overreacting || pv. minami momotarou

Emile avait toujours trouvé ridicule l’inquiétude de sa mère. Un peu trop protectrice, maman poule qui voulait trop la couver, c’était agaçant. Et ça l’était encore plus lorsque la situation dégénérait.

« M’man, j’ai pas besoin d’aller à l’hôpital, c’est juste un rhume… Allez… On rentre à la maison ? »
Mais il était trop tard pour parlementer, et la petite blonde se retrouva bientôt enfermée dans une chambre, sous l’étroite surveillance de son geôlier, j’ai nommé Maman Underwood. Agacée, Emile roulait des yeux tellement fort que ceux-ci menaçaient presque de s’échapper de leur orbite. Elle préparait déjà mentalement un plan élaboré pour fuir ces lieux austères et se réfugier dans le doux confort qu’offrait sa chambre. A moins qu’elle n’aille squatter chez une amie une fois sortie, à voir. Enfin bref.
Opération dispersion étape A en cours.

Les deux mains placées devant sa bouche, Emile se mit à tousser de toutes ses maigres forces, sous l’œil alarmé de sa mère. Parfait.
« J’me sens pas très bien… Tu peux aller chercher une infirmière ? »
Madame Underwood s’exécuta rapidement ; cela donnait exactement deux minutes et douze secondes à Emile pour agir. Enfin, ce ne sont que des chiffres au hasard. Rapidement, elle bondit près de la fenêtre, qu’elle fit coulisser avant de passer une jambe dehors, puis l’autre. Emile, fais gaffe, on dirait que t’agis sous le coup de la fièvre. C’est quand même le troisième étage, tu pourrais te péter quelque chose.

« REBELLIOOOON ! »

La voilà dehors, agrippée au rebord de la fenêtre. Alors qu’elle entame maladroitement sa descente, la voilà enfin frappée de bon sens. Elle se fige, incapable d’avoir une pensée cohérente pouvant lui permettre de trouver une solution. Si sa mère la voyait, elle risquerait de faire une crise cardiaque. Emprunter ce raccourci était sans doute une mauvaise idée.

Emile et ses idées farfelues. Emile et ses plans foireux. Emile, qui ne pense pas aux conséquences de ses actes. Et, comme les chatons qui restent coincés dans les arbres, et qui miaulent à l’aide, pour qu’on vienne les chercher, Emile gémit. Ses maigres forces ne lui permettent pas de remonter, mais avec un peu de chance, elle parviendra à se repositionner, pour patienter jusqu’à la venue des secours dans un confort tout de même relatif.
Très prudemment, la petite blonde chercha à agripper le mur de la pointe de ses pieds, et en poussant légèrement, parvint à placer ses coudes sur le rebord de la fenêtre. Incapable d’en faire plus.
C’est alors qu’elle parvint à ses oreilles ; la voix du salut.

« Eeeuuh m-mais, vous êtes sûre ? Euh, bonjour ! Aaaaah ! » fit Emile d’une voix forte, balbutiant à moitié, paniquée. Elle se tortillait et tordait son cou pour tenter d’apercevoir l’inconnue, qui devait bel et bien se trouver en dessous. Emile avait perdu toute notion de hauteur, ne sachant plus si elle se trouvait à deux mètres du sol, ou à quelques kilomètres. C’est alors qu’elle se fit une fausse frayeur, ayant l’impression de lâcher prise, de déraper. Elle se mordit la lèvre.

« Je peux pas lâcher ! » lança-t-elle à quiconque pouvait se trouver en bas. Crispée, les épaules tendues, elle tentait de se remémorer ses cours d’escalade en première année de lycée. Le moment était sans doute mal choisi, mais à l’époque, Emile n’était pas trop mauvaise. Sauf que maintenant, elle n’avait ni corde de rappel, ni assureur. A part cette fille.

« Euh, vous savez je pèse quarante-huit kilos, et lâché dans le vide, un poids pareil doit paraitre beaucoup plus lourd une fois arrivé en bas, avec la vitesse et tout alors !!! JE SAIS PAS ! »

Sa voix déraillait, les mots fusaient, aussi rapides que ses pensées. Les cours de physique n'étaient visiblement pas ton fort. Mais voyons, Emile, la situation ne peut pas être si dramatique. Dans le pire des cas, tu feras une très jolie crèpe.

HRP: