Scratch that! [Eliott]

Le parc, quoi de mieux pour se détendre après une longue journée à gratter dans ses cahiers. C'est là qu'Eliott aimait bien se rendre pour se détendre. Il appréciait les cours, puisque ça lui permettait de discuter avec des enfants de son âge, et c'est d'ailleurs grâce à eux qu'il est parvenu à parler japonais en assez peu de temps, mais rien ne l'empêchait de passer du temps seul après les cours.

Ce n'est qu'au moment où le soleil s'était fait moins fort qu'il était sorti en vitesse de chez lui pour se rendre au parc, ayant promit à ses parents d'être de retour avant huit heures du soir.
Oui, il avait un comportement très enfantin, et c'est bien pour ça qu'il s'amusait à faire des galipettes et à grimper partout, une fois au parc. Il était seul, mais il s'amusait. Il n'avait pas besoin de compagnie pour rire, son simple reflet dans l'eau de la rivière pouvait le fasciner et l'occuper pendant des heures.

Mais là, un chat errant avait attiré son attention. N'importe quel gamin aussi curieux que l'albinos serait allé le voir pour le caresser, et c'est d'ailleurs ce qui se produisit dans le cas particulier, mais qui aurait pu s'attendre à ce que le chat riposte ? Un violent coup de griffe donné sur la main et le félin prit la fuite.

Mais Eliott ne tarda pas à réagir. Il avait mal, si mal qu'il s'était mit à pleurer. Et ses pleurs attirèrent l'attention de celui qu'il appelait « Shima-Sama », allez savoir pourquoi.
Le gamin sentit la main de l'adulte lui ébouriffer les cheveux. Il ne réagit pas vraiment tout, trop occupé à essayer de stopper le sang qui s'échappait des traces de griffe qu'il avait désormais au dos de la main. Cependant, il ne laissa pas échapper les surnoms.

- Eli-Cutie ? Chouquette ?

Il tourna la tête vers l'infirmier alors qu'il ne parvenait toujours pas à arrêter ses larmes ; il était persuadé que sa blessure était grave.

- Non ! C'est un chat qui m'a griffé !

:HRP:

L'albinos laissa l'infirmier examiner la blessure. Il ne semblait pas très surprit, mais il fallait reconnaître que ce genre d'accident arrive souvent si on ne surveille pas ses arrières ; après-tout, c'était pareil qu'une morsure de chien, non ? Sauf que dans ce cas, on était plus susceptible de tomber sur un canidé atteint par la rage, bref.

Eliott fouilla dans ses poches, il n'avait pas le souvenir d'avoir prit un paquet de mouchoir en sortant de chez lui ce matin. Il fouilla dans les poches de son pantalon, celles de sa chemise, rien. Juste des emballages de bonbons qui devaient traîner là depuis le siècle dernier.
Alors qu'il s'écharnait pour trouver ne serait-ce qu'un bout de papier, il en profitait pour répondre au japonais :

- J'ai rien fait moi ! C'est lui qui a pas voulu se laisser caresser ! Je voulais juste être gentil moi...

Le gamin prenait mal le fait que le chat s'était senti menacé à son approche et qu'il s'agissait simplement d'un geste de défense, mais il ne l'avait pas comprit, il pensait juste qu'il venait de perdre un ami, « ami » qu'il ne connaissait même pas, en plus.

L'humain cessa de plonger ses mains… sa main dans toutes les poches de ses habits. Il n'en n'avait rien ressorti d'utile, pas même un bout de tissu inutilisé qui pourrait faire office de bandage, rien.

- Désolé Shima-Sama, j'ai pas de mouchoir non-plus...

:

L'albinos regarda son infirmier réfléchir. Il ne sentait plus le dos de sa main, la douleur l'avait presque endormi, ce qui n'arrêtait malheureusement pas le sang. Il soupira. A cause d'un stupide chat, sa plaie allait s'infecter et on devra l'amputer d'une main. Du moins, c'était comme ça qu'il se l'imaginait.

- Bah… c'est un peu comme nous aussi. Il a bien fallut que je pleure pour que vous venez vers moi, c'est un peu comme si je vous appâtais, non ?

Il s'arrêta pour sourire, se retenant de rire, puis continua.

- Et puis vous êtes déjà assez classe comme ça, je trouve… enfin, pas quand vous nous obligez à avaler des trucs dégoûtants pour nous soigner.

Rien qu'en disant cela, Eliott se remémorait les instants passés à l'infirmerie, à ingurgiter des médicaments au goût horrible, c'est même dans ces moments qu'il préférerait rester malade. Que pouvait-il y avoir de plus désagréable entre un simple mal de ventre et des comprimés au goût de ciment ?

Eliott sentit l'infirmier lui saisir sa main endolorie à nouveau, ce qui lui arracha un léger « aïe ! ». Apparemment, l'adulte avait trouvé de quoi le soigner, même si ce n'était pas l'objet le plus utile, dans cette situation.
Une blouse blanche souillée par le sang d'un gamin imprudent, triste destin pour le vêtement fétiche des infirmiers, mais au moins, l'albinos se sentait rassuré, même si sa plaie n'était toujours pas soignée comme il le faudrait.

Et c'est ce qui ne rassura pas Eliott très longtemps.

- … Et pour bander, maintenant… ?

Eliott ne pouvait s'empêcher de rire en voyant la réaction de l'infirmier à sa remarque. C'était vrai, il avait réussi à le faire venir jusqu'ici rien qu'en pleurant. Tout ça à cause d'une boule de poil enragée.

Le gamin maudissait intérieurement l'animal, mais ça ne l'empêcherais pas de recommencer. Si l'occasion de voir un chat se présentait à nouveau, il n'hésiterait pas à aller le caresser à nouveau... avec un gantelet en métal, histoire de garder sa main saine et sauve.

De son point de vue, l'albinos pensait que Kiku pouvait facilement utiliser les médicaments qu'il donnait aux malades en guise de méthode de torture pour obliger des prisonniers à avouer leurs délits. C'était certain, même les innocents mentiraient pour ne pas avoir à supporter le goût atroce des produits.

- Il en existe des meilleurs tout aussi efficaces… au caramel par-exemple, si je me souviens bien… banane, fraise… alors pourquoi vous nous donnez des trucs dégoûtaaaaants ?!

Eliott faisait mine de faire un caprice. Ce n'était pas le moment ni le lieu pour se mettre à pleurer jusqu'à se rouler par-terre. Ce n'était pas juste. Il avait beau essayer de penser à autre chose quand il devait avaler ces produits douteux, mais ça ne marchait pas. A choisir, il préférait rester malade.

De l'eau ? A part la rivière, le gamin n'était pas sûr d'en avoir vu ailleurs. Du moins, il n'avait jamais vu de fontaine lorsqu'il se rendait au parc. Après-tout, il n'allait pas partout et ne s'éloignait jamais de la sortie de celui-ci. Il y avait même des zones qu'il n'avait pas encore vues.

- A part la rivière, y a rien d'autre… enfin je crois ! J'ai jamais prit le temps de le visiter entièrement, désolé...

- Je suis pourtant pas le seul à penser que ce que vous nous donnez est… a… est dégoûtant, voilà ! C'est comme quand vous me tripotez avec vos mains et vos trucs tout froid… c'est désagréable. Et je parle même pas du bâtonnet que vous nous fichez au fond de la bouche pour voir si notre gorge se porte bien, ça me donne envie de… vomir, quand vous faites ça.

L'albinos avait dit ça sans arrière-pensée – je ne verrais plus jamais la médecine comme avant, désormais. Il ne s'imaginait même pas qu'un adulte pourrait mal interpréter ses propos, et même s'il était le genre de garçon à se retourner au passage d'une fille pour regarder de façon indiscrète une certaine partie, ça ne lui était même pas venu à l'esprit que n'importe-qui aux pensées mal placées penserait à autre chose.

- Que… ? Maieuh... Shima-Samaaaa… je sais marcheeeeer !

Il était bien conscient que l'infirmier s'était prit d'affection pour lui, mais de là à avoir l'envie de le prendre dans ses bras, même lui n'imaginait pas la blouse blanche comme ça.
Il s'était senti soulevé d'un coup. Tout léger qu'il est malgré ses douze ans, ce n'était pas très difficile pour un adulte de le porter. Bien qu'il ait presque atteint la pré-adolescence, Eliott ne dépassait pas les huit ans physiquement et son air adorable ne l'aide pas beaucoup à paraître plus vieux.
Même lorsqu'il se met en colère, ce qui est plutôt rare, il est impossible de ne pas se dire qu'il est so kawaii, comme on le dirait de nos jours.

Lorsque enfin il retrouva pied à terre, il s'était emparé de la veste de son infirmier, le secouant avec sa force de mollusque.

- Vous auriez pu me tenir par la main !

Mais il le lâcha bien vite, il y avait mieux à faire que de râler. Lentement, il s'était agenouillé près de la rivière et avait plongé sa main dedans. L'eau était froide et il avait l'impression que sa main allait se décrocher de son bras. Ce sensation le fit pleurer, mais cette fois, Kiku n'était plus là pour le réconforter. Oui, il pouvait voir l'infirmier, plus loin, ramasser ce qui s'apparentait à des plantes. Des plantes ? Qu'allait-il faire avec ?

Le gamin eut bien vite sa réponse en le voyant revenir vers lui et appliquer la plante sur sa blessure après l'avoir trempée dans l'eau. Ce qui, évidemment, lui arracha un cri. La blouse blanche appuyait… trop fort. Beaucoup trop, à son goût. De son autre main, Eliott s'empara du poignet de l'adulte, tentant de le repousser alors que quelques larmes s'étaient échappées de ses yeux.

- Vous me faites mal...