❝ Rejoice every time you hear the sound of my voice. ⚔ Rui.

Visage d'antan

Rui & Ban

Il y a des visages qui marquent. De ceux que l'on oublie jamais réellement, qui restent ancrés dans les mémoires, qui s'insinuent dans tout notre être, inlassablement, ils s'obstinent à s'imprégner dans votre esprit. Vous savez déjà qu'ils vous sera impossible de les oublier, de les chasser de là à grand coup de balais, parce qu'ils ne veulent tous simplement pas vous laisser. Ce sont les visages qui ont marqués votre vie d'une façon irréversible, en bien ou en mal et qui, peut-être, viendront à nouveau marquer cette vie que vous menez. Comme beaucoup, comme tout ce qui vie sur cette Terre, l'ex-taulard aussi en a. De ces visages qui reviennent parfois hanter ses nuits, ses mauvais rêves d'un passé troublant sans qu'ils ne soient pour autant mauvais. Il y en a quelqu'uns ainsi et même après dix ans, il sait très bien que n'importe où que ce soit, s'il venait à croiser à nouveau ses traits, il ne pourrait s'en détourner. Parce qu'immédiatement, l'humain vous reconnaîtrez simplement.

L'orbe solaire déclinait déjà à l'horizon ce jour-là, lorsque soudainement l'humain avait décidé de sortir. Non pas pour aller boire comme souvent, non pas pour aller chercher âme qui vive à ramener dans son lit, l'esprit bien trop occupé par ce gamin, cet adolescent rencontré plus tôt, celui qui avait déjà partagé sa nuit. Cette crinière blonde qui le rongeait à présent et, bien malgré lui, le poussait à se ranger un instant, peut-être toute une vie carrément. Alors non, ce n'était pas dans l'espoir de chasser, de trouver réconfort d'une chaleur humaine que ses pieds arboraient les ruelles, mais bien dans l'esprit de simplement sortir se divertir comme n'importe qui.

Alors ses orbes parcouraient les devantures des magasins qui défilaient depuis un moment, marchant lentement, à pas raisonnable, profitant simplement de la chaleur qui déclinait depuis un moment. Est-ce à cet instant précis que sa décision se prenait alors ? Celle de retourner à nouveau chez ce disquaire, celui où le brun avait fait la rencontre étonnante avec une jeune femme à la chevelure claire ? Celui qui rappelait tant de souvenir à l'homme qu'il était devenu après tout ce temps ? Parce que c'est bien là-bas, dans cette antre perdue derrière les ruelles principales, que l'adolescent qu'il fut un jour avait commencé à apprendre de la musique avec cette femme. Nostalgique. Mué par une envie de revoir à nouveau ce piano où ses doigts avaient glissés, ses pas l'y menait alors. Cependant qu'elle n'était pas sa déception en le voyant fermé. Une moue prenait rapidement ses lippes une seconde, semblant réfléchir.

Tant pis, ses pas reprenaient leur chemin jusqu'à croisé plus loin, dans une rue plus bondée, un magasin de musique. Tant que cela touchait à la musique, pourquoi ne pas s'y arrêter, n'est-ce pas ? N'ayant, de toute manière, rien de mieux à faire pour l'instant, l'ex-taulard passait le pas de la porte avec douceur, ses orbes parcourant les lieux, balayant le peu de personne qui y résidait. Et déjà la porte se refermait derrière lui, se jetant lentement dans la première allée qui lui faisait face. Ses mains parcouraient les disques, CD qui y vivaient et prenaient la poussière.

Les secondes s'écoulaient, les minutes s'échappaient, le laissant plonger dans un océan de vieux souvenirs à la vue de certains artistes, de certains morceaux. Un fin sourire perlait sur ses lippes, brisant cette façade impassible qui le caractérisait si bien. La distante qu'il pouvait créer avec autrui se brisait face à la musique, violemment l'homme se rapprochait de celle-ci comme un papillon viendrait brûler ses ailes contre une lumière artificielle. Un sentiment léger semblait planer à ses côtés, continuant simplement sa visite avec légèreté.

Est-ce à ce moment-là, lorsque passant d'un rayon à un autre, son regard avait perçu cette crinière bleutée, que l'humain l'avait reconnu ? Un arrêt se faisait voir, se stoppant soudainement, suspendant le temps de son côté. Ses paupières battaient frénétiquement comme pour être certain que ce n'était pas simplement une imagination d'antan. Pourtant, elle était bien là. Comme un mirage. Et c'est légèrement fébrile que sa voix avait simplement porté dans le silence :

« Rui ? »

Comme si le temps s'était arrêté dix ans auparavant.

i see the past

Il y a des jours comme ça où on aimerait que le temps s’arrête. De rester dans son lit calmement sans avoir à bouger de toute la journée. Mais Rui était déjà dans la salle de bain, elle chantonne calmement dans la pièce, alors qu’elle passe sa brosse dans ses cheveux. Elle se regarde dans le miroir. Observant longuement l’image qu’elle voit d’elle. L’image d’une femme, comme une autre, sans rien de plus, sans rien de moins. On pourrait croire qu’elle est banale quand on la voit ainsi. Mais qui irait penser qu’elle est une étoile, qu’elle a vécu tant de choses. Elle n’hésite pas une seconde à prendre de l’eau entre ses mains avant de se l’envoyer sur le visage. Rafraîchissant. Elle se regarde une nouvelle fois, avant de sourire doucement, il était temps de profiter de cette belle journée.

Elle repasse dans la pièce à vivre, regardant un moment autour d’elle. Personne. Toru était sorti plus tôt, le guitariste avait un entretien d’embauche, un truc sérieux. Le genre de truc sérieux que Rui déteste par-dessus tout. Elle préfère largement passer son temps à boire et jouer de la musique, vivre au jour le jour. Mais c’était la décision de Toru et tant qu’il ne décidait pas de les quitter, Rui n’avait pas son mot à dire là-dessus. Elle rumine légèrement avant de passer sa veste en cuir. Elle s’ennuyait. Il fallait qu’elle sorte, qu’elle se change les idées. Elle ne voulait pas passer son temps dans cet appartement, surtout seule. La bleuté attrape son paquet de clope, le plaçant dans la poche de sa veste avant de passer la porte.

Rien de plus reposant qu’une petite balade en moto. Le vent dans les cheveux, la sensation de vitesse. Quand le moteur gronde au rythme des mouvements de pieds de la bleuté. Tout ça. Quand elle conduit, elle ne pense à rien d’autre, juste au paysage devant elle et au vent venant fouetter le bas de son visage. Une sensation de pur plaisir. Elle roule dans le centre-ville sans réel but, elle veut juste s’évader. Tournant au gré de son instinct. Un coup à droite, un coup à gauche. Voilà comment elle était arrivée là. Devant ce magasin de musique. Le seul de la ville et le plus connue. Comme quoi tout la mène au même point. La musique. Comment résister à l’envie de s’arrêter, même quelques minutes. Le moteur s’arrête. Elle enlève son casque calmement avant de descendre de son destrier.

En quelques secondes, elle était déjà dans un rayon en train de regarder la plupart des vinyles en ventes. Rien n’est mieux qu’un vinyle, vintage mais authentique. Tellement plus classe que les CD qui se vendent actuellement. Un sourire sur le visage, telle une gamine à la recherche de trésor. Quand elle y pense, cela faisait un moment qu’elle était dans ce monde, un moment qu’elle avait cette passion. Une passion qu’elle n’aurait jamais soupçonnée avant. Dans sa jeunesse elle n’avait jamais pratiqué le chant ni même la guitare et pourtant maintenant elle aimait tellement ça. Rui passe a revu les vinyles doucement, tout en ressassant son passé. Un passé où elle n’avait rien à voir avec aujourd’hui. Elle était tellement plus fermée à l’époque, que quand elle y pensait actuellement elle avait envie de gifler l’idiote qu’elle avait été.

Elle secoua légèrement la tête. C’était une époque dure pour elle, mais elle avait quand même réussi à avoir des amis. De bons amis. Dont elle avait perdu la trace avec le temps, ce qu’elle trouvait bien dommage. Un son qui atteint ses oreilles. Effectivement un de ses amis à l’époque avait exactement la même voix. Son nom ? Elle s’arrête brusquement, avant de se tourner précipitamment vers la source de la voix. Et là, c’est ce qu’on pourrait appeler un choc. Il était là juste devant elle, cet ami, celui qu’il l’avait connu dans sa période la plus sombre. Un vrai miracle. D’un coup, un large sourire vient s’afficher sur son visage, elle saute doucement sur place avant de s’avancer vers lui.

« Ban !!! Ca fait tellement longtemps ! Je suis trop contente de te revoir, si tu savais ! »

Cela faisait tellement longtemps, la première personne qui lui avait vraiment fait apprécier la musique, pour la toute première fois. Et il était super doué en plus. Elle sourit se plaçant juste devant lui. Il avait grandi, vraiment, son visage était plus dur qu’avant, il était vraiment différent. Plus sévère. Elle l’observe un long moment, plissant un moment les yeux, avant de venir tapoter son épaule gentiment. Elle savait très bien ce qui avait pu lui arriver enfin juste une partie en tout cas. Rui était bien au courant que Ban avait fait un petit séjour à l’ombre, ce n’était pas une chose qui passait inaperçu surtout quand on connait la personne. Elle sourit doucement avant de retirer sa main.

« Qu’est-ce que tu deviens dernièrement ? »

Visage d'antan

Rui & Ban

Un sentiment de joie avait parcouru le silence, brisant cette froideur qu'il pouvait apporter dans son sillage. La belle était heureuse de voir l'ancien taulard. Presque comme un comble. Une réaction de surprise perlait naturellement ses traits. Parce que jamais le brun n'aurait pu croire qu'un ancien visage de son passé puisse être ainsi heureux de l'avoir à nouveau à ses côtés même l'espace d'une seconde. Dans son regard, on ne lisait aucun jugement, aucun préjugé et l'humain ne pouvait comprendre pourquoi. C'était troublant, tourmentant l'espace d'un instant son esprit, revenant à la réalité quand la chaleur d'une main se posait sur son épaule carré. Alors naturellement ses orbes glissaient jusqu'à cette dernière, dérivant par la suite sur ses traits, son faciès pour chercher une réponse à son comportement. De la gêne, une main passait sa nuque, frottant cette dernière. Et la franchise légendaire faisait surface, ne pouvant être stoppée.

« Franchement, je ne pensais pas que tu réagirais comme ça en m'voyant. »

Quelle sera la réaction de ceux que je connaissais lorsqu'ils me verront à nouveau ? Cette question, inlassablement elle s'était imposée à son esprit chaque jour durant le premier mois de liberté retrouvée. Parce que le hasard savait jouer de ses mains, l'homme le savait très bien et le destin pouvait se montrer si dangereux. Alors la question était apparue d'elle-même, songeant au jugement que certain visages du passé pourraient porter sur une réalité voilée par un faux jugement. Cela l'avait tourmenté bien qu'il ne pouvait se l'avouer. Ou bien en prenait-il conscience à présent que sa vie s'améliorait ? Les choses avaient-elles tant changer depuis cette fameuse rencontre ? C'était drôle peut-être à bien y regarder.

« J'ai payé ma dette et maintenant j'suis mécano dans un garage principalement moto. »

L'homme n'essayait plus de justifier que non, il n'était pas coupable de ce qu'on l'accusait, étant fatigué d'avoir passé des années à le proclamer à certain de ces co-détenus derrière les barreaux qui cachait la liberté. A quoi bon dire « J'ai payé une dette que je n'aurai pas dû. » ? Les gens ne pouvaient voir, ne pouvait croire que ce que le monde dictait, embrumé comme les moutons qu'ils sont.

Un bref soupir passait ses lippes un instant, fermant ses orbes sur ce monde, sa main revenant passer sa nuque soudainement tendue. Ça aurait pu être n'importe quel visage d'antan, probablement que l'homme n'aurait pas réagit aussi ardemment. Mais il s'agissait d'elle et de suite les choses n'apparaissaient plus pareil. Parce que Rui avait une place particulière dans sa vie et si Ban avait était important dans son monde, elle l'avait été aussi.

« Et toi, j'imagine que tu bosses aussi ? Dans la musique sûrement ? »

Pour changer le sujet, pour changer de voie, pour le faire oublier un instant de la conversation. C'était compliqué de parler de tout, notamment de ce qu'il ressentait profondément à l'égard de cette situation. Il était heureux de la voir sans nul doute, mais il craignait étrangement son jugement. Depuis quand la franchise, fuyait ainsi ? L'humain aurait pu rire de lui sur l'instant, mais son faciès se faisait impassible, seul un léger sourire prenait le coin de ses lèvres à la simple vu de son visage et de cette crinière bleutée.

i see the past

Rui sourit maintenant bêtement, telle une enfant. Quand elle y pense, la période où elle a connu Ban, elle était vraiment une enfant. Une jeune fille en pleine crise d’adolescence. Qui en avait marre de tout et qui avait fini par se rebeller. Une période bien honteuse de sa vie, qu’elle avait du mal à se remémorer. Du genre à traîner dans les endroits les plus malfamés de la ville, elle passait son temps dehors, tout ça pour quoi, pour se lamenter sur son sort. Et maudire le frère qui avait existé à travers elle. Une perte de temps. Au moins maintenant elle profitait de la vie, elle jouissait du bien-être de l’alcool, des sorties et de la musique. A l’époque, elle pensait beaucoup trop, mais Ban était de ceux qui lui avait donné le sourire. Du genre franc, à toujours sourire, il aimait la vie et le montrait chaque jour. Inconsciemment Rui savait pertinemment qu’il était en parti responsable de son changement de comportement. Elle avait changé et elle pouvait assurer que Ban l’avait aidé, la personne qu’il avait été en tout cas.

« Tu pensais que j’allais t’ignorer ou quoi ? Haha, on est pote que je sache ! »

Avant elle aurait salué sans grand sourire ou même lui sauter dessus. C’est vrai. Rien d’étonnant qu’il soit surprit. Mais voilà, Rui n’était pas la seule à avoir changé. Elle avait bien remarqué que son ami était beaucoup moins gai qu’à l’époque. Il n’était pas difficile de s’en apercevoir. Après plusieurs années à l’ombre, Rui pouvait bien imaginer que lui aussi avait dû subir des changements. Elle avait envie de lui poser tellement de questions, mais en même temps elle n’avait pas vraiment envie de le brusquer. S’il voulait en parler, elle l’écouterait mais pour une fois elle s’abstiendrait de lui poser des questions. Après tout il y avait tellement d’autres choses à dire.

Elle garda son sourire sur ses lèvres, alors qu’il répondait calmement à sa question. Payer sa dette ? Rui sembla sceptique l’ombre de quelques secondes, s’il y avait bien une chose qu’elle n’avait jamais compris, c’était le fait qu’il ait été condamné. Cela avait fait le tour des journaux à l’époque et c’était un moment que Rui ne pourra sans doute jamais oublier. Elle avait tout simplement fait valser sa tasse sur le mur. Ban commettre un meurtre ? C’était une douce blague. Un garçon aussi gentil n’aurait jamais pu faire cela, elle en était persuadée. Et même aujourd’hui elle ne dirait jamais le contraire. Mais si même lui admettait qu’il avait payé sa dette, qu’avait-elle à dire de plus ? Rien. La suite la fit beaucoup plus sourire par contre, mécano et en plus de moto. Et dire que sa bécane attendait dehors, il n’allait pas y couper le petit Ban c’est sûr.

Mais bon ce qu’elle attendait vraiment c’était les questions et elles ne tardèrent pas à sortir d’entre les lèvres de Ban. Elle afficha alors un grand sourire, tournant un tour sur elle-même. Avant de poser fièrement un de ses doigts sur le torse de son ami.

« Alors tiens-toi bien. Il s’avère que la petite Rui, douée en rien de l’époque, joue dans un groupe. Mais attention en plus de ça, je suis madame la chanteuse de ce petit groupe de rock. »

Elle ricane, avant de lui faire un clin d’œil. Une vraie gosse. Très fière de ce qu’elle était devenue, oui parce qu’elle voulait lui en mettre plein la vue. La personne qui lui avait fait découvrir cet univers, elle lui devait bien ça. Elle vient replacer une mèche de ses cheveux bleus derrière ses oreilles avant de croiser les bras toujours ce sourire sur les lèvres.

« Et toi ? Tu joues encore ? »

RP ABANDONNE

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