Hush, hush, hush, baby ~ [Hope Azayami/Terminée 8D]

Hope Azayami ne serait pas ce que l'on pourrait appeler une jolie fille. Du moins, elle pourrait l'être, si elle accordait une quelconque importance à son physique. Après toutes ses années, son visage avait gardé des traits fins et un air bien innocent, contrastant violemment avec la froideur de ses yeux, aussi noir que la cendre. Ces cheveux sont de la même couleur et ondulent sur ses épaules. Hope est plutôt grande, dépassant de peu le mètre soixante-dix, et très mince dût a son manque d'alimentation ces dernières années bien qu'elle possède certaines formes plutôt avantageuses. Cependant, elle ne porte que des vêtements larges parce qu'elle a honte. Honte de son corps, honte de ce qu'elle en a fait. Son corps est d'ailleurs teinté de nombreux bleus et parsemé de quelques cicatrices qu'elle doit à ses clients les plus extravagants. Ces blessures ressortent d'autant plus à cause de la pâleur extrême de sa peau.

Dire que Hope avait développé un caractère complexe serait un bien doux euphémisme. Plus jeune, elle aurait pu être décrite en trois mots -joyeuse, innocente et insouciante- mais elle avait grandi depuis. Les années amenèrent leur lot de problèmes, et quelques mots ne furent plus suffisants. C'est une personne renfermée, puisque blessée. Il n'est pas nécessaire de dire que, à cause de son passé, Hope a perdu toute confiance en l'humanité. Si elle redoute la simple présence d'un homme dans son environnement, elle refuse catégoriquement tout contact physique avec le monde qui l'entoure. Rien qu'un frôlement de bras suffit à lui faire perdre ses moyens et la crisper. Elle se fige et est alors incapable de prononcer quelque chose de cohérent, tous ses souvenirs remontant à la surface.
Cependant, Hope n'est pas une personne particulièrement méchante. Le traitement qu'elle a reçu l'a rendu incapable de blesser quelqu'un, et ce peu importe la situation.
De plus, il n'est pas impossible de voir un sourire naître sur ses lèvres ou même d'entendre un éclat de rire de sa part, bien que ce soit très rare.
Enfin, s'il y avait un mot qui pourrait symboliser Hope, ce serait sans aucun doute cultivée. Bien qu'elle ait été obligée d'arrêter l'école lorsqu'elle était encore jeune, elle n'a jamais cessé de se rendre à la bibliothèque et d'emprunter un livre afin d'oublier ses propres problèmes. Elle pouvait alors s'évader, si elle lisait un roman fantastique, ou alors occuper son esprit en parcourant une encyclopédie.

Hope Azayami avait eu une enfance heureuse. Des parents gentils et aimants, une mère protectrice et un père qui la faisait rire. Leur famille ne se composait que d'eux trois, et elle n'était pas parfaite, loin de là, mais ça leur était suffisant. Ils n'étaient pas riches, louant un simple appartement dans une banlieue suffisamment éloignée de la ville pour rentrer dans leur budget. Ils ne partaient jamais en vacances, mais passaient leurs journées de libre ensemble, à se promener dans les rues bondées alors que le soleil leur brûlait le dos.
Et puis un jour, cette vie parfaite se fissura, avant d'être détruite en milles morceaux. Ses parents avaient eu un accident et étaient morts, ne laissant rien derrière eux si ce n'est leur fille. Hope cru voir son monde s'écrouler autour d'elle. Même dans ses pires cauchemars elle n'avait jamais osé imaginer un futur sans sa famille. Après des semaines à avoir pleurer, et des mois à avoir cherché de la famille chez qui habiter, elle s'était rendue à l'évidence. Elle était seule.
Elle fut conduite dans un orphelinat, dans lequel elle ne parvint pas à retrouver un semblant de bonheur, et ce malgré la bonne ambiance qui y régnait. Personne ne voulait d'une gamine de 14 qui ne s'intéressait à rien ni personne.
Hope se rendit vite compte, après quelques jours, que ce refuge n'était pas un endroit dans lequel elle pourrait grandir et s'épanouir. Le jour de ses 16 ans fut celui qui bouleversa sa vie un peu plus. Mme Campbell, qui avait jusque là semblé attentionnée et aux petits soins pour Hope, la convoqua afin de lui annoncer qu'elle avait pris une décision. Aussi dur que cela pouvait paraître, il était temps pour Hope de se soustraire à leur emprise et de voler de ses propres ailes. Elle acquiesça silencieusement alors qu'elle fut raccompagnée jusqu'à son dortoir et fit priée de prendre ses affaires immédiatement. C'est ainsi qu'elle se retrouva de nouveau seule, cette fois sans endroit où dormir et, bien qu'elle chercha ardemment un petit emploi afin de se trouver un toit, elle ne parvint pas à se faire embaucher.
Si la vie à l'orphelinat n'était pas le paradis, la vie dans la rue n'était pas très loin de l'enfer. Hope était constamment terrorisée par son environnement et ne pouvait se résoudre à dormir correctement principalement dût à cette peur. Elle ne pouvait s'empêcher de sursauter au moindre murmure, et ce fut l'une des raisons pour laquelle elle mit un certain temps à trouver un endroit où elle ne se sentait pas excessivement en danger.
Après la peur, arriva la faim. Son ventre hurlait nuit et jour, sa bouche se faisait pâteuse, et elle se sentait partir un peu plus à chaque minute. Bien évidemment, il arrivait que l'on ait pitié d'elle et lui offre gracieusement un morceau de pain ou une bouteille d'eau, mais ce n'était jamais suffisant. Il y avait cependant un point qu'elle ne pouvait nier, la cohésion entre les habitants de la rue. Hope partageait son impasse avec deux autres femmes. L'une semblait être de son âge alors que l'autre paraissait approcher de la trentaine. Chaque soir, ces deux femmes disparaissaient pour quelques heures avant de réapparaître, le sourire aux lèvres et leurs estomacs ne protestant plus.
Hope finit par craquer, et posa la question fatidique.

"Comment faites vous ?"

Elles lui avaient jeté un coup d'œil puis s'étaient regardé pendant une seconde, avant que l'une d'entre elles, la plus âgée, ne prenne la parole. Elle lui expliqua tout. Comment elles avaient découvert celui qui se faisait appeler Dusk, ce qu'il faisait pour elles. Elle eu un peu plus de mal à aborder le sujet principal, mais y parvint finalement. Tous les soirs, elles le rejoignaient et tous les soirs, elles devaient plaire. Pas à lui, bien sûr que non, à leurs clients. Bien que Dusk insiste pour récupérer 70% de leurs rémunération, ce qu'elles se refusaient à appeler leur travail leur permettait de se nourrir chaque jour.
Hope hésita longtemps, très longtemps. Cela faisait maintenant quatre mois qu'elle n'avait pas eu un vrai repas, et l'idée d'une simple soupe chaude la poussa à se lever un soir, alors que ses nouvelles collègues s'apprêtaient à partir.

"Je vous accompagne." avait-elle murmuré, d'une voix légèrement tremblotante et remplie de doutes.

Elle perdu sa virginité ce soir là, dans une ambiance bien différente de ce qu'elle avait espéré. Et, malgré ce qu'elle pensait au début, la situation ne s'améliora pas en évoluant. On la payait de plus en plus cher, mais elle se devait de serrer les dents à certains actes de ses clients. Elle souffrait de plus en plus, aussi bien physiquement que mentalement. Elle en était arrivée à un point où elle se dégoûtait elle-même. Alors, après deux ans, elle arrêta de se lever. La plus jeune -dont le pseudonyme était Sparkles- posa sa main sur son épaule et essaya de la retenir. Hope se crispa tout d'abord, un frisson parcourant son dos lorsque le contact entre les deux filles se fit. Elle ne pût s'empêcher de repenser à tous ces hommes qui l'avaient touché, qui avait profité d'elle. Elle se rappela toutes ses fois où elle avait pleuré, où elle s'était débattu mais n'avait pas réussi à les faire arrêter. Avec un geste de dégoût, elle se décala, secouant faiblement la tête avant de s'enfuir sans un mot. Elle vagabonda dans les rues de sa ville natale telle une âme en peine, puisque c'était ce qu'elle était devenue.
C'est ainsi qu'elle entendu parler d'une ville pas trop éloignée de l'endroit qui l'avait vu grandir, mais assez loin pour que personne ne la connaisse là-bas. Elle prit sa décision en quelques secondes et, avant qu'elle n'ait pu changer d'avis, trouva un moyen de partir pour Hoshikami. Sans un regard derrière elle, sans une pensée pour ce qu'elle quittait, elle se promit de ne pas refaire les même erreurs, de se prendre en main dorénavant.