to hide || pv. matvey

Fenrir Abe et Matvey Vladilen sont ce qu'on pourrait qualifier d'amis. Malgré le fait d'avoir apprit que le russe faisait fraîchement partit de la sombre organisation du crépuscule, Fenrir décide de le cacher dans sa demeure le temps qu'il s'habitue à cette vie mouvementée.


Les feuilles des arbres se meuvent sous le zéphyr soufflant en cette nuit. Les animaux de nuits se réveillent, et pourtant, la ville est endormie. On aperçoit cependant quelques lanterne éclairant un édifice voilé entre cet amont de végétation, grand, ancien - demeure du psychologue se discernant entre toutes. Cachée, à l’abris des regard, de toute cette cohue que formait la ville, et pourtant, il en faisait toujours parti. Son petit coin à lui, sans doute.

C’est en ces lieux qu’il l’accueillit, cet être damné par la population si ce n’est l’étoile divine. Cet être qui arborait à présent un titre de sang, un titre de dévastation ; terroriste. La porte principale coulissante glisse, alors qu’il lui jette un regard, le laissant en premier rentrer dans sa demeure, refermant derrière lui.

Voilà mon chez moi. Relativement ancien et peu conventionnel, mais on y est bien. Toute façon, il faut se contenter de ce qu’on a, hm? Un large sourire orna ses lèvres, alors qu’il pointa le genkan du menton. Retire-donc tes chaussures. Le laissant faire, il s’avance jusqu’au couloir principal, long - sombre, seules les lumières présentes dans les nombreuses pièces qui se trouvaient à droite et à gauche permettaient de se repérer dans l’espace. Il jette un regard derrière lui, en direction du crépusculaire, alors que son écharpe, lentement quitte son cou. Malgré l’apparence extrêmement vieillotte de cette demeure, il possédait bien évidemment l'électricité et de l’eau chaude, puisqu’il était évident que ces vivres étaient à présent indispensables à chaque être humain, de notre époque.

Sa marche s’arrêta devant une des pièces - pièce devant laquelle il tira la porte coulissante, exposant alors une chambre - relativement petite et pourtant chaleureuse, aménagée d’un lit occidental, simple, recouvert d’une couverture immaculée et ornée d’oreillers de diverses couleurs, sur les murs tronaient des tableaux et des lanternes en papier, un peu plus à côté, une autre cloison donnant cette fois-ci sur le jardin - quel reposant et chaleureux lieu. Il jeta un regard à son invité, faisant une moue boudeuse.

Les gens qui venaient chez moi me disaient qu’ils dormaient mal sur un futon. Alors j’ai du agir en conséquences. Un grognement, alors que son ongle vint se faire emprisonner par ses dents, sourcils froncés. On est censés être au Japon merde, depuis quand tu dors sur un lit normal… Parole soufflée à lui-même, il soupira pour exhaler cet agacement.

Je ne te fais pas visiter, je pense que tu t’y habitueras vite. Sourire sadique. Fais cependant attention dans quelle pièce tu auras le culot de pénétrer. Il disparut aussitôt de son faciès. Mais en attendant, voici ta chambre. Il glissa son écharpe sous le bras, lui jetant un dernier regard. Fais comme chez toi.

Lentement, il s’écarte.

Je vais prendre une douche en premier. Si t’en as envie, je te la laisserai après. Sois sage, petit crépusculaire. ♥

Son corps déambula dans les longs couloirs, faisant désagréablement grincer le plancher. Il fait un bref détour jusqu’à sa chambre pour extirper un pyjama des placards, avant de franchir le seuil de la salle de bain, refermant la seule poignée occidentale de la maison derrière lui. Il abandonne son pyjama sur une commode, son écharpe le suivant bien rapidement.

C’est parti pour le moment le plus désagréable de la journée.

Sa combinaison de jais glisse le long de son corps. Comme chaque jour, son regard ne peut s’empêcher d’être attiré par sa propre silhouette dans la glace, et comme chaque jour, il ne peut s’empêcher de se trouver… laid. Oh, Fenrir est content, fier et assuré lorsque les vêtements recouvrent sa chair, mais tout change lorsque celle-ci est exposé à la lumière qui semblait le brûler tant elle était d’une pâleur maccabéenne, étrangère de toute scrutation ou même simple exposition. Il observe son corps encore voilé d’un dernier vêtement, effleurant chacune des nombreuses entailles cicatrisées ornant son épiderme, atroce contraste qu’elles formaient.

Après quelques minutes habituelles à passer à s’observer, son dernier vêtement finit par rejoindre les autres au sol, il vint s’asseoir sur le marbre de la baignoire, ayant pour objectif d’allumer enfin cette eau, d’y rester quelques temps et de vite rejoindre son invité. Mais un bruit de poignée se fit entendre - son coeur rata un battement, c’est sans plus réfléchir qu’il vint nouer avec une vitesse déconcertante une serviette autour de sa taille, et appuyer son dos contre la porte pour qu’il n’essaie même pas.

Son prénom - surnom retentit de l’autre côté de la porte. Le souffle saccadé, il reste ainsi adossé contre la porte, le visage teinté d’une couleur rougeâtre.

...Qu’est-ce que tu veux, Mat ?!

Etait-ce une si bonne idée de le laisser tout seul, proie à ses démons ? Peut-être aurait-il dû lui laisser la salle d’eau en premier voire rester avec lui. Peut-être que ceci fut une punition pour ne pas s’être montré plus poli ? Qu’importe. Hors de question qu’il le laisse, ne serait-ce que voir la lumière de cette pièce, personne ni même Keita ou les conquêtes qu’il a pu avoir n’avaient eu affaire à la vision de son corps. Il ferma les yeux pour essayer de calmer les pulsations de son organe vital affolé - cette panique se ressentant bien dans le timbre de sa voix, tout de suite moins assuré.

N-Ne rentre pas, s’il te plaît. Il entendit la poignée se relâcher, il s’autorisa alors de se redresser de son côté, une main cependant toujours apposée sur la porte. Je… Je te laisse la salle de bain dans 10 minutes, d’accord ? ...Alors ne rentre pas. Il essaya de prendre un ton un peu plus plaisantin - en vain. Ou j’me fâche.

Espérant qu’il comprenne, il brisa alors la proximité avec le morceau de bois, s’avançant jusqu’à la baignoire pour faire couler l’eau. Un profond soupir, alors que ses doigts crispés contre le marbre en tremblaient encore.

Il se moquait. Il la sentait, cette voix dédaigneuse et ce petit air moqueur s’émaner de son intonation, il ne put s’empêcher de grincer des dents alors que cette sensation de brûlure sur son visage ne s’estompait pas - quelle honte d’avoir montré une facette si peu masculine et crédible à un être tel que lui qui ne pouvait que prendre avantage de la situation. Il ferma les yeux en soupirant, alors que son corps assis contre le rebord se balançait d’avant en arrière, se penchant de temps à autre pour effleurer l’eau du bout des doigts et jauger la température. Il ferma les yeux pour faire le vide dans ses pensées, un peu moins tendu.

Vide bien rapidement comblé une nouvelle fois par ce bruit de poignée. Il tomba de peu dans la baignoire, son coeur ratant un énième battement le faisant sursauter alors que ses réflexes ralentit par le bruit de l’eau s’échouant dans le récipient de marbre l’empêchaient d’aller se repositionner contre la porte pour l’empêcher de l’ouvrir. Mais bien rapidement, la poignée se relâcha, suivies de paroles. Il plissa les yeux, fusillant le bout de bois du regard. Encore une moquerie. Ses yeux se plissèrent, alors que sa poitrine se soulevait encore avec fougue pour récolter un maximum d’air, afin de palier à cette chaleur qui envahissait son corps tout entier. Fichu crépusculaire. Il se passa une main sur le visage.

Je t’emmerde Mat. Dégaaaaaaage.

Immobile. Ses prunelles essayaient de fixer quelque chose pour penser à autre chose. Ridicule, Fenrir. Quelle sensation ridicule d’impuissance - un psychologue aussi effrayé d’une proximité humaine était assez risible au fond, surtout quand lui ne se gênait pas de s’immiscer dans la vie de ses patients ou des autres sans aucune vergogne.

Lorsqu’il glissa finalement une jambe dans la baignoire après avoir ôté la serviette d’autour de sa taille pour l’abandonner à sa place habituelle, une injure parvint à ses oreilles, venant de tout près de la porte. Ca ne pouvait évidemment qu’être le crépusculaire. Il resta coi, alors qu’un silence s’installa derrière la porte, le calme reprenant sa place.

Lentement, il retira sa jambe de l’eau pour l’aposer par terre. Il ramassa par ailleurs ses vêtements pour les dégager à un endroit où ils ne gêneront pas, et c’est sur son chemin qu’il attrappa un peignoire. Recouvrant son corps le mieux possible de cette texture soyeuse, il éteignit l’eau, avant de lentement ouvrir la porte pour tomber face à Matvey, recroquevillé contre le mur de la pièce. L’incompréhension se mêla presque à l’attendrissement alors qu’il observa son interlocuteur relever le regard vers lui.

Fenrir se pencha pour que ses doigts encore humides n’effleure cette chevelure de jais et l’ébouriffe. Il se positionna à genoux devant lui, ses bras de glissant de part et d’autre de son corps, sous ses aisselles, pour se nouer dans son dos et l’attirer contre lui, ne pouvant s’empêcher d’étouffer un rire moqueur, murmurant plus bas. Tu étais censé tenir dix minutes, pas craquer avant, tu sais.

Il brisa cette proximité pour mieux le regarder, tirant deux fois sur son haut pour lui faire signe de se lever, faisant bientôt la même chose, avant de lisser ses vêtements et de croiser les bras, le corps frissonnant.

Allez, vas-y en premier, je peux attendre. J’peux te prêter des vêtements si tu veux, aussi. Il finit finalement par détourner le regard, observant l’intérieur de la salle de bain, puis le mur, la porte - oh une mouche… Il s’emmitoufla un peu plus dans sa prison de côton, soupirant, soufflant plus bas.

...Et... puisque tu n’aimes pas être seul, je peux te tenir compagnie pendant ton bain, s’tu veux. Enfin. Euh. Pas venir dedans hein. Juste rester dans la salle de bain.
Il se pinça l’arrêt du nez en sentant son visage virer une seconde fois au rouge pivoine - franchement pas doué pour ce genre de choses.

Alors qu’il s’attendait à une simple réponse, cette dernière fut devancée par un geste. Fenri n’était à présent plus maître de son propre visage, ce dernier relevé par les doigts de son interlocuteur contre son menton - le geste en lui-même n’était pas spécialement gênant malgré le fait que de regarder fixement quelqu’un était plutôt dérangeant et avait le don de le foutre mal à l’aise. Oui, ça n’aurait pas été si gênant, s’il n’avait pas prononcé ces mots. En fait, ces derniers ont percuté l’esprit du japonais à une vitesse monstre, et à peine eut-il le temps de les interpréter qu’il ressenti, peut-être pour la énième fois ce soir quelque chose d’ardent contre son faciès.

Tout se passa trop vite pour qu’il le comprenne. Le voilà à présent entre les quatre murs qu’il venait de quitter, face au crépusculaire. Qui. Avait littéralement le don de le mettre dans tous ses états. En vérité, il ne savait pas vraiment s’il était embarrassé, confus, dégoûté, amusé, ou encore plus embarrassé. Tout était mélangé dans sa tête - il n’arrivait même pas à piper mot, chaque son qui s’échappait de ses lèvres n’étaient rien d’autre que… du néant. Rien. Il ne put qu’entrouvrir les lèvres, les yeux ronds comme des soucoupes, alors que ses yeux alternaient entre le décor de la pièce et le corps de Matvey qu’il ne pouvait s’empêcher de regarder, étrangement - il fallait dire que la seule source d’obscurité de cette pièce s’émanait de lui - enfin, c’était ce qu’il essayait de se dire.

La parole lui revint soudainement lorsque le zip de la braguette du russe retentit, mais hélas, il ne put vraiment en profiter - littéralement viré de sa propre salle de bain. Au fond, ce n’était pas si mal. Sur le seuil de cette dernière, tout devenait si flou dans sa tête qu’il ne prit la peine d’écouter les mots de son ami d’une oreille peu attentive, distraite, et surtout perdue.

Robotique.

C’est seulement lorsqu’il pénétra dans sa chambre pour répondre à sa requête que ses sentiments de mortel reprirent possession de son encéphale, il se plaqua une main sur la bouche, essayant de se retracer cette scène atrocement tendancieuse pour mieux la déchiffrer. Il était certain que ce petit con se jouait de lui parce qu’il avait descellé un point faible en lui, mais merde, n’était-ce pas atrocement gênant même pour lui de se dévêtir de manière si sensuelle devant un homme ? Ou peut-être était-ce juste lui qui trouvait ça bizarre. C’était peut-être ça qu’on appelait la “bromance”. Ouais, non.

Il choppa ce qui lui vint sous la main, sans vraiment réfléchir, trop plongé dans ses pensées les plus profondes. Un short et un t-shirt relativement ample - pour lui du moins -, il les déposa soigneusement devant la porte. Oh, en fait, il avait bien réfléchi au choix de vêtement, et malgré la saison qui n’était pas si fraîche, la demeure de Fenrir l’était, et il espérait qu’il allait bien se les cailler avec ça. Sans mentionner que le prêt de caleçon n’est pas inclu. On ne prête pas de caleçon.

Il retourna donc jusqu’à sa chambre, défaisant en avance son futon en faisant de son mieux pour ne pas le laisser l’aguicher et embrasser les bras de Morphée. La porte coulissante menant à son jardin s’ouvrit, et malgré le zéphyr qui lui hérissait les poils, il se posa sur le bois ancien de son domicile, levant les yeux sur le satelitte naturel qui brillait de mille feux dans l’éther éteint.

Oh Etoile Divine, tu m’as conçu d’une manière bien étrange.

Il observait avec une certaine admiration les étoiles scintillantes dans le ciel, son coeur se serra d’une certaine envie de regagner son foyer et de quitter ce monde si compliqué. Il a essayé d’assimiler les humains, pendant tellement longtemps que cela en devient fatiguant, et pourtant, malgré ce désir de renouveau, c’est comme s’il n’avançait à rien. Comme si, l’Homme était en vérité indiscernable. Imprévisible. Et surtout étrange. Un bout de son peignoire glissa le long de son épaule, s’arrêtant à mi-chemin, son épiderme souillé embrassé par les rayons lunaire, il ne pouvait décoller ses yeux du ciel.

C’était pareil avec Matvey. De nombreuses fois, il a pensé avoir réussi à déchiffrer cet être tellement enigmatique, et de nombreuses fois - toutes, il a échoué. Cette fois-ci inclue. Il était la preuve matérielle que Fenrir ne pourrait jamais se venter de connaitre tout des Hommes. Peu importe la culture, peu importe les richesses récoltées. Il ne pourra jamais, parce qu’il n’est pas humain. C’est tellement dur de discerner quelque chose qu’on n’a jamais pu effleuré ou connaître - l’humanité.

Il sourit avant de finalement se redresser pour rentrer dans sa chambre, refermant la cloison derrière lui. Son corps frémit de part cette atmosphère bien plus chaleureuse. Il se glissa une main dans les cheveux, avant de finalement sortir de la pièce, déambulant dans les couloirs sans réel but, ignorant combien de temps était passé depuis que Matvey était dans la salle de bain. C’est décidé, demain, il prendrait congé. Il n’avait pas de rendez-vous de toute façon. Depuis que les étoiles semblaient être un peu plus dénigrées, sa clientèle baissait un peu. Bah, peu importe, il n’avait pas besoin d’argent.

Il vit un peu plus loin la porte de la salle de bain s’ouvrir - la luminosité lui faisant presque mal aux yeux, il plissa le nez avant de s’approcher de cette dernière. Son épaule était toujours dévoilée, la fatigue et sans doute le léger choc thermique entre dehors et l’intérieur ayant provoqué une étrange sensation de bien être qui aurait été similaire à celle où son épaule serait recouverte de ce tissu.

Un baillement, il l’observa sans grande attention. Enfin terminé ? Il n’attendit même pas une réponse et le bouscula presque pour rentrer à son tour, lui jetant un petit regard derrière son épaule. J’aurais bien voulu te castrer si tu osais ouvrir la porte… Mais j’ai peur de ne rien avoir à couper ♥ Un rire, et la porte se claque de la même manière qu’il l’a fait auparavant.

Petite vengeance personnelle ? Check. Un soupir. La chaleur de la salle de bain lui fit cependant rendre compte qu’il ne s’était pas totalement couvert - épiderme dévoilé, donnant une vue parfaite sur quatre ou cinq de ses nmbreuses cicatrices. Un soupir las de sa propre personne, il pria juste pour que Matvey soit trop fatigué pour les avoir remarqué, ou qu’il s’en soit foutu, après tout, tout le monde a des petites cicatrices par ci par là. …

***

La porte s’ouvre. Un profond soupir, il inhale la fraîcheur qui lui semblait bien étrangère à force de rester enfermé dans la salle de bain. Presque de bonne humeur, il s’étira de tout son long, ses mains tendues vers le ciel, posé sur la pointé de ses pieds. Affublé d’un pyjama obsidien, il gardait encore et toujours son écharpe autour de lui, simplement entre sa main, comme un éternelle doudou qu’il gardait - et garderait toute sa vie. Un bref regard autour de lui, il était évident que Matvey soit rentré dans sa chambre - peut-être meme qu’il dormait. C’est donc d’un pas profondément relaxé qu’il se dirigea vers la chance où son invité était supposé se trouver et où il se trouva, vraisemblablement allongé sur le lit, les yeux pourtant grands ouverts.

Il s’y immisça donc sans vergogne - ouais, il aimait bien briser l’intimité des gens, ça c’était cool et pas du tout gênant. Tu dors pas ? Il papillonna des yeux un instant. La journée semblait être bien fatiguante, non ? Un haussement d’épaules. J’peux te laisser si tu veux. Je sais pas si tu étais sur le point de dormir ou si tu dormais les yeux ouverts.

Au fait, n’avait-il pas un bandage sur un de ses poignets ?
Il referme la porte coulissante derrière lui.

Un mot, crié, qui suffit à faire sursauter le corps à moitié endormi de Fenrir. Son corps franchit de nouveau la porte en un soupir mêlant incompréhension et surprise. Non ? Ses prochains mots le firent sourire - il se retint profondément de se moquer de lui en citant l’une de ses phrases pour le laisser en plan et se débrouiller comme un grand, mais l’intonation de sa voix trahissait un certain malaise, peut-être était-ce une supplication qu’il percevait ? Haussement d’épaule, il traversa rapidement la pièce en effleurant le lit du bout des doigts en passant.

Il lui parle à présent de ses troubles somatiques, il l’écoute attentivement mais malgré tout ça, il n’arrivait pas à chercher quelque chose pour le rassurer ou même, dans le meilleur des cas trouver une éventuelle solution qui serait mise en place sur X mois. Il se masse la nuque en s’appuyant sur le mur qui se trouvait face au lit, son regard, après s’être posé quelques secondes sur le brun, traversant la pièce entière. Mal à l’aise.

… Je… Je ne suis pas psychothérapeute, Matvey. Je ne connais rien à ce genre de trucs, tu sais… Je n’ai étudié que ce qui me permettait de faire ma profession, et je ne pense pas avoir les compétences adéquates pour trouver une solution à ton problème…

Oh que c’était awkward comme situation, Matvey attendait sans doute quelque chose de lui, et il ne pouvait hélas pas lui offrir. Un soupir, ça faisait longtemps qu’il n’avait pas dit quelque chose comme ça, dans le domaine de la psychologie, Fenrir arrivait toujours à arracher et trouver le problème depuis sa racine pour le traiter et l’éradiquer dans son intégralité après s’être amusé quelques temps à voir comment ses patients réagissaient face à ce qui se présentait à eux…

Il pencha la tête sur le côté, plus ou moins gagné par la fatigue, cette dernière rendant son crâne relativement lourd. Il haussa les épaules, crachant un rire d’un jaune âcre.

Même en m’estimant capable d’apprendre les choses à une vitesse que les humains ne seront jamais capable, étudier dans ce domaine me prendra 4 à… 6 ans, je dirais ? T’en auras déjà marre de moi bien avant. Un sourire adressé à son ami. Et qui sait ce qui peut arriver pendant ce temps.

Il se décolla du mur, s’avançant lentement en direction du lit pour s’asseoir au bout de ce dernier, dos au crépusculaire, se retenant pas mal de bailler, cette action le faisant cependant frissonner de plus belle.

Mais il est certain que se bourrer et prendre des médicaments n’est pas une solution, les deux ne sont pas très bénéfiques pour ta santé en plus…Ehm.. Ca a toujours été comme ça ? Il savait qu’il s’aventurait dans de dangereuses eaux en lui demandant presque de parler de son passé. Peut-être qu’un certain élément de ta vie, durant ton enfance, ou autre qui a déclenché ces insomnies et terreurs nocturnes, et peut-être que tu restes focalisé dessus - comme une sorte de traumatisme, qui… Ehm… Au fur et à mesure qu’il cherchait ses mots, il sentait encore une fois son visage chauffer et le perturber, ça le mettait vraiment mal à l’aise d’essayer de trouver des sources totalement aléatoires à son problème pour palier le mieux possible à son inexpérience, et son impuissance dans ce domaine. Qui… T’aurait peut-être livré à tes démons, et ce traumatisme t’aurait peut-être suivi jusqu’à maintenant… E-En plus de l’anxiété qui doit être plus importante à présent maintenant que t’es certifié...?

Psychologue de merde.

Haha. C’est absurde. Désolé Mat, je sais pas trop si je peux t’aider cette fois… J'me sens un peu con.

Le mettre au courant… Rien que ça ? Matvey était vraiment du genre à lui parler d’une telle chose, lui qui n’aimait pas étaler sa vie, juste pour le mettre au courant ? Il aurait bien voulu le croire - et peut-être était-ce vrai, mais il n’arivait pas à mettre cette idée dans son crâne. Il détourna le regard, ce dernier redécouvrant sans doute pour la centième fois la pièce depuis qu’il y était entré, profondément mit mal à l’aise par le brun. Il se racla un peu la gorge suite à ça, se figeant lorsqu’il évoqua cependant les médicaments.

Le corps du psychologue se tourna face à celui de Matvey redressé, un sourcil arqué. Demander une telle chose est similaire à demander à un aveugle s’il voulait voir. Il est certain qu’il va pas te répondre non, comme dans ce cas où il était certain que Fenrir n’allait rien donner au crépusculaire. Il esquisse même un sourire suite à sa proposition, penchant la tête d’un côté.

Je t’ai déjà dit que prendre un cachet était pas une solution, t’es bouché ou quoi ? Un long et profond soupir traversa la frontière de ses lèvres. Ouais j’en ai, mais non, je t’en donnerai pas. Je préfère encore rester ici comme un con à attendre que tu t’endormes ou te chanter une berceuse que de te donner cette merde. Même si dans le cas de la berçeuse, plus que t’endormir, je vais te rendre sourd.

Un ricanement retentit alors qu’il se pencha en arrière, observant fixement le plafond. On a tous des problèmes Mat. Ca me dérange pas que t’aie besoin de moi pour t’endormir et je pense que tu l’as pas compris. Y’a rien de honteux à avoir des troubles somatiques. J’suis là pour toi aujourd’hui, tu seras là pour moi demain. C’ça l’amitié, je suppose ? Abstrait, et pourtant, ça aide. Il lui offrit un sourire narquois.

Mais je vois pas en quoi demander “dors avec moi” te gênerait. Lentement, il se retourna afin de plus ou moins faire face à Matvey. Un sourire sadique orna ses lèvres, teinté d’une assurance qui l’empêcha sans doute d’être consumé par la gêne. Parce que, personnellement, je ne vois aucune connotation sexuelle à cette proposition ? C’est comme dormir avec ses parents, nah ? Je sais pas. Dans tous les cas, ne pense pas que je vais rester ici à me péter le dos, je dors là, y’a largement assez de place pour deux. Peut-être même pour ta femme et ton gosse, ah, mais t’en a pas.

Fenrir n’a jamais réellement fait de distinction entre le sexe féminin et masculin. Les deux étaient humains, après tout, et c’est sans doute la raison pour laquelle il n’a éprouvé - et n’éprouve - aucune attirance pour les deux sexes. Peut-être que pour un humain ordinaire, dormir avec quelqu’un qui est extérieur à sa famille était bizarre ? C’est eux qui sont bizarres. Mais il peut toujours les prendre à leur propre jeu.

Mais l’espèce humaine devient de plus en plus pervertie au fur et à mesure des siècles. C’est la raison pour laquelle elle me fascine autant qu’elle m'horripile. Il grimpa sur le lit pour ramper jusqu’à Matvey, avec la délicatesse et la volupté d’un félin, rejoignant les côtés du brun, mais plutôt que de se poser sagement sur la place libre à côté de lui, ses mains prirent place de part et d’autre de son bassin, se penchant légèrement sur lui. Il s’amusait clairement, et pourtant, les pulsations de son coeur semblaient clairement audibles tellement elles martelaient sa cage thoracique, de la même manière que son visage teinté de rouge dévoilait une assurance... maladroite.

Hmm..Plus qu’une berceuse, tu ne désirerais pas autre chose, Matvey ? ~

Son sourire s’élargit, et plus que provocateur, ce dernier dévoilait une certaine candeur alors qu’il était tout près de celui de son ami. Un rire gêné, il s’écarta subitement pour sagement se poser à côté de lui, lui tournant à moitié le dos pour évacuer les spasmes qui endolorissait son ventre et faisait remuer ses épaules.

Oh merde. Non, décidemment, je pourrais jamais dire ça, c’est tellement pas crédible. Vous êtes vraiment bizarres les humains, c’est donc comme ça que vous aguichez les personnes que vous désirez, huh… Les plaisirs charnels sont vraiment trop étranges pour moi.

C’est sur ses paroles peu censées qu’il décida finalement de se glisser sous la couverture, gardant une distance raisonnable de Matvey, lui tournant le dos.

Et alors qu’il était à deux doigt de tomber de fatigue il y a quelques minutes, c’est en voulant trouver le sommeil qu’il s’en éloigna le plus. Ironique.

Un silence qui ne fut pas bien long. Une quiétude aussi éphémère, alors que la gêne, elle, ne s’amusait qu’avec le psychologue, épisodique et pourtant éternelle. N’était-ce pas tout simplement prévisible, Fenrir, que cet homme te rende le quadruple de ce que tu lui as fait subir ? Tout ça pour pouvoir t’affirmer, alors que la seule chose que tu vas réussir à faire est de t’abaisser encore plus bas.

Rien que cette main contre lui était suffisante à le dissuader à se frotter à lui davantage et vouloir le prendre à son propre jeu, et pourtant elle n’était pas venue seule la misérable, accompagnée de mots suaves qu’il n’était même pas sûr d’avoir écouté tant ses pensées étaient focalisées sur la bouffée de chaleur qui s’était emparée de lui et de tout ce qui le composait - envolé, plus rien.

Il serra les dents, ne pouvant s’empêcher d’étouffer un rire moqueur et pourtant incroyablement coincé, et alors qu’il pensait pouvoir réagir aux mots qu’il avait soufflé, une ultime action, sans doute le coup de grâce le fit rapidement changer d’avis - il était comme électrocuté, et pourtant, ce phénomène n’était pas censé arriver suite au contact de sa peau avec les dents de Matvey, pas vrai ? Figé, il n’osa même pas se retourner, même lorsque son ami reprit sa place initiale dans le lit, sa main vint recouvrir sa bouche avant de venir ronger la peau de ses doigts qui provoquait sa gueule. Damn it, il était clairement fait pour le mettre dans l’embarras et transformer ses pensées en une ratatouille de merde, et cette impuissance face à.. ça était sans doute le plus rageant, lui qui faisait de son mieux pour paraître fier, droit, et VIRIL.

Non mais regardez-le, recroquevillé sur lui-même pour essayer de contenir et calmer les battements de son organe qui le tenait debout, n’est-il pas merveilleusement ridicule ? Stupide. Heureusement que les autres mots de Matvey l’empêchèrent d’exploser, parce que ça aurait pas été beau à voir.

Un grognement, alors qu’il prit un peu plus ses distances avec lui sans lui jeter un regard. Ouais, je suis tellement sympa d’accepter un pervers dégénéré comme toi chez moi. Petit rire s’apparentant à un soupir, il se passa une main sur le visage en essayant de profiter du calme qui s’offrait à présent à lui, et ce jusqu’au lendemain.


***

Il devait être entre neuf et dix heures. Le corps de Fenrir quitte lentement le lit sur lequel il avait passé la nuit après avoir jeté un regard à la carcasse toujours endormie de Matvey. Un baillement, accompagné d’une paresse matinale qui lui était bien familière et qui l’apparentait tellement aux humains. Sans faire de bruit, il quitte la chambre.

Vascillant, les baillement s’enchaînent les uns après les autres - qu’il aurait préféré se reposer davantage, même rester un peu au lit rien que pour profiter de la chaleur des draps… Et pourtant, il allait devoir, comme chaque matin, s’accoutumer à cette froideur jusqu’au soir où ce cycle se répétera jusqu’à ce que quelque chose le brise. Mais quoi, il aimerait bien le savoir - et aimerait bien que cela arrive.

Un détour dans sa chambre, il fouille dans ses papiers pour consulter les rendez-vous qu’il avait aujourd’hui, ses yeux arpente d’un regard las les noms figurant sur ce bout immaculé avant de l’abandonner. Flemme intense. C’était vraiment chiant parfois, ce boulot.

Salle de bain. Le silence se brise alors qu’il laisse une succession de jurons traverser la surface de ses lèvres qu’il humecte et se mord plusieurs fois. Oh, clairement, Fenrir n’était pas du matin - il n’aimait pas être extirpé de son lit et était plus une marmotte qui pourrait y passer sa journée qu’autre chose, et ce malgré sa ponctualité et sa rigueur avec l’usage du temps au cours de la journée.

Il se rinca le visage pour se réveiller, avant de laisser un autre textile recouvrir sa peau. Pantalon et chemise simple, seule son écharpe vint ajouter une pointe d’exotisme à sa tenue du jour - le seule rôle qu’elle exerçait, excepté son symbolisme pour le psychologue. Coiffé, fin prêt, il quitta la pièce, et alors que son corps vagabondait dans les couloirs en imaginant ce qu’il pourrait préparer, un bruit de porte assez familier à présent le fit se retourner.

Oh, déjà debout ? Tu devrais profiter des derniers moments de paisibilité qu’il te reste en temps que crépu…

Il espérait simplement qu’il n’était pas en train de le comparer à une de ses conquêtes là. Il lui offrit un large sourire meurtrier, se retenant de l’envoyer valser à l’autre bout du pays lorsqu’il lui tapota la joue.

Mais oui bien sûr Mat, j’allais même te rapporter le petit déjeuner au lit tiens. Meurs.

Il observa la porte de la salle de bain se fermer, levant les yeux au ciel avant d’aller chopper des papiers dans sa chambre et aller jusqu’à la cuisine. Il prend place sur une chaise avant d’enfiler ses lunettes et de s’armer d’un stylo afin de griffonner sur les feuilles. La journée allait être longue, encore une fois. Veux pas y aller.

La connerie de Matvey le fit sursauter - extirpé de son travail, il releva alors le nez en sa direction après l’avoir brièvement détaillé du regard. Un soupir. Si Mat, oulala, j’ai troooop pensé à toi cette nuit. Ironique, il avait même prit une voix lambinante et peu enjouée pour être plus convaincant. Il sourit, avant que l’odeur que portait le crépusculaire ne l’interpelle. Il se recula un peu pour grogner.

Ma crème, salaud. Sourire narquois. En fait, je suis sûr que tu es celui qui a eu du mal à trouver le sommeil en pensant à moi. Et maintenant, t’as essayé de camoufler ça. Bien essayé, quand même. Il était évident que Fenrir était au courant que Matvey portait constamment de lourdes valises sous les yeux dû à cette insomnie, en fait, il était tellement cerné qu’il ressemblait à ce genre de nanas dans les films qui pleuraient leur amour perdu, avec le crayon et le mascara qui tâchait la peau et coulait le long des yeux et des joues... Cette pensée amusa le psychologue qui se retint de rire, laissant l’autre faire ce qu’il avait à faire avec sa cuisine. Le « Fais comme chez toi » qu’il avait glissé la veille n’avait à première vue pas été prit au pied de la lettre, hein.

Il pianota quelques messages sur son téléphone avant de relever la tête lorsque le brun prit de nouveau la parole. Il haussa les épaules avant de retirer ses lunettes pour les déposer sur la table.

Pas con. Deux mots soufflés alors qu’il se leva pour passer à côté de son interlocuteur, fouillant dans les placard afin d’y extirper une tasse et de se servir du breuvage osbidien - tenté par cette odeur tellement attirante. Un sucre vint se noyer au fond du récipient alors que ses fesses reprirent place à l’endroit où elles étaient quelques secondes auparavant.

Ne commence pas à psycoter sur le fait que tu puisses me mettre dans la merde. Si ça me dérangeait, tu sais bien que je n’aurais pas fait tout ça. Le bord de la tasse se glissa sur la surface de ses lèvres, alors qu’il humecta ces dernières du café qui était bien trop brûlant pour qu’il puisse l’avaler pour l’instant, et pourtant, il prit une petite gorgée. En reposant la tasse, il esquissa un sourire.

Ca me fait un peu de compagnie. Je suis un loup solitaire, mais il faut bien avouer que la solitude, à long terme, c’est chiant. J’aime bien quand t’es là, c’est marrant. On s’ennuie pas avec toi.

Son coude prit place sur la table alors que son poing soutint sa machoîre, et par extension sa tête. Ouais, c’est vrai, Fenrir était de bonne humeur lorsque Matvey était là, et il partait du principe où c’était réciproque d’ailleurs. Quelle étrange sensation de considérer un humain comme un ami, plutôt qu’un spécimen d’étude, hein ?

Son sourire s’évanouit peu à peu alors qu’il observa les papiers sur la table. Par contre… Un regard. Je te conseille de faire attention. Un temps de pause. Avec les femmes. Je sais que tu aimes leur charmante compagnie et t’adonner à ce genre de plaisirs, mais j’espère que tu sais qu’en devenant certifié, elles deviennent une menace pour toi, hein ? La plupart sont tellement obsédées par l’argent qu’elles sauteront sur l’occasion de te foutre derrière les barreaux. Il étouffa un rire.

Tu vas connaître l’abstinence, n’est-ce pas fabuleux ?

Il était évident que sa mise en garde ne marcherait pas sur lui. Elle n’a pas marché. Il se contente d’un bref haussement d’épaules, se fichant après tout de ce qui peut lui arriver dans sa vie sexuelle bien garnie. Il le regarde dans les yeux. Mais les filles lui trouvent quoi, en fait ? Ouais, selon Fenrir, Matvey n’était franchement pas moche du tout à regarder, mais il était bien plus populaire que ce qu’il devrait l’être, en théorie. Peut-être. En fait, peut-être qu’il avait juste un certain atout et que cette popularité auprès de la gente féminine était dûe à cette chose sous sa ceinture - ou même tout simplement son corps… Trop compliqué pour le psychologue. Au fond, il n’a jamais vraiment regardé Matvey de cet oeil là. Ca doit être la raison pour laquelle il ne lui trouve rien de spécial ; même si ce qui s’est passé dans la salle de bain la veille était assez perturbant, même pour lui.

Sa….. “copine” ? Lui, se caser ? Fidèle ? Sérieux ? Avec quelqu’un ? Il serra très fort son abdomen et gonfla les joues pour ne pas exploser de rire, non, sérieux, il n’y croyait pas un seul instant. S’il n’était peut-être pas du genre à ne pas coucher avec n’importe qui, par contre, Fenrir était persuadé qu’il n’était pas du tout du genre à être suffisamment sérieux, fidèle et impliqué pour qu’une relation dure. Qui était la malheureuse damnée ? Qu’il lui desserve un prix. Il ne fit aucun commentaire, se contentant de l’écouter avec un sourire amusé et sur le bord de l’éclatement, sa tasse quittant de temps à autres la table pour rejoindre ses lèvres.

Ouais, finalement, cette relation n’avait franchement pas l’air d’être de l’amour. Pas étonnant, venant de lui, lui qui savait tellement bien manipuler et se servir des gens à son aise avant de les lâcher. Mais bon, était-ce vraiment la meilleure technique en étant certifié ? Une femme, ça peut être aussi adorable que nocif et nombreuses de ses clientes l’ont prouvé. Surtout lorsqu’on remet en question sa fierté… Mieux vaut pour lui qu’elle ne connaisse jamais sa véritable facette. Pauvre femme. Même s’il ne pouvait s’empêcher d’imaginer une vieille de 50 ans suite à ce “bien conservée”, huh…

Tu aimes les cougars, hein. On en apprend tous les jours…

Il ricane au fond de sa gorge. Sa tasse vint rejoindre pour la énième fois ses deux appendices de chair. Et puis, à la seconde où il avala le liquide, la question que Matvey posa troubla sa déglutition et entraina une toux qui le paralysa pendant quelques secondes. La tasse résonna contre la table. Que dire. Mon dieu? Que dire ? Cette question qu’il se posa en boucle comme une cassette rouillée finit par teindre son visage en rouge pivoine, de si bon matin. Ça, c’était moins drôle. Beaucoup moins drôle.

Il se gratouilla un peu la joue en soupirant, détaillant la pièce plutôt que d’affronter le regard du brun.

Qu’est-ce que ça peut te faire sérieux ?

C’était sorti tout seul. Ouais, bon, il pouvait pas vraiment se défiler comme ça, c’était pas une question si bizarre bien que gênante non ? Sans doute aurait-il eu plus d’aise à y répondre s’il n’avait rien à se reprocher. Il s’éclaircit la voix.

...Le néant. C’est dit. Je suis quelqu’un de bizarre, tu sais. Peut-être que c’est parce que je suis une étoile, mais je ne ressens aucun désir sexuel. Manque de libido sans aucun doute, boah, je suppose qu’on fait avec ? Il se racle la gorge. Et pourtant j’ai essayé hein. Je veux dire, je suis pas puceau.

Tellement awkward. Fenrir lâcha sa tasse pour croiser les bras, en relevant un pour recouvrir la partie inférieure de son visage avec sa main et avoir une chance de peut-être dissimuler ce rouge qui se propageait davantage sur sa face.

C’est un fait, la femme ne m’attire pas. L’homme non plus. J’ai essayé avec les deux sexes, c’est pas désagréable, mais franchement, y’a rien de folichon. Peut-être que j’étais pas avec des bons coups, je sais pas…? C’est triste. Pourtant, j’estime ne pas avoir une sale gueule. Haussement d’épaules alors que son regard croisa celui de son compagnon.

…...Donc voilà, en bref, je n’y connais rien au sexe, que ce soit en théorie ou en pratique.

Jesus Christ.

Un sourire face à cette première question. Il était évident que son ami allait le railler sur ce sujet, au fond, il s’en fichait, il n’avait pas spécialement honte d’être asexuel et de ne pas avoir de désir sexuel pour autrui - c’était une manière d’être comme une autre et Fenrir n’avait pas, pour l’instant d’intérêt pour ce genre de plaisirs. C’est sûr que pour quelqu’un comme Matvey qui possédait une vie sexuelle (et amoureuse à première vue) active, ça devait être risible, hein ?

Matvey crache son venin, parce qu’au fond, il n’était qu’une vipère qui se délectait de voir sa victime agoniser et mourir dans d’atroces souffrances, il se plaisait dans le carnage, et cette facette de cet homme que Fenrir avait découvert. Fuir, non. Ces mots n’avaient aucun effets, et même s’ils en avaient, il aurait tout fait sauf lui montrer son malaise car c’était ce qui réjouissait le plus le russe. Alors le psychologue se contente de lui offrir un large sourire moqueur. Il l’écoute, puisque c’est la seule chose qu’il puisse faire pour l’instant.

Plus ses yeux le détaillent et plus son visage est animé par une expression qui ne le plaisait pas et qui lui donnait un arrière goût amer. Ouais, lui-même se demandait comment il pouvait apprécier quelqu’un comme lui, il était clairement exécrable. Et pourtant, il s’est attaché à lui, pour ce qu’il est plus pour ce qu’il essayait de paraître, parce qu’au fond, Matvey n’était pas si méchant que ça. Il étouffe un rire.

Avant d’étouffer à son tour.
Il étouffe.

Deux mots suffisent à son malaise.
Traumatisme
Cicatrices

Comment il savait ça ?
Haha.
Evident, Fenrir
Hier
Comment a-t-il pu deviner ?
Je lui ai dit ?
Tu ne lui as pas dit.
Alors quoi ?
Lève-toi.
Tu te sens mal, hein ?
Vas-y.
Un psychologue prit à son propre jeu, et par un humain en plus !
Hilarant

Il blanchit, Fenrir, clairement prit au dépourvu. Il devient pâle. Ses yeux s’écarquillent. Son coeur bat la chamade, encore une fois. Mais cette fois.
Ca fait mal. Ca brûle, ça lui déchire le côté gauche. Son éternelle politesse l’incite à souffler quelques mots. Je ne sais pas. Peut-être Il se sent mal. Vraiment pas bien.

Son corps quitte la chaise alors qu’il vient jeter le contenu de sa tasse dans l’évier, l’abandonnant avec. Un simple regard à Matvey - il aurait bien voulu lui sourire, mais rien ne sort. Il ne peut rien esquisser.

Et le café semble lui remonter dans l’oesophage.

Sang
Sang
Mort
saNG

J-Je reviens, me sens pas très bien. Le café...p’tet un peu trop fort pour moi… Tsais pas..l’faire, haha… Putain.

Haha, c’était le cas de le dire. Il quitte la cuisine. Ses pas s’enchaînent dans les couloirs.

Je veux vomir.
Vomis, alors.
Non.

Imbécile de Matvey. Imbécile. Stupide humain de merde. Comment est-ce qu’il a pu le mettre dans un tel état ? On lui a déjà posé la ques… Non, en fait, personne n’a vu ses cicatrices, si ? Non. C’est ta première fois Fen, n’est-ce pas romantique ? Tais-toi. Tais-toi.

Toilettes.

Il vomit, malgré la tentative de se calmer. Ses tripes se tordent, ses boyaux se bouffent entre eux, et pourtant, il ne se sent pas mieux. Quelque chose au fond refuse de sortir. Il sourit en pressant faiblement la chasse d’eau. Est-ce que c’est ce qu’on appelle un “démon” ? Non, un psychologue n’a pas de démon. Il tremble avant de se redresser lentement.

Flashs. Souvenirs. Sang. Tout devient plus clair. Tout devient tout de suite plus clair.
Chair de poule. Nouvelle nausée - il vomit de nouveau, rien d’autre que de la bile, son estomac vide. Et pourtant, cette chose est toujours là. Non. Non non non non non. Ca c’est pas drôle.

Sueur. Toute ses pensées se mélangent.

Il est quelle heure ?
Mon rendez-vous, j’ai oublié l’heure.
J’ai chaud.
Non, j’ai froid.
J’ai peur.
J’étouffe.

Une toux. Les bouts de ses doigts étaient à présent glaciaux, alors que ses tempes s’amusaient à jouer une obscure symphonie dans son crâne. Il observe ses avant bras, là où reignait déjà de petites cicatrices. Ca ne va vraiment pas.

Au secours. Au secours. Au secours.
Calme-toi, Fenrir.
Je ne veux pas… Je ne veux
pas

Je veux pas mourir. Je veux plus mourir. Des mots soufflés, alors qu’il se faisait violence pour retenir les larmes qui menaçaient ses joues et lui prouvait qu’il était mortel, comme tout le monde. Il renifle, prit de quelques spasmes. A part un pouvoir en plus, tu n’as rien Fenrir, tu es comme les humains de ce monde, indéchiffrables et faibles, tu ne peux pas lutter contre cette nature. Triste ? Non. Dégoûté ? Non. Tu ressens quoi, là ? Je sais pas.

Je veux vomir.
En espérant que ce poids s’échappe de ses épaules et les allègent ?
En espérant que tu puisses oublier ?
En espérant que ta vie redevienne normale ?
Oui.
Mauvaise réponse

Je…. ne suis pas fou. Je… je..? Un trou de mémoire. Et ça revient. Il tremble. Froid. Froid. Sang. Cicatrices. Il se redresse, avec plus de force, tire la chasse d’eau. Animé par une force qui l’avait abandonné.

Animé par la peur.
Celle qui l’avait toujours suivie, au fond.

J’ai mal au coeur, j’ai tellement mal au coeur. Fenrir regarde autour de lui. Seul. Souvenirs. Flash. Sang. Sang. J’ai peur.

j’ai peur.
j’ai peur
j,ai pe

Il halète, le souffle le manque, sa vue troublée par des pigments immaculés. Quelqu’un - n’importe qui. J’ai tellement peur.

Appelle-le Fenrir, celui qui a provoqué cette crise !
Vas-y, fais-le.
Fais-le.
Tu en as envie.

Il hurle, alors que ses larmes étaient toutes proches de déverser leur acide sur ses joues immaculées par la mort.

MATVEY !

Il arrive. Il est là. Il le regarde, et pourtant, il n’arrive pas à bouger, à articuler le moindre mot. Il agrippe le lavabo d’une de ses mains pour ne pas se laisser tomber, alors que son estomac faisait encore des siennes et le torturait lentement jusqu’à la folie. Son autre main prend place devant sa bouche, vient griffer ses joues, alors qu’il halète entre ses doigts, le regard viré contre le sol.

Tu l’as appelé non ?
Il est venu.
Il ne fait rien.
J’aurais honte à ta place.
Comment t’as pu être ami avec quelqu’un pareil ?
C’est pas son ami
Ouais c’est vrai, t’as aucune certitude qu’il soit vraiment sincère avec toi.

Il jette un autre regard à son… à son ami ?
Il jette un autre regard à Matvey. L’oeil vitreux, fatigué, oui, j’ai terriblement honte. Terriblement honte de l’avoir appelé, parce qu’il était certain qu’il n’allait pas savoir comment réagir.
Pourquoi tu l’as appelé alors ?
J’ai personne.
Les larmes se mêlent à la salive qui faisait briller ses doigts d’une fine particule translucide, sa présence l’aide à se focaliser sur lui plutôt que sur son passé. Ils s’attaquent à lui plutôt qu’à lui-même.

Egoiste.
Non

Euh … je …

Tu vois, ça sert à rien, il va juste se foutre de toi.
Non
Il fait cette gueule désolée pour que tu te sentes mal.
non
Tu ne lui diras jamais rien, hein Fenrir ?
Personne ne compendra
Encore moins un humain
Alors tu ne vas rien lui dire, d’accord ? Garder le silence, tu sais faire avec ton métier. C’est facile !
On t’aide, nous.
Lui, il ne fait rien, si ce n'est te causer des problèmes.
Lui, il ne fera que t’enfoncer.
… C’est vra-



Le vide intersidérale. Plus rien. Tout est si calme que cela en est carrément flippant.
Une douleur sévère accompagna cette quiétude morbide. Ses jambes qui ne cessaient de trembler et peinaient à rester stables finirent par lâcher. Il tombe, alors que chaque battement que son coeur produisait résonnait plus fort dans sa boîte crânienne et rendaient ses pensées sans dessus dessous. Ses mains se positionnèrent de part et d’autre de sa tête alors que ses doigts se glissèrent jusqu’à son front qui avait reçu le choc principal. Il sentait déjà une protubérance prendre place sur sa peau.

Il se courbe en avant.
Ca fait mal.
Ses os semblaient encore glacés par les paroles que ces voix lui murmuraient de part et d’autre de sa tête. Il en tremblait encore, effrayé qu’elles reviennent. Mais les secondes passèrent. Les secondes passèrent, et toujours rien. Elles semblaient avoir disparu, au fur et à mesure que la douleur qui le paralysait semblait s’apaiser.

Il jeta un faible regard à Matvey et se demandait même comment il faisait pour le regarder dans les yeux après ça. Un flot d’émotions frapa contre le rivage de ses pensées alors que les larmes, avides de le faire s’abaisser plus bas que terre s’épuisèrent contre sa peau déjà blême, et ce à son insu. Il se redressa lentement en s’essuyant les yeux à l’aide de ses paumes de main pour essayer de faire cesser cet écoulement incessant - en vain.

… Putain…

Il ne savait pas quoi dire. Le remercier ? S’excuser, ou les deux en même temps ? Ne rien dire ? Il a failli à sa tâche, qui était de toujours être un symbole de calme, de diplomatie, et de sériosité. Là, il avait montré une telle facette qu’il ignorait même de lui-même à la pire personne, et pourtant qui semblait être la mieux placée pour le comprendre. Après s’être un minimum calmé, il releva finalement la tête vers lui, les yeux rougis par la friction.

… Désolé, Matvey… Vraiment désolé…

Il semblerait qu’il se soit excusé avant de le remercier. Stupide, honteux, il n’osait même pas bouger. Alors il ne bougeait pas. Il resterait là, par terre à côté de ses chiottes. Chaque inspiration que ses poumons laissait passer faisait trembler ses épaules et soulever sa poitrine en plus de troubler sa respiration. Il baissa les yeux. Plus envie de rien faire, là.

Je… Je vais prendre..congé…

Il ne pouvait tout simplement pas aller travailler dans un état pareil. Un mal de crâne et une nausée s’ajoutèrent au manque de motivation. Il ne pouvait pas aller travailler, tout comme il ne se sentait vraiment pas d’attaque à rester seul dans cette maison qui, à présent, le faisait peur plus qu’elle n’avait l’habitude de l’apaiser.

… Il serre les dents, sa mâchoire suit. Il se sentait vraiment pathétique. Reste… Reste encore aujourd’hui ici, s’il te plaît…

Une supplication.

Il gardait la tête dans les bras alors que le brun avait quitté la pièce. Silence tellement oppressant qu’il se serait presque forcé à tousser ou à allumer l’eau du robinet, mais Matvey le brisa bien rapidement. Il semblait tellement s’y connaitre dans ce domaine que cela en était carrément glauque. Mais merde, les choses sont pas censées se passer comme ça. C’est pas Fenrir qui est censé avoir besoin de son aide ou de sa présence. Alors pourquoi les places se sont-elles invertis si rapidement ? Honte. Gêne. Il aurait bien voulu se cacher dans un trou et ne jamais en ressortir. Les choses ne sont pas censées se passer comme ça. Je veux pleurer.

Il se redresse immédiatement lorsque son camarade revient vers lui, essayant de voiler au mieux le soulagement qu’était de le voir et qui brillait dans le fond de ses prunelles d’une lueur qui lui était bien trop inconnue pour qu’il puisse poser des mots concrets dessus… Il sursauterait presque suite à cette froideur qui vint s’écraser contre sa cuisse s’il n’était pas déjà frigorifié par ses démons qui l’avaient abandonné - gracié ensuite. Il prit le morceau de tissu mouillé entre ses mains pour jeter un coup d’oeil à l’intérieur sans pouvoir s’empêcher d’esquisser un maigre sourire à peine perceptible sur cette face de mort. Est-ce que c’était attendrissant et surprenant ou tout simplement normal, un tel acte venant d’une telle personne. Il ne préféra pas faire de commentaires, n’étant même pas sûr que le petit “merci” qu’il venait d’étouffer avait résonné dans la pièce et parvenu jusqu’aux oreilles du terroriste.

Ne pas s’excuser… C’était quelque chose de bien compliqué à demander là. Matvey n’y était pas spécialement pour grand chose, sa question était si légitime qu’il aurait du sans douter, après tout, qui ne se poserait pas de questions à la vue d’un mec couvert de balafres ? Même lui l’aurait fait. Sa réaction était sans doute bien trop excessive ; c’était ce qu’il essayait de se dire. Ça aurait été plus simple d’attendre qu’il parte pour aller relâcher tout ça, non ?… Non. Parce que personne n’aurait été la pour lui. N’est-ce pas triste et dramatique ?

C’est après de longues secondes plongé dans ses pensées plus calmes et pourtant toujours en bordel total qu’il décida d’apposer la “poche de glace” contre son front. Son premier réflexe fut sans doute de grincer des dents et de froncer les sourcils face à cette chaleur qui lui était inconnue sur un endroit où sang ne cessait de tembourriner, et encore, il se demandait comment le sang a fait pour ne pas couler suite à un coup pareil.

Il resta immobile quelques temps, les yeux rivés sur le sol. Plus il pensait à lui et plus il ne pouvait lutter contre cette sensation de gêne intense qui avait réussi à prendre le contrôle de son encéphale et le dicter de ne plus affronter son regard alors qu’il ne se sentait nullement inférieur à lui - ni supérieur d’ailleurs. Déglutition. C'était tellement putain d’ironique. Au fond, ce serait même le châtiment de la demoiselle qui reposait sur son nuage là-haut ; ne pas faire aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse huh… Me fais pas rire putain.

Un autre sourire vint troubler régularité de ses lippes pour les étirer légèrement suite à la remarque de Matvey. C’est alors lentement qu’il se leva et essaya de retirer le gant de son front mais changea bien rapidement d’avis lorsqu’il sentit sa bosse renvoyer les charges que son coeur lui communiquait dans son cerveau. Douleur. Un laissa s’échapper un juron de ses lèvres en se retenant bien d’insulter le crépusculaire, mais il aurait été évident qu’il l’aurait fait juste pour jeter son venin sur la douleur qu’il avait provoqué. Toute façon, c’était un mal pour un bien, ce serait vraiment gonflé de lui en vouloir, hein…?

Il décide de le suivre, ne pouvant s’empêcher de sourire en le voyant se perdre dans le dédale que formait les couloirs - les manières de faire de ce garçon étaient vraiment… maladroites, et ça se voyait clairement que son expérience en terme d’amitié et d’agissement en conséquence n’était pas aussi développée que celle qu’il possédait au lit avec les femmes. Franchement, à voir, c’était presque adorable... et pourtant tellement pathétique.

Sa remarque le fit sourire et il se retint même d’étouffer un rire en l’entendant - il avait beau être un humain, il semblait posséder un pouvoir qui était sans doute d’apaiser et d’’amuser le psychologue sans peut-être le vouloir ou le savoir. Il souffla quelque mots alors que son regard était toujours rivé sur ses pieds qu’il ne pouvait quitter, retournant de temps à autre le gant afin de profiter de la froideur, malgré les goûtes d’eau qui perlait le long de ses doigts et son visage.

...Je te retourne le compliment.

Il expira un soupire mêlant soulagement et apaisement, redressant sa tête en arrière pour se détendre la nuque. Le temps s’écoula et il suivait encore Matvey errer dans les couloirs sans vraiment savoir se décider, son sourire s’élargit un peu plus alors qu’il jeta un regard sur la silhouette dos à lui de l’homme.

J’ai envie de prendre l’air, j’étouffe ici… Allons au jardin.

Il préféra mener la danse pour ne pas perdre davantage le russe, passant donc devant lui sans non plus se presser, se dirigeant jusqu’à sa chambre qui était la plus proche et qui donnait sur le jardin. Les portes coulissantes s'enchaînèrent et il finit bien rapidement par arriver à destination - vaste lieu de détente et pourtant si calme que ce dernier aurait pu être glauque. C’est à ce moment qu’il retira la glace de son front, laissant le gant pendre au bout de ses doigts. Un soupir, las - peut-être était-il encore sonné, mais tout semblait tellement lent.

Jetant un regard à Matvey, il redressa une mèche de cheveux derrière son oreille. Tu ne trouves pas ça compliqué? Temps de pause. De vivre, parfois. Discours incroyablement cliché, et pourtant, parfois, la vie sur cette Terre était plus dure qu’elle n’y paraissait. Parce que moi, oui. Je comprend pas comment tout ça marche… Plus j’ai l’impression de m’approcher de ce que je recherche, plus je m’en éloigne en réalité.

Il s’avança tout près d’un ruisseau ou déambulait quelques poissons, s’asseyant au bord de ce dernier en s’amusant à effleurer du bout des doigts le liquide translucide afin d’effrayer les bestioles. Il pencha la tête sur le côté en soufflant un lourd soupire. En fait, je sais même pas pourquoi je fais ce métier. Si j’ai fait psychologue, c’était dans le but de pouvoir cerner les humains, les comprendre pour mieux les assimiler. Son regard s’endurcit, sa mâchoire se crispe. Mais j’arrive même pas à me comprendre moi-même.

Ses doigts se crispent sur l’herbe. Comme quoi, tu vois Matvey, j’pensais être quelqu’un de relativement solide et stable mentalement… Mais je vaux pas mieux que mes clients. Ou peut-être que le retour du boomerang que l’Etoile divine m’a lancé m’a fait plus de mal que prévu.

Il plisse les yeux.

Comment... tu fais pour vivre avec tout ça sur les épaules, Mat...?
Les démons.

Matvey s’approche - un peu trop craintivement. Matvey prend place. Matvey parle. Et Fenrir l’écoute avec grande attention, pour ne rien manquer à ce discours qui serait presque une leçon de vie pour lui. Chaque mot prononcé reste gravé dans sa tête, plus particulièrement ces allusions bien trop directes à son passé qu’il se retient de questionner. Fenrir observe un nouveau Matvey, aujourd’hui - ou peut-être a-t-il toujours été ainsi. Torturé, perdu, renfermé, caché derrière une barrière qu’il s’efforce d’entretenir, si bien qu’elle finit par être une part de lui - flouant la perceptibilité de sa propre personne. Au fond, ils n’étaient pas si différents - bien ironique d’ailleurs.

Les yeux du psychologue se baissent sur la pelouse alors qu’il se contente simplement de garder les oreilles ouvertes pour lui - quiétude troublée, ou plutôt imposée par un subit arrêt du russe, incitant Fenrir à se retourner vers lui. Une branche semblait avoir cédé - ou du moins bouger suffisamment bruyamment afin de faire du bruit, et par extension fait paniquer Matvey. Un juron pollua l’air. Il cilla, ne trouvant pas la situation drôle. Il aurait pu en rire et se moquer, mais son état psychologique à lui était bien trop embrouillé et surtout agité afin qu’il puisse rire des craintes de son ami.

Moue dubitative, il se contenta simplement de se redresser en regardant autour de lui. Ne t’inquiète pas, personne ne peut venir dans un tel endroit, et quand bien même, je l’aurais remarqué depuis le début. A présent, il se leva. Ehm, rentrons si tu te sens mieux à l’intérieur.

Une tape sur l’épaule alors qu’il franchit de nouveau la porte le menant cette fois-ci à l’intérieur. Chambre. Soupir face à cette chaleur plus prononcée, alors qu’il s’occupa de déplier en un geste habile son futon. ...Tu es totalement en sécurité ici. Tant que personne ne connaîtra l’emplacement de cette maison, il t’arrivera rien. On peut pas me suivre, alors y’a pas de souci de mon côté, mais toi, c’est une autre histoire. Haussement d’épaules. Fais juste attention à toi en venant ici - si jamais tu comptes revenir, et ça devrait aller.

Il s’effleura machinalement le front, la douleur plus ou moins dissipée, les traces elles toujours intactes cependant. Fenrir se laissa mollement tomber sur son futon, assis.

Ton coup m’a vachement assommé et fatigué, j’ai l’impression d’être rentré d’une journée entière de boulot, sérieux… Sourire amer. Quel sentiment de déjà vu. Tu vas rester à mon chevet jusqu’à ce que je m’endorme ? Manque de bol, c’était une véritable question. C’est sur ces mots qu’il se plaça alors sous cette couverture, une profonde sensation d’aise envahissant son être lorsqu’il se coucha, étrangement apaisé, véritablement comme après une dure journée de labeur, sentiment - sensation sans aucun doute véhiculés par la présence du russe.

Qu’il comprenait pourquoi est-ce qu’une présence était rassurante. Ca faisait du bien, pour une fois, d’être épaulé plutôt qu’épauler - ah qu’il aurait bien voulu retourner en enfance afin de… Déglutissement - la simple pensée de son passé affolant son coeur, bien trop effrayé d’avoir de nouvelles pensées bien trop sombres et traumatisantes. Penser à autre chose. Sortir quelque chose, une connerie, n’importe quoi pour se focaliser sur un autre truc que son passé, peu importe le moment, le plus heureux soit-il.

Tu me rejoins ?

Ah.

…...Je blague hein.

C’est mieux.