❝ L'innocence triche. ⚔ Ban.

couleur des yeux — Un noisette à la limite du jaune. Probablement que vous diriez « feu » en les voyant au premier abord. ; couleur des cheveux — Un brun très foncé se dessine dans une coupe courte de dos, se faisant néanmoins plus longue devant. ; taille — Un mètre quatre-vingt-dix-huit. Une montagne pour le commun des Japonais. Néanmoins l'arrivée d'étranger en grand nombre dans cette ville semble le faire passer plus inaperçue. Tout du moins il semble l'espérer. ; poids — Quatre-vingt-neuf kilos. Une forte musculature finement musclée dessine son corps, visiblement un sportif à n'en pas douter. ; tatouages ou piercings — Les piercings sont loin d'orner cet homme, pourtant quelques tatouages se dessinent par-ci, par-là, notamment un tribal sur son biceps gauche ainsi qu'un second dans le creux des reins. ; cicatrices — Une seule cicatrice bien visible dans le bas du dos. Cependant vous risquez d'en voir une multitude sur son corps. ; style vestimentaire — Simple, décontracté, bien loin d'être incommodant. L'homme semble incapable de se voir dans un costard ou dans une mode quelconque. Plus cela semble simple, mieux il se porte.

« J'ai posé mes yeux sur ce monde et j'ai compris à quel point tout n'était qu'un grand hasard. »

Ses lèvres s'entre ouvraient légèrement à la recherche de ce qu'il pouvait bien dire à cet instant précis. Quand on demande à quelqu'un de se définir, de parler de soi ou bien de nous éclairer sur ce qu'il est en tant qu'être humain, la question semble bien difficile. Elle vous apparaît comme un obstacle dont vous ne pourrez jamais franchir la première pierre. Parce qu'il existe un fossé entre ce que vous croyait être et ce que vous êtes aux yeux des autres. Que ce soit des gens qui vous connaissent depuis toujours ou ceux que vous croisez dans la rue, rien ne semble s'accorder. Alors un instant la réflexion se fait dans votre esprit, cherchant à savoir ce que vous devez dire ou non.

« Je ne sais quand ce trou béant à commencer à prendre forme. »

Le vide s'insinue alors dans ses orbes, fixant inéluctablement le ciel étoilé. L'homme semble être quelqu'un de silencieux la plupart du temps, bien réservé et se contentant de fixer la plus grande majeure partie de la vie qui s'étale autour de lui. Des soupirs ne cessent pourtant de se faire entendre faiblement comme si tout lui semblait si las aujourd'hui. Ce n'est pourtant que le « masque » qui s'associe inévitablement à ses traits lorsque personne n'orne ses côtés. À quoi bon sourire si personne ne vous fait face ? C'est inutile, n'est-ce pas ? Alors un silence se profile naturellement.

« Bon ou mauvais, c'est vague comme question. »

Ban n'est à ce jour ni bon, ni mauvais. Depuis toujours sa vie n'a été qu'un combat perpétuel pour y survivre. Une lutte pour avancer. Il n'y a aucun humain qui n'ait jamais souffert et aucun humain qui n'ait jamais fait souffrir. C'est immuable. Il s'est battu autant par égoïsme que par altruisme. Son corps s'est forgé dans les bastons de rues très jeune et dans la boxe pour calmer ses ardeurs de gamin insolent et rebelle. Son physique semble scier à ce qu'il fut un jour. Insouciant et revêche. Fumer pour contredire l'autorité, se battre pour se sentir libre, sortir pour s'oublier, assumer pour comprendre ce que c'est la vraie vie. Le jeune homme ne semble n'avoir alors jamais fuis devant ses problèmes et les conséquences de ses actes. On le traitait de délinquant, de personne violente et c'était un fait, pourtant il n'a jamais tourné le dos à la réalité de ses actions.

« Je n'ai jamais trahi. »

Droit, son langage laissait probablement à désirer autant que sa manière d'agir et aujourd'hui peut-être est-ce toujours le cas dans son langage, ne pouvant retenir cette franchise à la limite de la naïveté selon certain. C'est simplement que son esprit ne voit guère d'intérêt à aller dans le sens des autres simplement pour flatter un ego inutile. Ban est honnête au point d'en être blessant bien souvent. Pourtant, n'est-ce pas ce qui a fait de lui une personne sur qui l'on pouvait compter ? Une confiance se mérite, une confiance se gagne, mais une fois qu'il vous la donne, jamais ne la reprendra. On s'attache cependant parfois aux gens sans en comprendre réellement la raison et c'est probablement ce qui a perdu le jeune homme finalement. Faire confiance là où la méfiance aurait été plus utile parce que les humains changent avec le temps. Ce que l'on croyait savoir d'eux fini par disparaître un jour. Et irrémédiablement une certaine rancune se lie à ce sentiment de trahison. Il n'aime pas pardonner quand cela n'est pas mérité et ne pardonne toujours pas à cette ville.

« Je m'en branle qu'ils reviennent ou non. »

Se voiler la face en espérant que rien ne puisse pénétrer vos défenses. Ban est un homme qui se créer naturellement une armure pour s'y protéger de tout à présent. S'il fut un jour si insouciant au point de se faire avoir si facilement, l'ex-détenu sait à présent bien s'armer pour se défendre. Trop au point d'en oublier que chaque être vivant est aussi différent que celui qui respire juste à ses côtés. En un sens, la méfiance a gagné sur l'insouciance et la jeunesse. On le dit alors las voir inintéressant, ennuyeux et chiant. C'est une drôle d'idée quand on sait que le jeune homme est capable de bien des choses.

« J'aime sortir ! »

Ramener une femme différente chaque nuit ou un homme. À quoi bon se restreindre quand aucune préférence ne s'y lie ? Ce n'est pas comme si le cœur était sur le marché. Il n'en a cure à vrai dire et se contente simplement de prendre ce qui passe sous la main. Alors il sort, bois et se fait des amis probablement éphémère pour la plupart. Ce n'est pas comme s'il en avait réellement quelque chose à foutre. Je m'en foutiste probablement sur les bords. Tant qu'on ne réveille pas ce qui sommeille, ce n'est pas bien grave de le laisser derrière. Il y a assez de personnes en ce bas monde pour trouver compagnie ailleurs.

« Je n'ai pas tué ce type. »

C'est la lourde conclusion d'un changement d'état d'esprit en dix ans. C'est la lourde conclusion de ce qu'il fut et ce qu'il n'est plus à présent. C'est la lourde conclusion d'un gamin qui a passé dix ans en prison.

Ban est vulgaire. Ban à l'air calme, mais gère mal sa colère en réalité. Ban est violent dans le fond. Ban frappe donc chaque jour dans un sac pour se calmer intérieurement. Ban boit. Ban fume. Ban se drogue s'il veut. Ban couche bien avec tout ce qui bouge. Ban comble un vide qu'il ne comprend pas comme il peut. Ban a l'air froid, mais Ban est un humain. Ban est capable de gentillesse comme de vous éclater la tête contre un mur si vous l'énervez. Ban est fainéant. Ban aime dormir. Ban aime geeker quand il n'a rien à foutre. Ban aime la musique et il joue d'ailleurs de la batterie et du piano. Ban aime les sucreries comme un gamin de cinq ans. Ban il aime sa vie tranquille dans son coin et ses motos. Ban est grégaire, mais ne veut pas s'attacher à autrui. Ban aime être seul autant qu'avoir quelqu'un à ses côtés. Ban n'est pas compliqué en soi. Ban a simplement plusieurs "masques" selon les gens. Ban ne croit pas aux étoiles. Et pourtant Ban vient d'une famille d'anti.

Ban est juste lassé d'avoir payé pour un crime qu'il n'a pas commis.

« Le jury vous condamne à 10 ans de prison ferme pour homicide involontaire. »

Quand est-ce que la vie a commencé à basculer finalement ? Les jours semblaient se ressembler. Celui qui arrivait n'avait en soi rien de différent de celui d'hier. Pourtant il arrive qu'un jour plus rien ne sonne finalement comme la veille. Petit à petit votre monde se détériore peut-être sans que vous ne puissiez y faire vraiment attention. Les murs s'effritent et du jour au lendemain le sol se dérobe sous vos pieds. Vous vous retrouvez confronté à la vie que vous avez alors menée jusqu'à présent. Peut-être est-ce tout simplement la punition que vous avez méritée pour avoir joué. Cependant, il y a toujours ce goût d'injustice qui glisse entre vos lippes.

Surtout lorsque vous savez être innocent. Cependant, comme se permettront tout le monde : Ils se disent tous innocents. Alors vous abandonnez.

* * * * * *

Il n'y avait rien d'anormal dans le fait de vivre parmi ces gens. Une famille cependant bien étrange quand on y regardait de plus près. En surface, tout avait l'air si naturel quand les cliquetis d'un appareil photo immortalisait cette parfaite vie de famille qui se reflétait. Pourtant lorsque l'on creusait bien, on trouvait inévitablement ce quelque chose qui clochait inéluctablement. Ce sentiment que tout ceci n'était qu'hypocrisie alors.

Très jeune, ce sentiment est naturellement venu s'insinuer dans tout son corps, broyait ses tripes lorsque ses orbes suivaient machinalement le dos de ses parents. Un fils unique qui ne savait pas à qui parler pour se rassurer que tout allait bien. Combien de fois a-t-il entendu parler des étoiles ? Tous les jours, sans cesse ce mot résonnait dans cette pièce. Si la signification de tout ceci le laissait alors perplexe et incertain, en grandissant on finit néanmoins par comprendre.

« Ils sont fous. »

C'est la pensée qui s'imposait naturellement à son esprit. Fous de croire que ces choses existaient réellement. Fous de passer leur vie à comploter pour les anéantir. Fous de se penser secrètement anti-quelque chose. A vrai dire, le mot exact lui échappe à présent, ayant bloqué cette idée dans un coin de sa mémoire pour oublier. Oublier qu'ils ont laissé bien trop souvent le gamin se débrouiller. Oublier comment ils s'engueulaient alors pour tout et n'importe quoi. Oublier qu'il a alors arrêté son père qui s'apprêtait visiblement à tuer quelqu'un. Est-ce à ce moment-là précisément, lorsqu'il avait treize ans, que tout a commencé lentement à basculer ? Peut-être que s'ils avaient eu l'idée de lui faire part de tout leur secret qui rongeait cette famille... Oui, peut-être aurait-il pu comprendre que tout ceci existait réellement, que tous les déménagements pour fuir quelque chose n'étaient pas vains. Alors ses pensées auraient été autres probablement.

Qui sait si l'enfant y aurait tout de même cru après tout.

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Quand ce sentiment, ce besoin de liberté a-t-il pris possession de ses tripes ? Quand a-t-il commencé à croire que se battre l'aiderait à avancer ? Que passer des heures à s'acharner sur un sac de boxe, lui viderait l'esprit ? Quand a-t-il pensé juste à vivre ainsi ?

Défier l'autorité qui n'avait alors jamais réellement existé dans son monde. Un enfant ne peut grandir seul correctement. On a tous besoin de savoir que l'on peut se raccrocher à quelqu'un, mais lorsque ce quelqu'un n'existe pas, on se forge seul dans un coin. Non, on s'attache plutôt à tout ce qui vient et tout ce qui paraît être une issue de secours, un semblant d'amour. C'est jeune que l'enfant avait alors rencontré son meilleur ami, son ami d'enfance. Un gamin dans des quartiers délaissés dont la mère n'avait rien de mieux à faire que l'oublier pour se droguer. Parce que dans la vie, nous n'avons pas tous les mêmes chances. Alors inévitablement, ils se raccrochaient l'un à l'autre. Mais un jour, on se sépare forcément.

N'est-ce pas ce jour-là où Ban a commencé à se dire qu'il détestait tellement ses parents ? Ce n'était pas une frêle chose à cette époque, mais un enfant reste un enfant peu importe qu'il soit un garçon ou une fille. Et dans l'oubli de ce monde, pour la première fois de sa vie, ses mains avaient eu la sensation d'avoir attrapé leur destin. Mais toujours fuir. Fuir ce quelque chose que le gamin ne comprenait pas. Fuir des secrets que ses parents ne voulaient pas lui révéler. Fuir la police sans savoir pourquoi.

Oui, c'est ce jour-là, lorsque ses orbes ont croisé celles de Jake que Ban a commencé à sentir cette haine envers ses géniteurs.

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« Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? Arrêtez de délirer bordel ! Les étoiles c'est des conneries, quand est-ce que vous allez redescendre sur Terre putain ?! »

Et là où l'oubli existait déjà, c'est finalement la violence qui a pris le pas. Une violence qui marque encore son dos aujourd'hui. Cette soirée où finalement à bout d'être entouré de secrets, l'adolescent de quatorze ans avait parlé. Depuis quand un enfant était-il aussi fort à ce jeune âge ? Peut-être depuis que ses mains n'avaient eu de cesse de frapper autrui pour se sentir plus vivant, pour effacer tout ce qu'on lui retirait si violemment. Et pourtant toute cette violence n'avait eu aucun bénéfice ce soir-là. Lorsque son père visiblement à bout de fuir et de comploter, peut-être probablement aussi déprimé d'être un incapable et ennuyé d'avoir un enfant à problème qui n'aidait pas, avait finalement frappé son fils. Assez fort pour lui briser le nez. Assez fort pour le faire reculer. Assez fort pour heurter un meuble en partie vitré. Assez fort pour que ce dernier lui tombe dessus.

Assez fort pour aller directement à l'hôpital. Ce n'était pas la première fois qu'il y allait cependant.

N'est-ce pas durant ce jour-là, entre quatre murs blancs, que Ban avait fixé l'horizon imaginant sa ville natale jusqu'à se dire qu'il la haïssait d'avoir rendu ses parents ainsi ?

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Et puis un jour, on retrouve alors ceux que l'on a perdu de vue, revenant dans sa ville de naissance, sur ses pas. Combien de fois avait-il déjà fait des allées, retours entre cette ville et d'autres ? Tellement qu'il ne pourrait compter à présent. Un cheminement de déménagement identique : Ville natale, ville proche, ville natale, ville éloignée, ville natale... Cependant, Hoshikami est revenu s'illuminait dans ses yeux ainsi que son meilleur ami. Quinze ans et des retrouvailles qu'il n'espérait alors plus. Ces quelques mois qui avaient semblé être les meilleurs de sa vie. Certains disent alors qu'il y avait ce lien si profond entre eux et peut-être avaient-ils raison quand cette nuit été arrivée quelque temps plus tard. La découverte du corps de l'autre. Oui, peut-être y avait-il finalement un sentiment bien plus profond que de l'amitié. Ou tout du moins, c'est ce que Ban croyait, pensant que son ami n'aurait jamais réellement changé.

Néanmoins, ils ne sont aujourd'hui plus capables de se parler. Parce que ce jour est arrivé également. Celui ou dans cette énième bagarre qui ne finissait plus d'envahir leur vie, son amant avait eu la brillante idée de planter un opposant.

« JAKE ARRÊTE ! »

C'était un accident à vrai dire et cela aurait dû être traité ainsi. Tout du moins, si Jake ne s'était pas approché de lui, en profitant pour lui donner le couteau en lui disant de fuir lui aussi. Peut-être n'était-ce pas intentionnel de lui donner ce dernier, mais au fil du temps au fond de sa prison, ses pensées avaient changé.

Peut-être que l'enfant aurait dû en faire de même et fuir, cependant... Debout à côté du corps, ses orbes n'avaient pu que se planter sur cette vie qui s'échappait, sur ce sang qui s'écoulait. Lentement cet esprit s'était vidé, se contentant alors de rester là. Le néant prenait les méandres de son esprit. Était-ce là, le prix à payer pour s'être écarté du chemin un instant ? Les sirènes auraient peut-être dû le réveiller, le faire fuir et à toute enjambés, l'idée s'était imposée à son esprit un instant. Mais dans son champ de vision se dessinait le corps d'une femme dans une ruelle lointaine. Tremblante, elle le fixait avec effroi, lui rappelant que le mort n'était pas seulement le cauchemar qu'il n'aurait jamais souhaité faire. À quoi bon fuir maintenant que cette personne pouvait clairement l'identifier ? Ce n'était ni la nuit, ni dans une ruelle qui se voilait par l'obscurité d'un manque de luminosité et probablement qu'elle se rappellerait alors toujours de lui et de ce regard vide qui se dessinait.

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« Mes parents ne viendront pas... »

La réalité quand après un long moment d'égarement, son esprit avait repris conscience et remarqué réellement le visage de cet homme. Un visage qu'il avait alors déjà vu chez lui, déjà vu accroché au mur avec tant d'autres. Des proies d'après ce qu'il avait compris. Ceux que ses parents s'acharnaient à faire payer pour quelque chose qu'il ne pouvait comprendre. Une étoile comme ils disaient toujours. C'était absurde, mais cela signifiait surtout que ses parents avaient déjà fui à l'heure qu'il était. Fuit pour ne pas épauler leur fils et prendre le risque de plonger aussi. Même sans savoir si tout ceci était une réalité ou non, c'était pourtant la sienne.

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« Prend soin de toi. »

Des mots si vides de sens à la fin de son procès. Lui-même ne savait alors pas exactement pourquoi il n'avait pas tenté de mettre la faute sur la personne qui était réellement responsable de tout ceci. Oui, pourquoi n'avait-il pas simplement dit que ce n'était pas lui ? Au fond, peut-être que l'abandon avait simplement pris le pas. Un témoin qui n'était pas en sa faveur et seulement le corps et lui sur les lieux. Les humains ne jugent-ils pas seulement sur ce qu'ils voient ? Aucune preuve n'affirmait d'un meurtre et certaines dévoilaient une probable lutte comme notamment ses blessures physiques. Peut-être était-ce une chance qu'il soit mineur alors, on lui évitait autant la peine de mort que la prison à vie, mais pas assez pour le considérer comme trop jeune pour se rendre compte de ses actes. Le doute sur cette affaire persistait encore probablement, mais un coupable se devait d'être proclamé pour calmer l'ardeur des parents et Ban se muait alors dans un silence de plomb.

Est-ce là, le goût de la trahison quand tous vous tourne le dos ?

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Dix ans c'est long. Extrêmement long finalement. Notamment lorsque vos orbes ne peuvent voir qu'au travers des barreaux. Toujours les mêmes d'ailleurs, ceux qui reviennent sans cesse dans votre champ de vision. Et dans cette prison pour adolescents, celui qui avait presque seize ans se murait toujours dans son silence.

Son temps s'écoulait si lentement qu'une torture aurait été bien moins pire en réalité. Et personne ne semblait lui rendre visite. Autant ses parents qui devaient être encore plus recherchés aujourd'hui que cette bande d'amis qui avaient fui en le laissant derrière eux et surtout pas celui qui était la cause de tout ceci. Peut-être était-ce alors mieux ainsi. Cette envie de le frapper à mort aurait probablement eu raison de lui si son regard avait croisé celui de Jake, si sa présence s'était faite sentir à ses côtés. Oui, il l'aurait tué. Pourtant, n'était-il pas tout aussi con d'être resté là-bas sans bouger ? Con d'être humain au point d'avoir eu l'impression d'être paralysé sur place en se rendant compte que ce type était mort. C'était ironique que le fils soit en prison, mais pas ses parents à bien y songer.

Oui, ses parents avaient probablement déjà tué, Ban le savait bien pour avoir arrêté un jour son père sans comprendre réellement ce qui se passait à l'époque. Et pourtant, c'est lui qu'on enfermait. Ironique.

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Et dix ans plus tard, le goût de la liberté est amer. Avoir la chance de voir sans barreaux devant soi semble vide. Il manque quelque chose. Une chose qu'il ne semble plus pouvoir remplacer.