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 l'oiseau et le délinquant » pv Aïn

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l'oiseau et le délinquant » pv Aïn  Empty
MessageSujet: l'oiseau et le délinquant » pv Aïn    l'oiseau et le délinquant » pv Aïn  EmptyJeu 11 Fév - 20:23



Pour une fois, le fils des rues semblait avoir décidé de se rendre à l'Académie, pourquoi ? Ou plutôt, pour qui ? Le noiraud ne mettait jamais un pied ici sans raison, souvent c'était l'ennuie mais plus souvent, c'était lorsqu'Amnesia le poussait à aller étudier. Qu'est-ce qu'il ne ferait pas pour faire sourire cette policière, c'était aberrant, l'une des rares figures d'autorités à laquelle Ryūku se pliait. Ainsi, paré de l'uniforme du lycée, le jeune garçon avait même coiffé sa chevelure sombre, aucun pansement ne parcourait son visage bien qu'un bandage était visible à son poignet gauche. Une vieille blessure qui le lançait de temps à autre puisque de toute façon, le voleur ne laissait jamais son pauvre corps se reposer. Et ce n'était au final pas non plus aujourd'hui que cela se passerait.

Il tenait son sac d'une main, avançant d'un pas d'une lenteur absurde, son faciès endormi faisait penser qu'il n'était aucunement réactif à ce qui l'entourait. Son corps était quelque peu penché vers l'avant, ses prunelles ébènes n'exprimaient strictement rien. Des rires. Ils pensaient voir un zombie avancer dans le couloir et cela les faisait rire. Ryūku grogna légèrement, semblant soudainement s'échapper de sa torpeur, glissant son regard soudainement agacé vers un groupe qui l'observait en ricanant. Oh, qu'ils faisaient penser à des hyènes. A des vautours. Ils cessèrent rapidement sous le regard de l'adolescent qui n'avait pas une réputation particulièrement positive. C'était simple, soit il n'était pas là, soit il arrivait à se chercher des ennuis. Et ses poings parlaient vite.

Le jeune bailla à s'en décrocher la mâchoire, reniflant de façon peu gracieuse avant de s'arrêter. Il y avait là trois garçons et une fille qui semblaient s'amuser à en titiller une autre. La pauvre - bien qu'il ne la voyait pas de là - était au milieu du groupe de hyènes, chahutée dans tous les sens sous les rires d'imbéciles de ces êtres rebutants. Ryūku fronça ses fins sourcils, penchant un peu sa tête d'un côté, scrutant. Voir un combat équitable, il s'en fichait éperdument. Voir un combat aussi déloyal, cela l'embarquait dans une colère noire. Ce fut à la vitesse de la lumière qu'un sentiment brûlant s'insinua dans son corps, se joignant à son sang pour venir le faire bouillir au sein de ses veines. Un sourire carnassier étira les lippes du jeune garçon.

Son sac fut lâché au sol et il fit craquer les articulations de ses doigts, de ses mains. Ses prunelles jusqu'ici dénuées de toutes émotions s'allumèrent d'un feu d'enfer. Il s'élança alors alors qu'un grognement remontait de sa cage thoracique à sa gorge, ce fut un cri de guerre qui explosa dans l'air, réduisant un fugace instant les hyènes moqueuses en silence total. Alors, l'un des garçons fut empoigné par le col, il tenta d'envoyer à l'aveuglette un coup de poing qui s'échoua dans l'air. Le sourire aux lippes du jeune garçon sembla s'agrandir encore alors que son poing droit vint s'abattre en plein faciès de sa première proie dans un craquement sourd. Cri bref. Ryūku repoussa sans ménagement celui qu'il avait attrapé contre la jeune fille qui faisait partit des hyènes.

Il évita un coup de pied tremblant avant de s'apprêter à s'élancer de nouveau dans la mêlé, retenant un rire mauvais. Seulement, son regard aux pupilles rétractées croisa un instant celui de la jeune fille qu'il venait pseudo sauver. Son cœur se serra soudainement, ses sourcils se froncèrent et son sourire disparu. Qui était donc cette fille ? Cette impression étrange qui lui prenait le cœur... Cette sensation d'avoir trouvé quelque chose d'important. Cette fraction de seconde où il croisa le regard de celle qui était son étoile fut fatidique. Un poing s'écrasa sur la mâchoire de Ryūku. Sa tête vira sur le côté et il grogna de fureur en sentant alors le sol sous son corps. Vivement, il balaya les jambes de celui qui avait réussit à le toucher, se redressant ensuite en évitant de peu un nouveau coup de poing du restant. Celui au nez brisé avait visiblement préféré déguerpir avec sa demoiselle. Ryūku soupira doucement, envoyant dans un sourire moqueur un puissant coup de pied dans les côtes à celui se trouvant au sol.

« Dégagez à présent. Sinon j'vais pas seulement vous pétez un nez et quelques côtes. »

Le seul en état et debout fusilla du regard le noiraud avant de récupérer son acolyte, ils partirent sans demander leur reste pour peut-être, mieux préparer une pseudo vengeance. Le vainqueur souffla doucement sur sa main droite, ignorant un instant l'étrange demoiselle, occupé à observer les blessures sur les articulations de ses doigts qui semblaient se rouvrirent encore.

« Évident. Je devrais frapper plus avec mon poing gauche, laisser le droit se reposer. », murmura le fils des Rues pour lui-même.

La flamme était éteinte. Il bailla. Relevant des orbes dénuées d'expression concrète sur la jeune fille peut-être plus âgée que lui, de nouveau, il fut prit d'une étrange impression... comme si... comme si... Il ne savait pas. Il dévia son regard en grognant, portant sa main gauche à sa joue gauche, massant doucement, faisant glisser ses doigts sur sa lèvre inférieur pour remarquer un peu de liquide pourpre. L'autre frappait visiblement bien. Sa mâchoire lui faisait mal.

Ryūku croisa ses bras, portant son regard une bonne fois pour toute sur la sauvée. L'observant avec suspicion, ne parvenant pas à déceler le sentiment l'habitant à la vue de cette jeune fille. Qu'avait-elle de si différent ? Rien. Certainement rien. Pourtant, il n'avait jamais été ainsi décontenancé durant une seconde en croisant le regard de la personne qu'il défendait.

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Yūka Tsukimori
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MessageSujet: Re: l'oiseau et le délinquant » pv Aïn    l'oiseau et le délinquant » pv Aïn  EmptyVen 12 Fév - 11:49

môme de silence. tu regardes le vide, encore. ce vide à ton image, dénué de couleurs. dénué de nuances. il est seulement vide, affublé de son absence de sons. de son absence de mots. tu regardes le vide, Aïn. comme s’il était différent de celui des autres. comme s’il appartenait à tes doigts moroses, ce néant que tu fixes de tes billes monochromes. ils s’agitent, les gosses. ils dardent leurs iris dans tous les sens, à la recherche d’un énième visage. d’un énième nom. tu songes que les humains sont épuisants. que le rythme effréné auquel ils courent t’est définitivement inhospitalier. à l’instar des papillons, au fond. ils ouvrent les prunelles sur le ciel, un matin ou un soir. ils esquissent quelques pas, le suivant. ils renoncent aux doux sourires de l’enfance, un mercredi. le dimanche, néanmoins, ils se sont éteints. tu regardes le vide, là où de minces squelettes s’agglutinent. tu le scrutes avec tes pupilles claires où ne brille aucun dédain. seulement un éclat sincère ; celui de l’intérêt. des camarades susurrent, à tes côtés. il semble qu’ils s’amusent des nouvelles applications récemment sorties. brièvement, tu caresses l’écran sombre de ton téléphone, lèvres entrouvertes. tu l’as aussi, ce jeu. tu l’as aussi, mais tu n’y vas pas. tu ne tentes pas de te joindre à eux ? non. tu n’as besoin d’aucun de ces adolescents. tu n’as besoin que d’un sourire de Lys. c’est tout. seulement de Lys.

tu renâcles. ton amie est en retard, visiblement. tu lui envies sa capacité à renoncer aux minutes qui passent. à oublier que le temps défile. lentement, tu te relèves. tu veux y retourner, au dortoir ? ce n’est pas une bonne idée, tu sais. si la belle étoile s’est recouchée, l’idéal est que tu suives les cours à sa place. que tu lui ramènes les notes. que tu offres un tendre sourire aux professeurs, avec une excuse à balancer. tu couvres ses arrières, c’est le mieux à faire. la solitude est une connaissance, désormais. alors, ça ira. vraiment ? tu hausses les épaules. tu cherches à te convaincre toi-même de la véracité de la chose.
« Aïn ? Tu t’en vas ? » ton échine sursaute. les filaments foncés de ta crinière dansent un instant, celui durant lequel tu te tournes vers la voix délicate. entendre ton nom t’étonne. tu secoues furtivement ton casque livide, afin de signifier que tu reviens. tu hésites, néanmoins. devant les orbes noires, visiblement curieuses, tu sembles arrêter de te tourmenter. « Je vais aux toilettes. Je suis là dans une minute. » la surprise de Yamato - tu le sais grâce à ses amies qui le scandent, tous les matins - déforme son teint de mort. « Je vais t’accompagner. » tu ouvres grand les paupières, sans comprendre. sinueux, un souvenir remonte à ton crâne blême. Yamato était là, la dernière fois. cachée dans les sanitaires, lorsque les autres se sont amusés de leurs brimades incessantes. tu dessines un croissant de lune avec le bout de tes lippes. « Ça ira. » ça ira ? tu ne sais pas. tu ne sais plus, réellement. tu remarques à ses lèvres que la brune s’apprête à protester. « Ils vont s’en prendre à toi aussi, si tu viens. Ça ira. » c’est la deuxième fois que tu le dis, ce « ça ira » ; en es-tu seulement persuadée ? tu n’as habitué personne à ce débordement de confiance en toi. ah, non. tu n’y crois pas. entre tes côtes, le malingre palpitant se démène. il semble murmurer aux poumons - ses fidèles voisins - qu’il ne veut plus s’y rendre. qu’il ne veut plus rien entendre. tu donnes le change, Aïn. c’est tout.

○○○

les billes closes, tu sors. le souffle arrêté, tu esquisses un geste vers le dehors. vers le danger. ils y sont, tu le sais. ils y sont, à chaque fois. ils se donnent rendez-vous, systématiquement. tous les matins, le même rituel. ce moment que tu détestes copieusement. ce moment que tu caches désespérément à la pépite de ton âme, Lys. les mots fusent, dès que tu émerges. tu te fermes, silencieusement. emmurée dans ce silence qu’ils admirent, secrètement. ils sont seulement d’éternels jaloux de ce sourire immuable. seulement idolâtres de la môme qui reste maître de ses émotions. tu n’affiches rien. rien d’autre que ton immense sourire. celui qu’ils cherchent à détruire. celui que la femme de ta vie ranime à chaque fois. toutefois, ce jeudi est différent. un bruit sourd résonne, à quelques mètres de là. tu regardes le vide, Aïn. lui, ami du silence, ne se risque qu’à te tendre ses bras imaginaires. il t’offre un oubli amer, le vide. furtives, les bribes d’une sombre inquiétude s’emparèrent des regards autrefois moqueurs des sempiternels bourreaux. ils rencontrent la peur, tu penses. de tes billes grises, tu croises un frêle squelette. un garçon étire ses lèvres craquelées d’un éclat caustique. la seconde d’après, il est sur les autres. il donne des coups. les cris s’enchaînent. les perles carminées s’échouent sur les cols et le sol. le monde déconne, que tu te dis. le monde se brise, sûrement. à moins qu’il ne se rembobine ? la scène ressemble à celle de tes douze ans. à ceci près que ce n’est pas Lys. tu y as cru, un instant. non, c’est un garçon qui balance allègrement ses poings dans la foule. il est similaire à un démon, avec son sourire. il est similaire à un démon. tu le juges, Aïn ? non. ton cœur s’anime douloureusement. il se réveille, enfin. il se serre à la vue de ses cheveux noirs, décoiffés au possible. il éclate, lorsque deux billes obsidiennes s’écrasent brièvement sur ta maigre silhouette.

tu lâches un cri horrifié. tu t’apprêtes à t’élancer vers lui, lorsqu’il touche le sol. du moins, tu te ravises lorsque son agresseur rencontre le lino à son tour. il sait se défendre, le garçon ; ne le gêne pas. ses mots crèvent le silence et achèvent de dissuader les blessés de s’attarder davantage. tu t’inquiètes des plaies. ton âme se tasse violemment derrière les miroirs incolores que sont tes yeux, à l’entente de son pénible chuchotement. tu es la cause de ses ennuis. la cause de ses problèmes. ah... Aïn, à quand ce jour où tu useras de tes poings toi-même ? ce jeudi-ci, les rires se taisent d’eux-mêmes. timidement, tu t’approches. son regard jais se dépose sur toi avec nonchalance. avec indolence. comme s’il ne s’était rien passé. comme s’il ne venait pas de briser un nez. un sourire malaisé se dessine, avec la spontanéité inhérente aux enfants, sur tes commissures rosées.

tu fouilles dans ton sac, Aïn. agitée de tremblements continuels, tu en extirpes une étoffe brodée ; un bout de soie violacé que tu approches de la lèvre bousillée. tu tamponnes à peine, avec maintes précautions. pas que tu le craignes, non. simplement, l’idée de le faire souffrir te dérange.
« Ça semble douloureux... » tu dardes deux grands yeux sur lui. deux grands yeux expressifs. il s’y trouve des centaines de nuances différentes. celle de la reconnaissance. du soulagement, aussi. tu es heureuse qu’ils aient obtempéré. qu’ils s’en soient allés. la sonnerie des cours résonne à tes tempes. une grimace s’abandonne à ton doux profil, témoin silencieux de ta gêne. tu ne comptais pas suivre les cours pour Alys, petit colibri ? non. c’est plus important. le garçon est plus important. tu le sens, au creux des méandres désordonnées de ton esprit. inconsciemment, tu sais qu’il est une priorité. qu’il l’est sur le reste. « Nous devrions aller à l’infirmerie. Il devrait y avoir des poches de glace... » tu fixes la mâchoire qu’un coup a abîmé. « Avant que ça ne devienne bleu, dans l’idéal... Je suis désolée que tu aies été mêlé à ça. » que tu lâches, en récupérant ses doigts entre les tiens. sans même quêter son avis - non, tu veux prendre soin de lui, même contre son gré - tu t’élances dans le couloir.
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