j'ai accepté par erreur ton invitation (avec genouille??)

C'était inhabituel pour lui de sortir si tôt la nuit. Il était à peine 19h, et il était déjà en train de déambuler dans les rues, au vu et au su de tous. Cependant, ça n'était guère de gaieté de cœur : le jeune homme avait reçu une invitation. Ou plutôt... Une injonction.
Et il savait parfaitement qui en était l'auteur.
Les sourcils froncés, le regard dur, il passa la porte du bar, se préparant mentalement à faire feu au moindre geste suspect. La méfiance était alors le maître mot, bien que dans un tel cadre, il eut été difficile d'en être autrement.

Allons, c'était une belle soirée pour faire la fête ... ou siroter un café. Tout dépendait de l'humour, du jour. Ou surtout du 'plan' qu'il s'était fixé. Genkishi attendait depuis quelques minutes son invité, et quoique pas très patient, il faisait tout de même un effort pour son cher et tendre, ou plutôt, pour ses propres intérêts. Mais ça, il valait mieux le garder pour soi.
Oh, tiens. Une tête familière.
Le brun lui fit un petit geste de la main pour lui indiquer sa position. Oh my. Si hostile et méfiant.

" je suis ravi de te voir, également. Comment se sont passés tes vacances?
Sourire aux lèvres et air sarcastique, cette soirée allait être jonchée de sous-entendus. -winkswinks-

Il s'approcha, d'un pas qu'il voulait nonchalant. Le résultat devait plutôt s'apparenter à une série de pas sautés, zigzagant entre les chaises. Il ne put retenir un sourire grinçant à la remarque du policier.
- Horrible. Inconfortable au possible. Et les hôtes étaient qu'une bande d'enfoirés de première.
Il ponctua sa phrase d'un long regard appuyé pour son interlocuteur. Il le haïssait de toutes ses pores, et cette haine était presque palpable.
- Bon tu commandes ou quoi ?
Il se retint d'ajouter un "connard", pour appuyer son propos. Le tutoiement avait fusé, naturel. Mais ça n'était pas leur première discussion, et il ne s'était jamais montré poli avec lui.

Une réponse honnête. Genkishi appréciait l'honnêteté, et devant l'inconfort de son vis-à-vis, il ne pouvait que feindre la compassion. Une compassion exagérée et un poil provocatrice, mais sans doute fondamentale pour partir sur une amitié magique, belle et durable.
" Oh tu sais, les vacances de nos jours, il vaut mieux vite se négocier un aller-retour.

Haussant les épaules, pris au dépourvu par l'impatience du Sirius, il se contenta d'appeler le serveur avant de commander du café. Deux cafés. Deux cafés noirs sans sucre. Quelle grossière erreur de sa part.
" My ... J'ai l'habitude de décider pour les autres, j'espère que tu ne m'en voudras pas trop.
Deuxième sourire. Moins sarcastique, moins prononcée mais on-ne-peut-plus sincère. Croyez-moi.
" En parlant de décision, il faudra que tu m'avances un peu plus sur la tienne.

Interdit, le jeune homme regarda le serveur venir et repartir. Un café ? Pour lui ? Il avait une tête d'adulte, à boire un café serré, et sans sucre par dessus le marché ? Ça, c'est une erreur qu'Arthur n'aurait pas commise. Il plissa le nez, jeta un coup d'oeil circulaire, histoire de repérer les sachets de sucre, puis revint à la discussion une fois rassuré. En tout cas, il l'était, en ce qui concerne le café.
- Ma décision de quoi ?
Il feint l'innocence. Mais alors, vraiment très mal. Hé oh, mon petit gars, t'es fiché tu sais. Il soutint pourtant le regard du flic, impertinent.

Yeux dans les yeux, regard profondément fixé dans le sien, on croirait un véritable rendez-vous tinder. Une situation qui aurait pu le faire éclater de rire, mais Genkishi était agacé.
A g a c é.
" Il y a quelque chose qui m'importune par dessus tout. Les petits morveux indécis qui se croient malins, une fois, qu'on leur cède un peu la parole.
Réflexion faite. Les morveux l'importunaient, tout court.
" Benjamin Sirius, je vais te demander d'agir comme un grand garçon. Sinon, c'est ta tête que je vais mettre entre deux plaques chauffantes à la place de mes gaufres, chaque matin.

Ah mince, des oreilles indiscrètes. Ou plutôt, un service trop rapide. Genkishi qui s'était légèrement avancé, se ravisa aussitôt et se posa un peu plus confortablement. Le café lui brûla le palet mais le manque de caféine fit qu'il ne s'en soucie pas tant que ça.
" Ils font du bon café, ici.
Dixit le monsieur d'un air tout joyeux.

Une fois passée la petite tirade (peu impressionnante) de Genkishi, le petit morveux indécis qui se croyait malin se leva, jeta un regard dédaigneux au flic vissé sur sa chaise, et lui tourna le dos. Tranquillement, il s'empara de plusieurs sachets de sucre en poudre. Sept, plus précisément. Puis, calmement, il fit le même chemin en sens inverse, et entreprit de déverser le contenu de tous les sachets dans sa tasse de café. Si ça n'en effaçait pas le goût, ça rendrait peut-être le tout moins insupportable. Il touilla quelques instants, but une gorgée, et reposa sa tasse, encore brûlante. Puis d'un geste vif il s'empara de celle de son interlocuteur. De la main droite, il en versa le contenu sur les jambes du policier, tout en sachant que malheureusement, la température avait sûrement baissé par rapport à quelques minutes plus tôt. Le joyeux fanfaron vida ensuite le reste du contenu sur sa main gauche.
- Je m'en bats les steaks de tes plaques chauffantes mon gars. Je m'en tape.

~~F x c k i n' a s s h x l e.~~
On inspire profondément, et on expire.
Surtout, on expire.
As if. La main de Ben' n'avait pas fini de s'éloigner avant que le flic ne l'attrape par le col. Alors qu'il se redressa, son poids tout entier tomba sur le plus jeune, qu'il colla instantanément joue contre la table.
La nuit était déjà bien tombée et honnêtement, Genkishi s'occupait très peu des regards indiscrets. Il n'était pas connu pour son self-contrôle et pour autant qu'il sache, il était face à violence contre agent de la police.

" Et tes steaks, tu les veux saignants ou à point, dude? No. Attends, comment ils disent déjà les gosses. Bro?

C'est-à-dire que la situation était peu confortable. Benjamin avait beau être en cavale les trois quarts du temps, il avait tout de même la chance de bénéficier d'un minimum de confort et d'espace vital. Là, d'un coup, les deux venaient à lui manquer. À moitié étouffé, et encore bien sonné, il ne comprit que la moitié de la phrase du flic, et il répondit dans l'incrédulité la plus totale.
- Je veux pas de steak ?? Merci, j'ai pas faim.
Bro ? Personne ne parlait comme ça... À l'exception de son bro, en l'occurrence. Dans tous les cas, l'inconfort du moment le poussait à réclamer de l'air, de la liberté de mouvement, du vide autour de lui. Benjamin entrait en surchauffe, augmentait la température de son corps, dans l'espoir d'atteindre les degrés de trop pour le policier. Il n'avait aucunement l'intention de fuir, il voulait juste un peu plus d'espace.