Carte d'identité Occupation: J'sais pas. Nationalité: Japonaise - ex-américain Lié à: Benjamin Siruis
Sujet: Retrouvaille - Zakk' Dim 6 Mar - 22:52
-Zakkarian...
Neuf ans. Neuf ans déjà. Cela faisait neuf ans que je ne l'avais pas vu. Ce petit bout adorable qui venait toquer tous les jours à ma porte pour venir jouer avec moi. Une petite chose qui répondrait au doux nom de Zakkarian. J'avais toujours en tête l'image de ce petit garçon qui me manquait terriblement. Mon ami. Mon seul véritable ami. Il avait toujours été là pour moi. Ses lettres ont toujours été là. Même s'il n'était pas physiquement là, il était bien plus présent que n'importe qui pour moi. Et ça, c'était tellement important pour moi. Mais depuis quelques mois, plus une seule nouvelle. Je dois dire que ça m'inquiète. Déjà, ses lettres ont évolué. Plus courtes. Plus vides. Plus superficielles. Ça m'a ennuyé. Mais je n'ai rien laissé paraître. J'étais bien trop heureux de pouvoir continuer cette conversation, vitale à mes yeux. Sauf qu'à présent, je n'avais plus rien. Plus rien à part une adresse. Ici, au Japon. C'est bien pour cela que j'étais venu là, dans ce pays dont j'avais vaguement appris la langue. Pour le retrouver. Certains diront que c'est stupide. D'autres que c'est d'un romantisme fou. Tout ça, je n'en avais rien à faire. C'était juste lui que je voulais voir. C'est pour cette raison que je n'ai pas tardé à chercher l'emplacement de son appartement. A le trouver. Et à le rejoindre. C'est bien pour cela que j'étais devant la porte, à attendre, après avoir toqué. Et finalement, elle s'ouvre. Et je le vois.
-Zakkarian ? C'est toi... ?
Je ne l'imaginais pas du tout comme ça, je dois dire. Des cheveux violets avec des racines plus qu'apparentent. Des fringues qui font négligées. Mais ses yeux... Ses yeux. Oui, c'est forcément lui. Je me souviens de ces yeux verts transcendants. Et cet air... Cet air blasé... Tellement loin du gamin souriant dont je me souviens. J'avais terriblement envie de le prendre tout contre moi. De le câliner à n'en plus plus finir. De le protéger. Comme quand nous étions gamins.
-C'est Aaron...
Au cas où il ne se souviendrait pas de moi. Qu'il ne me resituerait pas. Mais j'avais bon espoir qu'il se souvienne de moi. Malgré tout. Je l'espérai fortement. J'avais... besoin qu'il se rappelle de moi. Vraiment.
-Je... Bonjour...
Je ne savais plus quoi dire. Qu'est-ce qu'on dit dans un moment pareil ? Tu fais quoi ? Tu deviens quoi ? C'était tellement bateau. Je n'étais pas du tout inspiré. C'était beaucoup, beaucoup plus simple de parler par écrire et par lettre qu'en face à face. Je ne m'étais pas préparer à cela, et j'aurais dû. Vraiment. J'aurais dû.
-...Ca va ?
Plus nul que ça, tu meurs. J'aurais adoré pouvoir fondre et disparaître en cet instant.
Invité
Sujet: Re: Retrouvaille - Zakk' Lun 7 Mar - 10:43
Retrouvailles #Aaron
Quelqu’un sonne à la porte. Tu ne peux pas t’empêcher de soupirer en avisant l’heure sur ton Iphone, te demandant qui peut bien te déranger à cette heure-ci. Peut-être ta vieille voisine de pallier qui a encore perdu Minouche. Ou le représentant d’une quelconque marque ou d’une secte cherchant à t’appâter. Tu te lèves de ton lit avec flegme, ne te pressant pas pour aller ouvrir la porte d’entrée. C’est déjà même un exploit que tu sortes de ton lit pour ce genre de chose, le facteur laissant généralement tes colis et tes lettres sur ton paillasson.
« Zakkarian ? C’est toi ? » Non, c’est le père Noel.
Tu le penses très fort lorsqu’en ouvrant la porte, tu tombes sur un homme certainement plus âgé que toi. Ses prunelles anis te disent légèrement quelque chose, mais tu n’arrives étrangement pas à mettre un nom sur lui. Et apparemment, lui te connaît. Cela te frustre d'avantage encore, tu ne te savais pas posséder une mémoire digne d'un poisson rouge. Heureusement que tu n'en as pas la prestance.
Ouais… ?
Ancrant ton regard émeraude au sien, tu le détailles un instant en espérant qu’un souvenir affleure ton esprit, mais rien ne vient. Ses cheveux blonds, ses piercings, sa grande taille – Il est beaucoup plus grand que toi, pas compliqué étant donné ton mètre soixante-dix-sept – ne te disent rien. Il finit par se présenter et la lumière se fait dans ton esprit. Tu hausses les sourcils.
… Aaron ? Mais… Qu’est-ce que tu fous au Japon !?
Finalement, tu t’en souviens. Aaron. Ton voisin d’enfance. Tu allais tous les jours toquer à sa porte en espérant pouvoir jouer avec lui, boudant légèrement ton frère par la même occasion. Et tous les jours, il venait avec toi. Tu te rappelles également l’avoir demandé en mariage, du haut de tes six ans, en t’exclamant que « quand tu seras grand, tu seras son amoureux ». Maintenant, tu as grandi, tu es devenu quelqu'un de dégoûtant, un véritable zombie aux yeux alourdis de poches. Ta promesse ne tient d'ailleurs plus ; te marier n'est absolument pas une chose imaginable dans ta vie.
Aaron a l’air gêné, comme s’il ne savait pas où se mettre, et tu ne cherches absolument pas à le rendre plus à l’aise. Tu t’appuies contre ta porte en croisant les bras sur ton torse, quelque peu hésitant sur la suite.
Ça va et toi ? T’es au Japon depuis quand ?
Tes lippes ne se courbent pas d’un sourire amical. Ton visage ne s’éclaire pas de la joie de revoir ton ami d’enfance, ton palpitant ne s’emballe pas dans sa prison d’os et de chair. Au contraire, un sentiment de culpabilité t’envahit minute après minute, alors que tu ne peux t’empêcher de dévorer des yeux Aaron, cherchant à imprimer son apparence dans ta fovéa. Vous ne vous êtes pas vus depuis tant d’années que le retrouver adulte, alors que tu l’as toujours connu enfant, te laisse une impression étrange. D’autant plus qu’il ne s’attendait certainement pas à te retrouver dans ce lamentable état. Négligé, habillé d’un simple baggy et d’un T-shirt, les cheveux commençant à perdre leur captivante teinte aubergine, tu ne ressembles sûrement pas à grand chose.
Allez, entre. J'vais pas te laisser sur le pallier comme ça…
Heureusement que tu n’es pas un grand bordélique. Ton appartement est plutôt bien rangé, en dehors de tes cours et des livres traitant de médecine dégueulant sur la table de ton petit salon. Un canapé pris à la récup’, une petite bibliothèque remplie de manga et un ordinateur posé sur le sol constitue ton salon, face à la porte d’entrée. À droite, une porte emmenant à ta chambre. À gauche, la cuisine ouverte et, plus loin, une autre porte menant à la salle de bain ; tu es bien heureux d’avoir une baignoire, d’ailleurs. Tu remercies encore ton père de te payer ton loyer !
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Sujet: Re: Retrouvaille - Zakk' Lun 7 Mar - 13:20
-Je...
Que dire ? Qu'est-ce que je fous au Japon, hein ? Je me pose exactement la même question. C'était idiot de venir dans un pays inconnu seulement pour un gosse qu'on a pas vu depuis des années. Mais je venais de le faire. Pourquoi ? Pourquoi j'avais fait ceci ? Je n'en savais foutrement rien. J'avais éprouvé le besoin de le faire. Ses lettres me manquaient. Sa présence à mes côtés me manquait. Beaucoup trop. Au cours de toutes ses années, il avait été le seul dans mes pensées et dans mon cœur. Le seul et l'unique. J'avais appris à le découvrir à travers notre correspondance. A voir son évolution. Je me suis amusé à l'imaginer. Voir ce qu'il pouvait être devenu. Ce qu'il pouvait être. Etait-il grand ? Petit ? Mince ? Gros ? J'avais essayé de faire différents plans dans ma tête. Mais jamais, jamais je n'aurais pu imaginer ce qu'il était devenu. Tellement loin de l'image que j'avais encore de lui. Sous son pantalon trop large et son tee-shirt, je voyais encore le petit garçon qui me regardait avec ses yeux pleins d'admiration. J'étais sûr qu'il était encore là. Quelque part. Et je le retrouverai. Je le tirerai vers le haut. Au moins, il allait bien. En tout cas, c'est ce qu'il disait. C'était tellement évident qu'il n'allait pas bien. Tout en lui respirait le mal-être. Mais je ne réagis pas à ce sujet. Me contentant seulement de sourire. De montrer que tout va bien. Que j'accepte sa réponse, et qu'elle me convient. Alors que pas du tout. Mais je ne pouvais pas lui dire quoique ce soit. Je n'avais pas été là pour lui pendant ces dernières années.
-Ça va. Je viens d'arriver, pour tout te dire. Depuis quelques jours seulement.
Quelques heures, plutôt. Un ou deux jours à tout casser. Mais la perspective de le revoir m'avait fait perdre le sommeil. Littéralement. J'avais même dû atténuer mes cernes au maquillage. Alors que je ne suis pas particulièrement fan de maquillage. A part un peu de noir sous les yeux. Mauvaise habitude prise lors de mes passages réguliers sur scène. Quand il m'invite à entrer, je lui souris doucement. J'acquiesce. Et je rentre. Au moins, l'appartement n'est pas trop mal entretenu. En tout cas j'ai l'impression. C'est pas très grand, mais plutôt bien foutu. Tant mieux. C'est toujours ça. Ca me soulage un peu de voir ça.
-Non, merci.
Non, je n'avais pas soif. Vraiment pas. Toujours debout, je m'approche de lui. Vraiment près. Que nos corps ne soient plus que séparé par quelques centimètres. J'ose même laisser une de mes mains caresser ses cheveux.
-Je suis venu pour toi. Je m’inquiétai. Et tu me manquais. Je suis venu pour toi...
Et tout en disant cela, je le prends tout contre moi. Je le sers. Plus jamais. Plus jamais nous ne serions séparés. Il fallait qu'il comprenne que j'étais à présent là pour lui. Juste pour lui. Il remplacerait du mieux qu'il pouvait le vide qui se creusait dans le cœur de son ami.
-Je suis désolé pour ton frère...
Invité
Sujet: Re: Retrouvaille - Zakk' Lun 7 Mar - 21:45
Retrouvailles #Aaron
Quelques jours déjà qu'Aaron foule le sol japonais. Parle-t-il seulement la langue ? Et pourquoi est-il venu, puisqu'il ne t'a pas répondu ? La curiosité ronge voracement tes entrailles alors que tu le laisses entrer dans ton cocon, refermant la porte à clef derrière lui, comme pour l'enfermer inconsciemment chez toi.
Et tu t'en sors avec le japonais ?
Tu l'observes à la dérobée avant de baisser les yeux, concentrant plutôt ton attention sur tes pieds recouverts de chaussettes noires. À vrai dire, tu ne sais pas quoi dire, tu ne sais pas quoi faire. Ton instinct te crie de prendre ton ami dans tes bras, mais ton intelligence se refuse à une telle preuve d'affection ; tu ne l'as après tout pas vu pendant... quoi, neuf ans ? Tu n'es clairement pas suffisamment proche de lui pour te permettre ce genre de choses.
Tu reviens sur Terre en sentant Aaron s'approcher. Sa main vient se perdre entre tes mèches violacées avec une telle tendresse que tu en perds tes mots. Depuis combien de temps n'as-tu pas reçu des attentions douces comme celles-ci, en dehors des câlineries d'un amant ? De chastes et chaleureuses caresses loin de celles sensuelles et passionnées servant à allumer l'incendie du désir.
T'as pas à t'inquiéter, j'sais prendre soin de moi. Ou pas.
Au vu des poches alourdissant tes billes vertes, tu ne peux tromper ne serait-ce qu'un inconnu sur ta bonne santé. Tu dors mal, tu bouffes pas, tu vis mal, tu couches à droite et à gauche, tu encastres ton poing dans la face des personnes que tu abhorres...
Tu fais n'importe quoi de ton existence. Tu es devenu n'importe quoi.
Ta gorge se serre douloureusement sous les horribles chapes de culpabilité qui, depuis de longues années déjà, pèsent lourdement sur tes épaules. Au fond, la mort d'Ycare te reste toujours en travers de la gorge, penser l'avaler et tourner la page te paraît infaisable. Tu fuis la réalité de la vie, tu fuis la possibilité de tomber sur ton étoile, tu fuis les conséquences, tu fuis les gens, tu fuis la raclure que tu es devenu. T'as toujours été qu'un pauvre lâche, Zakkarian.
Les bras d'Aaron se resserrent autour de ton corps, t'enveloppent d'une sensation agréable et ô combien rarissime qui, le temps d'un instant, apaise ton mal-être. La chaleur d'une étreinte. Depuis combien de temps ne t'es-tu pas retrouvé ainsi, simplement enlacé, sans aucune idée derrière la tête ? Trop longtemps, sans doute. Mais les bons sentiments sont bien pire qu'une drogue. En prendre une fois, c'est devenir dépendant, c'est recherché les contacts, le regard positif d'autrui. C'est s'enliser dans un cercle vicieux que tu préfères éviter, par soucis de réduire les pots cassés.
Peut-être que, finalement, Aaron est véritablement venu par inquiétude pour toi, pas parce qu'il avait pitié mais parce que tu représentes un ami pour lui, un membre de sa famille...
« Je suis désolé pour ton frère... »
En fait, non, Aaron a prononcé les mots interdits, les paroles magiques ouvrant les valves de ta douleur. Le poignard s'enfonce d'un coup sec et mortel dans ton palpitant, te coupant momentanément le souffle. Tes yeux s'écarquillent comme des soucoupes tandis que tes mains s'enfoncent dans les épaules de ton ami, comme pour s'assurer une prise, un point d'ancrage. L'arme remue vicieusement dans la plaie purulante, insoignable, rouvrant inlassablement la cicatrice ne pouvant guère souder les peaux très longtemps. Le souvenir de ton frère affleure ton esprit ; son visage blême à l'hôpital, son incapable d'étoile, sa joie de se savoir sauvé de sa leucémie, son décès, son étoile vulgairement shootée... Tu grinces des dents, le cœur explosant presque sous le joug des émotions violentes qui s'emparent de toi.
Ta gueule ! ... Comment t'es au courant, hein !? Dégage ! T'as rien à foutre chez moi ! J'veux pas de toi ! J'veux pas accepter ça. J'suis lâche. Je suis un connard. Je mérite rien.
Le sang pulse violemment à tes tempes alors que tes archaïques pensées s'entrechoquent sous ton crâne, pensées naissant de tes doutes, de tes peurs, de ta colère, de partie de toi-même que tu n'envisageais même pas. Tu repousses avec rage Aaron, le poussant en direction de la porte d'entrée. La colère imprime tes traits, fait briller tes iris, rougit tes pommettes. Tu rages, tu tempêtes, tu t'emportes, tu bouillonnes, pourtant, intérieurement, tu chiales comme un môme perdu.
T'as pitié c'est ça !? Casse-toi !
Tu as toujours été si prompt à t'énerver, le sais-tu ? C'est devenu pire depuis ton frère t'a quitté. Tes dents s'enfoncent dans ta lèvre inférieure, la maltraitant sans aucune douceur, alors que tu refoules tes larmes. Parce que tu as toujours été seul, parce que tu es nettement mieux ainsi, sans personne pour te confronter, sans personne pour te blesser. Parce que la plaie béante assenée par Ycare ne disparaîtra jamais. Mais tu ne veux pas te montrer faible. Tu n'es pas faible. Tu n'as besoin de personne autre que toi.
C'est fini. Pars.
Ne pleure pas, Zakk. Retiens tes larmes encore un peu.
Carte d'identité Occupation: J'sais pas. Nationalité: Japonaise - ex-américain Lié à: Benjamin Siruis
Sujet: Re: Retrouvaille - Zakk' Lun 7 Mar - 23:15
Ah, le japonais... Quelle langue difficile. Vraiment. Et je ne parle même pas de l'alphabet. Je suis encore bien loin de le lire. Parler, ça peut aller. On prend très vite le coup en fait.
-C'est difficile. Mais j'ai beaucoup de temps libre.
Forcément. Je viens d'arriver, et je n'ai pas encore trouvé de boulot. Mais je n'allais pas tarder à trouver quelque chose. J'en étais sûr. J'étais quelqu'un de débrouillard malgré tout. Malgré la façon dont ma mère m'avait traité. Au finale, c'était même grâce à elle que je m'étais forgé. Que j'étais devenu un homme indépendant. Et que j'ai eu une aversion pour la scène grand public aussi.
-On ne le dirait pas comme ça. Mais si tu le dis...
Oui. J'avais de GROS doutes sur ses capacités à prendre soin de lui Mais je préférai ne rien dire. Enfin, ne rien dire de plus. Et puis même, il n'était pas à l'article de la mort non plus. Il allait même plutôt bien, au final. Juste un peu négligé. Mais ça à l'air d'aller. Je le sens tout contre moi. Ca va. Jusqu'à ce que je lâche les mots interdits. J'ai même beaucoup hésité avant de les dire. Mais je pensais réellement qu'il était important de les lui dire. Qu'il sache que j'étais là pour lui. Je le sens qui se braque. Qui s'accroche. Et juste ces doigts qui s'enfoncent dans mes épaules me montre qu'il a besoin d'aide. De quelqu'un. Même si je suis à peu près sûr qu'il va me repousser. A un moment où a un autre.
-Zakk... Calme-toi.
Oui, il devait se calmer. Je ne supportais pas de le voir dans cet état. Cela me faisait mal. Tellement mal.... Je savais qu'aborder le sujet était risqué. Mais j'allais finir par le faire. A un moment donné. Autant le faire le plus tôt possible, non ? Je le sens qui me repousse. Qui me fuit. Qui m'éloigne vers la sortie. Mais je vois aussi ses yeux rougirent. Briller. Je vois l'appel au secours dans ses iris. Je vois un petit garçon perdu, qui attend de l'aide sans le savoir.
-Non.
Ma voix était extrêmement calme et posée. Presque, je souriais. Et je bloquais la progression de Zakk. Non. Il ne me ferait pas partir ainsi. Pas alors que je l'ai mis dans cet état. Il fallait au moins que je le fasse sourire. Au moins ça. Juste ça... Je ne voulais pas qu'il ait une fausse opinion de moi. Je savais que la colère le guidait. Et c'était mal...
-Non je ne partirai pas.
Pas tant que tu n'iras pas mieux. Pas tant que tu te tromperas à ce point sur mon compte... Je m'avance à nouveau. Juste un peu. Assez pour inverser nos positions et le plaquer contre le mur. Avec toute la tendresse dont je pouvais faire preuve. Je ne voulais pas lui faire mal. C'était vraiment le dernier but de la manœuvre. Toute ma délicatesse était sollicité pour le maintenir sans le blesser. Je voulais juste qu'il m'écoute...
-Je suis venu pour toi Zakk. Pas pour ton frère. Mais il est d'usage de présenter ses condoléances. Et je sais à quel point tu aimais Ycare...
Et je répéterai tout ceci autant de fois que nécessite pour qu'il m'écoute. Non, pour qu'il l'entende. Il fallait qu'il entende. J'étais là pour lui. Ycare, j'avais appris en m'inquiétant pour lui. En voyant que je n'avais plus de nouvelles, j'avais retrouvé le numéro de ses parents, et je les avais appelé. Ils m'ont tout dit. La leucémie. L'étoile. La guérison. Et l'accident. Et je comprenais que Zakkarian n'aille pas bien. Il devait avoir de la compagnie. Ne pas rester seul. Sinon, qui sait ce qui allait lui arriver.
-Mais c'est pour toi que je suis là Zakk. J'étais triste de ne pas avoir de tes nouvelles. De ne plus recevoir de lettres.
Un vide avait commencé à se former dans mon cœur à cause de cette absence. Zakk n'était pas le seul pour lequel j'étais venu. J'étais aussi là pour moi. Pour aller mieux. Oui, j'étais un putain d'égoïste. Mais pour aller bien, j'avais besoin qu'il aille bien. Je me faisais l'idée d'un monstre à réfléchir ainsi. Et pourtant, c'était la vérité...
-Zakk... Je t'en prie, ne me repousse pas. Je suis là pour toi. Juste pour toi.
Mensonge.
Invité
Sujet: Re: Retrouvaille - Zakk' Mar 8 Mar - 15:42
Retrouvailles #Aaron
Comment en es-tu arrivé là, Zakkarian ? Aaron est à peine entré, a seulement prononcé quelques mots, et te voilà déjà aussi mal en point.
« Zakk… Calme-toi. » Mais ta gueule ! T'as pas à m'dire quoi faire !
Tu le pousses contre la porte d'entrée en essayant de l'ouvrir à la volée, mais elle demeure obstinément close, te riant presque au nez. C'est vrai, tu l'as fermée à clef à l'entrée d'Aaron. Fichue habitude.
« Non je ne partirai pas. »
Le sourire qu'il t'envoie a le don d'attiser l'incendie de ta colère. Tu as l'impression qu'il se moque d'avantage de toi, qu'il s'amuse de ta douleur, de ta rage, et ça te fait foutrement mal.
Ton regard s'enflamme sous l'ascendant de ton irritabilité. Tu tournes le verrou de la porte d'un geste rapide, précis. Le temps ne te permet néanmoins pas de le foutre dehors, Aaron te plaquant contre le mur avant le moindre geste. Tu es alors trop éloigné de la porte pour pouvoir ne serait-ce qu'effleurer la poignée. Tu es coincé. Bloqué devant cet enfoiré qui sourit encore et encore, t'assénant à chaque fois quelques coups supplémentaires.
Tu es tellement risible, après tout. Tellement stupide que ton « ami » sent devoir s'expliquer.
« Et je sais à quel point tu aimais Ycare… » Non! Tu sais pas ! Tu sais rien ! Tu parlerais pas comme ça sinon !
Tu étouffes un sanglot avec difficulté en te mordant les lèvres, en papillonnant des yeux, en essayant de penser à autre chose. Tu commences t'agiter ; tu cherches à te libérer en pressant ton corps contre le sien, usant de ta force pour le décaler comme tu le peux… Aaron a beau être plus grand que toi, tu n'en es pas pour autant découragé. Tu ne baisses pas les bras, bridant tes émotions au maximum afin de ne pas exploser devant lui. Tu ne vas pas pleurer devant lui, tu ne veux pas.
« Mais c'est pour toi que je suis là Zakk. J'étais triste de ne pas avoir de tes nouvelles. De ne plus recevoir de lettres. » Et alors !? Un mec censé s'rait jamais parti au Japon pour ça ! Qu'est-ce que tu m'veux hein ? Tu veux rire un bon coup ? M'faire du mal pour t'avoir laissé de côté ? C'est ça !?
Tu penses avoir raison. Aaron ne serait jamais venu dans l'idée autre que celle de te faire mal, de te rendre la douleur infligée au centuple. C'est toutefois dans l'ordre des choses, pas vrai ? Tu mérites tout ce qui t'arrive. Ycare est mort, tu es devenu un enfoiré, tu as quitté ta famille, tu t'es brisé sur les remous de la vie. Ycare aurait honte de toi. Assurément.
« Zakk… Je t'en prie, ne me repousse pas. Je suis là pour toi. Juste pour toi. »
Je suis là pour toi. Tout ton contrôle s'étiole. Sans même que tu ne puisses envisager les retenir, tes larmes dégueulent sans attendre sur tes joues, profitant de cette faille pour affleurer. Un honteux gémissement de douleur s'enfuit de tes entrailles tandis que tu libères tes mains, les plaquant sans tarder contre ton visage. Tu dissimules ton regard, tes lèvres habillée d'une grimace, tes larmes qui coulent. Tu ne veux pas être vu.
Ta voix retentit avec moins de hargne. Dégage ! Moi, j'te veux pas.
Tu ne veux pas qu'il te voie ainsi, aussi fragile et détruit. Il risque d'être aussi déçu qu'Ycare. Tu vas encore te retrouver délaissé, ta seule compagnie étant les messages envahissants que ta mère t'envoie par foison, chaque jour. As-tu bien mangé ? As-tu bien dormi ? [...] Reviens à la maison ! Zakkarian ! [...] Tu me manques ! Ta maman s'inquiète… Tout va bien? [...] Tu manges comme il faut ? Me laisse pas toute seule ! Ycare voudrait que.. [...] Tu…
Tu te laisses aller contre le mur, les épaules voûtées.
Carte d'identité Occupation: J'sais pas. Nationalité: Japonaise - ex-américain Lié à: Benjamin Siruis
Sujet: Re: Retrouvaille - Zakk' Mer 9 Mar - 14:23
Mon cœur me sert. Il me fait mal. Il brûle. Mon corps brûle de l'intérieur. Ses mots me blessent, même si je ne laisse rien paraître. Je ne peux rien laisser paraître. Il ne faut pas. Juste sourire. Il ne doit pas voir qu'il me touche. Je voulais juste qu'il comprenne. Qu'il arrête de se braquer. Qu'il me laisse entrer dans sa vie. Enfin, y revenir.
-C'est vrai... Excuse-moi.
Effectivement. Je n'étais pas sa mère. Juste la personne qui devait s'inquiéter le plus pour lui en ce moment. J'avais senti la peur de ses parents au téléphone, mais eux n'avaient pas fait le déplacement jusqu'ici pour le voir. Alors qu'ils étaient certainement bien plus proche que moi. Moi si. Moi j'étais venu. J'étais là. Pour lui. Juste. Pour. Lui. Pas pour son frère. Putain.
-Peut-être que je ne suis juste pas censé. Que tu m'as fait perdre la raison...
Complètement. Je ne me reconnaissais plus. Au final, Zakkarian, je ne le connaissais que peu. Que très peu. Qu'au travers de bouts de papier déchirés par trop de lecture et de relecture, ou dispersés, perdu sous des piles de bouquins ou de journaux. Il n'y a que la dernière que j'ai gardé, en voyant que je n'avais pas de réponse. Même là, elle était encore dans ma poche. Toujours auprès de moi. Soigneusement pliée et rangée dans mon porte-monnaie. Pourquoi la garder ? Pourquoi agir comme je le faisais ? Je ne me comprenais pas... J'avais laissé tombé une carrière – certes pénible – pour un pays dont je ne connais rien, dont je maîtrise mal la langue, et où tout le monde m'est inconnu. Tout le monde sauf lui. Mais je comprenais sa réaction. Pour lui, je devais être un fou. Ou un pervers peut-être. Rattaché à l'image que j'avais de lui enfant. Je me fais l'effet d'un monstre. C'est l'image que je vois de moi dans ses yeux. Il se débat et cherche à se soustraire à mon emprise. C'est normal. Mais moi... moi... je la raffermis. Je ne veux pas qu'il me lâche. S'il le fait, je vais tomber. Dégringoler jusqu'au dernier étage. Pourrais-je seulement me redresser ? Si tu tombes, je tombe avec toi...
-Zakk... Calme-toi... Je t'en prie... Je ne voulais pas te blesser.
Mais c'est trop tard. Le mal est fait. Pourquoi je l'ai fait ? J'aimerais tellement remonter en arrière. Ne rien avoir dit. Et ne rien dit. Seulement profiter de l'instant présent. De la joie de retrouver mon ami. Mais non. J'avais tout brisé en un instant. Foutu en l'air ce moment que j'attendais tant. Et je m'en voulais. Oh oui, qu'est-ce que je m'en voulais... Pendant un instant, j'hésite à le retourner pour sécher ses larmes. Mais j'en ai sans doute déjà trop fait. Mais je ne peux pas partir ainsi. Je ne peux pas le laisser dans cet état.
-Tu te souviens de quand on était gamin... ? Qu'on jouait tous les deux ?
Je voulais lui faire penser à autre chose. Oublier ma gaffe. Ou en tout cas la rattraper du mieux que je le pouvais. J'ai toujours été maladroit. Avec tout. Particulièrement les sentiments des autres. C'est sans doute ça de se faire déscolariser et être toujours seul. Je m'en veux. Dieu que je m'en veux.
-... Souris-moi, comme quand on était gamin, et je ferais ce que tu voudras...
Je voudrais juste te voir sourire une nouvelle fois... Je crois que je suis venu pour ça...
Invité
Sujet: Re: Retrouvaille - Zakk' Jeu 10 Mar - 21:09
Retrouvailles #Aaron
« Peut-être que je ne suis juste pas censé. Que tu m'as fait perdre la raison… »
Depuis quand la discussion est-elle tournée vers un drama romantique ? Cette idée aurait pu t'arracher un rictus moqueur, mais en ce moment-même, tu n'en as juste pas la force. Tes lippes ne semblent pouvoir faire autre chose que se mordre, se blesser, grimacer sous le poids des larmes qui dégueulent de tes yeux.
Aaron ne te lâche pas malgré tes soubresauts, malgré le fait que tu te débattes. Au contraire même, sa prise semble se raffermir comme le ferait un prédateur face à une proie récalcitrante. Tu n'es cependant clairement pas décidé à te laisser te faire bouffer. Alors tu gigotes, tu continues de chercher à t'enfuir, à le laisser là pour aller pleurer dans ton coin, crier jusqu'à en avoir la bouche sèche.
C'est trop tard, connard …
Ce qui sort de tes lèvres n'est assurément pas gentil. Le coeur en miette, la fierté en lambeaux, tu n'es plus à ça près. Alors si Aaron te prend pour un con, ça ne peut que t'être bénéfique. S'il vient à être dégoûté de ta personne, il risque de te laisser tranquille, ta douleur et toi. De te laisser seul, aussi. Mais au point où tu en es, une personne de plus ou de moins ne fera certainement pas basculer la balance.
« Tu te souviens de quand on était gamin… ? Qu'on jouait tous les deux ? »
Tu remarques bien qu'il cherche à détourner ton attention, mais tu n'entres pas dans son jeu. Tu ne lui réponds pas, te contentant de lui jeter un regard mauvais, triste, perdu, honteux. Toutes ces émotions se battent à l'intérieur de ton pauvre torse, faisant battre ton palpitant sur un rythme crescendo ne paraissant pas vouloir s'apaiser. Tu es complètement ravagé, perdu par tes propres sensations, par tes propres désirs d'être humain. Tu doutes, tu ne sais pas quoi faire, et tu abhorres profondément cette faiblesse. Les larmes ne se tarissent pas, alors tu dissimules ton visage à l'aide de tes mains. Tu caches ton faciès enlaidi.
«... Souris-moi, comme quand on était gamin, et je ferais ce que tu voudras... »
Vlam. Une nouvelle pique s'enfonce dans ton coeur. Aaron te demande d'agir en tant que ton ancien toi. Il rejette la personne que tu es devenue, fouille au fond de toi afin de retrouver ce gamin perdu dans le noir, laissé de côté par un frère trop heureux d'avoir une étoile. Non. Abandonné pour le confort personnel d'une étoile, pour son égoïsme, son égocentrisme, son envie de vivre qui tua deux personnes d'un coup.
Un sourire amer fleurit sur tes lèvres. Assurément pas ce que désirait ton cher ami. Assurément pas ton ancien toi.
Mon ancien moi est mort. Il a clamsé.
Ta voix est quelque peu étouffée par tes mains, mais tu ne les retires pas de tes yeux. Cette obscurité t'es agréable, tu as l'impression d'être seul, d'être dissimulé à son regard, d'être à l'abri. Alors tu t'y complais, dans cette nuit artificielle cachant toutes tes horreurs. L'horreur que tu es devenu.
N'espère pas revoir le petit Zakkarian, Aaron. Il a disparu.
Le chercher au fond de toi ne serait que lui infliger davantage de douleur. Tu repousses comme tu peux ton ami, avant de te laisser glisser au mur, le dos courbé. Tu ne tardes pas à t'enrouler sur toi-même comme un enfant, mais tu t'en fiches. Aaron a déjà tout vu, alors il est inutile de se fatiguer pour un rien. Inutile de s'épuiser à conserver le masque du pleutre.
Tu chiales pour de bon, le corps secoué par des sanglots trop longtemps réprimés. Tu pleures par tous les pores de ton être tant la tristesse semble s'être imprégnée au plus profond de ta moelle épinière. Tes yeux pleures, tes lèvres saignent après avoir été tant martyrisées, ton cœur s'agite, ton souffle s’accélère.
Carte d'identité Occupation: J'sais pas. Nationalité: Japonaise - ex-américain Lié à: Benjamin Siruis
Sujet: Re: Retrouvaille - Zakk' Dim 13 Mar - 23:05
-Je sais...
Six ans trop tard. Je n'aurais jamais dû partir. Rester avec mon père. Je ne l'avais pas revu depuis toutes ses années non plus. Il me manquait. Terriblement. Comme Zakkarian avait pu me manquer. De toute façon, j'arrive toujours trop tard. Toujours. Quel idiot tu es Aaron... Je n'aurais pas dû venir aujourd'hui. J'aurais dû attendre. Laisse le destin faire son œuvre. Nous nous serions bien retrouvé, si c'est ce qui devait arriver. Nous ne nous serions pas forcément reconnu. Mais quelle importance ? J'aurais fini par lui parler de son frère. Il aurait fini par se braquer et par me fuir. Comme maintenant. J'ai toujours été doué avec les enfants. Pas avec les animaux. Et en ce moment, Zakkarian me rappelait le petit chat sauvage qui était derrière les studios d'enregistrements. Un petit animal adorable. Tout mignon. Noir avec quelques petites tâches blanches. J'avais seize ans alors forcément, je voulais plus que tout le caresser. Mais je n'ai jamais pu l'approcher. Dès que je m'approchais, il fuyait. Si je lui donnais de la nourriture, il s'approchait, mais si j'essayai de le toucher, il me griffait violemment. Ca a été une des grandes frustrations de ma jeunesse. Une frustration que je ne reproduirait pas avec mon ami. J'avais compris qu'il fallait laisser venir les gens comme lui à soi. Alors j'allais le faire. Peut importe le temps que cela prendrait.
-D'accord...
Surprise. Je ne m'y attendais pas. Pas du tout. Ou plutôt, je m'y attendais trop. Bien sûr que son ancien lui était mort. Comme celui en moi. Ils avaient été étouffés par d'autres. Son frère. Ma mère. C'était pareil. Mais moi, je cherchais à le retrouver. A reprendre ce qu'on m'avait volé. Toutes ses années envolées. Sauf que voir et entendre Zakkarian m'a fait comprendre que courir après le passé ne sert à rien. On ne peut pas le rattraper. Il est déjà parti.
-D'accord Zakk...
Oui. Il a disparu. Forcément. Pourquoi suis-je ici déjà ? Pourquoi j'ai eu cette idée stupide ? J'aurais dû le savoir...
-Alors montre-moi comment tu souris maintenant...
Le passé n'est plus accessible. Alors montre-moi le présent Zakk. Montre-moi ce que tu es devenu. Vraiment. Pas seulement cette image que tu renvoies, empli de tristesse. Qui a besoin d'aide, désespérément. Je m'agenouille pour être à son niveau. Je glisse une main dans son dos. Ou sur ses côtes. Qu'importe. Je veux juste qu'il sente ma présence. Qu'il sache que je suis là pour lui. Sans un mot. Sans un seul. En tout cas pour le moment. Jusqu'à ce que je l'entende. Cette supplique silencieuse. Cette demande tellement sincère qu'elle doit lui faire mal.
-Je ne compte pas partir.
Non. Plus jamais. Je me baisse encore, et je l'enlace. Je le veux tout contre moi. Qu'il entende mon cœur battre pour lui. Qu'il comprenne que j'étais sincère. Profondément sincère. Je l'ai entendu. Même s'il ne voulait sans doute pas être entendu. Il avait dû le dire, certainement plus pour lui que pour moi. Mais qu'importe.
-Je ne compte plus partir.
Plus jamais.
Invité
Sujet: Re: Retrouvaille - Zakk' Sam 26 Mar - 16:02
Retrouvailles #Aaron
« -Alors montre-moi comment tu souris maintenant... » Tu ne comprends pas.
Non, il ne te comprend pas. Comment pourrais-tu sourire maintenant, alors que ton palpitant semble jouer au taiko entre tes côtes ? Il tambourine avec une telle force que ses battements résonnent jusqu'à tes tympans. De plus, ta gorge est si nouée qu'émettre le moindre son au timbre sincère te paraît impossible : rire est impossible et sourire impensable.
Aaron s'agenouille à tes côtés et t'entoure d'un bras réconfortant. Malgré tes envies de correspondre à ton rôle d'adolescent rétif et de repousser cette main, tu n'esquisses pas un geste, fermant plutôt tes yeux bordés de larmes. L'odeur de ton ami d'enfance envahit alors tes narines, t'enfermant dans un cocon de bien-être aussi inhabituel qu'insoupçonné. Ses bras se referment enfin autour de ton être en un véritable câlin, en une vraie recherche de t'offrir du réconfort. Tu te laisses donc aller contre son torse, venant nicher ton visage contre ses clavicules.
Boum. Les palpitations que tu entends ne viennent cette fois pas de toi. Penchant quelque peu la tête, l'oreille gauche collée contre son torse, tu écoutes le coeur d'Aaron. Tu y bases ta respiration avant de, doucement, commencer à te ressaisir.
« Je ne compte plus partir. » Ces quelques mots ont le don de réchauffer ton âme. Un soupir de soulagement s'échappe de tes lippes grimaçantes tandis que l'idée de ne plus être seul se creuse un chemin sous ton casque de cheveux violacés. Tu ne seras plus seul, Zakk, Aaron te le promet. Peux-tu seulement lui faire confiance ? En as-tu réellement envie ; déposer ta confiance au creux de ses mains ?
C'est bon, ça va. Lâche moi…
La respiration rendue chevrotante par tes sanglots, tu essuies tes joues pleines de larmes en évitant d'observer ton ami. Tes mains se posent sur ses épaules en une volonté certaine de le repousser, mais tu n'en as pas véritablement la force, ni peut-être l'envie. Tu ne sais pas. Tu n'as jamais su.
Je vais mieux.
Mentir, toujours mentir. Les larmes ne coulent certainement plus extérieurement, mais intérieurement, ton esprit se déverse en torrent salin. Inspirer est même douloureux tant ta respiration se retrouve irrégulière, tu ne peux donc qu'émettre quelques petits hoquets honteux, le temps de retrouver ton souffle.
... Qu'est-ce que t'étais v'nu faire chez moi ?
À part te faire pleurer comme une tafiole, évidemment.
-Sans doute. Mais tu sais que je suis quelqu'un de buté.
Si lui ne sourit pas, je le fais. Encore une fois. Je sourirai pour deux si c'était ce qu'il fallait. Je ne comptais plus le laisser partir. Ou partir. Et j'espérais bien le revoir sourire un jour. Pas aujourd'hui, pas demain, mais un jour. Il en était encore capable, j'en étais persuadé. J'ai toujours été sûr que ce que ce que nous sommes étant gamins est ce que nous sommes réellement. Quand je dis ça, les gens se moquent de moi, mais c'est quand même ce que je pense. Et Zakkarian souriait beaucoup à cet âge pour ne plus en être capable. Et j'allais le lui montrer.
-D'accord.
Mensonge. Mensonge. Mensonge. Je sais bien que c'est faux, mais qu'importe. Il disait aller mieux. Autant lui montrer qu'il pouvait me faire confiance. Et lui montrer que je comptais bien le laisser respirer. Et puis, il avait l'air de s'être calmé, au moins. C'était déjà ça. A contre coeur, je m'éloigne de lui. J'avais aimé le prendre dans mes bras, ça m'avait manqué. Mais comme un oiseau laisse ses petits se débrouiller seul pour apprendre à voler, je ne devais pas trop le coller. Il se braquerait sinon. Et ce n'était pas le but de la manoeuvre après tout.
-Je voulais juste de voir Zakk.
Te voir. Rentrer à nouveau dans ta vie. Rien de plus. En tout cas, si je n'écoutais pas mon coeur qui devait battre aussi vite que celui de Zakk en cet instant. Mais pas pour les mêmes raisons. Même si je n'étais pas complètement capable d'expliquer cette rapidité... J'avais bien une idée, mais elle était absurde. Improbable. Complètement improbable. Autant l'oublier. La mettre dans une petite boîte, qui sera fermé à clé, et jeter cette dernière au loin. Très loin. Je ne voulais pas faire peur à mon ami.
-Je te l'ai dit, tu m'as manqué. Je voulais des nouvelles. Et te dire que je m'installais ici.
En partie pour toi. Mais bon. Pas la peine de te le dire, ça. Tu finiras bien par le découvrir un jour ou l'autre, non? En espérant que ce soit le plus tard possible. Et que tu sois flatté de tout cela. Mais j'ai peu espoir. Enfin, le temps nous le dira, n'est-ce pas?
-J'ai fini par envoyer bouler ma mère, et j'ai mis fin à ma carrière de star en Amérique. Les grandes scènes, c'est pas pour moi. Ici, j'ai trouvé un boulot de pianiste-chanteur dans un bar. Et je vais donner des cours de musique.
Je balance ça l'air de rien. Pourtant, avec notre correspondance, Zakk doit savoir à quel point j'ai dû mal à me détacher d'elle. Il ne comprendra sans doute pas que le déclancheur de cette rupture, c'était lui. Son absence de lettres. Une absence dans ma vie que ma mère ne pouvait pas combler. Pas plus que le showbizz ou les paillettes. Non. Une absence que seul lui pouvait combler. Une raison suffisante pour prendre mes clics et mes clacs, et partir par la grande porte. Enfin. Enfin... Merci Zakkarian.
Invité
Sujet: Re: Retrouvaille - Zakk' Mer 27 Avr - 19:47
Retrouvailles #Aaron
« Je te l'ai dit, tu m'as manqué. Je voulais des nouvelles. Et te dire que je m'installais ici. » Tu t'installes au Japon…. ? Mais…. Tu parles pas vraiment japonais, non… ?
Tu ne peux t'empêcher d'être incroyablement touché. Aaron est venu pour te voir, pour solidifier votre relation qui s'amincissait au fil de vos lettres. Pas que tu n'aimais pas votre correspondance, loin de là, mais rien ne vaut une entrevue physique. Un maigre sourire étire tes lèvres fatiguées et ravagées par tes dents, alors que tu te défais de son étreinte. La sensation de manque, de perte d'une chaleur bienfaitrice, t'arrache quelques frissons désagréables.
Oh… C'est bien. Tu vas à quel bar ? J'viendrai t^écouter chanter…
Tu tiltes lorsqu'il parle de cours de musique et jettes un bref coup d'oeil à ta guitare, celle-ci négligemment allongée au salon. Peut-être qu'un jour, tu lui demanderas l'occasion de l'accompagner à l'aide de celle-ci. Tu es même curieux de l'entendre chanter, depuis le temps que tu n'as pas entendu son timbre si particulier s'exprimer… Aucun doute qu'avec les années, sa voix a mué jusqu'à posséder des intonations lui étant propres.
Merci d'être venu.
Le visage levé en sa direction, tu fourres les mains dans les poches de ton pantalon, ne sachant qu'en faire. Ta respiration retrouve gentiment sa régularité et te plonge dans une gêne paralysante. Tu ne peux que te sentir con, après avoir fait tomber ton masque devant ton ami d'enfance, après lui avoir dévoilé la laideur tapie au fond de toi. Tu détournes le regard, les joues un peu rosies, les cheveux ébouriffés.
Désolé.
Désolé pour ton caractère de merde, pour la désillusion totale lorsqu'il s'est rendu compte que tu n'avais rien en commun avec quelques années plus tôt, pour avoir pleuré, pour l'avoir embarrassé, pour tout…
… Pourquoi le Japon ?
En effet, cette question te taraude. Pourquoi avoir choisi de s'établir aussi loin, dans un pays ne partageant aucunement sa culture et sa langue, afin de travailler en temps que pianiste-chanteur ? Un amour soudain, pour une personne de chair et de sang ou pour le pays en lui-même, qui l'a forcé à se déplacer ? L'idée qu'il puisse être venu pour quelqu'un te déplaît étonnamment. Tes entrailles se tordent sous la jalousie qui vient te picoter les doigts, alors que ton visage se ferme quelque peu ; tu n'as pas envie de partager ton ami d'enfance, maintenant que tu l'as retrouvé. Malgré qu'il ait détruit toutes tes barrières, qu'il ait franchi ta carapace et qu'il ne soit pas toujours une lumière, il demeure ton premier ami et l'abandonner dans ton sillage ne te semble pas concevable. Votre lien a persisté après toutes ces années et bien que cela te gêne de l'avouer, tu tiens à lui. Il te rappelle un peu de par sa simple présence que ta vie ne s'est pas toujours résumée à un échec total. Que tu avais une vie, même, avant…
Carte d'identité Occupation: J'sais pas. Nationalité: Japonaise - ex-américain Lié à: Benjamin Siruis
Sujet: Re: Retrouvaille - Zakk' Ven 29 Avr - 23:20
-Pas du tout même.
Je ris gentiment. Oui. J'étais complètement venu en mode touriste. Mais bon. J'avais trouvé un bar dont le propriétaire parlé anglais – il était d'origine américaine – et mieux encore, me connaissais. En tout cas, connaissais celui que j'avais été sur les planches de New-York. Il pourrait voir à quel point j'ai évolué. J'ai changé. Je ne suis plus le même. Et j'espère réellement que Zakkarian s'en rendra compte. J'ai changé. En bien. Je crois. Mais ça, ce n'est pas à moi de le dire, c'est aux autres.
-C'est un petit bar... Je te donnerai l'adresse. Je ne la connais pas encore par coeur. Ah, ou alors attends! Trente secondes...
Normal. Je viens d'arriver après tout. J'ai peut-être une carte qui traine quelque part... Je fouille dans mes poches et en ressort tout le contenue. Un plan de la ville. La dernière lettre de Zakk. Et une carte. La bonne. Je la lui tends dans un sourire. J'aimerais qu'il vienne me voir pour ma première. Je serais rassuré de voir un visage connu. Même si personne ne m'écoutera vraiment. Et puis, avoir Zakkarian à mes côtés en toutes circonstances me feraient plaisir...
-C'est normal...
J'ai traversé la moitié du globe pour toi. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin? Je le referais s'il le fallait. Encore et encore. Jusqu'au bout du monde. Jusqu'à la fin des temps.
-Ne t'excuse pas... Je peux te voir tel que tu es maintenant ainsi...
Je sais que tu es toujours aussi beau. Mais que tu ne le vois pas. Je sais que tu as besoin de moi. Même si tu ne le reconnais pas. Et je serais toujours là à présent.
-Pour toi...
Pour quelle autre raison? Pour qui d'autre? Ma main vient se perdre sur sa joue, la caressant doucement. J'ai besoin de le toucher. De m'assurer qu'il ne s'agit pas d'une illusion de mon esprit. D'un être fantasmé qui risque de disparaître n'importe où. N'importe quand. N'importe comment.
-Je peux rester pour ce soir? Je crois que l'on a du temps à rattraper...
Une nuit ne serait pas suffisante pour cela. Mais au moins, ce serait un bon début.
Invité
Sujet: Re: Retrouvaille - Zakk' Dim 1 Mai - 20:33
Retrouvailles #Aaron Tu attrapes la carte que te tend Aaron et l'observes sommairement avant de la fourrer dans une des larges poches de ton sarouel, espérant ne pas l'y oublier. Le nom de ce bar ne t'est d'ailleurs pas inconnu, peut-être y es-tu déjà allé et que tu ne peux simplement pas remettre la main sur ce souvenir. Quoi qu'il en soit, tu penses savoir où il est et te fera un plaisir d'y aller lorsqu'Aaron sera de service, curieux de voir la maturité que le chant de ton ami a pu gagner durant tout ce temps...
Attends... T'es venu au Japon pour moi ? Tu te moques de moi, hein...?
Tu n'en reviens pas. Comment peut-on se déplacer, surtout aussi loin, pour te voir ? Toi, le pauvre petit Zakkarian, le jumeau séparé de sa paire ? Tu peines sincèrement à comprendre comment tu peux ne serait-ce qu'un instant incarner une telle motivation de voyage, mais tu en es heureux, au fond. Profondément heureux même, tant cette situation incongrue t'est peu familière. Tes joues rosissent sûrement légèrement de plaisir, mais tu ne t'en préoccupes pas. Pour une fois, l'on a pensé à toi.
Pour...moi ?
Tu marmonnes en baissant un instant les yeux, ne les relevant que lorsqu'une main effleure tendrement ta joue. Il ne s'agit pas d'un geste amical comme auraient de grands amis entre eux. C'est plus que cela. C'est une caresse de réconfort, un effleurement positif et chaleureux qui te met du baume au cœur. Tu ne tardes néanmoins pas à déloger ces doigts de ton visage.
... D'accord. À condition que tu fasses à manger.
Profiteur ? À peine. Tu offres le gîte, il peut bien se charger du couvert... D'autant plus qu'il y a véritablement pas mal de choses à rattraper.
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