la blonde, le délinquant et les truands || pv. ryuku

« Je connais un raccourci », a-t-elle dit à ses amis avant de prendre une ruelle aux allures peu recommandables. D’habitude, Emile rentrait accompagnée, mais cette fois-ci, elle avait voulu assurer le coup, et montrer qu’elle pouvait être indépendante. Mauvaise stratégie, si vous voulez mon avis.
C’est dans ces coins-là qu’on fait des rencontres bizarres.

« Huh ? Moi, vous êtes sûrs ? »

La mine décontenancée d’Emile se change peu à peu en un sourire radieux, des yeux pétillants, une expression de pure joie. Une lueur d’étonnement brille encore au fond de son regard, mais rapidement, sa gaieté prend le dessus. Allons, une proposition d’une agence de mannequinat, ça n’était pas une opportunité qui se présentait tous les jours ! Imaginez, elle pourrait être amenée à marcher sur scène aux côtés de Satoshi ! Sans même y avoir réfléchi plus de 5 minutes, elle était déjà prête à accepter.
Peu importe l’improbabilité de la situation. Emile ne voyait pas l’arnaque qui pointait le bout de son nez. Elle, mannequin ? Il y avait environ zéro pourcent de chance que cela se produise. Mais ces deux bonshommes portaient un costume, et même si ceux-ci semblaient un peu sales et dépassés, cela suffisait à convaincre Emile de leur honnêteté.

« Par contre, faudra que tu nous paies 30 000yen. En caution, on te le rendra quand tu voudras te retirer du business. »

Emile cligna des yeux. Ca paraissait évident, en effet. Elle plongea la main dans son sac et en sortit son porte-monnaie. On a toujours besoin d’une garantie, alors elle ne voyait rien d’étrange à ce que ces gugusses en demandent une. Cela dit, la blonde se baladait rarement avec autant d’argent en liquide sur elle.

« J’ai pas l’argent sur moi, je peux vous payer par carte ? »

Emile, Emile, Emile ; la naïveté qui frôle l’idiotie. Elle ne voit pas où est le problème, elle les aide même à l’arnaquer. Elle se laisse pigeonner malgré les conseils de Kumiko, qui lui répète sans arrêt de ne pas parler aux inconnus, de ne pas prêter attention aux gens louches, même si ceux-ci se présentent et distribuent leur carte de visite. Après tout, c’est probablement du faux.
En tout cas, cette question leur plait, aux deux clowns en costard. A coup sûr, s'ils lui demandaient son code de carte, elle le donnerait sans hésiter. Il semblerait qu’en choisissant Emile, ils aient misé sur la bonne personne.

Ryūku n'était clairement pas un héros. Pourtant, il n'avait jamais perdu une bonne occasion de démontrer sa dominance sur autrui, faisant alors que bien souvent, il sauvait la mise à certaines personnes. Ou alors l'argent à la clé l'intéressait. Parfois, c'était dû à l'ennui. Cette fois, c'était parce qu'une jeune fille de son âge risquait d'être mêlée à des ennuis qui semblaient malheureusement la dépasser complètement. D'où venait-elle ? Cette blondinette n'était pas du coin, elle était bien trop naïve pour cela. Le noiraud était adossé à un mur, les bras croisés, ses mirettes plissées scrutaient l'arnaque qui se profilait. Quiconque de plus malin aurait flairé les ennuis mais cette jeune fille... elle plongeait. Ryūku finit par se décoller du mur sale d'une poussée légère, enfouissant ses mains gantées dans les poches de son treillis militaire, approchant sournoisement.

Ces deux types étaient grands, expérimentés et d'une force physique bien plus importante que celle du jeune des rues. Pourtant, jamais de sa vie le brun n'avait eut peur de quelqu'un, combien de fois s'était-il moqué de plus fort ? Combien de fois avait-il tenu tête à toute une bande de délinquants ? Combien de fois avait-il finit face contre terre ? Combien de fois un bras lui avait été brisé ? A force, la douleur physique n'était plus quelque chose qui lui procurait de la peur. Non, c'était plutôt galvanisant pour Ryūku de se battre, de recevoir des coups, d'en donner. De sentir la chair sous ses poings, d'assurer sa puissance sur autrui ou tout simplement se prendre une belle raclée. Quelque chose d'incompréhensible pour beaucoup, pourquoi cette fichue vermine continuait-elle de se battre contre plus puissant alors qu'il manquait toujours de finir avec une balle dans le crâne ? Ne comprenait-il pas qu'il n'était pas invincible ?

« Hé, les deux guignols. »

Sursaut. Les deux hommes se détournèrent alors vers le jeune adolescent qui se trouve là, un sourire mauvais habillant ses lippes fines tandis qu'il les scrute, dérangeant. Le premier le reconnaît finalement et lâcha un soupire exaspéré devant le minois pour une fois dénué de blessures du jeune garçon.

« Qu'est-ce que t'as, Ryūku ? C'est notre affaire, dégage de là vite fait. », cracha le premier, brandissant un poing.

Les pupilles du noiraud se rétractèrent et il échappa ses mains de ses poches, enroulant la paume de sa main gauche autour de son poing gauche dans un geste martial. Lâcher l'affaire ? C'était bien mal connaître le jeune garçon. Pourtant, il n'était pas un imbécile et tenter d'exploser les mâchoires de ces deux gusses signifiait mettre encore plus en danger la blondinette. Après tout, s'il se faisait laminer, comment pourrait-il jouer aux bons samaritains ? Ryūku fit soudainement glisser ses prunelles dans celles de la demoiselle, arborant un faciès totalement blasé, perdant son sourire mauvais. Il soupira d'agacement puis laissa de nouveau tomber ses bras le long de son corps, comme s'il n'allait absolument rien faire. Mine neutre, le jeune garçon avança un peu, dépassa le plus petit des deux hommes. A peine l'eut-il dépassé que, dans un geste mué par une énergie aberrante, il se retourna tout en armant son bras droit. Poing fermé, sourire carnassier aux lèvres, Ryūku asséna un coup de poing mémorable au plus petit dont la tête tourna sous la force du coup couplé à la surprise. Le jeune brun recula légèrement, observant l'homme qui tenait sa mâchoire endommagé, fixant le sol avec incompréhension. L'autre tenta de se jeter sur le sale gosse, grognant de colère.

« Petit cxn ! On va te faire la peau ! »

Ryūku eut un ricanement de hyène en reculant avec célérité, évitant un coup de peu avant de profiter du fait que l'homme soit penché pour envoyer son poing gauche dans la faciès du second arnaqueur. Vivement, le jeune garçon se détourna et s'empara du bras gauche de la jeune demoiselle blonde, lui offrant un large sourire.

« Magne, on se casse ! »

Il l'embarqua à sa suite, le cœur battant, le souffle animé par une cadence incontrôlable. Il adorait ça le jeune délinquant, frapper plus grand que lui, leur faire ravaler cette pseudo fierté. Faisant glisser sa main sur le bras de la blondinette, il s'empara de sa main afin de la tirer davantage, l'obligeant à aller plus vite. Ryūku tournait dans différentes ruelles, obligeant la pauvre Emile à le suivre dans un rythme effréné, heureusement qu'il savait parfaitement où il se rendait. Derrière, ça hurlait sévèrement, la cavalcade des deux arnaqueurs ne cessa pas, ils semblaient armés d'une grande détermination pour régler le compte de ces deux jeunes.

« Grimpe, vite, bouge toi ! »

Ordonna le jeune homme aux prunelles ébènes en poussant la demoiselle vers une échelle qui menait à un toit, il la hissa, grimpant à sa suite, observant les deux types qui arrivaient à leur suite. Ryūku, à son tour, arriva enfin en haut, en sécurité. Enfin presque. Il se pencha pour attraper l'échelle et la hissa, les dents serrées, sourcils froncés, soulevant le long objet et le faisant glisser sur le toit pour empêcher les deux adultes de venir à leur suite. Le garçon la posa à ses côtés puis se laissa tomber sur les fesses, yeux clos, sourire aux lèvres. Il rouvrit ses mirettes afin d'observer d'une mine quelque peu agacée la jeune fille à la crinière dorée.

« Woah. N'empêche, j'aurais jamais cru voir un si gros pigeon d'ma vie. P'tête que j'aurais dû les laisser faire et récupérer l'argent derrière, tu crois pas ? Eh, sérieux, t'as quoi dans le crâne, t'es pas un peu cxnne ? Déjà, tu devrais pas traîner dans l'coin, surtout une nana comme toi... Ça encore c'était tranquille, y'a pire dans le coin. »

Certes, il disait cela avec une once d'énervement perceptible dans sa voix mais, le noiraud avait cette tendance à dire exactement ce qu'il voulait. Sans passer par quatre chemin. Avec parfois le lot d'insultes qui allait avec.

« Surtout qu'ici, y'aura pas toujours quelqu'un pour t'filer un coup de main surtout que t'es une inconnue et... tu serais pas sacrément débile pour sortir ton porte-monnaie aux yeux de tous ? Y'a des avides hein, ils sont capables de se jeter sur toi et de trancher la gorge juste pour récupérer le peu que t'as. S'en foutent que tu sois une fille ou non. Faudrait que tu t'réveilles... m'enfin, j'dis ça pour toi, après j'm'en fous qu'il t'arrive un autre truc. »

Et il parlait, encore et encore, tentant peut-être de faire percuter à la demoiselle la dangerosité du coin.

Les yeux écarquillés, Emile se tourna vers la personne qui avait interrompu l’échange. Et à vrai dire, elle ne comprenait pas vraiment les intentions des uns et des autres. Pourquoi cette tension soudaine ? Emile tente de suivre, tant bien que mal. L’air perdu, son regard passe du garçon qui venait d’intervenir à ses interlocuteurs de plus tôt. Quand ses yeux rencontrent ceux du jeune garçon aux cheveux noirs, Emile sursaute. Pas de sourire, pas de sourcils froncés, juste du… rien. Emile hausse un sourcil et tente un petit sourire en guise de salutations, mais son expression change bien vite.
En effet, assez rapidement, les choses tournent mal ; s’il y a une chose à laquelle elle ne serait pas attendu, c’était bien une bagarre. La jeune fille étouffe un cri au premier coup, trop surprise. Et plus perdue que jamais. Il serait temps de comprendre que t’es dans la merde, Emile. Par reflexe, elle met une main devant ses yeux, et continue malgré cela de regarder entre ses doigts. Et puis tout se passe très vite : un sourire, une main sur son bras, et sans même avoir eu le temps de dire « ouf », Emile se retrouve en fuite, entrainée par le jeune homme.
Et ils courent, deux gosses poursuivis par des adultes pas nets. Le souffle court, les yeux grands ouverts, Emile ne lâche pas le dos du brun du regard. Même si la situation lui échappe, elle comprend qu’il vaut mieux suivre, ne pas trainer, ne pas rester en arrière ; les poursuivants n’ont pas l’air de bonne humeur, à en juger par leurs cris de rage. Elle serre fort la main qui l’entraine, ses jambes accélèrent et, à sa grande surprise, tiennent bon. Comme dans un état second, Emile se laisse guider sans réfléchir, obéit aux ordres, et prend les directions qu’on lui indique. Ryūku connait le coin, mieux vaut lui faire confiance.
Même si ça mène sur un toit.

Confuse, sa respiration saccadée, Emile se laissa tomber à genoux, observant Ryūku prendre de dernières précautions, en mettant l’échelle hors de portée de leurs assaillants. Elle tente de reprendre son souffle, mais lorsque le jeune homme vient s’assoir à son tour, tendue, elle retient sa respiration. Et quand il ouvre la bouche, elle encaisse.
« Pigeon. »
Emile ouvre de grands yeux. Ou plutôt, cette remontrance lui ouvre les yeux. Elle, se faire pigeonner ? C’est vrai qu’on la mettait souvent en garde, mais elle avait tendance à ne pas voir les choses se passer en live. Même si c’était elle que l’on tentait d’arnaquer. Enfin, heureusement que quelqu’un était intervenu, non ? Elle avait pu échapper à de gros ennuis, finalement ! Un peu maladroitement, elle tenta un sourire, elle tenta de dire « merci », mais les mots ne dépassaient pas ses lèvres. Lèvres tremblantes, par ailleurs. Allons bon, Emile, de quoi s’agit-il cette fois-ci ? Le contrecoup de la course-poursuite ? L’engueulade, les mots durs ? La réalisation de ce qui aurait pu se passer ? Ou bien le fait que la prochaine fois, quelqu’un ne sera pas forcément là pour t’aider ?
Et cette histoire-là. Trancher la gorge ? Emile porte une main à son cou ; vraiment, ça aurait pu mal finir.

Sans prévenir, elle craque. Ça commence par un sanglot étouffé, s’échappant de sa gorge.

« C’est pas… Que… Mais… Uuuh… »
Deux ou trois mots incompréhensibles qu’elle tente de prononcer. Emile, t'as perdu ta langue ?
Enfin, ses yeux débordent ; Emile renifle bruyamment, de façon bien peu élégante. On dirait un éléphant.

« Je suis dé-dé-dé-désoléééééée ! » lâche-t-elle soudain, des excuses entrecoupées de hoquets. Elle se frotte les yeux avec les manches de son pull. Honnêtement, il n’y a sans doute pas besoin d’en venir à de telles extrémités, à se faire du mal comme ça. Le tissu de son haut lui servirait presque de mouchoir. Elle aurait presque envie de se cacher, de rentrer la tête à l’intérieur de son sweatshirt, et de n’en sortir que lorsqu’elle aurait la certitude d’être seule. Mais il est hors de question d’attendre ; se sentant désormais redevable envers le jeune homme, Emile renifla une dernière fois, replaça ses cheveux désordonnés derrière ses oreilles, et leva un regard de chien battu vers le héros.
Il serait temps de se calmer et dire merci correctement, Emile.

Décontenancé. Même plus que cela. Le noiraud perdit sa mine agacée devant les larmes de la blondinette qui reniflait férocement, tentant de s'excuser entre quelques hoquets. Ryūku passa une main dans sa propre chevelure, un sourcil froncé et l'autre relevé, se demandant quoi faire devant cet atypique spectacle. Se rendait-elle finalement compte de ce qu'elle avait risqué ? Gêné par la jeune fille en pleurs, peu habitué. Il finit par fouiller dans la poche gauche de son treillis. En sortit un paquet de mouchoir toujours particulièrement utile pour essuyer le sang qui affluait souvent de ses lèvres explosées par les coups. Tandis qu'elle lui offrait un regard digne du chien des plus battu, il lui envoya le paquet de mouchoir qui percuta doucement le front de la blonde, arrachant un sourire en coin amusé à Ryūku. Ce-dernier s'approcha un peu, tapotant presque gentiment le sommet du crâne de la demoiselle qu'il venait d'aider. Avait-elle comprit que traîner par ici était incroyablement risqué pour un être comme elle ? Haussant ses épaules, le noiraud s'accroupit aux côtés de la jeune fille. Il se grattait la joue droite de ses ongles de sa main droite, regardant sur le côté, un peu embarrassé de part ses remontrances envers la pauvre demoiselle trop naïve.

« Ouais m'enfin... Euh... Moi c'est Ryūku, enfin t'as du entendre l'autre l'dire. Eh, t'as pas besoin de chialer, garde plutôt tes larmes lorsque t'en auras vraiment besoin. »

Pour la fois où il n'y aura personne pour t'aider. Oh, il avait réussit à se retenir de dire cela, évitant d'effrayer encore plus la jeune fille. C'était inutile, les deux chocs d'affiler avaient dû suffire pour quelques temps mais... certainement pas pour toujours. Il y avait des points impossibles à changer, le côté incroyablement naïf de la demoiselle devait en être. Tout comme le côté redoutablement colérique de Ryūku l'était. Le fils des rues eut un léger sourire, détournant son faciès en direction de la blondinette.

« On va rester ici un p'tit moment, attendre un peu que les choses s'tassent plus bas. Bon, tu fiches quoi ici sérieusement ? Tu t'es paumé sur le chemin de l'école ? M'enfin la prochaine fois que tu tiens vraiment à passer ici, tu ferais mieux d'être très bien accompagné. »

La voix de l'adolescent était un peu plus douce, c'était davantage un conseil qu'une remarque acerbe. Se montrer mauvais n'était pas le moins du monde le but du noiraud, tous lui avaient collé cette étiquette mais ce n'était pas comme s'il faisait tout pour y ressembler. Non, il agissait simplement comme il le voulait. Parfois, c'était un acte qu'on qualifiait de bon. D'autres, c'était désapprouvé. Malheureusement, on le brimait toujours, les Autres oubliaient de féliciter les bonnes actions. Préférant clamer haut et fort que ce sale gosse des rues n'était véridiquement qu'un bon à rien.

Ryūku se laissa aller, se couchant complètement sur le toit, observant un bref instant de ses billes ébènes le ciel remarquablement azuré et parcouru de quelques nuages immaculés. Un paysage superbe, doucereusement réchauffé par les rayons de l'astre brûlant.

Bing. Un paquet de mouchoir volant vint se heurter légèrement au front d’Emile, qui cligna des yeux de surprise. Puis vint une main sur le sommet de son crâne. Elle renifla bruyamment, puis inclina la tête en signe de reconnaissance, avant de se moucher dans l’un des mouchoirs qu’elle venait d’obtenir. Peu à peu, les larmes se tarirent ; la demoiselle n’allait tout de même pas criser indéfiniment. C’est un peu une pleurnicheuse, mais il faut bien s’arrêter un jour. Plutôt que d’utiliser kleenex, elle passa une dernière fois sa manche sur ses yeux au risque de les irriter plus encore, et releva la tête. Elle s’éclaircit la gorge et parla d’une petite voix, chose qui ne lui était pas familière.

« Eeuuh… Merci Ryūku. »

Elle lui adressa un sourire maladroit, franchement reconnaissante envers le jeune homme qui l’avait vraisemblablement tirée du pétrin. Elle reste sans bouger, calmement, à l’observer du coin de l’œil. En réalité, Emile est un peu désemparée. Devrait-elle se présenter à son tour ? L’imiter ? Le remercier de nouveau, ou plutôt s’excuser ? La jeune fille glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, agita légèrement ses pieds, et écarquilla les yeux lorsque Ryūku lui posa une question.

« Ah… Moi ? Euh ben, en fait, je croyais que c’était un raccourci, et au final peut-être que c’est le cas parce que je pense que je suis pas trop loin de la maison, là, et puis aussi je voulais rentrer toute seule pour une fois mais je crois que je me suis perdue et- »

S’apercevant de la vitesse de son débit de parole, elle s’interrompit toute seule en plaçant les mains devant sa bouche, prit une profonde inspiration, et expira tranquillement. C’est bon, Emile, je pense qu’il a compris. Avisant le brun qui s’étendait sur le toit, Emile choisit de l’imiter, en étouffant un rire. C’était une situation à laquelle elle ne se serait pas attendue, et même si quelques secondes plus tôt la peur étreignait son cœur, la tension ambiante semblait s’être envolée.

« La prochaine fois que je veux prendre le raccourci, tu pourras m’aider ? » demanda-t-elle, réclama-t-elle, distraitement. « Tu connais bien le coin, on dirait. Et puis c’était cool, même si ça faisait peur. C’était la première fois que j’étais dans une course-poursuite ! » rit-elle. Plus tard, elle raconterait surement cette première expérience à toutes les oreilles qui daigneraient l'écouter.

Elle ferma les yeux, frotta ses paupières. Pas de doutes, ce soir, elle aurait les yeux bouffis et rougis, le nez irrité, mais ça irait. Tout allait bien maintenant. Emile était de nouveau prête à vivre joyeusement, en toute légèreté.
Cela dit, il y avait une chose qu’elle oubliait. Elle se redressa vivement en position assise afin de pouvoir présenter ses respects correctement.

« Au fait, euh, tu t’es présenté mais moi non. J’m’appelle Emile. Merci et désolée pour tout à l’heure ! Et euh, tu faisais quoi là, toi ? Tu rentres chez toi ? »