❝ C'est le destin qui guide mes pas vers toi. ⚔ Kane. {clos}

Il y a toujours une lumière au bout du tunnel ; pas forcément celle des lampadaires à la sortie du train. Une pointe d’humour qui anima les pensées d’un jeune blond ce soir-là alors qu’il se faisait la unième réflexion sur son quotidien. Un quotidien qui changeait un peu plus chaque jour ; mais un quotidien quand même. Une routine qui se répète alors que Kane Nishina en perdait tout intérêt. Il ne s’en plaignait pas, ou du moins, pas à haute voix. Il avait des amis. Il avait son groupe qui ne faisait que grandir et ... Il survivait. C’était déjà ça ; ou presque ça, du moins. Plus le temps passait, plus le sentiment de dépendance le broyait. Il lui restait juste un an. Juste un an et il pourra être libéré de toutes ces conneries. A ce moment, il pourra enfin consacrer tout son temps à sa passion. Ce qui était déjà le cas en partie, mais lui aurait préféré s’enfermer dans un studio avec une guitare et ne plus en sortir.

D’ici là, il devra supporter ce « quotidien » et de toute façon. Il y avait bien des moments qu’il appréciait. Comme ce soir par ailleurs. Oui, ce soir était parfait. Il était assis au coin d’un bar avec une bande d’amis. Ils étaient sûrement les plus bruyants de l’endroit. En même temps, ils étaient des « adolescents ». Tout le monde sait que l’adolescence justifie tout. Enfin, c’était assez pour lui, du moins. Kane avait ce sourire discret, cet air plus calme que les trois idiots qui l’accompagnaient. Ils les appelaient idiots mais il les affectionnait assez, un peu comme il affectionnait tout le monde sans le montrer. L’étoile avait osé deux verres. Il n’appréciait pas l’alcool tant mais il ne le détestait pas non plus. Surtout quand on le mettait au défi. Il n’avait pas compté l’heure depuis qu’ils étaient entrés mais vu le regard du barman vers eux ... Ils y étaient sûrement depuis un moment.

» Hey Kane.
Un haussement de sourcil. Le dit « Kane » se tourna vers celui qui semblait s’exciter ... un peu de trop d’ailleurs. Il ne pouvait que grimacer. Qu’est-ce qu’il lui allait sortir comme connerie ? Une anecdote sur l’espérance de vie des vers de terre ?

» A ta gauche. Au bar.
Le blond ne connaissait que trop bien ce regard, ce ton sous-entendu et ce sourire en coin. Il suivit l’indication des yeux et il eut cette petite lueur, à la fois d’appréhension et d’excitation mal contenue. Comme un gamin devant son jouet ... Parfaitement ça. Mais c’était peut-être trop innocent de la sorte. Il remarqua aussi la silhouette dont voulait parler son complice. Il ne l’apercevait que de dos mais les cheveux ébènes lui firent déjà sensation. C’était presque évident ce qu’il allait faire.

» Non impossible. Oublie.
C’était un autre niveau. Il se renforce dans son siège avec cette petite moue. Ses mèches blondes retombèrent devant ses yeux alors qu’il ne détourna pas le regard du corps de l’homme. Il n’avait même pas vu son visage bon sang. Pourquoi se sentait-il étrangement attiré, alors ? Non. Impossible. C’est dans un soupir que l’un de sa bande, éleva un peu la voix, attirant des regards indiscrets vers eux.

» T’es pas sérieux ! Tapette.
Il se crispe. Il n’aimait pas l’appellation mais c’était un peu le cas.
» Vas-y. Un shot et cinq balles.
Comme s’il allait être trompé par ça.
» Dix balles et des croquettes pour Taka.
C’était settled. Kane reporta son regard vers le verre qu’ils venaient de lui remplir avant de l’avaler cul sec. Il ferma les yeux un instant, histoire de se donner un peu plus de courage puis se releva en inspirant un bon coup. Un sifflement. Sérieusement, ces idiots, ils se font trop remarquer. Kane sentit les regards et les rires étouffés dans son dos mais les oublia assez vite alors qu’il se trouvait derrière l’homme. Il est genre vraiment en train de frissonner là ? Le temps de se faire la réflexion, l’alcool avait déjà eu bon de ses sens et il fit le pas de trop vers sa victime.

Le blond se pencha sur le côté, alors que sa main droite se tint au bord du bar pour supporter son poids. C’était assez pour attirer son regard vers le sien. Mais il ne le regarda pas. Non. Il regardait ailleurs avec cette grimace crispée ; qui devait en réalité être un sourire charmeur. C’était sûrement le dragueur le plus mal à l’aise de l’univers.
» H-Hey beau gosse. Je t’arrête pour excès de beauté. Prêt à payer l’amande ?
Il aurait parié que les rires étouffés s’étaient un peu plus élevés sur le coup, ou alors c’est lui qui s’imaginait des choses ? Alors c’était aussi son imagination qu’il faisait un peu trop chaud d’un coup, hein ? Non forcément ... Non bien sûr. Il rougissait. Des oreilles. Surtout des oreilles (Jamais des joues) ; avec son ton faussement convaincant et sa voix à priori cassée.

Puis par un gain de courage imprévu, il arriva à tourner la tête vers celle du brun, sans pour autant rencontrer son regard. Ses yeux s’étaient fixés la partie basse de son visage ; soit son visage. Il avait souvent été avec des mecs qui puaient le charme à des kilomètres et c’était sûrement pour ça que ses battements de cœur le surprenait sur le coup. Quelque chose n’allait pas. Quelque chose était différent et il n’osait pas lever le regard.

Car le moment où il lèvera le regard marquera la fin d’un quotidien.
Mais ça, seul son subconscient lui criait.

L’appréhension. Kane était foireux mais il le savait. Il se surprenait souvent à ce que ça marche avec certaines personnes ... Comme quoi ; le côté pas doué du tout n’avait pas que des défauts. Mais là tout de suite. Il ne savait pas quoi en penser. Si son regard était fixé sur les lèvres du brun, qu’il considérait comme sa « victime » -ce qui n’était pas du tout le cas, avouons-le, ses pensées allaient un peu de partout. Dans le pire des cas, il allait le rejeter. L’étoile irait alors se rasseoir en supportant les vannes pourries de ses potes et il se laisserait mourir sur son lit en rentrant. Dans le pire des cas, on se foutra de sa gueule et le barman rira devant lui. Oh. Réflexion.

Le blond jeta ce regard meurtrier qui voulait tout dire au patron ; ce qui n’avait eu pour effet que d’accentuer le rire de ce dernier. Il était aussi peu crédible que ça ? Se mordant la lèvre, alors que son cœur se calmait progressivement, le brun ne lui laissa pas le temps de reprendre sa respiration. Il y avait eu ce moment de silence certes. Ce long moment de silence où les réflexions de Kane n’arrêtaient pas de se bousculer et où il se demandait pourquoi, il ne riait pas. Comme quoi c’était presque un rituel de se moquer de sa gueule. A la place, il avait eu droit à la déduction d’un parfait Sherlock.

Oui. Il ne savait pas draguer.
Quoique évidente, la déclaration lui avait arraché une grimace de mécontentement. Hey. Il ne savait pas. Mais il essayait. Puis s’il lui parlait, c’est que ça marchait un minimum. Sa prise sur le bord de bar se resserra un peu et même avec le plein de courage qu’il essayait de rassembler, il abandonna rapidement l’idée de le regarder dans les yeux, ça arriverait bien à un moment ou autre. De préférence quand il sera plus calme. D’ici là.

» Tu as activé mon radar de brun charmant, ça suffit pas ?
D’ici là, il récitera ses meilleurs pick-up line et il réussira à « l’emballer ». Il ne fallait pas le sous-estimer non plus. Kane aurait bien répliqué si la remarque sur ses oreilles n’avait pas suivi. Il maudit toute la planète sur le coup. Qui avait décidé que rougir des oreilles était une bonne idée ? Qui avait décidé que rougir tout court était une bonne idée ? Il fronça les sourcils en sifflant de frustration.
» Hey ... Te moque pas.
Plus marmonné que déclaré, il se surprit à être plus timide qu’habitude. Sa maladresse sociale ne s’améliorera donc jamais ? Sur un unième rire étouffé du patron, il quémanda un verre et obéit. Oui. C’était franchement plus confortable, assis. Il pouvait juste regarder en face et ne pas faire attention ... COMME SI. Ses doigts glissèrent contre le meuble du bar alors qu’il entrouvrit les lèvres sans qu’un son ne puisse les traverser. Enfin. Ce ne fut qu’une question de temps plutôt. Ouais. Franchement qu’une question de temps.

Un toucher. C’était aussi simple que ça. Il se tendit. C’était semblable à un choc électrique en un peu moins violent. Il ne s’y attendait pas et ça contribua un peu plus à le faire sursauter ; à le faire étouffer un petit cri qui ressemblait plus à une insulte de travers. Un fou rire. Ses potes lui paieraient vraiment ça. Kane s’humecta les lèvres alors qu’un semblant de « gentillesse » se faufila à son esprit. Il garda son regard fixé devant lui avant de se rasseoir en chuchotant des excuses. ça ne se passait pas du tout comme prévu. Bravo Kane ... On est fier de toi. Tu as droit à une médaille à ce rythme. L’étoile marqua un silence. Le brun était amusé ?

Ayant osé se retourner vers lui, ses yeux caressèrent la nuque de l’inconnu, contournant son menton, s’attardant sur ses lèvres. Ils montaient toujours plus hauts. Haut.

» C'est pas amusant.
Trop haut. Son regard bleuté avait rencontré un plus sombre. Il aurait pu voir son expression se refléter ; un semblant de rage et de propos marmonnés dans une barbe inexistante mais il n’était pas dans l’état d’y faire attention.

Son cœur avait raté un battement.
Il était submergé. Il était perdu. Le noir semblait l’avoir avalé sur le coup et il ne pouvait même pas rire de sa propre blague. Kane ne savait pas s’il avait repris son calme ou non ; mais le temps, lui, s’était bien arrêté de son point de vue. Un simple instant qui semblait durer des millénaires. Un message qui bouscula le cours de ses pensées. C’était carrément un coup de foudre. Mais avec la foudre en moins et le coup qui ne laisse pas de bleus. Tu l’as rencontré. C’était presque une scène digne d’un mélodrame. C’était un mélodrame. Il s’en moquait souvent mais aujourd’hui, il ne savait même pas comment réagir dans une telle situation.

Kane était déstabilisé, Kane était perdu et s’il avait eu la possibilité de reculer, il aurait sûrement fui.
Puis un bruit de verre contre le bar le sortit de cette perte de « conscience » et le temps reprit son cours. C’était son imagination ? Non. Il détourna rapidement le regard avant que la première réalisation ne traverse son esprit.

Bon dieu, il était atrocement beau ... carrément son type.

Franc. Il n’y allait pas par quatre chemins et Kane ne savait pas du tout réagir face à ça. Sûrement pourquoi, il avait décidé de garder le silence. Il n’était pas vexé. Il avait sûrement raison au fond. Mais maintenant, il connaissait son visage. Et ... Maintenant, il ne savait plus rien du tout. Si on oubliait son esprit qui, lui-même, avait oublié ce que « l’ordre » signifiait, s’il était comme à son habitude là tout de suite, il aurait sûrement enchaîné avec une pick-up line encore plus foireuse. C’était un brun tout ce qu’il y a de plus charmant ; avec des yeux qui vous submergent, vous scrutent et vous dévorent et tous les trucs chiants qui faisaient qu’on tombait sous le charme d’une personne. Mais ce n’était pas ça qui l’avait attiré, c’était autre chose. Il le savait ; il le savait indéniablement sans pouvoir mettre un nom dessus. Avait-il autant oublié ses émotions pour pouvoir les définir ? Ou était-ce juste indéfinissable ? Ce n’était pas de l’amour. Il était certes facile mais loin de là. C’était ... un lien plus fort. Plus fort ?

Un nouveau contact le fit se tourner ; cette fois de force sans qu’il n’ait le temps de sursauter. Une chaleur vint l’envelopper. Il l’avait touché ? Alors qu’il s’apprêtait déjà à se reculer, Kane se calma aussitôt quand des lèvres rencontrèrent les siennes. Ses lèvres à lui. Une victime toujours inconnue. Avec un temps de réaction moindre, il ferma les yeux et se laissa faire. Plus le baiser serait moins « superflu », plus il en sera heureux ; c’était ces contacts qu’il pouvait apprécier. Il n’y avait rien derrière, à part, un plaisir partagé. Puis avouons-le. Elle savait faire, la dite « victime ». Alors que le baiser fut finalement rompu, il éloigna aussitôt la main de son menton, sans attendre que le brun daigne le lâcher. La chaleur ne partait pas. Il ne pouvait réprimander un frisson en le regardant en coin. Il pouvait le regarder maintenant. C’était déjà ça.

» Tu dragues peut-être mal, mais t'es adorable !
C’était un compliment ? Kane ne comprit pas le sens du baiser ou même s’il avait un sens. Il ne s’en plaignait pas ; surtout quand les rires se sont arrêtés.
Oh.
C’était ça. Il le fixe, à la fois confus et reconnaissant. Il allait le prendre comme compliment, tiens ; ça le changera. Lorsque le patron lâcha ces quelques paroles, il ne peut qu’être un peu rassuré. Au moins, il n’avait pas tant foiré. Puis, le brun ne semblait pas le contredire. Non. Il souriait ? Waw. Voilà un contraste qui avait eu le mérite de surprendre le chanteur sur le coup. C’était craquant. Un peu trop.

» Kane Nishina.
Il insista sur la prononciation du Kane avant de se répéter le prénom du « Ban » dans sa tête. C’est court, ça sonne bien et c’était sûrement tentant à crier sur un lit de préférence. Le blond jeta un dernier regard vers la bande qui semblait avoir abandonné leurs plaisanteries foireuses ... Si ce n’était un dernier idiot qui lui mimait d’y aller à fond. Bien sûr. Il pensait quoi. Le Nishina reposa son regard sur sa victime -rapidement devenu bourreau dans son esprit et  semblait rassembler ses mots une dernière fois. Il était beaucoup plus calme ; repoussant sûrement l’étiquette « adorable » qu’on lui avait attribué sur le coup. C’était seulement sur le coup de l’émotion. Seulement ça.

» Je n’aime pas quand mon partenaire est ivre.
Une remarque inutile qui succéda le dernier verre commandé par Ban. C’était à la fois suggestif et étrangement franc. Kane avait déjà de l’alcool qui rejoignait son sang et il se surprit à détourner le regard une dernière fois, en buvant ce qu’il restait dans son verre, de son côté. C’était honnête dans un sens ; Il détestait vraiment ça. Parfois des émotions nous traversent inconsciemment quand la bière nous monte à l’esprit et ... C’était dur à gérer. Surtout pour lui. Au fond, il détestait l’alcool tout court. Mais bon ; On déteste souvent des choses qu’on fait quand même. C’était un peu son cas.

» Pour ta gouverne. Je drague très bien.
Il eut un petit sourire alors qu’il le regarde en coin, amusé. « ça a marché, non ? » Il avait cet air confiant qui ne lui allait pas du tout. Il n’était pas confiant. Mais s’il pouvait croire ce que le patron ; et la chaleur qui l’enveloppait encore lui criait. Alors, il pouvait l’espérer. Ou alors ... C’était cette autre chose ? Réfléchis Kane. Tu rates quelque chose. Quelque chose de trop important. Perdu dans cette auto-confusion, il ne s’était pas rendu compte de la question qui avait franchi ses lèvres. « Tu penses quoi du coup de foudre ? » Sa voix s’était élevée un peu trop, attirant quelques regards indiscrets mais surtout surpris vers eux.

Kane avait vraiment le mérite de ne pas passer inaperçu ; et surtout de réaliser un peu trop tard ce qu’il faisait. Il se raidit et enchaîna aussitôt, trop vite pour qu’on puisse le comprendre. « c’étaitpasunepickupline. » Deuxième gourde. « Non. Wait. C’est pas ce que je voulais dire. » Troisième gourde. « C’est juste ... Bizarre. » Out.
Il fronça les sourcils, retroussant les lèvres. Bon. Il avait réussi à éviter le rougissement out of nowhere cette fois; à la place, il se tapait la grimace la plus mal à l'aise de l'univers. Kane se désespérait. Finalement. Ouais. Un verre de plus ne serait pas plus mal.
» Un dernier, patron.

Ses pensées tournaient aussi vite qu’une lycéenne devant son cher et tendre prince charmant. Comparaison foireuse mais bien là. Et s’il avait pris le temps de le réaliser, Kane le regretta bien vite. Il n’était pas une lycéenne. Bon. Ok. Mais avec la jupe en moins quoi. Et ... Ban, un prince charmant ? Certes, il y avait le charmant. Il y avait ce sourire qui ferait craquer n’importe qui et cette moue qui voulait tout sous-entendre. Evidemment, qu’il l’aurait dans son pieu ce soir. Il pensait quoi. La caresse le fit se crisper un moment, il évita la réaction habituelle du « NE ME TOUCHE PAS. » Ouais. Kane était arrivé à rester plus calme, si ce n’est un soupir et un frisson bien marqué. Encore une fois. De l’amusement. Il ne savait pas s’il devait être rassuré ou pas. Puis ... Il y avait quelque chose plus que de l’amusement. Une certaine appréhension ?

Voilà qui intrigua le plus jeune alors que son regard partit rencontrer celui du concerné pour se rassurer, il se tendit pour la unième fois. C’est parce qu’il avait ce genre de pensées qu’il tombait amoureux trois fois par jour, bon sang. Pour le premier mec qui est un peu gentil ... Tu te fous de ma gueule. Il agitait rapidement la tête, en se remettant les idées en place. Ce n’était pas ça qui l’avait dérangé. Forcément. Non. C’était ce sentiment à la con qui l’intriguait. Ce n’était pas de l’amour mais ça l’y faisait y croire. BIEN SÛR. Kane, t’es foireux mais pas assez pour avoir un coup de foudre. Inconsciemment, il sourit en coin, fier pour on ne sait quoi. A réagir de manière aussi exagéré, il allait douter lui-même de son sexe.

Il l’aurait sûrement dans son pieu ce soir. Il n’avait aucun doute là-dessus. Et comme si cette question de travers sur le coup de foudre marquait une réponse ; à ses pensées, à sa question, à la situation qu’il vivait tout de suite, maintenant. Kane avait réalisé la pire gourde de la journée. Remarque. Des trucs foireux, il en faisait souvent. Mais de là, à parler de coup de foudre au premier inconnu qu’il rencontre dans la soirée. Attendait-il une réponse ? Franchement. Il ne saurait donner une raison. Au fond, il espérait que Ban ait la même sensation et son regard à la fois, hésitant mais franc qu’il ne détournait pas de celui du brun, prouvait bien la chose. Oui. Kane voulait une réponse.

Et ... La tension commençait à le prenait. Il n’était ni patient, ni trop confiant de lui-même. Il avait peur de voir ce qu’il considérait comme sa « proie » se barrer en riant à sa gueule. Ce n’était qu’une question et ... avait-il sous-entendu quelque chose ? Réponds. Juste réponds. Et pour la première fois, il était tenté de le toucher. Pour se rassurer ? Pour savoir honnêtement ce que ressentait Ban vis-à-vis de ce qu’il lui disait.

» Il y a un truc entre nous, je le sens.

Puis ce qu’il attendait arrivait et ce qu’il craignait se faisait entendre. Il avait beau aimer les shoujos, il avait beau être le premier à pleurer devant un mélodrame romantique. Kane avait beau vouloir croire à l’amour comme quelque chose de doux et parfait, il était conscient qu’un coup de foudre partagé était sûrement le truc le plus con et impossible de l’univers. Un sourire crispé. Sûrement une représentation de ces pensées sur le coup. Son esprit semblait mettre un nom sur tout ça. Mais quelque part, il ne voulait pas se l’avouer. Le blond serra un peu plus les poings et son corps se redressa. Il allait se lever. Fuyait-il ?
» Vaut mieux pour toi que c’soit pas un coup de foudre...

Ce n’en est pas un. Sa langue le brûlait et il la fit tourner sept fois avant de pouvoir prononcer un mot. « Ce n’est sûrement ... » Debout. Sur le point de partir. Et incapable de finir sa phrase. C’était le combo de tout ce qu’il avait réussi à foirer en une minute. Il voulait juste lui dire d’oublier ça mais Ban avait pris les choses autrement. Il voulait vérifier un truc ? Quoi donc. Fronçant les sourcils, il ne pouvait ni partir, ni rester. De toute façon, la curiosité avait pris le contrôle et ce qui suivit l’attisa bien vite. Trop vite.

« Que... » ça faisait combien de temps qu’on ne lui avait pas dit ça. Non. Lui avait-on déjà dit ça ? Puis c’était quoi cette manière de ‘vérifier’. Est-ce que ça sert vraiment à quelque chose si tu ne sais même pas tes sentiments. Oh seigneur. Il le tuait. Il le tuait lentement, douloureusement et si son cœur finissait par exploser, Kane espérait que tout le sang et les restes viennent salir la chose « étrange » qu’il avait comparé à un prince charmant plus tôt. Le blond apprit quelque chose à ce moment. Il était impulsif ... et à caractère violent. A croire que le poing qu’il avait foutu au ventre de Ban suffisait à le lui prouver. Il n’était pas trop fort, ça n’avait donc pas le mérite de lui casser les côtés, mais Kane s’entraînait assez pour le faire quand même se tordre. Même de surprise. « Pourquoi tu ... » Incapable de bouger et incapable d’aligner une phrase correcte maintenant. Il tremblait un peu trop, à son goût et plus, il essayait de se contrôler, plus la rage lui montait. Au final, ce n’est qu’en portant son regard sur le patron qu’il réalisait combien c’était con de sa part de faire ça.

Il soupire et se passe une main dans les cheveux en soufflant. A la fois trop fier pour s’excuser mais trop désolé pour pouvoir rester de marbre, Kane était partagé. Puis finalement, il reprend sa place et détourne le regard. « ... refais plus ça, mxrde. » Au moins. Le coup de poing lui avait permis de découvrir deux choses. Que Ban ne se foutait pas de sa gueule. Et que le brun ...
» Tu t’entraînes souvent ?
cachait bien ses muscles. Se mordant la lèvre inférieure, il y avait bien une dernière chose qui avait surgit dans son esprit.

Ce n’était pas un coup de foudre. C’était pire.

Comment expliquer un acte impulsif qu’on ne comprend pas ? Tout à fait. On ne l’explique pas. Sinon, on se retrouvait rapidement dans le même état que le blond et le triste sort que lui livrait son esprit. Si précédemment, il était semblable à une lycéenne à craquer devant son prince charmant, maintenant, c’était pire. Dans le sens où on aurait presque pu le comparer à un gamin livré pour la première fois à la dure réalité. Bien sûr il était un gamin. Bien sûr c’était sa première fois à faire face à ce qui devait être « la chose » qu’il devait protéger. Finalement ... La comparaison n’était pas si foireuse. Kane récapitulait. Puis abandonnait avant même d’en finir. Il n’en était pas sûr. Non. Il ne voulait pas l’être. Comme il voulait seulement oublier tout ça et croire encore à ce vilain coup de foudre. Ban ne semblait pas avoir saisi et ... c’était pour le mieux ? Quelque part. Il se demandait bien qu’est-ce qu’un gosse comme lui ferait pour protéger un mec comme le brun. Et s’ils n’étaient pas dans la même pièce, au même bar, à avoir la même discussion là tout de suite, le Nishina aurait longtemps cru que cette silhouette appartenait à un autre monde.

Remarque, ça aussi, ça avait une part de vérité. Lui était une étoile. Ban était un humain. Mais ils étaient liés quand même. Un faible sourire plein de niaiserie aurait éclairé son visage si le blondie ne s’était pas rattrapé avant que ça ne soit remarqué. Maintenant. Il y avait encore cette question. Cette terrible question. Pourquoi avait-il abandonné sa fuite ? Un regard vers le plus âgé lui avait suffit comme réponse. Laissez tomber le lien, la nature, les coups de foudre ... Il l’attirait. Le sourire charmeur, les blagues foireuses, sa présence ... Son corps ? Oui. En partie. Mais il ne serait certainement pas plus qu’un coup d’un soir. Juste ça ? Il n’avait pas le droit d’y penser plus longtemps, de toute façon. Oublie ça, Kane. Avalant difficilement sa salive alors que la conversation reprenait une tournure ... moins sérieuse. Et violente. Surtout violente.

« Ce n’est pas une option. Tu ne pourras pas résister à mon charme.  » Une remarque qu’il assumait encore très mal. S’il allait draguer, autant le faire bien ? Pourtant, à force d’apprendre des pick-up line d’un site quoique suspect, il avait fini par arborer un chemin de non-retour ... Si encore, il avait les airs de prince charmant. A la place, non. Il se crispait très rapidement et tout ce qu’il disait sonnait plus bafouillé, plus avalé puis recraché de travers. Au moins. Il se l’avouait. Au fond, il doutait franchement que ça puisse être le cas. Et puis même si ... ? Ban ne serait-il pas en train de confondre le lien « d’humain-étoile » qu’ils avaient pour autre chose ? Comme le blond l’avait fait plutôt. Oh et puis. Il chasse ces malheureuses pensées qui l’assaillaient et pour une fois, le brun aida en la tâche.

« Juste ça ?  » Il hausse un sourcil en reportant son regard sur le bout de tissu qui cachait les abdomens de l’humain. Ses muscles se dessinaient finement à travers le t-shirt et ... ouais. Kane se crispa. Un semblant d’envie ? Oui. Il était franchement envieux et sa main se serait bien fait curieuse si celle du brun, n’avait pas fait le premier pas. Il ne pouvait réprimander un frisson en le laissant faire. A trop jouer les adolescentes farouches, il se sentirait mal lui-même. Et puis ... Il y avait bien son haut. ça devrait suffire. Le laissant « vérifier » jusqu’à ce qu’il soit assez satisfait pour le libérer, Kane soupira malgré lui quand le supplice prit fin. Non. Ce n’était pas de soulagement. Plus ... parce qu’il était détendu ? ça l’apaisait et il se sentait mal de l’avouer. Mais un peu plus longtemps, ne l’aurait pas dérangé. Sûrement que Ban appréciait assez la situation pour lui passer ces quelques émotions. Un deuxième sourire niais. Cette fois, il ne pouvait le cacher. Et l’aîné, ne l’aidait pas. Non. Il ne l’aidait pas du tout. « Tu avais un doute là-dessus ?  » Rassuré que ça soit une attirance mutuelle ? Ou amusé par une situation qui reprenait un cours plus ... naturel ? « Je me tue à la salle trois fois par semaine. Et j’arrive toujours pas à en avoir des biens formés. Je maudis les gens qui ont des muscles, easy. » Il fronce les sourcils, en considérant Ban du regard. « Un peu comme toi, en vrai.  » Sa main s’était lentement rapproché pour toucher le ventre du brun à son tour, du bout des doigts ; avant qu’il ne se rattrape rapidement en détournant le regard.

» J'y pense, mais t'as quel âge au juste ?

... Ceci est chiant. Particulièrement, chiant. Roulant des yeux, comme si ses réflexions le faisaient encore une fois surchauffer, il semblait chercher une réponse ? Non. Peser ses mots ? Oh et puis. Seigneur. Qui s’en préoccupe. « dix-neuf ... Tu. Plus vieux, sûrement?  » Il n’était pas majeur. Il se retint de ne pas préciser qu’il était encore lycéen, en fait. Au final, il avait vraiment peur de voir Ban le rejeter. Pas lui. Pourquoi pas lui ? Parce que ... C’est mon humain ? Humain. Voilà une raison qui pourrait tout expliquer. « J’assume alors prends pas ça comme excuse.  » Baissant la tête, il fixe ses mains comme l’unique chose qui lui permettrait de rester calme. C’était sous-entendu mais il avait presque l’impression de le lui avoir crié au visage. ‘Ne me laisse pas.’ Qu’est-ce qu’il disait encore ? C’est mon humain, ça serait foireux s’il me laisse maintenant. Oui. Une très belle « raison » pour excuser tout. Pratique.

» J'sais pas pourquoi, mais je crois qu'on se reverra... J'me sens anormalement attiré par toi, c'est étrange !
Non. Anormalement attiré ? Non. Il ne savait vraiment pas dans ce cas. Non, non. Il n’allait pas vraiment confondre hein ?
» C'est vous deux qui êtes étranges.
La voix du patron lui fait reprendre ses esprits mais il était déjà trop tard au fond. Les doigts de Kane attrapèrent le bout du t-shirt de Ban, lentement, doucement, avec une pointe d’hésitation. Il attirait son regard vers le sien et il se pencha au niveau du bar, manquait de reposer sa tête contre le bois. Quelque part, il n’avait aucune raison de le faire. Mais faute de ne pas pouvoir se lever le premier. Faute de ne pas pouvoir juste lui prendre la main et être moins ‘je peux pas te toucher’ ; il ne pouvait faire que ça. Il voulait être seul avec lui. Seul avec le brun. Ou juste fuir ? Fuir le regard du patron, de ses potes, des clients lambdas. « Je ne suis pas patient.  » Il voulait quitter ce bar. « On est bien trop étranges après tout.  » La dernière phrase était plus murmurée à lui-même qu’autre chose. Son regard bleuté quand à lui, lui criait de juste franchir la porte d’entrée maintenant. Et les doigts qui s’accrochaient presque désespérément au bout de tissu, lui rappelait qu’il ne lui laissait pas tant le choix.

Un jour, être comme lui ? Un mec comme Ban ? Grand, beau, charmant, musculeux, viril et tous les adjectifs qui n’iraient sûrement jamais au blond. L’humain le berçait vraiment de faux espoirs et même si Kane était le premier à savoir que c’était impossible, il ne pouvait s’empêcher d’avoir des étoiles dans les yeux. Bon. Ils brillaient moins. Et on aurait surtout parié que c’était seulement le reflet de la lumière. Mais, on l’encourageait. Et c’était déjà assez. Cette pensée se serait sûrement attardé dans son esprit, l’enveloppant de cette chaleur qu’on ne saurait définir ; entre de l’attirance quasi évidente ou la joie foireuse qu’aurait eu un admirateur face à l’admiré.  Mais ; il ne s’y attarda pas. Comme tout ce qui touchait le brun. Il ne lui laissait jamais le temps de s’y attarder. Les événements s’enchaînaient et il perdait petit à petit tout son contrôle. Puis des fois ; tout se brisait sans qu’il ne s’y attende forcément.

Il n’allait pas rentrer chez lui, ce soir.
Un faible sourire qui s’agrandissait, qui se faisait niais, qui se transformait en grimace et qui disparaissait. Tant qu’il ne le laisserait pas. Ban était d’un autre niveau. Ce fut sa première réalisation en apercevant la silhouette de loin, et c’est encore la dernière qui anime son esprit. L’hésitation ; Il hésitait. Mais il se faisait avide. Avide ? Gourmand lui irait mieux. Il voulait quelque chose qu’il voulait aussi fuir. Waw. Kane se faisait encore plus idiot que ce qu’il pensait. Un mal au cœur malgré tout ; Il ne se comprenait plus. Au fond, c’était simple. Si simple que ça le troublait. Lui était conscient du lien qui les unissait. Tout ça, n’avait rien d’un coup de foudre, ni même d’une « attraction » anormale. Et si Ban confondait ? Et s’il le lui avouait, finirait-il pas fuir ? Ne fuis pas. Ne pars pas. Une détresse qui se lisait dans tout son être et la phrase de trop qui succédait tout ce trouble.

» Je ne suis pas patient.
Il ne l’aura jamais été. Pas plus qu’il n’aura été honnête. Il faisait preuve d’un tel égoïsme. Et son corps en tremblait. Le sourire du brun aggravait son cas. Non. Il le faisait sombrer. Il voulait partir maintenant, oublier ses pensées, s’oublier lui-même. Une main se faufila dans la sienne ; quoique se faisait-il traîner à la place. Il ne pouvait se libérer de ce contact qui le ferait crier à la base. Mais il n’avait aucune raison de crier. Un semblant de satisfaction et de désir. Kane plissa les yeux. Leurs émotions n’étaient pas si différentes, là, tout de suite.

Ils quittèrent le bar. Sans un regard vers ses camarades, sans un regard vers ce qui l’entoure, la seule chose qui l’attirait était une silhouette toujours inconnue ; mais qu’une partie de lui, s’impatientait à découvrir. Etait-il toujours lui-même ? Et bien. Il aurait le temps de se poser la question ... plus tard. D’ici là, son cœur allait sûrement exploser sous peu. Et Ban serait son tendre et charmant bourreau. N’ayant le temps de souffler, ni de se réjouir d’un instant de répit, on capturait ses lèvres. On le capturait. Ne pouvant réprimander un frisson, Kane y répondit avec cette même fougue, ce plaisir naissant, cette appréhension. Il voulait seulement abandonner ces doutes. Ce soir. Il voulait être égoïste. Puis. Après ... après. Il aura le temps d’y penser. Sa main se glisse doucement dans le bas dos du plus âgé et de ce qu’il aurait voulu contrôlé -mais ne l’était absolument pas, il se colla un peu plus à Ban, cherchant une proximité toujours insatisfaite.

Il quitta la réalité un instant mais la voix de son amant d’un soir le rappela à l’ordre. Qu’est-ce que ... T’es sérieux. Il baissa le visage, fixant la distance inexistante entre eux alors qu’il reposa son front contre le torse de son aîné. « Arrête de jouer. » Sa voix était peu convaincante mais surtout ... peu convaincue. Il ne voulait pas se l’avouer, mais il ne voulait pas qu’il arrête. Il détestait juste être aussi faible devant le brun, être si ... sensible à tout ce qu’il disait ?
» Exceptionnellement, j'te laisse venir chez moi, viens.

Levant finalement son regard vers son interlocuteur, sa main fut encore une fois reprise avant qu’il n’ait le temps de se plaindre. Puis étrangement. Il ne le fit surtout pas. Quelque part, il voulait savoir ce que Ban ressentait vis à vis de ça ? Et s’il en croyait ce pouvoir qu’il avait toujours maudit, ... Peut-être qu’il n’était pas le seul à être autant pris au dépourvu par ces événements ? « Plus vite. » Une réalisation brusque quant à la vitesse qu’avait adopté le brun. Et une déclaration soudaine et on-ne-peut-plus franche d’un blond qui ne se posait plus de questions.

» Ne me fais pas attendre.
ça aurait pu sonner parfaitement bien. Non. Il l’avait prononcé parfaitement. Mais il suffisait d’un regard en arrière pour le remarquer. Il rougissait. Ceci dit, cette fois, tout son visage en était victime. Et il le sentait indéniablement; son corps qui s'enflammait à sa propre connerie. Pourquoi regrettait-il ses paroles qu'une fois, déclarées?
» Et ... Ne fais aucune remarque, f•ck.
Sa voix s’élevait malgré lui. Et un gros vilain mot pas beau s’y frayait un chemin. L’alcool ; L’émotion ; Sa personnalité foireuse ; La chose charmante aka Ban.

Kane avait perdu.