[Terminé] We can be heroes just one day [pv Pandore.

C'était trois gamins, d'âge variant entre treize et quinze ans. D'une cruauté, d'une insouciance de la douleur visiblement sans limite vis-à-vis de ce pauvre chiot d'une faiblesse sans pareille. Ils riaient tous les trois tels des hyènes perfides, ils tournoyaient autour du pauvre animal blessé comme des vautours autour d'une carcasse alléchante. Ils étaient pathétiques. Personne ne disait rien en dépit du pauvre petit noir et feu qui couinait devant les cris tonitruants, les pierres, les violentes bousculades. Et Ryūku était déjà fou de rage. Ivre d'une colère qui cascadait dans ses veines comme un torrent incontrôlable. Si ce chiot avait été un Rottweiler moins commode, est-ce que ces trois gosses auraient osé le lapider et le violenter ?

Poings serrés, le jeune garçon des rues s'élança, dents serrés, les sourcils froncés. Il n'y aurait pas de menace, il n'y aurait pas de mise en garde. La sentence allait tomber comme la foudre. Avec soudaineté. Avec une force destructrice. Ryūku aperçu simplement du coin de l’œil une jeune fille qui semblait également peu apprécier le spectacle et, il lui tapa au passage l'épaule, lui criant d'aller récupérer le chiot. Ce fut dans le feu de l'action, de sa course rapide en direction des turbulents, l'avait-elle entendu ? Ryūku ne le savait pas mais, il s'en fichait, déjà, il armait son bras droit. Déjà, il arriva à leur niveau, employant une force brute dans son poing. Y enfermant sa colère.

Le poing s'enfonça sans douceur dans la mâchoire inférieure du plus âgé qui cessa d'un coup de rire, les yeux écarquillés, incompréhensif face à la douleur qui survenait. Ryūku était bien campé sur ses puissants appuis, la partie droite de son corps totalement enclenchée, suivant le mouvement de son poing salvateur. Le blessé fut projeté, il tituba, manqua de tomber puis tomba. Les deux autres ne disaient rien, interloqués, scrutant le jeune adolescent à la sombre chevelure et à l'étrange dégaine avec son t-shirt sombre, son treillis militaire et ses grosses bottes qui s'apparentait à des Rangers. Ryūku eut un sourire cruel qui dévoila quelques dents blanchâtres, il leva son poing droit légèrement abîmé tandis que l'autre se touchait la bouche, horrifié par le goût du sang.

« J'vais tous vous détruire. »

Grogna le gamin des rues, attrapant le second plus âgé par le col et le tirant dans sa direction, le menaçant de le frapper de son poing. Seulement, ce ne fut aucunement le poing qui partit mais le genoux gauche du noiraud dans l'estomac du turbulent. Souffle coupé, il porta ses deux mains à son estomac, cherchant à happer de l'air d'une quelconque façon, tombant sur les fesses. Ryūku arborait déjà une mine d'une neutralité aberrante, tranchant complètement avec son aspect carnassier de précédemment. Faciès blasé qui se détourna vers le plus jeune terrifié.

« J'vous revois traiter ainsi un animal et je vous refais le portrait pour d'bon. J'vous briserais les os. »

Visiblement, la menace fit son effet. Celui qui saignait de la gueule rameuta ses deux compagnons, ils partir en jetant des regards effrayés à ce jeune qui se prenait pour un pseudo héros. Ryūku soupira légèrement, agitant ses doigts tout en observant les petites éraflures. Peut-être avait-il frappé trop puissamment ? Haussant ses épaules, le noiraud se détourna en direction du chiot et... de la jeune fille ? Apparemment, celle qu'il avait interpellé était venu auprès du pauvre animal. Une mignonne demoiselle aux mirettes étrangement bicolores. Il s'approcha un peu, mains dans les poches.

« Huh. Il va bien ? »

« Laissez moi... »

Pandore avait l'impression de s'éveiller d'un rêve. Une voix raisonnait doucement en elle, lointaine, difficile à distinguer... Mais voilà bien longtemps qu'elle était éveillée, et il n'y avait personne alentour. La voix n'était apparue qu'une seule fois, mais résonnait toujours dans sa tête. Un appel au secours, faible, triste, innocent... La demoiselle finit par se dire qu'il s'agissait de la fatigue. Elle cessa de s'en inquiéter et continua son chemin. Comme le temps était plutôt doux, elle prit la direction du parc.

Des rires pouvaient se faire entendre un peu plus loin, mais pas de simples rires. Moqueurs, disgracieux et dérangeant... Que se passait-il ? On avait répété mainte fois à Pandore, que la curiosité était un vilain défaut, mais impossible d'y résister ! Discrètement, sans trop de bruit, elle se rapprocha de trois garçons d'environ son âge, les observant. De quoi riaient-il ? Qu'était donc la petite chose noire gisant à terre ? Pandore comprit très vite. Elle était horrifiée, mais elle ne pouvait rien faire. Ce chiot était-il condamné ? Elle en avait les larmes aux yeux, le coeur tremblant. Elle fut coupée dans ses questionnements et son hésitation, lorsqu'un autre personnage apparu.

Tout se déroula très rapidement, après cette apparition. Trop rapidement pour la jeune fille. Elle n'avait même pas totalement réalisé les choses, qu'elle couru prendre le chiot dans ses bras, et s'en alla aussitôt, se réfugiant un peu plus loin. Elle tremblait. Pandore n'a jamais été très courageuse... Voir pas du tout. Pour elle-même, elle avait à cet instant même, réalisé un exploit. Si tout avait mal tourné, qui sait ce qui aurait pu lui arriver ? Mais elle n'était pas la seule à trembler. Le chiot lui léchait la figure, soulagé, couinant faiblement. Il était laid. Des poils lui manquaient, certaines de ses vibrisses semblaient coupées, il avait quelques plaies sur le dos... Il semblait si vulnérable !

« Huh. Il va bien ? »

Pandore leva les yeux, dans un léger sursaut. Le garçon était lui aussi plutôt laid. Le visage défiguré, rempli de pansements, des yeux noirs tout comme ses cheveux mal coiffés, ses mains étaient sales, égratignées... Elle se releva, toujours le chiot dans les bras, le serrant contre elle, et recula d'un pas. Elle hocha la tête en guise de réponse, son regard ne croisa pas un seul instant celui du gamin. Puis elle se décida finalement.

« Je ne pense pas qu'il ait besoin de soins particuliers... Il faudrait juste surveiller qu'il mange correctement et cicatrise bien ! Mais... Mais et toi ? Tu t'es battu non ? »

Ce n'était pas dans ses habitudes de parler aux garçons, surtout à ce genre de garçon... Il n'avait pas l'air méchant, mais il était impressionnant. Elle ne pouvait se résoudre à lui faire confiance, mais il avait sauvé ce chiot, et quelqu'un qui sauvait un chiot ne pouvait être cruel !
Elle se demandait tout de même ce qu'il allait advenir de la petite chose. Elle le regarda, attendrit par ses grands yeux ronds et sa frimousse si adorable, malgré son pelage ingrat de par ses blessures. Elle s'accroupit et le posa par terre, et il se mit aussi tôt à sautiller partout !

Elle ne le regardait pas une seule seconde, redressée, le chiot dans les bras. Le jeune garçon arqua un sourcil et releva légèrement le coin gauche de sa lèvre supérieur, soupirant intérieurement. Est-ce qu'elle aurait peur ? Oh, ce n'était réellement pas étonnant au final, lorsqu'on voyait Ryūku, ce n'était pas de la sympathie qu'on éprouvait directement pour le jeune garçon. Ce-dernier passa une main à l'arrière de son crâne, frottant légèrement, observant le chiot en piteux état. Ryūku écouta les dires de la demoiselle puis hocha légèrement sa tête, enfouissant finalement ses mains dans ses poches, le faciès neutre. L'instant martial de précédemment avait disparu complètement, balayé, il n'y avait plus rien de la mine carnassière, il n'y avait plus qu'un jeune gars un peu abîmé, trop léthargique.

Il eut un sourire également attendrit devant la petite bestiole qui sautillait, ayant visiblement été rassuré entre les bras réconfortants de la jeune fille. Ryūku ignora un bref instant la demoiselle, venant s'accroupir, tendant ses bras. Il souriait d'une façon qui était rare à voir chez lui, peut-être parce qu'il semblait éprouver un véritablement sentiment de satisfaction ? Les animaux avaient de toute façon toujours eut un véritable effet d'apaisement sur le gamin, petits comme grands, abîmés ou non, jeunes comme vieux, n'importe quelle espèce. Le garçon préférait davantage le monde animal que celui humain, certainement parce que le second ne lui avait jamais vraiment laissé de chances. Le chiot aux poils manquants vint alors contre Ryūku, couinant doucement, sa queue battant, léchant le cou du jeune garçon qui eut un léger rire franc. Le noiraud enserra doucement l'animal blessé, grattant affectueusement le sommet de son crâne avant de le serrer un peu contre lui. Faisant cela, le jeune homme aux mirettes ébènes glissa son regard sur la demoiselle, perdant un peu son sourire.

« C'est rien pour moi, j'suis habitué. Qui va s'occuper de cette pauvre bête ? Surveiller qu'il mange et tout t'as dit, c'bien beau mais faudrait encore quelqu'un pour faire ça. J'peux rien ramener chez moi, il risque d'être tué. »

Oh, ils ne l'avaient pas sortit de ce mauvais pas pour qu'il soit finalement tué par un imbécile d'humain incapable de se remettre en question. Ryūku restait accroupit, laissant le chiot sur ses quatre pattes, le taquinant doucement en enfonçant un doigt dans les petites babines abîmées. Alors, amusé, le jeune garçon attrapa finalement le chiot et se redressa, arborant un grand sourire qui dévoilait ses dents blanches, il porta le chiot à deux mains, le postant juste devant lui, les pattes arrières dans le vide.

« Hé, on s'ressemble hein ? »

Fit Ryūku alors que son grand sourire se modifiait en sourire en coin amusé. Il faisait certainement référence à l'allure qu'offrait le chiot avec ses blessures, ses poils en moins, ses plaies. Un peu à l'image du jeune des rues et ses pansements, ses coupures, ses éraflures sur les articulations de ses mains. Le noiraud se pencha alors, reposant le petit sur ses pattes, restant ainsi penché, semblant observer le chiot. La mine attendrie du jeune homme aux pansements habillait toujours son faciès qui n'avait plus rien de neutre, il y avait peut-être cette once de léthargie qui trônait au fin fond de son regard sans grande émotion, un peu endormi.

« Il est mignon. »

Un commentaire qui n'attendait pas spécialement de réponse. Ryūku redressa son corps fin, croisant ses bras, observant un peu mieux la demoiselle aux cheveux sombres. Qu'allaient-ils faire de cette bête ? Qui voudrait d'un chiot dans un pareil état ? Peut-être une SPA, s'il y en avait, ce n'était pas comme si Ryūku faisait réellement attention à ce genre de choses.

Observant tout ses faits et gestes, Pandore se perdait lentement dans ses pensées. Le jeune homme était plutôt attendrissant, de par son côté mystérieux. Et puis cet animal... Oui, il était mignon. Il était très mignon. Il était trop mignon. Elle ne pouvait juste pas se faire à l'idée de l'abandonner quelque part. Que faire ? Qu'en faire ? Est-ce qu'une association le remettrait réellement sur pattes ? Elle ne voulait pas s'en séparer. Et si il était mal placé ? Si il finissait chez une mauvaise personne ? Rien qu'en y pensant, une larme roula sur sa joue devenue bien pâle. Elle s'empressa de l'essuyer après que le garçon s'était relevé et la fixa. Ses joues rougirent, et son regard se posa sur le chiot. Elle n'aimait pas être fixée.

Une idée finit par germer en elle. Le chiot semblait bien jeune, il ne pouvait qu'avoir une mère ! Sa démarche était maladroite, il trébuchait, tombait, tremblotait parfois... Et si, en partant un peu trop loin de celle-ci, il avait été enlevé ? Les chances que ce soit effectivement le cas étaient minces. Mais ce n'était pas impossible. Et qui dit mère, dit bien souvent propriétaire ! De nos jours, les chiens errants se faisaient rares.
Pandore tapota ses genoux pour attirer l'attention du petit, et le reprit dans ses bras. Lui caressant la tête, elle cherchait d'autres solutions...

« Dis... Ehm, tu pense qu'il avait un propriétaire ? Ou bien une mère ? »

Les joues de la demoiselles rougirent une fois de plus. Elle se sentait bête; peut-être qu'elle y mettait trop d'espoirs. De plus, elle voulait nommer une personne dont elle n'avait jamais entendu le nom. Inutile de chercher à lui donner un nom, si elle ne le connaissait pas ! Elle chercha à se rattraper.

« Co... Comme je suis interne, je ne pourrais pas le garder avec moi, et je ne connais encore personne. »

Cependant, la remarque d'un peu plus tôt qu'avait fait le sauveur du chiot revenait en tête à Pandore. "J'peux rien ramener chez moi, il risque d'être tué." C'était bien ce qu'il avait laissé entendre ? Pourquoi quelqu'un ferais-t-il autant de mal à une créature aussi adorable et innocente ? A trop se questionner, Pandore en avait des maux de tête !
Elle n'osait cependant rien demander. Le petit chien commençait à s'agiter et à couiner. Il devait avoir faim... Ou peut-être froid ? Pandore le posa au sol, et l'enroula dans son écharpe, puis le ramassa à nouveau. Elle était déjà ici depuis quelques jours et s'était à peu près repérée après s'être perdue plusieurs fois. Mais c'était la première fois depuis son arrivée qu'elle se sentait aussi... Mal à l'aise. Ce n'était qu'à présent qu'elle réalisait qu'elle n'était pas chez elle. Elle aurait pu le garder, chez elle... Elle ne savait plus que faire. Bien qu'elle n'avait jamais eu d'amis, même si parfois elle se faisait persécuter, à cet instant précis, elle regrettait d'être ici.

Observant tranquillement la jeune demoiselle et le chiot, Ryūku arqua un sourcil, l'écoutant tout en arborant un fin sourire amusé sur ses lippes. Peut-être était-ce l'attitude de la jeune fille qui l'amusait quelque peu ? Ses joues s'empourpraient indéniablement, elle semblait particulièrement gênée ou mal à l'aise. Ne disant tout d'abord rien, le jeune garçon laissa glisser ses prunelles sur le chiot enrubanné de l'écharpe qui tremblait un peu moyen, en sécurité au fond des bras de la demoiselle. Bien, il fallait dans tous les cas faire quelque chose pour cette petite bête sans défense, le laisser seul ici après l'avoir défendu contre des vautours n'était aucunement suffisant. Enfin quelque chose à faire de cette fichue journée, cela en valait bien la peine de traîner ainsi au parc sans but.

« J'en sais rien mais on va chercher. J'te propose qu'on fasse le tour du parc ? Et les maisons aux alentours, on va bien trouver. J'espère. »

Le jeune garçon passa une main dans sa chevelure, grattant le sommet de son crâne en continuant d'arbore cette mine blasée. Ses mirettes glissaient autour de lui puis, ne trouvant aucunement ce qu'il avait visiblement cherché du regard, s'approcha de la demoiselle. Certes, Ryūku avait bien vu qu'il l'avait mit mal à l'aise pour quelconques obscures raisons mais cela l'amusait au fond de lui. Ainsi, il vint délicatement poser une main sur l'épaule gauche de la jeune fille, lui offrant un léger sourire qui lui découvrit quelques dents blanches. Gentiment, sans force et sans bousculade, le garçon la poussa légèrement afin de la faire avancer.

« Je suis Ryūku, et toi ? Merci d'avoir récupéré ce chiot pendant que je leur réglais leur compte. »

Et encore, il n'avait pas été trop brutal avec eux. Parce qu'ils étaient jeunes et d'ailleurs, la noiraud avait veillé à simplement effrayer le plus jeune d'eux. Ne frappant que les deux plus âgés. Ryūku relâcha l'épaule de la demoiselle afin de venir enfoncer ses mains dans ses poches, arborant une légère moue, baissant un peu sa tête tout en observant l'horizon. Conservant tout de même son ouïe à l'attention de la demoiselle aux étranges mirettes.

Un vent doux, léger se fit sentir. Non pas désagréable, bien au contraire. Seul le chant des oiseaux brisait le silence qui régnait dans le parc; ainsi que les deux adolescents, et le chiot sauvé. Le jeune homme proposa de faire le tour du parc, et de chercher dans les maisons alentours, remarque à laquelle Pandore se contenta d’acquiescer, sans trop de réaction. Elle s'était remise à se perdre dans ses pensées, en fixant le chiot qui baillait dans ses bras.
L'agitation du garçon la réveilla, en quelques sortes. Alors que le visage de la demoiselle avait enfin reprit sa teinte habituelle, il se rapprocha un peu d'elle et posa sa main sur son épaule, tout en douceur, arborant un sourire franc, bien que léger, et la poussa précautionneusement. Puis, il se présenta, alors que les joues de Pandore s'étaient entièrement empourprées jusqu'au bout de son nez ! Même elle pouvait le constater. Elle ne se laissa cependant pas surprendre par sa propre timidité, et répondit aussitôt.

« Je me prénomme Pandore. Et... Mh... Ce n'est rien... »

Le regard de la demoiselle se porta au sol, une fois de plus. Comme elle portait le chiot, elle ne pouvait de toute manière pas se cacher. La timidité était certainement, à ses yeux, son plus gros défaut. C'était un sentiment auquel on ne pouvait pas s'habituer, et qui n'était pas des plus agréable. Elle ne pouvait que difficilement l'accepter, mais au moins pour une fois elle arrivait à parler.

Après plusieurs minutes, Pandore se calma finalement. Marchant derrière Ryūku, son regard se posait régulièrement sur ses mains; abîmées, meurtries. Elle ne savait rien à son sujet, alors elle se posait toute sortes de questions. Cependant, pas une seule fois elle n'eût une réaction de rejet envers lui. Au contraire, elle lui trouvait un côté mystérieux, et était plutôt curieuse. Qui pouvait-il vraiment être ? Il avait l'air d'être quelqu'un de bien. Ou peut-être se faisait-elle trop d'illusion. Elle n'avait pas ressenti d'hostilité ou d'animosité dans le regard du garçon. Il avait l'air d'aimer les animaux, c'est tout ce qu'elle en retenait réellement.

Le chiot était toujours blotti dans les bras de la demoiselle. Il n'était pas endormie, mais il était très calme pour un petit. Il devait tout de même avoir subit un choc émotionnel, mais il n'était plus tremblant, ni apeuré. Plusieurs fois, il avait essayé de manger les longs et lisses cheveux noirs de Pandore. Cela ne la dérangeait pas; mais elle préférait qu'il évite de s'étouffer, alors elle les replaçait derrière son épaule.

« Oh ! On m'appelle ! On m'appelle ! Est-ce qu'on s'est inquiété pour moi ? Je veux rentrer ! »

Dans un brusque mouvement de recule, Pandore tomba en arrière. Le chiot s'était soudainement mit à... Parler ? Etait-ce vraiment lui ? Elle n'en savait rien. Elle manqua de le lâcher tant il s'était agité, mais le resserra contre elle. Elle s'était quelque peu fait mal au dos, ainsi qu'à la tête, et était même un peu sonnée, mais était contente de ne pas avoir lâché le chiot; et qu'il n'ait rien. Elle se releva, désormais assise au sol. Une voix pouvait se faire entendre au loin; celle d'un enfant qui appelait quelqu'un. Ne sachant pas ce qu'il se passait, Pandore resserra davantage le chiot contre elle, toujours aussi agité. Les larmes étaient venues embuer ses yeux. Elle n'aimait pas être prise de court; elle ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer, et sa tête lui faisait mal.

Pandore. Le fils des Rues resta silencieux même si ce prénom atypique mais agréablement joli l'intrigua un bref instant. Le noiraud leva son visage vers l'immensité du ciel, observant d'une expression dénuée d'émotions, l'azur, échappant ses mains de ses poches afin de venir les placer à l'arrière de sa tête. Ryūku avançait tranquillement, laissant de temps à autre ses mirettes ébènes glisser sur le côté afin de tenter d'apercevoir la dénommée aux Pandore aux prunelles de saphir et d'or.

Un mouvement brusque derrière lui le fit se détourner vivement, cependant ce ne fut pas assez pour pouvoir retenir la demoiselle. Il fit un pas vers l'avant, bras tendus, la mine toujours affreusement empreinte de cette neutralité. Ryūku observa autour d'eux, pensant au tout début que quelqu'un avait peut-être bousculé Pandore, les gamins de tout à l'heure ? Non. Ce n'était pas ça, avait-elle buté sur quelque chose ? Le sol était plat. Alors comment la demoiselle avait-elle donc pu tomber ? Le jeune garçon se redressa un peu, s'approchant de la jeune fille à présent assise. Il ignora un instant la voix au loin qui appelait, observant dubitativement Pandore dont les yeux se mouillaient de larmes. Prit de court, Ryūku gratta un peu l'arrière de sa tête, arquant un sourcil, scrutant le chiot s'agiter entre les bras de la jeune fille.

« Heu... tu... tu t'es fait mal peut-être ? », demanda d'un air un peu bête le jeune garçon.

Il vint s'accroupir à ses côtés, posant amicalement une main sur le sommet de la tête de Pandore, observant rapidement si aucune blessure n'était visible. Peut-être des douleurs. Le chiot s'agitait follement. Ryūku baissa ses orbes noires sur le petit canidé et vint débarrasser la demoiselle de l'animal qui couina légèrement, semblant regarder dans une direction bien précise. Le noiraud retenait la bête d'un bras, offrant à la demoiselle ce qui aurait pu être un sourire réconfortant mais qui ressemblait plutôt à un drôle de rictus figé. L'adolescent avait bien trop perdu l'habitude de sourire d'une façon normale. Ses sourires habituels n'étaient que rictus sournois, dents découvertes dans une expression carnassière. Alors même quand il essayer de bien paraître, cela tournait vite à l'effrayant.

« Hé, arrête de t'agiter toi. Stop. Eh, calme toi sérieux... Hmpf. »

Ryūku le maintenait tout de même assez bien dans son bras droit. Le noiraud soupira doucement avant de tendre sa main gauche à la jeune fille afin de l'aider à se redresser, n'ayant jamais été particulièrement fort pour ce qui était de réconforter autrui. Il se releva tout en redressant Pandore, tournant alors sa tête vers l'endroit d'où provenait des appels sans pour autant vraiment comprendre à qui ils étaient destinés, l'endroit vers lequel le chiot aboyait furieusement, tentant encore de s'extirper de cet enfermement. Le jeune garçon fronça un peu ses sourcils, reposant son attention sur Pandore.

« Eh ? Comment tu es tombée, tu t'es emmêlé les pieds ou... ? »

Vraiment, il ne parvenait pas à comprendre. Et ce canidé qui s'agitait beaucoup trop entre ses bras.

La demoiselle, perturbée, frotta son bras contre sa figure, essuyant ses yeux. Ryūku avait récupéré le chiot, elle ne l'avait pas réellement remarqué. Il lui avait parlé également, mais elle l'avait ignoré, elle s'en voulait un peu.
Elle dressa ses yeux, l'air perdue, vers la main qui lui était tendue, et l'accepta timidement, se relevant. Désormais, Pandore ne se souciait plus réellement de qui était le garçon en face d'elle, ni du chiot. Elle avait l'impression d'être folle. Et si tel était le cas ? Les larmes se remirent à lui monter aux yeux, roulant même sur ses joues. Si la folie était effectivement présente en elle, est-ce que ses parents adoptifs en auraient honte ? Ce n'était pas la première fois qu'une voix avait raisonnée dans son esprit. Alors que Ryūku lui demandait comment elle était tombée, à nouveau la voix s'éveilla en elle.

« Laissez moi y aller ! Je veux le revoir ! Maman aussi ! Laissez moi ! »


La jeune fille jeta un oeil au petit chien, toujours aussi vif. Cette fois ci, elle n'eût qu'un léger sursaut, mais sa tête lui faisait de plus en plus mal. Elle ne pu s'empêcher de lancer un regard emplie d'interrogation au garçon. Le chiot devait bien être celui qui parlait, et si tel était le cas, était-ce son maître, l'enfant qui appelait ?
Elle pointa finalement l'endroit d'où provenait les appels du doigt.

« Son propriétaire doit le chercher, sans doute, tu devrais aller lui ramener... Je vais rentrer, j'ai encore pas mal de choses à faire, excuse moi. »

Malgré les larmes et sa voix tremblante, elle avait réussi à parler calmement. Ce qui était plutôt rare. Mais suite à ses quelques mots, elle ne pu même pas dire au revoir à ce qui était devenu une sorte de héro à ses yeux. Gênée par toutes ses larmes, elle se retourna brusquement et se mit à courir vers la direction la menant à l'internat. Même si elle n'était pas sûre qu'il se trouvait par ici.

Elle n'avait même pas pu le remercier une dernière fois. Peut-être qu'elle ne le reverrait jamais, au final...