Celles qui murmuraient à l’oreille des morts et des lumières. ♦ Menma Shizumo

Un long soupir agacé qui venait délogé une mèche lila de son front pour finalement reprendre sa route ; elle en avait assez. Alors que Coraline était simplement assise sur un banc du centre ville, le regard plongé dans sa solitude qu’une jeune demoiselle de lumière apparut à ses côtés. Celle-ci possédait une innocente beauté : de longues mèches aux boucles régulières retombaient harmonieusement autour de son minois juvénile pour se terminer en pointes délicates au niveau de ses omoplates. Une robe fluette elle aussi tout en lumière retombait avec légèreté sur son corps rondelet.
Si vous pensez que ces créatures sont démunies de nuances au niveau de leur couleur, détrompez vous. Leur silhouette est recouverte d’un voile mordoré aux différentes teintes : du doré au jaune poussin, même parfois aux allures beurrées. Cela donne une apparence unique au drôles de personnages, encore davantage caractérisés par le toucher irrégulier mais chaleureux que peut apporter leur contact.
D’un coup, la petite fille se leva dans un rire fluet et agréable avant de s’enfuir en courant. Tout chez elle inspirait la naïveté : ses mouvements imprudents à sa démarche particulièrement fringuante ainsi que sa manière de découvrir la monde, sans crainte de l’inconnu. C’était une “Naïve”, à coup sûr. Chacune de ses “créations” possédaient un défaut majeur de la Demoiselle, et à force de faire apparaître malencontreusement ces dernières la jeune femme avait appris à les reconnaître.
D’un bond elle se relevait pour courser la petite chose qui déambulait dans les rues pour se retrouver dans la situation dite précédemment. La fillette semblait s’amuser du fait que sa créatrice soit exténuée, continuant à sautiller joyeusement dans des ruelles improbables. Certains abandonneront pour laisser l’enfant seule. Mais… Coraline n’était pas comme ça. Même si elle ne l’avait pas créer involontairement, le garnement était comme un enfant éphémère pour elle ; un instinct maternel fort se développait au plus profond de son coeur, pour laisser naître de l’optimisme à son égard. Naïve disparaîtrait de toute manière une fois la nuit tombée, mais il restait quelques heures avant cet instant fatidique.
Après un virage, elle avait disparu. La grande rue commerçant était presque vide à cause du manque de clients en semaine -et pleine journée- mais une grande demoiselle demeurait là, discutant… toute seule. C’était perturbant. Voir même carrément bizarre pour la DJ. Deux minuscules mains lumineuses et boudinées étaient apposées au niveau de ses hanches, la silhouette cachée derrière celle bien plus perchée.
-Chut, diteuh pas que je suis làààà ! ELLE EST LA ! DIT’PA ! DIT’PA !
La gosse s’exclamait avec énergie en enfouissant son visage tout contre le dos du  mannequin tandis que Coraline s’approchait d’une démarche traînante, fatiguée.
-Excusez-moi de vous déranger maaaais… Est-ce que vous pourriez me donner la chose derrière vous s’il vous plaît ?
Elle ne demeurait pas très imposante avec sa petite taille, et son ton était hésitant. Elle espérait ne pas être tombé sur une personne mauvaise.

Depuis quand fait-il jour ? J'ai pourtant l'impression que cela ne fait que quelques minutes que la nuit vient de tomber. J'ai passée toute la nuit à lire des livres... encore. Grand-mère si tu me voyais je suis sûr que tu rigolerai à pleins poumons. Ta petite-fille à encore passé toute la nuit à parler à Shana. Shana c'est le fantôme de mon appartement, elle est tellement belle, d'après ce que j'ai appris, elle se serait fait tuer à cet endroit. C'est malheureux, elle a passé la nuit à me raconter son histoire, j'ai versé ma petite larme je dois bien l'avouer. Mais ce qui était quand même marrant dans toute cette histoire, c'était d'apprendre que je dormais à l'endroit d'une ancienne maison close. C'est ça que j'aime dans la discussion avec les fantômes, c'est qu'il y a une tonne de connaissances à porté de main. Après tout aucun être vivant ne pouvait raconter une histoire vieille d'un siècle qu'il aurait vécu. Seul les fantômes pouvaient me fasciner de la sorte.

C'est pas tout ça, mais il était temps de se lever, continuer la nuit blanche, enchaînant la journée avec énergie tout de même. Une douche, une préparation et voilà que je suis fin prête.
Mon choix s'étant encore une fois porté sur mon magnifique jogging et un simple débardeur, un chouchou dans mes cheveux pour les attacher rapidement à l'arrière de mon crâne. Je ne travaillais pas aujourd'hui, libre de mon corps, donc libre de courir. Le vent dans mes cheveux est si agréable. Ah ! Que ce soleil dans le ciel est beau. Cela me rappelle ma campagne, mes champs, mes animaux, James. Oui il faut pas que j'oublie mon ami James, le fantôme du fond du puit avec qui je discutais tout le temps. Il doit se sentir seule sans moi. Nostalgie en ma mémoire.

Hm ? Je suis déjà en centre ville ? Il faut vraiment que je me concentre quand je cours, plutôt que de rêver, vraiment. Je vais finir par encore tomber comme une crêpe, sinon. Regardes où tu mets les pieds, bon sang. Je ne dois pas marcher sur mes amis. Les pauvres. Tiens ? Quelqu'un me regarde, il m'a sûrement reconnu. Bon, faut que je lui fasse un sourire, un peu de pub ne fait pas de mal de temps en temps. Allez, affiche ton plus beau sourire ! …. Oh putain, pourquoi je me retrouve encore face à ce foutu sol. Aïe. Je suis encore tombée une nouvelle fois, je me redresse assez rapidement avant de regarder autour de moi. C'était qui cette fois. Je regarde vers le sol avant d'afficher une mine bien miséreuse.

« Je suis désolé, je ne voulais pas vous marcher dessus.... Vraiment, je m'excuse. »

Vous vous demandez sûrement à qui je parle ? .. Je comprends, on me pose souvent la question. Juste en dessous de moi se trouve un petit fantôme un enfant, qui a eu la bonne idée de rester au milieu du passage. Mais bon s'excuser c'est le minimum, alors je me demande bien pourquoi tout le monde me regarde de la sorte. Je commence à avoir l'habitude. C'est repartie pour une petite course. Il ne faut pas que je reste inactive trop longtemps. Alors que je m'apprête à repartir, voilà que je me fais clairement agresser, par comment dire... quelque chose. Une sorte de présence. Quelque chose d'étrange, et lumineux. Suivit par une jeune fille, trop choupinou. Petite, une petite bouille, qu'elle âge avait-elle. Et cette voix derrière moi ? Un esprit ? Etrange, tout de même toute cette histoire. Je ne comprends rien mais je me tourne tout de même plusieurs fois sur moi-même.

« Derrière moi ? Tu vois les fantômes, toi aussi ? »

Un sourire jusqu'au oreille, je ne pouvais cacher mon enthousiasme face à cette jeune fille, si elle était comme moi. C'était vraiment quelque chose … de géniale. Je ne suis plus seule !

Elle désignait du menton cette dernière, sans cesser de sourire.
Son enthousiasme faisait presque peur. Elle était censée répondre quoi, à cette question ? Il y avait tant d'énergie et d'espoir dedans qu'elle ne voulait pas la blesser ou la décevoir.
-Naïve n'est pas un fantôme. 
Elle pinça ses lèvres dans une moue dubitative avant de papillonner des cils, tandis que la gosse aux couleurs du soleil se dandinait derrière la jeune femme.
Coraline apposa alors une main sur sa propre joue dans un sourire sincère, mesurant chacun de ses mots.
-Je peux faire apparaître des personnes de lumière mais je maîtrise encore mal mon pouvoir. Vous pouvez voir les morts ?
Elle haussa alors deux sourcils curieux et intéressées, d'une franchise juvénile. Elle s'approcha alors d'un pas supplémentaire pour lui faire face, plongeant son regard marine dans le sien.
-Ouais, elle est nulleuh ! Nulle nulle nulle ! Quand va faire tounoir vais toudisparaître ! Même que je vais pleurer très fort, même si je pourrais pas !
Le cri de l'enfant était sincère. Réel. Elle avait peur, peur de disparaître. Comme les étoiles et les humains ont peur de la mort.
Un soupçon de remord s'installa dans la poitrine de la Demoiselle. Elle trouvait ça cruel de faire ça à des pauvres personnes et à cause de son ignorance des êtres doués de conscience souffraient.