vous montrer.

Il se leva et tendit légèrement sa main gauche. Les fils commencèrent à se mouvoir. Ce fut d'abord ceux de son bras qui bougèrent, puis ceux de son torse suivirent, et enfin ceux de son visage. Il les fit tournoyer doucement au-dessus de lui avant de leur faire reprendre leur place initiale. Il avait le visage en feu et il était sur ses gardes. Il n'avait aucune idée de comment le groupe allait réagir.

- Il y a une histoire derrière Hoshikami. Une légende raconte qu'un jour une reine, celle qui vous aurait créé vous humains, en aurait eu assez de toutes ces guerres et cette pollution. Elle qui vivait parmi les étoiles, qui d'ailleurs n'étaient même plus visibles, aurait décidé de leur donner vie. Et ces étoiles seraient descendues sur Terre, à Hoshikami. Chaque étoile est liée à un humain, si l'un meurt, l'autre également. Le rôle de l'étoile et de protéger son humain et elle a un pouvoir qui lui permet d'y arriver. Enfin, cela dépend des étoiles évidemment.

Puis, il s’arrêta un moment avant de déclarer :

- Je suis une étoile.

Une reine ? Des étoiles ? On était tous perdus. Le fait qu’Isaac a fait mention de cette reine a lancé un long débat au sein de notre groupe. Nous étions tous plus ou moins croyants dans cette bande même si nos religions étaient différentes. On trouvait cela étrange, une reine qui a crée les humains ? Est-ce Dieu ? Étrangement, le groupe semblait plus préoccuper par cette « reine » que par le fait qu’Isaac soit une étoile.

D’ailleurs, Joseph lança :

« Une reine qui a crée les humains ? Ce n’est pas une reine qui nous a crée, mais Dieu ! »

« Peut-être que cette reine est Dieu ? S’interrogea Ismaël. »

« Ce n’est pas vrai ! Déclara Joseph. »

« On ne sait même pas à quoi ressemble Dieu. Le fait qu’il soit une « reine » peut-être possible, déclara Ismaël. »

« Dieu n’a pas de forme, il n’a pas d’enveloppe charnel ! Continua Joseph. »

Au bout de quelques minutes, on se trouva avec un long débat parlant de Dieu, des prophètes et des croyances.

Pour tenter de rassurer Isaac, Ismaël déclara :

« Nous sommes désolés de se grabuge, mais nous venons du Moyen Orient et d’Afrique. Dans ces régions, la religion a une place … très importante pour les habitants. Du coup, on ne la prend pas à la légère. »

Soudain, Isaac déclara en face de nous :

- Laissez moi vous montrer.

Les fils qui étaient sur le corps du japonais commencèrent à bouger et à se mouvoir. Puis, c’est alors que le visage prit feu.

Samir déclara tout de suite face à cela :

« Sorcellerie ! »

On était tous impressionné ! Qu’est-ce donc cela ?! Joseph lança directement :

« Oh putain ! »

Personne ne bougeait, tout le monde semblait être fasciné par cette … magie ! On n’arrivait pas à trouver d’autres mots pour décrire ce qu’on voyait.

Lorsqu’il termina son tour de … « magie ». Samir l'harcela plusieurs questions :

« Vous êtes quoi au juste ? Un démon ? Un ange ? Un extraterrestre ? Vous êtes bizarre ! Vous nous parlez d’étoile, d’une reine … Vous … vous … »

Ismaël tenta de calmer Samir en demandant calmement au japonais :

« Vous dites que vous êtes une étoile, vous êtes descendus du ciel ? Nous sommes tous liés à une étoile ? Vous voulez dire que vous êtes un … « ange gardien » ? Nous sommes un peu perdus. »

C’est alors que Joseph coupa la parole en déclarant :

« Si Dieu ou votre « reine » voulait arrêter la guerre, il ou elle aurait dû intervenir plutôt, cela va faire depuis les débuts de l’humanité qu’on s’entre-tue. »

HRP : Quand je dis que son visage est en feu, il n'est pas en feu littéralement. Il a juste le visage très rouge en fait ^^

ft. Isaac Ishikawa & ISSAM ABD EL AZIM

Un nouveau monde

Les réactions étaient toutes très différentes. Il y avait de la surprise, beaucoup de surprise mais alors que certains paniquaient plus ou moins, d'autres essayaient de comprendre tout ça avec calme. Il y avait également multitude de questions, mais tous portaient sur les même thèmes " Qui est cette reine ? ", " Qu'est-ce que tu es exactement ? ".
Il ne savait pas vraiment comment y répondre. Il n'avait aucun souvenir de son séjour dans le ciel et il n'était absolument pas capable de dire si cette reine était réelle ou non.

- Vous savez, vous n'êtes pas obligés de croire en cette reine. Chacun à sa religion, mais ce "Dieu" qui prend différents noms selon la religion, et au final une seule et même personne, celle qui vous a créé. Je n'ai aucun souvenir de ma vie dans le ciel, mais je sais que j'ai été envoyé ici pour aider et protéger les humains. Oui, vous pouvez nous considérer comme un ange gardien si vous le voulez mais en aucun nous sommes vos ennemis. Nous ne pouvons pas arrêter toutes ces guerres mais nous pouvons faire de Hoshikami un endroit où tout le monde se sentirait en sécurité. Mais bon, avec ces groupes d'anti-étoiles et anti-humains, j'ai de plus en plus de mal à y croire.

Il n'avait pas voulu terminer sur cette note pessimiste mais il devait aussi les mettre au courant de ce groupe : le Crépuscule.

Il remarqua que le plus jeune du groupe était resté silencieux malgré toutes ces découvertes. Il s'approcha doucement et s'agenouilla face à lui.

- Et toi ? Qu'est-ce que tu en penses ? Tu n'as pas peur de moi, j'espère.

- Et toi ? Qu'est-ce que tu en penses ? Tu n'as pas peur de moi, j'espère.

Ismaël me fit la traduction des paroles d'Isaac. Un petit sourire se dessina sur mon visage, je répondis d'un ton timide :

« Vous nous avez accueilli, vous êtes une très bonne personne, peu importe ce que vous êtes. Généralement, les gens nous ignorent alors qu'on leur demande seulement un morceau de pain pour survivre. »

Puis, je repris d'un ton plus alaise :

« Ange, Dieu, je crois en cela, mais chacun ses croyances. Vous avez peut-être oublié votre vie au paradis, mais vous avez aidé de pauvres mortels. J'ai une petite question, vous pouvez faire des miracles ? »

J'avais l'air d'être un enfant naïf et perdu à ce moment-là. Je ne connaissais pas ce pays et c'était un autre monde pour moi. Puis, c'est alors qu'Ismaël demanda au japonais :

« Vous connaissez un moyen pour obtenir le titre de réfugier dans cette ville ? »

Tandis qu'Ismaël posait une question à Isaac. Je vis une étrange petite boite en plastique, une télécommande. Par curiosité, j'appuyais sur un des boutons au hasard. Très vite, une image apparut, celle d'une jeune femme faisant de la publicité. C'était la toute première fois que je voyais une télévision et des images bougées sur un écran. Ma première réaction avait été:

« Regardez ! Il y a une femme dans la boite ! »

Ismaël rétorqua :

« Elle n'est pas coincée dans une boite, ce sont des images qui bougent. »

« Des images ? Demandais-je. »

Tel un enfant naïf, je décidais de m'approcher de la télévision, je touchais l'écran, je regardais tout autour de celle-ci, je touchais également les fils. Puis, c'est alors que je vis une grande boite blanche. Pris par la curiosité, je décidais d'aller voir l'objet avant de demander aux autres :

« C'est quoi ça ?! »

« Un réfrigérateur, déclara Ismaël. »

Sans aucune hésitation, je décidais d'ouvrir l'ouverture de cette grande boite blanche. Ma réaction avait été :

« Il fait froid à l'intérieur ! Tient ! Il y a de la nourriture ! »

J'étais possédé par la curiosité tel un enfant de cinq ans, mes jambes et mes yeux me forçaient de continuer d'explorer la maison d'Isaac à la recherche d'objets que je considérais comme "étranges et bizarres".

ft. Isaac Ishikawa & ISSAM ABD EL AZIM

Un nouveau monde

Isaac sourit face à la réponse du jeune garçon. Il était heureux de ne pas être considéré comme un monstre.
Tandis qu'un de ces camarades lui posait une question, la télé s'alluma soudainement. Isaac surprit, sursauta légèrement et vit que le plus jeune du groupe tenait la télécommande entre ses mains. Isaac rigola doucement en voyant la surprise sur le visage des garçons. Il se retourna vers Ismaël afin de répondre à sa question.

- Je ne peux pas vraiment t'aider sur ce coup là. Mais je pense qu'il faudra aller dans une ambassade japonaise pour avoir plus de renseignement.

L'étoile était mal à l'aise. Il aurait aimé plus les aider. Il les admirait pour leur courage. Cela avait du être une vraie épreuve de s'échapper de leurs pays pour venir jusqu'ici, et pour ça il voulait les aider au maximum.

Isaac entendit la porte du frigo s'ouvrir. Il se leva et se dirigea vers Issam qui regardait à l'intérieur, l'air émerveillé.
Il sourit, une fois de plus. Il s'approcha et sortit quelques ingrédients du frigo.

- Je n'ai pas pensé à faire de course, du coup j'ai juste de quoi faire des sandwichs mais promis, je vous ferai un vrai plat japonais un jour. Tu veux m'aider Issam ?

Il posa tous les ingrédients sur son plan de travail.

- Vous pouvez utiliser la salle de bain si vous voulez. Vous prenez le couloir et c'est la porte à votre gauche.

Isaac se rendit compte qu'il ne savait absolument rien sur ce qu'ils leur étaient arrivés. A vrai dire, il n'osait pas vraiment leur poser la question. Il ne voulait pas qu'ils se rappellent leurs vies d'avant, surtout si elle avait été douloureuse pour eux.
Mais sa curiosité prit le dessus et il finit par poser sa question à qui voudra lui répondre.

- Qu'est-ce qui vous est arrivé ?

- Qu'est-ce qui vous est arrivé ?

La question nous gênait, un lourd silence s'installa dans la pièce. Mes camarades semblaient regarder leurs cicatrices fixement.

Alors que le silence s'installait dans l'appartement, Joseph déclara à Isaac d'un ton calme :

« Vous voulez vraiment le savoir ? »

Puis, il marqua une pause pour reprendre son souffle avant de dire toujours du même ton :

« Nous avons tous des histoires différentes. Vous voulez connaître notre passé ? On va commencer par la mienne … »

Joseph décida de se lever du canapé lentement. Au bout de quelques instants, il enleva son tee-shirt pour se mettre torse nu. Tout le monde vit ses cicatrices, il y en avait au moins une vingtaine sur son corps. Cependant, il y avait une marque sur son dos, une écriture. À l'époque, je ne savais pas encore lire, mais c'était marqué ceci :

« Tutsi ! »

Alors qu'il regardait fixement Isaac, il déclara :

« Connaissez-vous le génocide du Rwanda ? »

Après une brève pause, il reprit avec une voix légèrement grave, mais toujours calme :

« Je suis du peuple Tutsi, mon peuple vivait en paix en Afrique de l'Est, mais … Depuis, le génocide de 1994, tant des nôtres sont morts … Même après le génocide, il y a encore eu des massacres, nous avons été contraints à l'exil. Désormais, nous sommes peu, éparpillés partout sur le globe, sans l'espoir de pouvoir retrouver notre … »

Joseph n'avait plus les mots pour décrire plus. Toutefois, il décida de terminer avec quelques phrases :

« Ces cicatrices sont des souvenirs de guerres … La marque que vous voyez, c'est le symbole de notre exil pour vous donner un équivalent … ce serait l'étoile jaune des Juifs durant la seconde guerre mondiale. »

Finalement, il décida de remettre son tee-shirt avant de s'asseoir à nouveau sur le canapé.

Alors que Joseph s'asseyait sur le canapé, Ismaël prit la parole en déclarant à Isaac :

« Je suis Syrien, vous savez que la guerre ravage mon pays d'origine. Je suis de la minorité chrétienne. Tout comme celui de Joseph, mon peuple avait été massacré. Cinq ans que je me suis battus, j'étais au côté des rebelles contre le régime répressif de Bashard el Assad. Tous les Syriens, peu importe leurs ethnies ou leurs religions voulaient la mort de ce tyran génocidaire. Mais … »

Alors qu'il s'arrêta un moment pour reprendre son souffle, il reprit toujours du même ton :

« Cinq années de guerres, de massacres, j'ai perdu …perdu … j'aimerais qu'on change de sujet. »

Plus personne ne voulait parler, Mahmoud et Samir restèrent muets sur leur passé. Tant qu'à moi, je restais silencieux. Tandis que le silence s'installa à nouveau dans l'appartement, je me souviens de cet instant où je me suis avancé près d'Isaac pour lui demander calmement :

« Monsieur l'ange, qu'est-ce que vous pouvez faire ? »

ft. Isaac Ishikawa & ISSAM ABD EL AZIM

Un nouveau monde

Un lourd silence s'installa dans la pièce. Il n'aurait pas du poser la question, il ne savait que trop bien ce qu'était un souvenir douloureux. Il aurait voulu revenir en arrière et juste préparer ces stupides sandwiches tout en gardant cette bonne humeur.

Joseph se leva en premier. Il dévoila les nombreuses cicatrices qui parsemaient sont corps dont une marque sur son dos : Tutsi...
Bien entendu qu'il connaissait ce génocide. Il hocha lentement la tête, n'osant même plus ouvrir la bouche. Il avait du mal à regarder cette cicatrice et instinctivement il toucha un de ces bras, traçant de son index le chemin que formait les fils.

Ismaël prit à son tour la parole. Isaac sentait très bien qu'il avait du mal à en parler. Il aurait voulu le prendre dans ses bras et lui dire que tout irait bien maintenant mais il n'y arrivait pas, c'était au dessus de ses forces. Il savait rire avec les autres, mais leur faire des câlins, les embrasser... ce n'était pas pour lui.

Soudain, il ressentit quelque chose d'étrange. C'était comme un poids sur sa poitrine qui l'empêchait de respirer ou même de bouger. Ce sentiment le rendait fou et soudain de l'eau coula sur ses joues. Il posa ses doigts dessus... des larmes... Il n'avait jamais pleuré auparavant. A vrai dire, en ce moment même, il se sentait totalement impuissant.

- Monsieur l'ange, qu'est-ce que vous pouvez faire ?

Il se tourna vers le jeune garçon, les larmes coulant toujours sur ses joues et chuchota :

- Je ne sais pas. Rien je pense.

Et c'était vrai. Tout ce qu'il pouvait faire maintenant, c'était les aider eux et prier pour que leurs peuples soient un jour sauvés.

Il essuya avec rage ses larmes et dit d'une voix tremblotante :

- Je suis vraiment désolé, je n'aurais pas du vous poser cette question ! Je suis un imbécile.

Il ébouriffa légèrement les cheveux d'Issam en lui souriant.

- Et si on continuait ces sandwiches ? Et puis, peut-être que vous avez d'autres questions...

- Je suis vraiment désolé, je n'aurais pas du vous poser cette question ! Je suis un imbécile.

« Non ! Vous n'avez rien à vous reproché Isaac, déclara Ismaël. »

Puis, c'est alors qu'il me regarda en m'ébouriffant les cheveux avec le sourire avant de déclarer :

- Et si on continuait ces sandwiches ? Et puis, peut-être que vous avez d'autres questions...

Sandwiche ? Ah oui ! Ces trucs où on met de la viande et des œufs sur du pain. J'ai quand même eu l'occasion d'en manger en Somalie. Alors qu'Isaac préparait les sandwiches, je demandais à celui-ci :

« Il y aura quoi ? »

Alors que je venais de poser cette question. Mahmoud qui était resté silencieux décida de se lever, celui-ci sortit un grand sourire avant de demander à Isaac :

« Bon ! J'ai bien une petite question ? »

Il décida de se rapprocher près de lui pour demander avec de grands yeux et un grand sourire :

« Elles sont comment les femmes japonaises ? Plutôt mince, grosse, athlétique ? C'est comment la vie sexuelle au Japon ? »

Tout le groupe tirait une tête étrange quand Mahmoud avait posé cette question. On venait de parler de guerres, de massacres, de crimes et lui ! Il parle de cul ! Je pense qu'à cet instant, il voulait changer de sujet, il voulait que le groupe rit à nouveau et leur faire oublier leur passé pendant un moment.

Bizarrement, Joseph, Ismaël et Samir rirent timidement. Tandis que l'ambiance devint légèrement plus « joyeuse », Mahmoud déclara en posant sa main sur ma tête :

« Alors, Issam ! Est-ce que tu es intéressé par les filles ? Est-ce que les hormones sont arrivées ? »

« Euh … »

J'étais un peu gêné par la question, je n'avais jamais parlée de ce genre de truc surtout qu'à cette époque, j'avais à peine 13 ans et les hormones venaient à peine de faire leur apparition.

Toutefois, il continua toujours avec le sourire, mais en demandant à nouveau à Isaac :

« Tu as déjà baisé ? Est-ce que tu as une amoureuse ou un … amoureux ? »

Joseph, Ismaël et Samir rirent à nouveau en entendant cette question. Certes, ce n'était pas très poli de parler de sexualité, mais cela changeait de l'ambiance froide et pensante de la guerre et de l'exil.

ft. Isaac Ishikawa & ISSAM ABD EL AZIM

Un nouveau monde

Isaac montra au jeune garçon deux boîtes :

- J'ai du thon-mayo, des œufs, de la salade, des tomates je crois... Je dois avoir du fromage quelque part. Je peux vous laisser faire vos sandwichs si vous préférez.

Isaac s'empara d'une tranche de pain et étala du thon, et ajouta des crudités. Un premier sandwich de fait. Il en ferait sûrement trop et il lui en restera sûrement sur les bras, mais il voulait que ces garçons mangent à leur faim.
Alors qu'il préparait un deuxième sandwich, Mahmoud lui posa une question qui le fit rougir jusqu'aux oreilles.

- Je... et bien... j'ai...

Il ne savait pas quoi répondre. Comment trouvait-il les japonaises ? Il n'était pas du genre à se retourner quand une jolie fille passait devant lui.

- Je... ça ne m'intéresse pas vraiment... enfin pas pour l'instant...

Si, il continuait comme ça, il allait mourir de honte. Il avait grandi au Japon, et sa mère lui avait appris à être pudique. Il n'avait jamais réellement parlé de sexe avec ses parents, avec personne à vrai dire. Et, on avait beau lui dire qu'à dix-sept, les hormones lui en feraient voir de toutes les couleurs, pour l'instant il se sentait normal. Il avait d'autres problèmes et n'avait pas le temps pour ce genre de distraction.

Quand le jeune homme posa une question semblable au jeune Issam, il vit aussitôt la gène se peindre sur son visage. Il décida de se faire tout petit, espérant que Mahmoud passerait à autre chose.
Il attrapa un sandwich et croqua dedans.

- Tu as déjà baisé ? Est-ce que tu as une amoureuse ou un … amoureux ?

Il avala de travers et manqua de s'étouffer. Il toussa à s'en décoller les poumons et attrapa une bouteille d'eau qui traînait sur la table. Il en avala une grande gorgée. Sa toux se calma doucement, mais le rouge qui peignait son visage était revenu.

- Non... je n'ai pas de petite-amie... Et toi ? Je veux dire... tu en avais une dans ton pays?

Il se tapa intérieurement. Décidément, il ne faisait que des gaffes...

Le jeune Isaac semblait être gêné dans cette question. Le pari de Mahmoud a marché. Tout le monde semblait avoir oublié pendant un court instant leurs problèmes. Mais, qu’importe ! Ismaël déclara à ce dernier :

« Tu n’as pas honte de parler de ça ici ! On est au Japon ! Les mœurs sont différentes ! »

« Ah ! Ils sont coincés du cul ? Quoi que dans les pays arabes, c’est également le cas, répondit Mahmoud avec un grand sourire. »

« T’as vraiment aucune limite … »

« Enfin, bref ! Si tu n’as pas de petite amie ! Tu peux toujours sortir et aller draguer ! »

Puis, c’est alors que vint la réponse d’Isaac qui affirma :

- Non... je n'ai pas de petite-amie... Et toi ? Je veux dire... tu en avais une dans ton pays?

« Euh … non. Mais, à l'époque, on voulait me forcer à me marier avec une inconnue. Toutefois, ce mariage n'a jamais eu lieu à cause des … problèmes dans le pays. Bref ! Je n'ai jamais eu d'amoureuse et je n'ai jamais baisé. En même temps, on me disait souvent :

« Mahmoud ! Tu connaîtras seulement les plaisirs de la chaire quand tu seras marié ! »

La virginité, la pureté … Bref ! Ce genre de conneries ! »

Puis, c'est alors qu'il tourna sa tête vers les autres en demandant :

« Et vous les gars ?! »

« Jamais, répondit Samir. »

« Plusieurs fois, mais je ne me suis jamais marié, déclara à son tour Joseph. »

« Une fois avec une jeune femme, mais on ne pouvait pas se voir souvent à cause de nos … religions différentes. Elle était musulmane, j'étais chrétien. Donc c'était un peu la galère … surtout son père qui faisait la morale à sa fille. Mais … quand la guerre a embrasée tout, elle est partie pour le Japon avec sa famille. Contrairement à elle, je suis resté pour me battre, mais … aux fils des années, j'ai tout perdu … ma famille, mes amis. Alors ! À quoi cela sert à se battre lorsqu'on a tout perdu ? Ils sont tous morts. Toutefois, je suis parti pour le Japon pour tenter de la revoir une … nouvelle fois. Elle est encore la dernière personne que j'ai chère à mon cœur. »

Le silence pesait encore de nouveau. Toutefois, Mahmoud tapota son épaule en déclarant à haute voix avec un petit sourire :

« Oublie un peu la Syrie ! Tu vas la retrouver ta chérie ! Et puis, tu as nous ! Tes camarades ! Et notre ami Isaac ! »

Même si j'avais cette peur que la discussion tombe à nouveau dans le « drame et la douleur ». Les paroles de Muhammed rassuraient un peu le groupe. Il avait raison ! Il fallait oublier le passé et se concentrer sur le futur.

ft. Isaac Ishikawa & ISSAM ABD EL AZIM

Un nouveau monde

Isaac venait de finir le dernier sandwich, il les posa sur un plat qu'il emmena dans le petit salon. Chacun pouvait se servir désormais.Il avait écouté les récits de chacun d'une oreille distraite, les joues rouges à cause de la gêne, mais il n'avait pas fait de commentaires, ils devaient se changer les esprits à partir de maintenant et ne plus repenser au passé.

- J'imagine que vous allez devoir trouver du travail et un endroit où vivre désormais.

Il s'arrêta de parler, cherchant un moyen de leur venir en aide. Il se leva soudainement et s'exclama :

- Ne bougez pas ! Je dois avoir quelque chose pour vous aider !

Il couru presque jusqu'à sa chambre et fouilla dans ses tiroirs, mettant à terre divers objets et vêtements. Enfin il trouva l'objet de son exclamation. Il retourna aussi vite dans le salon, secouant le petit magazine.

- On me l'a donné quand je cherchais un studio ! C'était il n'y a pas si longtemps, donc je pense qu'il devrait y avoir quelque chose qui pourrait vous convenir et pour ce qui est du boulot, il me semble qu'il y a un café pas loin qui cherche du boulot et puis dans les journaux aussi il y a des annonces !

Il donna le magazine au plus grand de la bande, espérant qu'ils y trouveraient quelque chose qui leur conviendrait.

Le reste de la soirée se passa tout aussi normalement, chacun parlait de sujets tous plus ou moins banals.
Quand vint finalement le moment de se coucher, Isaac réussit à dénicher des futons assez grand, pour que tout le monde ai de la place pour dormir, il bougea le fauteuil et s'installa lui aussi parmi ses nouveaux amis.

Ils allaient s'en sortir, Isaac en était persuadé désormais.

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