❝ And I'm holding on for dear life. ⚔ Hǔ Li

Il devrait y avoir une loi régulant les sms nocturnes. Quelque chose comme « hormis en cas de crise diplomatique, de risque de mort immédiate ou de guerre nucléaire, ne pas envoyer de message à quelqu’un sans raison après une heure du matin ». Ouais, un truc comme ça. Hǔ se disait qu’il ferait bien de marquer ça quelque part et de le présenter à un juge, ou à peu importe qui s’occupe de créer des lois, un de ces jours pour que ce soit mis en vigueur. Parce que très sincèrement, quand tu es sur le point d’exploser tous les records sur Piano Tiles, et qu’un foutu message vient soudainement perturber non seulement ta concentration mais aussi celle de ton téléphone, te faisant donc lamentablement échouer à ce que tu étais sur le point de réussir, y’a de quoi vouloir tuer un homme.

Quoi, c’est un peu excessif comme réaction ? Non mais comprenez-le, lui qui pensait ENFIN être tranquille pour faire montre de son skill une fois la première heure de la journée passée, il se trouvait que la réalité avait décidé de se la jouer rebelle. Pas de record pour ce soir, l’échec récent l’ayant complètement démotivé à recommencer une partie. Il posa le portable sur la table à laquelle il était assis, croquant dans un quartier de poire en écoutant les tic-toc de l’horloge de la pièce. Finalement, il se résolut à regarde le sms qu’il avait reçu.

Un appel à l’aide ? Le chinois fronça les sourcils, il n’aide personne lui. Surtout pas un numéro inconnu. Sans y réfléchir une seconde de plus, pensant que c’était une sorte de blague, ou peut-être même du scam, il supprima le message avant de s’attaquer à terminer sa poire. Ce n’était peut-être pas la saison des poires, mais le tigrou avait ses fournisseurs – comprendre : le supermarché du coin. Mais au moins, ils vendaient de bonnes poires, et cela le ravissait.

Alors qu’il se perdait dans la contemplation du goût du fruit, son portable vibra à nouveau. Il lui sembla que c’était le même numéro, ce qui le fit souffler alors qu’il supprimait une nouvelle fois le sms qu’il venait de recevoir. Il eût alors la soudaine idée de le mettre sur silencieux, et c’est ainsi que, tout fier de son coup de génie, il partit prendre une douche, pensant pouvoir probablement bientôt rejoindre son lit après les longues heures qu’il avait passées dans la journée à essayer de s’occuper de la paperasse du crépuscule. Tient, il faudrait qu’il embauche une secrétaire, un de ces quatre.

C’est tout pimpant tout brillant qu’il ressorti de la salle de bain quelques minutes plus tard. Il aurait pu aller directement retrouver son oreiller, prêt à se reposer deux ou trois heures avant de devoir retourner aux QG faire… des trucs, s’il n’avait pas remarqué du coin de l’œil son second téléphone clignoter, signifiant qu’il avait raté quelque chose, appel ou message.

Le second téléphone, c’est le téléphone du boulot. Celui qui sonnait quand un de ses sbires avait un problème de machine à café ou quand un cobaye faisait des siennes. Autant dire que ce n’était pas des choses qu’il pouvait ignorer comme si de rien était, sa position lui donnait des privilèges certes, mais aussi des devoirs. Il ouvrit alors l’appareil, découvrant un appel en absence avec un message vocal. Il approcha l’appareil de son oreille pour écouter son répondeur.

« Hey ! Ce soir, y’a du poulet au menu ! Ou de la poulette, si j’ose dire ! » Il y eût des rires, Hǔ leva les yeux au ciel face à ce cruel manque d’humour. « Bref, on va coincer une flic quoi. J’crois qu’on file vers la plage là, si tu veux nous rejoindre pour avoir le privilège de lui griller la cervelle, t’as intérêt à t’bouger, parce qu’on va pas te la garder en vie très longtemps. A moins que tu préfères qu’on l’embarque avec nous ? C’toi le juge. »

Ca le faisait sourire, la façon dont cette personne lui parlait. Il regarda le nom dans sa liste d’appels manqués comme s’assurer que c’était bien la personne à laquelle il pensait. Un mec un peu plus vieux que lui, qui lui parlait toujours plus que familièrement mais avec qui il s’entendait assez bien. Il allait le rappeler, pour lui dire de la buter sur place, puis de la mener aux gars du labo, pour qu’ils puissent disposer de son corps de façon sûre. Se débarrasser d’un flic c’est toujours bon à prendre.

Et puis soudain, la réalisation.

La plage ? Ils se dirigeaient vers la plage, c’est ce qu’il avait dit. Et le premier sms qu’il avait reçu, la personne inconnue parlait de rejoindre la plage, non ?

Seconde étape de réalisation.

Il y avait eu cette étoile aux cheveux bleus l’autre jour, qui prétendait être son étoile, et à qui il avait donné son numéro pour qu’elle lui foute la paix. Il ne lui semblait pas qu’il avait enregistré son numéro en retour.

Tout s’éclaira un peu trop vite pour la capacité de compréhension de son cerveau, mais lorsque les deux secondes qu’il lui fallût pour bien tout remettre à sa place, il courût vers son autre téléphone, envoyant un « attendez mon signal pour faire quoi que soit » à son collègue d’une main. Il déverrouilla le plus rapidement possible son téléphone, pour y trouver deux sms qui collaient un peu trop bien avec ce qu’il se passait chez le crépuscule.

Il compara l’heure à laquelle le message avait été envoyé à l’heure actuelle, et se disait qu’il y avait encore une chance que tout cela ne dégénère pas trop.

✔ T’es la meuf aux cheveux bleus de la dernière fois ?

Fût le premier message qu’il envoya. Puis il se rendît vite compte que de toute façon, il y avait peu de chances que ce soit quelqu’un d’autre. Ainsi il enchaîna directement sans attendre de réponse avec un second message. Suivis d'autres. A la chaîne. A mesure qu'il y pensait.

✔ Déconne pas. Fais en sorte de ne pas NOUS faire tuer. Je vais trouver un truc.

✔ Dis leur d’aller m’acheter des poires.

✔ Mission Urgente.

Voilà qui le mettait dans une situation bien peu confortable. Si ses très chers compagnons crépusculaires décidait d’abattre cette fille-là sans faire cas de l'ordre d'attente qu'il avait envoyé, ils abattait en même temps leur chef et ça, c’était pas vraiment quelque chose de bien.

La sonnerie du téléphone, c’était bon signe dans le fond. Cela voulait dire que même si elle était en situation de crise, elle n’était cependant pas encore tout à fait entre les mains de ses assaillants. Alors entendre le petit « plop » qu’émettait l’appareil lorsqu’il recevait un message rassurait Hǔ sur son espérance de vie. Cela dit, le contenu du message ne l’était pas vraiment, rassurant. Evidemment, venant de quelqu’un comme elle, les crépusculaires n’y auraient jamais cru. L’espace d’un instant, il sentit un contentement à leur propos, fier de voir que ses acolytes ne se laissaient pas avoir aussi facilement.

Mais pour le coup, leur perspicacité était problématique. Il relu le dernier message qu’il avait reçu, comme s’il cherchait à y trouver un indice sur la résolution du problème actuel. Mais les uniques indications qu’il avait réussi à déduire à partir de ce petit morceau de texte étaient que le pouvoir de l’étoile devait être lié à l’eau et que, sur les toits, elle était plus en danger qu’autre chose. Si elle avait trouvé un moyen de grimper, les sbires en trouveraient un aussi. Et s’ils la coinçaient sur un toit… Voilà quoi.

Sa main gauche se saisit de son second téléphone et, de façon intuitive sans avoir besoin de regarder ce qu’il faisait, il alla rappeler le numéro qui l’avait contacté un peu avant. S’il y avait bien un moyen qu’il avait de faire arrêter tout cela, c’était de demander directement l’arrêt de l’opération à celui qui semblait la conduire. Les bips s’enchaînèrent, d’une façon qui lui parût exceptionnellement longue. Jusqu’à finalement entendre une voix lui répondre. « Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur du… »

Hǔ grogna, manquant de raccrocher avant de décider qu’il valait mieux laisser un message. Autant, mettre toutes les chances de son côté. De leur côté, en vérité. Il reporta le téléphone à son oreille « Ne la- » Il marqua une courte pause, pesant l’impact que pouvaient avoir ses mots. « Attendez moi pour faire quoi que ce soit. Si je la retrouve morte avant d’être là, vous allez bouffer. » Ouais, autant ajouter des menaces, pour s’assurer une réaction de la part de ses sbires.

A peine avait-il eu le temps de raccrocher que l’écran de son autre téléphone se ralluma, signalant un nouveau message. Il se demanda si sa correspondante se rendait de ce qu’il se passait quand même. Elle lui demander de « faire quelque chose », en majuscule qui plus est, alors que c’était ELLE, très sûrement, qui s’était mise toute seule dans la merde. Hǔ avait rien demandé lui, et comme évidemment sa vie était en jeu, il se devait de faire quelque chose. Commençant à perdre patience, il pianota sur l’écran de son téléphone, répondant quelques secondes seulement après la réception.

✔ BAH VAS DU CÔTE OU ILS SONT PAS PUTAIN. USES DE TA CERVELLE NOM DE DIEU !

Il posa son téléphone, le jetant presque sur la table, et inspira profondément. Quelles possibilités lui restait-il ? Personne ne répondait à ses appels, il n’était même pas sûr que le message qu’il avait laissé serait écouté avant que ses hommes n’atteignent leur cible. S’il restait là sans rien faire, c’était plié, il allait y passer.

« Raaaaah, merde hein ! »

Saleté d’étoile.

« Je vais la tuer, j’vous jure j’vais la tuer.  » grognait-il en en enfilant de quoi être un minimum présentable à l’extérieur. Ce qu’il allait faire était tellement dangereux pour lui, pour sa réputation. S’il se faisait chopper par n’importe lequel de ses sbires, c’était la fin pour lui, chef ou non, il serait accusé de traîtrise et probablement punis comme il le fallait. Génial. GENIAL. Dans cette histoire, il avait deux chances sur trois de crever. Mais d’un côté, s’il restait là, ses chances de survie tombaient à zéro pour cent.

Il allait devoir réfléchir à un plan, quelque chose de crédible pour pouvoir la tirer de là et l’embarquer avec lui en lieu de sûreté. Mais ça, il aurait tout le temps d’y réfléchir en chemin. Il sortit de chez lui en récupérant les clefs de sa voiture, pris d’une soudaine peur qu’elle ne démarra pas – disons qu’il ne la sortait pas souvent et que les batteries de bagnole, c’est assez capricieux quand ça veut pas. Mais une fois dedans, les clefs tournées et le moteur en route, l’angoisse s’effaça. La plage, donc ? Il reprit son téléphone, tapotant dessus à toute vitesse.

✔ Je suis là dans dix minutes. Je peux pas faire mieux alors tâches de survivre, et surtout t’as intérêt de coopérer une fois que je serais là-bas.

Il n’avait jamais conduit aussi vite. En général, lorsqu’il devait sortir la charrette, il faisait en sorte de ne pas risquer de se faire arrêter pour excès de vitesse. Disons que ce serait un peu con comme fin, quoi. Ce jour-là cependant, il n’avait pas le choix. Il avait dit dix minutes, il savait qu’il arriverait au moins à arriver deux minutes en avance. Au moins.

Un certain nombre de questions se bousculaient dans sa petite tête. Combien de ses hommes étaient présents ? Où étaient-ils exactement ? Comment allait-il faire pour que cela semble crédible que le grand patron décide de partir, seul, avec une flic qu’ils étaient sur le point de coincer ? Insistons sur le seul. Tous n’étaient pas des lumières dans le crépuscule, mais la plupart étaient capables d’un raisonnement logique, et c’était là que ça risquer de coincer.

D’un coup de volant brusque, freinant avec tout autant de violence, il rabattit sa voiture sur le bas-côté, où, dans la pénombre la carrosserie noire passerait presque inaperçue. Il n’était plus très loin de la plage, mais ne tenait pas spécialement à garer son véhicule trop près de celle-ci, même en état d’urgence il essayait de rester un minimum prudent.

Il s’extirpa de du siège conducteur après s’être muni de la petite arme qu’il gardait toujours accrochée sous son siège, ne prit pas la peine de verrouiller la voiture et se dirigea à pas de course vers la plage. Maintenant il fallait les trouver. Et c’était probablement pas la partie la plus simple. Alors qu’il avançait, il vérifia le temps écoulé sur sa montre, hochant la tête d’un air satisfait, il n’avait même pas mit cinq minutes.  

Arrivé sur place, il fût forcé de constater qu’il n’y avait personne au bord de l’eau. Evidemment, ça aurait été trop simple. Presque instinctivement, et surtout guidé par quelques bruits qui venaient faire vibrer ses tympans, il se dirigea vers l’une des ruelles qui débouchaient sur l’étendue de sable. S’il ne les trouvait pas dans le coin, alors il allait devoir penser à faire ses adieux à la vie. Et ce n’était pas tout à fait une idée qui le ravissait. Il voulut envoyer un message à son enquiquineuse, pour lui dire de tenir encore quelques secondes, mais en tâtant ses poches, le Tigrou se rendit compte qu’il avait laissé son téléphone dans la voiture. Et merde.. ! Tant pis, il allait devoir faire sans.

Juste à ce moment là, une ombre le survola, suivit d’un bruit sourd. Il se figea alors, et leva les yeux vers le ciel. C’était quoi ça ? Un aigle ? Au bord de la plage ? Il fronça les sourcils. Nan, une mouette ça peut pas être si gros, si ? se murmura-t-il, comme si c’était devenu LE grand problème du moment. Ce n’est qu’au moment où le cri d’un homme retentit que ses neurones se connectèrent, lui permettant de réaliser.

Il ne fallut pas une seconde supplémentaire à Hǔ pour qu’il se mette à courir, cherchant désespérément l’endroit par lequel ils étaient montés. Il y avait forcément quelque chose, ils n’avaient pas pu grimper là-haut en s’accrochant à de petits creux que le temps avait creusés dans les murs. Complètement absorbé dans sa recherche, il n’entendait ni ne voyait plus rien d’autre que les détails de chacun des murs qu’il scannait autant avec attention qu’avec une vitesse à peine croyable.

Et puis finalement, il la trouva. L’échelle grâce à laquelle ils avaient tous dû réussir à se hisser sur les toits. En bon fugitif aguerri, il se demanda à quel moment l’étoile avait pensé que c’était une bonne idée que se mettre sur un toit pour essayer d’échapper à des poursuivants. S’il savait que les poulets n’étaient pas les plus futés, il en restait étonné.  

Alors il grimpa, se retrouvant bientôt droit sur le toit en face du quel se trouvaient tous ses hommes, et probablement celle qu’il était venu chercher. Le tigrou sorti son arme à ce moment-là, parcourant à grandes enjambées les quelques mètres qui le séparait du rebord d’en face, tirant deux balles vers le ciel en s’arrêtant avec précision au bord du vide – bah oui, il n’allait pas sauter et risquer de se salir, quand même. Les regards de ses hommes se retournèrent vers les coups de feu, et donc inévitablement, vers lui. De là où il était, il arrivait tout de même à remarquer les brusques changement d’expression sur certains visages.

Il rangea son arme, dans le calme.

« Holà les gars. Je croyais qu’on était des gens civilisés, assaillir de pareille manière une demoiselle, c’est pas vraiment quelque chose qui se fait. »

Il lança un regard assassin à la sus nommée demoiselle, et tous les traits de son visage se durcirent, alors qu’il dirigea son regard vers l’un de ses hommes en particulier.

« Si tu répondais au téléphone, tu aurais su que je la voulais VIVANTE. Vous étiez tous sur le point de buter un truc vachement important pour nous. »

Quelqu’un voulu lever la voix, mais se résigna aussitôt. Hǔ n'était pas du genre à aimer être coupé.

« La tuer ampute certes les anti-nous. Mais si on l’a vivante, et qu’on peut en tirer quelque chose, vous savez ce que ça veut dire ? Ca veut dire qu’on peut amputer ces fils de pxte, mais aussi leur refiler la gangrène ! Vous avez déconné. Et va y avoir des répercussions, vous pouvez compter sur moi. »

Il regarda sa montre et tapota sur le cadran.

« Vous avez cinq minutes. Cinq minutes avant que ses petits copains ne rappliquent, alertés par les gens qui coins qui m’ont entendu tirer en l’air. Descendez-moi la femme tonneau du toit, vivante et un minimum entière, et je prendrais soin de m’occuper de son cas personnellement. ET PLUS VITE QUE CA. »

Le pire, c'est que les flics risquaient vraiment d'arriver d'un moment à un autre.

C’était fini. Plus ou moins. Suffisait que la flic joue le jeu, et là, ce serait fini pour de bon. Il resta sur ses positions quelques dizaines de secondes, fixant l’agitation naissante sur le toit d’en face. Il tenait s’assurer que ses hommes obéissaient, puis il tourna les talons pour retourner vers l’échelle qui l’avait mené jusqu’en haut, et qui le ramènerait au sol.

A l’intérieur, il bouillonnait. Les nerfs le rongeaient. Une fois l’adrénaline redescendue, il ne restait plus que la boule de haine et de violence que Hǔ Li, homme à la tête du groupe « terroriste » du crépuscule, était. En toute honnêteté, qu’avait-il fait de mal à l’entité surpuissante qui contrôle le destin des uns et des autres pour mériter ça, comme s’il n’en avait pas assez bavé déjà et qu’il devait donc se retrouver maintenant avec une foutue flic sur le dos. Une flic qui, en plus, semblait avoir un penchant pour l’imprudence, sinon pourquoi serait-elle allée se jeter de la gueule du loup de telle sorte ?

Une fois redescendu au niveau du sol, il se frotta les mains pour faire en sorte qu’un minimum de la saleté de l’échelle ne reste sur ses paumes, et avança dans la ruelle pour rejoindre ses hommes et sa flic. Bien vite, il les vit arriver, tous, bien sagement. Il écouter parler la poulette dans le plus grand des silences, la toisant du regard et serrant les dents pour essayer de contrôler un geste bien peu galant qui lui titillait l’avant-bras.

« Fermes-la, tu veux ? » lui grogna-t-il une fois qu’elle eût fini sa tirade. Le regard qu’il lui lança à ce moment était plein d’un dédain palpable, qu’il porta ensuite vers ses hommes. « Aller, on se casse les gars. On a deux minutes. Vous allez par là, et moi par là. » Le bon petit leader qu’il était avait accompagné ses paroles par des signes dont la précision était digne de celle des hôtesses de l’air qui essaient de vous expliquer à l’aide de mouvements plus ou moins représentatifs comment enfiler votre gilet de sauvetage. Mais ils avaient l’air de l’avoir compris, et c’était bien le plus important.

Malgré quelques regards qui se voulaient sceptiques envers le Chef et la « Prisonnière », les crépusculaires commencèrent rapidement à se disperser. Hǔ craignait le pire. Et s’ils commençaient à suspecter quelque chose ? Il n’avait aucun problème à s’avouer à lui-même que cette situation était plus que douteuse, alors s'il n’arrivait pas à croire en son propre jeu, ça allait être compliqué de forcer les autres à y croire.

Il attrapa fermement l’étoile par le poignet et la tira avec lui. Parce que si elle comptait juste se barrer comme ça, ça n’allait pas être le cas. Trop risqué. Si elle tombait sur l’un des crépusculaires dont Hǔ venait juste de la sauver, c’était la fin. Il l’entraîna donc avec lui jusque dans une ruelle à quelques mètres de là, puis lui fit face, encrant son regard sombre et pourtant glacé dans le sien. Il la lâcha à ce moment-là. Sa voix s'éleva ensuite, et il n'était pas compliqué de s'apercevoir de son mécontentement à travers le ton avec lequel elle résonnait.

« On va aller jusqu’à ma voiture. Tu me diras où tu veux aller et je t’y déposerais. Et une fois que t’auras posé un pied hors de la bagnole, je veux plus entendre parler de toi. Compris ? D’ici-là je te fais confiance, suis moi bien gentiment, ok ? »

Il maintint son regard l’espace d’une seconde ou deux puis se retourna pour prendre le chemin de sa voiture, sur le qui-vive, et dans le plus grand des silences.