Réunion de forces et confusion de genres [ PV : Abigaïl ]

Son grognement sonore sortit des lèvres presque closes du garçon. L'animal grattait les murs de ses griffes acérées, grognant contre quiconque tentait de le déranger, tentant de se frayer un chemin vers le monde extérieur afin de tout détruire. Il était énervé, agacé, hors de lui, instable. C'était une bête furieuse qui n’hésiterait point un seul instant à s'avérer être dangereuse. Ses yeux dorés ne voyaient point le danger, ni encore n'appréhendaient les situations à venir. Bien que méticuleux, en cet instant le monde et ses habitants pouvait aller se faire prendre, il s'en fichait, il les détestait tous et toutes. Le guitariste était ainsi, lorsque sa colère était trop grande pour être contenue, il passait d'une personne détestée à des milliards, en quelques secondes. Tout sentiment s'altérait en sa compagnie, sa rage intérieure devenait aussi dangereuse qu'un feu follet pouvant se répandre à vitesse grandiose. Dylan enfila son pull au teintes brunes, craqua sa nuque en la secouant de droite à gauche, un air sauvage au visage. En cette journée sa patience se résumerait à un fil qu'on pourrait facilement couper. 

L'adolescent sortit de chez lui en un claquement de portes, utilisant son pied pour tirer le grand objet en bois jusqu'à ce qu'il se ferme sur sa maison. Vide. Les squatteurs ne squattaient plus, les personnes s'occupant de faire véhiculer des rumeurs ne le faisaient plus. Il se retrouvait seul, par envie, par pure caprice et par trop grande fierté car il refusait de passer le restant de ses jours avec ses parents, trop peu là, trop critiques et très peu friands de son caractère indomptable. Il préférait rester ici, dans son propre chez lui, toujours seul, mais au moins parce qu'il avait lui-même désiré. C'était une bête tentative d'avoir le contrôle de ses parents, de penser l'avoir tout du moins. Au tout début il avait juré que cela avait été une bonne idée, il pouvait ainsi les faire tourner en bourrique en ayant comme seul prétexte qu'il ne pouvait plus les supporter après ces longs mois dans un centre de redressement. Il les avait haï, un long moment et son plan avait bien marché les deux premières semaines. Toutefois il s'avérait qu'il n'était pas plus important qu'un client aux yeux de son père. Dylan vint se gratter la joue, le bout de ses ongles écorchés par sa guitare venant griffer légèrement sa peau. Sa belle. La seule femme de sa vie. Et il les aimait ses courbes parfaites.

Un court instant, il enfila ses mains dans ses poches en remarquant qu'il n'avait rien. Ni papier d'identités, ni encore les clés de chez lui, porte-feuille. Rien. Il était parti avec le vent, sans se soucier de ce qui pourrait arriver, c'était amusant et excitant, mais aussi horriblement frustrant. L'américain se glissa parmi la foule, se distinguant non pas par sa carrure, mais plutôt par cette peau exotique, d'un chocolat attirant l'attention de plusieurs regards indiscrets. Dylan aurait pu s'en réjouir, charmer quelques cœurs uniquement par plaisir mais le plaisir n'était point là. Il préféra siffler comme un serpent venimeux à leur attention, leur lancer un regard froid, au tréfonds bouillant de rage. Et cela marchait, il était tellement satisfait.  En de gros pas, il dépassa les japonais par leur allure de marche lente, lui était aussi rapide que l'éclair, se déplaçait avec l'allure d'un félin allant à la chasse. Il était parti pour semer le trouble et tabasser quelques petits malins histoire de se calmer les nerfs.

« T'as pas un peu de temps libre ? Tu peux bien passer un peu de temps avec nous non ? »

Dylan tourna la tête et s'arrêta net près d'une ruelle, juste à côté du salon de thé qu'il avait fréquenté une fois, uniquement parce que leur thé avait le mérite d'être bon pour ses papilles. Il avait accompagné une de ses conquêtes là-bas, une seule fois. Du coin de yeux, l'américain observa trois jeunes hommes, à peine plus grands que leur victime, une jeune fille à la tignasse verte. Son visage ne lui était pas méconnu. Elle avait été là pour le servir, un sourire si grand qu'il en devint horriblement éblouissant. Ses grandes prunelles le fixaient sans aucune once de jugement, elle avait un air si gentil qu'il avait presque eu envie de lui balancer un verre en pleine tête pour la voir réagir. Il détestait les créatures trop fragiles. Le gang vint se coller davantage contre la jeune fille, agaçant les nerfs de l'adolescent. Malgré tout ce qu'il aurait voulu lui faire jamais il ne pourrait lever la main sur elle, c'était une femme, il avait toutefois un minimum de respect pour les demoiselles... parfois, lorsqu'il était de bonne humeur. Dylan fit craquer ses poings, poussa un minuscule soupire en reprenant sa route, cette fois-ci plus calmement. Il guettait la moindre réaction de ses proies, s’apprêtant à bondir dès qu'il serait assez près pour leur coller son poing entre leurs deux yeux.

Un pas fût fait sur le côté, il arriva de toute sa grâce et en quelques instant son pied se retrouva sur la joue d'un des assaillants, le plus près de la fille à la tignasse verte, le plus énervant à son goût. Avec flexibilité il le fit basculer sur le côté, lui envoyant un autre coup sur le ventre, entre les côtes. Dylan leur jeta un regard purement dégoûté, un grand sourire aux lèvres, sa bête nommée agressivité se réjouissait de pouvoir s'exprimer à travers ses poings.

- Tiens-toi tranquille, sinon je te fais bouffer tes dents, clair ?

Son pied vint écraser davantage sa joue, il se servit de sa jambe pour le renverser par-terre, écrasant son visage et le forçant à venir manger la poussière présente sur le sol, devant les yeux de ses supposés « amis » trop choqués. Ce serait finalement une bonne journée pour finir, il ne manquait plus qu'à s'occuper des deux autres gêneurs qui commençaient à se réveiller. Juste avant de se remettre au travail, le bronzé lança un regard en direction de la « princesse », haussant un sourcil l'air de lui demander ce qu'elle pouvait bien encore foutre avec le trio de racailles.

- Bouges, sinon tu vas finir par te casser un ongle.