Espionnage ennuyant, tentons autrement || p.v Max

Filature foutue

There's something tragic about you, something so magic about you, don't you agree ? Babe, there's something lonesome about you, something so wholesome about you, get closer to me... Δ From Eden - Hozier

Ses pupilles de saphir fichées sur une chevelure couleur neige, la belle surveillait de loin. Recrachant la fumée de sa cigarette, elle l’observait au travers les moutons de fumée. Se contentant de suivre de temps à autres, noter tout ce qui pourrait paraître suspect. Victoria ne connaissait pas réellement cet inconnu, elle se contentait de se fier aux ouï-dire sur cet individu pour tomber sur une éventuelle piste. Odeur de tabac et de café chatouillaient ses narines, elle écrasait sa cigarette en soupirant, l’ennui de filer cet inconnu se faisait sentir. Peut-être qu’elle ne trouvait rien de concluant pour le moment, peut-être qu’elle était tout simplement fatiguée. Ses doigts tapotaient nerveusement sur la table du café, cherchant quelques signes louches venant de l’inconnu. Rien. Tout semblait pour le moins normal chez lui, du moins de loin. L’américaine songeait à tenter d’entrer en contact avec lui pour le connaître un peu plus et tenter de confirmer certains dires.

Victoria laissait la monnaie de l’addition, elle se levait de sa chaise pour finalement se rapprocher un peu plus de la personne concernée. Après tout, elle n’allait rien perdre à se rapprocher pour tenter d’avoir des réponses à ses questions.

HRP:

GASMASK

Une journée ordinaire au travail.
Une journée comme les autres.
Encore une journée à l'officine qui s’achève.
Une journée où – bien qu'il y ait eu des ventes, il avait passé le plus de temps en réserve à peaufiner quelques commandes pour pouvoir être sur de ne pas être en rupture de stock. En général, quand il faisait ça, il ne voyait pas le temps passer. Il préférait scruter ces étagères débordantes de médicaments, inertes, que de voir les visages décomposés des clients.

Il avait reçu sa paie et comptait bien se changer les idées en allant se promener dans le centre ville. Il y a une éternité qu'il n'avait pas prit la peine de simplement se gâter, se faire plaisir. Il ne savait pas quoi faire de son argent. Il n'avait pas l'envie de le donner ni à des associations, ni à des sdf, ni d'investir sur un quelconque marché qui risquait de s'effondrer pour X raison.

Il avança tranquillement dans les rues de la ville, les pieds trainants. Il soupire quelques instants quand le petit bonhomme du passage piéton passe au rouge. Toujours pressé, toujours à courir, jamais à s'arrêter. Ces temps-ci, il avait juste une envie: prendre des vacances. Voire même démissionner. Mais son travail était l'unique chose qui l'occupait en journée.
Besoin de prendre l’air, de s'évader.
Il marchait comme un fantôme dans la rue.
Il avait envie de se laisser aller, de s’enfoncer le crâne dans la terre et de ne plus jamais en ressortir. Il décida d'aller dans un bar, s'enivrer de l'odeur de l'alcool qui flottait dans l'air de ces lieux fermés.

L'après-midi venait à peine de prendre sa place, que les rayons du soleil se reflétaient déjà sur l'horizon. C'est la vue qui s'offrait, sous ses yeux, en ce jour. À travers cette vitre, la fraîcheur irradiant sa peau. Cette peau qu'il collait contre la vitre. Profitant du spectacle que pouvait lui offrir une ville en ébullition. Rares sont les fois, où il avait l'occasion d'en profiter. Il rentrait très souvent directement chez lui après le travail.

Les gens se pressaient, chargés de sac remplis à ras bord de victuailles et d'autres choses dont ils n'avaient pas réellement besoin. Les yeux dans le vague, il scrutait les visages sans émotions, les silhouettes qui se dépêchaient et formait un ballet urbain entêtant.
Ses yeux balayent la foule pressée à demi inconsciente qui se traine comme un amas de larves.
C’est sombre, bruyant, puant, ça se bouscule dans tous les sens. Carrément insupportable.

Enfoncé dans ses vêtements confortables, Max tente tant bien que mal de faire abstraction de ce déballage de médiocrité moderne et observe le spectacle à l'intérieur du bar qui se présente à lui. Des gens assis, des gens debout, des chiens, et même un rat sur l'épaule d'une jeune fille.
La vieille qui tousse là-bas dans son coin comme si on était en hiver, les deux adolescentes trop maquillées préparant d'éventuels plans et le garçon du fond, insupportable, avec sa musique en haut parleur. De la plante des pieds aux narines Max se sent gagné par un profond sentiment d’agacement qu’il extérioriserait bien dans la gueule de tous ses gens banals, incohérents, larvés et puant.
Il fallait qu’il extériorise, qu’il fasse quelque chose, n’importe quoi, pourvu que cette négativité s’en aille, pourvu qu’il arrive à dormir ce soir.

Max lève la tête par réflexe avant de croiser le regard d'une femme.
Il la scanna rapidement. Il ne se rappelait pas l'avoir déjà vu.
Il fut rappelé à la réalité par la voix rauque du serveur : « Un café serré. »

Elle s'était rapprochée. Le même regard insistant.
Il attendit d'avoir son café pour se lever et s'asseoir à coté d'elle.

« Bonjour mademoiselle. Je ne crois pas vous avoir déjà rencontré. »

Il la regarde, ce rictus si caractéristique collé à ses lèvres. Il la dévore de son regard chasseur.
Il était au maximum de ses aptitudes sociales : il se contentait de sourire, de regarder la personne en face. Comme on lui avait toujours apprit.

Ayant enfin quelque chose pour le distraire, il observait la jeune femme avec plus d’attention, comme il avait l’habitude de le faire : il aimer cerner les gens, retenir leur visage, anticiper leurs gestes. Elle était plutôt mignonne, plus jeune que lui pensa-t-il.
Se mettre dans l’humeur d’une interaction sociale n’était pas chose aisé pour lui.
Détente, détente.
Il boit une gorgée qui lui brule le palais.
Toussotement, raclement de gorge.

« On ne fixe pas les gens de la sorte. »

Grand sourire, à nouveau.

Filature foutue

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L’homme à la chevelure couleur neige avait croisé son regard, il l’avait vue. Tentant d’effacer sa présence, l’agent posait ses yeux ailleurs, elle faisait mine de l’ignorer mais c’était trop tard. L’inconnu avait fini par prendre sa tasse de café et s’asseoir à ses côtés. Merde. Filature foutue en l’air. Nerveusement, Victoria se mordait la joue avant de reposer ses pupilles sur l’intéressé. Puisqu’il cherchait l’interaction, autant lui répondre et tenter d’en savoir un peu plus sur lui. Le regard de la policière était toujours pesant, il ne changeait pas, elle le détaillait toujours. Il finissait par parler. Elle le saluait par politesse Un léger sourire apparaissait sur les lèvres de l’américaine alors qu’il continuait, elle était amusée à sa façon dont il la regardait. C’était le genre de regard qu’elle avait déjà vu quelques fois, ce n’était pas le regard que tout le monde faisait, non. Elle passait une main sous son menton pour appuyer sa tête.

- Oh non, j’en doute. J’aurais retenu votre visage si je vous avais déjà rencontré.

Son sourire s’élargissait à la fin de sa réponse. Libre à lui de l’interpréter comme il le voulait. Elle était presque d’humeur taquine, sa filature ne s’annonçait pas si mauvaise au final. Malgré son regard presque animal, son air blafard, ses cheveux blancs, il avait une sorte de charme. Peut-être un genre de charisme, difficile à dire. Jouant avec la cuillère de son café de l’autre main, elle continuait de le fixer sans détourner le regard, sans prendre d’airs chaleureux pour autant. Un petit rire sortait des lèvres de Victoria.

- On me dit souvent que j’ai une façon bien spéciale de regarder les gens, un regard un peu froid, un peu trop insistant et pesant. Je ne m’en rends pas forcément compte.

Il faisait à nouveau son grand sourire, dévoilant presque toute ses dents.

- Que me vaut l’honneur de votre présence à mes côtés ? Rares sont les gens qui viennent à côté d’une femme qui leur jette un tel regard. Vous n’avez donc pas peur ?

Pure taquinerie, elle se doutait bien qu’il n’avait pas peur. Elle se doutait qu’il voulait quelque chose, mais elle ignorait quoi.

Elle était là.
Elle était là devant lui, le regardant de ses yeux azur.
L'atmosphère était soudainement devenue étrange, comme s'ils étaient loin du pub, loin d'Hoshikami. C'était presque irréel.
Ils étaient là à se dévisager, presque méchamment.
Face à face, les yeux dans les yeux.
Il y avait quelque chose de piquant, ensorcelant dans cette femme.
Quelque chose d'envoûtant à détruire.

« Peur d'une belle femme ? » répondit-il en riant, le ton légèrement moqueur mais on ne peut plus amical. Une petite boutade pour commencer la conversation, ça faisait du bien.
Il but une gorgée de son café.
Il ne plaisantait qu'à moitié en réalité.

Baissant les yeux, il ne pouvait que se mordiller la lèvre, pensant intérieurement aller un peu trop loin avec une inconnue.

En fait, en y réfléchissant bien,les minutes se ressemblaient toute d'une façon où d'une autre. Déprimantes, fades et sans but. Les idées noires traversaient à un moment donné sa tête. Et tout le monde avait une vie plus ou moins merdique, avec son lot de déceptions, de casseroles, et d’ennuis.

Tout va bien.

Il finit son café.
Un sentiment de plénitude, agréable.
Les idées plus très claires, le liquide qui brûle la gorge pour se diffuser.
Sans plus attendre, il commanda un verre d'alcool.
Aujourd'hui était un beau jour pour boire.

Doux alcool, combles-moi pour ne plus rien ressentir.

« Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? »

Il la toise avec arrogance, un sourire toutefois amusé car sa bouille attendrissante réveille quelque chose d'endormi chez lui.
Perplexe par rapport à la situation actuelle.
Il ne sait rien du tout de la tournure que les événements risquent de prendre.
Il sirota longuement son verre comme un enfant, les yeux pétillant de malice, tentant du mieux qu'il peut de calmer peu à peu ses démons intérieurs.

Filature foutue

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Le regard plongé dans celui de l’inconnu, comme si elle cherchait quelque chose dans le fond de ses yeux. Ne détournant pas le regard, Victoria portait sa tasse de café à ses lèvres, seule une grimace lui fit poser les yeux ailleurs. Pas de sucre, trop chaud. Elle reposait ses iris bleutées sur cet homme mystérieux.

- Haha, quel beau parleur.

La policière penchait légèrement la tête sur le côté, s’appuyant de son poing. Le contact visuel se brisait alors qu’il baissait les yeux. Etait-ce le regard de la brune qui était trop insistant ? Etait-ce pour une autre raison. Elle se contentait de l’observer plus en détails. Il semblait ailleurs, perdu dans ses pensées. Elle regardait l’homme, le détaillait, son regard glissait de son visage à son buste. La curiosité envahissait Victoria, pourquoi était-il venu la voir ? Elle imaginait tout et n’importe quoi. Surtout n’importe quoi. Son souffle s’emballait, son visage s’empourprait légèrement, elle se perdait dans ses pensées. La voix rauque du suspect la ramenait à elle. Toujours ses pensées en tête, elle buvait une gorgé de café, se sermonnant elle-même « Mais enfin, tu joues à quoi ? C’est un type suspect, tu ne peux pas penser à autre chose que le travail. » Trop tard ma belle. Tu t’es jetée dans ses raies.

- Ce que je fais ? Je suis policière. Portant sa tasse à ses lèvres, elle terminait son café. Et vous ?

L’américaine se penchait un peu plus en avant pour se rapprocher légèrement de son interlocuteur. Elle connaissait ce regard qu’il faisait. Ce n’était pas pour simplement discuter qu’il s’était joint à sa table. « Tu veux jouer ? Très bien. » pensait la policière. Un sourire taquin se formait à la commissure de ses lèvres, frôlant ses mollets du bout de ses escarpins. Elle interpellait un serveur pour commander un verre de martini, il se pourrait qu’ils aient une longue conversation.