boucle d'or et l'ours unique || pv. arthur

Une fois n’est pas coutume, tu t’étais perdue. Peut-être avais-tu manqué un carrefour, un escalier, un passage piéton, peut-être avais-tu tout simplement manqué d’attention. Toujours est-il que tu avais perdu ton chemin. Dans l’incapacité de rentrer chez toi, ou de contacter qui que ce soit, parce qu’évidemment ce sont toujours ces moments-là que choisissent les téléphones portables pour être à court de batterie, tu avais décidé de te diriger quelque part, un peu plus à l’abri. La nuit commençait à tomber, et le temps se rafraichissait plutôt vite en soirée. C’est donc tout naturellement que tu montais les escaliers de l’immeuble dans lequel tu étais entrée.
Et tu montais un étage de plus.
Et encore un.
Et te voilà devant une porte. Accueillante ? Ça n’est qu’une porte, Emile.
Tu prends une grande inspiration, toque à la porte, et prépare ton plus grand sourire pour saluer joyeusement la personne qui viendra t’ouvrir.
Parce que quelqu’un viendra hein ? C’est habité ici, forcément. Tu commences à douter un peu de ton plan ; et d’ailleurs, Kumiko ne disait-elle pas toujours de se méfier des inconnus ? Oh non ! Vite Emile, tourne les talons avant que-
La porte s’ouvre. Tes yeux s’écarquillent, et tu ne trouves plus les mots pendant l’espace de quelques secondes.

« Oh euh ! Euh ! Salut ! » dis-tu, reprenant nerveusement un sourire que tu espères radieux. Il faut faire bonne impression devant ce… Monsieur. C’est un homme qui t’a ouvert. Comment aurais-tu pu le deviner de toute façon, tu n’as pas regardé les noms sur la boite aux lettres.

 Jeudi soir. Cela faisait maintenant plus d’une semaine qu’Arthur passait chacune de ses soirées seules. Il aurait du mal à s’y faire mais, c’était prévisible. Au moins, il y avait toujours Glunkus, son fidèle compagnon de route qui ne l’abandonnerait pas de sitôt.
Il ce saisi de la télécommande et ce jeta paresseusement sur son canapé, prêt a débuter sa soirée en regardant une série quelconque. Il ce releva presque aussitôt, quelqu’un venait de toquer a la porte. Il soupira. Qui pouvait bien venir lui rendre visite à cette heure-ci, il avait pourtant bien expliqué a la plupart de son entourage qu’il refusait qu’on lui rende visite en ce moment. Le facteur ouvrit donc la porte un air maussade, pas tout à fait le type d’accueil qui aurait pu faire plaisir. La source de son dérangement venait d’une gamine aux cheveux blonds.

« Ouais ? Tu veux quoi ? »

Il ce passa la main dans les cheveux, si c’était pour vendre des calendriers, c’était trop tard, il en avait déjà acheter aux pompiers de la ville il y avait trois mois de cela.    

Tu te tords les mains, ta nervosité monte encore d’un cran lorsqu’il te répond un peu froidement. A tous les coups, tu déranges, Emile. Mais ce n’est pas le moment de baisser les bras, et de toute façon, te voilà ici, maintenant. Ne recule pas. Tu prends une grande inspiration et, le fixant droit dans les yeux, tu te lances.

« Bon voilà alors en fait je me suis trompée de route et je sais pas comment rentrer chez moi et je me disais peut-être je peux venir ici pour faire charger mon portable et peut-être attendre un peu parce que je sais pas si vous savez mais il fait un peu froid dehors et euh je sais pas mais voilà ? »

Les mots s’enchainent, s’emmêlent, et tu sais que tu t’enfonces plus qu’autre chose. Le rouge te monte aux joues ; qui accepterait une demande aussi incongrue ? Soyons francs, Emile, c’est ridicule. Et le pire dans tout ça, c’est que tu te sens obligée d’ajouter des détails, pour paraitre moins pénible que ce que tu donnes à voir.

« Je peux me faire toute petite, et je peux même vous faire à manger. Enfin euh, si vous voulez… »

Ah oké. Alors comme ça c’était écrit « refuge » sur la porte ? Première nouvelle. Enfin bon, il réfléchit un instant mais, son caractère de super héros reprit le dessus, la pauvre ne pouvait de toute évidence pas restée là. Il la toisa une nouvelle fois du regard puis ses traits s’adoucirent, être de mauvaise humeur ne changerais rien a la situation, de toute façon.

« Oh. Okay, rentre. »

Il ouvrit la porte pour l’inconnue et l’invita à « faire comme chez-elle ». Le chat qui ce prélassait alors sur la table à manger sauta de son perchoir et s’approcha de la blondinette, cherchant probablement a faire bonne impression. Le facteur commença les présentations.

« Lui, c’est Glunkus. Il est un peu lourdaud des fois mais il est pas méchant. Quant à moi, c’est Arthur ! »

Il hésita un instant avant de reprendre la parole.

« Par contre, j’avais pas trop prévu d’avoir de la compagnie ce soir alors tu veux que j’commande des pizzas ou un truc comme ça ? Tu peux recharger ton phone là bas, si tu veux. »

Il pointa du doigt une prise de courant prêt de la table et dégaina son téléphone, prêt a passer son appel.

Tu passas donc le pas de la porte, à ta plus grande surprise. On acceptait l’intrusion d’une étrangère dans cette demeure qui te semblait ma foi bien familière. Tu prononças l’habituelle formule, demandant d’avance pardon pour le dérangement, et retiras tes chaussures. Et là, magie. Un CHAT.

« Oooh il est trop mignon ! Hééé, salut toi !! Moi je m’appelle Emile, toi c’est Glunkus c’est ça ? Aaah t’es trop mignon au secooouuurs hahaha ! »

Emile, ça suffit. Tu te donnes en spectacle dans la demeure d’un généreux inconnu qui t’offre momentanément le toit. Tu abandonnas donc l’animal après une dernière caresse sur le sommet de sa tête, pour te tourner vers ledit Arthur. Une courbette, et tu te présentes à nouveau.

« Je m’appelle Emile, merci de m’accueillir chez vous ! »

Tu te diriges vers la prise électrique qu’il t’indique, soulagée de savoir que tu pourras enfin récupérer de la batterie, et contacter du monde. Haha, surprise Emile.
« Je euh… j’ai pas mon chargeur… »
C’est malin, Emile. Y’a pas moyen de réfléchir un peu quand tu sors le matin ? Cela dit, tu remontas rapidement tes manches. Le téléphone attendra, puisque dans tous les cas tu es à l’abri. Maman va s’inquiéter ? Peu importe, elle sait que tu es du genre à tarder avant de rentrer.

« Vous occupez pas de ça, j’étais sérieuse tout à l’heure, vous savez ! Je peux faire à manger ! »

Le félin fut visiblement satisfait que son entrée en scène soit remarquée puisqu’il ce mis a ronronner joyeusement alors que la blonde le câlinait. Presque vexé que l’attention ce soit reportée sur un animal plutôt que sur lui, Arthur reprit son air. Elle se présenta sous le nom d’Emile, ce qui fit ce demander au facteur de quelle origine elle était. Il ne posa cependant pas la question et ce contenta de lui adresser un « de rien »

Pourtant, alors qu’il pensait ne pas avoir droit à une situation encore plus bizarre, Emile lui indiqua qu’elle n’avait son chargeur de téléphone sur elle. Dans ce cas POURQUOI, avoir demander à le recharger si elle n’avait même pas de quoi le faire ? Le facteur poussa un soupire, plus amusé qu’autre chose finalement, d’autant plus que la proposition de l’ado’ concernant le repas avait l’air d’être sérieuse. Si on lui avait dit qu’il aurait un jour a héberger pareil phénomène, il l’aurait peut être cru, vu son quotidien, mais, probablement pas imaginer ainsi.

« T’es sérieuse ? Bon, okay. Fouille dans le placard, là, doit y’avoir un paquet de spaghettis ou quoi. Pendant ce temps, file ton phone, j’vais voir dans ma chambre si on a le même chargeur. »

Les yeux écarquillés, tu tends précipitamment ton téléphone portable à Arthur, inclinant ta tête dans le même temps pour le remercier. Tu remontas ensuite tes manches, prête à en découdre.

« Pas de problèmes ! Laissez-moi faire ! Alors euh voyons voir… »

Réfléchissant à voix haute, tu commences à ouvrir les tiroirs et placards pour trouver le matériel nécessaire. Des pâtes, ça devrait pas être compliqué, si ? Tu sais comment ça se prépare. T’as déjà vu ça. Dans les animes.
C’est là qu’est l’os, Emile ; t’es trop irresponsable, tu sais même pas cuire des spaghettis. T’aurais pu demander à Maman de t’apprendre les bases, de te montrer les étapes, mais tout ce que tu sais préparer, c'est du chocolat chaud ; si on te lâchais en liberté, tu mourrais probablement au bout de trois heures, en fait.

« Ah, trouvé ! Bon alors les spaghettis dans la casserole, et puis de l’eau ! Euh. »

Tu fais les choses dans le désordre, Emile. Ça va mal finir cette histoire. Tu hésites quelques instants, la main en suspension devant les boutons de la cuisinière. Tu devrais peut-être demander au maitre de maison comment elle fonctionne, non ? Après tout, chez toi, c’est pas la même chose.

« Bon euh… Adviendra que pourra. »

Et les yeux fermés, tu tournes le bouton, à fond.
Non, te laisser seule avec une cuisinière à gaz, c’est vraiment une mauvaise idée. T’es trop empotée, tu vas probablement tuer des gens.

S’étant donc mis a fouiller parmi les différents fils électriques qui traînaient là, il en trouva finalement un qui correspondait a la prise du téléphone de la demoiselle. Visiblement ce fut fait juste a temps puisqu’une forte odeur de gaz te parvins depuis l’autre pièce. Inquiet, il retourna en cuisine et tomba sur le spectacle désolant d’une casserole débordant d’eau où ce battait en duel trois spaghettis. Mais, ce n’était pas tout, le bouton du gaz était poussé au maximum mais aucune flamme n’en sortait et la gamine était là, les yeux fermés devant le résultat de ses propres actions. C’est après s’être presque étouffé d’effroi que le facteur se jeta sur la gazinière, éteignit le gaz et ouvrit la fenêtre avant de décaler Emile de la gazinière. La scène semblait tellement irréelle que plutôt que de ce mettre en colère Arthur fut prit d’un fou rire. Lorsqu’il eu retrouvé son calme il s’adressa a la blondinette.

« Mais, t’as jamais fait de pâtes de ta vie, ou quoi ? Enfin, c’est pas grave, ça a pas explosé, c’est le plus important. Je vais le faire, tu peux aller regarder un dessin animé a la TV ou un truc comme ça, si tu veux. »

Toujours pas vraiment sûr de ce qu’il venait de ce passer, il s’approcha a son tour de la cuisinière, bien décider a finir de faire le repas tranquillement et en sécurité cette fois.

Le rouge te monte aux joues ; qu’est-ce que tu as fait de mal ? La préparation est-elle si ratée que cela ? As-tu réellement besoin que quelqu’un vienne te sauver la mise avant que tu fasses exploser ta casserole ?
La réponse est oui, Emile. Tu as lancé une véritable catastrophe, et heureusement que l’odeur du gaz est parvenue au nez d’Arthur avant que les dégâts ne fussent irréversibles.

« Ben non, j’avais jamais fait de pâtes avant… Mais je voulais essayer… » réponds-tu d’un ton dépité.

Tu te tords les mains, gênée. L’important, c’est de participer, non ? Tu essaies de te rassurer comme tu peux. Et puis, c’est pas si grave, puisqu’il a rigolé ! Et maintenant, tu as l’occasion d’échapper aux tâches ménagères, ce serait sympa, pas vrai ? Tu pourrais regarder un dessin animé tout en caressant Glunkus, affalée sur ce canapé où trainent deux vestes, une en cuir et une de survêtement. Les deux appartiendraient à Arthur ? Ou quelqu’un d’autre habite ici ? Tu secoues la tête. C’est bien trop irresponsable.

« Non ! Je veux aider. Je sais pas trop si vous pouvez m’apprendre, ou bien si je peux simplement mettre la table mais euh… S’ilvousplaitlaissezmoifairequelquechose ! »

T’aimes pas te sentir inutile, Emile. Surtout que tu t’invites sans crier gare, et que tu deviens un poids pour les habitants de la demeure. Tu culpabilises un chouïa.

   Il ce rend bien compte que la pauvre est bien gênée par sa propre erreur, il hausse alors les épaules. Il s’agit de son devoir de héros d’aider cette pauvre demoiselle en détresse à savoir comment finalement accéder a la luminescence cuisinière et pâtiale.

«  Ok, sweetie. J’vais t’apprendre a cuisiner si tu veux, c’est pas le truc le plus ouf que tu pourras apprendre mais ça sera ça de fait au moins. »

Alors, déjà on ce lave les mains, puis on met l’eau a bouillir et du sel dans l’eau.

« Ok alors déjà les pâtes ça ce fait dans de l’eau chaude, pas de l’eau froide. Donc tu mets les pâtes APRES que l’eau ai bouilli, d’accord ? »

Il ce saisi de la casserole précédente encore pleine puis passe les pâtes encore dure, ayant bien l’intention de les réutilisées. Il ce redresse puis continue sur ses explication de top chef.

« On va faire de la sauce tomate pour les pâtes, ça te dit ? On commence par faire bouillir de l’eau pour ça aussi. A toi l’honneur ! »

Il lui tend la casserole, prêt à dire stop lorsqu’il y aura assez d’eau. Plus question de la lâchée des yeux une seule seconde maintenant.

Plutôt qu’un prince, celui-ci, c’est un chevalier. Voilà la réflexion que tu te fais lorsque le brun vient à ta rescousse, et te propose même de t’apprendre à cuisiner. Tu clignes des yeux, une fois puis deux, avant de hocher la tête vigoureusement, acceptant avec entrain cette proposition des plus généreuses.
Suivant les étapes avec attention et mimant les gestes du chef, tu ponctues les explications de « d’accord », « ah bon » et autres « je vois » enthousiastes.

Puis vient ton tour d’entrer en scène. Tu te saisis de la casserole avec dextérité, désireuse de prouver ta bonne volonté, puis tu commences à la remplir d’eau. Scrutant discrètement le visage d’Arthur, tu arrêtes lorsque celui-ci semble satisfait. Puis, posant la casserole sur la cuisinière, tu lèves la main, studieuse.

« J’ai une question ! Comment on fait pour utiliser le gaz, en fait ? »

Oui, tu avais bien compris que c’était dangereux, et que tu risquais de faire sauter la maison. Et tu ne tenais pas particulièrement à mourir dès à présent, surtout en sachant que ta vie couterait celle d’un autre dans le même temps. Alors oui, il était temps d’apprendre comment fonctionne une gazinière.