Le début ? [PV. Iason Strauss] - Terminé

J'ai passé une bonne partie de ma soirée à boire avec des amis dans un bar du centre ville. Il était bien cinq heures du matin quand je finis par me décider à rentrer chez moi. Aujourd’hui, il est prévu que j'aille rentre visite à Liam, ça allait être vraiment compliqué d'avoir l'air présentable avec une gueule de bois. A peine arrivé à l'appartement, je me déshabille et file sous les draps, m'endormant instantanément. Contrairement à d'habitude, je n'ai aucun mal à rester plus longtemps au lit. Pour dire, c'est même mon réveil qui finit par me sortir de mon sommeil. Ma main s'écrase violemment sur cet instrument de torture qui ne cessait de biper encore et encore.

- Eurf, plus jamais d'alcool... Dis-je nauséeux.

Je plaque ma main sur ma bouche en sentant le contenu de mon estomac remonté. Comment j'allais pouvoir me rendre au cimetière avec une telle gueule de bois ? Je me lève pour prendre une aspirine puis file sous la douche histoire de retirer cette odeur d'alcool. Voulant être un minimum convenable malgré mon état, je prends le temps de bien me raser de près. Cependant, fidèle à moi même, je laisse ma tignasse séchée à l'air libre, certaines mèches rebiquant par endroit. N'ayant pas le courage d'avaler quelque chose qui finirait sûrement par ressortir ensuite, je fais directement un bain de bouche pour retirer l'odeur de la vodka.

Nauséeux et pâle, je reviens dans la chambre avec la serviette nouée autour de ma taille et me place devant mon armoire. Tout ce qu'elle contient c'est un costard et un kimono. J’attrape ma chemise blanche, mon pantalon noir et la veste allant avec et une cravate. J'enfile le tout avant de retourner dans la salle de bain pour pouvoir ajuste ma tenue au mieux.

- Bon ça va, c'est pas trop mal. J'suis un peu verdâtre mais ça va le faire.

J'ajuste ma cravate une dernière fois, enfile mes lunettes de soleil puis je quitte l'appartement. Je n'ai clairement pas la forme, nausée et migraine ne me lâchent plus. Du coup me rendre à pied au cimetière, qui est assez loin, me fait nettement moins envie que d'habitude. Prendre le bus semble être la meilleure option pour moi vu l'état dans lequel je suis. Un coup d’œil à ma montre, il me reste encore du temps avant que le prochain n'arrive,.

Sur la route le soleil commence à m'aveugler et ce malgré mes lunettes de soleil. Je soupire de plaisir en entrant dans le café qui est nettement plus sombre que l’extérieur. Après avoir fait la queue, je commande ma boisson chaude et ressort rapidement en buvant une longue gorgée. Une fois ressorti, je me rends à l'arrêt de bus. Visiblement je n'avais pas choisi la meilleure des heures, une foule de gens est là à attendre. L'unique et minuscule banc présent est déjà bien rempli par des personnes du troisième âge. Et moi, j'ai une folle envie de vomir, je bois une nouvelle gorgée de mon thé en espérant arrangé mon état, mais n'ayant pas complètement confiance dans mon idée je reste à proximité de la poubelle. Je réajuste les lunettes de soleil sur mon nez alors que le bus arrive enfin. Par politesse, tout le monde laisse les passagers descendre du bus. Je bois une nouvelle fois, regardant les gens en étant bien caché derrière mes lunettes noires. Une couleur plutôt étrange attire alors mon attention parmi cette foule. Je me redresse un peu afin d’apercevoir le reste du corps qui va avec les cheveux pour le moins unique. Mais bizarrement, je sens qu'il n'y a pas que sa couleur qui m’attire.

« Quand tu le verras, tu sauras. »

La voix de Liam résonne dans ma tête alors que je regarde l'homme sortir du bus. Mon ami m'avait souvent parlé de ce moment, mais j'avais commencé à perdre tout espoir. Moi qui m'étais si souvent moqué de lui après qu'il m’ait raconté sa rencontre avec « son » humain.

Une étrange sensation m'envahit, je n'ai jamais vu ce type et pourtant j'ai l'impression de déjà le connaître. Une irrésistible envie de lui parler, de le protéger se fait sentir. Un sentiment qui était enfouit au plus profond de moi pour venir éclore une fois la bonne personne rencontrée. Un frisson me parcourt, je ne sais pas quoi faire. Si je l'aborde, je vais sûrement passer pour un gars super louche. Mais en même temps, sans bouger, je risque de ne plus jamais le revoir. Et ça ce n'était pas possible.

« Froussard, qu'est-ce que tu attends ? C'est l'humain qui t'es destiné. Désormais vos vies sont liées. »

Je sais Liam, tu m'as raconté cette histoire tellement de fois. Mais j'ai longtemps cru que ce n'était qu'un conte de fée que tu me racontais pour que je me sentes moins seul. J'ai fini par y croire l'an dernier, quand Karen est morte en t'emmenant avec elle. C'est d'ailleurs ce qui m'a fait revenir ici. Et aujourd'hui je rencontre enfin cette personne.

L'homme commence à s'éloigner, je n'ai pas l'impression qu'il ai vraiment eu la même sensation que moi. Peut être ne m'a-t-il pas vu ? Je dois absolument trouver un moyen de l'aborder. Je commence à hésiter mais aussi à paniqué, surtout par peur de ne plus jamais le revoir… Je m'approche de lui et tapote doucement son épaule pour qu'il se retourne.

- Euh excusez-moi, mais vous avez fait tomber ça.

Disant cela, je lui tends mon paquet de mouchoir. Je n'ai rien trouvé de mieux pour pouvoir l'aborder sans avoir l'air d'un mec louche.

Takeo & Iason

Boulot de merde. Il en a ras la casquette, mais il ne s'imagine pas dans un autre travail, changer reviendrait à avoir d'autres horaires, à être surveiller par un patron idiot qui ne fait que son job. Avec celui-ci, il est plutôt libre de faire un peu ce qu'il veut, tant que ce qui doit être nettoyé l'est et que le bâtiment dont il s'occupe est propre. Même s'il se retrouve à se lever au aurore et terminer dans l'après-midi... Heureusement qu'il n'a pas une pause de trois ans pour midi, comme certains collègues font, car, sinon, il devrait bosser le soir en plus du matin ! Inacceptable pour lui qui adore passer ses soirées à emmerder son monde. Il ne peut donc pas trop râler, mais il ne peut s'en empêcher. C'est plus fort que lui. Le matin est toujours très dur pour lui qui aime dormir jusqu'au dîner, lors des weeks-ends ou pendant ses rares jours de congés. Il n'est pas un lève-tôt et ne comprend très bien comme les autres font pour être de si bonne humeur dès le matin... Des extraterrestres, sans aucun doute ! Ou alors, ils n'ont pas le même métabolisme... Ça doit être de naissance. Ouais, ça doit être ça. Ou alors, il n'est juste qu'un flemmard. Mh. C'est plutôt ça, en fait.

Il baille longuement, à l'attente du bus qui le permettra de rentrer chez lui. Mais il hésite. N'a-t-il pas des courses à faire, avant ? Il n'y a presque plus rien, dans le frigo, la dernière fois qu'il l'a ouvert... Crotte. Il déteste devoir aller au magasin pour acheter sa bouffe, se demandant même s'il ne devrait pas se trouver un plan cul qui serait assez accro à lui pour aller faire les sales besognes dont il voudrait se débarrasser... C'est une idée, mais à défaut d'être brillante, elle est dure à appliquer. Peu de personne aime faire les larbins et il ne risque pas de supporter longtemps d'avoir un petit chien qui le suivrait partout pour avoir une friandise. Juste par amour. Beurk !

Le bus arrive et il grimpe dedans, repère vite une place libre et s'y faufile. Manque de pot, il est à côté d'un papy pervers... Et gay apparemment, parce qu'il le recule sans vergogne. Quoique... Non, en fait, c'est un grand père grincheux et jugeur. Il le regarde d'un oeil désapprobateur, sa crinière verte semblant lui donner envie de vomir. Iason, lui, lui offre le plus beau sourire hypocrite qu'il a en stock. Le vieux type se rembruni et détourne le regard. Connard. Grâce à lui, il est d'une humeur maussade, voir clairement massacrante, des idées de meurtres et de tortures pleins la tête. Mais le trajet est plutôt calme, mis à part ce petit dérapage. Le papy sort un arrêt avant lui, le forçant à se bouger pour lui laisser de la place, lui écrasant même les pieds, exprès aurait-il juré ! De quoi le faire enrager de nouveau, pestant contre les vieux cons en général.

Sa sortie est là. Il bouscule des personnes qui ne lui ont rien fait, par pur méchanceté, les nerfs en pelote et il descend du bus encore plus énervé qu'il n'y est entré. Il marche d'un pas vif, désireux de s'éloigner de tous ces crétins sans cervelle qui pourrissent sa journée. Il sent une petite tape sur l'épaule, pas bien fort, à la limite de l'effleurement, et il se retourne, perplexe, foudroyant l'imprudent du regard. Mais il affiche bientôt un visage ébahit et surpris. Non seulement il ne le connait pas, mais il le trouve... A son goût. Grr ! Ne peut-il pas être moche, celui-là ?! Il en oublie sa colère pour le contempler. Plus grand que lui, il a en face de sa poire un type aux cheveux châtain et à l'oeil jaune. Il n'est pas parfait et c'est son imperfection qui lui donne son charme. Un bandeau sur l'oeil... C'est... Classe. Et il a l'air un poil plus vieux que lui. Ou ce n'est peut-être qu'un impression...

Il sort de sa contemplation quand le bonhomme lui montre un objet, qu'il aurait fait tomber par terre par mégarde. Il met trente seconde à baisser les yeux de son visage et trente autre pour analyser le truc qu'il lui offre. Il cligne des yeux, lentement, perplexe, et remonte son regard sur lui, l'air soudain vexé et énervé. Un paquet de mouchoir. Sérieusement ? Il se fout de sa gueule, là, non ? Iason sait qu'il devrait en avoir sur lui au cas où il se trouve être enrhumé, mais il l'oublie à chaque fois, et s'en fout comme d'une guiche. Du coup, ce machin ne lui appartient pas.

- Tu m'as pris pour ta poubelle, c'est ça ? J'ai la tête d'être une récolteur de déchet, pauvre tâche ?

Il le foudroie du regard, serrant les poings, mais il n'arrive pas à s'énerver trop. Il ne sait pas pourquoi, mais quelque chose en lui titille la corde sensible quand il le regarde. C'est très gênant et il déteste cette sensation qu'il ne connait pas. L'homme n'est pourtant pas aussi beau qu'un dieu, il en a vu des bien plus canons, mais il n'arrive pas à mettre le doigt sur le sentiment qui l'habite, en cet instant présent. Et ça l'agace !

- Bon, je te pardonne. Ta technique de drague laisse à désirer, si tu veux mon avis. Je t'apprendrais, mon gars, si tu veux, mais évite de refaire le coup du mouchoir si c'est un mec. C'est vexant après.

Il sourit méchamment. L'idée d'être la cible d'un homme qui aurait remarqué des charmes qui n'existent pratiquement pas chez lui l'amuse. Et pourquoi ne pas le gêner, le pousser à se retrancher, maintenant qu'il l'a embêté ? Après tout, ce n'est qu'un retournement de situation, et il le mérite !

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Il est clair que le coup des mouchoirs est assez nul en soit. Mais je ne vais pas non plus utiliser mon téléphone portable pour lui parler en demandant s'il l'a perdu, autrement il risquait de dire « oui » et de se barrer avec. Et puis, aborder de but en blanc quelqu'un que l'on ne connaît pas, dans la rue, on peut facilement prendre ça pour de la drague. Alors que tout ce que je veux, c'est pouvoir lui parler et voir sa réaction. Se serait déjà un assez bon début.

Je m'attends à ce qu'il ait le fameux déclic, limite les yeux qui deviennent humides à cause de l'émotion en me voyant. Liam m'avait toujours expliqué son ressenti mais jamais ce que son humaine avait éprouvé. Je me suis souvent dit que c'était un moment intense pour tous les deux. Voir peut être même plus pour les humains qui sont nettement plus sensibles que nous. Alors comment va-t-il réagir ?

Alors que je suis en train de lui parler, je remarque son regard qui est en train de me détailler. Je me racle la gorge puis remets mes lunettes de soleil afin de masquer mon œil. Je tends alors la main vers lui, continuant de l'observer, attentif à la moindre de ses réactions. Peut être aura-t-il la même pensé que moi en se disant « c'est toi ? ». Mais non, j'ai eu une toute autre attitude, révélant le sale caractère de l'humain que je dois protéger. L’œil écarquillé, je regarde ce gars aux cheveux verts, puis le paquet de mouchoir et à nouveau l'homme face à moi. Je ne comprends pas du tout sa réaction à dire vrai. Les mouchoirs sont sagement emballés et bien propres. Alors quoi ? Qu'est-ce qu'il a ce pauvre con ? Ce n'est pas comme si je venais de me moucher dedans, il n'y avait pas non plus pleins de morves dedans. Maintenant j'ai juste envie de lui balancer le paquet à la gueule, mais bien sur quelque chose m’empêche de le faire, sûrement ce lien invisible qui nous unit et m'oblige à le protéger.

Je continue de le regarder, redoutant que ma main ne finisse par s’écraser sur sa joue alors qu'il l'ouvre à nouveau. Un seul mot me vient en tête alors que je le regarde à travers mes lunettes teintées. Une technique de drague, sérieusement ? Ça existe ce genre de chose ? Et puis je ne suis pas sur qu'une telle drague fonctionne ainsi.

- Tu sais « mon gars », si j'avais vraiment envie de te draguer je ne pense pas que je t’aborderai pour savoir si c'est vraiment ton paquet de mouchoirs. Mais si ça peut flatter ton égo, alors vas-y fais toi plaisir et crois cette histoire. Moi en attendant je vais garder le paquet.

Je grogne légèrement et fourre les mouchoirs dans la poche intérieure de ma veste, là où il se trouvait à la base finalement. Je soupire et le regarde une nouvelle fois de haut en bas pour le détailler. Franchement, je ne peux pas le cacher, je suis assez déçu par cette rencontre. A première vue il avait l'air sympa avec un look plutôt atypique comme je les aime. Et pourtant, à peine a-t-il ouvert la bouche… Que j'ai envie de rentrer chez moi.

Mais je ne dois pas me fier uniquement à ça. Après tout, je n'ai pas non plus assuré pour l'aborder, c'est peut-être aussi de ma faute si cela tourne ainsi… Je soupire en espérant que tout ira mieux par la suite, qu'il finirait par comprendre que je suis son étoile sans que je n'ai à lui avouer. Je me suis toujours imaginé très lié avec mon humain, et je ferais tout pour nous puissions nous entendre. Je commence à cogiter, qu'est ce que je pourrais lui dire maintenant ? Je ne voulais pas qu'il prenne à nouveau ça pour de la drague alors que ce n'était clairement pas ce que je tentais de faire.Las, je pousse un long soupire, je retire mes lunettes de soleil et me masse légèrement l'arrête du nez. Je relève ensuite la tête et plonge mon œil dans ceux du garçon, tout en continuant de réfléchir je l'observe.

Takeo & Iason

Il est calmé DIRECTE. Ze douche froide. A croire que le bonhomme a préparé sa contre-attaque avant d'aller à l'assaut. Salaud ! Que dire alors que son ego en est quelque peu touché ? Bon, il est vrai qu'il ne se trouve pas franchement beau gosse, mais il a son petit charme, tout de même. Un petit peu. Bon, il n'est spécial que parce qu'il a changé de coiffure et de couleur de cheveux, mais il aurait pu croire que ses yeux dorés tout ce qu'il y a de plus normal aurait pu attiser un minimum de curiosité. Mais non ! Même pas ! A croire que c'est devenu tellement banal qu'on ne le remarque plus. Crotte de bique avarié. Son visage est plutôt joli pourtant... Cela dit, quand on compare avec celui du type en face, on ne peut que se poser des questions sur sa propre beauté. C'est peut-être pour ça que son petit côté chou - une mémé lui a balancé ça quand il l'aidait à ramasser des courses - ne lui a fait aucun effet. Comme dans Pokemon. Zut.

Iason serre les dents, le foudroyant un peu du regard, mais il se force à se détendre. Parce qu'il est curieux, le petit. Si ce n'est pas pour le draguer, pourquoi tenter de lui offrir un paquet de mouchoir ? Surtout si c'est pour le garder après. Mais qu'est-ce qu'il a en tête, ce type ? Il veut savoir ! Il ne pourra pas dormir de la nuit s'il ne le sait pas, quitte à le suivre ou à le kidnapper ! En sachant que la deuxième option est impossible vu qu'il n'a ni la force ni le matériel pour un tel plan. Bon. Il n'aura plus qu'à le poursuivre jusqu'à ce qu'il révèle son secret ! Ou il pourrait juste lui demander. Ouais. C'est plus simple, moins contraignant et ça évite de finir en prison pour harcèlement. Vendu !

- Je me disais bien que ça ne pouvait pas être pour ça. Tu sembles pas trop le type à courir après les phénomènes de foires. Bref ! Qu'est-ce que tu veux, alors ? C'était juste pour être sympa et me donner un paquet de mouchoir que tu as cru me voir faire tomber ?

Le voilà qui croise les bras sur son torse, le regardant droit dans... ses lunettes de soleil. Il n'aime pas ne pas voir le regard de l'autre. Il ne sait pas s'il est fâché, s'il est surpris, joyeux, ce genre de truc. Il ne peut que se fier haussement de sourcils et il n'est pas pro pour les décoder avec précision s'il n'a pas au minimum les yeux pour l'aider.

Du coup, il tend le bras et vient piquer l'objet de sa frustration entre ses doigts, juste pour avoir le plaisir de contempler sa tête en entier. Il en a le souffle de nouveau coupé, mais il se secoue les miches pour reprendre une expression moins conne, détestant montrer un visage de fan boy face à un bel apollon. En tout cas, il ne lui rend pas ses lunettes, recroisant les bras, l'air songeur. Il est pourtant sur que normalement il n'aurait pas autant tiqué sur la beauté d'un type comme celui qu'il a sous les yeux. Et ça lui fait chier. Parce qu'il veut comprendre. En fait, il ressemble un peu à un papa gâteau... Car il se sent presque en confiance avec lui. Ouais. Sauf que non. Que des conneries !

- Je vais faire comme si je croyais l'histoire de la drague, ok ? Comme ça, je pourrais me vanter d'avoir été aborder par un bel homme. Ah, et je n'aime pas parler sans voir les yeux de mon interlocuteur. Du coup, je garde un peu les lunettes pour moi.

Un sourire amusé se colle sur ses lèvres, moqueur. Il ne compte pas les lui voler, il les place quand même sur sa tête, ses cheveux se chargeant de les maintenir en place sans qu'il n'ait à les retenir toutes les deux secondes. Il doit avoir l'être d'un âne qui tente de se rendre classe, mais chut ! Il n'avouera jamais ! Quitte à se faire taper sur les doigts pour avoir garder le secret ! Cela dit, arriverait-il à avouer ce qui cloche sur le noiraud ? Faudrait-il déjà qu'il met le doigt sur le problème. Parce qu'il semble faire chou blanc. Il a envie de lui plaire tout en ayant envie de lui abîmer sa belle gueule. Hors, il n'a jamais été si violent.

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Je ne suis pas du genre méchant, ou en tout cas jamais sans une bonne raison. Et là, ce petit merdeux avec son attitude avait fini par me chauffer. Je pensais qu’avec son humain c’était un peu le monde des Bisounours mais je constate que je me suis plutôt lourdement trompé. Visiblement on n’est pas obligé de tous s’entendre entre humain et étoile, après je remarque aussi que je n’ai pas vraiment l’envie ou en tout cas la capacité de le frapper. Surement ce côté protecteur qui est inné chez nous. Et puis, voir son fort caractère me soulage un peu, je préfère nettement un humain chiant plutôt qu’un froussard qui n’ouvre pas la bouche. Après, je dois encore voir ce qu’il va penser du fait que je suis son étoile et que j’ai la capacité de me métamorphoser en loup. Peut-être qu’en apprenant cela il deviendra plus docile… Ça serait vraiment chiant.

Un long soupir s’échappe alors de ma bouche lorsque je l’entends l’ouvrir à nouveau. Une fille qui se dévalorise c’est déjà lourd, mais quand ça vient d’un mec ça me fait légèrement pitié. Je ne peux m’empêcher de rouler mon œil un peu exaspéré, par chance mes lunettes de soleil l’empêchent de voir cela. Et puis de toute façon, plus je le regarde, plus je le trouve agréable physiquement. Certes ses cheveux sont vers, mais c’est un look qui me plait particulièrement. Moi aussi j’avais fait différents tests capillaire… Du blond, du bleu, du violet… Alors franchement il en fallait bien plus pour me choquer.

Je hausse les épaules à sa question. Il est hors de question que j’avoue que le paquet de mouchoir est le mien. C’était déjà assez la honte d’aborder quelqu’un comme ça, si en plus il avait la preuve que j’avais tout « manigancé » il allait clairement se foutre de ma gueule. Et visiblement, il n’avait pas besoin que je l’aide pour s’en sortir sur ça.

- Le paquet de mouchoirs était par terre, qu’est-ce que j’y peux si ce n’est pas le tien ? Beaucoup de monde est descendu du bus, et beaucoup d’autres étaient en train d’attendre. Alors peut être que c’est tout simplement à un autre passager et que je n’ai pas fait attention.

C’est en parlant du bus que je me rappelle pourquoi je suis ici. Le véhicule est déjà parti depuis longtemps et un autre ne tardera surement pas à arriver, ce n’est pas ce qui me pose le plus de problème pour le moment. Mais je dois rendre visite à Liam aujourd’hui, c’est un jour important. Mais c’est aussi le jour où je rencontre ENFIN mon humain. Je veux rester pour apprendre à la connaître, même s’il s’avère que c’est un vrai chieur ambulant, il m’intéresse. Je soupire, tirant sur le nœud de ma cravate pour la défaire légèrement. Je crève de chaud dans ce costard noir, et même s’il me va parfaitement bien, je ne me sens pas à l’aise pour autant. Perdu dans mes pensées, j’ai un léger mouvement de recul quand je vois la main du garçon qui s’approche de moi. A ma grande surprise, le merdeux me retire mes lunettes de soleil. Je plisse l’œil quelques instants à cause de la lumière. Ce moment d’aveuglement me fait légèrement grogner de mécontentement, mais celui-ci se retrouve vite étouffer quand je remarque l’expression de mon humain. Pour donner une image de ce moment, l’homme aux cheveux verts a la même tête qu’un gamin de quatre ans en train de regarder son super héros favoris. Peut-être a-t-il enfin compris qui je suis ?

Mais son expression revient rapidement à la normale. En l’entendant, je hausse une nouvelle fois les épaules. Surement à cause de la gueule de vois, je n’avais pas la force de me battre avec lui pour les récupérer. De toute façon, je ne comptais pas le lâcher de sitôt alors qu’il garde les lunettes de soleil pour le moment.

- Vas-y, fait toi plaisir. Par contre je vais peut-être t’apprendre un truc, mais ceci n’est pas un serre tête. Ce sont des lunettes, et les lunettes ça se met sur le nez, autrement tu me les rends.

Puis à peine ai-je fini de parler que du bout de l’index je fais glisser la paire pour la laisse retomber sur le bout de son nez. Je le regarde avec un petit sourire en coin. Il ressemble à une de ses petites vieilles que l’on voit notamment dans les dessins animés et qui porte leur binocle sur le bout de leur nez.

Étouffant avec la chaleur, et toujours aussi inconfortable à cause de la nausée persistante, je retire ma veste noir et retourne mes manches jusqu’aux coudes. Mes tatouages étaient désormais visible, ce me donnait un air bien moins sérieux que le costard complet et qui me vaut quand même quelques coups d’œil en plus.

- Je meurs de chaud et en plus j’ai soif. Viens je te paye à boire et comme ça on pourra discuter calmement. Au faite, je m’appelle Takeo.

Sans attendre sa réponse, je jette ma veste sur mon épaule et m’éloigne de l’arrêt de bus pour retourner en centre-ville. Je connais un bar sympa et discret qui est tenu par une étoile. Les personnes qui y trainent sont souvent des deux races et totalement tolérantes et ouvertes à toutes ces histoire. C’est le lieu idéal pour lui apprendre enfin que je suis son étoile.

Takeo & Iason

Il a une envie de se ronger les ongles, de se gratter le poignet, mais il se retient. Pourquoi n'agresse-t-il pas ce type ? Il y aurait tellement de choses à dire, pourtant ! Son costard, par exemple. Il ressemble à un pingouin en Afrique, mais il doit bien lui accorder un peu de courage : il n'aurait jamais mis ce genre de tenu en pleine été, alors que le soleil tape fort et qu'il fond lentement, mais sûrement, comme un glace laissé sur un radiateur allumé. Il a le look du gars riche, qui attend se faire respecter à défaut d'être obéit et c'est ce genre d'individu qui le fait le plus rire. Car ils ont souvent l'impression d'être le centre du monde, d'avoir tous les droits. Mais pas ce bonhomme. A la rigueur a-t-il été vexé que le verdâtre refuse son paquet de manière si... Insultante. Mais toute personne normalement constitué ne l'aurait pas bien pris, à sa place.

Le voilà qui fronce les sourcils, cherchant à déterminer si c'est du lard ou du cochon. S'il n'a pas fait gaffe au propriétaire du paquet, pourquoi l'a-t-il arrêté lui ? Une coïncidence ? Certainement que oui ! Et ça l'énerve. Parce qu'il perd son temps avec un individu qui ne s'est rapproché de lui que par erreur. A la rigueur, s'il avait une idée derrière la tête, mais non ! L’honnêteté transpire de sa chaire et il n'a même pas cherché à garder l'objet pour lui, aussi insignifiant que peu l'être un mouchoir, préférant tenter de retrouver le propriétaire. Si lui trouve ça par terre... Il ne le ramasserait même pas. A la rigueur, si cela avait été un portable... Mais il ne l'aurait probablement pas rendu. Preuve que le type est une sorte de samaritain. Pour paquet de mouchoir.

Bref ! Il lui a chipé ses lunettes et ne compte pas les lui rendre pour le moment. Et le plus âgé ne semble pas vouloir les récupérer tout de suite. Cool ! Sauf que... Non. Pas question. Non. Il est en train de faire quoi, là ? Merde ! Il l'a pris par surprise et a fait glisser l'accessoire de ses cheveux à son petit museau, lui offrant une vision à moitié sombre. Parce qu'évidemment, elles ne sont pas bien mise. En position très précaire.

Il louche sur l'objet qui le taquine, fronce les sourcils et se maudit intérieurement d'avoir sursauter quand le vieux a levé le bras. Instinct de survie. Il penche la tête en arrière, voir si les lunettes peuvent glisser seules et finit par les aider d'un petit coup de doigt avant de porter son attention sur le type. Il le trouve soudain ultra classe. Parce que pendant qu'il a fait le bouffon, l'autre s'est permis de se déshabiller un peu, retirant ainsi sa veste noire et exposant ses bras en remontant ses manches. Bras tatoués ! Bon, il n'arrive pas bien à voir l'un et l'autre, il n'y pige que dalle. Un truc qui n'a ni queue ni tête pour lui. Mais il aime bien. Sauf qu'il ne le dira jamais.

Le châtain décide de bouger. De partir. Sauf qu'il lui propose de lui payer à boire pour discuter. Mais discuter de quoi ? Iason ne comprend pas et il hésite à y aller. Après tout, c'est un type qu'il ne connait pas, qui l'a abordé pour lui rendre un objet qui ne lui appartenait pas... Mais c'est gratuit !!!

Il s'élance un peu avant de lui attraper le poignet, le forçant à se stopper. Il le fixe derrière les lunettes de soleil, le foudroyant du regard alors qu'il sait parfaitement qu'on ne verra... Rien.

- Doucement, Samaritain. Je ne suis pas un chiot abandonné qu'on peut ramasser et faire boire tranquillement.

Il le relâche après avoir jeter un petit coup d'oeil au tatouage d'étoile que le dénommé Takeo possède au poignet. Il vient récupérer les lunettes de son nez et les lui tendre. Il n'a pas envie de les garder plus longtemps... Surtout qu'il est encore capable de les oublier, à force de les porter. Ca lui est déjà arrivé.

- Je te rends d'abords ça... Je m'appelle Iason. Et maintenant, on peut y aller !

Voilà. Maintenant qu'il a bien fait la merde, il se met en mouvement. Mais il traîne un poil les pieds, ne cherchant pas à distancer Takeo. Parce que c'est lui qui connait l'endroit et lui qui lui paie à boire. Du coup, ce serait bête de le perdre. Parce qu'en vrai, lui aussi à soif. Il crève de soif. Il sue dans ses fringues et se demande même si son déo va résister à la chaleur et l'empêcher de chlinger. C'est beau l'été...

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Le garçon avait beau ressembler à un petit chieur qui se donne des allures, plus je le regarde, plus je me dis que ce n’est qu’une façade. Il a énormément d’expressions différentes, et ça me donne réellement envie de le taquiner encore plus. Je souris une nouvelle fois quand je vois son expression surprise lorsque les lunettes lui tombent sur le nez. J’étouffe même un ricanement quand il finit par loucher dessus avant de les remettre correctement à leur place.

Je commence à partir pour aller au bar quand le garçon me retient par le bras. Surprit, autant par le geste que pas ma nouvelle appellation, je le regarde. Mes yeux suivent son regard vers mon tatouage en forme d’étoiles. Rapidement il me relâche le bras.

− Je ne te prends pas pour un chiot abandonné ou quoi que ce soit d’autres. Je t’invite juste à boire un verre. Qui refuserait un verre gratuit ?

Je soupire et récupère mes lunettes de soleil pour les mettre sur mon nez. Est-ce-que le jeune homme a fini par deviner qui je suis ? Vu sa réaction, j’ai légèrement l’impression de l’avoir dégoûté, d’où le fait qu’il me rende ma paire de lunettes. Son attitude m’a d’un coup bien refroidit et surtout elle m’a rendu vraiment nerveux. Si juste une suspicion sur moi suffisait à le dégoûter, qu’elle sera sa réaction lorsqu’il saura que je suis son étoile. Ma main se resserre nerveusement sur ma veste alors que l’autre commence à devenir humide. Je jette un coup d’œil à mon humain, docile celui-ci me suivait de près sûrement pour ne pas me perdre. C’est peut être bon signe d’ailleurs, car si malgré tout il vient quand même avec moi c’est que j’ai une chance qu’il ne soit pas complètement dégoûté. Ou alors il est juste vraiment curieux.

Continuant de marcher parmi la foule présente en ville, je tourne la tête. Nous sommes enfin arrivés, le moment tant redouté depuis quelques minutes c’est maintenant. Je regarde Iason pour être sûr qu’il me suit toujours, puis nous entrons dans le bas. A cette heure-ci, et sous cette chaleur, la pièce est bondée. Mais après un signe de tête au barman, celui-ci me dit en gueulant à travers la salle qu’un box est disponible dans le fond. Sans plus attendre, je m’y rends accompagné de mon humain. Les boxs étaient dans la même pièce mais légèrement en retrait et fermé grâce à des panneaux coulissant. Je m’installe face à Iason alors que la serveuse arrive déjà pour prendre notre commande. Sans réfléchir bien longtemps, je choisi de prendre un soda. Une bière bien fraîche m’aurais sûrement fait plus plaisir, mais mon ventre m’en veux encore pour mon excès d’alcool de la veille. Le temps que mon humain passe sa commande, je dépose mes lunettes sur la table et ma veste sur le dossier de la chaise. Mon œil se dirige une nouvelle fois sur le garçon face à moi alors que la jeune femme quitte le box.

- Bon… Du coup.

Je pousse un long soupire, me triture un peu les mains alors que je détourne le regard. Je ne sais pas par où je dois commencer, c’est dur de se lancer sans savoir s’il a une dent ou non contre les étoiles. Je grommelle puis finit par me jeter à l’eau.

- Comme tu dois le savoir, il existe des étoiles. Enfin je ne te parle pas de celles dans le ciel, mais celle sur terre. Même si finalement elles viennent aussi du ciel, mais ça tu sais… Je me racle la gorge, je dois abréger. Bref, étoiles et humains vivent ensembles s’entendant plus ou moins bien. Toujours est-il que chaque étoile voit sa vie liée à celle d’un humain. Si l’un meurt alors l’autre aussi. Mais comme le destin fait bien les choses, tant que tu n’as pas rencontré cette personne qui t’es destiné, et bien tu ne sais pas qui elle est.

Je me passe la main dans les cheveux pour les rabattre en arrière, chose inutile puisqu’ils reprennent rapidement leur place d’origine. Je ne sais pas si je suis assez clair ou si je pars dans tous les sens, c’est vraiment compliqué d’expliquer cette histoire à quelqu’un tellement cela peut paraître absurde lorsque c’est dit à haute voix. J’espère qu’il connait déjà tout ça, ou qu’il est assez doué pour comprendre le charabia qui sort de ma bouche. Je suis si nerveux que j’ai l’impression d’être une fille qui annonce à son mec qu’elle est enceinte ! La honte franchement.

- Quand j’ai vu le paquet de mouchoirs, je me suis instinctivement dirigé vers toi. Et contrairement à ce que tu peux penser, ça n’avait rien à voir avec la couleur de tes cheveux. C’est le lien entre nous qui s’est réveillé. CE lien… Et comme tu le sais, tu es humain alors…

Je soupire puis le regarde à nouveau pour voir sa réaction. Encore une fois je me demande si j’ai été assez clair dans mes propos. Je n’ai même pas le courage de finir ma dernière phrase pour lui dire que l’étoile c’est moi, parce que je ne redoute qu’une seule chose, sa réaction.

Takeo & Iason

Il se traite mentalement d'abruti. Parce qu'une fois qu'il a relâché le poignet de Takeo, il a eu la sensation de le tenir encore pendant plusieurs secondes. Et ça, il déteste. Parce qu'il a des tendances tactiles et qu'il veut les refouler, qu'il a déjà assez de mal à se brider un minium. Et que ce bonhomme lui donne envie de se tenir près de lui, sans aucune raison. Et ça, comme dit plus haut, il déteste. C'est une des raisons qui l'a fait le relâcher si vite, à la limite de donner l'impression qu'il s'est brûlé en le touchant. Il évite de le montrer de manière trop flagrante, remerciant juste les lunettes d'avoir été là pour cacher cet embarrassant moment qui, normalement, n'aurait même pas dû être gênant.

Il ne pourra jamais refuser un verre gratuit, même si c'est donné par un pervers aux tocs bizarres. C'est pourquoi il suit sagement Takeo, ne faisant pas de vague pendant le trajet. Il reste même silencieux, l'observant du coin de l'oeil, le jugeant, tentant de l’analyser, sans y arriver. Il n'a jamais été bon pour ça, mais cela ne l'a jamais empêché de tenter sa chance. Sauf que là, il n'y arrive pas. Parce que le corps à côté de lui est plus sympa à regarder que le mental qu'il pourrait avoir. Sale voyeur. C'est assumé, mais quand même !

Ils arrivent dans un bar... Bondé. Les gens ne bossent-ils dont pas ? Ce n'est pas le soir, pourtant ! Iason est perplexe et ne quitte pas d'une semelle son verre gratuit, sondant un peu les alentours. Il y a un couple qui se bécote et un autre qui se dévore des yeux, à la limite de l'indécence, mais il ne peut pas en voir plus parce que Takeo leur a trouvé un box rien que pour eux. Non, mais sérieusement... Est-ce qu'il doit commencer à flipper de se retrouver dans un endroit si intime avec un type bizarre ? Tant qu'il lui paie sa boisson, il ne partira pas la queue entre les jambes. Et vu la tête du brun, pas d'inquiétude à avoir.

Il s'installe en silence, foudroyant les murs comme s'ils lui voulaient du mal avant de passer commande, prenant une petite bière. Il secoue un peu sa chemise blanche, mourant de chaud dessous. Il hésite même à ouvrir quelque boutons, mais il s'y refuse, peu enclin à s’exhiber plus que nécessaire. Il remarque que Takeo a retiré quelque couches, pour un meilleur confort est-il près à parié, et qu'il n'a plus les lunettes sur son nez. Une bonne chose ! Sauf que le moment de vérité semble sur le point de commencer. Dès que la serveuse quitte le box, il ressent une sorte de tension dans l'air, à l'affût, attendant quelque chose... Sans savoir quoi. Et c'est le plus vieux qui crache le morceau le premier... Après avoir montrer une attitude distante et peu sûr de lui, qui fait écarquiller les yeux du verdâtre, de surprise. Il veut lui avouer quoi, au juste ? Qu'il est... Son frère caché ?

Il finit par ouvrir la bouche et commencer ses explications. Qui perd davantage Iason qu'avant. Les étoiles, il en a déjà entendu parlé. C'est aussi pour ça qu'il a choisi cette ville à 16 ans, quittant le nie familiale. Mais il a toujours cru que c'était des rumeurs, jusqu'à ce qu'il en rencontre un... Et cela ne s'est pas très bien passé, leur rencontre. Sa faute, évidemment. Du coup, il imagine toutes les étoiles comme étant de dangereuses psychopathes prêtes à réduire les humains à l'esclave. Il a vu bien trop de films sur le sujet...

En fait, depuis son agression, il a essayé de se documenter sur ces types, mais il n'a pratiquement rien trouver. Ou beaucoup d'âneries. Des trucs sur les liens entre humains et étoiles, que celles-ci descendent du ciel et qu'elles peuvent se transformer en monstre... En plus d'être des anges qui viendraient bénir les Hommes. De quoi s'arracher les cheveux face à un tel déluge de conneries ! Sauf qu'apparemment, tout n'est pas faux. Takeo semble s'y connaître énormément sur le sujet, balayant le vrai du faux, triant et jetant ce qui doit l'être. Ou alors, il est juste à fond dans un rôle ?

Le voilà qui joue avec ses cheveux, passant une main dedans pour les rejeter quelque secondes en arrière, offrant une vision plus que parfaite à un petit verdâtre qui n'en perd pas une miette. Il en aurait presque oublier le reste ! Mais la suite l'assomme. Il vient de capter un truc. Le bonhomme ne face de lui... Se prétend être une étoile. Le sien en plus. C'est plus que zarb. Il en est tout retourné, ne sachant quoi répondre, quelle réaction avoir. Jouer la carte du déni ? Ou gober tout ce qu'il lui balance ?

Il affiche donc une expression entre le choque et le bug sous les yeux de Takeo. Vite, il faut qu'il se ressaisisse ! Et il le fait. En éclatant de rire. A s'en faire mal au bide. Il pose même sa tête sur la table, les bras le cachant un peu, alors qu'il continue d'être secoué par son rire. Il n'en peut tout simplement plus ! Il lui faut plusieurs secondes pour s'en remettre, essayant même une petite larme à l'oeil pendant qu'il se redresse.

- Putain, j'ai pas ri comme ça depuis longtemps.

Il lui sourit avant de capter qu'en faite... Il était peut-être sérieux. Mais il ne le croit pas. Parce que cela fait des années qu'il habite ici, des années qu'il s'est dit qu'aucune étoile ne serait là pour lui. Qu'il n'en a peut-être jamais eu. Il fronce les sourcils, l'observant, soudain moins amusé qu'avant.

- Tu ne peux pas être sérieux. Je veux dire... Oui, je pense bien qu'il ait des étoiles, mais je ne vois pas pourquoi, à mon âge, j'en aurais une. C'est pas contre toi, mec, mais je pense que tu dois confondre. Peut-être avec un autre type qui est descendu du bus. C'est possible, non ?

Il se renfrogne, soudain embêté. Ce type peut-il être vraiment son étoile ? Non. Pourquoi ne se serait-il manifesté que maintenant ? A bientôt trente ans, on finit par ne plus être si dubidatif. C'est pourquoi il ne le croit pas. Il hesite même à lever son cul du siège et s'en aller, mais sa bière gratuite le retient. Et merde. Quelle journée de merde !

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A chaque son qui sort de ma bouche, je surveille l'attitude du garçon face à moi. Contre toute attente, il reste assez stoïque suite à mes propos. Enfin, en tout cas jusqu'à ce qu'il finisse par comprendre que je suis une étoile. A ce moment-là, il prend une toute autre expression, la bouche et les yeux grands ouverts. Visiblement il est complètement abasourdi. Je me suis lourdement trompé en pensant qu'il avait tout compris après avoir vu mon tatouage. Je suis en train d'ouvrir la bouche pour reprendre la parole quand finalement Iason fini par avoir une réaction. Une manière de réagir plus ou moins inattendu. Et cette fois-ci, c'est moi qui le regarde avec une expression de merlan frit.

Qu'est-ce qu'il a à se marrer ce crétin ? Anxieux et sur mes gardes, j'attends qu'il ne parle pour me fournir une explication sur son étrange fou rire. Une nouvelle fois, son attitude change. Ce n'est pas possible ce mec doit être bipolaire ou schizophrène. On est passé de la stupeur, aux rires et maintenant à la colère, le tout en seulement cinq petites minutes montre en main. Déjà, il semble croire aux étoiles, c'est un bon point pour moi. Mais de là à savoir s'il les apprécie ou non, c'est une autre histoire. Tout en l'écoutant, je me demande comment je vais pouvoir lui prouver notre lien. C’est vrai qu'il est légitime de se poser des questions, pourquoi lui et pourquoi maintenant, mais je n'ai pas de choses qui puissent prouver ce que je raconte.

- Je sais que c'est toi. Tu n'as rien ressenti au fond de toi en me voyant ? Normalement il y a un genre de... déclic. Moi je l'ai eu en te voyant tout à l'heure. Et puis, tu me demandes pourquoi maintenant, c'est tout simplement parce qu'on ne s'est jamais croisé avant. Je suis parti durant plusieurs années, alors on ne risquait pas d'être lié avant.

Je soupire, la serveuse frappe à la porte du box avant d'entrer pour déposer face à nous nos boissons. Je me redresse et lui chuchote à l'oreille que plus personne ne doit entrer ici jusqu'à ce que l'on parte. Celle-ci acquiesce avant de sortir en refermant bien derrière elle, se doutant légèrement de ce qu'il pourrait se passer. Je me rassois et boit une gorgée. Il a beau dire qu'il croit aux étoiles, ça ne veut pas dire pour autant qu'on lui a déjà prouvé leur existence. C'est comme croire en Dieu, on peut y croire et malgré tout un doute subsiste. Je dois au moins lui prouver cela avant de commencer. Je bois à nouveau une longue gorgée tout en réfléchissant. Devenir un loup devant lui semble être la meilleur option, mais je ne veux pas lui faire peur, et encore moins qu'il croit que je l'attaque. Et puis il y avait un autre problème de taille... Les vêtements.

Si je me change comme ça, mes vêtements vont partir en lambeaux et je n'en ai pas de rechange avec moi. Mais en même temps ça craint un peu de se déshabiller devant un mec qui doute déjà clairement de ma santé mentale. Je soupire, je n'ai pas le choix, il faut absolument me métamorphoser pour qu'il comprenne la situation actuelle. Je vais devoir être très rapide pour qu’il ne me voir pas à poil trop longtemps et surtout qu'il ne s'enfuit pas avant la fin.

- S'il te plait, reste calme je vais faire ça vite.

J'ai déjà fait ce genre de changement ultra rapide face à Liam. Il me disait toujours que ça me serait forcément utile un jour, il ne s'était pas trompé. Je suis loin de pouvoir faire comme Superman, à me changer dans une cabine téléphonique. Imaginez-vous croiser en plein centre-ville un loup qui ressort pépère de la cabine... Impensable, alors il avait fallu trouver une autre solution.

Aussi rapide que je puisse l'être, je commence à me déshabiller. Un minimum pudique, je fais tout de même en sorte qu'il ne voit pas mon entre jambe, préférant encore lui montré mon cul tout blanc. Puis à peine les vêtements à terre, la métamorphose commence, de longs poils blanc commençant à recouvrir mon corps. Je me laisse tomber à quatre pattes au sol, mes bras et mes jambes changeant de formes. Puis après deux minutes, je me mets face à lui, étant cette fois-ci dans le corps d'un loup. J'hésite puis lentement je m'approche de lui et frotte doucement ma tête contre son genou pour lui faire comprendre que malgré cette apparence je reste un humain avec ma conscience. Tout ce que je veux désormais, c'est qu'il réalise le lien qui nous uni, j'espère que sous cette forme il réussisse à avoir ce fameux déclic.

Takeo & Iason

Plus il y réfléchit, moins cela lui semble cohérent. Il a du mal à accepter l'idée des étoiles, même après avoir été agressé par l'une d'elle et les rumeurs qui circulent partout, à chaque coin de rue. Tout le monde parle des aliens, des zombies, des vampires, mais cela ne veut pas dire pour autant qu'ils existent ou qu'ils ont déjà foulé cette terre. Les dinosaures, c'est sûr, mais ils sont tous morts ou ont évolué en poulet. C'est beau l'évolution. Bref, il doute de l'identité de Takeo, ne voyant pas pour ce type pourrait être un être venu d'ailleurs alors qu'il lui semble si... humain. Canon à faire jalouser la plupart des stars, mais il a les pieds bien au sol. Il n'a rien qui ne sorte de l'ordinaire, sauf peut-être le cache-oeil, mais il n'a pas vraiment envie de savoir ce qu'il a à planquer dessous. Car souvent, ce n'est pas très folichon ni très joli.

Il le fixe d'un oeil suspicieux, réfléchissant à leur premier contact visuel. Il est vrai qu'il y a eu quelque chose qui a remué dans sa tête et son estomac, mais ça ne veut rien dire. Il n'a certes jamais eu ce genre de sentiment, mais il n'a probablement jamais rencontré de type comme lui, si imposant par son attitude que par sa vraie taille, ce qui expliquerait pourquoi il a été sous le choc de le voir. Rien à voir avec un possible lien d'étoile à humain, voyons.

La serveur entre après avoir frappée, déposant les boissons et, pendant que Takeo murmure des trucs à la demoiselle - sûrement un truc pas net vu qu'il ne veut pas se faire entendre - lui s'amuse à poser un pied sur son siège, l'air arrogeant et chiant. Il est toujours perturbé par les mensonges de l'autre, mais il n'est pas question qu'il le laisse le chambouler ! Du coup, dès que la dame part, lui, il se met en action et jette d'un ton taquin et moqueur :

- Le seul effet que tu m'as fais, c'est dans le pantalon que ça s'est passé.

Il montre d'un petit mouvement de doigt son entrejambe et lâche un petit ricanement. Au niveau maturité, il repassera. Mais ce n'est pas comme s'il cherche à être un adulte responsable et ennuyeux à mourir face à des marques de politesses. Ou être aussi coincé que le brun. Parce qu'il a l'air clairement d'avoir un balaie dans le cul. Peut-être devrait-il lui ordonner de péter un coup, ça le détendrait. Mais il risque d'essuyer un refus catégorique et d'être traité de pauvre con. Ouais, il devrait tenter son idée, quand même. Juste pour voir sa réaction.

Rester calme ? De quoi veut-il parler ? Iason se méfie, se crispe un peu, sachant que ce genre de phrase est synonyme d'emmerde. Il attend, dans l'angoisse, son instinct lui hurlant de mettre les voiles. Mais dès que Takeo commence à se déshabiller, il n'a déjà plus envie de filer. Bizarre, hein... Il le mate sans vergogne, notant qu'il a un joli fessier ferme et qui serait parfait à masser et à toucher... Miam ! Dommage qu'il ne peut pas voir le devant, le brun semblant trop pudique - vraiment ? alors qu'il se met à nu devant un inconnu ? c'est l'hôpital qui se fout de la charité ! - pour le lui montrer. Mais il passe de l'excitation, de l'émerveillement, à l'horreur. Des poils blancs, qui n'étaient pas là une seconde plus tôt, apparaissent sur le corps du plus vieux et le voilà qu'il est à quatre pattes, à changer de forme. Un superbe loup blanc à l'oeil plus doré que vert. Il est magnifique. Mais ne rassure pas Iason.

Qui a grimpé sur son siège pendant la transformation, le teint pâle et les yeux écarquillés. Maintenant, il regard la bestiole d'une lueur inquiète et se crispe au maximum quand elle approche de lui. Mais elle ne montre pas les crocs et n'a pas l'air terrifiante... Pire, elle vient frotter sa tête sur son genoux ! Est-ce qu'il rêve ? Il n'a même pas touché à sa bière, ça ne peut ni être bourré, ni drogué. Après tout, on ne sait jamais ce qu'on mettre dans les verres... Il tend un peu le bras et caresse la tête du loup, tremblant un peu.

- Nom des couilles d'un oiseau... Je me croirais en plein dans un film... Style... heu... Twilight. Ne me juge pas, je n'ai fais que regarder la bande annonce !

Non, en vrai, il s'est tapé tous les films. Parce qu'il en a eu marre que tout le monde dise que c'était de la merde sans qu'il ne sache pourquoi. Et les seules choses qu'il a apprécié dans le film, c'était les loups. Parce que c'était de gros trucs poils avec des dents, même si lui ne les aurait jamais appeler loup-garou. Et qu'il adore ça. Bref !

Il retire lentement sa main et il se dit qu'il a besoin d'un remontant. Il prend donc sa bière et la bois cul sec avant de la reposer sur la table. Il n'est toujours pas décidé à se réinstaller comme il faut, gardant ses genoux près de lui, comme bouclier. Dommage qu'il n'y ait pas de coussins... Il n'a toujours pas l'air très frait, encore un peu pâle, et regardant le toutou comme s'il allait finir par le mordre, mais un maigre sourire taquin tente de se glisser sur ses lèvres.

- T'es sûr d'être une étoile ? Parce qu'on pourrait juste croire que tu es un métamorphe... Ou un pseudo loup-garou... Mais on va dire que tu m'as convaincu sur ton état... D'étoile. Ah, en fait, beau cul.

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Bien trop stressé par ce que je comptais lui dire, j'ignore purement et simplement les conneries qu'il sort. De toute façon je ne loupe pas grand-chose à ce qu'il raconte. Rien de follement intéressant, surtout quand je vois certains gestes je me dis que c'est mieux de ne pas l'entendre. Et lorsque je me change, une nouvelle fois je préfère l'ignorer. De toute façon si je veux être rapide il vaut mieux que je ne l'écoute pas pour qu'il ne me perturbe pas. Du coup mon attention ne se reporte sur lui qu'une fois que j'ai mon apparence de loup. Et alors que j'ai pensé que le petit merdeux est un intrépide, il s’avère finalement que c'est… Un froussard. Je le regarde, perché la sur sa chaise se servant de ses jambes pour se protéger, ce qui est une idée assez stupide. Une pensée traverse d'ailleurs mon esprit, il va être compliqué de le maintenir en vie si tout ce qu'il trouve pour lui venir en aide c'est de donner ses jambes en pâture. J'ai juste envie de rire quand je vois son regard, j'ai presque l'impression que je suis un fantôme.

Proche de lui, je ne peux empêcher un grognement lorsque je l'entends parler de Twilight. Très franchement, ce film m'a bien pourri la vie. Liam n'avait pas cessé de se moquer de moi juste après la sortir du premier film. Certes il y a bien une légère ressemblance avec mon pouvoir, mais être comparé à ce film niais à souhait, c'est clairement vexant.Je pousse un petit soupire et m'assoit face à lui en l'observant. Lors de la métamorphose, mon cache œil est tombé laissant ma cicatrice apparente. Mais pour une fois, j'ai mieux à faire que de penser à ça. Quand je l'entends parler, je penche légèrement la tête sur le côté tout en continuant de l'observer. Je roule des yeux lorsque je l'entends. Petit merdeux. Bien sur que j'étais sur de ne pas être un loup garou. Couillon ça n'existe pas. Tu ne vas pas non plus me dire que tu crois aux vampires ? Fichu télévision qui liquéfie les cerveaux. Je lui donne un petit coup de museau pour montrer mon mécontentement, puis je m'éloigne de lui pour revenir plutôt vers mes habits. A nouveau, je me change rapidement pour revenir un humain, me cachant avec mes fringues. J'enfile vite mon boxer avant de me redresser, moins pudique en ce qui concerne le reste de mon corps musclé. Du coup qu'il matte à ce niveau là je m'en foutais un peu. Malgré tout je mets le reste de mes vêtements, ne commençant à boutonner ma chemise qu'une fois que je suis assis sur ma chaise, face à Iason.

- Je ne suis donc pas un loup garou, mais une étoile. TON étoile. Et en tant que telle, je peux te dire que regarder Twilight c'est vraiment craignos. Mais vraiment…

Je prends mon verre et boit une longue gorgée. Les changements expresses dans ce genre, c'est finalement tout aussi fatiguant que lorsque je tiens durant deux heures sous cette forme. Mais maintenant il n'aurait plus de doute sur le fait que je ne sois pas un humain, même s'il croit que je suis un foutu loup garou. Une fois ma chemise boutonnée pratiquement jusqu'en haut, j’attrape mon cache œil qui traîne par terre non loin de ma chaise et le mets par dessus la cicatrice qui barre ma paupière fermée. A cause de la métamorphose, je sens mon dos légèrement bloqué. Alors longuement je m'étire jusqu'à entendre un craquement qui me fait lâcher un petit soupire de plaisir.

- En tout cas, ne t'inquiètes pas, lorsque je suis en loup, je garde mon esprit. Je ne deviens pas une bête sauvage assoiffée de sang et prête à te becqueter. Sauf si tu me cherches vraiment.

Je souris doucement pour montrer que je ne fais que le taquiner. Vu la peur qu'il a eu après avoir autant fait le fier, ça aurait été dommage de ne pas en profiter un peu. Finalement ce petit merdeux semblait intéressant, et puis je me sens rassuré d'avoir une personne d'à peu près mon âge. Ma hantise était de tomber sur une personne bien trop jeune, avec qui ça aurait pu être bizarre de traîner, ou tout simplement d'avoir quelqu'un avec qui je ne m'entends pas. Mais bon, il semble si immature que c'était comme avoir un adolescent pour humain. J'espère juste que ce n'est pas un genre de tête brûlée casse-cou.

Je le regarde, posant mon coude sur la table avant de caler ma tête dans le creux de ma main. Une mèche de cheveux glisse doucement sur mon visage avant que je ne la remette derrière mon oreille avec le reste de ses copines.Est-ce qu'il a enfin ressenti quelque chose? Je soupire, légèrement désemparer puisque visiblement nous en sommes au même point qu'avant. Complètement déprimé, je finis par penser que je me suis peut être trompé de personne. Je commence à réfléchir, me remémorant brièvement la foule pour voir avec qui j'aurais pu le confondre. Mon œil se cale alors à nouveau dans les yeux de Iason.

A nouveau, la même sensation que tout à l'heure m'envahit, comme pour faire taire les doutes qui troublent mon esprit. Non je ne me suis pas trompé. Je sens parfaitement ce désir, ce besoin de le protéger au mépris de ma vie. Alors pourquoi est-ce que ce crétin ne ressent rien ? Est-il si immature que ça le rend finalement insensible ? J'ai très envie de lui donner un coup de pied, comme pour lui dire « réveille toi ! ». Et même si je sais que ce lien si particulier ne m’empêcherait pas de lui en mettre une, je n'ai pas non plus envie de le faire fuir. Comment savoir ce qu'il ressent ?

Takeo & Iason

Un loup. Grâce à ses connaissances des films fantastiques où les héro/méchants/personnages secondaires se transforment en bestiole, Iason est un minimum préparé. Un minimum. Car le voir en vrai est une autre chose, une expérience qu'il n'a jamais pensé expérimenter. Normalement, ce qui passe à la télé, dans des séries ou autres, reste là-dedans. C'est la règle, celle qu'il a toujours appliqué pour ne pas devenir parano et devoir regarder derrière lui dès qu'il sort ou qu'il change de pièce. A force de mater des films d'horreur, adorant les frissons et devenant de plus en plus chiant quant à regarder tel ou tel truc, il a dû faire un choix. Soit il croit tout et ne sort plus de son lit, soit il se dit clairement que rien n'est vrai. Tant qu'il n'y a pas marqué explicitement "HISTOIRE VRAIE", il se doit de ne pas être atteint. Sauf qu'à cause de Takeo, il risque de devoir changer son jugement, son mode de vie. Face à un type qui se dit étoile, qui est vrai vu son pouvoir, et qui se métamorphose en loup, il va devoir revoir la plupart de ses idées. Et ça lui fait déjà chier mentalement.

Il le fixe longuement, se tendant peu à peu face aux secondes qui s'étirent. Certes, il s'est tendu quand le canidé s'est amusé à grogner, mais le son n'a pas été trop long. Ils sont assis tous les deux, à se regarder sans vraiment bouger. Iason ne compte pas bouger, mais parler, il sait faire. Et face à sa petite blague, l'animal lui offre un coup de museau humide, le faisant rire, un peu. Mais il a remarqué un truc chez le loup qui ne devrait pas y avoir. Sa cicatrice. Celle qui se cache normalement sous le cache-oeil, exposé au grand jour, sous ses yeux curieux. C'est étrange, mais il a vu pire. Il a aussi ses blessures, mais dans une zone qui est cachée par des vêtements et il préfère ne pas imaginer quelle sensation ça doit avoir, sur la tronche. Qu'est-ce qui s'est passé pour qu'il l'ait obtenu ?

Zut. Takeo se transforme une nouvelle fois, reprenant la forme du noiraud nu qu'il était. Iason ne profite pas pour regarder, étonnement, reprenant juste une posture plus acceptable, les deux pieds au sol. Mais il ne peut pas s'empêcher de couler un oeil sur le torse musclé de l'étoile, qui reboutonne sa chemise après s'être assit. Il s'en mordrait les doigts s'il n'avait pas un minimum de dignité à conserver. Comment a fait ce type pour avoir des plaques de choco aussi appétissante ? Lui, il a déjà du mal à en avoir une, gardant un ventre plat. Probablement parce qu'il mange n'importe comment. Ca ne le rend pas moins jaloux. Mais il est déjà plus à l'aise avec le côté humain qu'animal et c'est radical.

Et c'est pourquoi la pique que lui balance Takeo sur l'idée qu'il regarde ZE film chiant et nul - même la fin où il devrait y avoir du sang, des morts et qu'il n'a en réalité que dalle ! - le fait tirer la tronche. Il ne voit pas ce qu'il y a de mal à vouloir à son tour dire que quelque chose est nulle, en connaissance de cause. Juste pour pouvoir cracher dessus et ne pas se faire clouer le bec par un fan trop zélé. Du coup, il se met en mode silencieux, préférant le fusiller du regard gentiment et note qu'il remet son cache-oeil. La cicatrice est de nouveau cachée. Et il n'aime pas ça. Il ne sait pas pourquoi, mais ça l'agace et ça l'irrite, tout en sachant que c'est idiot. Il fait ce qu'il veut, après tout ! Mais lui, il aurait adoré contempler ce semblable dans la douleur, même si le brun ne sait pas qu'il a des blessures, comme lui.

Ce type le taquine ?! Non, mais d'où ! Par réponse, il tire la langue, dans une attitude de gamin, montrant qu'il a celle-ci légèrement coupée au bout, dans une ressemblance très faible de celle d'un serpent. Pendant que l'idiot se met à son aise, jouant avec ses cheveux, Iason lui rend son regard. Être fixé si intensément, sans savoir à quoi pense l'autre, l'embête et il finit par se lever pour contourner la table. Il se place ensuite face à Takeo et place un doigt sur son front, cherchant à le pousser à sa seule force. Sans y mettre tous les moyens.

- Déjà, je n'ai fais que regarder la bande annonce. Ensuite, je suis sensé ressentir quoi face à mon étoile, au juste ? Parce que t'as peut-être été conditionné pour le savoir, mais pas moi.

Il soupire avant de s'asseoir sur ses genoux, sans gêne. Il regarde son visage, cherchant à voir s'il ressent quelque chose. Il farfouille un peu dans le charabia de ses pensés, triant les trucs inutiles comme sa jolie tronche, et finit par trouver un sentiment qui n'est pas sensé être là, qui n'a pas sa place dans sa caboche. Il remarque qu'il se sent trop à l'aise avec lui, qu'il a envie de le côtoyer, de le connaître... Et pire que tout, se confier. Lui balancer toute sa vie de merde, qu'il lui dise qu'il a pas raté, qu'il fait bien de se battre pour voir les trois morpions qui font sa fierté. Merde.

Il se redresse vivement, s'écartant comme s'il avait la peste, mais il ne retourne pas s'asseoir, préférant rester près de la sortie, les bras croisées contre son torse. Il ne doit pas lui dire ce qu'il a ressenti. Faire semblant de ne pas comprendre. Il n'est pas question qu'il se fie à ce type qu'il vient à peine de rencontre !

- Bon, écoute, j'ai eu une dure journée, ok ? Il faut que j'aille m'occuper... Vite, une idée ! De mes plantes vertes. Il faut que je rentre.

Putain ! Il ne pouvait pas trouver une meilleure excuse, non ? Il est grillé à trois kilomètres ! Surtout qu'il ne possède pas de plantes ; elles meurent toutes avec lui parce qu'il oublie de les nourrir. Il n'a décidément pas la main verte...

Dans tous les cas, il amorce un mouvement en direction de la porte, bien décidé à l'emprunter et à se barrer de ce bar. Il y reviendra sûrement, la bière étant bonne... Mais sans Takeo dans les pattes !

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Comme je l'ai déjà remarqué, les expressions de Iason sont multiples et vraiment très simple à comprendre. C'est grâce à cela que je remarque que le garçon est bien plus à l'aise face à moi plutôt que face au loup. Mais pourtant, rien ne me montre s'il réagit au fait que je sois son étoile. Il doit juste être trop crétin pour s'en rendre compte.

Je soupire longuement quand je le vois tirer la langue vers moi. Un gosse. Pourquoi me réjouir de ne pas être lié à un ado alors que je dois me coltiner un môme dans un corps d'adulte. Je grommelle quand il me pousse le front avec son doigt. Tout ce que j'ai envie de faire, c'est de relever la tête pour prendre son index entre mes dents afin de le mordre. Rien à voir avec mon côté « loup » carnivore, uniquement le fait que c'est très tentant de le taquiner.

- Que la bande annonce, hein ? J'ai quelques doutes, mais bon.

Je souris doucement continuant finalement l'embêter. J'avais vu le tout premier film à cause d'une de mes ex-petite amie, mais en voyant ce qu'il avait fait des loups garous, j'avais refusé de voir la suite de la série. Je ne comprends toujours pas l'engouement qu'il y a pour ce film, cela me dépasse. C'était franchement niais à souhait sans réel histoire… Et puis la fin, un fausse fin franchement comment ne pas être dégoutté.

Comment lui expliqué ce qu'il devrait normalement ressentir alors que moi-même je ne le sais pas. Nous les étoiles, nous devons protéger les humains, alors forcément on ressent un sentiment bien particulier. Mais vis à vis de nous, que doivent faire les Hommes après tout ? Comme ils n'ont pas à nous protéger, ils n'ont pas forcément les mêmes sensations en voyant une étoile.

- Je ne sais pas si on est conditionné à ressentir un truc et si c'est pareil ou non pour vous. Personnellement j'ai eu l'impression de te voir plus clairement que toutes les autres personnes. Une chaleur a envahit mon corps, et une envie irrésistible de te protéger. Je sais que ça sonne très cucul, mais je ne vois pas comment te l'expliquer autrement. Tout ce que je sais, c'est que désormais ma vie est liée à la tienne.

A peine ai-je fini de parler, que le garçon se redresse pour se diriger vers la porte coulissante du box. J’écarquille mon œil et me redresse aussi en reposant mon verre sur la table. Je viens vers lui, n'écoutant pas réellement ces fausses excuses, assez pitoyable d'ailleurs. J'amorce un geste pour le retenir, mais rien ne veut sortir de ma bouche, alors quel intérêt d’attraper son bras ? Je me contente donc d’acquiescer et de me rendre au bar pour payer les consommations. Je ne voulais pas le laisser partir, j'avais envie de discuter avec lui. Que l'on puisse bien s'entendre et qu'une relation amicale se mette en place entre nous. Mais l'humain doit être chamboulé par tout ça, il lui faut sûrement du temps pour digérer tout ce qu'il vient d'apprendre.

Je soupire, contraint à accepter la situation. Sans rien dire finalement, je sors du bar non loin de Iason. Visiblement il est très pressé de partir, à tel point qu'il traverse la route sans réellement faire attention à ce qu'il se passe autour de lui. Pourtant, quelque chose s'anime en moi. Je sens le danger, je stresse instantanément sans réellement comprendre ce qu'il se passe. Partant dans une autre direction de Iason, je lui jette un dernier coup d’œil. C'est alors que je remarque une voiture arrivant très rapidement qui n'a visiblement pas vu le merdeux qui traverse.

Sans réfléchir, mon corps bouge instantanément. Je cours rapidement vers le garçon aux cheveux verts, et le tire en arrière pour que la voiture ne vienne pas le percuter. Je chute sur le trottoir, atterrissant sur mes fesses alors que Iason retombe entre mes jambes. Je grimace un peu en m'appuyant sur mes mains pour me relever, j'ai sûrement du me fouler le poignet. Mais je cache rapidement cela pour ne pas inquièter le garçon, même si j'ai un doute qu'il connaisse réellement ce sentiment.

- Est-ce que ça va ?

Je me redresse, l'aidant au passage alors que je cache mon poignet qui enfle déjà. Je vérifie en un coup d'oeil que Iason n'a pas été blessé, pas de dégâts en vue c'est le principal.

- Fais attention à toi en rentrant, ok ?

Je lui souris, tapotant doucement sur sa tête comme on aurait pu le faire avec un gamin. Puis sans trop le laisser répondre, je reprends ma route pour ne pas le déranger plus longtemps. Je soupire en espérant que la blessure de mon poignet passera vite, je vais sûrement devoir annuler quelques jours de rendez-vous.

Takeo & Iason

Il ne veut rien entendre, rien savoir, rien avoir à faire avec Takeo, aussi sympathique soit-il. Ce n'est pas qu'il n'a pas envie d'avoir d'étoile, mais il en a tellement rêvé étant ado - vu qu'il a choisi cet endroit pour ça, en vrai - qu'il a du mal à accepter la réalité. Celle-ci du moins. Celle d'avoir probablement un lien avec ce type, une sorte de fil rouge invisible qui les relie aussi sûrement que deux amoureux. Sauf que la connexion ne serait pas aussi... Romantique. C'est juste un humain et son étoile. Mais il préfère se dire que ce n'est qu'une mauvaise blague. Qu'on essaye de le berner. Et ce même si sa propre âme fait de petit bon dans son corps quand il pose ses yeux sur le brun.

Il ne le regarde pas, préférant éviter d'avoir inutilement mal. Parce qu'il sait qu'une fois que leur chemin se séparerait, ils ne se reverraient probablement pas. La ville est grande et il n'est pas sûr de vouloir le revoir. Il serait capable d'emprunter un autre chemin pour ne pas le recroiser ! Un vrai débile. Il sort donc du bar, marchant vite, gardant un minimum de dignité et ne pas courir. Il n'est pas question qu'il montre un semblant de précipitation ! Sauf que son pas est trop rapide pour qu'on ne le remarque pas. Il ne se retourne pas, déterminé à s'éloigner. Et il traverse donc la route sans même faire attention, les oreilles bouchées et les yeux observant le vide.

C'est là que sa tête se tourne légèrement et qu'il remarque la voiture. Le véhicule qui fonce sur lui, près à l'écraser, le conducteur sur son téléphone portable. Il écarquille les yeux, son souffle se coupant alors qu'il lui semble devenir lourd, tellement lourd ! Merde. Il va... Crever comme ça ? Percuté par un connard qui ne regarde pas la route ? Il peut évidemment parler, lui, qui traverse sans faire gaffe, mais il n'y a jamais qu'un fautif, n'est-ce pas ? Lui a l'impression de voir sa vie défiler devant ses yeux, voyant les trois mômes qu'il aurait dû revoir dans quatre jours dans sa tête. Ces mêmes gamins qu'il s'est promis de récupérer et de protéger. Il ne le pourra jamais, en fait. Et c'est ça qui le désole...

Il se sent tiré en arrière, percutant un torse solide et se retrouvant au sol, toujours dessus. Il a mal et grommelle légèrement. Il teste un peu ses bras, frotte un peu sa tête, puis se redresse légèrement pour voir son sauveur. Et là, il rencontre un oeil vert qui le fixe en retour. Il avale sa salive et reste par terre, peu sûr de pouvoir rester sur ses jambes sans une petite pause. Il a la tête penchée, mais son regard est toujours posé sur Takeo. Takeo qui est venu à son secourt. Et qui aurait pu se faire bien plus mal, à cause de lui. Il grimace, tremblant de rage, se maudissant un instant avant de sursauter face à sa question. Si ça allait ? Il a l'air d'aller bien ? En fait, physiquement, il n'a que une à deux égratignures, rien de folichon, mais mentalement, il est secoué. C'est pourtant d'un ton à peu près sûr qu'il répond :

- ça va, ça va... Je maudis juste ce con de conducteur qui n'a même pas remarqué qu'il a failli écrasé quelqu'un... Il ne s'est même arrêté !

Il grimace un peu, mais il accepte l'aide offerte. Il se dépoussière ensuite les vêtements, grommelant sur une déchirure qui n'était pas là avant et soupire. Avant de cligner des yeux quand une main se dépose sur sa tête pour la lui tapoter. Il redresse le regard et le fixe. De nouveau cette sensation. Dès qu'il le voit, c'est pareil. Il y a quelque chose qui se tortille dans son ventre, dans sa tête, qui sonne l'alarme et qui hurle à plein poumon. Et il l'écoute, cette fois. Du moins, il essaye. Et quand il voit Takeo se détourne et s'éloigne, il serre les poings une nouvelle fois. Va-t-il le laisser partir, là, comme ça ? Il n'a même pas pensé à le remercier de l'avoir sauvé ! Il devrait faire un effort, quand même, mais il n'est pas le genre de type à courir après un autre pour tenter de continuer la discutions....

Oh, et puis merde ! Il s'élance et le rattrape. Il lui attrape le poignet de la main qui a osé le toucher et le tourne de force pour qu'il lui fasse face. Il le foudroie du regard, le défiant de dire quoique ce soit, et il ne sait même pas pourquoi il est si énervé après l'étoile.

- J'ai... Senti un truc, là. T'es le seul à m'avoir fait ressentir ce machin, alors tu te barres pas comme ça !

Il a haussé le ton. Il ne sait pas ce qui lui prend, il tremble face à son incapacité, mais il se force à relâcher Takeo avant de lui faire mal ; même s'il doute de pouvoir lui faire une quelconque douleur. Il soupire profondément, s'offrant quelque seconde pour se calmer, et il finit par se jeter à l'eau, le fixant droit dans les yeux.

- Merci... D'être venu à mon aide. J'aurais dû regarder avant de traverser... Je ne t'ai même pas demandé comme tu allais, toi... Ca va ?

Il cherche à l'examiner, à la recherche d'une blessure, une éraflure. Il ne remarque pas tout de suite le poignet mal au point, l'étoile la cachant plutôt bien, mais il finit par la remarquer. Et il s'assombrit un peu. C'est sa faute, après tout.

- Ta main... A moins qu'elle ait toujours été si grosse, elle a l'air d'avoir pris un sacré coup... Tu devrais aller la faire consulter. Ah. Et... File-moi ton numéro. Je ne partirais pas sans !

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J'avais bien vu que Iason était un peu à la rue avec le surplus d'informations. Mais je n'ai pas insisté pour le ramener afin qu'il digère tout cela seul. Je n'ai pas non plus cherché à savoir son numéro de téléphone, ou une autre information qui me permettrait de le retrouver. Je me dis qu'il finira sûrement par reprendre ce bus ou que le destin jouera une nouvelle fois en ma faveur. Et si vraiment rien ne fonctionne, alors je n'aurais qu'à me métamorphoser en loup afin de flairer son odeur pour le retrouver. C’est pour ça que je choisis de le laisser partir seul alors qu'il m'ignore totalement.

Pourtant à peine l'ai-je quitté des yeux qu'il fait déjà n'importe quoi, ça n'avait rien de franchement rassurant pour l'avenir. Ou alors, c'est le destin qui me file un coup de pouce pour pouvoir le convaincre de toute cette histoire. Dans tous les cas, je suis soulagé de constater qu'il n'a rien de grave. Je souris en l'entendant rouspéter contre le chauffeur de la voiture. S'il a encore la force de râler, c'est que tout va bien pour lui, et c'est le principal. Je décide de le laisser là, sachant que cette fois-ci il serait nettement plus prudent sur le chemin du retour. Il n'est pas assez idiot pour risquer de se faire écraser une seconde fois, même si la première n'était pas complètement de sa faute. Mais contre toute attente, à peine ai-je fait deux pas, qu'une main attrape mon poignet valide, me forçant à m'arrêter. Surprit je me retourne et tombe nez à nez avec le gars aux cheveux verts. Je souris en l'entendant me remercier. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais je sens que je dois chérir ce moment. Les "merci" qui doivent sortir de sa bouche sont sûrement assez rares, tout du moins c'est l'impression qu'il laisse paraitre. Et puis encore une fois je suis surpris par ce garçon qui me demande si je vais bien. Moi qui le pensais imbu de lui-même et pas du tout du style à s'inquiéter pour les autres. Pour dire vrai, je l'avais même imaginé me planter là après m'avoir dit "je ne vais pas te remercier puisqu'après tout c'est ton boulot d'étoile.". Mais non, encore une fois j'ai tout faux. Il est à l'opposé de la première impression que j'ai eu de lui, ce qui me fait légèrement sourire. Peut-être que finalement il ne me déteste pas.

- Oui ça va, je n'ai pas eu de dégâts.

Mais à peine j'ai fini ma phrase que Iason remarque l'état de mon poignet gonflé. Je soupire doucement en me disant que j'aurais préféré qu'il ne remarque rien et garde une image plutôt héroïque de moi, le genre indestructible. Ouais, c'est plutôt con. Surtout qu'il n'a plus vraiment dix ans. Mais je veux qu'il air confiance en moi, et surtout qu'il sache qu'il peut compter sur mon aide quoi qu'il arrive. Je grommelle un peu, comme un petit garçon prit sur le fait puis je lui montre mon poignet endoloris. L'espace d'un instant j'hésite à lui mentir, lui dire que les étoiles sont si magique qu'elles guérissent seules. Alors que ce n'est pas vrai du tout. Mais je me ravise rapidement, il serait capable de vouloir me blesser pour que je prouve ce que je raconte, et bien sûr ça je n'en étais pas capable. De toute façon, je ne souhaite pas lui mentir. Je ne vais pas risque de perdre bêtement sa confiance. Du coup je me contente de hausser les épaules.

- J'ai dû me fouler le poignet en retombant, j'ai voulu amortir la chute avec ma main. C'était un peu con, je l'avoue. Mais ça va le faire, je vais passer à la pharmacie pour me ravitailler en bandage et puis ça ira.

Surprit, mais assez heureux, j'acquiesce à son "ordre" et rapidement je lui donne mon numéro. Plutôt que de m'embêter à lui dicter, je lui tends directement la carte de visite de mon salon de tatouage avec l'adresse, le numéro de téléphone fixe et celui de mon téléphone portable.

Intérieurement je remercie le destin qui a sûrement fait en sorte que tout cela se produise. Grâce à ce chauffard Iason avait fini par comprendre notre lien et surtout il avait l'air d'avoir eu ce fameux déclic. Et si désormais il me demande mon numéro de téléphone, c'est surement pour pouvoir me contacter plus tard. Je jette un coup d'œil derrière lui, remarquant une pharmacie ouverte avec son nom en train de clignoter. Même si j'aimerai réellement rester avec lui, je dois aussi rendre visite à Liam. Mon œil se pose à nouveau sur le garçon aux cheveux verts.

- Appelle moi quand tu veux, que ce soit pour boire un verre, manger ou n'importe quoi d'autre. Je vais aller à la pharmacie là-bas pour prendre ce qu'il me faut et ensuite je dois... rendre visite à un ami. J'étais à l'arrêt de bus pour ça au départ.

Je lui adresse un sourire avant de faire un rapide signe de main pour lui dire au revoir. J'aurais aimé le présenter à Liam, mais Iason allait surement me prendre pour un taré de l'emmener sur la tombe de mon ami. Alors je préfère laisser faire le destin, sachant que l'on se reverra surement bientôt. Me rendant à la pharmacie, je m'arrête à mi-chemin pour regarder la devanture d'un fleuriste. A chaque fois que j'allais sur sa tombe, j'y restais quelques heures à nettoyer, lui parler et je repartais en laissant quelques fleurs. Aujourd'hui cela fait un an qu'il est décédé, mais j'ai peur qu'en lui emmenant des fleurs, cela donne l'illusion que je fête son départ. Je soupire en me disant que c'est vraiment con de penser ainsi, puis j'entre dans la boutique pour prendre un bouquet de lys blanches.

Takeo & Iason

Il ne se traite d'idiot qu'une seule seconde, sachant que son incompétence, celle qui a failli lui coûter la vie tout de même, a tout de même fait en sorte qu'ils ne se quittent pas sur une note froide, sans moyen de pouvoir communiquer ni de se voir. Oh, il aurait pu tenter de recroiser, au niveau du bus par exemple, ou de ce bar, mais il déteste ne jouer qu'avec de la chance et le hasard. Cela lui a pris bien dix ans avant de le rencontrer, après tout, il aurait été stupide de ne pas tenter de forcer le destin par un petit coup de pouce magique ; le téléphone. Objet qu'il a tendance à ne pas utiliser, de peur de voir un appel en absence de la part de ses parents, qui ne l'ont plus contacté depuis qu'il a pris les mômes avec lui. Probablement n'arrivent-ils pas à comprendre son acte et qu'ils ne lui pardonnent pas.

Le voilà rassuré. Taeko lui explique qu'il s'est foulé le poignet, que ce n'est pas trop grave, mais qu'il irait tout de même à la pharmacie pour trouver de quoi se soigner un minimum. Peu après, il lui offre sa carte, qu'il observe avec curiosité. Un salon de tatouage ? Pourquoi pas. Il aime les dessins sur le corps, les découvrir sur les autres et, quand il en a l'autorisation, pouvoir les toucher. Il trouve que la texture est différente, mais ce n'est peut-être qu'une illusion, son esprit lui faisant croire à une différence alors qu'il n'en a pas.

Il range soigneusement la carte dans sa poche arrière pour ne pas la perdre. Quand il rentrera chez lui, il s'amusera probablement à ajouter le numéro à ses contacts. Mais quand l’appellera-t-il ? Bonne question. Pas le lendemain pour ne pas paraître accro, mais pas trop longtemps non plus pour éviter de se faire oublier. Peut-être une semaine ou deux...

Il lui sourit un peu, sa bonne humeur retrouvée, même s'il donne l'impression d'être un vilain garnement, avec sa tête. Et il n'a malheureusement pas sa langue dans sa poche, ouvrant sa bouche pour répondre aux paroles de Takeo sur la possibilité de l'appeler quand il le voulait :

- Ne dis pas des choses que tu pourrais regretter plus tard. Je vais être tenté de t'appeler à minuit, après !

Il rit légèrement, mais le laisse partir. Ou du moins, il le regarde filer. Il hésite à aller le suivre, mais cette fois, il n'en fait rien. Probablement parce qu'il a déjà trop abusé de ce type. Il n'aura qu'à le contacter s'il a l'envie de le revoir. Et ça lui offre le baume au coeur, hoche la tête, seul, tout content de l'idée. Mais il finit par se détourner, le laissant rentrer dans une boutique avant celle de la pharmacie, et il s'éloigne de son côté. Cette fois, il fait attention avant de traverser, préférant éviter de se retrouver dans une situation dangereuse. Car il doute que son étoile sera là pour le sauver, cette fois-ci. Il rit intérieurement de cette idée, la trouvant idiote et drôle... Compter sur quelqu'un pour le sortir de la mouise... Mouais. Non. Il préfère le voir comme un potentiel ami, pas comme un protecteur. Il ne veut compter sur personne pour s'éloigner des problèmes, même s'il a tendance à y foncer la tête baissée...

Tiens, peut-être qu'une fois qu'ils se connaîtront un peu plus, il l'amènera voir les trois petits monstres qui font sa petite fierté ? Peut-être. On verra. Il s'en va chez lui, se prendre une bonne douche... Et ensuite, manger et dodo ! Parce que c'est crevant de bosser, de rencontrer son étoile et se faire sauver par celle-ci. La prochaine fois, c'est lui qui la sauvera...

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