6# Chlodwig Pfeiffer — Amnesia Rosenberg {charme rompu

Ensorcelé, tu l'étais, Chlodwig. Mais malheureusement, tu ne t'e apercevais pas. Était-ce parce que le sort de l’Étoile Divine, ton ennemie de toujours, était trop puissant ? Ou bien était-ce parce que, quelque part, au fond de ton inconscient, tu voulais goûter à ce fromage ? C'était sans doute un mélange des deux.

Mais comment te blâmer ? Tu étais affamé. Il n'y avait pas eu de fromage pour toi ces derniers temps, au Quartier Général. En plus de ça, les boulettes s'étaient accumulées. [Censored] n'avait pas acheté de fromage. Et [Censored] avait mangé le dernier fromage. Au fond de toi, même si tu les appréciais encore - ou pas - tu voulais quand même les vouer à l'enfer.

Parce que tu étais en état de manque. Avec tout ce qu'il y avait eu à faire ces derniers jours, tu n'avais même pas eu le temps de voir Lucian. Avec lui, tu aurais pu déguster quelques fromages, au cours d'une partie d'échecs. Mais non, le monde en avait voulu autrement. L'Etoile Divine, elle, même avec tout ce qu'elle avait fait, te l'avait offert, ce fromage tant désiré. Celui dans lequel tu voulais planter tes crocs.

Ce fromage était vivant. S’appelait Amnesia Rosemberg. Avait une relation étrange avec ton chef. Mais rien de cela n'importait en ce moment. Comme d'habitude lorsqu'il s'agissait de fromage, ton cerveau se faisait la malle. Et l'état de ton cœur n'aidait en rien non plus. Tu en étais convaincu, c'était le meilleur fromage au monde. Même pas besoin de goûter pour le savoir.

Ces yeux que tu pouvais voir, d'un bleu comme les tiens, étaient ravissants. Mais ton regard était attiré par autre chose. Par la peau de ce fromage que l'on t'avait envoyé. Par sa blancheur, son apparente douceur. Cette croûte splendide où tu voulais planter tes dents, te laisser aller à en découvrir la saveur. Comme pour tous les autres fromages de cette Terre.

Alors, finalement, tu t'avances, vers elle. Avant qu'elle n'ait vraiment le temps de réagir, tu es sur elle. Suffisamment proche pour que tes narines captent les effluves de sa peau et qu'elles enivrent ton pauvre esprit. Ce fromage, tu voulais y goûter. Qu'il soit humain ou non, cela n'avait aucune importance. Qu'il ait ou non sa propre volonté non plus.

Depuis quand un fromage se permettait-il de refuser de te laisser le dévorer ? Depuis jamais. Et cela ne changerait certainement pas aujourd'hui. Ce fromage, il serait tient. Et ce fromage, tu le dégusterais comme telle. Que ce soient ces lèvres juteuses qui attiraient ton regard, de par leur délicat contraste avec la pâleur de la peau les entourant ou encore ce corps aux formes appétissantes.

A ce moment là, tu aurais - peut-être - encore eu la chance de faire bonne impression. De faire ton Chlodwig, comme à ton habitude, et de la charmer de manière plus conventionnelle. Lui susurrer des mots doux, lui offrir un panda avec un sourire éclatant. Essayer, en parfait gentleman - ou pas, peut-être - de gagner son cœur. Mais tu n'étais pas toi-même ce soit-là, Chlodwig.

Cette peur qui aurait normalement du être là fasse à une policière, cette méfiance qui t'empêcherait de trop t'approcher, pour ne pas te faire attraper, ne pas te faire tuer, elle avait volé en éclats. L’Étoile Divine l'avait réduit à néant. Un amour était né. Mais cela n'aurait pas été suffisant. Pernicieuse, elle avait fait bien pire. Elle avait créé un fromage.

Chlodwig, oh pauvre Chlodwig, que penseras-tu de cela une fois éveillé ? D'ailleurs, t'éveilleras-tu un jour, sur cette plage ? Rien n'est moins sûr. Ton destin pourrait tout aussi bien être le fond d'une cellule que celui d'une tombe. Après tout, tu viens déjà de planter tes crocs dans ce fromage si convoité, de ternir la peau de la belle d'une morsure.

Était-ce vraiment là une attitude à charmer les dames ?

Les sensations se bousculent toutes les unes après les autres. Ivre, tu restes comme tu es, tes dents plantées dans cette chair délicieuse que tu voudrais, d'une certaine pouvoir arracher, pouvoir te l'approprier. C'était, après tout, comme ça que se dégustaient les fromages, n'est-ce pas ? Et pourtant, quelque part au fond de toi, tu étais triste. Parce que tu la brusquais, parce que, malgré tout, tu savais aussi qu'elle était vivante et que, tout comme toi, elle était "humaine" : un être doué de sentience et de sentiments, tout aussi succulent puisse-t-il être. Et toi, qu'avais-tu fait ? Tu t'étais approprié son corps sans lui demander sa permission, t'en emparant comme un pirate. Alors que tu l'aimais.

Tes yeux rencontrent les siens, tentant de les lire. De savoir ce qu'elle pensait, cette entité fromagère douée de conscience qui, en fait, n'en était pas réellement une. Tu crois y déceler un certain plaisir, un semblant d'envie. Mais également de la peur. Alors, malgré une joie naissante qui semble se répercuter au niveau de ta poitrine, tu te sens mal. Et lorsque ton aimée recule, semblant chercher à rompre le contact, tu ne protestes pas, ne t'acharnes pas. Et la regardes.

Ces yeux que tu aimerais pouvoir rencontrer à nouveau, mû par le désir de perdre l'éternité dans leur contemplation, tu les évites, le regard fuyant, plein de gêne. Ce que tu as fait était mal. Tu fixes donc la chevelure tout aussi bleue d'Amnesia, n'osant pas vraiment lui répondre alors qu'elle t'annonce, bien évidemment, que ton comportement l'avait surpris. Et pourtant, ton cœur fait un bond. Parce qu'elle ne te rejette pas, ne te repousse pas. Parce qu'elle te laisse une chance.

Tu veux la croquer. La dévorer toute entière, t'emparer à la fois de ses lèvres et de ses pensées. Tu voulais qu'elle soit tienne jusqu'au plus profond de son âme. Tes pulsions veulent que tu retournes contre elle, goûtes à nouveau à la douceur de sa peau, mordilles le bout rosé de ses lèvres adorables. Mais tu te retiens, Chlodwig, parce que ce n'est pas ce que tu veux.

Un miaulement dans la nuit passe inaperçu à tes oreilles, toute ton attention étant concentrée sur cette policière qui avait pourtant dérobé ton cœur. Ce fromage-là, cette douceur-là, tu ne veux pas la prendre par la force, comme tous tes autres plats. C'est l'attirer, la charmer et faire en sorte qu'elle se livre elle-même à toi que tu désires, Chlodwig. Mais seras-tu capable de te retenir ?

Ce n'est que lorsque tu l'entends parler à nouveau que tu t'aperçois d'une jalousie naissante envers ce félin que tu n'avais même pas remarqué, trop captivé par ta belle. Tu allais lui dire que ce n'était rien du tout. Que tu n'avais d'yeux que pour elle. Lorsqu'elle se mit à rire, encore et encore, et que ton cœur, lui, battait la chamade en réponse, se délectant de chacune des secondes où son rire parvenait à tes oreilles.

Elle était mignonne. Beaucoup trop mignonne. Même si ça ne s'arrêtait pas vraiment, tu étais heureux et rien de tout cela ne te paraissait ridicule, aveuglé que tu étais par ton amour. Alors tu t'avances encore près d'elle, fouillant l'une de tes poches pour y trouver une babiole quelconque déposée-là plus tôt. Ce chat, ce fichu chat qui gênait tes mouvements et ne voulait pas partir, ce n'était rien. Rien d'autre qu'une opportunité.

Doucement, tu colles tes lèvres contre les siennes, le temps d'un baiser éphémère, qui se finit bien vite alors que vos deux corps se séparent à nouveau. Pas seulement parce que tu recules, mais aussi parce que, maintenant, un petit panda est apparu dans tes bras, que tu t'empresses de tendre vers Amnesia, cherchant en même temps à garder l'équilibre.

« - Amnesia... Puisque ce chat n'a pas bon goût, voilà pour toi. »

Tes joues s'empourprent. C'était d'ailleurs un miracle qu'elle ne soient pas déjà toutes rouges, n'est-ce pas ? Et dans un murmure, tu annonces l'évidence, jouant franc-jeu avec cette personne que, normalement, tu aurais du vouloir duper, manipuler.

« - Je t'aime. »

Lorsque tu reprendras tes esprits... Souhaitons juste à l’Étoile Divine de savoir ce qu'elle fait...

Que fait ton cœur, Chlodwig ? Il bat pour cette personne que tu n'aimes pas en réalité. Mais ça, tu ne t'en aperçois pas. La seule réalité qui est, pour toi, c'est celle de ce cœur battant d'un amour dévorant. Et celle d'Amnesia devant toi, fruit défendu mais - et c'était plus important que tout - un délicieux fromage, une personne aux lèvres douces que tu avais envie de ravir encore et encore, dans un élan de folie, d'amour.

Tu attends ta réponse. Tu angoisses un peu. Qu'elle accepte ou pas n'a en soi pas tant d'importance que ça. Ce que toi tu veux, c'est continuer sur ta lancée. Être avec elle. Essayer de la séduire, de lui faire oublier Hu - mais avaient-ils réellement vécu des choses ensembles - et de la rendre tienne. Ça prendra du temps, sans doute. Mais tu veux sincèrement te lancer dans une telle entreprise, insouciant de l'emprise qu'a l'étoile divine sur tes pensées.

Ton cœur fait un bon lorsque c'est elle qui vient placer ses lèvres sur les tiennes. Tu te fiches du reste. De ce chat qui, lassé, finit par partir. De ce vent qui, glacé, refroidit tes joues. De ce sable qui, gluant, vient malencontreusement se glisser dans ta chaussure, gêne que tu ne pourras supprimer avant quelques temps. Parce que tu as eu ce que tu voulais - une partie tout du moins. Elle se livre en partie à toi. D'elle-même. Et, à ce moment, te voilà certain. La meilleure façon de déguster un met pensant, c'est de le laisser venir. De profiter de ce petit quelque chose qui, alimenté par la surprise, ferait chavirer une âme.

Et pourtant, tout heureux que tu sois, le fait qu'elle ne t'avoue pas ressentir la même chose brise un peu ton pauvre cœur. Cela faisait fort longtemps que ce n'était pas arrivé, n'est-ce pas Chlodwig ? Et pourtant, tu restes là, la tête droite. Il le faut bien après tout : la belle semblait plus confuse qu'autre chose, prête à, peut-être, laisser un nouvel amour naître. Tu n'étais pas pressé alors, tu allais faire avec. Tu n'avais pas le choix, après tout.

Et puis, lorsque les doigts de ta Belle rejoignent les tiens pour t'emmener se promener sur la plage, tu fonds et te laisses guider vers cette plage sur laquelle tu déambulais quelques temps auparavant, bien loin de te douter que tu y trouverais l'amour. Mais qu'y faisais-tu d'ailleurs ? Tu ne parviens pas à t'en rappeler : c'est que ce ne doit pas vraiment être important. Qu'est-ce qui pourrait être plus important que passer du temps avec elle, après tout ? A part les intérêts du Crépuscule, bien sûr. Mais, là, tu allais dans le sens de leurs intérêts de toutes façons. Il n'y avait aucun mal.

Ce moment à deux - à trois avec ce panda dont elle avait apprécié le don - arrive pourtant bien vite à sa fin puisque, surgissant de nulle part, un chien vous tourne autour, enroulant sa laisse autour de vos deux personnes qui, bien évidemment, se rapprochent jusqu'à être collées l'une sur l'autre. Jusqu'à ce que ton cœur batte la chamade face à cette odeur enivrante qui vient jouer avec tes narines et cette peau qui met tes sens en émois, sensations enivrantes qui te font virevolter.

Tu veux lui glisser un compliment. Lui dire ce que tu penses d'elle. Que ses cheveux sentent bons, que sa peau est plus ravissante que ces fromages que tu aimes tant. Que ces deux orbes bleus que tu te retrouves à fixer pendant qu'elle t'annonce étrangement le fait qu'être attaché à toi est un soucis alors qu'elle ne cherche visiblement pas à se défaire de la laisse - et que tu n'allais pas le faire - sont plus beaux encore que la mer qui s'étale devant vous sous le crépuscule.

Mais tu ne le fais pas. Parce que ton téléphone sonne. Quelle importance ? Tu ne décroches pas, tu t'en fiches. Bien évidemment. A la place, tu le saisis comme tu peux, collé que tu es à ton amour - mais tu aimes ça - pour raccrocher et le rendre silencieux. Qui que ce soit, il ne gâchera pas ton moment avec elle. Qu'il aille au Diable. Et pourtant, le téléphone décroche tout seul, sans demander ton avis. Sans que le bouton pour raccrocher ne fonctionne. Et une voix s'élève.

« Oui bonjour, c’est l’étoile divine ! »

« Ramène-toi ici et nettoie toute la merde que tu as causé ! »

Ça a fusé, comme ça, sans que tu n'aies même eu à réfléchir. C'était probablement effectivement l'étoile divine. Après tout, pour que le téléphone ait décroché tout seul, il fallait déjà faire fort. Et Chlodwig ne connaissait personne qui serait capable de faire une telle farce. En tout cas, il l'espérait.

« Non mais je veux juste vérifier que ta copine est quelqu’un de bien, tu me la passes ? »

Qu'est-ce que c'était que ça ? Au moment où tu avais enfin trouvé l'amour et où tu étais seul avec elle, il fallait que cette putain d'entité divine décide d'intervenir. Alors là même qu'elle n'avait strictement rien foutu jusqu'alors. Tu serais prêt à transformer ce fichu téléphone en panda sur le champ si tu n'en avais pas besoin pour contacter les autres membres du crépuscule et que ça n'allait pas être une véritable galère à racheter.

A la seconde - enfin presque - où Amnesia finit par dire quoi que ce soi, cette insolente reprend, lui coupant la parole. Pour dire n'importe quoi, comme à son habitude. Enfin, pas que tu la connaisses personnellement mais... c'était un peu évident quand même, vu la manière dont elle agissait au milieu de cette conversation.

« Ah mais en fait, t'essaie de piquer la copine de Hu. Ouais. Vas-y, go for it. -winks winks- »

Conclusion ? Elle savait qui il était. Qui Amnesia était. Qui son boss était. Et n'avait pas réagi du tout jusque là. Et, pourtant, la voila qui choisit ce moment pour parler, s'immiscer dans sa vie sans rien te demander. Tu as vraiment, vraiment, envie de l'éviscérer celle-là. Même la chaleur du corps d'Amnesia près de toi ne parvient pas à te calmer et tu te retrouves visiblement énerver, à jeter des regards incendiaires à ce téléphone qui ne veut pas raccrocher.

« Après s'il te vire, tu pourras toujours venir squatter chez moi. »

Si elle te met dans cet état juste en t'appelant, qu'est-ce que ça va être lorsque tu reprendras tes esprits, jeune homme ?

Si tu ne l'écoutes pas, que tu ne lui réponds pas, elle raccrochera. De toutes façons, elle ne parle pas assez fort pour que l'élue de ton cœur vous entendre, sinon elle aurait réagi à la mention du nom de Hu, quelque soit leur relation. Cette sale étoile divine te laissera-t-elle en paix ? Tu l'espères. Tu es déjà hors de toi de toutes façon, elle a ruiné cette journée si précieuse, cette Saint Valentin où tu as trouvé l'amour. Mais, soudain, dans un élan de lucidité, tu t’aperçois de ce qu'elle t'a dit, de ce qu'elle à insinué. Et alors, tu lui demandes, presque gentiment ce que tu aimerais savoir.

« Et c'est où chez toi ? »

Si elle veut vraiment te voir, tu viendras la voir n'est-ce pas ? Sauf que ça ne sera pas pour papoter tranquillement avec elle en se lamentant du caractère de ton boss. Ça sera pour lui planter une balle entre les deux yeux. Sans rancune. C'est ton job, après tout. Et elle t'a tellement énervé qu'il faut bien que tu lui rendes la pareille un jour, n'est-ce pas ? Autrement ce n'est pas du jeu. Et puis, à te provoquer comme ça, c'est ce qu'elle cherche, sans doute.

Sauf que cette saleté en profite pour raccrocher. Est-ce que c'est poli de raccrocher comme ça après t'avoir forcé à accepter son appel, tout ça pour ne rien te dire du tout, Chlodwig ? Non, ça ne l'est pas. Où est Amnesia ? Elle n'est plus là, plus dans tes pensées. Tout n'y est plus qu'un noir désir de déicide. Tu veux rattraper cette stupide étoile, la mettre à genoux et mettre un terme à sa vie. Sauf que tu ne peux pas. Tu dois la garder vivante si tu veux avoir la moindre chance de négocier avec vis-à-vis de ce stupide lien.

Et puis, cette saloperie de lien, n'était-ce pas ce qui avait réuni Amnesia et Hu ? Si elle te résistait, là tout de suite, c'était bien parce qu'elle avait rencontré Hu. Parce qu'elle ne pouvait pas le laisser seul, le quitter ou quoi que ce soit. Parce que ce lien parasitait leur relation et l'empêchait d'avancer, d'aller de l'avant, de se livrer à toi même si elle semblait ne pas être indifférente à ton charme. D'ailleurs, qu'est-ce qui t'attire chez elle ?

Sont-ce ces cheveux d'un bleu délicat dans lequel tu as l'envie irrésistible de passer la main, ce que tu fais alors qu'elle tente désespérément de se débarrasser de cette laisse ? Non, non... Ça ne te semble pas être ça. Sa peau blanche, si douce et tendre à croquer ? Toujours pas... Plus tu y réfléchis et plus tu te dis que c'est tout simplement cette étrange assimilation de ta partenaire à un fromage qui t'attire et qui te donne envie de la dévorer encore et encore, de la faire plier à ta volonté, avec gentillesse comme lorsque l'on déguste un plat de Haute Cuisine.

Tu secoues la tête, les yeux toujours pleins de fureur. Pourtant, tu suis la belle lorsqu'elle s'aventure à nouveau sur la plage, un peu déçu de ne plus être collé à elle et de ne plus pouvoir humer ce délicieux fromage. Car, c'est ce qu'elle est. Humaine et fromage à la fois, une délicatesse à croquer, dont profiter. Alors tu veux passer du temps avec elle. Tu ne sais pas comment ça finira mais tu veux la suivre, lui tenir la main, contempler la mer, y tremper les pieds... T'amuser comme le jeune insouciant que tu n'es pas.

Alors tu attrapes sa main, voulant l'entraîner vers la mer. Mais tes pas s'arrêtent bien vite, Chlodwig, parce qu'un autre animal s'approche, frétillant. Et une deuxième laisse vient vous réunir, providence ô combien espérée. Anticipant le mouvement, te démenant un peu pour la guider, tu passes tes bras autour de la taille de celle-ci, l'enlaçant.

« On dirait que l'on ne veut pas nous voir séparés Amnesia. Alors, je t'en prie... Que tu m'aimes ou non, restons comme ça et apprenons à nous connaître ne serait-ce qu'un peu plus. »

Tu ajouterais bien une question, mais quelque chose t'en dissuade. A la place, tu laisses échapper quelques mots. Des mots que tu ne voulais pas dire, pas dévoilés. Des mots qui n'avaient l'air de rien mais qui, en somme, représentaient tout. Tu voudrais cacher tes joues rubescentes mais un coup de vent les expose à la vue de la policière.

« Est-ce que tu sais que tu es un fromage ? »

L'odeur de la bleutée te calme finalement, tes yeux se faisant doux. Pourtant, toute la fureur n'est pas encore passée et une partie de ton esprit rumine, encore et encore. Mais tu fais de ton mieux pour l'ignorer. Pour elle.