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 Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi

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MessageSujet: Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi   Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi EmptySam 5 Mar - 21:28

Waking up in the fog,
and of the sunny days no traces remain.
#Altaïr

Les caniveaux étant trop étroits, l'eau stagne au bord des trottoirs en de grosses flaques attrayant tous les mômes porteurs de bottes en caoutchouc. La voiture qui passe à toute allure à côté de toi et si proche de la chaussée qu'elle inonde tout le macadam sur son passage, toi avec, t'arrachant des mots dignes d'un charretier. La pluie tombait déjà suffisamment dru depuis quelques minutes pour tout tremper sur son passage, mais ce n'était pas assez, non ! Il fallait qu'un crétin s'amuse à éclabousser les passants, dans sa superbe caisse à la rutilante carrosserie rouge ! Déjà loin, bien à l'abri dans sa bagnole chauffée, il ne t'entend plus.

Ton pull humide, d'une teinte pervenche quelque peu délavée, est si plaqué contre ton épiderme que tu doutes parfois d'être encore habillé, tant le vent saisonnier te fait frissonner. Aucun doute que si tu te mettais à essorer ce bout de tissu gorgé d'eau, tu pourrais remplir plusieurs verres. Grognant, c'est avec soulagement que tu peux voir ton appartement se dessiner à l'horizon ; tu presses le pas, des sacs dégueulant de nourriture à bout de bras. Tu es à peine arrivé à ton pallier, dégoulinant comme un malpropre, les cheveux plaqués sur le crâne avec la classe d'un chien mouillé, que ton fossile de voisine d'à côté t’apostrophe. Tu te tournes en sa direction, retenant avec difficulté un ricanement purement moqueur ; ses cheveux hyalins ne sont même plus visibles tant sa tête est parsemée de bigoudis. Elle a encore perdu son chat ? Visiblement, cette vieille dame n'a pas égaré son matou et encore moins oublié comment se servir de son ordinateur. Non, elle te demande beaucoup mieux ;

« Aah, Zakkarian ! Tu tombes vraiment bien ! J'aurais besoin que tu ailles me chercher des champignons, dans la forêt. Des bolets feront parfaitement l'affaire ! Je te ferai des pâtes carbonaras en échange, d'accord ? Avec beaucoup de crème, comme tu aimes ! »

Évidemment, la mamie sait comment t'appâter avec le temps. Elle vit à côté de chez-toi depuis que tu as déménagé, alors elle en a vu passer, des paquets de pâtes et des berlingots de crème. Tu râles en te disant qu'aller au supermarché irait nettement mieux que de partir en exploration dans la forêt, et tu acquiesces distraitement avant de t'enfermer chez toi. Au moins, tu n'auras pas besoin de préparer la bouffe ce soir, point positif. Avisant l'heure, tu te dépêches de changer de vêtements et de sécher sommairement tes cheveux pour faire au plus vite cette cueillette, le magasin se situant à une dizaine de minutes de ton appartement.

« Merde. Elle aurait pu demander avant ! Quelle emmerdeuse... »

Pas de bol Zakkarian, toi qui sors tout juste du fameux magasin...
Mais tu apprécies tout de même ta voisine aux inconditionnels peignoirs puisqu'elle ne manque pas une occasion pour t'amener des pâtisseries, des biscuits, des essais culinaires. Tu lui dois bien ça.

Tu râles en rangeant tes courses, après quoi tu vas chercher ta veste. Tu t'étais fait avoir, plus tôt, lorsqu'en allant acheter deux-trois trucs la pluie s'était mise à tomber comme vache qui pisse. Alors désormais, tu ne te fierais plus au temps drôlement clément et prendras toujours ta veste, par mesure de précaution.

Sortant de chez toi, tu fermes ta porte à clef avant de tomber nez-à-nez avec un mec de ton âge qui, un chat sous le bras, semble connaître ta charmante voisine. Tu ne fais pas énormément attention à lui, notant tout juste son teint olivâtre. En parlant de ta voisine, elle accueille avec grand plaisir son précieux Minouche qu'elle papouille longuement avant de stopper l'inconnu. Alors dans les escaliers, pouvant tout juste les entendre, tu retiens avec peine de rechigner vertement.

« Oh, attends ! Si ça ne te dérange pas, pourrais-tu accompagner Zakkarian ? Je lui ai demandé d'aller me chercher des bolets dans la forêt, mais je ne sais même pas s'il sait à quoi ça ressemble... Tu serais vraiment un brave garçon si tu pouvais l'aider ! Et, bien sûr, tu pourras manger avec nous en dédommagement ! »

Saleté de vieille peau ne demandant jamais ton avis. Finalement, tu n'es plus trop sûr de véritablement l'apprécier et de lui devoir quelques coups de main...
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A. Izar Melahi
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MessageSujet: Re: Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi   Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi EmptyDim 6 Mar - 19:10


Champi et Gnon sont dans la forêt.


Le ciel gris éclate dans le ciel sous une lumière blanche. Elle peine à perforer les épais nuages chargés de litre d'eau, grondant de leur ventre rond de pluie. Les gouttes tombent en un rideau cristallins, de petits diamants glissant sur un fil invisible. Les jardins seront abreuvés pour les deux jours à venir, la terre assez meuble pour accueillir de nouvelles graines. Privé de son arrosoir dont l'utilité était négligeable, Altaïr revêt son ciré jaune canard et prit la direction de la librairie.

Plus rien ne l'occupait dès lors qu'il avait achevé le dernier bouquin dont il disposait. Régulièrement, il lui fallait refaire un stock pour ne pas manquer d'activité en des jours tels que celui-ci ; inondés et silencieux. Tout ce qui lui tombait sous la main suffisait à le combler et, bien souvent, aucune de ses lecture n'avait un réel intérêt, toute plus loufoques les une que les autres.

Marchant péniblement sous la pluie de peur d'enliser les roues de son vélo, la boue bordant les chemins, Altaïr atteint le centre-ville après de longues minutes qui lui laissèrent le temps de replonger dans de vieux souvenirs de son pays natal, lui faisant oublier les clapotis de la pluie sur sa capuche ensoleillée. Le ronflements des voitures qui passent crée un semblant de compagnie sur sa route, la cacophonie de la ville étant recouverte par le chuintement de l'averse.

Près d'un banc à la peinture décapé, les tintements de pluie distinguent entre eux un miaulement en détresse. Altaïr relève son nez, alors pointé vers le sol et prête écoute, sourcils froncés. Ce genre de cris plaintifs ne lui est pas inconnu. Il s'écarte pour mieux apercevoir les dessous du banc en bois : une boule de poils sales et tâchés par quelqu'escapades sous les fourrés couine un appel au secours. Deux oreilles pointues se dressent quand Altaïr s'accroupit près de l'animal. Minouche, le chat d'une vieille dame du quartier voisin. Le garçon pousse un soupire las, habitué à ramener ce chat froussard à sa maîtresse. De grandes soucoupes azurés s'affolent lorsqu'il approche sa main du félin apeuré et l'attrape doucement. Tiré de son abri de fortune, la bestiole redouble de miaulement, scandalisée qu'on s'empare d'elle ainsi. Décidément, aussi égaré mentalement que géographiquement, le chat n'est pas capable de reconnaître celui qui vient toujours à sa rescousse ? Il gracie l'animal de quelques caresses rassurantes, lui parlant doucement, et calme ainsi ses petits cris d'agonie. En protégeant Minouche de la pluie sous son manteau, Al' fini par s'engager dans la rue où vit la vieille dame.

Dans l'immeuble, tout est calme et une trêve à cette averse n'est pas pour déplaire à Altaïr. Au détour d'un escalier, il croise un garçon de son âge, les cheveux violet en bataille et l'air agacé renfermant son visage. Un instant, c'est un petit soleil et un nuage noire qui se traverse. La seconde d'après, Al' est sur le seuil de l'appartement. A peine frappe-t-il à la porte de cette chère madame qu'elle ouvre et fond en une cri de soulagement. Visiblement, elle est ravie de retrouver son chat. Arrachée aux mains du jeune homme, Minouche quitte difficilement les bras chauds d'Altaïr et y laisse quelques griffures désemparées avant de se retrouver dans l'étreinte ridée de sa maîtresse, dégoulinante de gratitude. Sa mission remplis, Al' sourit gentiment à l’octogénaire en lui souhaitant une bonne journée, mais celle-ci le retient.
- Oh, attends ! Si ça ne te dérange pas, pourrais-tu accompagner Zakkarian ? Je lui ai demandé d'aller me chercher des bolets dans la forêt, mais je ne sais même pas s'il sait à quoi ça ressemble... Tu serais vraiment un brave garçon si tu pouvais l'aider ! Et, bien sûr, tu pourras manger avec nous en dédommagement !

Un peu étonné par cette soudaine requête, Altaïr ne perd néanmoins pas son sourire qui d'ailleurs s'agrandit, conciliant. Dans un mouvement d'épaule, il se retourne afin d'apercevoir le concerné et constate au travers de l'escalier qu'il s'agit bien du gars qui vient de quitter son appartement furtivement. Il n'a vraiment pas l'air heureux de partir à la cueillette de champignons, mais Altaïr ne le remarque pas et lui offre un sourire enthousiaste.

- Bien sûr, pas de problème ! Je pense qu'on sera de retour dans une heure. Je connais un coin sympa où les bolets poussent par centaine. Ce sera rapide.

Sur ces mots, il fait volte-face et descend les escaliers pour retrouver ce Zakkarian dont parlait la vieille. Plein de bonne volonté, il ouvre la porte du hall et laisse sortir son acolyte de cueillette.

- Elle choisit bien ses moments ta voisine, hein ?, plaisanta-t-il avec une risette amusée. J'm'appelle Izar, au fait.

Le rejoignant au dehors, Altaïr replace sa capuche sur le haut de son crâne encore sec et ferme jusqu'au coup son ciré dégoulinant d'eau. Fourrant les mains dans ses poches, il s'étonne de voir Zakkarian partir dans la direction du super-marché.

- Euh, eh ? Tu vas où ? C'est plus court de l'autre côté pour aller dans la forêt.

La pluie se fait plus tranquille, mais ne cesse de tomber. Un sourcil arqué, Altaïr interroge Zakkarian de ses yeux ambrés. Il se dégage du garçon quelque chose de sombre, qu'il ne s'explique pas, comme renfermé. Ou bien est-ce sa moue renfrognée. Le regard clair qu'il cache sous une mèche de ses cheveux aubergine révèle pourtant un éclat insaisissable d'où s'échappe des reflets lumineux. Tout un paradoxe.
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MessageSujet: Re: Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi   Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi EmptyLun 7 Mar - 10:10

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Il ne tarde pas à te rejoindre dans les escaliers, un grand sourire barrant son visage. Aucun doute qu’il n’est absolument pas japonais. Ses prunelles sont trop claires, son teint trop basané, son corps trop grand – d’ailleurs, il te surplombe d’une dizaine de centimètre, peut-être un chouia moins. Décidément, tu as le chic pour tomber sur tous les étrangers venus au Japon. Étrangers évidemment plus grand que ton pauvre mètre soixante-dix-sept et toi. Triste vie.

Ce mec semble néanmoins être d’un naturel chaleureux et amical. Il va sûrement grincer des dents en avisant ton caractère aussi agréable qu’une porte de prison. Aucun doute qu’il fera à l’instar des autres inconnus rencontrés lors de ta courte vie ; t’insulter et décamper.

Elle a toujours eu l’don pour ça.

Tu hausses les épaules en jetant un bref regard à ton compagnon de cueillette, pas très emballé à l’idée d’être accompagné. Certes, tu n’es pas un professionnel des champignons – tu ne sais même pas à quoi ressemble un bolet, effectivement – mais tu n’as clairement pas besoin de cela pour aller dans un supermarché et en acheter une boîte. D’ailleurs, l’idée d’avoir un champignon sous la dent te révulse profondément ; tu détestes depuis tout petit la texture et le goût et cela ne va certainement pas changé avec les années. Mais si c’est pour avoir des pâtes carbonara…

Une fois sorti de l’appartement, tu rabats la capuche de ta veste noire sur ton crâne humide, protégeant ta crinière aubergine de l’averse. La pluie se tarit peu à peu, mais survit tout de même à travers de frêles et froides gouttelettes. Peut-être qu’un arc-en-ciel naîtra des sourires d’Izar, tant ceux-ci semblent accrochés à ses lippes. Tu ne sais d’ailleurs pas si tu dois en être irrité ou non.

Sans même avertir le dénommé Izar, tu prends le chemin du magasin le plus proche, quitte à ce qu’il ne te suive pas. S’il veut jouer à l’aventurier en allant véritablement dans la forêt pour de pauvres bolets, libre à lui. … Raté, il remarque rapidement la direction prise par tes pas ne concordant pas avec ses projets, te faisant râler un peu. Toi, grognon ? À peine…

J’vais au magasin ! T’as vu le temps ? J’ai pas envie d’aller barboter dans la boue pour des pauvres champignons.

Le chemin de la facilité est bien plus attirant. Déjà défriché, la route claire et libérée de toutes entraves, il est si simple d’opter pour cette solution-là ! En effet, pourquoi aller dans une forêt, le terrain gorgé d’eau, glissant, recouvert d’une boue noirâtre, alors qu’il est bien plus pratique d’entrer dans une boutique rangée et chauffée ? Tu es tout de même quelque peu éberlué de l’insouciance d’Izar ; il compte réellement aller dans les bois, juste parce que cette fichue vieille femme en a parlé ? Étonnant. Parfaitement idiot, aussi. Tu es décidément tombé sur un sacré hurluberlu. Peut-être même est-il un hippie défendant les droits de la faune et de la flore ? Un de ces types qui respirent le bio, qui ne mangent que du bio, et qui ne s’habille que de bio ? Impensable. Son ciré jaune canard et sa moue d’enfant ravi ne colle décidément pas avec ce rôle. Il n’en a même pas le style ! Certes, l’habit ne fait pas le moine, mais tout de même…

Tu viens ?

Tu ne vas tout de même pas le traîner derrière toi. C’est un grand garçon qui n’a plus besoin d’être pris par la main, qu’il choisisse.
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MessageSujet: Re: Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi   Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi EmptyLun 7 Mar - 17:08


Champi et Gnon sont dans la forêt.


[Attention changement de personne hihi ♥]

Un instant tu t'offusques et fronces tes épais sourcils bruns, venant froisser ton front. L'idée de se procurer les champignons en grande surface ne t'avait pas effleuré l'esprit un seul instant, tu prends donc quelques secondes pour réaliser ce que projette Zakkarian. De l'incompréhension, tu passes à la surprise et ton regard perdu traduit tant tes doutes que ta déception. Le fait que cette alternative n'ait rien d'honnête t'arraches une moue de gamin capricieux ; la vieille dame l'aurait demandé ainsi dans le cas où des champignons industriels lui convenaient. Mais au contraire, elle avait pourtant fait de leur provenance forestière une condition à laquelle tu t'obstines à t'appliquer. Et puis, ce n'est franchement pas la mer à boire.

Attends, mais. T'es sérieux ? Tu comptes lui filer des champignons du magasin ?

En reconsidérant ce que planifie Zakkarian, tu te demandes si quelque part, il n'a pas un peu raison. Tu lui accordes volontiers le fait que sous un temps de chien comme celui-ci, le sol de la forêt risque d'être peu adéquate à une expédition de cueillette. Ajouté à cela le fait que la forêt est bien plus lointaine que le magasin. Ce serait vite expédié et sans aucun mal, c'est vrai, de choisir la facilité des rayons au super-marché. Le problème, c'est que le simple fait de mentir à la vieille te fou une nausée que même le pire des champignons ne pourrait te donner. Altaïr, ta sincérité est maladive et tu es bien incapable d'enfreindre cette valeur qui te tient autant à cœur.

Ton compagnon d'infortune poursuit et t'invites à le suivre sur la voix propre, comme rapide, de la facilité. Affichant une mine confuse, tu secoues la tête doucement pour décliner l'invitation. Décidément ça ne te plaît pas et tu refuses de te plier à cette solution hypocrite. Peut-être es-tu un crétin, peut-être n'est-ce rien de grave, peut-être Zakkarian a-t-il raison et que la différence entre ces champignons est nulle. Tes principes bien accrochés aux tripes, tu te permets de lui attraper le bras, doucement. Juste pour le retenir un peu.

J'comprends très bien que t'ais envie de rentrer chez toi sans te salir en forêt, mais j'trouve que c'est pas super sympa pour ta voisine. 'Fin... C'est pas ce qu'elle nous as demandé.

Le ton de ta voix est posé, dans un calme harmonieux où on ne discerne aucune trace d’agressivité. Il n'y a que la clarté de ton honnêteté qui résonne comme un aveux. En te pinçant les lèvres, tu hésites à le convaincre de venir avec toi. Mais ce garçon n'est pas ton ami et le service qu'on lui a imposé de rendre ne doit pas lui donner envie de polémiquer sur un choix ou un autre. D'ailleurs, tu commences à te demander si le fait de t'être joins à lui est à l'origine de cette palpable irritation qui t'avait jusqu'alors échappé.

Écoute- euh. Zakkarian ? Si ça t'embêtes vraiment de faire ça, t'as qu'à attendre chez toi, ou ailleurs, que j'aille chercher les bolets en forêt. J'viendrais te chercher pour qu'on aille les donner ensemble à ta voisine, comme ça  tu lui fait plaisir aussi, et sans rien débourser, ni mettre un pied dans la boue. On peut faire ça si tu veux, ça me dérange pas.

Non, ça ne te dérange vraiment pas, c'est vrai. Tu retrouves un maigre sourire, apaisant, comme si tu voulais le déculpabiliser au cas où il acceptait ta proposition. Ça n'a rien de grave qu'il te laisse aller seul, mais tu ne conçois pas les airs de tricherie que prend l'alternative du super-marché. Nope. Ça te stupéfait à vrai dire. Sûrement autant que peut être étonné Zakkarian, si lui a l'habitude de fonctionner ainsi ; ta morale est parfois déroutante tant tu t'appliques à la respecter sans un seul écart.

En tout cas, je préfère ça à l'idée de "mentir", on va dire, à cette dame, un nouveau sourire, tu t'excuses à travers lui de t'entêter à ce point.
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MessageSujet: Re: Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi   Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi EmptyMar 8 Mar - 15:09

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« C'est pas super sympa pour ta voisine. 'Fin… C'est pas ce qu'elle nous a demandé. »
Parce que si elle t'avait demandé d'sauter d'un pont, tu l'aurais fait sans sourciller ? Tsk…

Tu es étonné d'être en face d'une personne si sincère, si volontaire de coller aux moindres conditions émises, comme un enfant cherchant à prouver son utilité ou à satisfaire les envies de papa et maman. Oui, il te fait exactement penser à un môme, avec ses moues, ses sourires, son attitude ensoleillée, littéralement.

Sa main attrape ton bras pour te retenir légèrement, en cherchant peut-être à te faire douter sur l'honnêteté de tes actes. Tu cherches à le traîner en direction du magasin, mais tes jambes paraissent se paralyser lorsqu'Izar ouvre la bouche, te laissant donc planté là, à l'écouter émettre son avis. Vous ne pouviez pas simplement partir chacun de votre côté au lieu de polémiquer sur le lieu de cueillette de pauvres champignons ?

Il ne se démonte toutefois pas face à ton attitude et persiste dans ce que tu juges être un pur condensé de conneries, mais ce qu'articulent ses lèvres ne te plait pas. Absolument pas ! Comme si tu allais faire ton lâche et le laisser tout faire avant de récupérer les honneurs ! Tu n'es clairement pas un tel enfoiré et ce que te dit Izar a le don de t'irriter. Ta mâchoire se contracte alors que tu rejettes sa main, l'envoyant loin de toi sans grande délicatesse.

Tu crois vraiment que j'vais rentrer et t'attendre bien sagement !? Comme si j'allais t'laisser tout faire. Pfff… si tu glisses en forêt, ce s'ra uniquement de ta faute.

Monsieur naïf te sourit, comme s'il te comprenait sans peine.
Tu n'aimes pas vraiment ça.

… J'vois pas ce qui va changer entre des champignons de forêt et de magasin.

Le goût reste de toute manière immonde, de ton avis, n'est-ce pas ? Tu te détournes du chemin de la facilité, essayant de penser à autre chose qu'au magasin te tendant presque les bras, et marche en direction de la forêt, la mine agacée. Izar a appuyé sur un point sensible qui t'a automatiquement détourné de tes projets ; il serait si facile de te manipuler, avec un peu de jugeote. Je doute toutefois que ton compagnon de cueillette fasse partie de cette catégorie de personnes piétinant sur les autres par appât du gain. Tu ne risques donc rien de lui, malgré le fait que la forêt détrempée représente un sacré risque. Gare aux racines et aux flaques de boue.

J'te suis. T'as un coin spécial, non ?

Tu ne cherches pas à te montrer particulièrement amical avec lui, gardant un ton de voix relativement neutre, bien qu'une pointe d'irritabilité soit perceptible. Quel temps de chien…

… T'es obligé de tout le temps sourire comme ça ?

Derechef un soupir.
Tu l'observes de ta prunelle droite. Il s'agit plus d'une remarque que d'une question attendant une réponse, mais tu te demandes réellement l'utilité de ces sourires. Ils peuvent constituer un habile masque impénétrable, mais dans le cas d'Izar, tu penses qu'il s'agit de réelles risettes. Peut-être est-il simplement très expressif. Et tu as beau chercher ce qu'il t'inspire, tu ne parviens pas à mettre un nom sur le sentiment qu'il te laisse. Décontenance, colère, amusement, pitié ? Certes, tu ne vaux clairement pas mieux que lui – ou qu'un autre –, mais tu sautes vite à la conclusion que bon nombre de personnes doivent essayer de duper Izar. Avec la première impression que tu as de lui, tu n'as pas spécialement de doute à ce sujet.
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MessageSujet: Re: Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi   Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi EmptyMar 8 Mar - 18:48


Champi et Gnon sont dans la forêt.


Sa voix siffle dans mon oreille au détour d'une remarque amère. « Parce que si elle t'avait demandé d'sauter d'un pont, tu l'aurais fait sans sourciller ? Tsk… » Déconcerté, je grimace en plantant mes yeux dans les siens. Qu'est-ce qu'il sous-entend ? Que je suis stupide ? Ça n'a pas de sens, la question n'est là que pour me brimer. Mais la raison de sa hargne, je l'ignore encore.

Tout son être transpire d'un venin qui me brûle soudain le palpitant. Je crois  sentir mon cœur se tordre. Ça ressemble à un poignard de chagrin, mais il me semble qu'on appelle ça de la "gêne", comme si j'avais brusquement honte de moi à travers son regard. Je me sens con. Ses mots sont accusateurs, ils m'incriminent et s'arrachent à ses lippes pour griffer mon visage, que je recule sous la stupéfaction. Zakkarian aboie, comme un chien qu'on aurait provoqué ou menacé, cependant je n'ai jamais voulu qu'il se sente insulté.

Avalant ma salive, j'essaie de reprendre contenance et ouvre la bouche, prêt à répliquer, ou au moins lui demander de se calmer. Un "désolé" au bord des lèvres, c'est pourtant la seule chose que je me sens capable d'articuler. Le laissant prononcer sa résignation, je ne peux m'empêcher d'examiner les traits de son visage, tirés par la rogne. D'un mouvement énervé et rude, il repousse mon bras. Et je me sens rejeté.

Cette animosité qui a soudain rugit, sans raison, du fond de la gorge de Zakkarian, me rappelle d'un seul coup celle des animaux. J'en ai -plus d'une fois- recueillis quelques-un mal en point, au détour d'une rue ou d'un caniveau. Tout salit par la vie, à la crinière ou au pelage décoloré par la pluie. Il arrive qu'ils aient été si mal-menés que tout les effraie. La moindre lueur, le moindre geste entrant dans leur existence les fait se débattre. Zakkarian s'est débattu. Pour rien du tout. Pour une main tendu, en fait.

Et on dirait un chaton apeuré.

Lorsque je réalise cette ressemblance, mes muscles se détendent à nouveau. Je respire plus sereinement et débloque mes poumons de l'air vicié que j'y retenais, coupé par le flot de paroles de Zakkarian. Détournant le regard du sien que je m'étais obligé à fixer, je reprends bonne figure et soupire. La surprise a quitté mon regard ; il fallait juste que je comprenne à qui j'avais affaire et c'était désormais le cas. Mon sourire refait doucement surface.

- … J'vois pas ce qui va changer entre des champignons de forêt et de magasin.

- C'est pour le principe.

Point. Clair et concis, la meilleure façon d'éviter les polémiques. En ne m’épanchent pas sur les détails, j'ai moins de chances de le vexer à nouveau. Il va falloir prendre des pincettes, avec ce garçon. Je m'en amuse et dissimule une risette enfantine, curieux d'avoir devant moi une bombe à retardement. Les humains sont fascinants. Celui-ci n'a rien de foncièrement méchant ou dangereux. Sûrement est-il juste un peu cassé. Ce qui attise davantage mon intérêt.

- J'te suis. T'as un coin spécial, non ?

- Oui. C'est pas très loin dans les bois, dis-je en me mettant en marche.

Mon calme olympien me surprend presque. A vrai dire, si je n'avais pas été autant abasourdi par sa subite -mais courte- colère, peut-être aurai-je eu le la présence d'esprit et le cran de lui répondre. De revenir sur ses arguments, d'essayer de lui faire comprendre qu'il y a plus polit comme manière de parler aux gens. A présent je le remercie de m'avoir coupé le sifflet, car ça n'aurait fait qu'envenimer la situation. Mon père m'avait appris que certains agissements n'attendent pas de réaction.

- … T'es obligé de tout le temps sourire comme ça ?

Avisant un coup d’œil à mon côté, je vérifie l'expression de son visage pour connaître le réel sens de la question. L'ironie et le sarcasme ne sont pas mon fort... Mais sur son faciès je ne trouve rien d'autre que cet habituel masque renfrogné. Le ton de Zakkarian est redevenu neutre, mais je sens bien qu'il ne me tient pas pour autant en grande sympathie. Et d'ailleurs, qu'il ne compte pas s'excuser pour son comportement agressif d'il y a quelques minutes. Soit.

- Ça me donne du courage.

Une autre chose qu'Ahmed a eu bon fait de m'enseigner. "Sourire est une armure contre le chagrin, sourire attire les sourires." Mais par-dessus tout, je souris parce que je suis reconnaissant de vivre. J'aime respirer, j'aime fouler la terre, j'aime être une part de ce monde. Et bien sûr, je ne tiens pas rigueur de cette remarque que m'a fait Zakkarian, puisque sûrement ne comprendra-t-il jamais à quel point j'ai attendu ma vie et à quel point je veux la vivre. Je suis simplement heureux. C'est là, la réelle raison de mon sourire, mais il ne l'entendra pas ; ce n'est pas nécessaire.

Au cours du chemin, l'averse s'obstine à tomber toujours avec tranquillité. Les trottoirs sont semés de flaques reflétant le ciel gris et le bruissement des gouttes d'eau remplace un moment la conversation absente entre Zakkarian et moi. Mains enfoncées dans mes poches, la tête rentrée dans les épaules, je me surprends à songer aux pensées qui peuvent bien lui traverser l'esprit. Sûrement, en son for, m'insulte-t-il de tout les noms pour l'avoir traîné sous la pluie, alors qu'il pourrait être au sec dans le magasin et, après tout ce temps, même déjà être chez lui. Cependant je ne ressens aucune culpabilité à ce sujet ; après tout, je ne l'avais pas forcé à me suivre. Il s'y était lui-même senti obligé, pour ne pas que sa fierté soit bafouée.

- Ça fait longtemps que t'es voisin avec madame Masuda ?

S'il se complaisait dans ce silence, je viens d'en ébranler la tranquillité. Dommage pour lui, mais ma curiosité des autres est insatiable. J'avais à la fois très envie de lui faire plaisir -que ce soit en me taisant ou en conversant- et très envie de ne pas me préoccuper de son humeur et simplement agir sans devoir m'inquiéter de le froisser. Enfin, cette question n'était pas très risquée, si ?

- Ça n'doit pas être de tout repos ! Entre les fugues de Minouche, les ragots sur le palier et la cueillette de bolet...

Sacrée madame Masuda. D'autant plus qu'il n'était pas nécessaire de vivre derrière ses murs pour avoir affaire à elle. Régulièrement je la croise au marché et elle ne manque jamais l'occasion de me faire porter ses courses ou de m'attraper le bras pour s'aider à marcher. Aujourd'hui, elle avait même poussé Zakkarian et moi à entrer en collision.

La forêt est enfin à nous. Pénétrant entre les arbres avec précaution, je guide Zakkarian par des zigzagues maladroits. Aucun chemin ne conduit à mon lieu de prédilection pour les bolets ; il faut donc se déplacer dans les sentiers battus, faisant au passage craquer les feuilles mortes sous nos semelles.

- A partir d'ici, c'est tout droit, jusqu'à un grand pin. Il a un tronc peinturé de blanc.

La pluie est plus mince en forêt, retenue par les branches des arbres qui surplombent nos têtes encapuchonnées. Bien sûr, ceci n'a pas empêché au sol de devenir plus glissant et mou, mais il n'est pas difficile de s'appuyer sur les troncs à portée de main, n'est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi   Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi EmptyJeu 10 Mar - 19:32

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Le calme d'Izar te surprend quelque peu mais ne te déplaît pas. En général, les gens qui sont obligés de te supporter plus de cinq minutes commencent déjà à montrer des signes flagrants de colère. Chez Izar, tu ne vois rien. Son visage, un instant troublé par ce que tu penses être de la gêne, ne tarde pas à retrouver une sérénité à toutes épreuves, ce qui a le don de t'apaiser.

Fourrant les mains dans les poches de ta veste, tu calques ton pas sur celui de ton compagnon et le suit jusqu'à la forêt, curieux quant à l'emplacement de ces bolets. Tu n'es assurément pas un expert en champignon – pour toi, ils ont tous la même tronche –, mais tu connais plutôt bien cette forêt et tu ne te souviens pas d'une zone recouverte de bolets. Ou tu n'en as plus le souvenir, ceux-ci ne t'ayant sûrement pas marqué. Peut-être même les as-tu piétiner sans la moindre considération.

« Ça me donne du courage. »

Ta curiosité piquée, tu dardes ton regard neutre sur les traits agréables et chaleureux d'Izar, cherchant la moindre faiblesse, la moindre mélancolie, la moindre faille. Tu ne déniches rien de bien folichon et te contentes d'hausser les épaules, les prunelles se perdant dans le vague.

C'est stupide… C'est pas comme si sourire te rend plus fort ou t'encourage. Tu te vois même pas sourire.

Certes, tu peux très bien comprendre sa réponse. Un sourire, c'est un masque. Sourire, c'est montrer que l'on est extérieurement pas touché, même si l'intérieur agonise. Sourire, c'est faire un beau doigt d'honneur à la face de tous ces gens qui t'observent avec condescendance. Sourire, c'est simplement vivre pour soi-même. Mais tu n'es pas comme ça. Tes lippes ne sourient plus à tout bout de champ et c'est à peine si tu te souviens encore du mécanisme pour rire.

Les nuages ne semblent pas prêts à s'arrêter de pleurer. Vos voix se sont vite tues, mais tu ne cherches pas à réanimer votre semblant de discussion. Tu suis simplement la silhouette d'Izar sans te poser de questions, l'esprit clair, la fovéa reflétant le décor pluvieux de ce mois de mars.

Cependant, la quiétude de l'instant est très rapidement ébranlée. Il semble vouloir faire ami-ami avec toi, le récupérateur attitré de Minouche. Il entame une discussion abordant ta voisine et, bien que tu ne désires pas spécialement avoir une relation positive avec ce mec, tu réponds tout de même.

Un petit moment, ouais. Plus d'un an. Et elle perd son chat au moins une fois tous les deux mois. J'me demande si elle l'fait pas exprès.

Tu ne t'épanches guère plus longtemps sur Madame Masuda, pas spécialement emballé par l'idée de parler de ta voisine pour le moins envahissante. Elle ne possède aucune notion d'espace vital et n'hésite jamais à aborder des personnes dans la rue en quête d'aide, sous prétexte qu'étant une personne âgée, on lui doit bien cela.

Le sol se fait très rapidement plus glissant, sous tes pas. Tu suis toujours ton guide à travers les arbres, zigzaguant entre certaines plantes, les feuilles crissant à votre passage. Tu manques plus d'une fois de tomber, mais à chaque fois ton équilibre t'aide à demeurer droit et non au beau milieu d'une attirante flaque de boue.

C'est encore loin… ?

Tu as beau laisser tes billes vertes flâner à l'horizon, tu ne rencontres aucun pin décoré de blanc. Rien d'autres que des tas indistincts de végétaux. Bien sûr, avec ton karma magnifiquement merdique, tu finis par glisser. Tu moulines ridiculement des bras en essayant de recouvrer ton équilibre mais rien n'y fait. L'attraction terrestre faisant son travail, tu sens ton corps chuter vers l'arrière sans pouvoir y faire quoi que ce soit. Alors, d'un geste presque désespéré, tu tends le bras, cherches à agripper Izar, à te retenir à lui, avant de sentir tes fesses rencontrer le sol avec brutalité. Tu émets un petit gémissement de douleur, celle-ci paraissant grouiller au niveau de ton coccyx, t'arrachant une petite moue de douleur.

Putain de forêt ! Raaah… J't'avais dit que c'était une mauvaise idée !

Tu râles, la boue ayant sali ton jeans et le bas de ta veste. Et, alors que tu le fusilles d'un regard quelque peu accusateur, tu ne peux pas t'empêcher de te sentir irrémédiablement stupide.
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MessageSujet: Re: Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi   Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi EmptyMar 15 Mar - 19:43


Champi et Gnon sont dans la forêt.


Progessivement l'atmosphère recouvra sa tranquilité. A mesure qu'Izar l'enlumineur eut meilleure possession de sa propre humeur, le doux soleil qui brille en son for se distilla tout autour et sembla rayonner également sur le petit chat, Zakkarian, farouche animal.

En témoigna cette question, sur un ton neutre, de l'éternel sourire qu'affiche le maghrébin. Ou plutôt dirons-nous, cette façon qu'il a de toujours activer ses zygomatiques en dépis d'une situation qui ne provoque en rien une quelconque risette.

Bien sûr, la réponse qu'Izar servit à son cadet n'était pas un argument valable aux yeux de Zakkarian. "C'est stupide." Tu es sûr ? "Tu te vois même pas sourire." Oh, Zakkarian. Il ne s'agit vraiment pas de ça. C'est un sentiment - non : une sensation réconfortante. Néanmoins Izar l'écouta donner son opinion sans le contredire. Son envie de débattre la question n'y étant pas. Ce qu'il voulait en fait, c'était le laisser libre de parler pour mieux le comprendre.

Fascinant, fascinant petit chat qu'il est. Tout hirsute et râleur.

Le jardinier fut agréablement surpris lorsque son compagnon de cueillette donna une suite à sa tentative de dialogue. Sans avoir l'air très emballé par la conversation, Zakkarian ne paraît pas forcer sa voix. D'après son comportement une dizaine de minutes plus tôt, ce n'est pas par un quelconque principe de politesse qu'il lui répondit ; celle-ci ne semble pas influer grandement sur le garçon aux cheveux violins.

Il reste qu'Izar se satisfait de cet effort. De ce petit pas vers lui. Ce n'est rien, mais pour lui c'est déjà bien. Et ça le conforte davantage dans ce désir curieux de connaître Zakkarian. Un garçon planqué sous ses grognements, camouflé par une mèche rebelle mais tout offert par un regard profond et plein.

On voudrait lui ouvrir le cœur et lire ses sentiments. On voudrait l'enfermer dans une étreinte et s'imprégner de sa colère afin de l'étancher. On voudrait le bousculer pour qu'il libère cette rage qui le gangrène. Que fais-tu là, petit chat, à attendre dans les caniveaux ? Quel est ce monde où tu t'enfermes, il y fait si sombre.

Si sombre.

Si sombre et Izar n'y voit rien. C'est cela, Zakkarian. Tu es une énigme. L'épais ombrage qui te sert d'aura est un mur dressé entre toi et Izar. Comme si vous ne pouviez vous toucher, l'un si froid l'autre si chaud, il est évident que vous comprendre est un obstacle. Le premier rebut de ce monde noir et putride que rencontre Izar. Le premier déchet naît d'une injustice divine et blessé par le destin, le reflet  de tout ce qu'il ignore.

Tu es une énigme, mais il ne le sait pas encore.

- C'est encore loin...?

- Non justement, c'est juste en bas de la pen- !

Une main en détresse effleure soudain la manche d'Izar qui pivote instantanément, juste à temps pour assister à la chute de Zakkarian. Le bruit mat provoqué par son postérieur qui rencontre le sol fait grimacer le jardinier, se figurant la douleur.

- Putain de forêt ! Raaah… J't'avais dit que c'était une mauvaise idée !, pesta t-il en accusant Izar du regard.

Ce dernier pince ses lèvres, un peu confus et s'efforce d'ignorer les yeux furieux dardés sur lui.

- T'as pas eu trop mal ?

En prononçant ses mots, il s'approche pour tendre une main amical à Zakkarian et l'aider à se relever. Il y a un risque qu'il se fasse envoyer paître, mais c'est l'intention qui compte et il ne voudrait surtout pas paraître indifférent à la chute de son cadet, au dépend de se faire aboyer dessus. Cependant, arriver à la haut de son co-équipier, Izar pose un pied sur un pan boueux et glisse à son tour en avant, s'étalant de tout son long et le menton plongé dans la terre pâteuse.

Quelque peu déboussolé, il entre-ouvre un oeil pour constater l'écroulement, avant qu'un sourire ne s'empare de ses lèvres rieuses. D'abord un souffle amusé, puis un léger rire d'auto-dérision remuent son torse pendant qu'il se relève en s'appuyant sur ses mains salies et écorché par le travail.

- ... C'est le risque, quand on est un peu aventurier.

La situation est pour le moins comique et il ne se prive pas d'émettre quelques gloussements discrets en y songeant. C'était ridicule mais, qui s'en fout ? Essuyant ses paumes contre son cirée jaune plein de terre qu'il ne se gêne pas de salir davantage, Izar passe ensuite les doigts sur son menton et y retire la boue.

- On est quitte, lui dit-il en souriant.

Après un silence il reprit.

On devrait peut-être se tenir à l'autre pour éviter de tomber dans la pente ? Ils sont juste en bas.

Au point où ils en sont, il n'y a pas réellement d'intérêt. Mais si au moins ils pouvaient éviter de se faire mal, ce serait toujours mieux. Alors Izar tend timidement sa main à Zakkarian en plantant ses yeux ocres dans les siens émeraude, ne sachant pas à quelle réaction s'attendre.
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MessageSujet: Re: Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi   Champi et Gnon sont dans la forêt. #Altagnon Melahi EmptySam 9 Avr - 13:07

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HRP:
Une main s'approche, te laissant ainsi implicitement l'occasion de t'y appuyer, mais tu n'as pas le temps de la prendre qu'elle disparaît de ta vue. En effet, le propriétaire de cette dernière a perdu l'équilibre et se retrouver actuellement à manger de la boue, y est même presque allongé. Sans véritablement pouvoir t'en empêcher, tes épaules sont prises de tressaillements, tes lèvres se parent d'un large croissant et tu ne peux arrêter l'éclat qui grimpe le long de ta gorge. Tu finis donc par rire, les prunelles fixées sur ce pauvre petit bout, le menton plongé dans une parcelle de terre particulièrement humide.

Izar teste sûrement un nouveau masque de beauté, une de ces choses révolutionnaires que les femmes se plaisent à étaler sur leur minois…

Pfffrt… C'est le risque quand on est pas doué, plutôt.

Te relevant donc seul, tu laisses Izar dans son bourbier et te plait plutôt à retirer méticuleusement la terre recouvrant tes vêtements, essuyant tes mains sur le premier arbre venu ; nettement mieux que de le faire sur ton pantalon.

« On devrait peut-être se tenir à l'autre pour éviter de tomber dans la pente ? Ils sont juste en bas. »
… Tu m'prends pour un môme de maternelle ?

Se tenir la main pour descendre une vulgaire pente ? Et puis quoi encore, tu t'apprêtes à lui répondre sèchement que, non, tu peux descendre tout seul comme le grand garçon que tu es, mais la main timide d'Izar couplée à son air d'enfant hésitant ne te le permet tout bonnement pas. En règle générale, tu apprécies piétiner cruellement la naïveté et les bons sentiments d'autrui, mais quelque chose chez ton compagnon de cueillette endigue simplement les diatribes qui s'écoulent habituellement de tes lippes moqueuses. Comme si ce mécanisme pourtant familier se retrouvait soudainement rouillé, inapte à fonctionner.

... Aussi étonnant que cela puisse être, tu tends à ton tour ta main pour prendre celle d'Izar, un peu trop fermement peut-être, et ne tardes pas à descendre la pente sans l'observer. Tu préfères river ton regard sur tes chaussures boueuses, jouant l'air d'un minutieux volontaire de finir en bas en entier, mais rien de tout cela ne représente ce que tu penses. En réalité, tes pieds s'enfoncent un peu n'importe où, risquent parfois même de glisser, mais tu rechignes simplement à croiser ton ridicule reflet peint sur sa fovéa. Alors tu t'obstines. Tu descends, main dans la main avec lui, et tu ne sais pas si tes entrailles s'agitent de dégoût ou de gêne.

Bon, t'es en bas, tu peux me lâcher.

Le ton faussement blasé, tu le relâches en t'éloignant de quelques pas, le visage tourné à l'opposé. Tu détailles plutôt les fameux bolets qui, poussant plus loin, ne te donnent aucunement envie d'approcher. Les champignons ont le don de te révulser ;

On a pas de panier ou de sac pour les porter.

Tu n'y avais pas pensé, avec ton envie d'acheter directement des champignons en magasin. Mais Izar s'est invité, a modifié tes plans et t'a même tiré jusque dans la forêt ! Tu grommèles, t'accroupissant toutefois vers ces fameux bolets. Maladroitement, tu en arraches quelques-uns, les attrapant parfois avec tant de fermeté que tu ne parviens qu'à les décapiter, te retrouvant avec un lambeau de chapeau entre les doigts.

… Erk.

Un peu de délicatesse, que diable ! Soupirant, un bout de langue dardant entre tes lèvres, tu t'appliques donc à les tirer gentiment, plissant les yeux devant ce que tu analyses comme des « racines de champignon » ...
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