Sympa ♥ Très ♥ Trop ? ♥ Disons qu’il a le contact facile ♥ Et qu’il est à l’aise avec des inconnus ♥ Surtout les petits timides ♥ Il aime bien essayer de les décoincer ♥ Ca le fait marrer ♥ Surtout en soirée ♥ Parce que c’est un fêtard ♥ Pas qu’un peu ♥ Pas besoin de lui demander s’il veut faire la nouba ♥ Simplement lui dire le lieu et l’heure ♥ Mais il arrivera avec une bonne demi-heure de retard ♥ Faut pas trop lui en demander non plus ♥ Il est là ♥ C’est déjà bien ♥ Sa présence est un cadeau, t’vois ♥ Il aime bien les Bloody Mary ♥ Un peu trop ♥ Beaucoup trop ♥ Même si à un moment il boit tout ce qui lui passe sous la main ♥ Il est pas alcoolique ♥ Il aime juste bien faire la trinquette ♥ Promis, ce soir il arrête de boire ♥ Hier, c’était la dernière ♥ Ou pas ♥ Il est viril ♥ Farce ! ♥ Tu y as cru, hein ? ♥ Il est efféminé ♥ Genre vraiment ♥ Fanfreluche ♥ Il préfère dire qu’il aime prendre soin de lui ♥ Il aurait aimé être une fille ♥ Pas de bol ♥ La Reine des étoiles a fail en le fabriquant ♥ Il aime la mode ♥ Les beaux vêtements ♥ Il aimerait porter du Balmain ♥ Mais il a pas les sous ♥ Sadface ! ♥ Il s’aime bien ♥ Il se prend pour un ange ♥ Alors que c’est une tite étoile ♥ Mais il s’y croit ♥ Peut-être un peu trop ♥ Il se trouve trop rigolo ♥ Il y croit pas comment il est beau ♥ Il sait que tu veux sa photo ♥ Non ? ♥ Vilain ! ♥ Il y a peut-être un truc qui déconne chez lui ♥ Mais franchement, il a pas trouvé ! ♥ Ah, en plus ♥ Il est coquin ♥ Voire facile ♥ Chut, faut pas le dire ! ♥ Oups… ♥ Il préfère quand même les mecs grands et musclés ♥ Faut pas déconner non plus ! ♥ Mais parfois, faut faire avec les moyens du bord ♥ Il aime allumer ♥ Parfois ça marche ♥ Parfois non ♥ Dans tous les cas, ça le fait marrer ♥ Pourtant, Gabriel attend un peu de sentiment ♥ Peut-être qu’il sait pas ce qu’il veut ♥ Sauf pour boire ♥ En fait ♥ Ce mec est juste un troll ! ♥ Pourtant, il aimerait bien être une bonne étoile
Un ange frappe à la porte, est-ce que je le laisse entrer ?
Parole pleine d’insouciance du jeune garçon qui venait de m’ouvrir sa porte. Mon premier contact avec un humain, je pense que son étonnement restera toujours gravé dans ma mémoire. Ses yeux écarquillés et sa bouche entrouverte en me voyant. Je venais d’atterrir sur le sable chaud de Carnac. Non, je plaisante ! Il fait toujours moche en Bretagne, même en mai. Pourquoi ai-je échoué dans ce bled ? A croire que la Reine des étoiles avait décidé de me troller dès mon arrivée sur Terre. Saint-Tropez aurait été une meilleure destination à mes yeux, mais passons. J’avais dans les sept ans en forme terrestre et mes ailes me servaient davantage pour me couvrir que d’impressionner mon vis-à-vis du même âge que moi.
Un clin d’œil et un doigt sur ma bouche pour lui signifier de ne pas piper mot à son père qui arrivait alors que je faisais rentrer mes ailes. Si nous étions dans un Disney, j’aurai été adopté par cette famille, mais ce n’est pas le cas ! Je ne suis pourtant pas à plaindre non plus. Étonné de me voir ainsi seul et sans famille, le père du jeune garçon contacta les services sociaux et j’ai fini par échouer dans une famille sympathique qui m'a donné son nom, quand bien même la meuf qui me servait de sœur n’avait pas inventé le fil à couper le beurre. Quant au jeune garçon, ce n’était guère qu’au revoir : je le retrouvais à l’école.
De ma vie en Haut dans le ciel ? Eh bien, je n’en ai aucun souvenir ! Peut-être était-ce le prix à payer pour avoir conscience de ma nature dès mon arrivée Ici-Bas. Je dois avouer également que je fais pas preuve de beaucoup de bonne volonté non plus pour m’en rappeler. L’alcool que j’ingurgite en soirée n’aidant pas ! Finalement, je m’en moque un peu.
– T’es mon ange gardien ?
– Evidemment !
Paroles naïves. Encore. Je ne savais pas comment reconnaitre l’humain qui m’avait été confié, je pensais donc qu’il s’agissait du premier que j’avais rencontré. Cela me semblait logique et bien pratique : pas besoin de chercher ! Il faut dire que nous nous entendions bien avec mon brave Nicolas – de son petit nom. Je pense pas qu'il soit bien nécessaire de raconter les années collèges. À cet âge, on est tous un peu cons et mal fagotés. Bon, moi peut-être un peu moins que les autres, puisque j'ai parfois subi la stupidité de mes chers camarades masculin. C'est ça de pas se conforter au moule du mâle virile. Je ne compte plus le nombre de fois où on m'a appelé « tarlouze ». Mais c'était pour rire, hein. Bah oui, je me marre. Enfin, tous n'étaient pas cons et heureusement ! Cela dit, je préférais quand même la compagnie féminine et celle de Nico, bien sûr.
Et puis vint la libération avec le lycée, plus d'autonomie et surtout des gens plus ouverts d'esprits. Bon, je suppose que ça dépend des lycées, mais j'ai eu la chance d'être dans un lycée assez classe et de faire partie d'une petite bande de potes vraiment génial. Il n’y a qu’eux qui étaient au courant de mes ailes dans le dos. J'aimerais vous dire à quel point j'étais un élève sérieux et le suis encore, mais ça serait mentir. Je fais le minimum pour avoir la moyenne et basta. J'ai ni la foi ni la motivation pour me donner à fond en fait. Après tout, je suis bien trop occupé à avoir une vie pour taffer !
– T'es monté sur le toit du studio. Accroché à la parabole, t'as failli t'aplatir comme un blaireau ! Tu voulais pas redescendre.
– Quitte à vivre en hauteur, c'est mieux que de se pendre !
Qui dit lycée, dit commencer à devenir grand et donc de faire la fête comme des grands. Et je peux vous dire que je suis toujours partant. Même pas besoin de me poser la question si je veux venir, tu me dis l'heure, le lieu et j'arrive ! Surtout quand y'a de quoi boire et des mâles à pécho. Ouais, je sais qu'on dirait pas comme ça avec ma bouille de gentil minet innocent. Combien de fois j'ai entendu des « Putain Gabriel, je te pensais trop pas comme ça ! Tu viens de détruire l'image que j'avais de toi ! » ? Pourtant, je me cache même pas, si tu penses que je suis innocent c'est juste que tu m'as pas encore assez parlé pour le découvrir, ahah !
Ma première soirée, c'était juste magique ! Un pote avait un frère plus vieux qui avait donc été chargé de nous fournir de quoi étancher notre soif. Il était pas mal ledit frère, mature comme je les aime et il faisait de trop bon cocktail. Lucas de son petit nom, c'est lui qui m'a initié à la joie des Bloody Mary. Joie partagée uniquement par nous deux puisque personne d'autres n'aimaient le jus de tomates, les ignares !
Voilà comment j'ai commencé à enchaîner cours, soirée et conquêtes en oubliant doucement, mais sûrement, mon rôle d’étoile. Bon, toutes les soirées ne finissaient pas forcément par la case pieu, hein. Selon la dose d'alcool dans le sang et le goût de mes cibles. Refus pouvant aller du poli « je ne mange pas de ce pain-là » à « mais qu'est-ce tu fous ? Casse toi ! » Et ne parlons pas de celle où tu te réveilles dans une baignoire avec un obscure tatouage au feutre sur la plante du pieds sans te rappeler d'où il vient. Comme toutes les fois où tu te rappelles pas que tu as fait les trucs les plus épiques du monde, mais que les sourires en coin de tes amis veulent tout dire. Heureusement qu’il y avait toujours mon fidèle Nicolas pour me tenir les cheveux. Finalement, c’est plutôt lui qui veillait sur moi que l’inverse…
– Franchement, je sais pas comment j'ai pu être attiré par un mec aussi facile que toi. Tu me dégouttes ! Et t’oses te prendre pour un ange ? Allez, va l'allumer ton terminale, je doute pas qu'il va t'allonger avant la fin de la soirée !
– Arrête ! Dis pas ça, s'il te plaît...
Je m’entendais bien avec Nicolas. Beaucoup même. Si j’étais pas aussi con et occupé à courir partout pour profiter des joies que proposaient la vie terrestre, j’aurais remarqué qu’il m’aimait beaucoup. Qu’il m’aimait tout court. J’aurais su interpréter ses soupires quand je lui parlais de mes plans d’un soir. Si j’étais pas aussi aveuglé par l’alcool, j’aurais compris que la sensation dans mon ventre quand je le voyais n’était pas la preuve qu’il était l'humain que je devais protéger, mais l’humain que j’aimais. Tout simplement. La vérité, c’est que je ne l’ai compris que trop tard. La vérité, c’est que je suis juste un enfoiré doublé d’une étoile ratée. Et ça me tue…
Le jour qui devait arriver arriva. Celui où fidèle à moi-même, je ne pensais qu’à m’enivrer et vérifier si la rumeur disant qu’un des terminales invités dégoulinait de sexe appeal était vrai. La goutte d’eau. La fameuse. J’avais réussi à épuiser toute la patience de mon Nicolas. Alors il m’a dit ces mots cruels.
Et il m’a laissé.
Et j’ai pleuré.
***
Je n’avais qu’une envie, que cette terminal L se termine. J’ai bien essayé de me rattraper, de m’excuser, de le supplier : en vain. Et franchement, je ne mérite pas son pardon.
Pour faire table rase, je me suis envolé. Il le fallait. Il le faut. Il faut que je me rattrape. Que j’essaye d’être une bonne étoile. Alors j’ai suivi mon cœur – si seulement j’en ai un, qui semblait me dire d’aller à Hoshikami. Je ne sais pas trop pourquoi. C’était une attirance étrange. Comme si je devais y aller. Doué en langues, il faut bien au moins quelques matières où je suis bon, je me suis inscrit comme étudiant pour poursuivre mes études.
J’aimerais trouver mon humain, mais j’ai peur. J’ai peur que mon humain veuille pas de moi. Comment l’en blâmer si c’était le cas ? Alors 1, 2, 3, 1, 2, 3 je lève mon verre. Je fais la fête, encore et toujours. Après tout, je ne sais faire que ça correctement.
Mais je crains que même tous les Bloody Mary du monde ne parviennent pas à me faire oublier à quel point je suis une mauvaise étoile…